Pour les grands festivals de▶ musique l’Europe est faite ! (octobre 1955)aa
À la fin ◀de▶ 1951, répondant à une invitation lancée par le CEC, sur une proposition ◀de▶ son conseiller musical, Igor Markevitch, les directeurs ◀d’▶une quinzaine ◀de▶ grands festivals se réunissaient à Genève et décidaient, dans un enthousiasme unanime, ◀de▶ créer entre eux une Association européenne des festivals ◀de▶ musique. Un an plus tard, le secrétariat qu’ils avaient constitué au Centre, publiait une première brochure contenant les programmes ◀de▶ tous les festivals membres pour la saison suivante. Premier témoignage tangible ◀d’▶un esprit ◀de▶ collaboration substitué à l’esprit ◀de▶ concurrence, et ◀d’▶une vision européenne, dépassant les intérêts locaux tout en les servant.
L’idée initiale des promoteurs ◀de▶ l’association était ◀de▶ présenter les meilleurs festivals existants dans leur ensemble, comme une manifestation cohérente et unique ◀de▶ la musique européenne, dans toute la richesse ◀de▶ ses diversités régionales et historiques, mais aussi dans toute la grandeur ◀de▶ son unité fondamentale ◀d’▶inspiration.
Mais l’idéal ne prouve sa force que dans les réalisations auxquelles il donne naissance. Il doit être capable ◀d’▶affronter les lentes et difficiles périodes ◀d’▶adaptation aux réalités telles qu’elles sont, sans perdre pour autant son pouvoir ◀d’▶entraînement au-delà ◀de▶ ces réalités.
La dernière assemblée générale ◀de▶ l’association des festivals, réunie au Centre les 8 et 9 octobre, a démontré que l’idéal primitif avait victorieusement subi l’épreuve ◀de▶ quatre ans ◀de▶ travail en commun, ◀d’▶études préparatoires, ◀d’▶essais parfois manqués, et ◀de▶ mises au point ◀de▶ l’appareil.
Décidée à élargir rapidement désormais le champ ◀de▶ ses activités, l’association a pris une série ◀de▶ décisions pratiques, tendant toutes à manifester l’esprit ◀de▶ coopération européenne qui l’anime, en même temps qu’à resserrer les liens professionnels entre ses membres. Ces mesures, dont nous donnerons quelques exemples, se répartissent en trois groupes :
I. Propagande pour les festivals et leur association. — Le secrétariat sera désormais chargé ◀d’▶assurer les contacts internationaux des festivals, ainsi que ◀d’▶aider à faire connaître tel d’entre eux dans tel autre pays. L’organisation ◀de▶ « pèlerinages musicaux » sera développée dans un souci ◀de▶ qualité culturelle. Un bulletin périodique ◀d’▶informations destiné à la presse et aux critiques musicaux paraîtra prochainement. Enfin, la brochure-programme sera sensiblement améliorée, sur la base des expériences acquises.
II. Échanges. — Après s’être informés mutuellement ◀de▶ leurs projets pour la saison 1956, huit des festivals membres ont déjà conclu sur place, lors de l’assemblée générale, des arrangements en vue ◀d’▶échanger certaines ◀de▶ leurs « créations » les plus hardies et donc les plus coûteuses. D’autres échanges ◀de▶ cette nature seront organisés par l’intermédiaire du secrétariat. Un service ◀d’▶informations mutuelles sur les nouveautés intéressantes dans le domaine musical sera constitué sans délai.
III. Entreprises communes. — L’étude ◀d’▶un projet ◀de▶ revue musicale européenne des festivals sera reprise sur des bases nouvelles. Des archives ◀de▶ documentation sur les pièces déjà jouées ou en préparation, leur mise en scène et leurs décors, ainsi que sur les artistes, chefs ◀d’▶orchestre, etc., seront mises à la disposition des membres ◀de▶ l’association. Enfin, certaines manifestations collectives ◀de▶ l’association ont été envisagées pour l’année prochaine.
L’exécution ◀de▶ ce programme élargi, mais cependant concret, sera confiée au nouveau secrétaire général ◀de▶ l’association, que l’assemblée générale a désigné en la personne ◀de▶ M. Abraham van der Vies. Musicologue et metteur en scène réputé, M. van der Vies vient ◀d’▶occuper pendant cinq ans le poste ◀de▶ directeur ◀de▶ l’Opéra ◀d’▶Amsterdam, qu’il quitte pour se vouer à Genève au développement ◀d’▶une œuvre « européenne », au sens le plus positif du terme.