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ude et triomphante, et des vaisseaux qui ramènent
Iseut
dans le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans un
2
ude et triomphante, et des vaisseaux qui ramènent
Iseut
dans le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans un
3
fondie des cinq légendes primitives de Tristan et
Iseut
, l’auteur a été conduit à rechercher les origines religieuses de ce r
4
et se rend méprisable. Mais Tristan, s’il enlève
Iseut
, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était « faute » et ne pou
5
de son désir et de sa plus secrète nostalgie88, l’
Iseut
du rêve ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il l’ép
6
blic) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette
Iseut
une fois épousée ? Une nostalgie que l’on chérissait est-elle encore
7
est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car
Iseut
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce
8
ouffrir et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène
Iseut
dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la
9
que s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
Iseut
n’était rien que le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était
10
sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs
Iseut
? Or ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la victim
11
cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’
Iseut
, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchireme
12
de notre nostalgie) est la meilleure définition d’
Iseut
. C’est la femme que l’on perd du seul fait qu’on l’obtient. On ne peu
13
ce qu’elle refuse la satisfaction. On n’aime pas
Iseut
, on aime l’amour. On ne veut pas se satisfaire, on veut brûler. 89.
14
Dict de Padma. 90. C’est l’une des définitions d’
Iseut
dans la mythologie celtique. 91. L’Encyclique Casti connubii a répon
15
du point de vue des romantiques — si l’on croit à
Iseut
—, soit du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son œuvre
16
s comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’
Iseut
toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je veux
17
simplement celui qui a reconnu dans sa femme une
Iseut
? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes ép
18
s courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas
Iseut
mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, appelée comme la
19
t être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle
Iseut
, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’«
20
e bonheur, est salutaire. L’amour de Tristan et d’
Iseut
c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c’étai
21
le mythe de la passion, la légende de Tristan et
Iseut
. Nul n’ignore que ce mythe, demeuré si puissant dans nos vies, détien
23
-t-il pas, avec preuves à l’appui, que Tristan et
Iseut
, les amants légendaires, les héros de la passion, ne s’aimaient pas ?
24
e sentais gêné, mal à l’aise. Ce Tristan et cette
Iseut
qui restent indifférents pendant leur première rencontre, ne s’aiment
25
ommune dans la forêt et qui, Tristan ayant épousé
Iseut
aux blanches mains, l’autre Iseut, ne reconnaissent plus leur amour q
26
an ayant épousé Iseut aux blanches mains, l’autre
Iseut
, ne reconnaissent plus leur amour qu’à l’heure où la mort le défigure
27
, que je suis prêt à défendre : ce que Tristan et
Iseut
aiment, c’est le fait d’aimer. Jamais Tristan ne dit à Iseut qu’il l’
28
t, c’est le fait d’aimer. Jamais Tristan ne dit à
Iseut
qu’il l’aime, il se borne à répéter : « Amor par force me demeisne ».
29
eprend Denis de Rougemont. Le mythe de Tristan et
Iseut
, qui pose pour la première fois ce fameux triangle, le mari, la femme
30
uve à la fois dans le catharisme, dans Tristan et
Iseut
et chez les lyriques courtois, goût qui n’est autre que l’instinct de
31
l’on ne peut s’échapper ? q. « Non, Tristan et
Iseut
ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont », Les Nouvelles littéra
33
c plus ou moins de succès, le roman de Tristan et
Iseut
. Vous soutenez cette opinion paradoxale que Tristan et Iseut, couple
34
soutenez cette opinion paradoxale que Tristan et
Iseut
, couple de parfaits amants, ne s’aimèrent pas. À la manière dont Deni
35
tan aime sa passion, explique-t-il. Il n’aime pas
Iseut
de charité, dans son être véritable. À la différence d’Agapè, l’amour
36
utre être. On ne peut pas épouser une femme comme
Iseut
, parce qu’alors on verrait la femme réelle. Iseut épousée cesse d’êtr
37
Iseut, parce qu’alors on verrait la femme réelle.
Iseut
épousée cesse d’être Iseut pour devenir madame Tristan, ce qu’on ne s
38
rrait la femme réelle. Iseut épousée cesse d’être
Iseut
pour devenir madame Tristan, ce qu’on ne saurait imaginer. Pour conse
39
Denis de Rougemont. o. « Du mythe de Tristan et
Iseut
à l’hitlérisme », Tribune de France. Hebdomadaire de la reconstructio
40
ptionnelle en apparences : le mythe de Tristan et
Iseut
. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple éclatant et « banal » —
41
e européen de l’adultère : le Roman de Tristan et
Iseut
. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans la confusion des m
42
d ici toute sa force : la passion de Tristan et d’
Iseut
est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie. C’est
43
réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et
Iseut
, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomène qu’il illustre
44
de-t-il d’avouer son nom et l’origine de son mal.
Iseut
, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelque
45
par le monstre, Tristan est soigné de nouveau par
Iseut
. Un jour, cette princesse découvre que le blessé n’est autre que le m
46
révèle la mission dont le roi Marc l’a chargé. Et
Iseut
lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon certains auteurs, c’
47
e du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’
Iseut
comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eilhart,
48
la mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc
Iseut
à Marc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à Iseut par ruse,
49
arc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à
Iseut
par ruse, passera la première nuit nuptiale avec le roi, sauvant ains
50
félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et d’
Iseut
. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène du ve
51
de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite.
Iseut
sera livrée à une troupe de lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’
52
rt. Il s’évade (scène de la chapelle). Il délivre
Iseut
, et avec elle s’enfonce dans la forêt de Morois. Trois ans durant, il
53
inq versions). Alors seulement Tristan se repent,
Iseut
se met à regretter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’en
54
amants se séparent à l’approche du cortège royal.
Iseut
supplie encore Tristan de demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit
55
er, « pour son nom et pour sa beauté »7 une autre
Iseut
, l’Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vie
56
r son nom et pour sa beauté »7 une autre Iseut, l’
Iseut
« aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge, car
57
et, Tristan la laissera vierge, car il regrette «
Iseut
la bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette
58
aisseau arbore une voile blanche, signe d’espoir.
Iseut
aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par la jalousie,
59
ui annonce que la voile est noire. Tristan meurt.
Iseut
la blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps
60
réduisent à fort peu de choses : Tristan conduit
Iseut
au roi parce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; — les amant
61
ce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse
Iseut
aux blanches mains « pour son nom et pour sa beauté ». Maintenant, ce
62
e extérieure ne saurait donc l’empêcher d’enlever
Iseut
et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du
63
oserait à son retour auprès du roi, donc auprès d’
Iseut
… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie siè
64
n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’
Iseut
… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux époux ? A
65
heur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre
Iseut
« pour son nom et pour sa beauté » mais cependant la laisse vierge, n
66
Un moderne commentateur du Roman de Tristan et
Iseut
veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et le devoir ». Cett
67
fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent
Iseut
au roi Marc : ils devraient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et
68
tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’
Iseut
à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage de Tr
69
ent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever
Iseut
, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est
70
l’audace de poser la question : Tristan aime-t-il
Iseut
? Est-il aimé par elle ? (Seules les questions « stupides » peuvent n
71
ventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’
Iseut
, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche host
72
ié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et
Iseut
après lui : Sire, por Dieu omnipotent, Il ne m’aime pas, ne je lui,
73
en beles chambres… portendües de dras de soie ».
Iseut
de son côté, à la même heure conçoit les mêmes gestes. Le soir venu,
74
ur obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour
Iseut
. Ici se place le court dialogue si dramatique entre l’ermite et les d
75
a réponse favorable du roi acceptant de reprendre
Iseut
: Dex ! dist Tristan, quel departie ! Mot est dolenz qui pert s’amie
76
le réponse demeure ici digne du mythe. Tristan et
Iseut
ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment,
77
aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la Blonde. Et
Iseut
ne fait rien pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit d’un rê
78
; celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celui d’
Iseut
aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est l’obs
79
nne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et
Iseut
. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité
80
r limité à cette durée l’action du philtre : « La
mère Iseut
qui le bollit — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne
81
ne conçoit pas que Tristan puisse jamais épouser
Iseut
. Elle est le type de la femme qu’on n’épouse point, car alors on cess
82
res. Lorsque Tristan soupire à voix basse après l’
Iseut
perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de
83
mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et
Iseut
pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent de toute leur vo
84
ythe. Amour réciproque, en ce sens que Tristan et
Iseut
« s’entr’aiment », ou du moins, qu’ils en sont persuadés. Et il est v
85
e tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ;
Iseut
livrée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Trist
86
oigne. — Longue séparation, mariage de Tristan. —
Iseut
s’approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résumons encore : une
87
— Iseut s’approche et Tristan meurt. Puis mort d’
Iseut
. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre vie)
88
rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’
Iseut
. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est une mal
89
par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan et
Iseut
) est le signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps.
90
t et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (L’
Iseut
celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, specta
91
voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’
Iseut
le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait
92
uait avec profondeur que le roman de Tristan et d’
Iseut
rend un son particulier, qui ne se retrouve guère dans la littérature
93
s cruel conflit, lorsqu’au soir de ses noces avec
Iseut
aux blanches mains, il ne peut se résoudre à posséder sa femme : « Tr
94
e résoudre à posséder sa femme : « Tristan désire
Iseut
aux blanches mains pour son nom et pour sa beauté, car, quelle qu’eût
95
dont il doublera son tourment. » Du seul fait qu’
Iseut
aux blanches mains est devenue sa femme légitime, il ne doit plus et
96
s avons perdu le monde, et le monde nous », gémit
Iseut
(dans le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde enti
97
nt à une nécessité tout intérieure de la passion.
Iseut
est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose, le symbole de l
98
ur. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’
Iseut
, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mari
99
qu’il acceptera le « mariage blanc » avec l’autre
Iseut
— l’autre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser la communion
100
quand, le philtre ayant cessé d’agir, Tristan et
Iseut
vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui s
101
e repentent (c’est la première et dernière fois).
Iseut
va revenir à l’époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tand
102
me » selon la formule des manuels. Dans le cas où
Iseut
ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir
103
t extérieur. Ainsi nous avons vu que Tristan aime
Iseut
non point dans sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui la brû
104
ée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’
Iseut
lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de
105
dans la forêt. Tristan avait le recours de rendre
Iseut
à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. Souffrant de ce
106
dont nous possédons les lettres à Abélard, évoque
Iseut
, Juliette et Mlle de Lespinasse, beaucoup plus que Julie d’Étange. Et
107
re possédé. Nous savions que Tristan n’aimait pas
Iseut
pour elle-même, mais seulement pour l’amour de l’Amour dont sa beauté
108
le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
Iseut
, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deu
109
c’est la brûlure d’amour plus que la possession d’
Iseut
. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et co
110
et se rend méprisable. Mais Tristan, s’il enlève
Iseut
, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était « faute » et ne pou
111
e de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’
Iseut
du rêve188 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il l
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blic) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette
Iseut
une fois épousée ? Une nostalgie que l’on chérissait est-elle encore
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est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car
Iseut
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce
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uffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène
Iseut
dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la
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que s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
Iseut
n’était rien que le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était
116
sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs
Iseut
? Or ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la victim
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cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’
Iseut
, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchireme
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de notre nostalgie) est la meilleure définition d’
Iseut
. L’amour-passion veut « la princesse lointaine » tandis que l’amour c
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du point de vue des romantiques — si l’on croit à
Iseut
—, soit du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son œuvre
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s comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’
Iseut
toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je veux
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simplement celui qui a reconnu dans sa femme une
Iseut
? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes ép
122
s courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas
Iseut
mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la
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t être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle
Iseut
, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’«
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e bonheur, est salutaire. L’amour de Tristan et d’
Iseut
c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c’étai
125
pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et d’
Iseut
(ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tristan
126
r exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener
Iseut
, était dans la mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en v
127
significatives. Dans Tristan, c’est la jalousie d’
Iseut
aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tandis que dans Girar
128
r on n’a pas oublié que Tristan épouse la seconde
Iseut
alors qu’il croit que la première le néglige. Ce n’est point tant la
129
former sérieusement notre conception des amours d’
Iseut
et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sent
130
former sérieusement notre conception des amours d’
Iseut
et de Tristan »… 6. – Dante hérétique Tout à fait indépendammen
131
e européen de l’adultère : le Roman de Tristan et
Iseut
. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans la confusion des m
132
d ici toute sa force : la passion de Tristan et d’
Iseut
est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie. C’est
133
réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et
Iseut
, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomène qu’il illustre
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de-t-il d’avouer son nom et l’origine de son mal.
Iseut
, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelque
135
par le monstre, Tristan est soigné de nouveau par
Iseut
. Un jour, cette princesse découvre que le blessé n’est autre que le m
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révèle la mission dont le roi Marc l’a chargé. Et
Iseut
lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon certains auteurs, c’
137
e du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’
Iseut
comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eilhart,
138
la mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc
Iseut
à Marc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à Iseut par ruse,
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arc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à
Iseut
par ruse, passera la première nuit nuptiale avec le roi, sauvant ains
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félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et d’
Iseut
. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène du ve
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de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite.
Iseut
sera livrée à une troupe de lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’
142
rt. Il s’évade (scène de la chapelle). Il délivre
Iseut
, et avec elle s’enfonce dans la forêt de Morois. Trois ans durant, il
143
inq versions). Alors seulement Tristan se repent,
Iseut
se met à regretter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’en
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amants se séparent à l’approche du cortège royal.
Iseut
supplie encore Tristan de demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit
145
r, « pour son nom et pour sa beauté »9, une autre
Iseut
, l’Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vie
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son nom et pour sa beauté »9, une autre Iseut, l’
Iseut
« aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge, car
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et, Tristan la laissera vierge, car il regrette «
Iseut
la bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette
148
aisseau arbore une voile blanche, signe d’espoir.
Iseut
aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par la jalousie,
149
ui annonce que la voile est noire. Tristan meurt.
Iseut
la blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps
150
réduisent à fort peu de choses : Tristan conduit
Iseut
au roi parce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; — les amant
151
ce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse
Iseut
aux blanches mains « pour son nom et pour sa beauté ». Maintenant, ce
152
e extérieure ne saurait donc l’empêcher d’enlever
Iseut
et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du
153
oserait à son retour auprès du roi, donc auprès d’
Iseut
… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie siè
154
n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’
Iseut
… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux époux ? A
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heur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre
Iseut
« pour son nom et pour sa beauté » mais cependant la laisse vierge, n
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Un moderne commentateur du Roman de Tristan et
Iseut
veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et le devoir ». Cett
157
fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent
Iseut
au roi Marc : ils devraient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et
158
tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’
Iseut
à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage blanc
159
ent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever
Iseut
, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est
160
l’audace de poser la question : Tristan aime-t-il
Iseut
? Est-il aimé par elle ? (Seules les questions « stupides » peuvent n
161
ventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’
Iseut
, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche host
162
ié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et
Iseut
après lui : Sire, por Dieu omnipotent, Il ne m’aime pas, ne je lui,
163
en beles chambres… portendües de dras de soie ».
Iseut
de son côté, à la même heure conçoit les mêmes regrets. Le soir venu,
164
ur obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour
Iseut
. Ici se place le court dialogue si dramatique entre l’ermite et les d
165
a réponse favorable du roi acceptant de reprendre
Iseut
: Dex ! dist Tristan, quel departie ! Mot est dolenz qui pert s’amie
166
le réponse demeure ici digne du mythe. Tristan et
Iseut
ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment,
167
aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la Blonde. Et
Iseut
ne fait rien pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit d’un rê
168
: celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celui d’
Iseut
aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est l’obs
169
nne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et
Iseut
. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité
170
r limité à cette durée l’action du philtre : « La
mère Iseut
qui le bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne
171
ne conçoit pas que Tristan puisse jamais épouser
Iseut
. Elle est le type de femme qu’on n’épouse point, car alors on cessera
172
res. Lorsque Tristan soupire à voix basse après l’
Iseut
perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de
173
mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et
Iseut
pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent de toute leur vo
174
ythe. Amour réciproque, en ce sens que Tristan et
Iseut
« s’entr’aiment », ou du moins, qu’ils en sont persuadés. Et il est v
175
e tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ;
Iseut
livrée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Trist
176
oigne. — Longue séparation, mariage de Tristan. —
Iseut
approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résumons encore : une s
177
n. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis mort d’
Iseut
. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre vie)
178
rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’
Iseut
. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est une mal
179
par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan et
Iseut
) est le signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps.
180
t et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (L’
Iseut
celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, specta
181
voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’
Iseut
le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait
182
uait avec profondeur que le roman de Tristan et d’
Iseut
rend un son particulier, qui ne se trouve guère dans la littérature d
183
s cruel conflit, lorsqu’au soir de ses noces avec
Iseut
aux blanches mains, il ne peut se résoudre à posséder sa femme : « Tr
184
e résoudre à posséder sa femme : « Tristan désire
Iseut
aux blanches mains pour son nom et pour sa beauté, car, quelle qu’eût
185
dont il doublera son tourment. » Du seul fait qu’
Iseut
aux blanches mains est devenue sa femme légitime, il ne doit plus et
186
ur ; c) il décide que le mariage de Tristan avec
Iseut
aux blanches mains ne fut pas « blanc », mais consommé. Son long poèm
187
nteurs ou les parjures étaient brûlés. On sait qu’
Iseut
, soupçonnée de trahir sa fidélité au roi Marc, s’offre au jugement pa
188
ried. c) Le mariage « consommé » avec la seconde
Iseut
rétablit le parallèle — évité par Thomas — avec le mariage sans amour
189
r d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité d’
Iseut
, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une ver
190
s avons perdu le monde, et le monde nous », gémit
Iseut
(dans le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde enti
191
nt à une nécessité tout intérieure de la passion.
Iseut
est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose, le symbole de l
192
ur. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’
Iseut
, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mari
193
qu’il acceptera le « mariage blanc » avec l’autre
Iseut
— l’autre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser la communion
194
quand, le philtre ayant cessé d’agir, Tristan et
Iseut
vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui s
195
e repentent (c’est la première et dernière fois).
Iseut
va revenir à l’époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tand
196
me » selon la formule des manuels. Dans le cas où
Iseut
ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir
197
t extérieur. Ainsi nous avons vu que Tristan aime
Iseut
non point dans sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui la brû
198
ée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’
Iseut
lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’a
199
dans la forêt. Tristan avait le recours de rendre
Iseut
à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. Souffrant de ce
200
dont nous possédons les lettres à Abélard, évoque
Iseut
, Juliette et Mlle de Lespinasse, beaucoup plus que Julie d’Étange. Et
201
re possédé. Nous savions que Tristan n’aimait pas
Iseut
pour elle-même, mais seulement pour l’amour de l’Amour dont sa beauté
202
le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
Iseut
, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deu
203
c’est la brûlure d’amour plus que la possession d’
Iseut
. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et co
204
et se rend méprisable. Mais Tristan, s’il enlève
Iseut
, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était « faute » et ne pou
205
erce, c’est-à-dire par la nouveauté. 4.Épouser
Iseut
? Supposons maintenant que, malgré tout, l’homme parvienne à se fi
206
de son désir et, de sa plus secrète nostalgie, l’
Iseut
du rêve205 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il l
207
blic) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette
Iseut
une fois épousée ? Une nostalgie que l’on chérissait est-elle encore
208
est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car
Iseut
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce
209
uffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène
Iseut
dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la
210
que s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
Iseut
n’était rien que le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était
211
ératrice des liens terrestres. Il fallait donc qu’
Iseut
fût l’Impossible, car tout amour possible nous ramène à ces liens, no
212
sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs
Iseut
? Pourtant ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la
213
cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’
Iseut
, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchireme
214
de notre nostalgie) est la meilleure définition d’
Iseut
. L’amour-passion veut « la Princesse lointaine » tandis que l’amour c
215
du point de vue des romantiques — si l’on croit à
Iseut
— soit du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son œuvre —
216
s comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’
Iseut
toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je veux
217
simplement celui qui a reconnu dans sa femme une
Iseut
? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes é
218
s courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas
Iseut
mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la
219
être symbolique, ce beau prétexte, qui s’appelle
Iseut
, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’«
220
t la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’
Iseut
c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c’étai
221
eptionnelle en apparence : le mythe de Tristan et
Iseut
. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple éclatant et « banal » —
222
e européen de l’adultère : le Roman de Tristan et
Iseut
. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans la confusion des m
223
d ici toute sa force : la passion de Tristan et d’
Iseut
est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie. C’est
224
réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et
Iseut
, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomène qu’il illustre
225
de-t-il d’avouer son nom et l’origine de son mal.
Iseut
, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelque
226
par le monstre, Tristan est soigné de nouveau par
Iseut
. Un jour, cette princesse découvre que le blessé n’est autre que le m
227
révèle la mission dont le roi Marc l’a chargé. Et
Iseut
lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon certains auteurs, c’
228
e du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’
Iseut
comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eilhart,
229
la mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc
Iseut
à Marc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à Iseut par ruse,
230
arc, malgré leur trahison. Brangien, substituée à
Iseut
par ruse, passera la première nuit nuptiale avec le roi, sauvant ains
231
félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et d’
Iseut
. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène du ve
232
de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite.
Iseut
sera livrée à une troupe de lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’
233
rt. Il s’évade (scène de la chapelle). Il délivre
Iseut
, et avec elle s’enfonce dans la forêt de Morois. Trois ans durant, il
234
inq versions). Alors seulement Tristan se repent,
Iseut
se met à regretter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’en
235
amants se séparent à l’approche du cortège royal.
Iseut
supplie encore Tristan de demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit
236
er, « pour son nom et pour sa beauté »4 une autre
Iseut
, l’Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vie
237
r son nom et pour sa beauté »4 une autre Iseut, l’
Iseut
« aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge, car
238
et, Tristan la laissera vierge, car il regrette «
Iseut
la bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette
239
aisseau arbore une voile blanche, signe d’espoir.
Iseut
aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par la jalousie,
240
ui annonce que la voile est noire. Tristan meurt.
Iseut
la blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps
241
réduisent à fort peu de choses : Tristan conduit
Iseut
au roi parce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; — les amant
242
ce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse
Iseut
aux blanches mains « pour son nom et pour sa beauté ». Maintenant, ce
243
e extérieure ne saurait donc l’empêcher d’enlever
Iseut
et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du
244
oserait à son retour auprès du roi, donc auprès d’
Iseut
… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiie sièc
245
n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’
Iseut
… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux époux ? A
246
heur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre
Iseut
« pour son nom et pour sa beauté » mais cependant la laisse vierge, n
247
Un moderne commentateur du Roman de Tristan et
Iseut
veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et le devoir ». Cett
248
fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent
Iseut
au roi Marc : ils devraient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et
249
tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’
Iseut
à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage blanc
250
ent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever
Iseut
, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est
251
l’audace de poser la question : Tristan aime-t-il
Iseut
? Est-il aimé par elle ? (Seules les questions « stupides » peuvent n
252
ventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’
Iseut
, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche host
253
ié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et
Iseut
après lui : Sire, por Dieu omnipotent, Il ne m’aime pas, ne je lui,
254
en beles chambres… portendues de dras de soie ».
Iseut
de son côté, à la même heure, conçoit les mêmes regrets. Le soir venu
255
ur obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour
Iseut
. Ici se place le court dialogue si dramatique entre l’ermite et les d
256
a réponse favorable du roi acceptant de reprendre
Iseut
: Dex ! dist Tristan, quel départie ! Mot est dolenz qui pert s’amie
257
le réponse demeure ici digne du mythe. Tristan et
Iseut
ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment,
258
aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la Blonde. Et
Iseut
ne fait rien pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit d’un rê
259
: celui d’Iseut la Blonde avec le roi, et celui d’
Iseut
aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est l’obs
260
nne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et
Iseut
. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité
261
r limité à cette durée l’action du philtre : « La
mère Iseut
qui le bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne
262
ne conçoit pas que Tristan puisse jamais épouser
Iseut
. Elle est le type de femme qu’on n’épouse point, car alors on cessera
263
res. Lorsque Tristan soupire à voix basse après l’
Iseut
perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de
264
mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et
Iseut
pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent de toute leur vo
265
ythe. Amour réciproque, en ce sens que Tristan et
Iseut
« s’entr’aiment », ou du moins, qu’ils en sont persuadés. Et il est v
266
e tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ;
Iseut
livrée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Trist
267
oigne. — Longue séparation, mariage de Tristan. —
Iseut
approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résumons encore : une s
268
n. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis mort d’
Iseut
. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre vie)
269
rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’
Iseut
. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est une mal
270
par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan et
Iseut
) est le signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps.
271
t et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (L’
Iseut
celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, specta
272
voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’
Iseut
le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait
273
uait avec profondeur que le roman de Tristan et d’
Iseut
rend un son particulier, qui ne se trouve guère dans la littérature d
274
s cruel conflit, lorsqu’au soir de ses noces avec
Iseut
aux blanches mains, il ne peut se résoudre à posséder sa femme : « Tr
275
e résoudre à posséder sa femme : « Tristan désire
Iseut
aux blanches mains pour son nom et pour sa beauté, car, quelle qu’eût
276
dont il doublera son tourment. » Du seul fait qu’
Iseut
aux blanches mains est devenue sa femme légitime, il ne doit plus et
277
ur ; c) il décide que le mariage de Tristan avec
Iseut
aux blanches mains ne fut pas « blanc », mais consommé. Son long poèm
278
nteurs ou les parjures étaient brûlés. On sait qu’
Iseut
, soupçonnée de trahir sa fidélité au roi Marc, s’offre au jugement pa
279
ried. c) Le mariage « consommé » avec la seconde
Iseut
rétablit le parallèle — évité par Thomas — avec le mariage sans amour
280
r d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité d’
Iseut
, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une ver
281
s avons perdu le monde, et le monde nous », gémit
Iseut
(dans le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde enti
282
nt à une nécessité tout intérieure de la passion.
Iseut
est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose, le symbole de l
283
ur. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’
Iseut
, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mari
284
qu’il acceptera le « mariage blanc » avec l’autre
Iseut
— l’autre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser la communion
285
quand, le philtre ayant cessé d’agir, Tristan et
Iseut
vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui s
286
e repentent (c’est la première et dernière fois).
Iseut
va revenir à l’époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tand
287
me » selon la formule des manuels. Dans le cas où
Iseut
ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siècles à venir
288
t extérieur. Ainsi nous avons vu que Tristan aime
Iseut
non point dans sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui la brû
289
ée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’
Iseut
lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de
290
dans la forêt. Tristan avait le recours de rendre
Iseut
à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. Souffrant de ce
291
dont nous possédons les lettres à Abélard, évoque
Iseut
, Juliette et Mlle de Lespinasse, beaucoup plus que Julie d’Étange. Et
292
re possédé. Nous savions que Tristan n’aimait pas
Iseut
pour elle-même, mais seulement pour l’amour de l’Amour dont sa beauté
293
le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
Iseut
, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deu
294
c’est la brûlure d’amour plus que la possession d’
Iseut
. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et co
295
et se rend méprisable. Mais Tristan, s’il enlève
Iseut
, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était « faute » et ne pou
296
erce, c’est-à-dire par la nouveauté. 4.Épouser
Iseut
? Supposons maintenant que, malgré tout, l’homme parvienne à se fi
297
e de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’
Iseut
du rêve191 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il l
298
blic) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette
Iseut
une fois épousée ? Une nostalgie que l’on chérissait est-elle encore
299
est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car
Iseut
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce
300
uffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène
Iseut
dans la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la
301
que s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
Iseut
figurait le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort
302
ératrice des liens terrestres. Il fallait donc qu’
Iseut
fût l’Impossible, car tout amour possible nous ramène à ces liens, no
303
sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs
Iseut
? Pourtant ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la
304
cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’
Iseut
, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchireme
305
e notre nostalgie), est la meilleure définition d’
Iseut
. L’amour-passion veut « la Princesse lointaine » tandis que l’amour c
306
du point de vue des romantiques — si l’on croit à
Iseut
— soit du point de vue du clerc parfait — si l’on croit à son œuvre —
307
s comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’
Iseut
toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je veux
308
simplement celui qui a reconnu dans sa femme une
Iseut
? Lorsque l’amant de la légende manichéenne a traversé les grandes ép
309
s courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas
Iseut
mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la
310
t être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle
Iseut
, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’«
311
t la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’
Iseut
c’était l’angoisse d’être deux\ et son aboutissement suprême, c’était
312
pouvoir attribuer aux personnages de Tristan et d’
Iseut
(ou Essylt) dans la mythologie celtique. Dès le viie siècle, Tristan
313
r exemple, dans laquelle Tristan fou veut emmener
Iseut
, était dans la mythologie druidique le vaisseau de la mort qui s’en v
314
significatives. Dans Tristan, c’est la jalousie d’
Iseut
aux blanches mains qui provoque la catastrophe, tandis que dans Girar
315
r on n’a pas oublié que Tristan épouse la seconde
Iseut
alors qu’il croit que la première le néglige. Ce n’est point tant la
316
former sérieusement notre conception des amours d’
Iseut
et de Tristan, nous ne pouvons avoir de doutes sur la nature des sent
317
former sérieusement notre conception des amours d’
Iseut
et de Tristan »… 6.Freud et les surréalistes Sur les relations
318
ude et triomphante, et des vaisseaux qui ramènent
Iseut
dans le silence d’un midi d’été nordique, à l’heure de mourir dans un
319
même et du plaisir. C’est ce qui jette Tristan et
Iseut
dans la mort, souhaitée comme un suprême accomplissement. La passion
320
ès la fin du même siècle : le Roman de Tristan et
Iseut
. Du Midi des troubadours, inventeurs de notre lyrisme, au Nord des Tr
321
tous les interdits moraux, sociaux et religieux ;
Iseut
trahit tous ses serments sacrés, et dans la scène de l’ordalie par le
322
e sa fiancée perdue. Sur la tombe de Tristan et d’
Iseut
, deux plantes en une nuit s’élèvent et s’enlacent. Et ce symbole disc
323
être, jusqu’au sacrifice éperdu. Alors je ferai d’
Iseut
l’absolu du désir, et elle le sera tant qu’un obstacle réel ou non en
324
ès la fin du même siècle : le Roman de Tristan et
Iseut
. Du Midi des troubadours, inventeurs de notre lyrisme, au Nord des Tr
325
tous les interdits moraux, sociaux et religieux ;
Iseut
trahit tous ses serments sacrés, et dans la scène de l’ordalie par le
326
e sa fiancée perdue. Sur la tombe de Tristan et d’
Iseut
, deux plantes en une nuit s’élèvent et s’enlacent. Et ce symbole disc
327
être, jusqu’au sacrifice éperdu. Alors je ferai d’
Iseut
l’absolu du désir, et elle le sera tant qu’un obstacle réel ou non en
328
s personnages du drame, ces Tristan séparés d’une
Iseut
« interdite » par un roi Marc, qui est la Morale commune, la Société
329
ta avait aimé le narrateur, si elle avait été son
Iseut
, le roman réaliste eût fait place au poème et la satire sociale au ly
330
spoir. Mais quelle peut être la nature de cette «
Iseut
» inaccessible, dont il semble être le Tristan ? Et quel est le roi M
331
un après l’autre, avec une mystérieuse précision.
Iseut
la guérisseuse, la nostalgie lointaine, la maîtresse clandestine, int
332
de passion qu’on aime d’abord, en soi, plutôt qu’
Iseut
l’inaccessible. Cet état dans lequel les vrais amants, poètes, mystiq
333
t-il pas l’inaccessible, et toute femme aimée une
Iseut
, même si nul interdit moral ou nul tabou ne vient symboliser, pour le
334
éra) comme un amour dédié à sa propre âme81, dont
Iseut
ne serait que l’image sensible, — et c’est pourquoi j’ai osé dire que
335
t pourquoi j’ai osé dire que Tristan n’aimait pas
Iseut
— cette passion n’est-elle pas mieux vue si l’on évoque les Fravartis
336
est tristanien dans son nationalisme altier. Son
Iseut
, c’est la France — il est bien près de le dire en plus d’une page de
338
aie victime du mythe n’est pas Tristan, n’est pas
Iseut
, et n’est pas non plus leur passion, qui triomphe au contraire de tou
339
, gagné l’amour. Le mari, lui, a partagé la vie d’
Iseut
. Il reste seul vivant, mais sans amour. Aux yeux du mythe, il est per
340
nts légendaires — le principal étant le mariage d’
Iseut
avec le Roi, père adoptif du héros —, il n’y aurait pas de roman, ni
341
evalier. Et l’on recule épouvanté devant l’idée d’
Iseut
devenant Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en somm
342
e version renouvelée de l’archétype de Tristan et
Iseut
. Ils cherchent donc partout l’obstacle qui résiste, et n’en trouvent
343
ustement dont triomphe la passion de Tristan et d’
Iseut
: et c’est la mort. J’ai laissé jusqu’ici dans l’ombre cet aspect tro
344
e qui se passe trois jours après la mort d’amour.
Iseut
n’évoque-t-elle point cette forme de lumière qu’on ne rejoint que dan
345
nt bien mérité, mais de l’âme. t. « Tristan et
Iseut
à travers le temps », Bulletin de l’Académie royale de langue et litt
346
intéressantes théories sur le roman de Tristan et
Iseut
, en réponse à M. Maurice Delbouille qui avait traité le même thème. Q
347
invitant à sa tribune, pour y évoquer Tristan et
Iseut
sous un angle tout différent, M. Denis de Rougemont, qui a traité, lu
348
nt, qui a traité, lui, du « mythe » de Tristan et
Iseut
dans plusieurs ouvrages. M. Robert Guiette, directeur de l’Académie,
349
s personnages du drame, ces Tristan séparés d’une
Iseut
« interdite » par un roi Marc qui est la Morale commune, la Société o
350
ta avait aimé le narrateur, si elle avait été son
Iseut
, le roman réaliste eût fait place au poème et la satire sociale au ly
351
spoir. Mais quelle peut être la nature de cette «
Iseut
» inaccessible, dont il semble être le Tristan ? Et quel est le roi M
352
un après l’autre, avec une mystérieuse précision.
Iseut
la guérisseuse, la nostalgie lointaine, la maîtresse clandestine, int
353
de passion qu’on aime d’abord, en soi, plutôt qu’
Iseut
l’inaccessible. Cet état dans lequel les vrais amants, poètes, mystiq
354
t-il pas l’Inaccessible, et toute femme aimée une
Iseut
, même si nul interdit moral ou nul tabou ne vient symboliser, pour le
355
Gaulle est tristanien dans son nationalisme. Son
Iseut
, c’est la France, il est bien près de le dire en plus d’une page de s
356
: car il est inconcevable à jamais que Tristan et
Iseut
se marient et s’ils le font pourtant, ce ne sera qu’apparence. La vér
357
ra) comme un amour dédié à sa propre âme114, dont
Iseut
ne serait que l’image sensible, — et c’est pourquoi j’ai osé dire que
358
t pourquoi j’ai osé dire que Tristan n’aimait pas
Iseut
— cette passion n’est-elle pas mieux vue si l’on évoque les Fravarti
359
enir une passion. Et c’est le roman de Tristan et
Iseut
qui restera le prototype éternel de l’amour-passion qui se nourrit d’
360
les invente au besoin : Tristan aurait pu garder
Iseut
aux cheveux d’or qu’il est allé conquérir pour son roi : les mœurs du
361
aux autres. Or il n’use pas de ce droit et livre
Iseut
au roi Marc. Quand Tristan et Iseut, chassés de la cour de Marc viven
362
roit et livre Iseut au roi Marc. Quand Tristan et
Iseut
, chassés de la cour de Marc vivent seuls dans la forêt, ils dorment p
363
Enfin, malgré son amour toujours aussi fort pour
Iseut
aux cheveux d’or, Tristan accepte pour la deuxième fois de la rendre
364
de la rendre au roi et décide d’épouser lui-même
Iseut
aux blanches mains. Le roman de Tristan est en somme une longue suite
365
rc est devenu le cocu, Tristan, le jeune premier,
Iseut
, l’épouse insatisfaite et oisive) ; l’adultère devient un sujet de dé
366
nne à se fixer sur un type, rencontre un jour son
Iseut
? Admettons ! Il rencontre cette femme, il reconnaît son Iseut. Elle
367
tons ! Il rencontre cette femme, il reconnaît son
Iseut
. Elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, il l’épouse ! Avec
368
l’entourage : l’amant comblé va-t-il encore aimer
Iseut
une fois épousée ? Car Iseut, c’est toujours l’étrangère, c’est la fe
369
va-t-il encore aimer Iseut une fois épousée ? Car
Iseut
, c’est toujours l’étrangère, c’est la femme dont on est séparé : on l
370
bras d’un autre). Cet amour-passion de Tristan et
Iseut
qui se dénouait dans la mort, se dénouera alors un jour ou l’autre da
371
tre et agir pour ce bien. L’amour de Tristan et d’
Iseut
, et la passion, c’est l’angoisse d’être deux. L’amour dans le mariage
372
a « princesse lointaine ». Le roman de Tristan et
Iseut
, un peu plus tard, va fixer pour des siècles le modèle de presque tou
373
ologie des amants, lorsque Tristan déposera entre
Iseut
et lui, chassés dans la forêt et libres de s’abandonner à leur amour,
374
roman : Tristan est simplement « le plus fort »,
Iseut
« la plus belle et blonde »). Si bien qu’on est en droit de dire que
375
’on est en droit de dire que Tristan n’aime pas l’
Iseut
réelle, ni Iseut le Tristan réel, mais que l’un et l’autre n’aiment e
376
L’erreur fondamentale, c’est de vouloir « épouser
Iseut
». Car la passion n’est pas comme on l’imagine volontiers un super-am
377
e toujours entre le sujet et l’objet — Tristan et
Iseut
— un roi Marc qui les sépare : la morale, la société, le père, le mar
378
rêve — l’amour-passion — est né avec « Tristan et
Iseut
» et que, depuis des siècles, nous vivons sous l’emprise de ce mythe
379
u’à des permissions extérieures. Voyez Tristan et
Iseut
. Quand ils ont supprimé l’obstacle qui empêchait et exaltait à la foi
380
a fois leur passion (présence du roi Marc, mari d’
Iseut
), quand ils se retrouvent seuls dans la forêt, ils inventent un autre
381
ion est toujours possible. Le mythe de Tristan et
Iseut
est assez rusé pour se reproduire, quelles que soient les circonstanc
382
aulle fut le Tristan de la passion nationale. Son
Iseut
, c’est la France, et il est près de le dire dans plus d’une page de s
383
même et du plaisir. C’est ce qui jette Tristan et
Iseut
dans la mort, souhaitée comme un suprême accomplissement. La passion
384
lement, j’ai découvert que le mythe de Tristan et
Iseut
est l’ennemi intime du mariage et du couple. C’est un mythe un peu dé
385
troubadours, Héloïse et Abélard, puis Tristan et
Iseut
, prototype éternel de l’amour-passion : et c’est de là que viennent t
386
nable, mais de ses dégradations. Peut-on imaginer
Iseut
devenant Mme Tristan ! Mais Tristan et Iseut n’ont-ils pas été mervei
387
iner Iseut devenant Mme Tristan ! Mais Tristan et
Iseut
n’ont-ils pas été merveilleusement heureux ? Ils ont été merveilleuse
388
ans le mythe de Tristan, l’obstacle est l’époux d’
Iseut
, le roi Marc. Dans Lolita, c’est l’âge (12 ans) de la jeune nymphette
389
e couple idéal ? Je voudrais que Tristan découvre
Iseut
, qu’Iseut découvre Tristan, et qu’ils sachent leurs noms. Je voudrais
390
déal ? Je voudrais que Tristan découvre Iseut, qu’
Iseut
découvre Tristan, et qu’ils sachent leurs noms. Je voudrais qu’ils ce
391
les femmes qu’on aime d’amour-passion, toutes les
Iseut
sont des femmes rêvées, les produits d’une projection. Vous n’aimez p
392
auvain, Perceval, la belle histoire de Tristan et
Iseut
». Aux exemples qu’il donne (Cercamon, Barbezieux, et le roman de Fla
393
amoureux Tristan Qui endura maints tourments Pour
Iseut
la blonde Ah Dieu, que ne suis-je aronde Pour traverser l’air D’un vo
394
s lettres de ce Tristan châtié et repenti à cette
Iseut
devenue abbesse malgré elle, mais qui s’en tient avec obstination à s
395
ulpabilité. Et lorsqu’il couche par accident avec
Iseut
, qui est la femme promise de son « père », c’est-à-dire du roi Marc,
396
le philtre, ce haschich de l’époque. Il a conquis
Iseut
de haute lutte. Il aurait droit (selon d’anciennes coutumes) à sa pos
397
edevient le plus faible, et il choisit de faire d’
Iseut
l’épouse de Marc, son véritable « père » coutumier. Du même coup, il
398
é, il s’en va vers l’Irlande où il est soigné par
Iseut
, et lorsqu’il revient à la cour de Tintagel « le roi l’établit maître
399
ois. » Il envoie donc son neveu à la « queste » d’
Iseut
, qu’il veut pour femme, sachant bien que Tristan risque sa vie s’il r
400
ie en Irlande plutôt pour y mourir que pour avoir
Iseut
. » Mais il n’en jure pas moins devant Dieu « qu’il fera tout ce qui e
401
: « Tristan vous avez tant fait…, je vous remets
Iseut
pour vous ou pour votre oncle. » Tous ces géants, dragons et traîtres
402
es relations triangulaires entre Tristan, Marc et
Iseut
. Ces contradictions sont illustrées par tous les épisodes du roman, e
403
tidienne partagée). Si Tristan décidait de garder
Iseut
pour lui, il violerait le tabou courtois. S’il couchait avec elle mar
404
ien là son « âpre tourment », soit qu’il retrouve
Iseut
ou qu’il se sépare d’elle ; soit qu’il vive avec elle dans la forêt,
405
compliqués de drogue) comme celui de Tristan et d’
Iseut
. La passion une fois déclarée exige beaucoup plus que cette satisfact
406
ésence de deux êtres. Dans le cas de Tristan et d’
Iseut
, il en va bien ainsi, selon Thomas ; mais selon Béroul, c’est le phil
407
ison Ge ne me pus de lié partir N’ele de moi… Et
Iseut
: Il ne m’aime pas, ne je lui. Fors par un herbe dont je bui Et il e
408
poison »…), et quand l’amant se retrouve devant l’
Iseut
réelle, il s’aperçoit que ce n’est pas elle qu’il a aimée. On sait le
409
t son épée et sa harpe. Cela finit en Irlande, où
Iseut
le guérit. Le deuxième voyage, en quête de la fiancée de Marc, répète
410
cains baptisent « voyage » : c’est le retour avec
Iseut
, la scène du philtre, « la poison » bue. Le dernier est celui d’Iseut
411
hiltre, « la poison » bue. Le dernier est celui d’
Iseut
voguant vers son amant pour tenter de le guérir d’une nouvelle blessu
412
ois blessures liées à des navigations solitaires,
Iseut
intervient pour guérir Tristan des effets du poison, puis ils sont de
413
t-il pas l’inaccessible, et toute femme aimée une
Iseut
, même si nul interdit moral ou nul tabou ne vient symboliser, pour le
414
La Merveilleuse histoire de Tristan et
Iseut
[préface] (1973)af Gaston Paris, Joseph Bédier, Ernest Vinaver, et
415
aie victime du mythe n’est pas Tristan, n’est pas
Iseut
, et n’est pas non plus leur passion, qui triomphe au contraire de tou
416
ie, gagné l’amour. Le mari, lui, partage la vie d’
Iseut
. Il reste seul vivant, mais sans amour. Aux yeux du mythe, il est per
417
nts légendaires — le principal étant le mariage d’
Iseut
avec le Roi, père adoptif du héros —, il n’y aurait pas de roman, ni
418
evalier. Et l’on recule épouvanté devant l’idée d’
Iseut
devenant Madame Tristan ! C’est pourtant bien à cela que nous en somm
419
e version renouvelée de l’archétype de Tristan et
Iseut
. Ils cherchent donc partout l’obstacle qui résiste, et n’en trouvent
420
ustement dont triomphe la passion de Tristan et d’
Iseut
: et c’est la mort. ⁂ J’ai laissé jusqu’ici dans l’ombre cet aspect,
421
e qui se passe trois jours après la mort d’amour.
Iseut
n’évoque-t-elle point cette forme de lumière qu’on ne rejoint que dan
422
’après Thomas : « Puis il a dit trois fois : Amie
Iseut
! À la quatrième, il a rendu l’esprit. » (Bédier : « Il rendit l’âme.
423
ris. af. La Merveilleuse histoire de Tristan et
Iseut
, Gallimard, 1973, p. 8-25. Préface à l’édition d’André Mary.
424
t le Moyen Âge courtois et le roman de Tristan et
Iseut
, qui contient d’ailleurs tant de réminiscences de l’Antiquité : ce so
425
éloïse et Abélard apparaît le roman de Tristan et
Iseut
. Plusieurs allusions dans des poésies de troubadours datant du milieu
426
rs instants, va peser sur l’amour de Tristan et d’
Iseut
. Car le trio Tristan-Iseut-roi Marc correspond non pas, certes, en vé
427
de Marc. Chargé par ce dernier de la « quête » d’
Iseut
, c’est ainsi de sa future « mère » légale qu’il tombe passionnément a
428
est le plus fort des chevaliers et qui a conquis
Iseut
par valeur et prouesse, serait en droit de la garder pour lui selon l
429
re — celui qui interdit la Mère au Fils. De même,
Iseut
peut devenir la Béatrice de Dante ou la Laure de Pétrarque, la prince
430
t l’Angleterre celtique. La légende de Tristan et
Iseut
reste le prototype éternel de l’Amour, inventé par la poésie du Midi
431
hèdre le même langage que la servante Brangaine à
Iseut
: Vous aimez. On ne peut vaincre sa destinée : Par un charme fatal
432
renouvelée de l’archétype courtois de Tristan et
Iseut
. Ils cherchent partout l’obstacle qui résiste et ils n’en trouvent pl
433
stement — et je l’ai prouvé —, Tristan n’aime pas
Iseut
. Il aime l’amour dans lequel l’identité d’Iseut s’anéantit et dispara
434
s Iseut. Il aime l’amour dans lequel l’identité d’
Iseut
s’anéantit et disparaît. Tristan pénètre dans cet état passionnel grâ
435
sait… De Gaulle était une sorte de Tristan dont l’
Iseut
aurait été la France. Il le dit d’ailleurs dès les premières lignes d
436
mplaires. »ba Et de même que Tristan n’aimait pas
Iseut
mais l’amour, de Gaulle méprisa les Français pour n’adorer que la Fra
437
qui est une méditation sur le mythe de Tristan et
Iseut
, sur le goût des Occidentaux pour l’amour impossible, et votre action
438
l’amour-passion dont l’archétype reste Tristan et
Iseut
. En lisant leur histoire attentivement, on constate que Tristan n’aim
439
attentivement, on constate que Tristan n’aime pas
Iseut
; il aime seulement aimer, être amoureux et il projette sur elle son
440
la France, cette « Princesse de légendes », cette
Iseut
que, tel Tristan, il n’aime jamais autant que lorsqu’il s’en voit sép
441
-dire au xiie siècle, par le mythe de Tristan et
Iseut
. L’amour qui unit ces deux héros, je l’ai défini comme se nourrissant
442
ns la mort que les amants légendaires, Tristan et
Iseut
, trouveront le couronnement de leur passion, la « joie suprême » que
443
r les troubadours et du grand mythe de Tristan et
Iseut
dont le sens ultime est que Tristan n’aime pas Iseut dans sa réalité.
444
ut dont le sens ultime est que Tristan n’aime pas
Iseut
dans sa réalité. Ce qu’il aime, c’est aimer, être aimé, être intoxiqu