Échos (janvier 1936)v
Et Rimbaud ?
Nul n’ignore qu’une revue « de▶ jeunes » doit parler ◀de▶ Rimbaud et du surréalisme. Tout ◀le▶ reste est charabia. ◀L’▶ON, par exemple, qui « parle ◀de▶ politique », et même ◀d’▶économie, brouille absolument « ◀le▶ jeu ». M. Léon Pierre-Quint en prend volontiers son parti. M. Brasillach, lui, ◀le▶ déplore. ◀De▶ son temps, ◀les▶ jeunes parlaient ◀de▶ Rimbaud et allaient au Vieux-Colombier. Faire ◀de▶ ◀la▶ politique, c’était porter une canne ferrée et louer ◀la▶ « rigueur » ◀de▶ Maurras. Hélas. Tout change !
Tout change ! comme disait avec beaucoup de simplicité cette vieille princesse russe à qui ◀l’▶on racontait que sa maison de campagne, aux environs ◀de▶ Moscou, avait été transformée en bordel aux premiers jours ◀de▶ ◀la▶ révolution : puis rasée par ◀les▶ communistes, et qu’à ◀la▶ place on élevait maintenant des milliers ◀de▶ poulets kolkhoziens. Elle souriait gentiment : tout change !…
Il y a tout de même certaines choses qui ne changent pas. Rimbaud sera toujours jeune, même si M. Brasillach en parle. Il y aura toujours des chroniqueurs qui auront besoin ◀de▶ parler ◀de▶ Rimbaud pour faire jeune. Il y aura toujours des conservateurs qui trouveront commode ◀de▶ vanter ◀les▶ révoltés ◀de▶ l’autre siècle. Et il y aura toujours quelques hommes pour trouver ça plutôt nigaud.
Mais puisqu’on nous invite à parler ◀de▶ Rimbaud, saisissons ◀l’▶occasion pour dénoncer sa participation à l’un des plus grands crimes ◀de▶ ◀l’▶Histoire, ce crime contre ◀la▶ civilisation latine que représente ◀la▶ résistance des Éthiopiens. ◀L’▶on se souvient en effet que Rimbaud vendit des fusils au négus, — et cela en temps ◀de▶ paix, comble ◀d’▶hypocrisie !
◀La▶ littérature rajeunit
On a pu lire récemment dans ◀le▶ plus « littéraire » ◀de▶ nos hebdomadaires, ◀l’▶écho suivant, intitulé ◀Les▶ Anciens et ◀les▶ Jeunes.
« Depuis ◀la▶ disparition ◀de▶ Paul Bourget, ◀le▶ doyen ◀d’▶élection à ◀l’▶Académie française est M. Gabriel Hanotaux, élu en 1897, au 27e fauteuil.
Avec lui, 6 académiciens ont été élus avant ◀la▶ guerre (suivent ◀les▶ noms).
Depuis 1930, ◀l’▶Académie a élu 13 membres nouveaux (suivent ◀les▶ noms).
Ainsi, en 5 ans, plus du quart ◀de▶ ◀l’▶effectif des Quarante s’est trouvé renouvelé. »
On ignore trop ces choses. Surtout dans ◀la▶ « jeunesse » qui perd son temps à chômer alors qu’il y avait tant à faire dans ◀le▶ domaine ◀de▶ ◀la▶ littérature désintéressée.
Quel est ◀le▶ jeune amoureux des Lettres qui aura gardé assez ◀de▶ fraîcheur ◀d’▶Âme et ◀de▶ goût des choses ◀de▶ ◀l’▶Esprit pour entreprendre une statistique complète des renouvellements fractionnels ◀de▶ ◀l’▶Académie ◀de▶ cinq en cinq ans, ◀de▶ ◀l’▶origine jusqu’à 1930 ? Ce travail ◀de▶ base permettrait ◀de▶ résoudre un délicat problème ◀de▶ Critique littéraire : calculer ◀l’▶âge du capitaine, — un certain Doumic.
À propos d’une conversation avec un SA
D. de Rougemont nous écrit ◀d’▶Allemagne : « ◀L’▶ami XXX n’a pas dû lire Mein Kampf. Ce n’est pas une “autobiographie” mais un ouvrage ◀de▶ combat, comme son nom ◀l’▶indique, et sa doctrine. Autre erreur : je vois passer sous ma fenêtre, deux fois par semaine, des sections ◀d’▶assaut en ordre ◀de▶ marche. Ils vont par 3 et non par 4. Je me suis fait dire par quelqu’un ◀de▶ bien renseigné que c’était afin d’éviter une apparence trop militaire. Et, en effet, il faut reconnaître que cela change tout. Soyons exacts. »