1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 pprochement est peut-être prématuré, tout au plus peut -on dire qu’à l’heure présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès,
2 s’est même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la
3 l’esprit sportif. « On se fait son unité comme on peut  », avoue-t-il franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir uni
4 la formation du caractère, en définitive. Mais on peut oublier la partie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui est pas ind
5 Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : «  Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades qu
6 thique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mieux la démocra
7 in : « Formez des jeunes filles assez fortes pour pouvoir tout lire, et il n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce
8 plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort sur ce qui doit
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
9 f remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’on a pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la façon
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
10 soldats déjà légendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son li
11 u la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourrait se définir : la lutte d’un tempérament avec la réalité. Tantôt c’est
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
12 es tricheries plus ou moins conscientes M. Breton peut -il préconiser l’existence d’une littérature fondée sur de tels princi
13 ronie qui sauva Dada du ridicule le cède ici à un ton de mage qui ne fera plus longtemps impression. C’est grand dommage po
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
14 On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’es
15 ne certaine harmonie générale dans le récit et le ton , surtout dans la première partie, qui est confuse. Non pas que le rom
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
16 tion asiatique » étant une question politique. On peut prévoir que si le bouddhisme jouit un jour d’un renouveau, c’est à qu
17 une représentation vague et poétique. « Orient…, toi qui n’as qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Or
18 qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond Japon et
19 (Mais le christianisme, religion missionnaire, ne peut nous donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son princip
20 s chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion romaine (ce christianisme médi
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
21 ardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quelque
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
22 raire, problème de la personnalité. Leur Prologue pourrait presque aussi bien être celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
23 ent chrétien sur le mysticisme naturiste ». Il ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à découvrir dans
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
24 n en faveur du passé, révolution tout de même, ne pouvait produire qu’une littérature très neuve de forme et traditionaliste d’
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
25 n Kessel ont donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écr
26 est sûr que ça brûle bien. Quel sujet plus riche pouvait -on rêver pour un psychologue de la puissance de Walpole, que l’âme ru
27 sa patrie. Une effroyable acceptation, mais elle peut se muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne détermine l
12 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
28 les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être
29 la revanche du fameux scrupule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit
13 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
30 es pays nouveaux ou chute irrémédiable. Peut-être pouvons -nous choisir encore entre un ressaisissement profond et la ruine. Mai
31 i en la valeur de l’action. C’est pourquoi ils ne peuvent prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est aussi pour
32 jourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent ne pas pouvoir les séparer. On n’écrit plus pour s’amuser : ni pour amuser un public
33 t une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’est trompée
34 Connaissance intégrale et culture de soi, telle peut être l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’a pas fallu lo
35 nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions -nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel tout apparaît
36 remords, ni le respect de moi ni de mes rêves, ni toi , triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre
14 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
37 férences et autant de cultes en trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’a pas connu l’atmosphère particulière à ces
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
38 e grabuge, qu’il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’es
16 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
39 e Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien dire du diable et se termina sous le plus beau soleil de printem
40 — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de liberté,
41 tonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur façon de jouer le volley-ball ? Le C
17 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
42 profond de l’homme, la vertu conservatrice qui ne peut dicter que les gestes les plus favorables. J’ai d’autres instincts et
43 iel dans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or
44 difie son objet vivant. Pour moi, la sincérité ne peut être que spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des idées
45 Je m’étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuader de la vérité d’un système, hors la religion. Un s
18 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
46 ’est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perpétuelle palpitati
47 elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les victorie
48 gaud ! » Il l’apostrophait ainsi tout bas, sur un ton révérenciel, et comme on déroule une litanie. Sous les grands cils br
49 s une sorte de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée de
50 lui-là. Et c’est un moraliste de grande race, qui peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orguei
51 ce physique, un mouvement vers la vie ardente qui peut entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est-ce point une solution
19 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
52 intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne peut plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous à demi-européanis
53 comme type d’individu européen Robert de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’il dit des Égyptiens : « Le mensonge, a
54 r, comment se comprendre, et si c’est impossible, pourra-t -on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malg
55 les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il ne p
56 is, d’une certaine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un pe
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
57 tente de prouver par exemple que l’œuvre d’art ne peut être un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit : « II
58 teur dans cet essai me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou
59 t de la philosophie. Pour nous prémunir contre le pouvoir d’analyse — une analyse qui retient les éléments de la personnalité m
21 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
60 tiré par des bœufs blancs. Comme une apparition. ( Tu parlais de chromos, de romantisme… nous voici dans une réalité bien p
61 ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à nos sens, fatigués
62 us les tableaux dans le noir des musées ! — et si tu veux soudain le son grave de l’infini, pour être seul parmi la foule,
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
63 upportable : « Orpha ne comprenait pas comment on pouvait tant souffrir et ne plus aimer ». Closain se tue pour finir le livre.
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
64 çais qui lui répond de Chine. Nous sommes loin du ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non sans quelque aigreur,
65 je crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire aux critiques du Chinois et sympathiser avec son idéal de c
24 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
66 u jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode d’observation et de déduction
67 d’observation et de déduction passablement sèche pourrait nous donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opéra
68 aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’on peut tirer par une sorte de passage à la limite que les faits justifient :
69 plan littéraire avec le plan moral. Telle action peut paraître gratuite au lecteur parce qu’il ne sait pas tout sur le pers
70 ns des fourrures, personne ne sait la richesse de ta vie…). J’écris ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je r
71 onisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souve
72 iens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à
73 n de moi-même. Par les fissures, un instant, j’ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et
74 ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui est la négation de tout pro
75 ens de son intérêt propre, une analyse sincère ne puisse faire découvrir quelques richesses et ne serve parfois de contrôle ef
76 morale : défaitisme quand il s’agit de gestes qui pourraient entraîner des effets imprévisibles, « réalisme » décourageant, et, bi
77 ors impossible de faire rien qui ne soit sincère. Peut -on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se prendre à ses pr
78 avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon,
79 reste fort bien les jalons de cette recherche) : Puissiez -vous avouer moins de sincérité et montrer plus de style. (Georges Duh
80 léry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’ avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’o
81 oquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’offrais un visage un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour
82 douloureuse encore. Pitoyable, trop visiblement, tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie me mont
83 ent vrai, tyrannique, insuffisant. Mais un pli de ta lèvre, un peu sceptique, quand mon esprit partait dans le rêve d’un i
84 de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’ ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies émana
85 ant que ma joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait se satisfaire de telle possession particulière, ne pouvait non plus s
86 e satisfaire de telle possession particulière, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vi
87 ulière, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnai
25 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
88 à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous éprou
89 un… Et, peut-être, la considération du « déluge » peut -elle faire réfléchir utilement sur ses causes…   Nous ne proposerons
90 llettrienne. Que sommes-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos h
26 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
91 ux que certaines envolées magnifiques et hagardes pourraient enthousiasmer il leur réserve mieux encore : après une kyrielle d’inj
92 et les Lèvres, à qui ses compagnons criaient : «  Te fais-tu le bouffon de ta propre détresse ? » Tant d’insistance dans l
93 Lèvres, à qui ses compagnons criaient : « Te fais- tu le bouffon de ta propre détresse ? » Tant d’insistance dans le mauvai
94 compagnons criaient : « Te fais-tu le bouffon de ta propre détresse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût ne m’empêc
27 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
95 âlissants Des bouquets de vagues brumes. Insulter ta beauté froide ? Oui, mais à qui s’adresser. Automne au sourire absent
96 sourire absent, Or luisant, terreau qui fume… Et tu laisses, ô col roide, En souffrance mes baisers. L’amour est un a
97 Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu , Je m’enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’hora
28 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
98 t allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au poin
99 arguties juridiques. Et les statistiques faussées peuvent faire croire à une très forte diminution du nombre des protestants. A
100 e nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacr
29 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
101 l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur
102 les la souffrance ou de secrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme
30 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
103 Convulsions d’oriflammes sur l’orchestre pensif. Ton regard est plus grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma têt
104 le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton souvenir, comme une femme nue dans une chambre étroite… J’ai dormi qu
105 elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le dernier
106 pitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femm
107 vait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, haletant. E
31 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
108 deux interprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir m’empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne
109 r sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne pouvoir m’empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins co
110 simples dont l’étude charme le psychanalyste. Je pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calembours… A
111 à quelqu’un lorsqu’il écrivit certains vers qu’on peut lire plus haut : Les anges véritables qui connaissent les signes Son
112 hotographe des Mariés. Dans Orphée, le mystère ne peut plus dépasser l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’i
32 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
113 r, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, n
114 anc déjà meurtri, la suivaient en hurlant : « Bas- toi là, bas-toi là ! »… Est-il plus atroce spectacle que celui d’une maît
115 rtri, la suivaient en hurlant : « Bas-toi là, bas- toi là ! »… Est-il plus atroce spectacle que celui d’une maîtresse jadis
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
116 Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple
117 envoie l’un de ses personnages pour remercier ; ( pouvait -il mieux trouver qu’un René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois
118 rames tout intérieurs dont il dit : « Personne ne peut juger du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même eux »
119 e : « Là était le bonheur, peut-être… »). Mais le ton reste si léger, spirituel, fantaisiste (cette touche pour peindre un
120 aucoup d’amis inconnus. af. « Edmond Jaloux : Ô toi que j’eusse aimée… (Plon, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue
34 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
121 euse paraît, ils n’attendent que le moment où ils pourront se pousser en disant : « C’que c’est cochon ! » Mais le moment ne vie
122 . » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précis
123 alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encore par
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
124 ns rare des directions générales. « Hamlétisme », pouvoir aigu d’analyse qui conduit à la dispersion autant qu’à l’approfondiss
125 n inquiet qui veut le rester ? Ces deux solutions peuvent se résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-elles vrai
126 es conjointes de l’inquiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. « Daniel-Ro
127 uiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. « Daniel-Rops : Notre inquiétude
36 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
128 les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’anéantir.
129 pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne pouvait mieux exciter, signe d’aise extrême, vos glandes salivaires, pourtant
130 sophismes de l’aurore, ces corniches de craie où t’ accoudant tu mêles tes traits purs et labiles à l’immobilité miraculeu
131 e l’aurore, ces corniches de craie où t’accoudant tu mêles tes traits purs et labiles à l’immobilité miraculeuse des statu
132 e, ces corniches de craie où t’accoudant tu mêles tes traits purs et labiles à l’immobilité miraculeuse des statues7. » Il
133  ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne peut duper. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas
134 ion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fait oubl
135 , n’est-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le
136 ragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte de donquichottisme ass
137 art sur cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses,
138 … enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais , en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, ou
139 jourd’hui… Quoi ?… Bon, bon, c’est entendu, on ne peut rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait peu d
140 prit est la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends
141 ction du capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la politique, et ne voyez-vous
142 tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur adresser, parce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils s
37 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
143 eille : « Mon chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et
144 sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure. l. « Qua
38 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
145 usse, à cause de sa chevelure, sans doute ! On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les jeunes qui
146 que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’il est un des rares peintres de ce pays pour qui
147 s de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’on put craindre que Charles Humbert ne devînt le chef d’une école du gris-no
148 de Charles Harder, qui est mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûreté
149 mposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on pouvait tirer des principes cubistes dans un art dont la genèse même est cubi
150 non dépourvue de puissance. Une fois de plus l’on peut admirer la salutaire leçon de style donnée par le cubisme aux artiste
151 ne part il y a des préoccupations décoratives qui pourraient aboutir peut-être à la formation d’un groupe dont l’activité serait f
39 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
152 fiquement jetés. Mais cette imperfection, s’il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui la re
153 our la pureté, un « jusqu’au boutisine » qui seul peut redonner quelque vitalité à notre civilisation, — et je sais bien que
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
154 curément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où s
155 s bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie morale dont
156 eule une certaine caresse de l’événement naissant peut encore m’émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède i
157 reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé
158 Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis, d’agréablement pa
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
159 « Plante des pommes de terre, jeune homme ! Quand tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre
160 uret dont le Journal de Genève parlait naguère, tu mangeras avec appétit une poule au riz arrosée d’un savoureux “demi”
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
161 rd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité est simple simplement. La bouche
162 oût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cett
163 e un destin, comme le goût d’une pierre rêche sur ta langue et grinçante sous ta dent. Des souplesses qui se retournent br
164 ’une pierre rêche sur ta langue et grinçante sous ta dent. Des souplesses qui se retournent brusquement et vous renversent
165 c’est-à-dire agissantes, que nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicib
166 e la publier. Et même, en passant à la limite, on peut imaginer que si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je p
167 esthétique ou d’une autre, plus ils perdent leur pouvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous
168 ur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre co
169 tient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y éch
170 e pour écrire16. De tous les prétextes que l’on a pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satisfaisant, c
171 es douloureuses ou grossières de tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent y voir que révoltes contre leurs morales, ou menaces po
172 e le plus certain par lequel ces « quelques-uns » peuvent encore se reconnaître. Quand bien même elle n’aurait plus d’autre exc
173 ès belle histoire ». (Et vous verriez à quoi cela peut servir, une citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie me pren
43 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
174 rement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques phrases de Drieu : « On voit
44 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
175 e l’autre, on se scandalise des « énormités » qui peuvent échapper à un jeune homme moins grave et qui manifeste franchement sa
176 pe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions -nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolè
177 ur, fais confiance au Central de Genève. Souviens- toi de la grandeur de ses traditions et ne va pas ajouter à cette lourde
45 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
178 danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une fem
179 ’auteur pour ses héros. Indulgence et regrets, un ton qui permet le tact dans la hardiesse. On reste ravi de tant d’adresse
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
180 ce ». Mais une telle « expérience », je crois, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile : par
47 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
181 d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fond : les fai
182 ionnées. Mais bientôt : — « Destin, s’écria-t-il, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sans c
183 nées. Mais bientôt : — « Destin, s’écria-t-il, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sans cesse à ta
184 s quels chemins de perdition j’ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’aurais pas trouvé ça tout seul, avec tes airs p
185 erdition j’ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’aurais pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouve
186 eugle ; tu n’aurais pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouveau, d’un coup de dés, je bouscule tous tes
187 s. De nouveau, d’un coup de dés, je bouscule tous tes calculs, ha ! tu te disais : le voilà riche, le voilà classé, le voil
188 n coup de dés, je bouscule tous tes calculs, ha ! tu te disais : le voilà riche, le voilà classé, le voilà prêt à faire de
189 oup de dés, je bouscule tous tes calculs, ha ! tu te disais : le voilà riche, le voilà classé, le voilà prêt à faire des b
190 e voilà prêt à faire des bassesses pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et que
191 oilà prêt à faire des bassesses pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et que tu
192 esses pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste
193 ce que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qui use à tort et à travers de situations
194 rde, jusqu’à la corde pour les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que j’allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils c
195 sur le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais que j’allais adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur,
196 n lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain plein de mépris e
197 je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’ apostrophe, soudain plein de mépris et de désespoir, ô vie sans faute,
198 plus amère, plus amère encore, saurai-je un jour te désirer, te haïr… 9. Calembour sur une idée juste. (Note de l’éd.)
199 plus amère encore, saurai-je un jour te désirer, te haïr… 9. Calembour sur une idée juste. (Note de l’éd.) k. « Dés ou
48 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
200 ciles mais cela même ne manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du
49 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
201 . Il répugne à admettre qu’une époque entière ait pu se tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de regarde
202 le progrès de sa production, d’année en année. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il possède, ou plutôt q
203 dustriel du monde ; le plus riche, au point qu’il peut parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus parfait aussi. S
204 nry Ford et des livres qui les répandent. L’on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industriels europé
205 Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de
206 netteté et cette décision qu’une passion contenue peut donner à l’homme d’action. Enfin, le voici en mesure de produire des
207 re des quantités énormes d’autos. Seulement, pour pouvoir continuer, il faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut
208 la répétition, on fait croire aux gens qu’ils ne peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. La passion de F
209 utilité publique. À chaque page de ses livres, on pourrait relever les sophismes plus ou moins conscients par lesquels il préten
210 la va bien plus profond, cette tromperie-là. Elle peut amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain, par
211 comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche le
212 réer de besoins et de loisirs. Or, l’industrie ne peut subsister qu’en progressant. Mais la nature humaine a des limites. Et
213 t le temps approche où elles seront atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscient des buts et de l’av
214 mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau moderne au point d’en exclure toute cons
215 soins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’est au pl
216 pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur
217 ourgeoisie moderne c’est de croire que les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se refuse à l’idée d’une catastrophe
218 plus difficile et la plus grave : celle qu’on ne peut faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « rien de no
219 rit. C’est déjà un fait d’expérience. Et qui n’en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépris l’homm
220 t ira bien. (On pense que les formes de la morale peuvent exister sans leur substance religieuse.) L’homme moderne manie les ch
221 ns religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer sa vér
222 que a révélé des exigences telles que l’Esprit ne peut les supporter. Il abandonne donc la place, mais c’est pourtant lui se
223 re grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortunes oisives ou mi
224 is possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une at
50 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
225 e me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de te perdre vraiment, parce que c’est toi, parce que
226 ent perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de te perdre vraiment, parce que c’est toi, parce que c’est bien toi de nou
227 r, vertige de te perdre vraiment, parce que c’est toi , parce que c’est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas me qui
228 aiment, parce que c’est toi, parce que c’est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose si
229 à côté de moi, c’est une chose singulière que le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon vo
230 aut ; personne pourtant ne se détournait. Comment pouvais -je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul
231 leu sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa per
232 s grossièrement que des barbares, ils s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissements” entre 10 heures d
233 . « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un ton de reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux lois du ge
234 roie inutile lâchée pour l’ombre, dit Gérard d’un ton rêveur et malicieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire est la plu
51 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
235 ner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu , étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mai
52 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
236 l’insolence d’une psychologie qui rabaisse tout, peut conduire à préférer un mensonge qui n’est, hélas, qu’une déformation
53 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
237 bre 1928)m « Remonte aux vrais regards ! Tire- toi de tes ombres… » Paul Valéry. Stéphane est maniaque, comme tous les
238 8)m « Remonte aux vrais regards ! Tire-toi de tes ombres… » Paul Valéry. Stéphane est maniaque, comme tous les jeunes
239 impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en tombe d’
240 ne pas exister. Non : il a remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobiographies, mais aussi bien par
241 n installe un sur sa table de travail, de façon à pouvoir s’y surprendre à tout instant. Cet exercice — essayez ! — ne tarde pa
242 tion et n’y trouve que le désir d’une révélation. Peut -on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette inca
243 l n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais il s’épuise dans une perspective
244 re : « Il faudrait briser tous les miroirs. Alors tu te verrais en vérité. Peut-être te reconnaîtrais-tu sous un autre vis
245 : « Il faudrait briser tous les miroirs. Alors tu te verrais en vérité. Peut-être te reconnaîtrais-tu sous un autre visage
246 miroirs. Alors tu te verrais en vérité. Peut-être te reconnaîtrais-tu sous un autre visage. Car oublier son visage, ne ser
247 te verrais en vérité. Peut-être te reconnaîtrais- tu sous un autre visage. Car oublier son visage, ne serait-ce pas deveni
248 s regards. Stéphane rendu à la santé écrivait : «  Ton visage me cache tous les miroirs » — à une femme qu’il aimait. m. «
54 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
249 e aboutir la standardization à sa fin logique, ne pourrait -il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Re
55 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
250 a nuit mais plus libre qu’un ange prisonnier dans ta tête mais libre comme avant cette naissance aux lents vertiges Quand
251 les mains de l’absence se ferment sur le vide   Tu pleurerais Mais la grâce est facile comme un matin d’été la grâce ten
252 mme un matin d’été la grâce tendrement dénouée de ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand été   qui consent… Ail
56 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
253 et (avril 1929)t Quand avec un air fin mais un ton convaincu l’on a répété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, j
254 se « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques jeux d’esprit ou de méchancet
255 omme réduite à deux dimensions ; la conscience ne pouvait y tuer un lyrisme quasi inexistant, mais bien y exciter un esprit cri
57 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
256 uffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette prem
58 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
257 des sens. « Reste immobile et sache attendre que ton cœur se détache de toi comme une lourde pierre. » Le corps, que l’âme
258 bile et sache attendre que ton cœur se détache de toi comme une lourde pierre. » Le corps, que l’âme quitte, redevient miné
259  », il se confond avec l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’est dégagée
59 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
260 ore quelques cris brisés : « Ô vieux démon ! — je te rappelle — Ou bien envoie — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mais l
261 — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et
262 trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase l
263 ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’ échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisant,
60 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
264 ur qu’une telle interprétation voie le jour. Cela pourrait donner lieu à de mélancoliques réflexions sur le génie « poétique » f
61 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
265 C’est un extrême, un pic trop élevé pour qu’on y puisse vivre, c’est l’impossible. Mais justement, la gloire de M. Benda sera
62 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
266  ! quoi, — vinrent lui dire ses amis, — l’orgueil t’ aveugle-t-il ? Veux-tu conserver, ô cruel, des ailes qui donnent des r
267 dire ses amis, — l’orgueil t’aveugle-t-il ? Veux- tu conserver, ô cruel, des ailes qui donnent des rhumes à ton grand-père
268 rver, ô cruel, des ailes qui donnent des rhumes à ton grand-père et sont en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t
269 ont en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t’apprêtes visiblement à t’envoler, laissant des parents inconsolable
270 en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t’ apprêtes visiblement à t’envoler, laissant des parents inconsolables,
271 s esprits ? Voici que tu t’apprêtes visiblement à t’ envoler, laissant des parents inconsolables, ô sans cœur, ô pervers, ô
63 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
272 gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je co
273 ant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu , à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’
274 ettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont
275 croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vert
276 dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent , en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformatrice des
277 ° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type :
278 ù je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute leur f
279 oir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je n
64 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
280 issèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts d
281 r est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nou
65 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
282 envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépr
283 , je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point le
284 que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’
66 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
285 utes les particularités, toutes les « prises » où pourrait s’accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce
286 . Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils appre
287 aît que cela facilite le travail du maître. Il se peut . Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de
288 s hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien ta patrie. » La préparation civique Tous les pontifes de l’instruc
289 le est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste
290 ole est autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais
291 out de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là
292 e d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’object
67 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
293 ces mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut être la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalit
294 plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraîn
68 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
295 e l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il
296 t pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire et compter pour suivre la campagne électorale, voter et
297 ques, voire aux besoins purement sentimentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne pe
298 es enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiqu
299 âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de révoluti
69 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
300 instruction publique (Ici, le procureur prit un ton plus grave.) L’école s’est vendue à des intérêts politiques. C’était
301 cliché, mais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre
302 roduction. Le culte des valeurs désintéressées ne peut que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
70 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
303 s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre
304 our les jeux nouveaux que l’humanité de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention provi
305 u passé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès soci
306 de Saint-Guy politique dont rien de leur temps ne pouvait offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette similit
71 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
307 la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé mentale.) La question est de savoir si
308 eule une grande vague de l’imagination collective peut désensabler le vieux bateau occidental. Un nouvel état d’esprit : voi
309 intenant se constituent ces élites, et cela ne se peut que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’être,
310 erce leur mépris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
311 lisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en a
312 quel emploi utopique de l’organisation existante peut -on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage
313 devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un entraînement de l’esprit,
314 uent des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle peut être poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, ex
315 leurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralemen
316 ue saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans son activité publique sans que de
317 de toute destination religieuse particulière. On peut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la gran
72 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
318 i gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je co
319 ant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu , à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à
320 ettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont
321 croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vert
322 dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent , en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformatrice des
323 ° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type 
324 ù je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute leur f
325 oir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou.   1. Je
73 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
326 issèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts d
327 r est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nou
74 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
328 envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépr
329 , je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point le
330 que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’
75 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
331 utes les particularités, toutes les « prises » où pourrait s’accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce
332 . Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils appre
333 aît que cela facilite le travail du maître. Il se peut . Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de
334 s hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien ta patrie. » 3.f. La préparation civique Tous les pontifes de l’in
335 le est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste
336 ole est autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais
337 out de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là
338 e d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’object
76 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
339 ces mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut être la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalit
340 plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraîn
77 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
341 e l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il
342 t pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire et compter pour suivre la campagne électorale, voter et
343 ques, voire aux besoins purement sentimentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne pe
344 es enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiqu
345 âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de révo
78 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
346 instruction publique (Ici, le procureur prit un ton plus grave).   L’école s’est vendue à des intérêts politiques. C’étai
347 cliché, mais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre
348 roduction. Le culte des valeurs désintéressées ne peut que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
79 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
349 s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre
350 our les jeux nouveaux que l’humanité de demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention pr
351 u passé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès soci
352 de Saint-Guy politique dont rien de leur temps ne pouvait offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette similit
80 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
353 la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé morale.) La question est de savoir si
354 eule une grande vague de l’imagination collective peut désensabler le vieux bateau occidental. Un nouvel état d’esprit : voi
355 aintenant se constituent ces élites et cela ne se peut que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’être,
356 erce leur mépris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
357 lisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en a
358 quel emploi utopique de l’organisation existante peut -on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage
359 devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensées. Un entraînement de l’esprit
360 uent des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle peut être poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, ex
361 leurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralemen
362 ue saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans ses activités publiques sans que
363 de toute destination religieuse particulière. On peut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la gran
81 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
364 dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au premier coup d’œil, as
365 proses : il y a ici plus qu’une manière et qu’un ton , il y a une vision du monde véritablement neuve, dans laquelle l’âme,
82 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
366 eût pensé qu’avec un jeu de noirs et de gris l’on pût recréer toute la ferveur d’un coucher de soleil. Des formes purifiées
83 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
367 s prières à dieux perdus. II Je ne sais pas où tu m’entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent autour du monde où n
368 recherche d’un corps faible. Je ne sais pas où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris per
369 ne sais pas où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus j’écoute encore une voix nue q
370 us j’écoute encore une voix nue qui vient de dire ton nom même avec l’accent de notre amour et mon visage est immobile tour
371 et mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’entends. III Fais rentrer dans leur peau d’ombre ces mots qui v
372 ue les souvenirs s’épousent entre eux pendant que tes yeux s’ouvrent n’attends rien d’autre qu’un désert qu’un sol dur aux
373 tends les mains au vent captif délivre un souffle tes lèvres battent doucement écoute-les. IV Tends moi la main à trave
374 ds moi la main à travers cette ombre rapide si je te joins nous la tiendrons captive écoute les cloches et le scintillemen
375 partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au regard le plus pur je suis à toi dans le triomphe du silence
376 t voici ton heure au regard le plus pur je suis à toi dans le triomphe du silence sereine tu es toujours plus sereine infin
377 je suis à toi dans le triomphe du silence sereine tu es toujours plus sereine infiniment nue dans la douceur du feu et de
378 ouceur du feu et de la joie. V Oh qui a retiré tes mains des miennes quand je te regardais trop profond pour te voir ? M
379 V Oh qui a retiré tes mains des miennes quand je te regardais trop profond pour te voir ? Maintenant je suis seul à redes
380 s miennes quand je te regardais trop profond pour te voir ? Maintenant je suis seul à redescendre au jour dans l’aube sans
381 a nuit mais plus libre qu’un ange prisonnier dans ta tête mais libre comme avant cette naissance aux lents vertiges — quan
382 res les mains de l’absence se ferment sur le vide tu pleurerais mais la grâce est facile comme un matin d’été la grâce ten
383 mme un matin d’été la grâce tendrement dénouée de ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand été qui consent… o. « L
84 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
384 au concours ce problème, d’ailleurs insoluble : «  Peut -on discerner avec certitude, après lecture de ses œuvres, si M. Bruns
385 ts que la France ait su rendre inoffensifs. Il se pourrait très bien qu’à cette génération ne soit échue qu’une œuvre de critiqu
386 ette impudeur française de supprimer ce qu’ils ne peuvent résoudre sur-le-champ. Ils mettent en jeu des systèmes de valeurs plu
387 ste qui vaille qu’on s’y dévoue. Mais quoi ! cela peut vous mener à crever de faim, ce qui ne se porte plus, — voire même à
85 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
388 mbast et Mlle Monnier sont là. Jacques Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille
389 ......................... Allons, allons, puisque te voilà bien perdu cette fois, dérive un peu vers ces Allemagnes où, tu
390 cette fois, dérive un peu vers ces Allemagnes où, tu le sais, la tristesse la plus amère invente encore des mélodies senti
391 mentales, un peu bêtes, un peu trop lentes, comme tu les aimes — on n’a pas toujours envie de crâner. L’esplanade d’une pe
86 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
392 la qualité du regard qui le perçoit. Dis-moi qui te hante… Ainsi, la vulgarité évidente des fantômes décrits par la psych
393 qui, s’exerçant par le moyen d’un organe interne, puisse nous donner des connaissances plus complètes que l’expérience commune
87 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
394 t le plus inodore des fleuves. Dormir. Sans avoir pu retrouver cette mélodie descendue d’un balcon où chantait la Schumann
395 d’un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures
396 iers si clairs, arbres et jets d’eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’
397 i de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter c
398 ignées, partout où le désordre naturel des choses pouvait offrir asile à l’objet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à l
399 ur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre, et c’était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce qu’il avait
400 evenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-je pu contempler de plus « objectivement » étrange que ce lieu — inquiétant
401 s l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’être comblé dans ce pays où les courtiers ne donne
402 ce pays où les courtiers ne donnent pas encore le ton . La littérature hongroise n’est guère connue à l’étranger que par que
403 sion des journalistes la ruse hongroise qu’ils ne peuvent pas déjouer, car le Hongrois est ingénument rusé, à la façon des pass
88 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
404 eux-là difficilement traduisibles — pour que nous puissions contempler l’ensemble de l’œuvre de Hölderlin : l’inspirateur de Sche
405 nd poète n’est jamais abandonné par lui-même ; il peut au-dessus de lui-même, s’élever aussi loin qu’il le veut. On peut tom
406 e lui-même, s’élever aussi loin qu’il le veut. On peut tomber dans la hauteur tout comme dans la profondeur ». Comment ne po
407 st sans doute d’une constitution trop faible pour pouvoir longtemps maîtriser l’inspiration, qui peu à peu le « gagne » ; il va
408 uction de tels fragments est illusoire, car on ne peut songer à remplacer ces mots-notes par des syllabes de valeur rythmiqu
409 lui du tragique de la pensée. « Insensé, — penses- tu de figure en figure — voir l’âme ? — Tu iras dans les flammes. » Quan
410 — penses-tu de figure en figure — voir l’âme ? —  Tu iras dans les flammes. » Quant aux documents sur la folie de Hölderli
89 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
411 éloignement en nous-mêmes. À l’entrée d’un tunnel tu vois que la veilleuse brûle toujours — et moi, parmi les reflets fuya
412 belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que cela, car
413 casses et fades. En Italie… Mais l’amour hongrois t’ emportera dans une inénarrable confusion de sentimentalisme et de pass
414 alisme et de passion, et c’est là son miracle. Si tu n’as pas le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’en tirer
415 le sens de la musique, conserve quelque espoir de t’ en tirer. Sinon… je t’envierais presque. Celui qui part pour la Hongri
416 conserve quelque espoir de t’en tirer. Sinon… je t’ envierais presque. Celui qui part pour la Hongrie sans talisman, s’il
417 qui est caractéristique du Hongrois. — « Comment peux -tu vivre si largement ? » demande certaine hargne à cet artiste de la
418 est caractéristique du Hongrois. — « Comment peux- tu vivre si largement ? » demande certaine hargne à cet artiste de la pr
419 prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici les cigognes, dont Andersen assure qu’el
420 ntrons dans une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte l
421 dant des heures ? — Ce qu’en raconte la musique — tu vas l’entendre à toutes les terrasses de Debrecen. Debrecen est une s
422 ui vers le désert et ses mirages. On ne sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu, — m
423 désert et ses mirages. On ne sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu, — mais c’est
424 mirages. On ne sait d’où tu viens, tu ne sais où tu vas, peuple de perdition, Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi
425 peuple de perdition, Peuple inconnu, — mais c’est toi , c’est toi qui l’as caché dans une roulotte sous des chiffons bariolé
426 erdition, Peuple inconnu, — mais c’est toi, c’est toi qui l’as caché dans une roulotte sous des chiffons bariolés et des se
427 objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque chose, d’une ligne nette, insaisi
428 Tout près d’ici, peut-être, mais invisible. Lève- toi , pars, et sans vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de l’aband
429 re, mais invisible. Lève-toi, pars, et sans vider ton verre — il n’y a pure ivresse que de l’abandon —, car voici qu’à son
430 on tour il s’égare au bras d’une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton « Désir désiré ». 16. Les eaux fades du Balat
431 bras d’une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton « Désir désiré ». 16. Les eaux fades du Balaton Deux jours aprè
432 balaye la nuit déserte jusqu’à l’horizon. Où vas- tu , les mains vides, faiblement ? Ah ! toutes les actions précises et co
433 les actions précises et courageuses, tout ce qui t’ appelle là-bas, maintenant, maintenant, où tu n’es pas — et tant d’amo
434 qui t’appelle là-bas, maintenant, maintenant, où tu n’es pas — et tant d’amour perdu… Un train dormait devant la gare cam
435 e me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais peut -on se reposer vraiment à cent à l’heure. Par-dessous le store, je voy
436 signifie qu’il vient d’être très malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’éveil
437 e très malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune, n
438 rès malade. Si dans ta chambre, en plein jour, tu t’ endors, et que, vers le soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune, ne s
439 en plein jour, tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’éveilles dans une lueur jaune, ne sachant plus en quel endroit du t
440 plein jour, tu t’endors, et que, vers le soir, tu t’ éveilles dans une lueur jaune, ne sachant plus en quel endroit du temp
441 r jaune, ne sachant plus en quel endroit du temps tu vis, — c’en est fait, toutes choses ont revêtu cet air inaccoutumé qu
442 es ont revêtu cet air inaccoutumé qui signale que tu es parti. Voyager — serait-ce brouiller les horaires ? Le voyage est
443 il faut voyager pour découvrir ce sens ! — Qu’as- tu vu que tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! La
444 oyager pour découvrir ce sens ! — Qu’as-tu vu que tu n’étais prêt à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! La vie est pr
445 vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie
446 pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut -il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a u
447 déclarer, quelle tristesse. Mais qu’a-t-on jamais pu « déclarer » d’important ? Je ne sais plus parler en vers et la prose
448 e action purement raisonnable. Ah ! quelle raison t’ attirait donc ici, sinon l’espoir bien fou d’y retrouver l’émotion d’u
449 iose au ciel et sur la terre plus secret que dans ton pays. Tu attendais une révélation, non point de cet endroit, ni même
450 el et sur la terre plus secret que dans ton pays. Tu attendais une révélation, non point de cet endroit, ni même par lui,
451 i, — mais à cet endroit, en ce temps… Qui sait si tu ne l’as pas reçue ? Une qualité, une tendresse, quelque similitude… O
452 Oh ! bien peu ! Mais qu’est-ce que ce voyage, si tu songes à tous les espaces à parcourir encore dans ce monde et dans d’
453 es vies, pour approcher de tous côtés un But dont tu ne sais rien d’autre que sa fuite : n’est-il pas cet Objet qui n’ait
454 as cet Objet qui n’ait rien de commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie ? Mais le voir, ce serait mourir dans l
455 serait mourir dans la totalité du monde, effacer ta dernière différence, — car on ne voit que ce qui est de soi-même, et
456 des sentiments indéfinis, à cause de ce pari dont tu n’as vu l’enjeu qu’un seul instant — nos rêves sont instantanés — que
457 n seul instant — nos rêves sont instantanés — que tu es parti ; et maintenant tu joues ce rôle, tu t’intéresses, tu serres
458 ont instantanés — que tu es parti ; et maintenant tu joues ce rôle, tu t’intéresses, tu serres des mains, — tu perds les c
459 que tu es parti ; et maintenant tu joues ce rôle, tu t’intéresses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valise
460 tu es parti ; et maintenant tu joues ce rôle, tu t’ intéresses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valises…
461 et maintenant tu joues ce rôle, tu t’intéresses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore :
462 ce rôle, tu t’intéresses, tu serres des mains, —  tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à c
463 ses, tu serres des mains, — tu perds les clefs de tes valises… (Cela encore : m’arrêter à Vienne à cause des serrures… Peut
90 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
464 ment psychologique et aux inflexions variables du ton chaque fois adopté le soin de dégager comme par transparence le jugem
465 g correspondante en profondeur. Il la possède. On peut dire de sa critique qu’elle pose le problème de l’homme dans sa total
466 t spécifique des génies qu’elle « approche » : on pourrait l’appeler une critique des obstacles. Je veux dire par là que M. Du B
91 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
467 lement funestes, également démesurées, l’homme ne peut subsister qu’en tant que son génie parvient à composer les deux péril
468 stration des puissances de nature inhumaine. Nous pourrons définir un tel humanisme : l’organe d’équilibre de la civilisation. N
469 e scientifique. Cherchant des lois, la science ne peut trouver que des déterminismes. Soumettre l’esprit à ses méthodes, c’e
470 Seul un parti pris constant en faveur de l’esprit peut maintenir l’équilibre de l’esprit et de la matière. L’humanisme moder
471 rtain qu’il a perdu son ascendant. D’ailleurs son pouvoir , s’il en eut, ne s’étendit guère au-delà des limites du monde roman.
472 ’homme se propose ont ceci d’insuffisant : qu’ils peuvent être atteints. Mais ce qui parfait la stature de l’homme, c’est l’eff
92 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
473 r : il compte y découvrir des bas-reliefs dont il pourrait tirer un prix considérable. Sur le bateau qui l’amène à pied d’œuvre,
474 te, le livre s’achève par sa mort, sans qu’on ait pu distinguer nettement à quels mobiles extérieurs obéissait son action.
475 eusement la révolte d’un être pour qui la mort ne peut être qu’une « défaite monstrueuse ». Ainsi les incidents pathétiques
476 de lui trouver un sens dans la mort. L’homme qui pourrait se définir : « Dieu n’est pas, donc je suis » ; l’homme seul ; arelig
93 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
477 utant qu’elle n’invente ou qu’elle ne stylise. On peut dire, avec plus de louange d’ailleurs que d’ironie, qu’elle touche à
478 arxiste. Citons quelques phrases qui donneront le ton et les thèmes principaux : J’avais vingt ans. Je ne laisserai person
479 au Tonkin. Et non Bouddha13. — La liberté est un pouvoir réel et une volonté réelle de vouloir être soi. Ayant ainsi esquissé
480 onnaît ici la thèse marxiste, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle sent son xixe siècle. On peut lui faire un grief pl
481 puisse dire est qu’elle sent son xixe siècle. On peut lui faire un grief plus grave : elle subordonne toute réforme à une p
482 ielles de la vie humaine. Je crois que l’homme ne peut être transformé que spirituellement. Et cette révolution-là a l’avant
483 les » encore plus vagues d’ailleurs que ce qu’ils peuvent imaginer de la religion. C’est une forme aiguë de ce que les Anglais
484 lie : un astronome chrétien. Comment un astronome peut -il croire à l’Incarnation ou aller à la Messe ? On n’aura d’autre res
485 — et il l’est — aucun bouleversement matériel n’y pourra rien, si radical soit-il. Un pessimisme aussi féroce que celui de MM.
94 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
486 notre ciel simplifié. Et voilà, n’est-ce pas, un ton et une ferveur qui rendront vaines beaucoup d’objections, ou qui expl
487 a n’empêche pas de rechercher ce que ces artistes peuvent avoir de commun, ce qu’ils doivent à leur origine ou à leur foi réfor
488 ’artistes exposassent pour qu’une réponse valable pût être esquissée. Car, avouons-le, du fait même de la nouveauté que rep
489 organisé s’il le faut dans de plus vastes locaux, pourra donner accès à un ensemble aussi complet que possible d’artistes nés
490 le d’artistes nés dans le protestantisme. Et l’on pourra se demander alors : qu’y a-t-il de spécifiquement protestant chez ces
491 écrire, dès à présent, un art protestant de fait, peut -on, par contre, le définir idéalement ? Il nous semble que cela suppo
492 ns équivoque ce qu’est le protestantisme avant de pouvoir trancher de ce que doit être un art qui l’exprime. En d’autres termes
493 al d’un artiste protestant, le seul auquel sa foi puisse prétendre, ce n’est pas de réaliser un art « protestant » conforme à
95 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
494 es comme le bien suprême dont seuls quelques élus peuvent se rendre dignes (les brahmanes par exemple, le christianisme primiti
495 ie humaine gardera sa signification. En somme, on pourrait résumer la pensée de Keyserling en disant qu’il oppose à l’idéal actu
496 r vivante réalité. Mais tout ceci, à quoi nous ne pouvons qu’applaudir, ne saurait être pour nous qu’une « introduction » à l’è
96 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
497 ités plus pures que celles de la vie courante, on peut dire que les romans « mondains » de Baring ne manquent pas à cette tâ
498 s une fois atteint le moment de sa perfection, ne peut plus que se souvenir, c’est-à-dire souffrir, vieillir. L’amour étant
499 ’une loi divine et humaine, et c’est ici que l’on peut voir sa profonde ressemblance avec les Affinités électives de Goethe.
500 arrière-pensée de jugement moral ne perce dans le ton ni dans l’agencement des incidents. Ce n’est pas un auteur qui s’arro
501 e ses personnages, comme le moraliste s’arroge le pouvoir de séparer le bien du mal parmi les actions d’autrui qu’il estime con
502 s, grossir les traits, découvrir la thèse. Il eût pu s’en dispenser d’ailleurs, car en définitive la conversion de son hér
503 sible qu’elle n’est plus du tout exemplaire et ne peut servir ni le catholicisme (le milieu protestant étant nul), ni la foi
504 , le courage de sacrifier son amour. Mais elle ne peut survivre à cet acte suprême, à cette grâce. Aussi notre bonheur humai
505 ois la sensation que ma misère est plus que je ne peux supporter. La vie humaine me paraît intolérable. — Elle l’est presque
97 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
506 les Attaques contre le christianisme officiel ne peuvent être comparés qu’aux Provinciales. Kierkegaard est le Pascal du prote
507 ierkegaard fut le dernier grand protestant. On ne peut le comparer qu’aux grands fondateurs du christianisme, à Luther, à Ca
508 mment deviendrai-je chrétien ? Seul un protestant pouvait trouver pareille formule. Le héros de la foi, Kierkegaard, « l’Isolé 
509 st sa Psychologie de l’Angoisse, à laquelle on ne peut trouver d’analogie que chez Dostoïevski. Kierkegaard d’ailleurs ne pe
510 e que chez Dostoïevski. Kierkegaard d’ailleurs ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux marchent de pair et au
511 aucun autre esprit du siècle ne les dépasse. On peut déplorer qu’une œuvre de cette envergure ait pénétré d’abord en Franc
512 rl Barth, disciple fervent de Kierkegaard, — nous pouvons y attacher la valeur d’un signe. Kierkegaard sera pour beaucoup d’esp
98 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
513 ut repose dans la lumière… » Vous avez reconnu ce ton souverain. Pour la première fois, le ton des hauteurs, le ton de celu
514 connu ce ton souverain. Pour la première fois, le ton des hauteurs, le ton de celui qui les a conquises, physiquement aussi
515 n. Pour la première fois, le ton des hauteurs, le ton de celui qui les a conquises, physiquement aussi. Toute l’œuvre de Ni
516 rapport avec la nôtre. Les atomes que nous sommes peuvent trouver sur ses flancs l’occasion d’une lutte… elle ignorera toujours
517 is Nietzsche un style alpestre dans la pensée. Ne pourrait -il pas informer d’autres pensées que les malédictions de Zarathoustra
518 r véritablement quelques valeurs nouvelles, il se peut que certains se tournent vers ces derniers symboles physiques de la s
99 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
519 ces deux volumes, témoignent que l’amour chrétien peut encore aujourd’hui pénétrer un monde revendiqué par le communisme, co
520 même sentimentale), et avec sa foi chrétienne. Il peut livrer sans crainte le secret d’une telle action ; sans crainte et sa
521 sa simplicité, il parvient à être si émouvant. On peut dire que dans ces deux gros volumes si nourris, il n’y a pas deux lig
522 active et mettre à l’épreuve son grand idéal. Que pouvait -il y avoir de plus noble que de partager la vie quotidienne des gens
523 tendait une voix intérieure qui lui disait : « Si tu te mêles de ces affaires, tu ne seras toi-même, à la fin, pas bien él
524 dait une voix intérieure qui lui disait : « Si tu te mêles de ces affaires, tu ne seras toi-même, à la fin, pas bien éloig
525 ui lui disait : « Si tu te mêles de ces affaires, tu ne seras toi-même, à la fin, pas bien éloigné du vulgaire. » Mais au
526 iichi à leur suite entourèrent le cercueil, il ne put retenir ses larmes. Tandis qu’il marchait en silence à la suite de la
527 étique, sobre et directe plus que tout ce qu’on a pu lire de plus vécu sur ces milieux. Finalement, la police accuse Eiich
528 les expressions sentimentales ou rassurantes qui pourraient dépasser une action immédiate ou voiler sa difficulté. Les rares allu
529 attitude politique. Aux yeux d’un incroyant, ceci peut sembler vague. Mais le sens chrétien primitif n’est-il pas, avant tou
100 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
530 se préoccupe sans cesse de faire entendre qu’il «  pourrait autrement ». Que rien de ce qu’il écrit ne l’engage tout entier. Qu’i
531 déjà à des choix dramatiques ? Certaines phrases pourraient le laisser supposer qu’il écrivit en préface au livre récent d’un jeu