« Plaise aux dieux que je sois un faux prophète » (automne 1996)ax ay
« … Je sens venir des catastrophes organisées par nos soins diligents quoique inconscients », écrivez-vous dans L’▶Avenir est notre affaire . Vous êtes bien ◀l’▶anti-Pangloss. Pourquoi cet éternel pessimisme ?
Éternel c’est beaucoup dire. Pessimiste, optimiste, cela n’a pas ◀de▶ sens. Je ne cesserai ◀de▶ me sentir optimiste tant que je verrai que je puis faire quelque chose. Quel qu’en soit d’ailleurs, ◀le▶ succès ! Attitude qui n’est pas différente ◀de▶ celle que j’annonçais dans mon premier article traitant du sujet politique : « Politique du pessimisme actif ». (Encore une expression qu’on a beaucoup reprise…) Mon attitude générale n’est pas celle ◀d’▶un pessimiste et je ne suis pas un prophète ◀de▶ malheur. J’aime beaucoup cette expression latine « plaise aux dieux que je sois un faux prophète » (utinam vates falsus sim). Je dis à mes contemporains, faites autre chose et vous éviterez ◀les▶ désastres ! Je ne crois pas que notre avenir soit fatal. ◀L’▶avenir est fait ◀de▶ main ◀d’▶homme ◀de▶ nos jours. Regardez ce qui nous entoure : tout est fait ◀de▶ main ◀d’▶homme, maison, route, paysage — seuls ◀les▶ tremblements ◀de▶ terre ne dépendent pas ◀de▶ nous — et déjà 3/5 des hommes habitent ◀les▶ villes, c’est-à-dire des milieux intégralement artificiels. ◀Les▶ crises dont tout le monde parle sont notre fait. Elles ne sont pas tombées du ciel.
Mais voilà, ◀l’▶homme aujourd’hui a une curieuse propension à nier sa responsabilité. Devant tout ce qui arrive ◀de▶ mauvais dans ◀le▶ monde, il dit : « qu’est-ce qu’ils ont encore fait ? » « Ils » ou ◀l’▶État ou ◀les▶ lois économiques, tout nous est bon. Qu’est-ce qui fait ◀la▶ force ◀de▶ ◀l’▶État ? C’est ◀la▶ somme des démissions des citoyens. C’est une très vieille histoire. Elle est déjà racontée au chapitre III ◀de▶ ◀la▶ Genèse. Ève a mangé ◀la▶ pomme et en a donné à Adam. Yahvé se fâche. Il vient en Eden, vers ◀le▶ soir, et appelle ◀l’▶homme : « où es-tu ? » Adam et Ève se sont cachés dans ◀les▶ arbres. C’est tout juste s’ils ne disent pas : « je ne suis pas là ! » Yahvé ◀les▶ trouve et demande à ◀l’▶homme : « Qu’as-tu fait ? » Adam dit : « Ce n’est pas moi, c’est Ève qui m’a forcé ». Ève dit : « Ce n’est pas moi, c’est ◀le▶ serpent qui m’a séduite ». Et ◀le▶ serpent, bien sûr, n’est plus là. Il n’est pas vrai ◀de▶ dire, aujourd’hui, que ◀les▶ centrales nucléaires « qu’on ◀le▶ veuille ou non » sont nécessaires. ◀Les▶ problèmes quelles seraient censées résoudre, c’est nous qui ◀les▶ avons créés, tout comme ◀le▶ plutonium. C’est nous qui ◀le▶ fabriquons. Tous nos « problèmes » économiques expriment simplement ◀les▶ contradictions ◀de▶ nos désirs. Ils ne viennent que ◀de▶ là, que ◀de▶ nous ! Nous n’osons pas avouer nos vrais désirs. Nous ◀les▶ déguisons en « impératifs technologiques » voire en « nécessités ◀de▶ défense nationale ». Nous mentons à nos vrais désirs. Nous disons tous que nous voulons ◀la▶ liberté. En vérité, beaucoup veulent d’abord ◀la▶ puissance ; ceux qui ne ◀la▶ veulent pas personnellement, ◀la▶ veulent comme garantie ◀de▶ leur sécurité : avoir un État fort, quitte à s’en plaindre sans arrêt, avoir un roi — fût-il de Gaulle — quitte à lui couper ◀la▶ tête quand cela se présente.
Je ne suis pas pessimiste parce que je ne crois pas à ces fatalités. Je ne suis pas optimiste non plus parce que je ne crois pas avec Rousseau que ◀l’▶homme est bon. Il est bête et méchant, c’est dans ses chromosomes. Tout ◀le▶ problème politique est ◀de▶ ◀l’▶empêcher ◀de▶ faire ◀de▶ grandes bêtises.
Vous êtes bête et méchant ?
Je fais comme tout le monde, je vais dans ◀le▶ sens ◀de▶ mon désir profond. Il se trouve que c’est ◀le▶ désir ◀de▶ ◀la▶ liberté, non ◀de▶ ◀la▶ puissance.
Qu’appelez-vous liberté ?
Se réaliser soi-même, pouvoir obéir à sa vocation. Il n’y a pas deux hommes semblables. Chaque homme doit se réaliser comme lui seul peut ◀le▶ faire. Chacun est un cas sans précédent. Chacun doit donc inventer son chemin vers Dieu, c’est-à-dire vers ◀le▶ but commun, ◀le▶ but suprême ◀de▶ tous ◀les▶ hommes.
Vous dites dans ◀L’▶Avenir est notre affaire que deux finalités s’offrent à ◀l’▶homme ◀d’▶aujourd’hui, ◀la▶ puissance et ◀la▶ liberté. Comment voulez-vous empêcher ceux qui veulent ◀la▶ puissance ◀d’▶asservir ceux qui veulent ◀la▶ liberté ?
Il y a là un problème ◀de▶ dimensions et ◀de▶ choix des outils mis à notre disposition. Par exemple, on a donné à ◀l’▶homme ◀d’▶aujourd’hui ◀l’▶énergie atomique, ◀la▶ bombe H et ◀les▶ États-nations souverains. Il va pouvoir faire avec cela ◀de▶ gigantesques folies. Un seul moyen ◀de▶ ◀les▶ prévenir : diminuer ◀les▶ dimensions des outils et des communautés qui vont ◀les▶ employer. ◀De▶ là mon idée des régions et ◀de▶ ◀la▶ progressive dissolution des États-nations souverains, tous nés ◀de▶ ◀la▶ guerre et préparant ◀la▶ guerre à toujours plus grande échelle. ◀Les▶ petits États, ◀les▶ petites communautés ont tous ◀les▶ avantages des grands : il suffit ◀de▶ voir ◀les▶ statistiques des Nations unies. Ils sont les premiers pour ◀le▶ revenu par tête, ◀le▶ nombre ◀de▶ téléphones, ◀de▶ salles ◀de▶ bains, ◀d’▶hôpitaux, ◀d’▶écoles. ◀Le▶ seul désavantage : ils ne peuvent pas faire ◀de▶ grandes bêtises, donc ◀de▶ grandes guerres. ◀Les▶ hommes y sont plus heureux. Et surtout ils peuvent s’occuper ◀de▶ leurs affaires, prendre en main leur destin, ce qui est exclu dans ◀les▶ grands États. Autrement dit, ils peuvent faire ◀de▶ ◀la▶ politique, c’est-à-dire aménager eux-mêmes ◀les▶ relations humaines ◀de▶ ◀la▶ cité au lieu de n’être que ◀les▶ spectateurs passifs ◀de▶ débats entre politiciens — un peu comme on est sportif parce qu’on regarde un match à ◀la▶ TV. Être un citoyen, c’est être responsable ◀de▶ ◀la▶ vie ◀de▶ ◀la▶ cité. C’est se gouverner soi-même. J’aime beaucoup ce slogan irlandais ou gallois « better self-governed than well governed » (mieux vaut se gouverner que ◀d’▶être bien gouverné)…
Votre définition ◀de▶ ◀la▶ région ? Est-ce une ethnie ou une langue comme ◀la▶ Bretagne ou ◀le▶ Pays basque, ou une unité économique ?
Dans certains cas, c’est une ethnie, dans d’autres surtout une entité économique, mais c’est d’abord un espace ◀de▶ participation civique. Je veux dire une communauté assez petite pour que ◀la▶ voix ◀de▶ ◀l’▶homme puisse s’y faire entendre. Vous savez que c’est ◀le▶ plus vieil idéal politique ◀de▶ ◀l’▶Europe. Aristote voulait que ◀la▶ ville ne soit pas plus grande que ◀la▶ portée ◀de▶ ◀la▶ voix ◀d’▶un homme criant sur ◀l’▶agora. À Manhattan, vous pouvez toujours crier, personne ne vous entendra. On ne peut être libre que si ◀l’▶on est responsable et ◀l’▶inverse est vrai. Devant un tribunal, si votre avocat peut prouver que vous n’étiez pas libre quand vous avez commis un délit, on vous acquitte. Mais on ne peut être responsable que dans une communauté à ◀la▶ taille ◀de▶ ◀l’▶homme, où chacun peut juger des problèmes à résoudre. Mon système fédéraliste est en somme très simple. Il consiste à faire correspondre ◀la▶ taille des tâches à accomplir avec celles des communautés qui peuvent s’en charger. À ◀la▶ commune, ◀les▶ chemins vicinaux ; à ◀la▶ région, ◀les▶ grandes routes ; à ◀la▶ fédération, ◀les▶ routes continentales. Autre exemple : ◀le▶ sauvetage du lac Léman, pollué par ◀les▶ Suisses et ◀les▶ Français est un problème régional, transfrontalier. ◀Le▶ sauvetage du Rhin, poubelle ◀de▶ ◀l’▶Europe, pollué par au moins cinq pays, est un problème européen, continental. Et ◀le▶ sauvetage des océans pollués par ◀le▶ pétrole qui tue ◀le▶ plancton, lequel fabrique 4/5e ◀de▶ ◀l’▶oxygène que nous respirons, est un problème mondial, qui appelle une agence mondiale. ◀Les▶ enfants comprennent très bien cela et savent que ◀les▶ douaniers n’arrêtent pas ◀la▶ pollution. Pour ◀l’▶écologie, nos frontières nationales sont absurdes, n’existent simplement pas. Vous voyez ici comment s’appellent et se répondent ◀les▶ trois thèmes principaux ◀de▶ mon livre : Écologie, régions, Europe : même avenir. C’est ◀la▶ devise que j’ai proposée aux mouvements écologiques français et il semble bien qu’ils ◀l’▶aient adoptée. Si mon livre a apporté quelque chose de nouveau au débat des idées politiques du siècle, c’est bien cela : une synthèse des trois thèmes ◀les▶ plus mobilisateurs ◀de▶ ◀la▶ jeunesse et ◀de▶ ◀l’▶intelligentsia ◀d’▶avant-garde en Europe…
Dans ◀L’▶Amour et ◀l’▶Occident en 1939, vous avanciez des thèses pour ◀le▶ moins hardies…
Une thèse centrale : c’est que ◀l’▶amour-passion est ◀l’▶invention du xiie siècle européen, que ◀la▶ passion se nourrit ◀d’▶obstacles et ◀les▶ suscite au besoin et que ◀l’▶obstacle suprême étant ◀la▶ mort, c’est dans ◀la▶ mort que ◀les▶ amants légendaires, Tristan et Iseut, trouveront ◀le▶ couronnement ◀de▶ leur passion, ◀la▶ « joie suprême » que chante ◀l’▶Isolde de Wagner. Tout cela à partir ◀d’▶analyses rigoureuses ◀de▶ ◀l’▶amour courtois chanté par ◀les▶ troubadours et du grand mythe ◀de▶ Tristan et Iseut dont ◀le▶ sens ultime est que Tristan n’aime pas Iseut dans sa réalité. Ce qu’il aime, c’est aimer, être aimé, être intoxiqué ◀de▶ ◀la▶ passion ◀d’▶amour. ◀Le▶ fameux philtre est vraiment une drogue. Or, passion signifie souffrance, c’est ce que ◀l’▶on subit, c’est ◀le▶ contraire ◀de▶ ◀l’▶acte ◀d’▶amour vrai. J’ai montré ◀les▶ conséquences infinies ◀de▶ ◀la▶ passion dans ◀de▶ nombreux domaines ◀de▶ ◀l’▶existence des Occidentaux, dans ◀la▶ littérature et ◀l’▶opéra bien sûr, mais aussi dans ◀l’▶art ◀de▶ ◀la▶ guerre et enfin dans ◀la▶ crise du mariage, qui est en somme ◀la▶ crise ◀de▶ ◀l’▶amour. ◀D’▶où ◀l’▶influence multiforme que ce livre continue ◀d’▶exercer depuis près de quarante ans.
Pouvez-vous citer des romanciers que vous avez influencés ?
Lawrence Durrell et Michel Tournier et un poète, Wystan Auden. Certains jeunes écrivains m’ont confié qu’ils avaient renoncé à écrire tel roman déjà commencé, parce que m’ayant lu, ils savaient trop bien ce qu’ils faisaient. Dois-je me ◀le▶ reprocher ? Toute prise de conscience n’est-elle pas un progrès ? Ainsi ◀le▶ cas ◀d’▶André Gide. Apprenant que je cherchais ◀de▶ toute urgence un studio et ne trouvais rien, il m’avait offert à l’improviste ◀d’▶habiter avec ma femme, pour quelques mois, un studio communiquant avec sa bibliothèque. Nous y arrivons ◀le▶ lendemain matin. Tout de suite, Gide apparaît dans une robe de chambre grise, avec sa belle tête chauve ◀de▶ moine tibétain. Au milieu de ◀la▶ pièce pend un trapèze, il s’y appuie des deux mains, se balance en regardant nos valises et dit : « tout cela s’est arrangé si soudainement. Cela me ferait presque croire à ◀la▶ providence. Mais dites-moi, mon cher Rougemont, quand on saura que vous habitez chez moi, qu’est-ce qu’on va dire ? » Et il répète à travers ses dents serrées : « qu’est-ce qu’on va dire ? » Je me garde bien ◀de▶ répondre, je m’amuse trop. Finalement il jette en riant : « on va dire que c’est un complot protestant ! » Chaque matin qui suivit, il vint entrouvrir ◀la▶ porte capitonnée me demandant ◀de▶ passer chez lui pour causer. Il s’annonçait ◀d’▶un profond « allô allô ». Il me dit un jour ces phrases qui m’émurent profondément : « C’est dans ◀L’▶Amour et ◀l’▶Occident et non pas dans Freud que j’ai découvert ◀l’▶explication ◀de▶ mon cas et ◀les▶ raisons qui m’ont fait commettre dans ma jeunesse… une terrible erreur ◀d’▶aiguillage. » Une autre fois, plus détendu : « Vous allez penser que je suis obsédé, mais je ne puis m’empêcher ◀de▶ croire que vos troubadours étaient homosexuels. » Je lui dis qu’en effet, plusieurs semblent ◀l’▶avoir été que cela n’a rien ◀de▶ surprenant : ils mettaient ◀la▶ femme, ◀la▶ Dame sur un piédestal, ils ◀la▶ voulaient inaccessible, intouchable, divine ! Voilà un trait assez homosexuel. ◀Le▶ fils aime sa mère, mais ◀le▶ père est ◀le▶ maître qui interdit ◀de▶ ◀la▶ posséder. Il ne reste qu’à ◀la▶ diviniser. Mais on risque par ◀la▶ suite ◀d’▶assimiler toute femme aimée à ◀la▶ mère, c’est-à-dire à ◀l’▶amour sexuellement interdit. Restent, pour ◀l’▶érotisme, ◀les▶ garçons.
Revenons à votre préoccupation majeure : croyez-vous à ◀la▶ victoire des écologistes sur ◀les▶ promoteurs du nucléaire ?
Attention à ce genre ◀de▶ question. Nous ne sommes pas là pour prévoir ◀l’▶avenir, mais pour ◀le▶ faire. Nous ne sommes pas des parieurs, qui assistons passifs, mais des joueurs, en pleine activité. Je ◀l’▶ai souvent dit : ◀la▶ décadence ◀d’▶une société commence quand ◀l’▶homme se demande ce qui va arriver. Formulons nos finalités et jugeons tout à partir ◀d’▶elles. En ce qui concerne ◀les▶ centrales nucléaires, je me suis exprimé on ne peut plus clairement : même si ◀l’▶on me démontrait — ce qui est rigoureusement exclu — qu’elles sont inoffensives, rentables et nécessaires, je serais contre parce qu’elles impliquent un État de plus en plus centralisé et policier. D’ailleurs, je doute qu’on continue à en construire et qu’elles fonctionnent. Je lutte surtout pour qu’on cherche autre chose, qu’on change ◀de▶ cap…
Mais n’avez-vous pas été le premier à plaider en faveur du CERN ?
Oui bien sûr et je m’en honore. ◀Le▶ CERN est un laboratoire qui étudie ◀la▶ constitution ◀de▶ ◀la▶ matière, ce n’est pas une usine à bombes atomiques. Mais puisque vous revenez irrésistiblement aux problèmes brûlants ◀de▶ ◀l’▶énergie, je vous dirai ceci : ◀les▶ promoteurs du nucléaire sont suicidaires et ◀le▶ savent. ◀L’▶avenir que nous voulons, c’est ◀le▶ solaire. Mais ◀les▶ États freinent ◀la▶ recherche dans ce domaine. Tant qu’ils n’auront pas trouvé ◀le▶ moyen ◀d’▶intercaler un compteur entre ◀le▶ soleil et ◀les▶ citoyens, ils nous répéteront — et c’est un mensonge — qu’il faut vingt ans encore pour que ◀l’▶énergie solaire soit compétitive. Pendant ce temps, ◀l’▶énergie nucléaire devient de plus en plus ruineuse.
Pourquoi cette résistance des États ?
Parce que ◀le▶ soleil est à tout le monde et que demain vous pourrez avoir un four solaire sur votre maison qui ne devra rien ni à ◀l’▶EDF, ni à ◀l’▶État. Il y a là ◀de▶ quoi encourager ◀les▶ autonomies régionales et locales, ◀la▶ redistribution des pouvoirs ◀de▶ ◀l’▶État central, ◀le▶ fédéralisme ! Tandis que ◀le▶ nucléaire, fabuleusement cher, gigantesque, exige ◀la▶ protection ◀de▶ ◀la▶ police et ◀de▶ ◀l’▶armée. C’est en quelque sorte Pluton, Dieu des enfers et ◀de▶ ◀la▶ richesse contre Zeus. Pluton était aveugle comme une taupe et s’ennuyait tellement qu’il voulait voir mourir ◀les▶ hommes afin de lui tenir compagnie. Zeus qu’Homère appelle parfois Europeos (qui voit très loin) est ◀le▶ dieu du soleil. Mon choix est clair. Celui des États ne ◀l’▶est pas moins.
Êtes-vous un utopiste ?
Je ne ◀le▶ pense pas. ◀L’▶utopie majeure consiste à croire qu’on peut continuer comme ça. Je me tiens pour un réaliste quand je pose une question comme celle-là. Que ferez-vous des autoroutes quand ◀l’▶essence coûtera 50 francs ◀le▶ litre d’ici 1990 ?
Comme dit Max Frisch : « il ne suffit pas ◀de▶ ne pas avoir ◀d’▶idées pour être réaliste ».