André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)bf
Ce récit d’▶une élégante minceur décrit la passion ◀d’▶une jeune fille ◀de▶ la grande bourgeoisie pour une gamine qui lui sert ◀de▶ modèle dans son atelier. Autour de cet incident, assez émouvant, on entrevoit la famille indignée, une mère qui souffre, un jeune frère qui rêve. Le livre se résout dans une amertume vague.
Ceux qui ont lu la Mort difficile ◀de▶ René Crevel ne s’étonneront ni du sujet ni ◀de▶ la manière ◀de▶ M. Jullien du Breuil. L’intérêt ◀de▶ ce genre ◀de▶ livres — ils se multiplient — vient, à mon sens, ◀de▶ quelque chose qu’ils expriment sans doute inconsciemment et qui n’est rien ◀de▶ moins qu’une conception nouvelle ◀de▶ l’amour-passion : il apparaît ici sous la forme ◀d’▶une obsession physique, parée ◀d’▶une sorte ◀de▶ poésie fatale, où se mêle, selon l’auteur un peu ou pas mal ◀de▶ littérature. Et c’est à un tel amour qu’on va demander sa revanche contre la mesquinerie morale du milieu… Étrange misère que celle ◀d’▶une génération qui, après tant de sarcasmes contre l’enfer bourgeois, n’a trouvé ◀d’▶autre salut que l’abandon à quelques obsessions sexuelles. Qui viendra rendre le sens ◀de▶ l’amour idéal — celui qui transfigure ?
Le roman ◀de▶ M. Jullien de Breuil effleure un autre problème ◀de▶ non moindre valeur tragique : le conflit ◀de▶ la jeunesse ◀d’▶après-guerre et des parents. Encore un sujet qui attend son maître.