(1979) Rapport au peuple européen sur l’état de l’union de l’Europe « L’environnement » pp. 94-109

III.
L’environnement

1.
Le souci écologiste

Réaction à l’agression industrielle

L’écologie que l’on considère ici est une politique de la vie et des équilibres dynamiques du vivant en tant qu’ils sont menacés par l’agression de la civilisation industrielle. L’écologie nous rappelle que le progrès technique et la science elle-même ne peuvent rien contre les lois fondamentales de la Nature, et qu’à vouloir les ignorer, c’est la survie de l’humanité que l’on menace.

L’écologie est donc une véritable politique, non pas au sens des rivalités partisanes, mais à celui des stratégies d’une civilisation. En tant que prévision des conditions de santé et d’activité créatrice de notre société occidentale, elle est même la politique par excellence, s’il reste vrai que « gouverner c’est prévoir ».

Le souci écologique, souvent qualifié de « mode » par des chroniqueurs irréfléchis, répond en réalité à la « mode » du bétonnage des campagnes, de la pollution de l’air, des sols, des eaux et des océans par la production, le transport et l’usage gaspilleur des énergies primaires.

Le souci écologique répond à l’extinction de centaines d’espèces animales (baleines, éléphants, phoques, papillons…), à l’accumulation de déchets radioactifs dont nul ne sait comment se débarrasser « et qui doivent être complètement isolés de la biosphère pendant 200 000 à 240 000 ans, période bien plus longue que celle de l’histoire de l’homme »18.

Le souci écologique résulte aussi des pénuries qui s’annoncent pour la fin de ce siècle : du pétrole, de l’uranium, de l’eau potable, et possiblement de l’oxygène si l’on continue à détruire les principales sources de sa production : le plancton des océans et les forêts déjà détruites à 40 % dans le monde depuis 1882.

Les rapports entre l’écologie et les agressions multiformes de la technostructure industrielle contre la Nature, contre les communautés, contre la physiologie de l’espèce et de l’individu sont analogues aux rapports entre la médecine et les « maladies de civilisation » comme le cancer et l’infarctus.

C’est surtout par la crainte des effets possibles de l’énergie nucléaire — bombes ou centrales — sur l’environnement naturel et urbain, que le souci écologique a été éveillé dans la jeunesse et chez les intellectuels et scientifiques de nos pays, en tant qu’ils se sentent et se veulent responsables envers la société.

La résistance au nucléaire résulte de questions de bon sens telles que : « Pourquoi avons-nous besoin de tant et de toujours plus d’énergie ? N’y aurait-il pas moyen d’atteindre nos buts à moindres frais ? Ou d’utiliser de manière plus efficace ce que nous avons ? »19 À quoi l’on peut ajouter : « À quel prix avons-nous obtenu ce surcroît d’énergie ? » Et d’une manière plus générale : « À quel prix le Progrès matériel ? » Ce prix étant peut-être celui de notre milieu vital — de notre survie.

Dangers signalés par l’écologie

Les rapports annuels des Nations unies sur l’État de l’environnement, de 1974 à 1978, dénoncent au nombre des dangers majeurs que la civilisation industrielle fait courir à la Nature et par là même à l’humanité :

1. L’altération de la couche d’ozone. Les aérosols, les engrais azotés, les explosions nucléaires et les vols supersoniques militaires et civils constituent une menace peut-être grave pour la couche d’ozone stratosphérique (15 à 50 km au-dessus de la surface terrestre en moyenne) qui protège contre les rayons ultraviolets la vie de l’homme, des animaux, des récoltes, des océans et du plancton. On estime que la couche d’ozone a déjà été réduite par l’effet des aérosols d’au moins 1 %, et le sera de 10 % en 2050 si l’on continue… Une guerre nucléaire mondiale aurait des conséquences désastreuses à cet égard : elle pourrait détruire de 20 % à 70 % l’écran vital que forme la couche d’ozone. L’explosion (dite « excursion ») d’un surgénérateur contenant 4 à 5 tonnes de plutonium transformées en aérosols dispersés tout autour de la planète par les courants stratosphériques serait pire encore, mais serait peut-être la dernière explosion possible, faute de survivants encore disposés à en organiser d’autres. De diverses études, conduites indépendamment les unes des autres, sur les effets probables d’une déflagration nucléaire, il résulte en effet :

1° Que les dommages seraient tels — étendue, durée, irréversibilité dans la plupart des cas, coûts irréels de la restauration des villes et des cultures irradiées — que l’humanité entière pourrait en être mortellement atteinte. (Blés des USA contaminés, qui nourrissent 45 % de l’humanité ; villes de l’Europe de l’Ouest balayées par les nuages de plutonium en aérosol, raz de marée détruisant des millions d’hectares de culture, d’où famines, épidémies, révoltes vaines et meurtrières, etc.)

2° Que par suite les écologistes et tous les scientifiques ont dès maintenant pour devoir de préconiser une politique de destruction des armes nucléaires dans tous les pays qui en possèdent, ainsi que le démantèlement des réacteurs (« conventionnels » ou surgénérateurs) qui permettraient à de nouveaux pays d’en fabriquer et de les utiliser à la manière des terroristes. Ce qui fera crier à l’utopie, bien sûr, mais est-il « réaliste » de laisser les choses suivre leur cours actuel vers la catastrophe finale ?

Ajoutons encore que les dommages à la couche d’ozone persisteront de 50 à 200 ans après que l’homme aura cessé de les causer.

2. Le cancer par l’environnement. Le cancer est aujourd’hui reconnu comme résultant à 60 % à 90 % de notre environnement industriel, pénétré par « un demi-million de substances chimiques » et dix mille de plus chaque année. « La plupart sont sans aucun doute cancérigènes, surtout en combinaisons qu’il est impossible d’expérimenter toutes. »20

3. La perte des sols. La surface de terrain cultivée par habitant de notre globe aura diminué de moitié à la fin du siècle. Six-cents-millions d’hectares de terre cultivable auront été détériorés par l’érosion des sols, la salinisation, la progression urbaine, tandis que la population mondiale aura doublé.

La révélation de cette stérilisation de la terre, qui constitue peut-être la nouvelle la plus sensationnelle du siècle, a passé pratiquement inaperçue. Sur elle, pourtant, devrait se fonder la politique de notre génération.

4. L’abattage des arbres et le maintien des terres en jachère, ouvrant la voie à l’érosion (par vents et eaux), sont les causes principales des dégâts aux sols et ensuite des famines dont vont souffrir et souffrent déjà des populations entières. C’est là la forme que prend la crise de l’énergie pour tous les pauvres de la terre. Le total des arbres coupés est très supérieur à celui des arbres en croissance21. Le recul mondial des forêts oblige des millions d’hommes et de femmes à parcourir des distances toujours plus grandes pour se chauffer, cependant qu’il permet aux habitants de nos villes de lire distraitement leur journal, fait d’arbres sacrifiés.

Les quatre phénomènes décrits par le rapport des Nations unies pour 1977 paraissent reliés entre eux de tant de manières que la Commission les juge en fait « indissociables ». Il n’y a donc pas d’autre moyen de lutte que dans une étroite coopération interrégionale ou intercontinentale selon les cas.

Le premier de ces phénomènes (couche d’ozone atteinte) intéresse la totalité de la vie sur notre planète. Le deuxième (cancer) intéresse surtout le monde industrialisé (Occident et Japon). Quant aux troisième et quatrième (perte de sols, forêts détruites), ils affectent surtout le tiers-monde, mais l’Europe subira inévitablement et rapidement leurs contrecoups.

Aux dangers majeurs dénoncés par l’ONU, il faut ajouter en ce qui concerne plus spécialement l’Europe :

5. La pénurie d’eau potable. Selon une étude de la Commission économique pour l’Europe (Nations unies), l’eau des rivières et des nappes souterraines est déjà insuffisante pour les besoins de plusieurs de nos pays. L’Allemagne et la Belgique sont déjà importatrices d’eau. Alors que les réserves diminuent, la demande croît : il faudra recourir à l’eau salée pour refroidir les centrales nucléaires, d’où accroissement des activités économiques sur les zones côtières, d’où nouveau risque de déséquilibre écologique sur un littoral déjà fragile à cet égard. D’autre part, lacs, rivières et fleuves sont gravement menacés par la pollution industrielle : le Rhin, « poubelle de l’Europe », déverse dans la mer du Nord 60 000 tonnes de déchets par jour.

6. Les produits nocifs dans l’alimentation, qui la dénaturent sous prétexte de la « conserver », c’est-à-dire pour la vendre plus longtemps. Cela concerne en premier lieu les chapitres du cancer, du rachitisme, et de la mortalité infantile.

7. L’extinction d’espèces animales et végétales. Pour l’Europe du Nord : harengs, baleines, insectes nécessaires à la pollinisation, hannetons, papillons, etc. La péninsule Ibérique et les Balkans possèdent encore la flore la plus riche d’Europe, mais dans ces deux régions, deux-cents à trois-cents espèces sont menacées d’extinction.

8. Les mégalopoles invivables de 2 à 13 millions d’habitants, livrées à la délinquance produite par les grands ensembles, pollués et polluants (air et eaux), et dévorateurs d’énergie (tours, embouteillages, publicités lumineuses, etc.).

2.
Nature des obstacles aux mesures requises

Dans la très grande majorité des cas de pollution ou de gaspillage, les remèdes ou les moyens de prévention sont connus. Mais une série de résistances organiques, dans nos sociétés de type européen, freine leur application ou la rendent inopérante.

Résistance des industries. — La réduction des pollutions augmente les coûts et les délais de production. La politique des grandes firmes consiste donc : a) à nier les dégâts (« Ce sont des bobards de gauchistes ») ; b) à les minimiser (« On exagère », « On fait le jeu des Soviets », « Nos experts ont démontré… ») ; c) à tourner les règlements édictés par les États ; d) à annoncer que « désormais » toutes les précautions sont prises ; e) et même à en prendre quelques-unes ; f) mais, si ces précautions s’avèrent trop coûteuses, à exporter dirigeants et machines, licences et pollutions dans des pays où la réglementation est moins sévère, voire inexistante — quitte à créer du chômage dans le pays d’origine, et des nuisances du type Seveso dans le pays d’accueil.

Résistance des États. — Le jeu est le même, à ceci près qu’au lieu d’exporter la pollution, l’État, qui ne peut plus la nier, prend à sa charge les indemnisations, puis les mesures de prévention, puis le contrôle des règles « strictes » édictées par son ministre de l’Environnement après dix ou quinze ans d’abus devenus insupportables. Ce qui revient à faire supporter les frais de la pollution par ses victimes réelles ou potentielles, c’est-à-dire les contribuables, plutôt que par ses auteurs, qu’il ne faut pas indisposer. Au reste, les frais de récupération de lacs, de fleuves, de littoraux déjà fortement compromis sont tels que l’on comprend que l’État hésite. Pour nettoyer le bassin du Rhin, de Strasbourg à Rotterdam par exemple, il faudrait un milliard de francs français par an. Comment trouver cette somme dans un budget déjà si lourdement obéré par l’aide aux firmes polluantes mais qui travaillent pour la défense nationale ?

Au surplus, nos États opposent aux mesures écologiques de tous ordres que préconisent les organisations privées ou mixtes, européennes ou mondiales, une fin de non-recevoir anticipée dès l’instant où une solution communautaire (transfrontalière, continentale ou planétaire) aux menaces de pollution les plus courantes22 ou les plus dramatiques23 risquerait de porter une atteinte quelconque à la « souveraineté nationale ». Nos États réagissent comme un malade qui invoquerait l’habeas corpus pour interdire qu’on lui arrache une dent ou qu’on lui impose une quarantaine avant d’aller porter sa contagion chez le voisin.

Les motifs de la non-application des mesures écologiques prises par les gouvernements, du sabotage des mesures préventives contre les effets chroniques des pollutions de tous ordres, ou du refus officiel de coopérer sur le plan international, relèvent donc tous d’une priorité accordée aux profits économiques d’une part, aux « nécessités de la défense nationale » d’autre part.

Ce qui nous conduit à la conclusion que les menaces accumulées contre la Nature et l’environnement humain par la civilisation industrielle ne pourront être surmontées que dans la seule mesure où seront surmontés les dogmes du profit financier privé et de la souveraineté absolue des États, en tant qu’ils sont considérés comme les critères ultimes de toute action politique, sociale ou militaire.

Si les Européens n’arrivent pas très vite à comprendre que le réalisme consiste à prévenir les écocatastrophes imminentes, non pas à flatter les vanités nationales, la crise actuelle est sans issue.

3.
Solutions européennes

Les liens entre Économie, Énergie et Écologie

Ces liens sont tels qu’il ne serait pas sérieux de vouloir poursuivre simultanément l’intégration économique dans le cadre des Neuf ou des Douze, et la désintégration des équilibres naturels dans le cadre des souverainetés nationales.

Parmi les mesures à la fois écologiques et économiques qui s’imposent sans discussion à nos populations, nous dresserons tout d’abord une liste indicative — non exhaustive — des tâches écologiques les plus généralement tenues pour urgentes et réalisables :

1. La Commission des Communautés a demandé à ses services d’établir un plan européen de l’eau qui permettrait d’intervenir dans certains projets de gestion des eaux, d’intérêt commun pour plusieurs États. L’une des premières tâches européennes est en effet la sauvegarde des lacs, rivières et fleuves pollués. (Exemples : le lac Léman pollué au mercure et au phosphore, et fortement eutrophisé ; le Rhin, pollué par cinq pays ; les estuaires transformés en aéroports et en docks pour pétroliers, d’où destruction de la faune marine, etc.)

2. La lutte contre l’accroissement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, qui pourrait entraîner la fonte des calottes polaires, d’où une élévation du niveau des mers suffisante pour noyer toutes les villes portuaires.

3. La protection de la couche d’ozone, par interdiction des aérosols, limitation des vols supersoniques et des engrais azotés.

4. Le contrôle sévère des produits chimiques : détergents, insecticides, colorants, agents conservateurs des produits alimentaires, etc.

5. L’abandon des surgénérateurs au profit des sources d’énergie solaire, éolienne, géothermique, biologique. L’option en faveur des surgénérateurs serait en effet irréversible : les surgénérateurs créeraient des tonnes de déchets radioactifs à traiter et à surveiller sans relâche jusqu’à l’extinction de leur activité, que rien au monde ne peut accélérer d’une seconde. Il est trop clair qu’aucun gouvernement existant ne saurait s’engager à assurer cette gestion pendant 240000 ans : aucune civilisation jusqu’ici n’a duré plus de 4000 ans.

6. L’arrêt immédiat de la production de substances chimiques nouvelles dont on ne saurait pas démontrer expérimentalement qu’on maîtrise les moyens de les éliminer sans dommages pour l’environnement ou pour les humains.

7. Le sauvetage des espèces animales : baleines, phoques, éléphants, tigres, ocelots, etc., etc., menacées d’extinction à tout jamais irréparable.

8. L’arrêt du bétonnage des campagnes : 18 % du sol des Pays-Bas est déjà bétonné, et ce sera 25 % avant la fin du siècle. À quoi serviront les autoroutes quand l’essence coûtera vingt fois plus qu’aujourd’hui ? La mise à l’étude immédiate de formules de substitution à l’auto (et par suite peut-être aux autoroutes) devrait être une des tâches prioritaires d’une autorité fédérale européenne.

9. L’adoption par tous nos pays de critères d’urbanisme propres à prévenir le développement d’allure cancéreuse des mégalopoles. (Villes nouvelles de 50000 habitants préconisées par C. Doxiadis et par nombre d’urbanistes d’avant-garde ; limitation du nombre d’étages ; rues et places fermées à la circulation automobile ; transports publics gratuits.)

10. L’étude des climats, des agents de modifications climatiques, et des conséquences à en tirer pour nos industries et nos procédés de production d’énergie.

Au niveau européen, ces mesures impliquent des accords fédéraux, supranationaux, permettant seuls d’entreprendre la lutte contre les pollutions « justifiées » par des calculs de profit local ou « autorisées » par la carence de lois nationales réglant la protection de l’environnement.

Une fois de plus, dans ce domaine, il apparaît à l’évidence que les solutions souhaitables ne deviendront possibles qu’au prix de l’union continentale de nos pays.

La première mesure générale indispensable étant de normaliser les prescriptions anti-pollution, afin de prévenir les évasions d’industries polluantes vers les pays les moins exigeants à cet égard (procédé auquel recourent habituellement les multinationales).

La seconde mesure générale étant de confier à des agences continentales la distribution des tâches écologiques, selon leurs dimensions, tantôt à la fédération, tantôt aux régions.

De l’énergie aux régions par l’écologie

Ces remèdes, pour agir, appellent deux conditions fondamentales :

a) La formation d’institutions régionales, plus petites que la plupart de nos États nationaux, et mieux adaptées aux réalités locales, dont la diversité précisément est l’un des caractères distinctifs de l’Europe.

C’est au niveau régional, et là seulement, que peuvent être réalisées avec efficacité les mesures écologiques contre la pollution des eaux (nappes phréatiques, lacs, rivières), pour la production d’énergie solaire, éolienne, géothermique ou biologique, pour la protection des sols et des forêts, la défense des paysages et des monuments, etc.

b) La formation d’agences fédérales de compétence continentale, seules capables de planifier des mesures de très grandes dimensions : protection de la couche d’ozone, protection des mers et des fleuves internationaux ; contrôle des produits alimentaires qui circulent en import-export dans tous nos pays ; interdiction des surgénérateurs par accord international ; substituts à l’auto et aux autoroutes ; normalisation des règlements anti-pollution.

Des institutions mixtes seraient amenées à traiter, par exemple, de problèmes d’urbanisme, de sols, de mers, ou de sauvetage des espèces.

Ces conditions de réalisation de mesures conservatoires de l’homme, de la Nature, des villes, et de leurs interrelations équilibrées, excluent absolument le recours automatique à la « souveraineté nationale absolue » et au principe sacro-saint de la « non-ingérence », principes que l’on oublie d’ailleurs d’appliquer quand on crée des menaces de pollution contre un pays voisin. La morale (et l’utilité pour le plus grand nombre) doit passer avant les égoïsmes et les prestiges nationaux, mal compris la plupart du temps.

L’humanité d’aujourd’hui et de demain ne peut accepter que les États invoquent leur « souveraineté » pour se soustraire à des obligations écologiques vitales, sous prétexte que celles-ci se trouvent être, le plus souvent, selon leur nature et leurs dimensions, continentales, transfrontalières ou régionales.

Changer de cap

Certes, il n’est pas question que tous les citoyens et citoyennes de nos pays se transforment en savants écologistes. Ce qui est requis par la crise actuelle, impérieusement, c’est que les femmes et les hommes d’Europe, les plus conscients de leur devoir civique, s’habituent à subordonner le « progrès » matériel au bien-être moral, le profit immédiat de quelques-uns aux chances de bonheur de chacun, la « défense nationale » à la paix, l’énergie aux buts du travail qu’elle est censée servir ; et les mythes nationalistes aux réalités quotidiennes.

Il est fort peu probable que les mesures préconisées dans ce Rapport soient appliquées par les États s’ils n’y sont pas contraints par des accidents graves, d’ores et déjà inévitables, et par la volonté des citoyens, telle qu’elle pourra s’exprimer notamment lors des élections au Parlement européen.

En assumant leurs droits autant que leurs devoirs à l’échelle locale, et en votant pour les candidats les plus conscients des réalités écologiques et régionales, nos peuples possèdent désormais des moyens efficaces de donner forme au seul avenir possible pour l’Europe.