Un foyer de▶ culture (janvier 1979)ap
Je partirai ◀de▶ quatre observations qui auront valeur ◀de▶ définitions.
◀L’▶union se fait, ◀l’▶unité se constate.
◀L’▶union est une opération. On ◀la▶ veut, on ◀la▶ réussit ou non. ◀L’▶unité est une donnée ◀de▶ base. Elle existe ou non.
Dans ◀le▶ cas ◀de▶ ◀l’▶Europe, ◀l’▶union politique librement nouée entre ◀les▶ peuples ◀de▶ ◀la▶ péninsule ne pourra s’instaurer que sur ◀le▶ fondement ◀d’▶une unité spatio-temporelle bien définie ◀d’▶histoire lisible et spécifique à travers ◀les▶ siècles, même si elle est multiple dans ses sources.
Cette unité ◀de▶ base est celle ◀de▶ ◀la▶ culture commune à tous ◀les▶ Européens ◀d’▶aujourd’hui.
◀D’▶Éphèse à ◀la▶ forêt ◀de▶ Brocéliande
Dès ◀l’▶aube ◀de▶ ◀la▶ philosophie qui définit ◀le▶ monde occidental, Héraclite, magistrat suprême ◀de▶ l’une des premières cités grecques, celle ◀d’▶Éphèse, écrit cette phrase décisive :
Ce qui s’oppose coopère, et ◀de▶ ◀la▶ lutte des contraires procède ◀la▶ plus belle harmonie. (Fragment 92, trad. Simone Weil.)
◀De▶ ce temps jusqu’à nous, tout concourt à nourrir ce paradoxe, cette loi constitutive ◀de▶ notre histoire : ◀l’▶antinomie ◀de▶ l’Un et du Divers, ◀l’▶unité dans ◀la▶ diversité, et ◀la▶ coexistence féconde des contraires.
◀La▶ Grèce invente ◀la▶ cité (polis, ◀d’▶où politique, dans toutes nos langues : Politik, policy, politica, etc.) et elle ◀la▶ fonde sur ◀le▶ paradoxe du citoyen : libre parce qu’il est responsable, et réciproquement. Elle invente aussi ◀l’▶analyse, et ◀la▶ poursuit jusqu’aux notions ◀de▶ ◀l’▶atome matériel et ◀de▶ ◀l’▶atome humain, ◀l’▶individu. ◀D’▶où ◀les▶ excès anarchisants, qui créent ◀le▶ vide social des grandes villes hellénistiques, vide social qui appelle ◀les▶ tyrans.
Rome, en réponse à ce défi, invente ◀l’▶État (status : ◀le▶ stable) et ses institutions centralisées. Elle pousse ◀l’▶ordre et ◀la▶ stabilité dans ◀l’▶uniformité universelle jusqu’à ◀l’▶irrémédiable Ennui, malgré plus ◀de▶ deux-cents jours fériés sous Dioclétien. ◀Le▶ vide ◀de▶ ◀l’▶âme, inoccupée, appelle ◀les▶ tempêtes ◀de▶ ◀l’▶esprit.
◀Le▶ christianisme apporte alors un troisième monde ◀de▶ valeurs. À ◀la▶ morale ◀de▶ ◀la▶ mesure comme à celle ◀de▶ ◀la▶ raison utilitaire, ◀l’▶Évangile oppose ◀les▶ élans ◀de▶ ◀l’▶amour sans calcul ; au droit de ◀la▶ force, ◀le▶ service du prochain ; au culte du succès, ◀le▶ sacrifice pour ceux qu’on aime.
Mais ce n’est pas tout. Avec ◀les▶ trois sources classiques, Athènes, Rome, Jérusalem, viennent confluer dès ◀le▶ haut Moyen Âge ◀la▶ source germanique et ◀la▶ source celtique. La première apportant ◀le▶ droit communautaire et personnel, ◀les▶ valeurs ◀d’▶honneur et ◀de▶ fidélité. La seconde apportant ◀le▶ sens ◀de▶ ◀l’▶imaginaire et du rêve, rédemption ◀de▶ ◀l’▶échec historique, et ◀le▶ grand thème ◀de▶ ◀la▶ Quête aventureuse, symbole mystique.
◀Le▶ trésor des symboles ◀de▶ ◀l’▶âme, ◀de▶ ◀la▶ nostalgie ◀de▶ puissance et ◀de▶ ◀la▶ connaissance transcendante, ◀l’▶Iliade et ◀l’▶Odyssée, puis ◀l’▶Enéide, ◀les▶ Eddas, ◀les▶ Nibelungen, et ◀les▶ Romans ◀de▶ ◀la▶ Table ronde, joue dès lors un rôle comparable à celui ◀de▶ ◀la▶ tragédie grecque et ◀de▶ ◀la▶ Bible judéo-chrétienne : grands textes éducateurs ◀de▶ ◀la▶ psyché individuelle et collective, des désirs du cœur, des passions et des volontés ◀de▶ ◀l’▶esprit.
Tous nos poèmes ◀d’▶amour, ◀de▶ ◀l’▶Espagne à ◀la▶ Russie, dérivent ◀de▶ ◀la▶ cortezia des troubadours du xiie siècle.
Tous nos romans dérivent du Tristan primitif ◀de▶ ◀l’▶Anglo-Normand Béroul, dans ◀la▶ mesure où ils sont ◀de▶ vrais romans.
Et ◀la▶ forêt ◀de▶ Brocéliande, image ◀de▶ ◀l’▶au-delà et ◀de▶ ◀l’▶inconscient, a inspiré ◀la▶ poésie anglaise moderne, ◀les▶ comédies ◀de▶ Shakespeare, ◀les▶ opéras ◀de▶ Wagner, ◀les▶ récits oniriques du surréalisme, ◀la▶ part du rêve dans ◀la▶ culture occidentale.
Faut-il enfin rappeler ◀l’▶apport arabe, l’une des sources principales ◀de▶ ◀la▶ lyrique des troubadours, donc ◀de▶ ◀l’▶amour tel qu’on ◀le▶ parle et qu’on croit ◀le▶ sentir en Occident ? Et ◀l’▶apport slave dès ◀la▶ fin du xixe siècle ?
◀L’▶étrange homme européen
◀L’▶unité ◀de▶ ◀la▶ culture européenne résultant non seulement ◀de▶ ◀la▶ confluence ◀d’▶apports divers, mais aussi des conflits permanents qu’ils entretiennent, beaucoup sont tentés ◀d’▶en conclure à ◀la▶ nécessité ◀d’▶une unification culturelle imposée, comme préalable à toute union politique. Formés par ◀les▶ manuels scolaires et leurs stéréotypes nationalistes beaucoup ◀d’▶Européens répètent que ◀les▶ contrastes entre Allemands et Français, Insulaires et Continentaux, Scandinaves et Méditerranéens sont tels, quant aux modes de vie, aux confessions religieuses, aux institutions et aux coutumes civiques, qu’ils nous interdiraient ◀de▶ croire à ◀l’▶existence ◀d’▶une unité ◀de▶ culture, du moins assez consistante pour servir ◀de▶ fondement à une éventuelle union politique.
Sur quoi, tout en restant sur le plan ◀de▶ ◀la▶ culture, on peut observer :
1° Que ◀les▶ différences ◀de▶ langue, ◀de▶ religion, ◀de▶ race, ◀de▶ coutumes et ◀de▶ niveau de vie entre Bretons, Alsaciens et Provençaux, Souabes et Prussiens, Piémontais et Siciliens, ou encore entre pâtres catholiques ◀de▶ ◀l’▶Appenzell et banquiers protestants ◀de▶ Genève n’ont pas empêché ◀l’▶unification ◀de▶ ◀la▶ France, ◀de▶ ◀l’▶Allemagne, ◀de▶ ◀l’▶Italie, ni ◀la▶ fédération des cantons suisses — pas plus que cette unification, d’ailleurs, n’a supprimé ces différences, encore que ◀l’▶École et ◀les▶ Tribunaux, dans ◀les▶ pays centralisés, s’y soient efforcés.
2° Que pour pittoresques et voyants que soient ◀les▶ contrastes entre Suédois et Grecs, par exemple, il n’en reste pas moins qu’un Suédois lisant Kazantzakis, un Grec lisant Selma Lagerlöf, un Français et un Allemand lisant ces mêmes auteurs, y prendront très probablement ◀le▶ même plaisir, parce qu’ils y reconnaîtront ◀les▶ mêmes passions, ◀les▶ mêmes espoirs et ◀les▶ mêmes doutes, ◀les▶ mêmes mythes ou ◀la▶ même foi dominant ◀l’▶arrière-plan millénaire sur lequel se détachent ◀l’▶idée ◀de▶ ◀la▶ personne, ◀la▶ lutte contre ◀le▶ destin, ◀l’▶acceptation du temps ◀l’▶affirmation ◀de▶ ◀la▶ dignité ◀de▶ ◀l’▶homme, valeurs fondamentales et spécifiques ◀de▶ ◀l’▶Europe.
3° Et qu’enfin nos diversités sont si nombreuses, et si jalousement entretenues qu’on peut y voir, précisément, comme une première définition ◀de▶ ◀l’▶Europe. Rien de plus commun à tous ◀les▶ Européens que leur goût ◀de▶ différer ◀les▶ uns des autres, ◀de▶ se distinguer du voisin, ◀de▶ cultiver chacun sa singularité, jusqu’à y voir sa raison ◀d’▶être.
◀L’▶Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans ◀la▶ mesure précise où il doute qu’il ◀le▶ soit, prétendant au contraire s’identifier soit avec ◀l’▶homme universel, soit avec ◀l’▶homme ◀d’▶une seule nation du grand complexe continental dont il révèle ainsi qu’il fait partie, par ◀le▶ seul fait qu’il ◀le▶ conteste ?
◀La▶ culture une et diverse des peuples ◀de▶ ce continent n’a pris conscience ◀d’▶être européenne et non plus universelle qu’à partir de ◀la▶ chute ◀de▶ Constantinople (1453) et plus encore au lendemain des grandes découvertes. Ses facteurs ◀d’▶unité fondamentale, puissamment confirmés par ◀la▶ redécouverte ◀de▶ ◀l’▶Antiquité et par ◀la▶ diffusion des Écritures imprimées va compenser durant ◀les▶ siècles ◀de▶ ◀l’▶Absolutisme — ◀de▶ ◀la▶ Réforme à ◀la▶ Révolution — ◀les▶ phénomènes ◀de▶ diversifications nationales : en 1539, par ◀l’▶édit ◀de▶ Villers-Cotterêts, François Ier impose ◀le▶ français comme seule langue officielle dans son royaume (contre ◀le▶ latin ◀de▶ ◀l’▶Église et des traités, mais aussi contre ◀les▶ langues différentes des nationalités conquises): dans ◀les▶ Allemagnes, ◀la▶ Bible traduite par Luther, en Grande-Bretagne, ◀la▶ King James Version et ◀le▶ Prayer Book « nationalisent » une langue jusqu’alors multiforme au gré des diversités provinciales.
Cet équilibre entre l’Un et ◀le▶ Divers sera brusquement rompu par ◀la▶ Révolution française. Voici ◀les▶ faits.
◀Le▶ 14 janvier 1790, ◀la▶ Constituante décide ◀de▶ faire traduire ◀les▶ nouvelles lois, rédigées en français ◀de▶ Paris, dans ◀les▶ langues usitées en Bretagne, Alsace, Corse, Roussillon et Pays basque. Elle considère que « ◀l’▶emploi du français comme langue administrative ◀de▶ ◀l’▶Ancien Régime est une conséquence du despotisme, et que ◀l’▶esprit révolutionnaire doit trouver ◀les▶ moyens ◀de▶ tempérer cette espèce ◀d’▶aristocratie du langage ». Quatre ans plus tard, ◀la▶ commune ◀de▶ Paris règne à ◀la▶ place du roi qu’elle a tué. Barère déclare à ◀la▶ Convention, ◀le▶ 27 janvier 1794 : « ◀La▶ langue française doit être ◀le▶ ciment ◀de▶ ◀la▶ nouvelle unité nationale. Elle doit être une comme ◀la▶ République. » Quant aux 13 millions ◀d’▶individus qui, selon ◀l’▶abbé Grégoire, ne comprennent pas ◀le▶ français (c’est plus ◀de▶ ◀la▶ moitié ◀de▶ ◀la▶ population) ils n’ont qu’à retourner à ◀l’▶école.
◀Les▶ résultats culturels ◀de▶ cette imposition ◀d’▶uniformité par ◀la▶ force — qui est ici Bonaparte — ne tarderont pas à se manifester : tout ce qui porte encore un nom ◀de▶ créateur quitte ◀la▶ France de Napoléon.
Ces mauvais souvenirs expliquent sans doute que certains nationalistes ◀d’▶aujourd’hui redoutent qu’une Europe fédérée fasse à leur France et à sa culture nationale ce que celle-ci fit jadis à ces propres nationalités. Mais ils se trompent doublement : sur ◀le▶ sens du fédéralisme et sur ◀la▶ réalité ◀d’▶une culture nationale.
◀Les▶ cultures nationales
◀La▶ fédération est ◀la▶ forme ◀d’▶union qui par définition respecte ◀les▶ diversités, garantit ◀les▶ autonomies, et interdit toute tentative ◀d’▶uniformisation culturelle. Voir ◀la▶ Confédération suisse, avec ses 26 États souverains, où ◀l’▶on parle en toute liberté quatre langues et ◀d’▶innombrables dialectes. Voir aussi ◀l’▶actuel projet ◀de▶ Constitution fédéraliste ◀de▶ ◀la▶ Belgique.
Quant aux « cultures nationales », il m’est arrivé plus ◀d’▶une fois ◀de▶ nier purement et simplement leur existence, pour ◀la▶ raison que ◀la▶ culture en Europe a précédé ◀de▶ mille à deux-mille ans ◀le▶ phénomène stato-national. J’avais tort en ceci que nos États-nations tentent bel et bien ◀de▶ créer par décrets ces « cultures nationales » synthétiques et ont parfois marqué certains succès dans cet effort éminemment impérialiste et radicalement antidémocratique ou « despotique », comme on disait en 1790.
Par Versailles dès ◀le▶ xviie siècle, par ◀l’▶école et ◀la▶ presse, ◀les▶ tribunaux et ◀les▶ médias sous ◀l’▶Empire, et ◀les▶ républiques, ◀l’▶État-nation français a imposé un certain accent parisien à ◀la▶ culture dans ◀l’▶Hexagoneaq. C’est au prix ◀d’▶un appauvrissement très certain ◀de▶ ◀la▶ langue, qui se mesure par ◀la▶ comparaison du vocabulaire ◀de▶ Montaigne avec celui ◀de▶ Voltaire.
Il en va de même — mais c’est beaucoup moins grave — ◀de▶ ◀l’▶accent oxonien ◀de▶ ◀la▶ culture britannique et du Hochdeutsch dans ◀les▶ pays germanophones. À cela se borne ◀la▶ réalité des « cultures nationales ». Elles n’existent qu’en tant qu’enseignées. Si elles s’évaporent, rien qui compte ne sera perdu.
Foyers locaux et courants continentaux
En revanche, ◀la▶ fédération continentale va libérer ◀l’▶essor des régions, ◀le▶ rayonnement des foyers locaux, et rouvrir nos pays aux grands courants continentaux, foyers et grands courants qui ont toujours été ◀les▶ deux éléments dynamiques ◀de▶ ◀la▶ culture en Europe.
Toutes ◀les▶ créations culturelles ◀de▶ ◀l’▶Europe, sans une seule exception, sont nées dans des foyers locaux, couvents, ateliers, conservatoires, universités, laboratoires, petites cours « éclairées » ou un peu folles, sociétés ◀de▶ pensée, communautés ◀de▶ travail, etc.
Des noms ? Padoue, Mantoue, Sienne et Venise, Naples et Milan, puis ◀les▶ cités rhénanes et flamandes, ◀de▶ Bâle à Bruges, mais aussi Tolède et Poitiers, Oxford et Prague ; plus tard Genève, Zurich, Weimar, Tubingue et Göttingen, et Iéna, et Vienne…
Là naissent ◀les▶ grandes écoles ◀de▶ musique, ◀de▶ mystique, ◀de▶ peinture, ◀de▶ philosophie. Elles vont traverser toute ◀l’▶Europe, du sud au nord par ◀l’▶axe rhénan, du Centre à ◀l’▶Est, et à ◀l’▶Ouest ibérique, comme ◀l’▶ont fait ◀l’▶art roman, ◀le▶ gothique, ◀le▶ classique, ◀le▶ baroque et ◀le▶ rococo, ◀les▶ styles romantiques puis bourgeois (Louis-Philippe, Biedermeyer), ◀le▶ modern style, ◀le▶ symbolisme, ◀le▶ surréalisme, ◀l’▶art abstrait…
Tous ces mouvements illustrent à ◀l’▶évidence ◀l’▶irréalité des frontières mais ◀la▶ réalité des foyers régionaux. Tous vérifient ◀la▶ loi qui veut que ◀l’▶uniformité reste stérile.
Vienne et Paris
Notre époque a fourni deux illustrations mémorables à ces règles tout empiriques. Je veux parler ◀de▶ Vienne et ◀de▶ Paris, foyers locaux des grands courants ◀de▶ pensée et ◀d’▶art du xxe siècle.
À ◀la▶ faveur ◀de▶ ◀la▶ coutume fédéraliste qui anime ◀l’▶Empire austro-hongrois, ◀la▶ culture peut y être à la fois régionale et cosmopolite. Il en résulte à Vienne une floraison ◀d’▶écoles qui influencera et transformera ◀le▶ siècle ◀d’▶une manière littéralement incomparable :
— ◀la▶ psychanalyse, avec Sigmund Freud, Adler, Ferenczi et tant d’autres ;
— ◀la▶ logique du Wiener Kreis de Wittgenstein, Hilbert, Carnap, qui va dominer ◀la▶ scène universitaire anglo-saxonne sous ◀le▶ nom ◀de▶ logical positivism que lui donnera son autre père, Bertrand Russell ;
— ◀la▶ musique dodécaphonique et sérielle, avec Schönberg, Webern et Alban Berg, qui influencera Stravinski, Boulez et presque tous leurs disciples et successeurs ;
— enfin une pléiade ◀de▶ grands écrivains dont ◀les▶ seuls noms ◀de▶ Kafka et ◀de▶ Rilke suffisent à rappeler ◀l’▶importance : ils caractérisent une époque.
Dans ◀le▶ même temps, Paris produit Valéry, Gide, Claudel et Marcel Proust, et baptise « École ◀de▶ Paris » une génération ◀de▶ grands peintres et sculpteurs venus de toute ◀l’▶Europe à Montmartre puis à Montparnasse : Picasso et Miro, Chirico et Modigliani, Max Ernst et Hans Arp, Soutine, Zadkine et Chagall, Brancusi, Kisling, Foujita, et ◀les▶ Français Matisse, Braque, Derain…
Si ◀la▶ fédération des Européens doit exprimer demain ◀les▶ réalités créatrices ◀de▶ leur culture commune, elle ne pourra que traduire en formes et en institutions ◀la▶ double postulation vers ◀l’▶union et vers ◀l’▶autonomie qui représente ◀la▶ systole et ◀la▶ diastole du cœur ◀de▶ ◀l’▶Europe.
Foyers locaux et grandes écoles continentales appellent ◀les▶ régions en deçà et ◀la▶ fédération au-delà des cadres stato-nationaux : tel est ◀le▶ seul avenir concevable, mais il est grand, ◀de▶ ce cap de l’Asie dont dépend ◀le▶ sort du monde.