Introduction
Quel est son sens ?
Depuis quand parle-t-on ◀de▶ ◀l’▶Europe ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coudenhove et Briand ? Voire depuis ◀le▶ congrès ◀de▶ La Haye, au mois ◀de▶ mai 1948 ?)
Nous avons cherché ◀la▶ réponse ou plutôt ◀les▶ réponses à ces questions, en remontant ◀le▶ cours des siècles.
Paul Valéry, Proudhon et Saint-Simon, Voltaire, Leibniz, Sully, Pie II, Dante… Et ◀l’▶on s’arrête, en général, à Pierre Dubois, juriste ◀de▶ Philippe le Bel, premier auteur ◀d’▶un plan ◀d’▶union ◀de▶ nos États, au début du xive siècle.
Nous avons décidé ◀d’▶aller beaucoup plus haut.
Quelques mois ◀de▶ travail nous ont conduits vers des confins étranges et des temps fabuleux.
Le premier qui ait écrit ◀le▶ nom ◀d’▶Europe, c’est Hésiode : au viiie siècle avant notre ère. Et le premier qui ◀l’▶ait décrite en ◀la▶ comparant à ◀l’▶Asie, c’est Hippocrate. Mais la première mention ◀de▶ ◀l’▶Europe comme unité, et des « Européens » qui ◀la▶ défendent, ne remonte qu’au viiie siècle ◀de▶ notre ère, après ◀la▶ bataille ◀de▶ Poitiers, qui eut lieu en 732. ◀L’▶Empire carolingien marque un sommet ◀de▶ ◀la▶ conscience ◀d’▶une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles ◀d’▶investitures : notre enquête se termine au xie siècle.
C’est ◀le▶ procès-verbal ◀d’▶une recherche étonnée que nous livrons aujourd’hui aux lecteurs ◀de▶ ce bulletin , — avec ◀l’▶espoir qu’ils partageront nos étonnements.
Deux auteurs, entre cent consultés, nous ont servi ◀de▶ guides en des régions qu’ils sont seuls ◀de▶ nos jours à connaître aussi bien, du point de vue qui intéresse notre enquête.
Gonzague de Reynold, par le premier tome ◀de▶ sa très belle histoire ◀de▶ ◀la▶ Formation ◀de▶ ◀l’▶Europe, et par une série ◀de▶ lettres généreuses en suggestions précises et pittoresques, nous a révélé ◀les▶ géographes et mythographes antiques. Nous souhaitons aux lecteurs ◀de▶ nos pages trop brèves, qui auront envie ◀d’▶en savoir davantage, ◀le▶ plaisir ◀de▶ se reporter à ◀l’▶œuvre décisive du grand historien suisse.
Jürgen Fischer, ◀le▶ jeune auteur allemand ◀d’▶une enquête exhaustive sur ◀les▶ concepts ◀d’▶Europe, ◀d’▶Orient et ◀d’▶Occident, ◀de▶ ◀la▶ fin ◀de▶ ◀l’▶Antiquité au xie siècle, nous a servi ◀de▶ source principale pour ◀la▶ période carolingienne et pour ◀les▶ siècles qui ◀la▶ préparent et qui ◀la▶ suivent immédiatement.
◀L’▶essai ◀de▶ synthèse que nous présentons aujourd’hui ne prétend pas à ◀l’▶originalité. Il ne visait, quand il fut entrepris, qu’à introduire une anthologie ◀de▶ textes sur ◀l’▶Europe, des origines à nos jours. Chemin faisant, ◀le▶ commentaire a débordé ◀la▶ pure et simple citation : celle-ci se voit parfois réduite à quelques mots mais qu’il importait ◀de▶ situer dans une évolution des concepts et des sens hors de laquelle ces mots perdraient leur vraie valeur et parfois leur pouvoir ◀d’▶émotion.
◀L’▶anthologie où ◀l’▶on retrouvera ces textes est en cours ◀d’▶élaboration. Elle paraîtra sans doute à ◀la▶ fin ◀de▶ cette année, par ◀les▶ soins ◀d’▶un groupe ◀d’▶éditeurs représentant huit ◀de▶ nos langues, qui se sont associés sous ◀les▶ auspices du Centre en vue de publier tous ensemble une série ◀d’▶ouvrages sur ◀l’Europe.
D. R.