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Pour une politique à hauteur d’▶homme
Toute la question est ◀de▶ savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les pouvoirs entendent mener les hommes. Toute la question est ◀de▶ savoir quelle définition ◀de▶ l’homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette question qu’on a cessé ◀de▶ poser dans le monde des politiciens !
Si la Politique est l’art ◀de▶ gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent ◀de▶ connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions ◀de▶ son humanité, à quelles règles il faut se plier pour respecter en lui sa raison ◀d’▶être. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition ◀de▶ l’homme9. C’est peut-être une raison suffisante pour estimer que ces partis sont tous également malfaisants. Beaucoup de gens commencent à sentir cela. Beaucoup commencent à douter ◀de▶ la valeur ◀de▶ ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou empirique, mais qui ne sont en fait qu’une énorme combine montée sur un fond ◀d’▶ignorance par quelques centaines ◀d’▶arrivistes appuyés par les intérêts ◀de▶ quelques milliers ◀d’▶arrivés.
Déjà certaine jeunesse française cesse ◀de▶ confondre réalisme et combine ; cesse ◀de▶ croire par exemple qu’un bon agent électoral est un homme qui connaît les hommes ; cesse ◀de▶ s’en laisser imposer par les fameuses « nécessités ◀de▶ l’action » que ◀de▶ petits ambitieux débutants croyaient naguère découvrir dans les couloirs ◀de▶ la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas ◀de▶ ce genre ◀d’▶action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habileté politicienne, pour les ruses classiques des « milieux » dirigeants, pour toute cette vie politique sans rapports organiques avec la vie réelle du pays.
Elle affirme la plus totale incompétence en ces matières. Et je la vois trop ignorante dans cet art pour être en rien touchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs ◀de▶ jouer dès qu’on ne prendra plus la peine ◀de▶ croire à ce qu’ils font. Victimes ◀de▶ l’obscurantisme laïque, ils ont cru pouvoir vivre sur des mots d’ordre « progressistes » que nos enfants mettront au nombre des superstitions les plus étranges du siècle athée. Ils font ce qu’ils ont toujours vu faire, ils ne se posent pas beaucoup de questions, ils ont peu ◀d’▶imagination. Leur médiocrité même, leur petite taille morale, empêcheront qu’on les juge trop durement responsables. Mais prenons garde ◀de▶ borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce ballet si mal réglé que dansent les droites et les gauches. Changeons ◀de▶ plan ! Reposons la question politique dans une perspective humaine, et non plus dans « l’optique parlementaire ».
Une politique à hauteur ◀d’▶homme, c’est une politique dont le principe ◀de▶ cohérence s’appelle la responsabilité ◀de▶ la personne humaine. En d’autres termes, c’est une politique dont chaque temps et chaque but se trouvent subordonnés à la défense et à l’affirmation ◀de▶ la personne, module universel ◀de▶ toutes les institutions. Cette politique s’oppose au gigantisme américain, soviétique et capitaliste ; elle s’oppose à l’émiettement social ◀de▶ la démocratie individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation ◀de▶ l’homme par ses créations, par l’État et par les bavards. Elle refuse la dictature, parce que le centre vivant ◀d’▶un pays n’est pas dans un organisme ◀de▶ contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu ◀d’▶hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but ◀de▶ la société, c’est la personne. On n’y atteindra jamais que par une politique établie dès le départ à ce niveau.