(1938) L’Ordre nouveau, articles (1933–1938) « Positions d’attaque (décembre 1933)  » pp. II

Positions d’attaque (décembre 1933)h i

Sans théorie révolutionnaire, pas d’action révolutionnaire.

Dans l’état présent des choses, il n’y a pas d’ordre concevable sur le plan capitaliste, au déterminisme duquel les soviets n’échappent pas.

La dialectique historique ne peut que rendre compte du passé — mais seul l’acte créateur opère le changement de plan et permet d’instituer un ordre nouveau.

Cet acte créateur dont nous faisons dépendre tout l’ordre nouveau, cette « source d’énergie » permanente de la révolution, c’est la personne humaine telle que nous l’avons définie.

Dans l’« Ordre nouveau », les institutions reproduisent à tous les degrés le conflit et la tension qui définissent la personne en acte.

Ces institutions sont :

— dans le domaine politique : la petite patrie décentralisatrice et le centre de contrôle doctrinal et juridique ;

— dans le domaine économique : les syndicats libres de production et d’instruction professionnelles, d’une part, et de l’autre, le service prolétarien collectif soumis directement à un centre de contrôle économique et statistique.

Ce régime doit entraîner par son jeu normal la disparition des cadres de l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des facteurs décisifs de l’inflation, du chômage et de la guerre moderne économique et militaire.

C’est au nom d’antagonismes naturels féconds et créateurs que nous voulons éliminer les antagonismes artificiels et destructeurs que fait naître le capitalisme matérialiste.

Nous sommes avec le prolétariat, par-dessus la tête de ses vieux meneurs, contre la condition prolétarienne.