Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)ad
Roman d’▶une jalousie qui se crée son objet, par masochisme. Un jeune mari trouble sa femme, et ◀la▶ perd enfin, à force de souffrir ◀d’▶une infidélité qu’elle pourrait faire. Or elle n’y songeait pas…
Qu’est-ce que ce livre ? Un document clinique ? Trop ◀d’▶élégances littéraires. Ou une histoire imaginée pour ◀le▶ plaisir ◀de▶ conter ? Trop ◀de▶ détails intimes semblent destinés à faire vrai, et à prouver que ◀l’▶on n’invente rien ◀de▶ ce tourment. Est-ce donc un témoignage pur et simple — ni si pur ni si simple d’ailleurs, — ◀la▶ relation volontairement privée ◀de▶ « morale » ◀d’▶un lamentable cas individuel ? Mais alors : veut-on ma compassion pour un héros malade ou mon admiration pour son auteur ? ◀Le▶ livre n’est ni passionnant, ni indifférent, habile et sensible à la fois. On ◀le▶ lit sans savoir pourquoi ; peut-être pour chercher, ◀de▶ page en page, ce qui a poussé ◀l’▶auteur à publier un aussi désolant récit. On ne trouve pas…
Autrefois il fallait instruire ou amuser. (Comme on ◀l’▶exige de nouveau en URSS et en Allemagne.) Mais nos romans ne veulent plus ◀de▶ morale — à cause de « ◀l’▶art » — et ◀l’▶art consiste à vous faire partager des tourments aussi déprimants que gratuits. Car en effet, si ce « je » du récit ◀de▶ M. Blanzat faisait un geste franc, il est clair qu’il n’y aurait pas ◀de▶ roman. Mais, nous dit-il : « ◀le▶ plus petit geste m’a toujours coûté ».