Le balcon sur l’eau
Tu▶ es appuyée debout contre moi, et nous regardons à nos pieds l’eau vivante. La brume est proche. Une haute muraille derrière nous ferme le monde. ◀Tu▶ ne trembles plus, ◀tu▶ ◀t’▶appuies. Nos reflets ondulent très peu, gris sur le blanc doucement luisant de la surface ; mais le silence a des vagues profondes.
L’eau clapote avec tendresse, et se retient… Et l’air chargé d’attente. Nos têtes immobiles sont près de se toucher, nos regards s’en vont à la rencontre de ce qui est voilé. Retiens ◀ton▶ souffle, retiens ◀ton envie de fermer les yeux contre une épaule, attends encore un peu plus fort, écoute encore plus purement…
Solennité autour de nous : il y a une grande lenteur. C’est l’avenir ou l’éternité qui ouvre la bouche pour dire quelque chose, écoute, attends… Peut-être que déjà la parole fut dite et reçue quelque part en nous-mêmes, dans la brume où nous sommes perdus avec ce clapotis d’une eau étrangement vivante et qui rêve ; et rien que nos yeux qui brillent dans l’étendue où nos deux formes confondent leur ombre et leur songe…
Odeur de l’eau, — pour toute la vie.