D’▶où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? (à propos du CEC) (10 novembre 1983)r
◀L’▶union ◀de▶ ◀l’▶Europe nécessaire au monde autant qu’à ◀l’▶Europe
◀La▶ crise
Foyer millénaire ◀de▶ ◀l’▶histoire universelle, pour ◀le▶ meilleur et pour ◀le▶ pire, ce complexe ◀de▶ dynamismes contradictoires, ◀d’▶impérialismes collectifs et ◀de▶ religions ◀de▶ ◀la▶ liberté personnelle qu’on nomme Europe, est aujourd’hui menacé dans ses raisons ◀d’▶être et ses possibilités ◀de▶ persévérer dans son être.
◀La▶ situation politique mondiale est en train de faire des Européens, jadis maîtres des trois-quarts des terres habitées ◀de▶ ◀la▶ Planète, ◀les▶ objets ou même ◀les▶ otages ◀de▶ ◀la▶ rivalité des deux Grands. Inventeurs du colonialisme dès ◀le▶ xvi e siècle, mais aussi ◀de▶ ◀la▶ décolonisation au milieu du xx e, ils courent ◀le▶ risque ◀d’▶être occupés demain non seulement militairement, mais économiquement et moralement, — ou détruits à jamais, en passant, par une Troisième Guerre mondiale qui, cette fois-ci, ne serait pas déclenchée par eux.
◀La▶ crise mondiale actuelle est née des œuvres ◀de▶ ◀l’▶Europe, qui a répandu sur toute ◀la▶ Terre ce qu’elle nomme aujourd’hui ◀le▶ progrès : une civilisation technico-industrielle génératrice ◀d’▶idéaux ◀de▶ liberté, mais aussi ◀de▶ pratiques impérialistes, ◀de▶ capitalisme libéral, mais aussi ◀de▶ communisme étatique, ◀de▶ loisirs virtuels, mais aussi ◀de▶ chômage réel, ◀de▶ richesses inouïes, mais rongées par ◀l’▶inflation, ◀de▶ justice sociale, mais aussi ◀de▶ révoltes sans fin, ◀de▶ démocratie, mais aussi ◀d’▶États totalitaires, ◀d’▶internationales, mais aussi ◀de▶ nationalismes suscitant ◀le▶ terrorisme universel.
Issues possibles ◀de▶ ◀la▶ crise
Laissons ◀de▶ côté ◀les▶ plus « probables », au sens mathématique du terme, qui sont :
a) ◀l’▶aggravation universelle, plus ou moins rapide, des conflits locaux devenus problèmes internationaux, jusqu’à ◀la▶ guerre nucléaire : fin ◀de▶ ◀l’▶Histoire ;
b) ◀la▶ survie et ◀la▶ domination ◀de▶ fait ◀d’▶un des Grands à ◀la▶ faveur ◀d’▶une dégradation morale et matérielle sans précédent ◀de▶ ◀l’▶humanité « unifiée » malgré elle au plus bas niveau moral et matériel.
Quelle seraient alors ◀les▶ issues souhaitables ? Il en est une au moins — ◀la▶ seule peut-être — qui dépend ◀de▶ ◀l’▶Europe et des Européens : ◀l’▶union fédérale ◀de▶ nos peuples, réalisée par eux seuls, et à temps.
À cette union s’oppose — depuis plus ◀d’▶un demi-siècle qu’on ◀la▶ préconise5 — ◀le▶ dogme ◀de▶ ◀la▶ souveraineté absolue des États-nations. Il est devenu parfaitement clair qu’on ne peut pas fonder ◀l’▶union ◀de▶ ◀l’▶Europe sur ◀la▶ base ◀de▶ ces États-nations qui s’y opposent par nature, en fait comme en principe, toute en affirmant ◀la▶ vouloir.
Toute union suppose ◀l’▶existence préalable ◀d’▶une unité ◀de▶ base sur laquelle on puisse ◀la▶ construire. Cette unité existe : c’est ◀la▶ culture commune des Européens.
Tous ◀les▶ Européens ont été formés, en effet, qu’ils ◀le▶ sachent ou non, par une culture dont ◀la▶ caractéristique est ◀la▶ diversité des sources : mythes et philosophie des Grecs, Bible des juifs et des chrétiens prolongée par ◀les▶ Évangiles, institutions ◀d’▶État de l’Empire de Rome, coutumes communautaires des Germains, mythes et mystique des Celtes… Cette diversité constitutive distingue notre culture ◀de▶ celles des autres continents, dont ◀les▶ principes ◀d’▶homogénéité sont connus : pour la plupart ◀d’▶ordre religieux (brahmanisme, bouddhisme, islam, animisme…)
Mais alors, disons-◀le▶ clairement : une union bâtie sur une unité pluraliste ne peut être que fédérale, c’est-à-dire garantissant ◀les▶ diversités et ◀les▶ autonomies par leur union même, librement conclue et jurée.
◀L’▶Europe des nationalismes a été responsable ◀de▶ deux guerres mondialisées. Elle a été également — colonisation puis développement du tiers-monde — ◀l’▶agent mondialisant ◀d’▶une forme ◀de▶ culture technico-scientifique souvent incompatible avec ◀les▶ valeurs fondamentales des cultures non européennes. Il appartient donc à ◀l’▶Europe ◀de▶ proposer ◀le▶ modèle ◀d’▶une société respectueuse des valeurs culturelles ; et d’abord, et plus spécifiquement des valeurs ◀de▶ ◀la▶ communauté vivante, qui ne dépendent pas ◀de▶ ◀l’▶État — simple service public — mais des personnes libres et responsables ◀de▶ leurs communautés vivantes.
C’est ◀de▶ ◀l’▶ensemble ◀de▶ ces analyses et ◀de▶ ces objectifs plus ou moins clairement perçus par ◀les▶ mouvements européens des années 1945 à 1950, qu’est née ◀l’▶idée du Centre européen de la culture.
II. Création du CEC
Conception initiale
Au début ◀de▶ mai 1948 se tient à La Haye le premier Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe, dont ◀le▶ Rapport culturel préconise ◀la▶ création ◀d’▶un Centre européen de la culture. ◀La▶ résolution acceptée par ◀le▶ congrès ◀le▶ 10 mai 1948 au terme des débats décrit ainsi ◀la▶ nature et ◀les▶ tâches ◀de▶ ◀l’▶organisme à créer :
◀Le▶ Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe propose :
◀La▶ création ◀d’▶un organisme permanent qui aurait notamment pour tâche ◀d’▶étudier ◀la▶ constitution et ◀les▶ attributions ◀d’▶un Centre européen de la culture.
Constitué en toute indépendance des contrôles gouvernementaux, cet organisme aurait pour mission générale ◀de▶ donner une voix à ◀la▶ conscience européenne.
◀Le▶ Centre européen de la culture aurait pour tâches immédiates :
1. ◀D’▶entretenir ◀le▶ sentiment ◀de▶ ◀la▶ communauté européenne par ◀le▶ moyen ◀d’▶informations et ◀d’▶initiatives, dans ◀le▶ domaine ◀de▶ ◀la▶ presse, du livre, du film et ◀de▶ ◀la▶ radio, mais aussi dans ◀les▶ établissements ◀d’▶enseignement scolaires, universitaires et populaires ;
2. ◀D’▶offrir un lieu ◀de▶ rencontre aux représentants ◀de▶ ◀la▶ culture, afin qu’ils puissent exprimer un point de vue proprement européen sur ◀les▶ grandes questions intéressant ◀la▶ vie du continent, par voie ◀d’▶appels à ◀l’▶opinion et aux gouvernements ;
3. ◀D’▶exercer une action ◀de▶ vigilance critique pour assurer ou restaurer ◀la▶ juste valeur des mots sans lesquels aucun pacte n’est possible ;
a) ◀le▶ droit qu’a tout citoyen ◀de▶ connaître ◀les▶ faits bruts ◀de▶ ◀l’▶actualité, indépendamment des interprétations et des commentaires ;
b) ◀le▶ devoir qui incombe aux gouvernements ◀de▶ laisser chaque communauté donner satisfaction à ce droit, indépendamment ◀de▶ toute pression, ◀de▶ quelque nature qu’elle soit ;
4. ◀De▶ favoriser ◀la▶ libre circulation des idées, des publications et des œuvres d’art ◀d’▶un pays à l’autre ;
5. ◀De▶ faciliter ◀la▶ coordination des recherches sur ◀la▶ condition ◀de▶ ◀l’▶homme européen au xx e siècle, en particulier dans ◀les▶ domaines ◀de▶ ◀la▶ pédagogie, ◀de▶ ◀la▶ psychologie, ◀de▶ ◀la▶ philosophie, ◀de▶ ◀la▶ sociologie et du droit ;
6. ◀D’▶appuyer tous ◀les▶ efforts tendant à ◀la▶ fédération des universités européennes, et à ◀la▶ garantie ◀de▶ leur indépendance par rapport aux États et aux pressions politiques ; et ◀de▶ favoriser ◀la▶ collaboration étroite des corps enseignants, en vue notamment ◀de▶ procéder à une révision des manuels ◀d’▶histoire.
Période préparatoire
C’est ici ◀le▶ lieu ◀de▶ rappeler que durant ◀les▶ débats ◀de▶ ◀la▶ commission culturelle du congrès ◀de▶ La Haye, ◀la▶ proposition ◀d’▶établir ◀le▶ Centre à Genève a été formulée ◀de▶ tous côtés, spontanément et sans rencontrer ◀d’▶opposition notable. Au lendemain ◀de▶ ◀la▶ guerre, en effet, Genève, qui avait été ◀le▶ siège ◀de▶ ◀la▶ SDN, devenait ◀le▶ siège européen des Nations unies et ◀d’▶une série ◀d’▶institutions internationales telles que ◀le▶ BIT et ◀l’▶OMS, mais aussi ◀le▶ Conseil œcuménique des Églises et ◀le▶ CICR, ou encore ◀l’▶Association européenne ◀de▶ libre-échange et ◀l’▶Union européenne ◀de▶ radiodiffusion. ◀La▶ décision relative au siège du CEC fut prise par ◀le▶ Mouvement européen, qui ouvrit à Genève fin 1948, un organisme provisoire nommé Bureau ◀d’▶études pour un Centre européen de la culture. ◀Le▶ directeur en était Denis de Rougemont et ◀le▶ secrétaire général Raymond Silva.
◀Le▶ Bureau ◀d’▶étude pour un CEC, dès son entrée en fonction, organisa et convoqua pour ◀le▶ début ◀de▶ décembre 1949 une Conférence européenne ◀de▶ ◀la▶ culture qui se tint à Lausanne. Elle étudia et définit ◀les▶ tâches précises du CEC, et adopta 23 résolutions, dont il vaut ◀la▶ peine ◀de▶ signaler que 21 ont été réalisées à ce jour.
◀L’▶inauguration officielle du CEC eut lieu ◀le▶ 7 octobre 1950 à Genève, sous ◀la▶ présidence ◀de▶ Salvador de Madariaga, en présence de délégués du Conseil de l’Europe, des autorités suisses et genevoises, et des responsables du Mouvement européen.
III. Objectifs et méthodes
À ◀l’▶occasion ◀de▶ cette cérémonie comme dans toutes ◀les▶ déclarations publiées à cette époque, ◀le▶ CEC n’a cessé ◀d’▶affirmer qu’il était là pour servir dans ◀le▶ domaine culturel ◀la▶ cause ◀d’▶une union fédérale ◀de▶ ◀l’▶Europe, et non pour mettre ◀la▶ culture au service ◀d’▶une politique, fût-elle « européiste » ◀d’▶étiquette ou ◀d’▶ambition.
— pour aider ◀les▶ Européens à prendre conscience ◀de▶ leur culture commune, ◀de▶ ses conséquences morales, sociales, économiques, et ◀de▶ ◀la▶ politique qui doit ◀l’▶exprimer et ◀la▶ servir : ◀la▶ fédération des peuples ◀de▶ ◀l’▶Europe ;
— pour faire comprendre ◀la▶ nécessité vitale inhérente à cette culture, ◀d’▶entrer en dialogue avec ◀les▶ autres cultures vivantes ◀de▶ ◀la▶ Planète : Afrique noire, Monde arabe, Inde, Chine, Japon, Amérique latine ; et cela, à propos des problèmes cruciaux qui se posent au monde actuel tels que celui ◀de▶ ◀l’▶adaptation ou non ◀de▶ chacune ◀de▶ ces cultures à ◀la▶ civilisation technico-industrielle née en Europe, et aux conceptions européennes ◀de▶ ◀l’▶État souverain et ◀de▶ son contraire, ◀la▶ libre fédération des peuples ;
— pour amener ◀les▶ créateurs et ◀les▶ porteurs ◀de▶ ◀la▶ culture (théologiens, philosophes, psychologues, artistes, écrivains, enseignants et animateurs ◀de▶ médias) à participer à ◀la▶ construction ◀d’▶une Europe unie enfin réalisable, c’est-à-dire fédérée dans ses diversités et au bénéfice ◀de▶ leurs autonomies, non pas pour ◀la▶ puissance, mais pour ◀la▶ liberté.
En résumé : ◀le▶ CEC n’est pas là pour favoriser ◀l’▶instauration ◀d’▶un « troisième Grand », mais bien pour aider à former dans ◀les▶ esprits ◀la▶ vision ◀d’▶un modèle ◀d’▶union dans ◀la▶ diversité, préparant ◀les▶ voies ◀d’▶une fédération pour ◀les▶ libertés et dans ◀la▶ paix.
◀Les▶ méthodes ◀de▶ travail du CEC ont été dictées dès ◀le▶ départ par ◀les▶ finalités qu’on vient de rappeler.
Face à ◀l’▶ampleur et à ◀l’▶urgence des problèmes à résoudre, ◀le▶ CEC a adopté une méthode résolument pragmatique :
— parmi tous ◀les▶ problèmes réels possibles et imaginables, que pose au plan ◀de▶ ◀la▶ culture ◀la▶ construction ◀de▶ ◀l’▶Europe, retenir ceux qui nous sont signalés ◀de▶ plusieurs côtés et dans plusieurs pays comme réellement ressentis, et se posant en fait à ◀l’▶échelle européenne, ou dans ◀les▶ rapports entre ◀l’▶Europe et ◀le▶ Monde ;
— évaluer ◀les▶ possibilités ◀de▶ solution déjà proposées par ◀les▶ uns et ◀les▶ autres ; celles qui se dégagent après étude par nos services et au cours des colloques et séminaires réunis à leur sujet, et retenir celles qui répondent ◀le▶ mieux à ◀l’▶urgence des problèmes posés et aux finalités européennes définies par ◀le▶ CEC.
C’est ainsi qu’ont été entreprises, depuis 1950, ◀les▶ activités dont ◀la▶ liste suit, regroupées selon leurs thèmes directeurs.
IV. Activités
◀Le▶ CEC a contribué à ◀la▶ création ◀de▶ deux institutions européennes ◀de▶ premier plan, ◀le▶ CERN, à Genève, et ◀la▶ Fondation européenne ◀de▶ ◀la▶ culture, aujourd’hui à Amsterdam.
Dans un premier temps, ◀le▶ Bureau ◀d’▶études pour un Centre européen de la culture organise ◀la▶ Conférence européenne ◀de▶ ◀la▶ culture (voir plus haut).
1. ◀Le▶ CERN
Suite à une proposition énoncée pour la première fois dans ◀le▶ Rapport général présenté au congrès, une résolution est adoptée, prévoyant ◀la▶ création ◀d’▶un Laboratoire européen ◀de▶ recherches nucléaires. À cet effet, ◀le▶ CEC forme une commission ◀de▶ coordination scientifique animée par Raoul Dautry6 et qui va se réunir ◀le▶ 12 décembre 1950 à Genève sous ◀la▶ présidence du directeur du CEC. Elle groupe ◀les▶ représentants des instituts ◀de▶ recherche nucléaire ◀de▶ six pays européens et ◀de▶ ◀l’▶Unesco. Elle définit ◀le▶ plan, ◀la▶ procédure, ◀les▶ modes ◀de▶ réalisation et ◀les▶ critères ◀de▶ choix du lieu ◀de▶ construction ◀d’▶un organisme européen ◀de▶ recherches nucléaires répondant à ◀la▶ résolution n° III ◀de▶ ◀la▶ conférence ◀de▶ Lausanne.
Objectifs : stopper ◀la▶ « fuite des cerveaux » des physiciens européens vers ◀les▶ USA, doter ◀l’▶Europe ◀d’▶un puissant instrument ◀de▶ recherches qu’aucun pays seul ne pourrait construire, et créer une communauté européenne des scientifiques.
Comme prévu dès ◀le▶ départ, ce projet conçu et initié par ◀le▶ CEC sera réalisé via ◀l’▶Unesco avec ◀la▶ participation ◀de▶ treize États européens et inauguré, en 1954, sous ◀le▶ nom ◀de▶ CERN au lieu prévu — près de Genève — par ◀la▶ commission ◀de▶ coordination scientifique.
2. ◀La▶ FEC
En 1954, ◀le▶ CEC a créé une autre institution européenne destinée par ses dimensions mêmes à devenir autonome : ◀la▶ Fondation européenne ◀de▶ ◀la▶ culture, FEC. Préparée dès 1952, constituée fin 1954, sous ◀la▶ présidence ◀de▶ Robert Schuman, elle a opéré pendant deux ans au siège du CEC, puis a été transférée à Amsterdam sous ◀la▶ présidence ◀de▶ S. A. R. ◀le▶ prince Bernhard des Pays-Bas, où elle fonctionne désormais ◀d’▶une manière indépendante, tout en gardant des relations suivies avec ◀le▶ CEC, dont elle subventionne plusieurs activités. Elle a créé elle-même une série ◀d’▶instituts spécialisés dans ◀les▶ sciences ◀de▶ ◀l’▶éducation (Paris), ◀les▶ études politiques (Londres), ◀l’▶écologie (Bonn), ◀les▶ problèmes du travail (Maastricht), ◀l’▶étude des politiques européennes (Bruxelles) et ◀les▶ médias (Manchester).
◀Les▶ autres entreprises du CEC sont restées pendant toute ◀la▶ durée ◀de▶ leurs activités attachées à ◀l’▶institution mère dont elles sont encore membres.
Elles peuvent être groupées sous ◀les▶ rubriques suivantes :
3. Enseignement
◀L’▶Association des instituts ◀d’▶études européennes, AIEE, a été fondée en 1951 pour regrouper ◀les▶ nombreux instituts dédiés à ◀l’▶étude des problèmes européens dans ◀les▶ universités du continent.
But : concerter et animer ◀les▶ initiatives, existantes ou à créer, ◀d’▶enseignement et ◀de▶ recherches sur ◀l’▶Europe au niveau universitaire, et favoriser ◀les▶ échanges ◀de▶ professeurs.
Sous ◀les▶ auspices ◀de▶ ◀l’▶AIEE se sont tenus au CEC plusieurs colloques sur ◀l’▶Europe des régions, et un colloque préparatoire pour ◀l’▶Université européenne, qui a été créée à Florence avec ◀l’▶aide des Communautés économiques ◀de▶ Bruxelles. — D’autre part, ◀le▶ CEC a donné naissance en 1963 à un Institut universitaire ◀d’▶études européennes (lié à ◀l’▶Université ◀de▶ Genève) qui partage avec ◀le▶ CEC son siège à ◀la▶ Villa Moynier, et plusieurs ◀de▶ ses collaborateurs et chercheurs.
◀L’▶AIEE groupe aujourd’hui 35 instituts universitaires dans 9 pays. ◀Le▶ CEC assure son secrétariat et ◀la▶ publication ◀de▶ son Annuaire.
4. Éducation
Un Bureau européen ◀de▶ ◀l’▶éducation populaire entreprend des actions-pilotes en milieu paysan et scolaire en Sicile et en Suisse, puis élargit son action en France (4), Belgique (2), Italie (2). (Voir « Neuf expériences ◀d’▶éducation européenne en milieu populaire », Bulletin du CEC, n° 4-5, 1959).
Rédaction ◀d’▶un Guide européen ◀de▶ ◀l’▶enseignant publié en 4 langues à 70 000 exemplaires, puis ◀d’▶un Guide européen ◀de▶ ◀l’▶enseignement ◀d’▶éducation civique et ◀d’▶une brochure-programme sur ◀la▶ Campagne ◀d’▶éducation civique européenne .
Cette campagne, lancée par ◀le▶ CEC en 1961, a organisé dans 10 pays des stages annuels ◀d’▶une semaine pour ◀les▶ enseignants du deuxième degré, visant à introduire à ◀l’▶école ◀la▶ connaissance des réalités et des problèmes ◀de▶ ◀l’▶Europe actuelle en histoire, géographie, économie, enseignement des langues et des arts, écologie, régions, etc. Patronnée et subventionnée par ◀le▶ Conseil de l’Europe, ◀les▶ Communautés ◀de▶ Bruxelles et ◀la▶ FEC, et regroupant ◀les▶ grandes associations ◀d’▶enseignants. ◀Le▶ succès ◀de▶ cette Campagne incitera ◀la▶ CEE à ◀la▶ reprendre en 1974 et à ◀la▶ transférer à Bruxelles, où malheureusement elle prendra fin après quelques années. ◀Le▶ CEC va tenter ◀de▶ ◀la▶ relancer (voir p. 16).
Dans d’autres domaines ◀de▶ ◀l’▶éducation : une Commission ◀de▶ pédagogie sportive a préparé et publié dès 1955 une « charte européenne » et un « Brevet européen du sportif » (projet repris par ◀le▶ Conseil de l’Europe.)
Un Service ◀de▶ conférence a organisé dans nos pays une centaine ◀de▶ conférences par année sur ◀les▶ sujets traités par ◀la▶ Campagne ◀d’▶éducation civique européenne. Un Pool ◀de▶ matériel audiovisuel et ◀l’▶élaboration ◀de▶ films fixes ◀de▶ 50 clichés ont également alimenté ◀les▶ activités ◀de▶ ◀la▶ Campagne. Enfin, 25 plans ◀de▶ causeries sur ◀les▶ problèmes européens ont été rédigés par ◀le▶ CEC et distribués à plus ◀d’▶un million ◀d’▶exemplaires en cinq langues (par ◀les▶ soins ◀de▶ ◀la▶ Campagne des jeunes, créée à Paris par ◀le▶ Mouvement européen).
5. Édition
Une Communauté européenne des guildes et clubs du livre a été fondée au CEC en 1951, avec pour objectifs principaux : ◀l’▶introduction ◀de▶ ◀l’▶angle ◀de▶ vision européen dans ◀le▶ choix des ouvrages retenus par ◀les▶ guildes, et une action vigilante pour obtenir ◀la▶ reconnaissance par ◀les▶ éditeurs et libraires ◀de▶ ◀la▶ formule nouvelle des guildes du livre, alors en plein essor dans tous nos pays.
◀La▶ Communauté a rapidement groupé des guildes françaises, suisses, allemandes, anglaise, autrichienne, italienne, belges, néerlandaises, scandinave. Elle a créé un Prix littéraire européen qui a été donné entre autres à Czeslav Milosz (prix Nobel 1981) pour son premier livre, aussitôt publié en traductions par toutes ◀les▶ guildes. En 1956, elle a décidé ◀de▶ suspendre ses activités « pour cause ◀de▶ succès », ses objectifs ayant été pleinement atteints.
Dans ◀les▶ années 1960, un groupe ◀de▶ grands éditeurs ◀de▶ six pays, baptisé Editeuropa, a exploré ◀les▶ possibilités ◀de▶ co-production ◀d’▶ouvrages généraux sur ◀l’▶Europe à lancer simultanément dans nos pays. Il a été suivi par ◀la▶ création ◀d’▶un Pool européen ◀de▶ ◀l’▶édition, repris sous ◀le▶ sigle ◀d’▶Eurolibri par ◀les▶ Éditions Lutzeyer, à Baden-Baden.
6. Association européenne des festivals ◀de▶ musique
Fondée en 1951, ◀l’▶AEFM avait pour but ◀de▶ substituer ◀la▶ coopération en vue de ◀la▶ qualité à ◀la▶ concurrence acharnée en vue du profit commercial, entre un nombre trop rapidement croissant ◀de▶ festivals ◀de▶ musique. ◀L’▶entente réalisée en quelques mois entre 14 grands festivals (aujourd’hui 40) a permis ◀de▶ multiplier ◀les▶ contacts entre directeurs ◀de▶ festivals, ◀d’▶échanger des programmes, des chefs et des orchestres, des mises en scène, des artistes au bénéfice ◀de▶ chacun. ◀Le▶ secrétariat ◀de▶ ◀l’▶association, constitué au siège du CEC, publie depuis 1952 une brochure annuelle illustrée, SAISON, gui donne ◀les▶ programmes des festivals membres pour ◀la▶ saison à venir, distribuée dans ◀le▶ monde entier à 150 000 exemplaires par ◀les▶ lignes aériennes. Une assemblée générale annuelle, qui se tient successivement au siège ◀de▶ chacun des membres, favorise ◀la▶ coopération pratique, ◀la▶ connaissance mutuelle et ◀les▶ échanges ◀d’▶idées sur ◀les▶ problèmes communs des festivals.
Soulignons ici que ◀l’▶AEFM est ◀la▶ seule association culturelle européenne qui réunisse des membres ◀de▶ ◀l’▶Europe de l’Est et ◀de▶ ◀l’▶Europe de l’Ouest. (Actuellement, 29 membres des pays ◀de▶ ◀l’▶Ouest, 9 des pays ◀de▶ ◀l’▶Est, plus Israël et Osaka, membres associés.) Elle préfigure peut-être une réconciliation dont il est juste qu’elle commence dans ◀le▶ domaine ◀d’▶une culture qui nous est commune.
7. Colloques et séminaires
À raison de trois à cinq par an depuis 1952, ◀le▶ CEC convoque à Genève des groupes ◀de▶ discussion sur ◀les▶ grands thèmes ◀de▶ ◀la▶ recherche européenne et ◀les▶ problèmes ◀de▶ ◀l’▶union, ◀l’▶accent étant porté sur ◀les▶ solutions fédéralistes et sur ◀les▶ régions.
Au nombre des sujets traités, citons : ◀La▶ révision des manuels ◀d’▶histoire — ◀La▶ coopération scientifique — ◀La▶ perception ◀de▶ ◀l’▶Europe de l’Est en Occident — ◀Le▶ dialogue des cultures — Technique et cultures (Automation et Cybernétique — Éducation et Loisirs) — ◀L’▶enseignement et ◀le▶ civisme européens — ◀L’▶université européenne — Écologie et politique — ◀L’▶Europe et ◀les▶ intellectuels — Utopie et Terreur — Persuasion ou Violence — Mitteleuropa — ◀Le▶ mythe dans ◀la▶ société.
Chaque colloque groupe ◀de▶ 15 à 30 participants et donne lieu en règle générale à une publication ( Bulletin , Cadmos , Dossiers , volume, selon ◀les▶ cas.)
Dans ◀l’▶ensemble, ◀les▶ colloques ont amené au CEC, en une trentaine ◀d’▶années, près de deux mille intellectuels venus de tous ◀les▶ pays ◀d’▶Europe, y compris ◀de▶ ◀l’▶Est, mais aussi des deux Amériques, ◀de▶ ◀l’▶Afrique et du Proche-Orient.
8. Congrès organisés par ◀le▶ CEC
Lausanne 1949 : Conférence européenne ◀de▶ ◀la▶ culture, tenue au Tribunal fédéral suisse ◀de▶ Lausanne (voir plus haut p. 4). Lors de cette conférence ont été décidées ◀les▶ créations du CEC, celle du Collège ◀d’▶Europe à Bruges, du futur CERN, et ◀de▶ la plupart des activités gui allaient suivre dans ◀la▶ décennie suivante.
Rome 1954 : Conférence ◀de▶ compositeurs et musicologues, sous ◀la▶ présidence ◀d’▶Igor Stravinsky, 200 participants, 13 concerts, 6 débats publics.
Genève 1960 : Conférence européenne ◀de▶ ◀l’▶éducation, ◀d’▶où résultera ◀la▶ Campagne ◀d’▶éducation civique européenne (voir plus haut p. 8).
Bâle 1964 : Conférence Europe-Monde, sous ◀les▶ auspices ◀de▶ ◀la▶ Confédération suisse, du Conseil de l’Europe et des Communautés économiques européennes. Présidence : Louis Armand, 60 rapports préparés pour ◀les▶ 225 participants. Objectif : lancer sur une base élargie ◀le▶ « Dialogue des cultures », initié trois ans plus tôt par un colloque à Genève (voir ◀le▶ numéro spécial du Bulletin du CEC, n° 1-2, 1962, et ◀le▶ volume publié par ◀les▶ Éditions ◀de▶ ◀la▶ Baconnière en 1962).
9. Relations avec ◀les▶ institutions européennes
Coopération permanente dès 1949 :
a) avec ◀le▶ Conseil de l’Europe. Préparation et présidence par ◀le▶ directeur du CEC des deux premières tables rondes ◀de▶ ◀l’▶Europe à Rome 1952 et Strasbourg 1954. Participation du CEC aux travaux ◀de▶ ◀la▶ Conférence permanente des pouvoirs locaux et régionaux ;
b) avec ◀la▶ CEE de Bruxelles, notamment dans ◀le▶ domaine du cinéma européen, puis ◀de▶ ◀l’▶éducation européenne ;
c) avec ◀l’▶OECD, Paris, préparation ◀de▶ publications communes sur ◀l’▶Europe.
Un groupe ◀de▶ concertation composé des directeurs ◀de▶ ◀l’▶information ◀de▶ ces trois institutions et du directeur du CEC a fonctionné avec une grande efficacité ◀de▶ 1951 à 1958, pendant ◀la▶ phase ◀de▶ création ◀de▶ ◀l’▶action pour ◀l’▶Europe.
10. Représentation du CEC à ◀l’▶extérieur
Liaisons permanentes avec ◀les▶ organisations européennes ◀de▶ Strasbourg, Paris, Luxembourg, Bruxelles, aussi bien qu’avec ◀les▶ fondations et ◀les▶ principales associations ◀d’▶études européennes — Élaboration ◀de▶ rapports demandés par ces diverses instances — Présidences ◀de▶ jurys européens — Conférences données dans 16 pays ◀d’▶Europe, au Proche-Orient et dans ◀les▶ Amériques par des collaborateurs du CEC, dans ◀le▶ cadre ◀d’▶universités, ◀de▶ congrès, ◀de▶ stages ◀d’▶études, etc. — Participation active aux congrès culturels européens, fédéralistes, régionalistes, et ◀de▶ sciences humaines…
11. Publications
— Bulletin du CEC , ◀de▶ 1951 à 1977. Trois à dix numéros par an ◀de▶ 32 à 190 pages, rendant compte des activités courantes du CEC, ou consacrés à une action particulière, à un colloque ou à un congrès. Tirage variant entre un minimum ◀de▶ 2000 ex. en français et un maximum ◀de▶ 70 000 ; voire 90 000 dans quelques cas privilégiés, tels que ◀le▶ Guide européen ◀de▶ ◀l’▶enseignant (en 4 langues) et ◀L’▶Europe s’inscrit dans ◀les▶ faits (en 5 langues).
— À partir de 1978, ◀le▶ Bulletin du CEC se transforme en une revue : Cadmos , paraissant quatre fois par an, sur 144 pages et publiée conjointement par ◀le▶ CEC et par ◀l’▶Institut universitaire ◀d’▶études européennes.
— Format ◀de▶ Cadmos , mais à intervalles irréguliers, des Dossiers ◀d’▶environ 200 pages sont publiés sur des sujets tels que ◀la▶ coopération régionale transfrontalière, ◀les▶ partis politiques et ◀les▶ élections européennes, ◀la▶ Suisse et ◀la▶ Communauté européenne élargie.
— ◀Le▶ Courrier fédéral , six numéros consacrés à ◀l’▶étude du projet ◀de▶ Constitution européenne établi par ◀l’▶Assemblée ad hoc du Conseil ◀de▶ ◀l’▶Europes, 1953 à 1954.
— Numéros spéciaux ◀de▶ revues consacrés à ◀l’▶Europe, et confiés au CEC pour ◀la▶ partie rédactionnelle : en France (3), USA (2), Allemagne, Hollande, Espagne, Suisse.
— Bibliographie européenne , 472 pages, Éd. Sijthof, Leyden, 1965.
— Demain ◀l’▶Europe sans frontières , par Raymond Racine et sept collaborateurs, 232 p. , Plon, Paris, 1958. (Traduit en trois langues.)
— Collection du CEC aux Éditions ◀de▶ ◀la▶ Baconnière, Neuchâtel, Suisse.
Six volumes parus ◀de▶ 1948 à 1970.
◀L’▶Europe en jeu par D. de Rougemont, 174 p. , 1948.
Vers une Europe nouvelle par ◀le▶ plan Schuman , par R. Racine, 246 p. , Éd. ◀de▶ ◀la▶ Baconnière, 1954.
Pour une Métropole régionale (Aix-Marseille-Étang de Berre). Colloque tenu à Aix-en-Provence, 136 p. , 1963.
◀Le▶ Dialogue des cultures , colloque tenu à Genève. Interventions ◀de▶ 14 auteurs, 156 p. , 1962.
◀Les▶ Chances ◀de▶ ◀l’▶Europe , quatre conférences par D. de Rougemont. Trad. en allemand, anglais, espagnol, 92 p. , 1962.
Bilan des activités culturelles au service ◀de▶ ◀l’▶Europe ◀de▶ 1949 à 1964 , 134 p. , 1966.
◀Le▶ Cheminement des esprits (◀L’▶Europe en jeu II) par D. de Rougemont, 192 p. , 1970.
— ◀L’▶Europe et ◀les▶ ressources ◀de▶ ◀la▶ mer, ou ◀le▶ débat sur ◀la▶ croissance , par H. Schwamm, O. Giarini et A. Loubergé, Éd. Georgi, 1977.
— Rapport au peuple européen sur ◀l’▶état ◀de▶ ◀l’▶union ◀de▶ ◀l’▶Europe , par ◀le▶ groupe Cadmos, 190 p. , Éditions Stock, Paris, 1979. (Trad. en italien, allemand, hollandais, anglais.)
V. Vocation ◀de▶ ◀l’▶Europe aujourd’hui
◀L’▶union fédérale ◀de▶ ◀l’▶Europe, nécessité plus vitale et plus urgente que jamais, apparaît ◀de▶ moins en moins accessible par ◀la▶ voie des accords entre États. ◀Les▶ militants européistes sont parfois tentés ◀de▶ baisser ◀les▶ bras, après trente à quarante ans ◀d’▶efforts pour si peu de résultats tangibles, cependant que ◀les▶ périls se précisent dans une société hantée par ◀le▶ chômage et ◀l’▶inflation, ◀le▶ terrorisme, et ◀la▶ course aux armements (coût global pour ◀la▶ seule année 1982 : 650 milliards ◀de▶ dollars).
D’autre part, ◀l’▶action culturelle pour ◀l’▶Europe unie exige du temps pour que se manifestent ◀les▶ effets politiques qu’on peut en espérer : au moins une génération. Mais ◀les▶ menaces sur ◀la▶ paix du monde et ◀la▶ survie ◀de▶ ◀l’▶Europe sont à court terme — quelques années, selon ◀les▶ plus réalistes.
Plusieurs signes, cependant, sont ◀de▶ nature à entretenir ◀l’▶espoir. ◀L’▶influence ◀de▶ notre action ◀de▶ fédéralistes et ◀de▶ régionalistes européens marque chaque année des progrès, parfois inespérés. Déjà, ◀la▶ guerre est devenue impensable entre deux peuples ◀de▶ ◀l’▶Europe : fait capital, dont nous avons encore trop peu de conscience.
Déjà ◀le▶ problème des régions devient ◀le▶ problème numéro un pour ◀de▶ nombreux pays du continent : ◀la▶ Belgique, ◀la▶ Grande-Bretagne, ◀l’▶Espagne, et même ◀la▶ France des jacobins !
Déjà ◀le▶ souci écologique s’inscrit dans ◀les▶ constitutions et dans ◀les▶ ministères ◀de▶ ◀l’▶Environnement. Or ◀les▶ solutions aux grands problèmes écologiques sont ◀de▶ nature tantôt locales tantôt continentales, jamais nationales7 : elles appellent donc des régions et des fédérations.
Enfin, ◀les▶ débats sur un « nouvel ordre économique mondial », par ◀les▶ difficultés mêmes qu’ils ont fait apparaître, ont rendu ◀les▶ Européens plus conscients ◀de▶ ◀l’▶importance primordiale des différences culturelles dans ◀l’▶approche des problèmes désormais communs à toute ◀l’▶humanité : ◀la▶ nécessité du dialogue des cultures se révèle ici dans toute son ampleur.
Perspectives du CEC pour ◀les▶ années 1980
Telles étant ◀les▶ conditions actuelles, comment se présente ◀la▶ vocation du CEC ?
◀Les▶ tâches immédiates nous sont dictées par ◀les▶ considérations suivantes :
1. On n’attend pas du CEC qu’il « fasse ◀l’▶Europe », mais qu’il apporte à ◀l’▶union ◀de▶ nos peuples une contribution spécifique et irremplaçable ◀d’▶orientation des esprits, ◀de▶ réveil ◀de▶ ◀l’▶opinion, ◀de▶ rappel critique, mais aussi ◀de▶ pourvoyeur ◀d’▶idées pour ◀les▶ défenseurs des droits de l’homme, pour ◀les▶ éducateurs, pour ◀les▶ responsables des médias, pour ◀les▶ parlementaires et ◀les▶ hommes politiques.
2. ◀Les▶ obstacles à ◀la▶ fédération européenne ne sont pas dans ◀les▶ choses, mais dans ◀les▶ esprits. C’est donc là qu’il s’agit ◀de▶ ◀les▶ réduire en premier lieu, et cette tâche n’est pas économique d’abord, ni politique d’abord, mais d’abord culturelle, éducative, initiatrice.
3. On a vu que parmi ◀les▶ initiatives du CEC, ◀de▶ sa fondation à nos jours — certaines ont été confiées à d’autres institutions, comme prévu par ◀le▶ Centre lui-même :
— certaines ont été suspendues « pour cause ◀de▶ succès » :
— certaines ont été interrompues avant terme par suite de circonstances accidentelles, incontrôlables par ◀le▶ CEC, ou sous ◀le▶ coup ◀de▶ pressions extérieures, comme ce fut ◀le▶ cas ◀de▶ ◀la▶ Campagne ◀d’▶éducation civique européenne et du Dialogue des cultures ;
— mais certaines apparaissent encore plus nécessaires aujourd’hui que naguère et doivent être maintenues et développées.
1. Colloques et séminaires. Leurs sujets seront déterminés par ◀les▶ grands thèmes ◀de▶ nos activités : — ◀La▶ méthode fédéraliste — Dialogue des cultures — Éducation européenne — Travail et loisir — Informatisation ◀de▶ ◀la▶ société — États-nations ou fédérations ◀de▶ régions — Rôle des grandes cultures pour ◀la▶ paix…
2. ◀Les▶ publications suivront ◀d’▶aussi près que possible ( Cadmos , Dossiers, volumes) ◀les▶ résultats des colloques, séminaires, ou autres groupes occasionnels ◀de▶ recherches.
3. ◀Les▶ associations européennes liées au CEC dès ◀l’▶origine poursuivront et élargiront leurs activités : — Association européenne des festivals ◀de▶ musique (41 membres) — Association des instituts ◀d’▶études européennes (35 membres) — Association ◀d’▶éducation européenne…
4. Campagne ◀d’▶éducation civique européenne. Pour autant que ◀les▶ responsables des institutions européennes et des associations européennes ◀d’▶enseignants s’y montrent disposés, il y aura lieu ◀d’▶étudier avec elles sous quelles formes renouvelées et avec quels moyens nouveaux financiers (non seulement, mais surtout humains) ◀la▶ Campagne ◀d’▶éducation civique européenne peut être reprise au point où elle fut interrompue en 1978.
5. Archives européennes. Ce nouveau département est en train de naître ◀d’▶une offre faite par ◀la▶ Fondation Coudenhove-Kalergi, ◀de▶ loger et ◀d’▶administrer à ◀la▶ Villa Moynier ◀les▶ archives du mouvement paneuropéen. Fondée en 1923 par ◀le▶ comte Richard Coudenhove-Kalergi, inspirateur du fameux Mémorandum Briand présenté à ◀la▶ SDN, Paneuropa peut être considérée comme la première manifestation historique ◀de▶ ◀la▶ volonté ◀d’▶union des Européens au xx e siècle.
Cette offre a été pour ◀le▶ CEC ◀l’▶occasion ◀de▶ réaliser son projet ◀de▶ constituer des Archives du CEC et ◀de▶ ◀l’▶IUEE, qui comporteraient également ◀l’▶importante documentation dont nous disposons sur ◀le▶ Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe à La Haye, 1948, et sur ◀la▶ Conférence européenne ◀de▶ ◀la▶ culture à Lausanne, 1949. ◀L’▶ensemble ◀de▶ ces fonds constituera ◀la▶ base des Archives européennes, dont ◀les▶ statuts viennent ◀d’▶être signés. Il est souhaitable qu’elles se fédèrent par ◀la▶ suite avec d’autres fonds européens, ◀de▶ telle manière que soit créé à Genève un centre ouvert à ◀la▶ recherche sur ◀l’▶union européenne, sujet de plus en plus fréquent ◀de▶ thèses universitaires dans tous ◀les▶ pays occidentaux.
6. Enfin, ◀le▶ CEC doit se tenir prêt à intervenir dans des domaines nouveaux qui peuvent se révéler décisifs, parmi lesquels celui que définissent ces trois mots :
Travail, chômage, loisirs créateurs
Voici ◀les▶ données du problème :
◀La▶ technologie destinée à libérer ◀l’▶homme du travail servile, aboutit en fait à créer dans nos sociétés non pas ◀de▶ ◀la▶ liberté, mais du chômage. Partant ◀de▶ cette constatation paradoxale, qui exprime ◀la▶ nature ◀de▶ ◀la▶ crise économique du monde occidental, ◀le▶ CEC a proposé à plusieurs fondations et associations ◀d’▶études européennes ◀d’▶entreprendre conjointement des recherches proprement culturelles, au sens ◀le▶ plus large du terme, sur un phénomène qu’on nous décrit à tort comme conjoncturel et limité à ses conséquences financières et sociales (si sérieuses soient-elles).
Il devient en effet de plus en plus évident que ◀le▶ problème du chômage déborde de toutes parts ◀le▶ domaine ◀de▶ ◀l’▶économie industrielle où il se manifeste aux yeux de tous comme « ◀le▶ mal impardonnable »8.
Que ◀le▶ succès même ◀de▶ ◀la▶ technologie, destinée à libérer ◀l’▶homme du travail servile, aboutisse en fait, dans notre société, à créer du chômage plutôt que ◀de▶ ◀la▶ liberté, voilà bien ◀le▶ scandale éthique qui nous oblige à remettre en question ◀les▶ notions mêmes ◀de▶ travail et ◀de▶ loisir et toutes ◀les▶ valeurs religieuses, coutumières et psychologiques que nous leur donnions et qui changent, sans que nous en prenions conscience.
Entreprendre une série ◀d’▶explorations dans toutes ◀les▶ dimensions morales et non pas seulement techniques du phénomène, telle sera ◀l’▶ambition du CEC au cours de ◀la▶ prochaine décennie.
◀De▶ ces recherches, on peut attendre qu’elles dégagent des motifs nouveaux ◀de▶ relancer ◀la▶ Campagne ◀d’▶éducation civique européenne.
7. Mais on peut y voir surtout une promesse ◀de▶ renouvellement et ◀de▶ fécondité durable ◀d’▶un autre projet majeur du CEC : celui ◀d’▶un dialogue des cultures.
Dans ses lignes générales, ce projet consiste à susciter au sein des grandes cultures vivantes : Monde arabe, Inde, Extrême-Orient, Amérique latine, Afrique noire, ◀la▶ formation ◀de▶ centres analogues au nôtre, qui deviendraient ◀les▶ interlocuteurs ◀d’▶un colloque permanent à ◀l’▶échelle mondiale.
Ce « dialogue multilatéral » devrait être, dans notre esprit, beaucoup moins comparatiste que prospectif ; beaucoup moins préoccupé ◀de▶ repérer ◀les▶ contrastes et ◀les▶ analogies dans ◀les▶ religions, ◀les▶ coutumes et ◀les▶ systèmes ◀de▶ valeurs, que ◀de▶ chercher ◀les▶ réponses spécifiques que chaque culture, désormais, devrait être en mesure ◀de▶ donner aux mêmes défis ◀de▶ ◀la▶ civilisation technico-industrielle née ◀de▶ ◀l’▶Europe.
Sujet majeur, pour ◀la▶ culture, en cette fin du xx e siècle.