Dépasser l’▶État-nation (1970)bn bo
Quel est ◀l’▶obstacle apparemment insurmontable à cette union que tout indique, que tout exige, que tout le monde admet qu’il faut faire — et que pourtant personne ne fait ?
Eh bien ! chacun ◀le▶ sait, rien n’est moins mystérieux : ◀l’▶obstacle à toute union possible ◀de▶ ◀l’▶Europe (donc à toute union fédérale) n’est autre que ◀l’▶État-nation, tel que Napoléon en a posé ◀le▶ modèle, intégralement centralisé en vue de ◀la▶ guerre. C’est ce modèle que tous ◀les▶ peuples ◀de▶ ◀l’▶Europe, grands et petits, ont imité l’un après l’autre, tout au long du xixe siècle, suivis ◀de▶ nos jours par ◀le▶ reste du monde, notamment par ◀le▶ tiers-monde, mal décolonisé à cet égard…
Qu’est-ce en somme qu’instituer un État-nation ? C’est soumettre toute une nation, ou un groupe ◀de▶ nations conquises par l’une d’entre elles, aux pouvoirs absolus ◀de▶ ◀l’▶État. C’est vouloir faire coïncider sur un même territoire, défini par ◀le▶ sort des guerres et du coup baptisé « sol sacré ◀de▶ ◀la▶ patrie », des réalités absolument hétérogènes, qui n’ont aucune raison ◀d’▶avoir ◀les▶ mêmes frontières, comme ◀la▶ langue et ◀l’▶économie, ◀l’▶état civil et ◀l’▶exploitation du sous-sol, ou pire encore, ◀les▶ idéologies ou ◀les▶ religions, sommées ◀de▶ s’arrêter sur une ligne ◀de▶ barbelés électrifiés. C’est livrer sans recours toute ◀l’▶existence humaine aux seules décisions ◀de▶ bureaux installés dans une seule capitale, et interdire toute allégeance des citoyens à des entités plus petites (comme ◀les▶ régions) ou plus vastes (comme une fédération continentale).
À l’intérieur de ses frontières, qu’il déclare naturelles contre toute évidence164, ◀l’▶État-nation n’admet aucune autonomie, aucune diversité réelle. À ◀l’▶extérieur, il refuse toute union, alléguant une indépendance et une souveraineté absolues aussi peu défendables en droit qu’elles deviennent illusoires en fait au xxe siècle.
Rien, donc, de plus hostile à toute espèce ◀d’▶union tant soit peu sérieuse ou sincère, que cet État-nation qui, par ailleurs, se révèle incapable ◀de▶ répondre aux exigences concrètes ◀de▶ notre temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à ◀l’▶échelle mondiale ; trop grand pour permettre une participation civique réelle ; et sans correspondance autre qu’accidentelle avec aucun espace économique défini par ◀la▶ nature des choses ou par un projet rationnel.
Puissance ou liberté
Or voici ◀l’▶ironie tragique ◀de▶ notre Histoire : c’est sur ◀la▶ base ◀de▶ cet obstacle radical à toute union que ◀l’▶on s’efforce depuis vingt-cinq ans ◀d’▶unir ◀l’▶Europe ! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi ◀l’▶on n’a pas avancé ◀d’▶un mètre en direction ◀de▶ notre union politique. Entre ◀l’▶union ◀de▶ ◀l’▶Europe et ◀les▶ États-nations sacralisés, entre une nécessité humaine des plus concrètes et ◀le▶ culte prolongé ◀d’▶un mythe, il faut choisir.
Pour la première fois dans son histoire, ◀l’▶homme se voit aujourd’hui en situation ◀de▶ choisir librement son avenir. Jusqu’à nous, point ◀de▶ choix économiques ni même peut-être politiques longuement délibérés, concertés à long terme : il fallait se battre pour survivre. Aujourd’hui que ◀le▶ nécessaire est assuré, on se bat pour ◀le▶ contrôle ◀de▶ zones ◀d’▶influence plus idéologiques que commerciales (voir ◀le▶ Vietnam) et ◀l’▶on travaille pour ◀le▶ profit, qui est en somme du superflu. Mais dès lors que ce choix ◀de▶ notre avenir est libre, nous voici contraints ◀de▶ ◀le▶ faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints ◀de▶ nous demander ce que nous attendons ◀de▶ notre vie et ◀de▶ ◀la▶ vie en société, ce que nous voulons réellement, principalement, et contraints ◀de▶ tirer des plans en conséquence. Voulons-nous par exemple à tout prix élever notre niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-nous sauvegarder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-nous contribuer à tout prix à ◀l’▶accroissement indéfini du PNB (Produit national brut) — ou plutôt recréer un habitat décent, une communauté vivante ? Et quel prix sommes-nous prêts à payer pour cela ? ◀Le▶ prix ◀de▶ certaines libertés, ou ◀le▶ prix ◀d’▶un confort toujours accru ?
Ces dilemmes se posent aujourd’hui à tous ◀les▶ peuples avancés sous le rapport de ◀l’▶industrie et ◀de▶ ◀la▶ technique. Et ils ◀les▶ forcent à reposer des questions difficiles, voire angoissantes sur ◀le▶ sens même ◀de▶ ◀la▶ vie… ◀D’▶une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but ◀la▶ Puissance collective ou ◀la▶ Liberté des personnes. Il nous faut ◀le▶ décider, en toute conscience, et vite ; car ◀le▶ choix ◀de▶ ◀la▶ fin implique évidemment celui des moyens adéquats ; mais à ◀l’▶inverse, si vous vous trompez ◀de▶ moyens, ils risquent bien ◀de▶ vous conduire où vous ne vouliez pas aller…
Voici donc ◀le▶ dilemme présent : si nous attribuons pour finalité à ◀la▶ Cité européenne ◀de▶ demain ◀la▶ puissance, c’est-à-dire ◀la▶ puissance industrielle et militaire massive ◀d’▶une sorte ◀de▶ Troisième Grand préoccupé principalement ◀de▶ tenir tête aux deux autres, alors il faut créer un super État-nation continental, uniformisé, centralisé et agressif, comme ◀la▶ France de Napoléon, et faire ◀de▶ nos États autant ◀de▶ départements. Il faut tout unifier par des lois inflexibles, sans égard aux diversités ethniques et régionales, et soumettre ◀la▶ production industrielle au seul impératif ◀de▶ ◀l’▶élévation perpétuelle du PNB — cette tour ◀de▶ Babel du xxe siècle ! Une politique européenne ◀de▶ ce type, simple transposition ◀de▶ ◀la▶ formule ◀d’▶État-nation à ◀l’▶échelle continentale, serait capable sans nul doute ◀de▶ créer une Europe très forte mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un super État-nation ne pourrait être imposé à tous nos peuples qu’à ◀la▶ faveur ◀d’▶une guerre générale — selon ◀la▶ loi ◀de▶ formation ◀de▶ ◀l’▶État-nation dès ses débuts. Il s’agit donc ◀d’▶une utopie catastrophique, mais dont ◀la▶ réalisation ne saurait être exclue pour autant.
Un modèle périmé
Au contraire, si nous donnons pour finalité à ◀la▶ Cité européenne ◀la▶ liberté, c’est-à-dire ◀les▶ plus grandes possibilités ◀d’▶épanouissement des personnes, ◀de▶ participation des citoyens et ◀d’▶autonomie des communautés (◀la▶ production industrielle n’étant qu’un des moyens ◀de▶ ces libertés), alors il faut reconnaître que ◀l’▶État-nation n’est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’hui radicalement incompatible avec ◀les▶ fins ◀de▶ ◀l’▶Europe et ◀de▶ ◀la▶ liberté. Il faut adopter sans délai ◀les▶ méthodes ◀les▶ plus propres à réduire ◀l’▶obstruction des stato-nationalismes, et se consacrer sérieusement à ◀la▶ tâche ◀de▶ construire des modèles neufs pour une cité rendue à ◀l’▶usage ◀de▶ ◀l’▶homme. Il faut mettre en commun à ◀l’▶échelle fédérale continentale, tout ce qui est nécessaire pour garantir ◀les▶ autonomies ◀de▶ tous ordres, régionales, communales et personnelles, mais rien de plus. Il faut admettre ◀la▶ pluralité des allégeances, civiques, politiques, culturelles, idéologiques et religieuses, contre ◀la▶ prétention ◀de▶ ◀l’▶État-nation à leur monopole absolu. Il faut distribuer ◀les▶ pouvoirs étatiques aux différents niveaux ◀de▶ décision — ◀le▶ communal, ◀le▶ régional, ◀le▶ fédéral — indiqués par ◀la▶ nature des tâches, leurs dimensions et celles ◀de▶ ◀la▶ communauté ◀la▶ plus apte à ◀les▶ administrer. En un mot, il faut appliquer ◀la▶ méthode du fédéralisme.
◀L’▶amicale des misanthropes
Puissance ou liberté : ces deux finalités commandent deux politiques ◀d’▶union, dont je crains bien qu’on ne puisse pas impunément continuer à mêler ◀les▶ moyens. On ne manquera pas ◀de▶ m’objecter en ce point que ◀la▶ politique a toujours eu pour fin réelle ◀la▶ puissance ; et je vois bien que toutes ◀les▶ civilisations que nous connaissons ont choisi ◀la▶ puissance comme seul but réaliste ◀de▶ ◀la▶ société politique ; ◀le▶ reste — ◀la▶ justice, ◀la▶ paix, ◀la▶ liberté — étant manières ◀de▶ parler plus ou moins nobles, ou pure et simple captatio démagogique. Mais je vois aussi que seuls des Européens, rares mais exemplaires, ont osé proclamer, ◀d’▶Aristote à Rousseau et ◀de▶ William Penn à Proudhon, que ◀les▶ libertés personnelles et ◀les▶ communautés autonomes valent mieux que ◀la▶ puissance collective. ◀L’▶Europe unie sera seule capable ◀de▶ réaliser leur vision.
On me dira peut-être aussi que je radicalise indûment ◀l’▶antithèse État-nation / fédération, ramenée au dilemme Puissance ou Liberté comme finalités ◀de▶ ◀l’▶union. Mais je ne crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois pas à cette « imposante Confédération » qu’évoquait ◀le▶ général de Gaulle, et qui serait formée ◀d’▶États-nations conservant jalousement leurs prétentions à ◀la▶ souveraineté absolue. Je ne crois pas à cette amicale des misanthropes.
Je crois à ◀la▶ nécessité ◀de▶ défaire nos États-nations. Ou plutôt ◀de▶ ◀les▶ dépasser, ◀de▶ démystifier leur sacré, ◀de▶ percer leurs frontières comme des écumoires, ◀de▶ narguer ces frontières sur terre, sous terre et dans ◀les▶ airs, et ◀de▶ ne pas perdre une occasion ◀de▶ faire voir à quel point elles sont absurdes. Elles sont encore efficaces, il est vrai, pour gêner ce qu’il faudrait aider : ◀les▶ échanges culturels, ◀les▶ mouvements ◀de▶ personnes, ◀la▶ concertation rationnelle des productions industrielles et agricoles. Mais elles ne servent absolument à rien pour arrêter ce qui devrait ◀l’▶être : ◀les▶ tempêtes et ◀les▶ épidémies, ◀la▶ pollution ◀de▶ ◀l’▶air et des fleuves, ◀les▶ attaques aériennes, ◀les▶ ondes ◀de▶ ◀la▶ propagande et ◀les▶ grandes contagions dites idéologiques. Elles empêchent simplement ◀de▶ bien traiter ces problèmes. Ce statut des frontières, doublement déficient, est caractéristique ◀de▶ tout ce qui touche à ◀l’▶État-nation : néfaste dans ◀la▶ mesure où il est encore réel, inexistant quand on voudrait compter sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècles, se trouvent vraiment former, comme par miracle, des entités économiques intelligibles. Je ne sais si ◀les▶ problèmes profonds que pose leur balance commerciale (laquelle ne saurait être positive, me semble-t-il, dans tous ◀les▶ pays à la fois…) ne sont pas ◀le▶ type même ◀de▶ faux problèmes, résultant ◀de▶ ◀la▶ seule fiction ◀d’▶économies dites nationales, qui ne correspondent à rien ◀d’▶économique.
Mais ce que je sais ◀de▶ science certaine, c’est que ◀les▶ États-nations n’existent pas dans ◀l’▶histoire ◀de▶ ◀la▶ culture, et que ◀les▶ « cheminements ◀de▶ ◀l’▶esprit » dont parlait Robert Schuman traversent leurs frontières sans ◀les▶ apercevoir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pas ◀de▶ « cultures nationales », en dépit des manuels scolaires, il n’y a que des divisions tout arbitraires opérées après coup dans ◀l’▶ensemble vivant ◀de▶ ◀la▶ culture européenne. Et ◀les▶ diversités que nous devons respecter ne sont pas celles ◀de▶ ces États-nations nés ◀d’▶hier : elles ◀les▶ traversent et ◀les▶ divisent tous également, et ne coïncident jamais avec aucune frontière. Elles traversent aussi nos partis, nos confessions et nos régions, nos personnes mêmes ! Il y a dans chaque pays un nord et un midi ; dans chaque Église, une aile évangélique et une aile ritualiste ; dans chaque personne qui réfléchit une droite et une gauche…
◀La▶ renaissance des régions
Nos États-nations, obsédés par ◀l’▶idée ◀de▶ « se faire respecter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu’en se rendant utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV, que ◀l’▶on s’incline devant ◀la▶ « majesté de l’État ». Mais non ! ◀l’▶État n’est pas un dieu, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au service des citoyens et ◀de▶ leurs cités ; et non ◀l’▶inverse.
Cessez donc, Messieurs ◀les▶ ministres, ◀d’▶essayer ◀d’▶apaiser ◀les▶ ennemis ◀de▶ ◀l’▶union en jurant ◀de▶ ne jamais toucher aux droits sacrés ◀de▶ vos États-nations ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir ◀l’▶Europe en proclamant votre attachement aux causes mêmes ◀de▶ sa division ! Pourquoi ne pas ◀le▶ dire ouvertement ? Tous ◀les▶ sondages ◀d’▶opinion ◀le▶ montrent : on vous suivra si vous marchez. Je propose ◀la▶ convocation ◀d’▶une Conférence du désarmement étatique des nations. À ◀l’▶aspect négatif ◀de▶ ses travaux, elle ajouterait ◀l’▶étude on ne peut plus positive ◀de▶ ◀la▶ renaissance des régions.
Il faut défaire et dépasser ◀l’▶État-nation. En instaurant ◀les▶ régions en deçà, et ◀la▶ fédération au-delà. Il faut distribuer et répartir ◀l’▶État aux différents niveaux ◀de▶ décision où il peut servir une entité vivante, civique, économique ou culturelle, et être contrôlé par ◀l’▶usager ; distribuer et répartir ◀l’▶État, ◀de▶ ◀la▶ commune et ◀de▶ ◀l’▶entreprise à ◀la▶ région et aux groupements ◀de▶ régions jusqu’au niveau européen ; là des Agences fédérales, du type ◀de▶ ◀la▶ Communauté ◀de▶ Bruxelles, seront chargées ◀de▶ ◀la▶ concertation des grandes tâches ◀d’▶intérêt public, tâches politiques au sens originel du mot : ◀l’▶économie, ◀l’▶écologie et ◀l’▶habitat, ◀les▶ recherches scientifiques, ◀les▶ transports, ◀les▶ relations globales avec d’autres fédérations continentales. Et vous noterez que je ne parle pas ◀de▶ relations ou ◀d’▶affaires « étrangères » : c’est un mot qu’il nous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérée, au seuil ◀de▶ ◀l’▶ère du Monde uni.
◀Le▶ modèle fédéraliste ◀de▶ ◀la▶ Cité européenne
Voilà donc ◀le▶ modèle fédéraliste ◀de▶ ◀la▶ Cité européenne : ◀la▶ complexité des régions rendra justice à ses fécondes diversités, et ◀l’▶ampleur ◀de▶ ◀la▶ fédération exprimera ◀l’▶unité millénaire ◀de▶ sa culture. Dira-t-on que ce programme est révolutionnaire ? Il ◀l’▶est, bien sûr : on ne fera pas ◀l’▶Europe sans casser des œufs, nous ◀le▶ voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il ◀l’▶est moins parce qu’il demande qu’on dépasse ◀les▶ États-nations que parce qu’il pose une hiérarchie nouvelle des finalités politiques. Donner comme but ◀de▶ ◀la▶ Cité européenne ◀la▶ Liberté non ◀la▶ Puissance, un mode de vie qualitatif, non pas un « niveau de vie » déterminé en termes de profit et ◀de▶ PNB, c’est passer du matérialisme capitaliste et communiste à ◀la▶ mise en question du sens même ◀de▶ nos vies et des vrais buts ◀de▶ nos activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient ◀les▶ problèmes ◀de▶ prix du lait, du blé ou même du vin, il est clair que ◀l’▶Europe des marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner ◀d’▶adhésions enthousiastes. ◀Les▶ jeunes gens ◀d’▶aujourd’hui ne seront pas convaincus par des avantages matériels : ils sont presque comblés à cet égard. Ce qui leur manque ◀le▶ plus durement, c’est un but transcendant, c’est un sens ◀de▶ ◀la▶ vie, maintenant que ◀la▶ guerre n’est plus leur exutoire, ◀l’▶alibi des raisons ◀de▶ vivre inexistantes. ◀La▶ réponse à ◀la▶ contestation ◀de▶ ◀la▶ jeunesse, dans ◀le▶ monde entier, ne relève pas ◀de▶ ◀l’▶économie, et encore moins ◀de▶ ◀la▶ politique au sens étroit et partisan du terme. Elle exige ◀la▶ recréation ◀de▶ communautés véritables. Et ◀la▶ Cité européenne — Res publica europaea — fondée sur ◀les▶ communes et ◀les▶ régions librement fédérées du continent peut en offrir ◀le▶ modèle.
Si ◀l’▶on me dit maintenant que c’est une utopie que ◀de▶ vouloir dépasser ◀l’▶État-nation, je réponds que c’est au contraire ◀la▶ grande tâche politique ◀de▶ notre temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement nous ferons ◀l’▶Europe, et nous ◀la▶ ferons pour toute ◀l’▶humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement ◀la▶ plus puissante ou ◀la▶ plus riche, mais bien ce coin ◀de▶ ◀la▶ planète indispensable au Monde ◀de▶ demain et où ◀les▶ hommes pourront trouver non pas ◀le▶ plus ◀de▶ bonheur, peut-être, mais ◀le▶ plus ◀de▶ saveur, ◀le▶ plus ◀de▶ sens à ◀la▶ vie.