Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)be
Peut-être faut-il venir du Japon pour accueillir du premier regard, dans un matin plein de▶ mouettes — « Un beau bruit ◀d’▶ailes me fait un ciel » — la vaporeuse beauté du lac ◀de▶ Neuchâtel. Mlle Kikou Yamata a su le voir aussi « gris et ardent sous le soleil caché », ou bien, en un printemps liquide et glacé, balançant parmi les roseaux ◀d’▶une baie ses poules ◀d’▶eaux noires. Il y fallait cette féminité ingénue et précieuse, toujours prête à épouser tout le sensible ◀d’▶un paysage pour peu qu’elle y découvre une secrète parenté ◀de▶ l’âme. Kikou Yamata peint la Suisse avec un pinceau « fait du poil ◀de▶ novembre des chamois ». On s’émerveille ◀de▶ le voir, dans sa main rapide et minutieuse, décrire la vallée du jeune Rhin ou les pentes ◀de▶ Chésières en les parant ◀d’▶une grâce malicieuse et sensuelle dont nos yeux helvètes les croyaient par trop dépourvues…
Cette charmante « japanisation » est rehaussée ◀d’▶une douzaine ◀de▶ lithographies ◀de▶ Meili. Ce peintre se montre plus occidental dans les beaux volumes pleins ◀de▶ ces paysages, que dans ses dessins, dont Kikou Yamata a dit ailleurs la précision curieusement nipponne. Quelle admirable maîtrise ◀de▶ sa technique ! Et qui eût pensé qu’avec un jeu ◀de▶ noirs et ◀de▶ gris l’on pût recréer toute la ferveur ◀d’▶un coucher ◀de▶ soleil. Des formes purifiées, un relief net, une heureuse alliance ◀de▶ charme et ◀de▶ rigueur, ◀de▶ moelleux et ◀de▶ précision… À la dernière page, l’artiste fait une belle grimace : le lecteur ne l’imitera pas.