À l’▶index (Première liste) : Candide (octobre 1932)a
◀Le▶ numéro « exceptionnel » du 8 septembre de Candide nous apporte, pour ◀l’▶anniversaire de ◀la▶ Marne, ◀la▶ mesure de ce qu’on pourrait appeler ◀la▶ politique des « laquais de forges ». On nous entendra. Six grandes pages de dessins inspirés à M. Hermann-Paul par ◀l’▶actualité (peut-être même faudrait-il dire : par ◀la▶ nécessité) ◀la▶ plus brûlante : Américains et Allemands chez nous.
Laissons ◀les▶ Américains. Ils réussissent mal à nos satiristes. M. Hermann-Paul en ◀les▶ peignant « chez nous » — d’après ses souvenirs d’avant-crise sans doute — ne parvient pas à égaler ◀les▶ célèbres galipettes du père de Salavin ou ◀le▶ « Français chez eux ».
Mais lorsqu’il croque un Allemand, ◀l’▶on doit reconnaître qu’il se surpasse et qu’il surpasse, mais il y a mis 16 ans — ◀les▶ plus fameux produits des services de propagande officieuse. M. Marcel Hutin n’a qu’à bien se tenir. ◀La▶ réussite est si complète qu’on se sent pris de malaise. Voyons, sommes-nous encore en 1916 ? s’agit-il encore de revanche ? S’agit-il encore de « faire durer ◀le▶ plaisir » jusqu’au bout et à tout prix ?
Au niveau de jugement où nous place M. Hermann, tout Allemand a ◀le▶ crâne rasé, s’appelle Fritz, a volé des pendules et violé pour ◀le▶ moins une chaste fille de Montmartre. C’est une conception de Français né paillard, décoré, et qui ne sait pas ◀la▶ géographie.
Il faut tout de même que nos camarades de ◀la▶ jeunesse allemande, qui s’en inquiètent à juste titre, sachent ce que nous pensons des manifestations récentes de ◀l’▶état d’esprit candidard : ◀les▶ dessins, et plus encore ◀les▶ légendes de M. Hermann-Paul sont d’une imbécillité proprement répugnante et qu’il faudrait qualifier de criminelle si elle n’était avant tout veule, plate et sénile, au point de perdre toute efficacité dès ◀la▶ 2e page. Il semble que M. Paul s’adresse exclusivement à ce bourgeois au faciès atroce que M. Abel Faivre nous montre, chaque semaine, non sans sadisme, dans ◀l’▶exercice de cette avarice ou de cette férocité spéciales décrites par Léon Bloy. Joli monde, comme disent ◀les▶ échotiers. Remercions Candide d’avoir poussé ◀les▶ choses assez loin pour que ◀la▶ seule « réaction » possible de tout ce qu’il y a d’honnête dans son public soit à coup sûr d’écœurement et de mépris, devant cette déjection, grassement payée mais qui peut coûter cher à ses producteurs, de ◀la▶ haine qui se bat ◀les▶ flancs.