4.
Pour une politique à hauteur d’▶homme
Toute ◀la▶ question est ◀de▶ savoir à quel niveau ◀l’▶on situe ◀le▶ concret ; à quelles fins ◀les▶ pouvoirs entendent mener ◀les▶ hommes. Toute ◀la▶ question est ◀de▶ savoir quelle définition ◀de▶ ◀l’▶homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette question qu’on a cessé ◀de▶ poser dans ◀le▶ monde des politiciens !
Si ◀la▶ Politique est ◀l’▶art ◀de▶ gouverner ◀les▶ hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui ◀l’▶exercent ◀de▶ connaître d’abord ce qu’est ◀l’▶homme, quelles sont ◀les▶ conditions ◀de▶ son humanité, à quelles règles il faut se plier pour respecter en lui sa raison ◀d’▶être. ◀Les▶ partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition ◀de▶ ◀l’▶homme9. C’est peut-être une raison suffisante pour estimer que ces partis sont tous également malfaisants. Beaucoup de gens commencent à sentir cela. Beaucoup commencent à douter ◀de▶ ◀la▶ valeur ◀de▶ ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou empirique, mais qui ne sont en fait qu’une énorme combine montée sur un fond ◀d’▶ignorance par quelques centaines ◀d’▶arrivistes appuyés par ◀les▶ intérêts ◀de▶ quelques milliers ◀d’▶arrivés.
Déjà certaine jeunesse française cesse ◀de▶ confondre réalisme et combine ; cesse ◀de▶ croire par exemple qu’un bon agent électoral est un homme qui connaît ◀les▶ hommes ; cesse ◀de▶ s’en laisser imposer par ◀les▶ fameuses « nécessités ◀de▶ ◀l’▶action » que ◀de▶ petits ambitieux débutants croyaient naguère découvrir dans ◀les▶ couloirs ◀de▶ ◀la▶ Chambre. Cette jeunesse ne veut pas ◀de▶ ce genre ◀d’▶action là. Elle n’a plus ◀le▶ moindre respect pour ◀l’▶habileté politicienne, pour ◀les▶ ruses classiques des « milieux » dirigeants, pour toute cette vie politique sans rapports organiques avec ◀la▶ vie réelle du pays.
Elle affirme ◀la▶ plus totale incompétence en ces matières. Et je ◀la▶ vois trop ignorante dans cet art pour être en rien touchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs ◀de▶ jouer dès qu’on ne prendra plus ◀la▶ peine ◀de▶ croire à ce qu’ils font. Victimes ◀de▶ ◀l’▶obscurantisme laïque, ils ont cru pouvoir vivre sur des mots d’ordre « progressistes » que nos enfants mettront au nombre des superstitions ◀les▶ plus étranges du siècle athée. Ils font ce qu’ils ont toujours vu faire, ils ne se posent pas beaucoup de questions, ils ont peu ◀d’▶imagination. Leur médiocrité même, leur petite taille morale, empêcheront qu’on ◀les▶ juge trop durement responsables. Mais prenons garde ◀de▶ borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce ballet si mal réglé que dansent ◀les▶ droites et ◀les▶ gauches. Changeons ◀de▶ plan ! Reposons ◀la▶ question politique dans une perspective humaine, et non plus dans « ◀l’▶optique parlementaire ».
Une politique à hauteur ◀d’▶homme, c’est une politique dont ◀le▶ principe ◀de▶ cohérence s’appelle ◀la▶ responsabilité ◀de▶ ◀la▶ personne humaine. En d’autres termes, c’est une politique dont chaque temps et chaque but se trouvent subordonnés à ◀la▶ défense et à ◀l’▶affirmation ◀de▶ ◀la▶ personne, module universel ◀de▶ toutes ◀les▶ institutions. Cette politique s’oppose au gigantisme américain, soviétique et capitaliste ; elle s’oppose à ◀l’▶émiettement social ◀de▶ ◀la▶ démocratie individualiste ; elle s’oppose à ◀l’▶exploitation ◀de▶ ◀l’▶homme par ses créations, par ◀l’▶État et par ◀les▶ bavards. Elle refuse ◀la▶ dictature, parce que ◀le▶ centre vivant ◀d’▶un pays n’est pas dans un organisme ◀de▶ contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est ◀le▶ cas, une minorité. Il y a peu ◀d’▶hommes réellement humains : mais c’est à eux que ◀le▶ pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. ◀Le▶ but ◀de▶ ◀la▶ société, c’est ◀la▶ personne. On n’y atteindra jamais que par une politique établie dès ◀le▶ départ à ce niveau.