(1949) Le Semeur, articles (1933–1949) « Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936) » pp. 193-194

Notre foi, par Emil Brunner (janvier 1936)f

Sous le titre Notre Foi, Emil Brunner a réuni 35 courtes études, des « méditations sur le message de Jésus-Christ ».

Dès l’abord, on est frappé par leur simplicité et leur clarté, qui réussissent à mettre à la portée de tous, sans l’affaiblir ni la fausser, la « théologie » chrétienne la plus authentique. Le style est direct, l’emploi de la seconde personne est la règle ; aussi ne peut-on lire ces méditations sans se sentir pris à partie et directement engagé par les réactions et les réponses qu’elles exigent de nous.

Ces études se succèdent selon un plan qu’il n’est pas toujours facile d’apercevoir. Les divisions générales paraissent être : Dieu — L’homme — Jésus-Christ — La foi chrétienne — L’Église et les sacrements — L’espérance eschatologique.

Le trait le plus marquant est leur « biblisme ». Bien que pas un verset de l’Écriture ne soit cité, on sent la pensée et la foi de l’auteur informées par la Bible, et dominées par elle. Pour Brunner, « la foi chrétienne est une foi biblique » ; la Bible est la Parole de Dieu, et nous ne pouvons rien savoir de Dieu que par Sa révélation dans cette Parole. Le Saint-Esprit ouvre nos cœurs à cette Parole, Il la rend vivante et agissante en nous, en sorte qu’elle produit en nous ce que saint Paul appelle « les fruits de l’Esprit ».

On sent dans ces études un constant effort de fidélité humble pour ne pas trahir la Révélation de Dieu en taisant — ou en résolvant par quelque ingénieuse synthèse — tous les paradoxes chrétiens qui gênent si fort notre humaine raison. Mais la foi n’est pas une adhésion intellectuelle qui ne nous engagerait pas ; la foi au Dieu de majesté, de sainteté et d’amour, qui s’est révélé à nous en Jésus-Christ, exige que nous prenions les exigences de Dieu vraiment au sérieux, que nous « laissions Dieu être Dieu en nous ». Brunner semble vouloir nous amener à prier la prière de la foi : « Je crois, Seigneur, viens en aide à mon incrédulité. »