« Un divorce entre le▶ christianisme et ◀le▶ monde ? » (août-septembre 1946)bd be
Je ne vois pas ◀le▶ divorce en question. Pour qu’il y ait divorce, il faut qu’il y ait eu mariage. Or ◀l’▶Église chrétienne est ◀l’▶Épouse du Christ. Quand elle s’arrange trop bien avec ◀le▶ monde (Constantin et ◀la▶ suite) c’est qu’elle trahit son état. Quand on croit ◀le▶ fossé comblé entre elle et ◀le▶ monde, c’est qu’on se trompe à la fois sur ◀la▶ fonction ◀de▶ ◀l’▶Église et sur ◀la▶ nature du monde. ◀Le▶ fait que leur incompatibilité se voit mieux aujourd’hui qu’au Moyen Âge peut inquiéter : ◀d’▶où votre enquête, sans doute. Il me paraît au contraire rassurant. Car ◀le▶ pire danger pour ◀le▶ christianisme serait ◀de▶ cesser ◀d’▶être chrétien, sans s’en apercevoir, et c’est ◀le▶ risque qu’il court dans ◀les▶ périodes où ◀les▶ choses ont l’air ◀de▶ bien marcher.
Voilà pour ma réponse. Mais c’est ◀l’▶enquête elle-même qu’il faut mettre en question.
On n’imagine pas saint Paul proposant un questionnaire sur ◀le▶ fossé entre ◀le▶ christianisme et ◀le▶ monde romain ; ni ◀les▶ staliniens s’inquiétant du « divorce actuel entre ◀le▶ marxisme et ◀le▶ monde moderne », lequel s’est cependant constitué « massivement en dehors d’eux », c’est-à-dire sur des bases capitalistes, nationalistes et libérales, avec quelques emprunts au christianisme.
◀L’▶état ◀d’▶Esprit qui fait enquête n’est pas celui ◀d’▶une conquête. Attention.