Denis de Rougemont devant l’Histoire (17▶ juillet ◀1982▶)l
Le Nouvel Observateur du ◀26▶ avril (n° ◀911▶) écrit, à propos du procès que j’ai intenté à Dominique Grisoni :
Le malentendu était à son comble. Rougemont et ses amis voulaient — légitimement — qu’on les lave de tout soupçon quant à leur attitude pendant la guerre. Mais Lévy et les siens voulaient faire le procès des années ◀1930.
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En fait, j’attaquais Grisoni sur une phrase parue dans Lu, selon laquelle, lors de l’avènement de Pétain, le maréchal fut salué par les discours « des sombres thuriféraires de la droite, les Drieu, de Rougemont et autres Doriot et Darquier de Pellepoix » au nom de la Race, de la Terre et de la Nation. Le procès qui m’était fait n’était donc pas celui « des années ◀1930▶ ». Il portait sur mon action personnelle en juin ◀1940.▶ Juin ◀1940,▶ c’est « pendant la guerre ». C’est même après la guerre pour la France de Pétain. Le ◀17▶ juin ◀1940,▶ entre la prise du pouvoir par Pétain dans la nuit du ◀16▶ et l’appel du général de Gaulle le matin du ◀18,▶ je publiais en Suisse, où j’étais mobilisé comme officier, un article sur l’entrée de Hitler à Paris, qui me valut, le ◀20▶ juin, une condamnation à ◀quinze▶ jours de forteresse, au secret, pour « insulte à chef d’État étranger mettant ainsi en danger la sécurité de la Suisse ». Cet article faisait suite à tous les écrits dans lesquels, dès ◀1932,▶ je n’ai cessé d’attaquer les totalitaires, noirs, rouges ou bruns, et le « fascisme à la française », expression créée par moi en ◀1936▶ dans la revue personnaliste L’Ordre nouveau .