Quand Paul Martin voulait faire courir l’▶Europe (1971)u
Ma première rencontre avec Paul Martin s’est produite sur ◀la▶ scène du Théâtre ◀de▶ Lausanne, envahie par ◀les▶ bellettriens : bras dessus, bras dessous nous chantions à tue-tête en nous balançant tantôt à gauche tantôt à droite. Mon bras droit tenait ◀le▶ gauche ◀d’▶un aîné prestigieux capable ◀de▶ courir 800 mètres ◀d’▶un trait et champion olympique pour cette raison, sans doute.
C’était assez pour se tutoyer, pas assez pour vraiment se connaître.
Quelque trente ans plus tard reparaît Paul Martin, plutôt rajeuni me semble-t-il (◀les▶ petites différences ◀d’▶âge s’effacent avec ◀le▶ temps). Il vient, ◀de▶ concert avec notre ami commun Raymond Silva — alors secrétaire général du Centre européen de la culture —, proposer que nous lancions une « Charte européenne » et un « Brevet européen du sportif ». Faire ◀l’▶Europe dans ◀les▶ sports aussi — tous plus ou moins atteints ◀de▶ chauvinisme vociférant —, voilà une belle idée, que j’accepte ◀d’▶enthousiasme.
C’était en 1954. Après deux ans ◀d’▶études, ◀de▶ réunions au Centre, ◀de▶ démarches auprès des grandes associations sportives et des gouvernements, ◀la▶ « Commission ◀de▶ pédagogie sportive », animée par Martin et Silva, met au point une charte imposante et un brevet. Celui-ci sera dûment testé — et passé avec des succès divers — par ◀les▶ membres du comité, au nombre desquels ◀le▶ Dr Panchaud, ◀le▶ général du Souzy et M. Bourdeau de Fontenay, directeur ◀de▶ ◀l’▶École nationale ◀d’▶administration, tous amis ◀de▶ Paul Martin et amenés par ses soins à collaborer avec ◀le▶ Centre.
Une si heureuse initiative, et si rondement menée vers son destin européen, devait cependant échouer — en dépit des appuis ◀les▶ plus efficaces ◀de▶ dernière heure, comme celui ◀de▶ S. A. R. ◀le▶ prince Bernhard des Pays-Bas — devant ◀les▶ susceptibilités ◀de▶ ◀l’▶olympisme officiel.
Quelques années plus tard, j’eus ◀la▶ surprise ◀de▶ recevoir des papiers à en-tête du Conseil de l’Europe annonçant ◀la▶ création par ce dernier ◀d’▶un « Brevet européen du sportif ». On m’en communiquait ◀le▶ texte « pour mon information, pensant que ce sujet était peut-être ◀de▶ nature à m’intéresser ». Je reconnus au premier coup d’œil « notre » texte.
Strasbourg s’attribuait ◀la▶ médaille, mais Paul Martin avait gagné ◀la▶ course.