Madame de Staël et « l’▶esprit européen » (été 1980)o
« Il faut, dans nos temps modernes, avoir ◀l’▶esprit européen ». Cette phrase qu’il me semble avoir toujours connue, et qui est en effet parmi ◀les▶ plus souvent citées ◀de▶ Mme de Staël, sait-on qu’elle ne figure que tout incidemment, à titre ◀d’▶amicale mise en garde contre ◀l’▶excès ◀d’▶originalité qui, selon elle, empêcherait ◀le▶ génial Jean-Paul (Richter) ◀d’▶être goûté hors de ◀l’▶Allemagne ?
J’ignorais cela jusqu’à ces derniers jours et c’était bien. ◀La▶ postérité a eu raison ◀de▶ laisser éclore cette petite phrase hors ◀d’▶un contexte inimportant pour en faire ◀la▶ devise ◀de▶ ◀l’▶œuvre entière. Et ce n’est point par hasard, ni par erreur qu’elle figure en exergue sur ◀la▶ médaille que ◀la▶ Monnaie, en 1966, consacrait au deuxième centenaire ◀de▶ son auteur.
« ◀L’▶esprit européen », ce fut ◀le▶ titre des premières Rencontres internationales ◀de▶ Genève, en 1946, où ◀l’▶on put voir Bernanos dialoguer avec Jaspers, Julien Benda avec Georg Lukacs, spectacle peu croyable en ce lendemain ◀de▶ ◀la▶ guerre. J’eus alors ◀la▶ curiosité ◀de▶ consulter Littré sur ◀les▶ diverses significations du mot esprit. Il y en avait 29, dont une seule, ◀la▶ vingt et unième, paraissait pouvoir s’appliquer à ◀l’▶expression ◀d’▶« esprit européen ».
Dans ◀les▶ exemples invoqués revenaient sans cesse « ◀l’▶esprit ◀de▶ parti », « ◀l’▶esprit national » et « ◀l’▶esprit du corps ». ◀L’▶esprit européen, me semble-t-il, pourrait se définir assez bien, dans ◀l’▶œuvre ◀de▶ Mme de Staël, comme ◀le▶ contraire ◀de▶ tous ces esprits-là.
Tout au long ◀de▶ ses deux grands livres, ◀De▶ ◀la▶ Littérature et ◀De▶ ◀l’▶Allemagne, elle ◀le▶ décrit et elle ◀l’▶illustre comme ce qui a tout d’abord ◀la▶ vertu ◀d’▶associer ◀les▶ esprits ◀les▶ plus divers « ◀d’▶un bout ◀de▶ ◀l’▶Europe à l’autre », puis comme ◀la▶ complémentarité des diversités nationales dans ◀les▶ lettres, ◀les▶ sciences et ◀les▶ mœurs ; comme une aspiration à ◀l’▶œcuménisme entre catholiques et protestants, et comme ◀le▶ règne, enfin, ◀de▶ ◀la▶ Morale au-dessus ◀de▶ tous ◀les▶ intérêts, fussent-ils ceux ◀de▶ ◀la▶ Nation, ◀de▶ ◀l’▶État, ou même des Sciences.
1. ◀L’▶esprit européen sera donc d’abord ce qui fomente ◀la▶ Société des hommes ◀de▶ ◀l’▶esprit, ou comme elle dit dans ◀De▶ ◀l’▶Allemagne : « ◀l’▶association ◀de▶ tous ◀les▶ hommes qui pensent, ◀d’▶un bout ◀de▶ ◀l’▶Europe à l’autre ». On ne peut ici que citer :
Souvent ils n’ont entre eux aucune relation ; ils sont dispersés souvent à ◀de▶ grandes distances l’un ◀de▶ l’autre ; mais quand ils se rencontrent un mot suffit pour qu’ils se reconnaissent. Ce n’est pas telle religion, telle opinion, tel genre ◀d’▶études, c’est ◀le▶ culte ◀de▶ ◀la▶ vérité qui ◀les▶ réunit. Tantôt, comme ◀les▶ mineurs, ils creusent jusqu’au fond ◀de▶ ◀la▶ terre, pour pénétrer, au sein de ◀l’▶éternelle nuit, ◀les▶ mystères du monde ténébreux ; tantôt ils s’élèvent au sommet du Chimboraço, pour découvrir au point ◀le▶ plus élevé du globe, quelques phénomènes inconnus ; tantôt ils étudient ◀les▶ langues ◀de▶ ◀l’▶Orient pour y chercher ◀l’▶histoire primitive ◀de▶ ◀l’▶homme ; tantôt ils vont à Jérusalem pour faire sortir des ruines saintes une étincelle qui ranime ◀la▶ religion et ◀la▶ poésie ; enfin, ils sont vraiment ◀le▶ peuple ◀de▶ Dieu, ces hommes qui ne désespèrent pas encore ◀de▶ ◀la▶ race humaine, et veulent lui conserver ◀l’▶empire ◀de▶ ◀la▶ pensée.47
Cette société des hommes ◀de▶ ◀la▶ pensée, qu’elle ait pour champ ◀la▶ philosophie ou ◀les▶ lettres, ◀les▶ sciences physiques et naturelles ou ◀la▶ religion, ◀l’▶archéologie, ◀l’▶histoire ou ◀la▶ poésie, n’évoque-t-elle pas ◀le▶ rêve ◀de▶ Thomas More, puis ◀le▶ projet plus détaillé conçu et décrit par Leibniz, ◀d’▶une Académie ◀de▶ ◀l’▶Europe ?
◀L’▶idée vient ◀d’▶en être reprise, du côté de Genève comme on pouvait s’y attendre, et je forme ici ◀le▶ vœu qu’elle se réalise, sous ◀le▶ patronage ◀de▶ celle qui en eût été ◀l’▶inspiratrice et ◀la▶ présidente idéale, Germaine de Staël.
2. Au principe dynamique et structurant ◀de▶ ◀l’▶esprit européen, Madame de Staël retrouve ◀le▶ secret ◀de▶ ◀la▶ complémentarité des différences, voire des antinomies. Il est une tradition centrale ◀de▶ ◀la▶ philosophie européenne : celle qui ◀d’▶Héraclite à Nicolas de Cuse, en passant par Abélard, fonde ◀le▶ réel humain sur ◀l’▶harmonie des contraires et ◀la▶ coïncidence des opposés, sur ◀le▶ principe des diversa non adversa, et plus tard, — ◀de▶ J.-J. Rousseau aux personnalistes des années 1930 et aux fédéralistes actuels — sur ◀l’▶unité dans ◀la▶ diversité. « Ce qui s’oppose coopère — dit Héraclite — et ◀de▶ ce qui diverge procède ◀la▶ plus belle harmonie. » Or, toutes ◀les▶ analyses ◀de▶ nos tempéraments et ◀de▶ nos styles ◀de▶ création, anglais, français, italien et allemand, conduisent Mme de Staël par un mouvement qu’on dirait simplement ◀de▶ sensibilité, à épouser et prolonger cette tradition qui est celle ◀de▶ ◀la▶ vitalité ◀de▶ ◀la▶ culture occidentale, et qui conduit en tous domaines à unir dans ◀le▶ respect et ◀la▶ force du divers, qu’il s’agisse ◀de▶ sagesse ou ◀de▶ science, ◀de▶ religion et c’est ◀l’▶œcuménisme, ou ◀de▶ politique et c’est ◀le▶ fédéralisme.
Rien de plus étranger à ce mouvement ◀de▶ ◀l’▶esprit que ◀la▶ volonté ◀d’▶uniformisation que montrait dans ◀le▶ même temps Napoléon. (Lecture des journaux interdite, sauf celle du Moniteur, obligatoire.) Rien de plus étranger non plus à ◀l’▶ambition que certains prêtent aux tenants ◀de▶ ◀l’▶union européenne, à savoir ◀de▶ « fondre nos nations dans on ne sait quel magma informe ». Mme de Staël conçoit ◀l’▶esprit européen comme un tableau dont ◀les▶ contrastes mêmes et ◀les▶ nuances aussi sont ◀le▶ message. Écoutons-là !
◀Les▶ nations doivent se servir ◀de▶ guides ◀les▶ unes aux autres, et toutes auraient tort ◀de▶ se priver des lumières qu’elles peuvent mutuellement se prêter. Il y a quelque chose ◀de▶ très singulier dans ◀la▶ différence ◀d’▶un peuple à l’autre : ◀le▶ climat, ◀l’▶aspect ◀de▶ ◀la▶ nature, ◀la▶ langue, ◀le▶ gouvernement, contribuent à ces diversités, et nul homme quelque supérieur qu’il soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans ◀l’▶esprit ◀de▶ celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air ; on se trouvera donc bien en tout pays ◀d’▶accueillir ◀les▶ pensées étrangères ; car dans ce genre, ◀l’▶hospitalité fait ◀la▶ fortune ◀de▶ celui qui reçoit.48
Ceci encore, dans ◀l’▶essai sur ◀les▶ traductions :
Il n’y a pas de plus éminent service à rendre à ◀la▶ littérature que ◀de▶ transporter ◀d’▶une langue à l’autre les chefs-d’œuvre ◀de▶ ◀l’▶esprit humain… Si chaque nation moderne en était réduite à ses propres trésors, elle serait toujours pauvre ?49
◀La▶ complémentarité des opposés, richesse européenne par excellence, n’est pas seulement nationale et linguistique, elle est aussi dans ◀l’▶opposition climatérique, historique, culturelle et surtout religieuse entre ◀le▶ nord et ◀le▶ midi du continent.
Je note ici, pour y revenir tout à ◀l’▶heure, que ◀le▶ problème ainsi posé par Mme de Staël aux débuts du xixe siècle est devenu ◀le▶ problème économique ◀le▶ plus brûlant ◀de▶ ◀la▶ fin du xxe siècle : preuve de plus ◀de▶ ◀la▶ précédence à tout ◀le▶ moins chronologique, du culturel voire du religieux sur ◀l’▶économique.
Mais comment surmonter ◀l’▶antinomie Nord-Sud, s’il est vrai qu’elle plonge des racines aussi profondes dans notre histoire ? Sinon par cela qui est plus profond encore que ◀les▶ racines, étant au principe même ◀de▶ notre histoire, par ◀le▶ christianisme, — et je cite :
◀La▶ religion chrétienne a été ◀le▶ lien des peuples du Nord et du Midi ; elle a fondu, pour ainsi dire, dans une opinion commune des mœurs opposées ; et, rapprochant des ennemis, elle en a fait des nations dans lesquelles ◀les▶ hommes énergiques fortifiaient ◀le▶ caractère des hommes éclairés, et ◀les▶ hommes éclairés développaient ◀l’▶esprit des hommes énergiques. Ce mélange s’est fait lentement sans doute. ◀La▶ providence éternelle prodigue ◀les▶ siècles à ◀l’▶accomplissement ◀de▶ ses desseins, et notre existence passagère s’en irrite et s’en étonne : mais enfin ◀les▶ vainqueurs et ◀les▶ vaincus ont fini par n’être plus qu’un même peuple dans ◀les▶ divers pays ◀de▶ ◀l’▶Europe et ◀la▶ religion chrétienne y a puissamment contribué.50
Bien dira-t-on, mais ◀la▶ Réformation n’a-t-elle pas divisé, sans espoir, ◀la▶ chrétienté, Nord réformé, Sud catholique et orthodoxe ?
◀Le▶ protestantisme et ◀le▶ catholicisme ne viennent point ◀de▶ ce qu’il y a eu des papes et Luther. C’est une pauvre manière ◀de▶ considérer ◀l’▶histoire que ◀de▶ ◀l’▶attribuer à des hasards. ◀Le▶ protestantisme et ◀le▶ catholicisme existent dans ◀le▶ cœur humain ; ce sont des puissances morales qui se développent dans ◀les▶ nations parce qu’elles existent dans chaque homme.
Et plus loin :
Il se peut qu’un jour un cri ◀d’▶union s’élève et que ◀l’▶universalité des chrétiens aspire à professer ◀la▶ même religion théologique, politique et morale, mais avant que ce miracle soit accompli, tous ◀les▶ hommes qui ont un cœur et qui lui obéissent doivent se respecter mutuellement.51
Nous voici renvoyés au respect absolu ◀de▶ ◀la▶ différence en tant que telle, à ◀la▶ coïncidentia oppositorum, qui est ◀le▶ principe ◀de▶ toute morale européenne.
Or, cette morale, et voilà ◀la▶ nouveauté très singulière à cette date ◀de▶ 1809 où ◀le▶ césarisme napoléonien semble triompher, cette morale doit primer non seulement sur ◀les▶ intérêts privés et personnels, mais sur ◀les▶ intérêts publics et nationaux. Mme de Staël précise :
◀L’▶intérêt national lui-même doit être subordonné aux pensées plus hautes dont ◀la▶ vertu se compose.
Et elle a des mots très durs contre ◀le▶ phénomène ◀de▶ ◀la▶ nation au nouveau sens, au sens politique du terme, qui est en train de se former sous ses yeux et que nous appelons aujourd’hui ◀l’▶État-nation :
Quand une réunion quelconque ◀d’▶hommes, écrit-elle, « quand cette réunion, dis-je, s’appelle une nation, tout lui serait permis pour se faire du bien ? ◀Le▶ mot ◀de▶ nation serait alors synonyme ◀de▶ celui ◀de▶ légion que s’attribue ◀le▶ démon dans ◀l’▶Évangile52 ».
À cette affirmation ◀de▶ ◀la▶ primauté ◀de▶ ◀la▶ morale sur ◀l’▶intérêt national qui est déjà bien assez scandaleuse pour ◀l’▶époque, Mme de Staël ajoute une exigence encore plus neuve, et qui prend ◀de▶ nos jours sa plus brûlante actualité : c’est dans ◀la▶ préface ◀De▶ ◀l’▶Allemagne qu’elle écrit :
◀Les▶ progrès des sciences rendent nécessaires ◀les▶ progrès ◀de▶ ◀la▶ morale, car en augmentant ◀la▶ puissance ◀de▶ ◀l’▶homme, il faut fortifier ◀le▶ frein qui ◀l’▶empêche ◀d’▶en abuser.53
Méditons cela devant ◀les▶ centrales nucléaires et devant ◀les▶ manipulations génétiques qu’on nous annonce pour demain.
Mais j’en reviens à ◀la▶ critique ◀de▶ ◀la▶ nation. Après Rousseau, Mme de Staël a très bien vu que plus ◀la▶ nation sera grande, plus grande sera ◀la▶ tentation ◀de▶ « sacrifier ◀la▶ morale à ◀l’▶intérêt national » et plus ◀l’▶État se gardera ◀de▶ faire participer ◀les▶ citoyens aux affaires ◀de▶ sa politique. ◀D’▶où se déduisent ◀les▶ éléments ◀d’▶une politique qu’on sent inspirée ◀de▶ Rousseau en ce qu’elle est tout à ◀la▶ gloire du petit État :
◀La▶ grandeur des États chez ◀les▶ modernes, et ◀la▶ concentration du pouvoir des monarques ont rendu pour ainsi dire, ◀la▶ politique toute négative.54
Au contraire, dans ◀les▶ petits pays, ◀les▶ citoyens restent capables ◀de▶ comprendre ◀les▶ affaires ◀de▶ ◀la▶ cité et ◀d’▶y faire entre leur voix.
« Dans ◀l’▶enceinte des petits États, ◀la▶ liberté peut exister, parce que ◀les▶ passions ne sont point excitées par aucun but, par aucun théâtre propre à ◀les▶ enflammer. ◀D’▶où elle déduit que « si ◀l’▶homme parvenait individuellement à dompter ses passions, ◀le▶ système des gouvernements se simplifierait tellement qu’on pourrait alors adopter comme praticable, ◀l’▶indépendance complète, dont ◀l’▶organisation des petits États est susceptible »55.
Dira-t-on que c’est là supposer ◀le▶ problème résolu ? Oui certes, et ◀le▶ mathématicien répondra mieux que moi sur ce point. Je doute d’ailleurs qu’il soit possible à ◀l’▶homme ◀de▶ résoudre un problème humain, éthique, social ou politique, autrement qu’à partir de sa fin anticipée, imaginée, ou révélée aux yeux de ◀l’▶esprit.
◀L’▶homme n’entreprend jamais qu’à partir de ◀l’▶avenir. Sa liberté est toujours en avant.
Tout cela se lit ou se relit en filigrane dans ◀De▶ ◀l’▶Allemagne, et ◀les▶ quelques phrases un peu plus explicites que je viens de citer suffisent à faire comprendre pourquoi Napoléon fit saisir et détruire ◀le▶ livre dès sa publication en 1810. Mais combien faut-il regretter qu’à ◀l’▶ouvrage sur ◀l’▶Allemagne — qui est en réalité, un grand traité ◀de▶ ◀la▶ culture européenne — au sens ◀le▶ plus moderne et ◀le▶ plus large du mot « culture » — Mme de Staël n’ait pu donner pour suite une Politique déduite ◀de▶ ◀la▶ culture. Un tel livre eût été capable ◀de▶ modifier ◀le▶ débat contemporain sur ◀la▶ fédération européenne.
Certes, Mme de Staël n’a pas prévu que ◀l’▶économie, au xxe siècle prendrait ◀le▶ pas non seulement sur ◀la▶ culture, mais sur ◀la▶ morale, et que c’est elle, non ◀la▶ morale, qui imposerait à ◀la▶ politique ses prétendus « impératifs catégoriques » avec ◀les▶ succès que ◀l’▶on sait : inflation et chômage en Occident, dictatures et famines dans ◀le▶ tiers-monde.
Mme de Staël, ◀de▶ nos jours, n’eût pas préconisé ◀l’▶union ◀de▶ ◀l’▶Europe sur ◀la▶ base ◀d’▶une Communauté économique ; elle eût fondé plutôt ◀la▶ Communauté européenne ◀de▶ ◀la▶ culture. Car elle savait que « ◀la▶ circulation des idées est, ◀de▶ tous ◀les▶ genres ◀de▶ commerce, celui dont ◀les▶ avantages sont ◀les▶ plus certains » — et comme Goethe ◀l’▶a dit après elle : que ◀la▶ culture « accroît autant que ◀l’▶échange des produits et denrées ◀la▶ richesse et ◀le▶ bien-être général ◀de▶ ◀l’▶humanité »56. Car elle savait surtout que ◀la▶ vraie finalité ◀d’▶une union qui mérite ◀le▶ nom ◀d’▶européenne, ne saurait être que ◀l’▶homme lui-même, dans sa liberté responsable.
◀L’▶homme européen, tel que ◀l’▶ont fait au cours des siècles ses religions, ses lois et sa culture, ◀le▶ sens grec ◀de▶ ◀la▶ mesure, mais aussi ◀de▶ ◀l’▶aventure, ◀le▶ sens romain des institutions, mais aussi ◀le▶ prophétisme juif, antidote spirituel des rites, ◀le▶ sens germanique ◀de▶ ◀la▶ communauté, ◀le▶ sens celtique ◀de▶ ◀la▶ quête spirituelle, plus tard un peu de folie slave, et ◀le▶ sens chrétien ◀de▶ ◀l’▶amour qui tout embrasse, — pour cet homme elle eût proposé ◀l’▶union fédérale ◀de▶ nos peuples, dans cet enthousiasme auquel elle consacre ◀les▶ trois derniers chapitres ◀de▶ son chef-d’œuvre, et dont elle dit qu’il est ◀de▶ tous ◀les▶ sentiments celui qui rend ◀le▶ plus heureux, parce « qu’il réunit plus qu’aucun autre toutes ◀les▶ forces ◀de▶ ◀l’▶âme dans ◀le▶ même foyer57 ».
◀L’▶Europe ◀de▶ ◀l’▶enthousiasme ! Il était temps, je crois, que Mme de Staël vienne nous rappeler ce que cela pourrait bien être : — une tâche pour cette génération !