(1940) Qu’est-ce que la Ligue du Gothard ? (1940) « VII. Réformes politiques » p. 10

VII. Réformes politiques

Elles ne pourront être évitées, à plus ou moins longue échéance selon les cas. Il importe donc que la Ligue les prépare dès maintenant et en toute indépendance vis-à-vis des partis politiques et des influences ou même des pressions étrangères.

La Suisse doit être gouvernée, et non pas seulement administrée. Le Conseil fédéral doit être libéré de toute préoccupation partisane. Il doit être soulagé d’un travail administratif qui ne laisse plus aux chefs de départements le temps de gouverner. Le président de la Confédération ne doit plus être en même temps chargé d’un département. Il est contraire au bon sens qu’il soit nommé automatiquement par rotation, sans tenir compte des qualités personnelles que requiert la conduite de l’État.

Le Parlement doit être réformé dans le sens d’une stricte distinction des compétences : il est absurde qu’un député nommé pour ses opinions politiques ait à se prononcer sur des questions économiques qu’il ne peut pas connaître professionnellement. La confusion permanente du politique et de l’économique est un danger très grave pour notre pays ; elle a conduit sous nos yeux d’autres régimes à la catastrophe. L’adjonction au Parlement d’une Chambre économique est l’une des premières réformes à envisager dans ce domaine. Les sessions de trois semaines doivent et peuvent être réduites à quelques jours seulement.

La vitalité de notre démocratie fédéraliste dépend de la vitalité des cantons et des communes. Celle-ci se voit menacée par un certain capitalisme anonyme et par certains abus dans le système actuel des subventions.

L’organisation professionnelle et un contrôle sévère des subventions doivent y remédier.

La vitalité des cantons et des communes dépend de celle des entreprises et des familles. Nous demandons d’une part, la création d’un institut de surveillance du crédit et d’un institut d’enquête et de recherche pour organiser l’économie du pays, d’autre part l’introduction du salaire familial et la mise à l’étude de mesures légales pour la protection de la famille.

Tout ceci une fois de plus à titre d’exemples, et sans préjuger des mesures que l’évolution rapide des événements rendra sans doute nécessaires. Les hommes sont plus importants que les programmes — et même que les institutions.