Robert Aron, Fragments d’▶une ◀vie▶ [préface] (1981)cd
Robert Aron, pour moi, fut l’un des premiers visages du Paris intellectuel que je découvrais au seuil des années 1930, et où j’allais vivre ma jeunesse littéraire, politique et spirituelle. Je le revois dans ces années décisives, où les ombres montaient à l’Est, démesurées, devant nos démocraties inconscientes ◀de▶ leur état ◀de▶ désuétude. Nous fondions les premiers groupuscules et les premières revues personnalistes. Il venait du surréalisme, disait-on, ce qui lui valait à mes yeux une sorte ◀d’▶aura ◀d’▶aventure, s’était occupé ◀de▶ cinéma, et disposait chez Gaston Gallimard, dont il était le secrétaire, ◀d’▶un bureau contigu à la mansarde où Jean Paulhan, seul avec sa femme, faisait la NRF — pour moi, tel que j’étais alors, centre absolu ◀de▶ la littérature au xxe siècle.
Je le revois, souvent silencieux dans nos groupes, avec ses grands yeux mélancoliques aux larges cernes, et sa distraction proverbiale — il était, disait-il, le seul officier français qui eût réussi à se blesser avec son propre sabre —, ses soudaines reparties ◀d’▶un humour déroutant et rapide, et beaucoup de présence ◀d’▶esprit politique. Il m’intriguait. Mais bien que nous ayons vécu ensemble l’aventure ◀de▶ l’Ordre nouveau pendant près de neuf années ◀de▶ l’avant-guerre, je ne savais que peu de choses ◀de▶ lui, ◀de▶ son passé : je les découvre en lisant ces Fragments ◀d’▶une ◀vie▶ — hélas, nous ne pourrons plus en parler ensemble. Pourquoi ne l’avoir pas questionné en ce temps-là ? Il était mon aîné ◀de▶ huit ans, et cela peut compter quand on en a vingt-cinq. Il était réservé, presque secret, ◀d’▶une espèce ◀de▶ sérieux quelque peu farfelu, souvent désarçonnant dans ses répliques, non du tout par malice, ni même pour se garder, simplement par l’attrait ◀d’▶un gag-sans-rire dans le style ◀de▶ Buster Keaton. Cette espèce ◀de▶ réserve polie jusque dans l’outrage délibéré, ce côté désinvolte ou distrait, comment savoir, on les retrouvera dans les Fragments ◀d’▶une ◀vie▶ lorsqu’il relate ses premières initiatives en faveur de la modernité la plus provocante à l’époque, alors qu’il avait encore un pied à la Revue des Deux Mondes ◀de▶ M. Doumic, l’autre déjà chez Gallimard. Pour commencer, il se met en tête ◀de▶ faire parler au Collège ◀de▶ France Jean Cocteau, Erik Satie, Fernand Léger et Marcel L’Herbier ; et il y arrive, comme on le verra. Puis ◀de▶ lancer Gaston Gallimard dans la production ◀de▶ films — ce qui va l’amener, avec la Madame Bovary de Jean Renoir, à frôler à la fois le chef-d’œuvre et le désastre financier. Enfin, il crée avec Antonin Artaud et Roger Vitrac le Théâtre Alfred-Jarry, lieu ◀d’▶affrontements mémorables entre le Tout-Paris des générales et le groupe surréaliste, dans lequel André Breton s’est réservé le droit ◀de▶ fulminer les excommunications majeures. Lors des bagarres comme celle que provoquera la représentation non autorisée par Claudel du Partage ◀de▶ midi, j’imagine assez bien un Aron maîtrisé, impénétrable, mais éclatant soudain pour traiter Breton « médusé », ◀de▶ « révolutionnaire ◀de▶ salle ◀de▶ spectacle ». Après la quatrième pièce produite, celle ◀de▶ Strindberg, le quatrième scandale et l’intervention ◀de▶ la police, Robert Aron constate avec sobriété qu’Artaud et les surréalistes « ne donnent pas aux événements qu’ils viennent de vivre ensemble la même signification révolutionnaire que lui-même ». Lassé ◀de▶ leur violence purement verbale, il décide « qu’il faut en sortir ». Et il se tourne vers la réalité, qui est politique autant que spirituelle. C’est à ce moment qu’une rencontre fortuite avec Arnaud Dandieu, ancien condisciple du lycée Condorcet, va décider du nouveau cours ◀de▶ sa ◀vie▶. Trois années ◀de▶ recherches silencieuses conduisent à la publication en 1931 ◀d’▶un premier volume, Décadence ◀de▶ la nation française, sous la signature ◀de▶ Robert Aron et Arnaud Dandieu, qui sera bientôt suivi par la publication du Cancer américain et ◀de▶ La Révolution nécessaire ce. Ces trois titres jalonnent les années ◀de▶ formation du mouvement personnaliste. Ils vont orienter la doctrine du groupe le plus original et radical ◀de▶ ceux qui composent ce mouvement : l’Ordre nouveau.
C’est le Robert Aron ◀de▶ l’Ordre nouveau que j’ai connu, notre aîné comme Dandieu, mais notre camarade dans ce collège ◀d’▶égaux que fut durant neuf ans le « Comité directeur » des groupes « Ordre nouveau », titre ronflant qui désignait en fait le comité ◀de▶ rédaction ◀de▶ la revue, car les « groupes » furent épisodiques.
Les Fragments nous apprennent ◀d’▶où venait la famille ◀de▶ Robert, de même qu’ils m’ont appris où il était avant de fonder avec Dandieu les éléments ◀de▶ notre doctrine commune. Mais pour les autres, quelles étaient les raisons ◀de▶ notre convergence dans cette communauté ◀de▶ pensée en vue de l’action ?
« ◀De▶ toutes croyances et ◀de▶ toutes incroyances », selon la formule ◀de▶ Péguy, nous ne différions pas seulement par nos origines religieuses, mais par la manière ◀de▶ les assumer. Sur les quatre « nés catholiques », Dandieu, Daniel-Rops, Jardin et Dupuis, seul le premier se référait expressément à sa croyance, comme je le faisais moi-même, dans mes premiers ouvrages influencés par Kierkegaard et Barth, mais non pas dans la revue, où d’ailleurs aucun ◀de▶ nous ne se vit jamais amené à des déclarations incompatibles avec les convictions des autres. Dandieu continuait surtout la tradition du socialisme proudhonien, qu’il avait trouvée dans sa famille, et que nous acceptions tous ; quant au nietzschéisme, qu’il partageait d’ailleurs avec la plupart des membres du Comité, ce n’était pas celui ◀de▶ la polémique antichrétienne mais celui ◀de▶ l’adversaire des grandes sottises modernes, ◀de▶ l’étatisme au matérialisme en passant par l’historicisme et le racisme ; celui qui exalte dans la Généalogie ◀de▶ la morale « le privilège extraordinaire ◀de▶ la responsabilité, la conscience ◀de▶ cette rare liberté, ◀de▶ ce pouvoir sur soi-même… », phrase citée dans le n° 5 ◀de▶ L’ON et que je croyais inventer en écrivant quarante ans plus tard L’Avenir est notre affaire …
Des deux juifs du groupe, l’un était agnostique — Robert Aron — tandis que l’autre, Alexandre Marc, allait devenir catholique, à la suite des déclarations chrétiennes prononcées par Dandieu sur son lit ◀de▶ mort, en 1934.
Que notre conception ◀de▶ la personne ait pu subsumer des définitions augustiniennes, thomistes, calvinistes ou nietzschéennes, voilà qui annonce l’évolution qui allait en quelques décennies ramener à « la foi ◀de▶ leurs pères » un Dandieu né catholique, un Chevalley né protestant, et finalement Robert Aron né juif.
« Spirituel d’abord, économique ensuite, politique à leur service », disait l’une des premières devises ◀de▶ l’Ordre nouveau : elle a trouvé son sens le plus fort dans ce retour au véritable spirituel.
Deuxième trait que nous avions en commun : l’analyse ◀de▶ la situation ◀de▶ l’Europe dans les années 1930. Ce ne sont pas le grand élan ◀d’▶un mouvement ◀de▶ masse ni les fureurs ◀de▶ droite ou ◀de▶ gauche, profascistes ou procommunistes, qui nous ont rapprochés au départ.
Au cours des mêmes années ◀de▶ notre jeunesse, nous avions constaté qu’on nous menait de toutes parts à une guerre qui ne pouvait être notre guerre, mais que nous aurions à subir, bien pire : à faire. Nous avions constaté que nos démocraties n’avaient à opposer au mensonge total des dictatures que la demi-vérité ◀de▶ l’État-nation centralisé. Nous avions constaté que l’origine des fascismes et du national-socialisme était dans la dissolution des liens sociaux, et que l’« individu atomisé » pour reprendre les termes ◀de▶ Marx, appelait dans son angoisse et créait à la fois les dictatures collectivistes et leurs religions synthétiques, alors que la personne appelle et crée la communauté véritable, seul antidote des totalitarismes. ◀D’▶où la recherche passionnée que nous menions tous, ◀d’▶une formule ◀de▶ communauté qui ne fût ni ◀de▶ classe, ni ◀de▶ race, ni ◀de▶ sang, ni ◀de▶ terre natale (la « terre et les morts » ◀de▶ Barrès, le Blut und Boden des nazis), ◀d’▶une communauté qui ne fût pas fondée sur « les vieilles choses qui sont passées », comme dit saint Paul, mais dans la liberté des personnes responsables.
◀De▶ là sans doute la qualité singulière ◀de▶ notre engagement (terme lancé par les personnalistes71) : c’était un engagement désintéressé, et cela peut sembler au moins paradoxal si l’on se tient dans l’optique politicienne. En vérité, nul d’entre nous, ni pour le groupe ni pour lui-même, ne rêvait ◀d’▶une « prise ◀de▶ pouvoir » au sens du jeu politique habituel, ni même au sens léniniste. Nul d’entre nous n’entendait « faire ◀de▶ la politique », et les rares qui se présentèrent aux élections se virent immédiatement exclus. Nous voulions tous la liberté ◀de▶ la personne, c’est-à-dire qu’elle fût responsable ; et nous tirions ◀de▶ cet axiome les conséquences économiques et politiques : abolition ◀de▶ la condition prolétarienne par l’institution ◀d’▶un service civil, restauration des communautés ◀de▶ base — communes, régions — où la voix ◀de▶ l’homme en tant que citoyen puisse se faire entendre, enfin fédération des régions au niveau national puis européen.
Nous défendions une conception ◀de▶ la ◀vie▶ avec laquelle aucun des régimes existants, États-nations ou dictatures, ne nous paraissait compatible : nous étions condamnés à l’invention. Mais l’on a calculé que les délais nécessaires entre la mise au point ◀d’▶une invention et ses premières applications sont ◀de▶ l’ordre ◀de▶ cinq à dix ans dans le monde ◀de▶ la technologie où l’inertie pourtant est tellement inférieure à ce qu’elle est dans le monde social et politique…
Autre facteur ◀de▶ la très lente pénétration des idées ◀de▶ l’Ordre nouveau : nul d’entre nous ne venait du stalinisme ou ◀d’▶un autre fascisme ; aucun n’avait changé dramatiquement ◀de▶ bord, n’avait passé ◀de▶ l’Action française au communisme, ou l’inverse, ni ◀de▶ Mao à Giscard ou à Mitterrand, comme le font — c’est la condition ◀de▶ leur succès à la télévision — les « philosophes » publicitaires ◀d’▶aujourd’hui.
Pas ◀de▶ virtuoses ◀de▶ la palinodie dans notre groupe. Plus ◀d’▶idées neuves que ◀de▶ moyens ◀de▶ les communiquer au grand public : l’inverse prévaut aujourd’hui.
Un jour, dans les années 1950, Ignazio Silone m’a dit : « Il y a chez vous quelque chose ◀d’▶inexplicable : vous n’avez jamais été communiste, ni fasciste, et pourtant vous pensez comme nous ! »
Réponse : « J’étais depuis le début personnaliste, exempté ◀de▶ palinodie. »
Bien peu seraient capables ◀de▶ le dire aujourd’hui en dehors des survivants ◀de▶ l’Ordre nouveau.
Tout en regrettant que l’actuelle génération paraisse vouée à fonder ses croyances sur les taux ◀d’▶écoute à la TV, et sur ce que la presse va dire demain, non ◀de▶ la justesse ◀de▶ pensée ◀d’▶un auteur, mais ◀de▶ sa « présence » à l’écran, je ne déplore pas un instant le sort qui fut le nôtre avant l’ère des médias : je vois grandir sans cesse l’actualité ◀de▶ nos « idées des années 1930 ».
Survint la guerre prévue, qui va nous disperser. Robert est mobilisé en France, lieutenant ◀d’▶artillerie, moi en Suisse, lieutenant ◀d’▶infanterie. En juin 1940, je suis condamné à quinze jours ◀de▶ prison militaire en forteresse pour avoir publié un article sur l’entrée ◀d’▶Hitler à Paris, qualifié ◀d’▶« insulte à chef d’État étranger ». Après quoi l’on va m’expédier en mission ◀de▶ conférences aux États-Unis où je serai moins gênant pour notre neutralité. En 1941, Robert est « victime ◀de▶ la première arrestation collective ◀de▶ juifs opérée en France depuis des siècles ». Il est conduit au camp ◀de▶ Mérignac près de Bordeaux, avec une centaine d’autres juifs ◀de▶ la région. Mais il ne semble pas qu’il y reste longtemps. Et c’est là qu’en 1942, avec un courage exemplaire, il va donner au « Bureau ◀d’▶études juives » des conférences sur l’actualité du judaïsme, qui marquent — « sous l’œil des barbares » — le début ◀d’▶un retour à la foi biblique et ◀d’▶une partie toute nouvelle ◀de▶ son œuvre, celle qui va ◀de▶ Retour à l’Éternel, 1946, au très beau recueil posthume intitulé Où souffle l’esprit, 1979, en passant par L’Histoire ◀de▶ Dieu, 1963. Cette année-là, à New York, je compose chaque jour les textes ◀de▶ l’émission intitulée La Voix ◀de▶ l’Amérique parle aux Français. Un jour, parmi les dernières dépêches, je lis que mon ami le pasteur Roland de Pury vient ◀d’▶être arrêté par les SS à Lyon, au moment de monter en chaire. Tout comme le père Chaillet, il était en contacts fréquents avec le Bureau ◀d’▶études juives et avec Robert Aron lui-même. Évadé ◀de▶ Vichy, prisonnier en Espagne, Aron rejoint la dissidence à Alger en 1943. Il y participera aux travaux du gouvernement provisoire, jusqu’à la Libération.
C’est sous le signe ◀de▶ l’Europe unie que nous allons nous retrouver le plus naturellement du monde en 1946 à Genève, lors des premières Rencontres internationales, puis à Montreux en août 1947, lors du premier congrès ◀de▶ l’Union européenne des fédéralistes. Alexandre Marc est devenu le délégué général de l’Union. Henri Brugmans la préside ; il a été ministre ◀de▶ l’Information dans le cabinet nommé par la reine Wilhelmine à la Libération, et dont le Premier ministre et plusieurs membres appartiennent au « Mouvement socialiste-personnaliste » : première « accession au pouvoir » ◀de▶ nos idées ? Ce serait trop dire et ce fut éphémère, mais retenons le signe annonciateur.
Ainsi les prémisses politiques ◀de▶ l’Ordre nouveau s’épanouissent tout naturellement dans les efforts ◀d’▶union ◀de▶ l’Europe au-delà des États-nations — terme que nous avions forgé dès 1931, et qu’aujourd’hui le monde emploie.
Depuis les congrès ◀de▶ Montreux, La Haye, Rome et Lausanne, d’autres thèmes que celui ◀de▶ l’Europe à fédérer, plus spécifiques ◀de▶ la doctrine élaborée par notre groupe, n’ont cessé ◀de▶ gagner en actualité, au point ◀d’▶en occuper depuis quelques années le premier plan.
Thème du chômage, ◀de▶ la nature du travail et du temps libre, problème que La Révolution nécessaire posait dès 1933 dans ces termes : « Le machinisme permettant ◀de▶ faire une économie ◀de▶ force toujours plus grande, il s’agit ◀de▶ trouver les institutions qui permettent ◀de▶ réaliser la libération correspondante. » Plus simple encore, ce titre dans le n° 1 ◀de▶ notre revue posait le dilemme fondamental des sociétés industrielles : « Liberté ou chômage ? » Le monde occidental en est au point où il ne peut plus esquiver ces questions que nous fûmes presque seuls à regarder en face, il y a près de cinquante ans. Nous proposions des solutions telles que le service civil industriel et le minimum vital européen. Voici le moment venu de les prendre au sérieux, tout le monde le sent.
Thème des régions considérées comme des espaces ◀de▶ participation civique, condition ◀d’▶une démocratie réelle. On croyait que c’était du folklore. Et voilà que cela fait tomber des ministères en Italie puis en Belgique, et même de Gaulle ; que cela divise les partis ◀de▶ gauche comme ceux ◀de▶ droite, structure les nouvelles constitutions comme l’espagnole, et renouvelle les solutions concrètes aux problèmes ◀de▶ l’emploi, ◀de▶ l’énergie, ◀de▶ la survie écologique des continents, des océans…
Thème du fédéralisme, au-delà ◀de▶ l’État-nation : pas d’autres solutions possibles aux problèmes du lien social et du civisme, ◀de▶ la coopération entre régions et entre nations pour le salut ◀de▶ l’Europe, dernière chance ◀d’▶échapper, peut-être, à l’holocauste nucléaire.
Mais revenons à la personne ◀de▶ notre ami. Un dernier trait ◀de▶ son caractère et ◀de▶ son œuvre ◀d’▶historien me paraît se révéler finalement comme essentiel. Quand vous aurez lu ces Fragments, reprenez L’Histoire ◀de▶ Vichy, L’Histoire ◀de▶ la Libération, et les quatre volumes ◀de▶ L’Histoire ◀de▶ l’épuration. À la lumière de l’avant-propos qui introduit la seconde partie, et du chapitre sur « la Trahison et les Traîtres », vous verrez mieux à quel point l’habitaient le sens du respect absolu ◀de▶ l’autre en tant qu’autre, le sens ◀de▶ l’infinie diversité des vocations, qui est le sens même du personnalisme, ◀de▶ l’éthique du fédéralisme et ◀de▶ sa vertu la plus profonde : la tolérance rigoureuse, — celle qui n’est pas facilitée, ni mollesse du jugement, mais justice rendue à l’unique en chacun. Je rejoins ici Jean Guitton, lorsqu’il écrit ◀de▶ son ami : « … fermant les yeux, cherchant un seul mot pour le définir, le soir ◀de▶ sa mort, je ne trouve que ce que l’Évangile dit ◀de▶ Joseph : ‟C’était un Juste” ».