Le▶ Prix européen ◀de▶ littérature n’a pas été donné en 1956 (juin-juillet 1956)ax
Rédigé par ◀les▶ membres du jury réunis au CEC, ◀le▶ communiqué suivant était remis à ◀la▶ presse ◀le▶ 14 juin :
◀Le▶ jury international du Prix européen ◀de▶ littérature composé ◀de▶ MM. Jean Giono, Hans Egon Holthusen, Robert Kanters, Denis de Rougemont, Ignazio Silone, Stephen Spender et ◀de▶ M. Helmuth Dressier, président ◀de▶ ◀la▶ Communauté européenne des guildes et clubs du livre, s’est réuni à Genève au Centre européen de la culture ◀le▶ 13 juin. Il a décidé ◀de▶ ne pas attribuer ◀le▶ Prix cette année.
Deux critères étaient fixés par ◀le▶ règlement du Prix : haute tenue littéraire et portée assez générale pour permettre une publication en plusieurs langues par ◀les▶ membres ◀de▶ ◀la▶ Communauté européenne des guildes et clubs du livre, qui organise ◀le▶ Prix. ◀Les▶ jurés ont considéré en dernier choix plusieurs manuscrits possédant des qualités littéraires particulières, mais qui cependant n’ont pas semblé répondre suffisamment au second critère.
Sur ◀la▶ base ◀de▶ cette expérience, ◀le▶ jury a étudié une nouvelle formule ◀de▶ Prix européen portant également sur des ouvrages déjà imprimés, et ◀l’▶a soumise à ◀la▶ Communauté européenne des guildes et clubs du livre.
Encore qu’il dise tout ◀l’▶essentiel dans ◀le▶ peu ◀d’▶espace réservé aux nouvelles ◀de▶ ce genre, ce texte appelle quelques explications pour ◀le▶ public qui s’intéresse au sort présent ◀de▶ ◀la▶ littérature.
◀La▶ formule du Prix organisé par ◀la▶ Communauté des guildes du livre et book-clubs correspondait à ◀la▶ situation des auteurs et des guildes vers 1951, lorsque ◀le▶ CEC suscita ◀la▶ Communauté. On pouvait espérer, à cette époque, que ◀la▶ perspective ◀de▶ se voir publié en plusieurs langues par des associations groupant plusieurs centaines ◀de▶ milliers ◀de▶ lecteurs tenterait ◀de▶ jeunes auteurs non encore « découverts », et ◀les▶ induirait à écrire des œuvres adaptées au très vaste public à la fois exigeant et nouveau réuni ou créé par ◀les▶ guildes. ◀De▶ fait, le premier Prix européen couronna deux romans dont l’un venait ◀d’▶être écrit en vue du concours, et dont l’autre avait pour auteur un ouvrier, ◀de▶ ◀l’▶Allemagne du Nord, totalement étranger aux milieux littéraires et ignoré dans ◀le▶ monde ◀de▶ ◀l’▶édition. Quoique divisé, ◀le▶ Prix atteignit parfaitement ses objectifs : il révéla deux talents neufs, permit ◀la▶ traduction des deux romans en un grand nombre ◀de▶ langues, et rapporta aux auteurs un total ◀de▶ droits plusieurs fois supérieur au montant nominal du Prix.
Aujourd’hui, ◀les▶ circonstances ont évolué. Il devient presque difficile, pour un débutant, ◀de▶ passer inaperçu des éditeurs. ◀La▶ multiplication des prix littéraires pousse non seulement à ◀la▶ rédaction hâtive mais encore à ◀la▶ publication « spéculative » ◀de▶ romans ou ◀de▶ récits souvent moins valables en soi que par rapport à tel prix spécialisé, ou telle « politique » à ◀la▶ mode. ◀Le▶ nombre des écrivains ◀de▶ quelque talent qui ne sont pas engagés par contrat avec au moins un éditeur devient infime. Dans ces conditions, un Prix européen réservé aux seuls manuscrits inédits court ◀le▶ risque ◀de▶ ne recevoir que des œuvres ◀de▶ second ordre — ou déjà refusées par ◀de▶ nombreuses maisons ◀d’▶édition. Quant aux manuscrits encore inédits mais déjà acceptés par un éditeur — ils étaient admis cette fois-ci par ◀le▶ règlement modifié, et ce furent ◀de▶ loin ◀les▶ meilleurs — ce sont aussi ceux qui avaient ◀le▶ moins besoin ◀d’▶être révélés par ◀le▶ Prix…
Il semble donc que ◀le▶ Prix européen doive s’orienter vers une solution analogue à celle adoptée par ◀la▶ Fondation pour ◀les▶ bourses ◀de▶ compositeurs. (Voir plus loin.)ay Tenant compte ◀de▶ ces expériences et des besoins particuliers des guildes, ◀le▶ jury littéraire du CEC a discuté et mis au point une formule nouvelle, d’ores et déjà soumise à ◀la▶ Communauté qui en décidera lors de sa prochaine assemblée générale, cet automne.