1 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
1 ns sans trêve notre sensibilité au profit de ce «  mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notr
2 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
2 e la sincérité (décembre 1926)b Nous voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallait bien tirer que
3 ncérité spontanée, vertu moderne en qui renaît un mythe rousseauiste, inspire, explique un vaste domaine de la littérature co
3 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
4 ù détresse rimait avec maîtresse. École savait le mythe du voyage, et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle étai
4 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
5 Bientôt, élargissant son ambition, il conçoit ce mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possession d’automobiles
5 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
6 trennes dans les œuvres du plus grand créateur de mythes modernes, du seul écrivain dont l’influence soit comparable à celle d
6 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
7 rt et nommé cet asservissement de l’esprit et ces mythes stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec
7 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
8 rt et nommé cet asservissement de l’esprit et ces mythes stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec
8 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
9 révolutionnaires sans idéal et sans puissances de mythe  ; des philosophes sans pente ni grandeur ; (Je mets au concours ce pr
9 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
10 Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Ici je rentre dans mes chass
10 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
11 Nietzsche qui en fut obsédé. Empédocle est de ces mythes tels qu’il n’est peut-être pas donné à une race d’en créer plus d’un,
12 ’Etna pour mieux communier avec la divine Nature. Mythe grec, mais devenu, par excellence, germanique ; mythe païen, mais il
13 e grec, mais devenu, par excellence, germanique ; mythe païen, mais il est bien troublant de le voir se mêler, dans la troisi
14 est la vibration même d’une pensée en travail de mythes , sur lesquels, bientôt après, s’exercera la réflexion consciente. (Ve
11 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
15 e aussi bien que du corps. Il est possible que ce mythe ait animé l’humanisme de nos humanités. Il est certain qu’il a perdu
12 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
16 taire à toute description, car elle opère sur des mythes concrets plutôt que sur des formules explicites. Même dans son essai
13 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
17 roirait-il à l’être collectif, être sans racines, mythe cérébral. « Je ne distingue l’être qu’aux racines de l’élémentaire »,
18 tuel — et la Fin du Monde est l’un d’eux. Un vrai mythe , c’est-à-dire un événement perpétuellement possible, qui reçoit la vi
19 nt » dans l’Histoire sont celles où la forme d’un mythe affleure, s’incarne et devient visible. Ce sont les périodes de crise
20 e, Ramuz, l’homme qui vit concrètement les grands mythes et les réalise dans sa vision, cet homme sera toujours en puissance d
14 1932, Présence, articles (1932–1946). Penser avec les mains (fragments) (janvier 1932)
21 es de la souffrance, pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chac
15 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
22 u’à l’explosion, l’histoire se purifiera jusqu’au mythe . La donnée initiale est bien la même : c’est l’attrait d’une vision q
23 n’est pas donné à beaucoup d’hommes de devenir un mythe à force de pureté dans la réalisation de leur destin. Rimbaud est not
24 la réalisation de leur destin. Rimbaud est notre mythe occidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentation orie
25 leur destin. Rimbaud est notre mythe occidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentation orientale, l’a condamné
26 effort particulier. Ce renoncement à un Orient de mythe , c’est cela même qui constitue l’Occident spirituel. C’est le refus d
27 la vie se détend, le tragique s’évanouit. Que ce mythe dialectique soit profondément constitutif de notre être, l’extension
28 rémonieux silence du ministre renouvelle le vieux mythe germanique de la « Tarnkappe », du manteau qui rend invisible. ⁂ Cett
16 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
29 gine juive, car elle remonte à Heine. Elle est un mythe , au moyen duquel on peut faire de l’agitation et de la propagande ant
17 1932, Le Paysan du Danube. Le sentiment de l’Europe centrale
30 Zarathoustra, génies titaniques, sont devenus des mythes germains par excellence, — et que c’est un Français qui, le premier,
18 1932, Le Paysan du Danube. Le Paysan du Danube — Voyage en Hongrie
31 Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souvent les r
19 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Petit journal de Souabe
32 né encore de cette fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt o
33 fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je ret
20 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Châteaux en Prusse
34 s, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes . Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors :
21 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Introduction. Le sentiment de l’Europe centrale
35 Zarathoustra, génies titaniques, sont devenus des mythes germains par excellence, — et que c’est un Français qui, le premier,
22 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Première partie. Le paysan du Danube — Voyage en Hongrie
36 Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de mythes sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souvent les r
23 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — Châteaux en Prusse
37 s, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels mythes . Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors 
24 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Deuxième partie. La lenteur des choses — Petit journal de Souabe
38 né encore de cette fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt o
39 fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je ret
25 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Quand je me souviens — C’est l’Europe
40 élicieuse comme les secondes voix de Schumann. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge,
41 y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le mythe helvétique par excellence d’une décence fondamentale. Il se peut que
26 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — IV
42 ge au naturel, en guise d’armes parlantes du beau mythe de l’Égalité… Et pourtant si le « grand Ostervald », si Corneille, si
27 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
43 a vécu, nous dit-on… Il faut craindre la mort des mythes  : elle n’est jamais qu’une métamorphose. L’individu n’est mort que po
28 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
44 croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces mythes , j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vie
45 euve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru t
46 ollectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes . On a cru trouver en eux les principes d’une communauté nouvelle que
47 ir en termes positifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle, sont tout-puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n
48 t cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié
49 rser la question : Qu’est-ce que ces dieux et ces mythes collectifs ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de
50 appelle l’individu. Il faut aller plus loin : les mythes collectifs n’expriment rien de plus qu’une certaine attitude, l’attit
29 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
51 iellement du domaine de la poésie ». L’origine du mythe contemporain de l’inconscient ne serait-elle pas, elle aussi, dans ce
30 1934, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Destin du siècle ou destin de l’homme ? (mai 1934)
52 on personnelle ; c’est se reconnaître esclave des mythes irresponsables de l’époque. Lorsque nous disons que nous sommes contr
53 -ce que la personne ? » Répondez : « Que sont ces mythes collectifs sous lesquels vous prétendez nous courber ? » La classe, l
54 ’adorer son illusoire autonomie, et qui remet aux mythes collectifs — à l’État en définitive — le soin de garantir sa « matéri
55 dont chaque membre se déclare irresponsable. Les mythes collectifs devant lesquels tremblent et s’agenouillent un grand nombr
56 on limite effectivement leur pouvoir. Mais si ces mythes représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes
57 totale, et la seule qui s’attaque aux racines des mythes modernes, dont l’expression suprême s’appelle l’État. Là où l’homme v
31 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
58 ue nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’un mythe , dont il met en doute la puissance de soulèvement. « On comprend qu’u
32 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
59 e son péché. Ainsi Maurras, lorsqu’il dénonce les mythes de l’hégélianisme social. « Le meilleur moyen de s’en affranchir sera
60 providence surnaturelle ! ». Toute-puissance des mythes  ! « Le meilleur moyen de s’en affranchir sera d’en revoir l’origine. 
33 1934, Le Semeur, articles (1933–1949). Sur la méthode de M. Goguel (novembre 1934)
61 ce (l’assimilation de la résurrection de Jésus au mythe du Dieu mort et ressuscité, en particulier). Pour M. Maurice Goguel,
62 es époques théologiques. 3. Jésus de Nazareth, mythe ou histoire ? chez Payot. 4. Chez Payot. b. « Sur la méthode de M.
34 1934, Politique de la personne. Introduction — Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
63 l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses mythes . Il faut reconnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit d’aujo
64 ls est, aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de re
35 1934, Politique de la personne. Primauté du spirituel ? — Destin du siècle ou vocation personnelle ?
65 croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces mythes , j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vie
66 euve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru t
67 ollectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes . On a cru trouver en eux les principes d’une communauté nouvelle que
68 ir en termes positifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle, sont tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n
69 t cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié
70 renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vou
71 appelle l’individu. Il faut aller plus loin : les mythes collectifs n’expriment rien de plus qu’une certaine attitude, l’attit
72 on limite effectivement leur pouvoir. Mais si ces mythes représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes
36 1934, Politique de la personne. Problèmes de la révolution personnaliste — Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
73 s ils n’ont plus de visages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réus
74 particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe . C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, un ensembl
75 s contemporains, l’avantage d’être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un reflet terrestre et trou
76 saisissable et le plus généralement révéré de nos mythes  : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau concret. D’où
77 de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe , mais une action vigoureusement conditionnée par des buts humains déf
37 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
78 l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses mythes . Il faut reconnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit d’aujo
79 ls est, aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de re
38 1934, Politique de la personne (1946). Primauté du spirituel ? — Destin du siècle ou vocation personnelle ?
80 croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces mythes , j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vie
81 euve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru t
82 ollectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes . On a cru trouver en eux les principes d’une communauté nouvelle que
83 ir en termes positifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle, sont tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n
84 t cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié
85 renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vou
86 appelle l’individu. Il faut aller plus loin : les mythes collectifs n’expriment rien de plus qu’une certaine attitude, l’attit
87 on limite effectivement leur pouvoir. Mais si ces mythes représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes
39 1934, Politique de la personne (1946). Problèmes de la révolution personnaliste — Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
88 s ils n’ont plus de visages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réus
89 particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe . C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, un ensembl
90 s contemporains, l’avantage d’être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un reflet terrestre et trou
91 saisissable et le plus généralement révéré de nos mythes  : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau concret. D’où
92 de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe , mais une action vigoureusement conditionnée par des buts humains déf
40 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — Qu’est-ce que la politique ?
93 le, cet ersatz de religion, cette renaissance des mythes bourgeois : 1° n’est qu’un mauvais négatif du christianisme ; 2° ne p
41 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
94 paysage. S’il est un grand poète, il y verra des mythes , et s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y v
42 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
95 n que ce mépris cordial et ces honneurs rendus au mythe du Progrès, plus qu’à eux-mêmes, sont au fond la meilleure protection
43 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
96 om et leur emploi. Il faut toujours remonter à ce mythe si l’on veut saisir la genèse et l’ambition secrète de l’art de Ramuz
97 . Tout est images et complexes d’images. Tout est mythes 45. ⁂ Ainsi la mythologie, chez Ramuz, déloge l’analyse abstraite des
98 nde (Présence de la Mort, Les Signes parmi nous), mythe de l’or (Farinet), mythe du génie racial, mythe de la rédemption par
99 Les Signes parmi nous), mythe de l’or (Farinet), mythe du génie racial, mythe de la rédemption par la souffrance (La Guériso
100 , mythe de l’or (Farinet), mythe du génie racial, mythe de la rédemption par la souffrance (La Guérison des Maladies), etc. E
101 ent même des images propagées par l’apparition du mythe au sein d’une communauté. Le bourgeois reste justiciable de la seule
102 travaillent. Tous participent de l’incarnation du mythe . ⁂ Voyez Les Signes parmi nous. Dans la simplicité de son sujet, ce r
103 essaire d’indiquer que rien n’est plus réel qu’un mythe  ? Il a fallu les ténèbres du xixe siècle pour que l’on prît ce mot p
44 1936, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Kierkegaard en France (juin 1936)
104 une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un mythe , ou encore un saut dans le vide ? Et alors il n’y aurait nulle part d
45 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Qu’est-ce que la politique ? (juin 1936)
105 le, cet ersatz de religion, cette renaissance des mythes bourgeois : 1° n’est qu’un mauvais négatif du christianisme ; 2° ne p
46 1936, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Du danger de confondre la bonne foi et le stalinisme (juillet 1936)
106 p contents de voir les Soviets repêcher les vieux mythes de leur classe. Et l’on repart, toutes voiles regonflées, vers le Bon
47 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
107 s sans raison qu’ils se remettent à glorifier les mythes du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolution russe a eu ce résul
108 ce qu’ils appellent la « volonté des hommes »57, mythe nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxiste, dont i
109 nt à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le mythe de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que s
110 son expression en même temps que son déguisement. Mythe plus vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’
111 us vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’angoisse et l’orgueil des prisonniers d’une raison brutale
112 qu’on lui propose, souvent sans preuve, un grand mythe de communauté : nation unie, ou société sans classe… Si l’on veut com
48 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Le problème de la culture
113 périr, en attendant de lui bâtir un mausolée3. Au mythe d’Icare, je ne vais pas opposer le mythe d’Antée, remède matérialiste
114 lée3. Au mythe d’Icare, je ne vais pas opposer le mythe d’Antée, remède matérialiste. Mais à l’une et à l’autre erreur, au fa
49 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Fatalités du rationalisme bourgeois
115 effort de l’homme contre les choses et contre les mythes tyranniques, elle ne peut pas se libérer des souvenirs de cette origi
116 aisons de cet appel anxieux à la santé perdue. Le mythe qui domine une classe à bout de nerfs et de divertissements, c’est pe
117 e nerfs et de divertissements, c’est peut-être le mythe d’Antée. À moins qu’il ne s’agisse de quelque chose de moins sublime,
118 ssi une défense nécessaire contre la tyrannie des mythes . C’est peut-être elle qui nous a délivrés de l’empire des magies prim
119 s, la fatalité parallèle d’une raison ennemie des mythes , c’est la rationalisation, la manie de tout unifier, l’esprit de géom
50 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Sur le déclin du Moyen Âge
120 De vulg. eloqu. I. XVI. 25. L’interprétation du mythe de Babel dans ce même traité (I. VII) caractérise très bien cette att
51 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure soviétique
121 s sans raison qu’ils se remettent à glorifier les mythes du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolution russe a eu ce résul
122 ce qu’ils appellent la « volonté des hommes »43, mythe nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxiste, dont i
123 nt à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le mythe de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que s
124 son expression en même temps que son déguisement. Mythe plus vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’
125 us vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’angoisse et l’orgueil des prisonniers d’une raison brutale
52 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — commune mesure et acte de foi
126 i joie créatrice, divaguant dans les rêves ou les mythes d’une pureté détachée de la vie, d’une révolte sournoise et impuissan
53 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
127 qu’on lui propose, souvent sans preuve, un grand mythe de communauté : nation unie, ou société sans classe… Si l’on veut com
54 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — La pensée prolétarisée
128 té créatrice, à l’improvisation géniale et autres mythes romantiques. Mais je voudrais faire observer un fait dont la reconnai
129 t pas des classes, ni des gouvernements et autres mythes collectifs. Ce sont des hommes, un à un. Ramassons-les tous maintenan
55 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Éléments d’une morale de la pensée
130 es coutumes et ces lois d’un monde absent : leurs mythes , leurs sciences ; que me fait tout cet appareil qui prétend régler me
131 r concret ? Ne serait-il pas tout au contraire un mythe abstrait ? Ou simplement un acte de l’esprit, un jugement, et ne sera
132 gieuse qu’on voudrait. Mais l’individu a vécu. Ce mythe n’est plus à craindre que sous sa forme négative : le collectif. Rame
133 ces de la souffrance pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chac
56 1936, Penser avec les mains (1972). La commune mesure — Le problème de la culture
134 é de son contrôle, la laisse poliment dépérir. Au mythe d’Icare, je ne vais pas opposer le mythe d’Antée, remède matérialiste
135 érir. Au mythe d’Icare, je ne vais pas opposer le mythe d’Antée, remède matérialiste. Mais à l’une et à l’autre erreur, au fa
57 1936, Penser avec les mains (1972). La commune mesure — Fatalités du rationalisme bourgeois
136 effort de l’homme contre les choses et contre les mythes tyranniques, elle ne peut pas se libérer des souvenirs de cette origi
137 aisons de cet appel anxieux à la santé perdue. Le mythe qui domine une classe à bout de nerfs et de divertissements, c’est pe
138 e nerfs et de divertissements, c’est peut-être le mythe d’Antée. À moins qu’il ne s’agisse de quelque chose de moins sublime,
139 ssi une défense nécessaire contre la tyrannie des mythes . C’est peut-être elle qui nous a délivrés de l’empire des magies prim
140 s, la fatalité parallèle d’une raison ennemie des mythes , c’est la rationalisation, la manie de tout unifier, l’esprit de géom
58 1936, Penser avec les mains (1972). La commune mesure — Sur le déclin du Moyen Âge
141 De vulg. eloqu. I. XVI. 26. L’interprétation du mythe de Babel dans ce même traité (I, vii) caractérise très bien cette att
59 1936, Penser avec les mains (1972). La commune mesure — La mesure soviétique
142 s sans raison qu’ils se remettent à glorifier les mythes du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolution russe a eu ce résul
143 ce qu’ils appellent la « volonté des hommes »44, mythe nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxiste, dont i
144 nt à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le mythe de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que s
145 son expression en même temps que son déguisement. Mythe plus vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’
146 us vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’angoisse et l’orgueil des prisonniers d’une raison brutale
60 1936, Penser avec les mains (1972). La commune mesure — commune mesure et acte de foi
147 i joie créatrice, divaguant dans les rêves ou les mythes d’une pureté détachée de la vie, d’une révolte sournoise et impuissan
61 1936, Penser avec les mains (1972). La commune mesure — L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
148 qu’on lui propose, souvent sans preuve, un grand mythe de communauté : nation unie, ou société sans classe… Si l’on veut com
62 1936, Penser avec les mains (1972). Penser avec les mains — La pensée prolétarisée
149 té créatrice, à l’improvisation géniale et autres mythes romantiques. Mais je voudrais faire observer que la délicatesse de no
150 t pas des classes, ni des gouvernements et autres mythes collectifs. Ce sont des hommes, un à un. Ramassons-les tous maintenan
63 1936, Penser avec les mains (1972). Penser avec les mains — Éléments d’une morale de la pensée
151 es coutumes et ces lois d’un monde absent : leurs mythes , leurs sciences ; que me fait tout cet appareil qui prétend régler me
152 r concret ? Ne serait-il pas tout au contraire un mythe abstrait ? Ou simplement un acte de l’esprit, un jugement, et ne sera
153 gieuse qu’on voudrait. Mais l’individu a vécu. Ce mythe n’est plus à craindre que sous sa forme négative : le collectif. Rame
154 ces de la souffrance pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chac
64 1937, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). Chançay (mars 1937)
155 nne. 6. Expéditions latérales dans le domaine des mythes , de la psychanalyse, enfin de la cosmologie. (J’en passe.) 7. D’une p
65 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
156 Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)n L’énigme Vers 1813, un per
157 hamisso introduisit dans la conscience moderne le mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïf
158 ait essayé de formuler le symbole enfermé dans le mythe . Serait-ce pudeur d’artistes ? Pudeur tout court ? Ou faut-il croire
159 domaine germanique et l’expression littéraire du mythe  : Chamisso, Andersen, Hofmannsthal, et bien d’autres imitateurs, dont
160 , en moi, m’est étranger). Revenons alors à notre mythe  : la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or le sec
161 attendre, fait dominer l’aspect « spirituel » du mythe . Son conte de l’Ombre, c’est le symbole de la puissance de création q
162 nes de ses plus folles illusions, à la hauteur du mythe , et de la Fable, plus profondément vrais que la vie. (Plus riches d’e
163 cinquantaine d’auteurs célèbres qui ont traité le mythe de l’ombre perdue dans leurs romans, pièces, ou contes fantastiques.
164 ci s’orientent plutôt vers l’aspect individuel du mythe de l’ombre, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exe
165 ect individuel du mythe de l’ombre, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exemple). Barrès, dans ses Cahiers,
166 , comme je l’ai fait, sur l’antiquité nordique du mythe , auquel se rattachent de très nombreuses coutumes populaires, antérie
167 Hegel, à Fichte, à Schlegel. n. « Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, n° 194, mai-juin
66 1937, L’Ordre nouveau, articles (1933–1938). L’autorité assure les libertés (mai 1937)
168 vouloir l’en séparer, on aboutit à fabriquer ces mythes qui ont nom race, peuple, prolétariat, prospérité, abondance, grandeu
169 at, prospérité, abondance, grandeur de la nation… mythes qu’il faut ensuite imposer de force à la conscience de tout un chacun
67 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
170 , fatalités économiques, évolution de l’Histoire, mythes de la gauche et de la droite, divinité du Führer, omniscience du Duce
68 1937, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Paysans de l’Ouest (15 juin 1937)
171 ’hésite à reconnaître dans leur existence le beau mythe du peuple primitif aux prises avec les éléments hostiles. En vérité,
69 1937, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Selma Lagerlöf, conteur de légende (3 juillet 1937)
172 ttérature du xxe siècle, il n’y a plus de grands mythes , il y a des analyses. On part de « faits d’observation » et l’on essa
173 parti romanesque que Selma Lagerlöf a su tirer du mythe . Et c’est aussi la profusion géniale des inventions concrètes — une à
70 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
174 ’hésite à reconnaître dans leur existence le beau mythe du peuple primitif aux prises avec les éléments hostiles. En vérité,
71 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
175 , fatalités économiques, évolution de l’Histoire, mythes de la gauche et de la droite, divinité du Führer, omniscience du Duce
72 1938, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le Monastère noir, par Aladár Kuncz (janvier 1938)
176 ulière, mais au moins déclarée. Je veux parler du mythe de l’arrestation, de la psychose créée dans le monde actuel par ce ph
177 u Procès de Kafka, la plus géniale description du mythe de l’arrestationaj. On se rappelle que c’était l’histoire d’un homme
73 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
178 une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un mythe , un saut dans le vide, etc. Et alors il n’y a plus nulle part de « vr
74 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
179 rs, se révèle exactement assimilable à celle d’un mythe . Tristan est un roman « courtois ». La courtoisie est née dans le Mid
180 e, guerre, mariage. C’est l’influence actuelle du mythe manichéen (mais « profané » par la littérature) que l’on décrit dans
181 ales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont i
182 aucune espèce de solution pratique : car seul le mythe , c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une espèce
183 précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe de Tristan puisait ses moyens d’expression. Or voici que ces contrain
184 t de deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuelle au t
185 e toute possession au cœur de l’homme en proie au mythe . C’est la femme dont on est séparé, et qu’on perd en la possédant. Al
186 acles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
187 tion des liens terrestres. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de l
188 ur sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivrer qu’
189 que jette sur nos psychologies la connaissance du mythe primitif, le succès du roman et du film apparaissent comme les signes
190 soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le ravisse
191 en que je ne convaincrai pas une seule victime du mythe profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cet
192 i brouillée et défraîchie que soit l’empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tour
193 d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe . Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quo
194 oderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe , entraîne des menaces évidemment intolérables pour tout ordre social,
195 a personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe .) D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxque
196 ique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part de
197 la décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et
198 ns externes indispensables à la reconstitution du mythe . La passion, officiellement éliminée, disqualifiée, et définie comme
199 tz, Dokumente der Gnosis). 85. En particulier du mythe de Tristan, utilisant les formes de la morale chevaleresque pour expr
75 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
200 u xiie siècle). J’ai cru cerner le secret de son mythe . La découverte ne serait pas négligeable. Mais peut-on décrire la pas
201 ucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe , à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu
202  : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe , et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, nat
203 t, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et
204 t par la lucidité qu’elle développe. L’emprise du mythe faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’elle s’abolisse jamais
205 avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’a
206 euse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mai
207 es. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil mythe est né de la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don
208 e le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe , naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amou
209 Cependant, si les conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’
210 t l’idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), puis l’idée de transformer le milieu naturel (d’où
211 peut apparaître comme le bilan d’une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et conventions décriées, extension
212 ation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est
213 tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe , et veut croire aux révélations de la passion. 101. B. Croce, Etica
76 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse de Denis de Rougemont, lauréat du prix Rambert 1938 (novembre 1938)
214 nt . Je partais d’une réflexion passionnée sur le mythe de la passion, la légende de Tristan et Iseut. Nul n’ignore que ce my
215 légende de Tristan et Iseut. Nul n’ignore que ce mythe , demeuré si puissant dans nos vies, détient une signification secrète
77 1938, Journal d’Allemagne. Instruction spirituelle donnée aux étudiants hitlériens, (Extrait de lettre d’un étudiant allemand)
216 . » Cette conception du monde est décrite dans Le Mythe du xxe siècle de Rosenberg… Dans les camps du NSDStB il s’agit de fo
78 1939, Les Nouveaux Cahiers (1937-1939). Faire le jeu d’Hitler (1er janvier 1939)
217 e profane. C’est beaucoup plus dangereux pour son mythe que les vociférations sacrées de quelques « antifascistes ». g. « Fa
79 1939, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Non, Tristan et Iseut ne s’aiment pas, nous dit Denis de Rougemont (12 février 1939)
218 crire mon livre, je voulais simplement étudier ce mythe et analyser la crise du mariage à notre époque. Mais plus je relisais
219 notre littérature, reprend Denis de Rougemont. Le mythe de Tristan et Iseut, qui pose pour la première fois ce fameux triangl
220 onvaincante. Mais comment cette interprétation du mythe a-t-elle pu échapper jusqu’ici aux spécialistes du Moyen Âge ? Denis
221 ue nous sommes à une époque de transition, que ce mythe risque de disparaître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la cr
80 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Le bon vieux temps présent (20 mars 1939)
222 élicieuse comme les secondes voix de Schumann. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge,
81 1939, Articles divers (1938-1940). Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)
223 Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)o Il était jus
224 ai voulu d’abord faire un livre court traitant du mythe de Tristan et de la décadence de la conception du mariage. Les idées
225 j’ai lus m’ont mis sur la piste d’une liaison du mythe de Tristan avec la tradition courtoise, les troubadours et le cathari
226 ’Occident , consacrés aux origines religieuses du mythe , à passion et mysticisme, au mythe dans la littérature, à l’amour et
227 religieuses du mythe, à passion et mysticisme, au mythe dans la littérature, à l’amour et la guerre, ont été trouvés en cours
228 ière dont le xiie siècle considérait l’amour. Le mythe n’est pas un sujet individuel inventé par un romancier. C’est une lég
229 de cité. Elle peut s’exprimer dans le langage du mythe sous une forme voilée. Ce seuil une fois franchi, elle se répand à tr
230 d’un Allemand. Quand les formes se disloquent, le mythe n’est plus un mythe, mais une réaction antisociale ; l’anarchie des m
231 les formes se disloquent, le mythe n’est plus un mythe , mais une réaction antisociale ; l’anarchie des mœurs aboutit alors f
232 présence autour de Denis de Rougemont. o. « Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme », Tribune de France. Hebdomadaire
82 1939, L’Amour et l’Occident. Avertissement
233 livre expose le contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion.
234 ème tente de remonter aux origines religieuses du mythe , tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domaines les p
235 forme extrême, exceptionnelle en apparences : le mythe de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple écl
236 que mes stylisations font tort au sens profond du mythe . Entraîné par mes analyses dans des domaines réservés d’ordinaire aux
83 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
237 Livre premierLe mythe de Tristan 1.Triomphe du roman, et ce qu’il cache « Seigneurs,
238 tre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tris
239 e peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du
240 s désignaient d’abord, je voudrais rapporter à ce mythe certaines confusions de nos mœurs. Étymologie des passions, moins déc
241 -on, est-il exact que le roman de Tristan soit un mythe  ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de l
242 e l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent pa
243 e est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais l’abus
244 ir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante, résumant
245 infini de situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations constant
246 ences quotidiennes. Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Il
247 e des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas d’auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’e
248 onte ou roman — se distingue donc radicalement du mythe . Sa valeur ne relève en effet que du talent de son créateur. Ce qui i
249 est justement ce qui n’importe pas dans le cas du mythe  : sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités de r
250 yle, etc.). Mais le caractère le plus profond du mythe , c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce
251 un événement ou même un personnage deviennent des mythes , c’est précisément cet empire qu’ils exercent sur nous comme malgré n
252 ons individuelles. Il n’en va pas de même pour le mythe  : son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raison, ou
253 légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe . Et d’abord le fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et u
254 ns la légende, dénote sa parenté profonde avec le mythe . L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expres
255 sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expression4. Elle tient d’un
256 autre part à l’importance vitale des faits que le mythe symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avait quel
257 traire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe . On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même d
258 jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les exprime
259 ne manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer clairement u
260 possible de détruire. Nous n’avons plus besoin de mythes , par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous les cons
261 ritique individuelle. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est liée à
262 es et notre raison les condamnent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et d’en joui
263 que nous sentons ou pressentons fondamentales. Le mythe exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige, mais
264 même degré les qualités contraignantes d’un vrai mythe  ? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte au cœur du pr
265 nt qu’elle pourra s’exprimer dans le demi-jour du mythe . Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui triomphe dans une Mo
266 nne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en f
267 groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contraignante et en
268 dernières vertus, la passion « contenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subconscien
269 de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe , au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à-dire
270 lente. D’où la permanence historique non point du mythe sous sa forme première, mais de l’exigence mythique à laquelle répond
271 n. Élargissant notre définition, nous appellerons mythe , désormais, cette permanence d’un type de relations et des réactions
272 de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phén
273 i l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le mythe qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà précisém
274 oilà précisément ce qui le rend si dangereux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle Nietzs
275 és mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du mythe  ; raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Bér
276 la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel mythe . Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos films, dans leu
277 s midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point redout
278 ’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver le mythe des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège.
279 e la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre
280 nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté mo
281 asse sans aucun doute le cas particulier de notre mythe . Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’extérieur du phé
282 çons à distinguer le sens secret et inquiétant du mythe  : le danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au ve
283 triomphe… Une seule réponse demeure ici digne du mythe . Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme.
284 même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe  ? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman a pour principe les séparat
285 ici que s’entre-dévoile la raison constituante du mythe , la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est telle
286 comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas de mythe , il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quell
287 , illustrée, avouée et constatée par la pureté du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion telle que la vive
288 onnaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’
289 malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du mythe . Amour réciproque, en ce sens que Tristan et Iseut « s’entr’aiment »,
290 t subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du mythe primitif livre quelques secrets dont l’importance est appréciable, — 
291 tinées. Pour autant que l’amour-passion rénove le mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la condamnati
292 sente pour le mariage. Nous savons, par la fin du mythe , que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’un
293 oman, nous avons pu saisir le contenu originel du mythe , dans sa pureté fruste et grande. Deux voies nous tentent maintenant 
294 ers les arrière-plans historiques et religieux du mythe , — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une a
295 iques et religieux du mythe, — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une après l’autre, librement. Nou
296 sera le premier responsable de la dégradation du mythe . 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tris
84 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
297 Livre IILes origines religieuses du mythe 1.L’« obstacle » naturel et sacré Nous sommes tous plus ou moi
298 certains égards, à celle de la passion dans notre mythe , beaucoup penseront que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre
299 dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe , n’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-
300 as que tout ceci explique l’apparition tardive du mythe , et encore moins sa localisation dans notre histoire européenne… L’an
301 i assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison d
302 s très précis avec ce que l’on a dit plus haut du mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre
303 s. Car c’est ici que se révèle la convergence des mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la religion fondamentale de
304 us amène aux abords de l’époque où se forma notre mythe … ⁂ Mais plus près de nous que Platon et les druides, une sorte d’unit
305 siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord
306 e oriental-occidental sur lequel se détache notre mythe . Mais d’où vient qu’il s’en soit « détaché », justement ? Quelle mena
307 que par le charme et la secrète incantation d’un mythe  ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean :
308 gieux dont nous avions décelé la présence dans le mythe nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre les doc
309 diction flagrante que résiderait l’explication du mythe  ? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs occidentales Pou
310 t pour justifier mon interprétation religieuse du mythe courtois de la passion. Pour nous faciliter une représentation analog
311 Troyes a notablement déformé la signification des mythes qu’il conte. La légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un m
312 gende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un mythe manichéen venu de l’Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des catha
313 éraire que par la suite, quand il se détachera du mythe provisoirement exténué, — au début du xviie siècle. 11.Des mythes
314 t exténué, — au début du xviie siècle. 11.Des mythes celtiques au roman breton Tristan nous apparaît comme le plus pur
315 ovoqua, au xiie siècle, la constitution de notre mythe . Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et la légende
316 ive, suffiront à faire concevoir l’originalité du mythe courtois. On y trouve exprimé et commenté en termes étonnamment moder
317 l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette
318 stique. Mais nous savons maintenant d’où vient le mythe , et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’est intr
319 ales, tout cela vient sourdement retentir dans le mythe . Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécessité à
320 en symboles équivoques et à revêtir la forme d’un mythe . De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusi
321 r la conclusion : l’amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une religion
322 faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occ
323 es sont pour une bonne partie des laïcisations du mythe , ou comme nous préférons le dire : des « profanations » successives d
324 re — un parallélisme constant avec l’évolution du mythe . C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 16. H.
85 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
325 s physiologiques, on ne comprendrait plus rien au mythe de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une f
326 auer. Prenons le problème tel que nous le pose le mythe , et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un exempl
327 le du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du mythe , que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les amants ne se veulen
328 tiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plai
329 eviendrait donc à zéro pour ce qui est du sens du mythe , et le Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour cou
330 étaphores les plus courantes. Mais de même que le mythe romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et de situ
331 le sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il d’amou
332 jusqu’à nous, c’est l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de p
86 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
333 Livre IVLe mythe dans la littérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est le péché o
334 r les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique d
335 e manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe , héritage de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer i
336 n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du mythe courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre q
337 lassique, nous avons pu décrire une assomption du mythe . C’était la voie montante et elle nous a conduits à une dissolution l
338 descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du mythe , ou pour mieux dire : sa « profanation »117 que nous allons décrire m
339 st la défense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche
340 ême d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est le signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’
341 la secrète volonté qui devait donner naissance au mythe . Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul
342 areil. Parallèlement à ces deux courants issus du mythe notons la réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque qu
343 gédie courtoise, et la plus belle résurrection du mythe avant le Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la v
344 étorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Roméo. Ju
345 de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en
346 oman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a b
347 ès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de c
348 -produit des mystiques créatrices de formes et de mythes  ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuvre d’ar
349 conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le mythe combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même d’un
350 it donc le premier qui ait échappé à l’emprise du mythe . Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier
351 e la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe , nous ferait bien voir que la vraie volonté du personnage est exactem
352 t psychologique où Corneille se place, le sens du mythe qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et il juge en fin
353 ourtant si parfaitement mené à chef. L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable.
354 attre et nier cette passion dont il vivait, et ce mythe même que réinventent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et le
355 nt guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se rédui
356 cine et de Corneille se réduit à ceci touchant le mythe  : Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant ses vic
357 reux. Ainsi devient-elle la formule même de notre mythe . Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la portée du myth
358 ans ses premières pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai p
359 aisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe , son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie de créatures fini
360 enne) qui est à l’origine de la passion et de son mythe  : du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donne au drame
361 nt dans la vie du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni »
362 vers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « ce
363 nt à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe , le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment
364 Il fallait Phèdre. Il fallait cet affleurement du mythe au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de la volonté de mort c
365 qui pour la première fois, depuis l’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la
366 e peut-être au jour intolérable… 12.Éclipse du mythe Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre, la fin du xviie s
367 ficie, comme on voudra, d’une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire
368 t-elle aboutir nécessairement à la dissolution du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empir
369 mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent toutes les
370 ui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe . « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment ave
371 e résumera toujours la réaction cynique contre le mythe . Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop poli pour
372 humain qu’une preuve de la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fallait bien que subsistât quelque
373 lanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n
374 l détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », pré
375 à proprement parler n’est pas une renaissance du mythe primitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et
376 l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voile des
377 couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves
378 e jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en moins my
379 : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe . Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît comme en marge du siècl
380 qu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera le mythe dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique seule
381 nt de recenser les innombrables manifestations du mythe dans nos littératures, surtout modernes, mais seulement de poser des
382 eur trop parfaite convenance à nos définitions du mythe …) Lettre de Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléch
383 ous côtés et se rassemblent les éléments épars du mythe , que Wagner seul osera nommer, mais alors pour le recréer dans une sy
384 la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole
385 sseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et le mythe , appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son pr
386 main, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe . Ils raffineront merveilleusement les « prétextes » traditionnels à l
387 narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe , à mesure que l’obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une cri
388 emple parfait pour l’analyse de la profanation du mythe . Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découver
389 lui démontrais que ce n’est là que l’empreinte du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture, et spécialement
390 e inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le mythe  : non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la clé.
391 if au plus haut point de la nécessité sociale des mythes . (Mensonges d’autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tan
392 s du drame, exposent la signification profonde du mythe , encore masquée dans les légendes médiévales par une foule d’éléments
393 our deux raisons qui tiennent à l’essence même du mythe . De même que le péché du premier homme, et de chaque homme, introduit
394 st l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression ach
395 recréer un obstacle à la compréhension directe du mythe . Les acteurs, les costumes, les décors158 retiennent l’attention dans
396 usique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens contradic
397 ement désigne l’expression totale d’un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « ac
398 œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère de ses
399 vre l’ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire,
400 risation du mythe Il y eut la voie poétique du mythe . Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra le symbolisme, qui engen
401 facultative. Il y eut aussi la voie romanesque du mythe  : mais elle ne tarda guère à déboucher sur une route nationale encomb
402 mais, nous en apprennent moins sur la descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin l
403 e conscience par le contenu totalement profané du mythe . Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve p
404 u mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que le secret mysti
405 tout aussi dégradée et dégradante, par rapport au mythe de Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’iv
406 d’avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu
407 rtune et propriétés). ⁂ Cette volonté de jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté
408 de style n’est pas sans relations intimes avec le mythe au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection la syn
409 ormule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du mythe originel n’est plus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation de
410 rrent des déchets de l’ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui, d’aut
411 re. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction so
412 au mysticisme des plus grands saints. Lorsque les mythes perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils se rés
413 ction sacrée, ils se résolvent en littérature. Le mythe courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puisqu’il
414 siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle
415 d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus ce que signifiait
416 ne de la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus divers : politique,
417 s polynésiennes. Cette progressive profanation du mythe , sa conversion en rhétorique, puis la dissolution de cette rhétorique
87 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
418 tions, et surtout à les situer dans la logique du mythe , qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que l’examen des f
419 t de marquer un parallélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité
420 écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à peu pr
421 au jugement de la société. Le tournoi « joue » le mythe , physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne devaient
422 le des influences courtoises, une dépréciation du mythe tragique. Le platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé pa
423 iété et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un
424 allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du mythe et son épanouissement orageux, il y a la Révolution française et les
425 tats les plus notables de cette méconnaissance du mythe . 10.La guerre totale À partir de Verdun, que les Allemands bapt
426 omantique ne trouvait plus de quoi se composer un mythe  ; ne trouvait plus des résistances choisies au sein d’une atmosphère
427 ommençant ce livre. Que l’on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’
428 t été la chevalerie courtoise, son éthique et ses mythes romanesques. La réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie c
429 son éloquent abandon aux puissances nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen de le déprimer par un excès voulu. Quoi qu
430 Les forces antivitales longtemps contenues par le mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta une di
431 d’une manière anarchique le « contenu » mortel du mythe . Cependant, je ne pense pas que le drainage de toute passion par la n
432 vres terminaux : le premier situant le conflit du mythe et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant une attitude que je
433 1932.) 167. Qu’on se reporte à notre analyse du mythe de Tristan : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce pass
434 ication) entre la communauté et les puissances du mythe .
88 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
435 Livre VILe mythe contre le mariage 1.Crise moderne du mariage Deux morales s’af
436 ociales. En d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquemen
437 ales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont i
438 aucune espèce de solution pratique : car seul le mythe , c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une espèce
439 précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au Livre I). Or voic
440 t de deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuelle au t
441 e toute possession au cœur de l’homme en proie au mythe . C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alor
442 acles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
443 rice des liens terrestres. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de l
444 ur sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivrer qu’
445 que jette sur nos psychologies la connaissance du mythe primitif, les succès du roman et du film apparaissent comme les signe
446 soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le ravisse
447 en que je ne convaincrai pas une seule victime du mythe profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cet
448 i brouillée et défraîchie que soit l’empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tour
449 d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe . Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quo
450 oderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe , entraîne des menaces évidemment intolérables pour tout ordre social,
451 a personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe ). D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxque
452 ique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part de
453 la décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et
454 ns externes indispensables à la reconstitution du mythe . La passion, officiellement éliminée, disqualifiée, et définie comme
89 1939, L’Amour et l’Occident. L’Amour action, ou de la fidélité
455 est calculable. J’ai cru cerner le secret de son mythe . La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion
456 ucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe , à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu
457  : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe , et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, nat
458 t, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et
459 it par la lucidité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais s
460 avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’a
461 euse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mai
462 es. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil mythe est né de la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don
463 e le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe , naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amou
464 Cependant, si les conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’
465 t l’idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où l
466 peut apparaître comme le bilan d’une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et conventions décriées, extension
467 ation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est
468 tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe et veut croire aux révélations de la passion. 205. B. Croce, Etica
90 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
469 C’est d’elle seule que je parle quand je parle du mythe « primitif ». Il serait aisé de se prévaloir du caractère sacré que c
470 le : elle seule agit encore sur nous, en tant que mythe de l’amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée La pensée médiévale
471 ue les Béroul et les Thomas firent subir au vieux mythe celtique. Elle nous permet de mesurer l’influence décisive de l’amour
472 de concevoir que Béroul et Thomas n’ont gardé du mythe druidique guère davantage que les noms et le support matériel de l’ac
473 se entre l’instinct de mort et Éros. L’analyse du mythe nous a montré que cette antithèse est purement apparente. Mais si la
91 1939, Articles divers (1938-1940). Le théâtre communautaire en Suisse (1939)
474 litique. Les complexes individuels font place aux mythes collectivistes, et la pièce à trois personnages au jeu sacral et mili
92 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe de Tristan
475 Livre premierLe mythe de Tristan 1.Triomphe du roman, et ce qu’il cache « Seigneurs,
476 tre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tris
477 e peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du
478 s désignaient d’abord, je voudrais rapporter à ce mythe certaines confusions de nos mœurs. Étymologie des passions, moins déc
479 -on, est-il exact que le roman de Tristan soit un mythe  ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de l
480 e l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent pa
481 e est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais l’abus
482 ir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante, résumant
483 infini de situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations constant
484 ences quotidiennes. Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Il
485 e des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas d’auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’e
486 onte ou roman — se distingue donc radicalement du mythe . Sa valeur ne relève en effet que du talent de son créateur. Ce qui i
487 est justement ce qui n’importe pas dans le cas du mythe  : sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités de r
488 yle, etc.). Mais le caractère le plus profond du mythe , c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce
489 un événement ou même un personnage deviennent des mythes , c’est précisément cet empire qu’ils exercent sur nous comme malgré n
490 ons individuelles. Il n’en va pas de même pour le mythe  : son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raison, ou
491 légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe . Et d’abord le fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et u
492 ns la légende, dénote sa parenté profonde avec le mythe . L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expres
493 sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expression5. Elle tient d’un
494 autre part à l’importance vitale des faits que le mythe symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avait quel
495 traire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe . On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même d
496 jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les exprime
497 ne manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer clairement u
498 possible de détruire. Nous n’avons plus besoin de mythes , par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous les cons
499 ritique individuelle. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est liée à
500 es et notre raison les condamnent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et d’en joui
501 que nous sentons ou pressentons fondamentales. Le mythe exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige, mais
502 même degré les qualités contraignantes d’un vrai mythe  ? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte au cœur du pr
503 nt qu’elle pourra s’exprimer dans le demi-jour du mythe . Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui triomphe dans une Mo
504 nne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en f
505 groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contraignante et en
506 dernières vertus, la passion « contenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subconscien
507 de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe , au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à-dire
508 lente. D’où la permanence historique non point du mythe sous sa forme première, mais de l’exigence mythique à laquelle répond
509 n. Élargissant notre définition, nous appellerons mythe , désormais, cette permanence d’un type de relations et des réactions
510 de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phén
511 i l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le mythe qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà précisém
512 oilà précisément ce qui le rend si dangereux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle Nietzs
513 és mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du mythe  ; raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Bér
514 la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel mythe . Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos films, dans leu
515 s midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point redout
516 ’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver le mythe des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège.
517 e la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre
518 nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté mo
519 asse sans aucun doute le cas particulier de notre mythe . Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’extérieur du phé
520 çons à distinguer le sens secret et inquiétant du mythe  : le danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au ve
521 triomphe… Une seule réponse demeure ici digne du mythe . Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme.
522 même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe  ? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman a pour principe les séparat
523 ici que s’entre-dévoile la raison constituante du mythe , la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est telle
524 comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas de mythe , il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quell
525 , illustrée, avouée et constatée par la pureté du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion telle que la vive
526 onnaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’
527 malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du mythe . Amour réciproque, en ce sens que Tristan et Iseut « s’entr’aiment »,
528 t subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du mythe primitif livre quelques secrets dont l’importance est appréciable — m
529 tinées. Pour autant que l’amour-passion rénove le mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la condamnati
530 sente pour le mariage. Nous savons, par la fin du mythe , que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’un
531 oman, nous avons pu saisir le contenu originel du mythe , dans sa pureté fruste et grande. Deux voies nous tentent maintenant 
532 ers les arrière-plans historiques et religieux du mythe , — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une a
533 iques et religieux du mythe, — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une après l’autre, librement. Nou
534 sera le premier responsable de la dégradation du mythe . 17. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tris
93 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Les origines religieuses du mythe
535 Livre IILes origines religieuses du mythe 1.L’« obstacle » naturel et sacré Nous sommes tous plus ou moi
536 certains égards, à celle de la passion dans notre mythe , beaucoup penseront que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre
537 dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe , n’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-
538 e voit pas que tout ceci explique l’apparition du mythe , et encore moins sa localisation dans notre histoire européenne… L’an
539 i assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison d
540 s très précis avec ce que l’on a dit plus haut du mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre
541 s. Car c’est ici que se révèle la convergence des mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la religion fondamentale de
542 us amène aux abords de l’époque où se forma notre mythe … ⁂ Mais plus près de nous que Platon et les druides, une sorte d’unit
543 siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord
544 e oriental-occidental sur lequel se détache notre mythe . Mais d’où vient qu’il s’en soit « détaché » justement ? Quelle menac
545 que par le charme et la secrète incantation d’un mythe  ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean :
546 gieux dont nous avions décelé la présence dans le mythe nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre les doc
547 diction flagrante que résiderait l’explication du mythe  ? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs occidentales Pou
548 x lieux et au temps où se nouent la légende et le mythe de la passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et comme u
549 Troyes a notablement déformé la signification des mythes qu’il conte. La légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un m
550 gende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un mythe manichéen venu de l’Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des catha
551 éraire que par la suite, quand il se détachera du mythe provisoirement exténué — au début du xviie siècle. 12.Des mythes
552 nt exténué — au début du xviie siècle. 12.Des mythes celtiques au roman breton Tristan nous apparaît comme le plus pur
553 ovoqua, au xiie siècle, la constitution de notre mythe . Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et la légende
554 ive, suffiront à faire concevoir l’originalité du mythe courtois. On y trouve exprimé et commenté en termes étonnamment moder
555 esprit, opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette
556 stique. Mais nous savons maintenant d’où vient le mythe , et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’est intr
557 assant par Gottfried La première recréation du mythe , par un esprit remarquablement conscient de ses implications théologi
558 ses modèles l’importance proprement religieuse du mythe dualiste de Tristan. Mais aussi, pour la même raison, il avoue mieux
559 ux que tous les autres cet élément fondamental du mythe  : l’angoisse de la sensualité, et l’orgueil « humaniste » qui la comp
560 nisante. Entre ces deux extrêmes illustrés par le mythe sur l’arrière-plan psychique et religieux du xiie siècle, toutes les
561 n gré la « matière de Bretagne », et catharise le mythe de l’amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore si elle ne lu
562 sa forme, non moins que dans son enseignement, le mythe de Tristan se révèle comme foncièrement hérétique et dualiste. Il n’y
563 ales, tout cela vient sourdement retentir dans le mythe . Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécessité à
564 en symboles équivoques et à revêtir la forme d’un mythe . De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusi
565 r la conclusion : L’amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une religion
566 faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occ
567 es sont pour une bonne partie des laïcisations du mythe , ou comme je préfère le dire : des « profanations » successives de so
568 re — un parallélisme constant avec l’évolution du mythe . C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 18. Tra
94 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Passion et mystique
569 s physiologiques, on ne comprendrait plus rien au mythe de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une f
570 auer. Prenons le problème tel que nous le pose le mythe , et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un exempl
571 le du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du mythe , que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les amants ne se veulen
572 tiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plai
573 eviendrait donc à zéro pour ce qui est du sens du mythe , et le Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour cou
574 étaphores les plus courantes. Mais de même que le mythe romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et de situ
575 le sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il d’amou
576 jusqu’à nous, c’est l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de p
95 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe dans la littérature
577 Livre IVLe mythe dans la littérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est le péché o
578 r les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique d
579 e manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe , héritage de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer i
580 n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du mythe courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre q
581 lassique, nous avons pu décrire une assomption du mythe . C’était la voie montante et elle nous a conduits à une dissolution l
582 descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du mythe , ou pour mieux dire : sa « profanation135 » que nous allons décrire m
583 st la défense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche
584 ême d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est le signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’
585 la secrète volonté qui devait donner naissance au mythe . Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul
586 areil. Parallèlement à ces deux courants issus du mythe , notons la réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque q
587 gédie courtoise, et la plus belle résurrection du mythe avant le Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la v
588 étorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Roméo. Ju
589 de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en
590 oman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a b
591 ès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de c
592 -produit des mystiques créatrices de formes et de mythes  ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuvre d’ar
593 conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le mythe combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même d’un
594 it donc le premier qui ait échappé à l’emprise du mythe . Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier
595 e la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe , nous ferait bien voir que la vraie volonté du personnage est exactem
596 t psychologique où Corneille se place, le sens du mythe qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et il juge en fin
597 ourtant si parfaitement mené à chef. L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable.
598 attre et nier cette passion dont il vivait, et ce mythe même que réinventent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et le
599 nt guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se rédui
600 ine et de Corneille se réduit à ceci, touchant le mythe  : Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant ses vic
601 reux. Ainsi devient-elle la formule même de notre mythe . Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la portée du myth
602 ans ses premières pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai p
603 aisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe , son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie de créatures fini
604 enne) qui est à l’origine de la passion et de son mythe  : du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donne au drame
605 nt dans la vie du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni »
606 vers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « ce
607 nt à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe , le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment
608 Il fallait Phèdre. Il fallait cet affleurement du mythe au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de la volonté de mort c
609 qui pour la première fois, depuis l’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la
610 e peut-être au jour intolérable… 12.Éclipse du mythe Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre, la fin du xviie s
611 ficie, comme on voudra, d’une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire
612 t-elle aboutir nécessairement à la dissolution du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empir
613 mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent toutes les
614 ui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe . « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment ave
615 e résumera toujours la réaction cynique contre le mythe . Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop poli pour
616 humain qu’une preuve de la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fallait bien que subsistât quelque
617 lanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n
618 l détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », pré
619 à proprement parler n’est pas une renaissance du mythe primitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et
620 l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voile des
621 couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves
622 e jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en moins my
623 : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe . Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît comme en marge du siècl
624 qu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera le mythe dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique seule
625 nt de recenser les innombrables manifestations du mythe dans nos littératures, surtout modernes, mais seulement de poser des
626 eur trop parfaite convenance à nos définitions du mythe …) Lettre de Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléc
627 ous côtés et se rassemblent les éléments épars du mythe , que Wagner seul osera nommer, mais alors pour le recréer dans une sy
628 la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole
629 sseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et le mythe , appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son pr
630 main, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe . Ils raffineront merveilleusement les « prétextes » traditionnels à l
631 narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe , à mesure que l’obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une cri
632 emple parfait pour l’analyse de la profanation du mythe . Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découver
633 lui démontrais que ce n’est là que l’empreinte du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture, et spécialement
634 e inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le mythe  : non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la clé.
635 if au plus haut point de la nécessité sociale des mythes . (Mensonges d’autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tan
636 s du drame, exposent la signification profonde du mythe , encore masquée dans les légendes médiévales par une foule d’éléments
637 our deux raisons qui tiennent à l’essence même du mythe . De même que le péché du premier homme, et de chaque homme, introduit
638 st l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression ach
639 recréer un obstacle à la compréhension directe du mythe . Les acteurs, les costumes, les décors176 retiennent l’attention dans
640 usique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens contradic
641 ement désigne l’expression totale d’un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « ac
642 œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère de ses
643 vre l’ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire,
644 risation du mythe Il y eut la voie poétique du mythe . Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra le symbolisme, qui engen
645 facultative. Il y eut aussi la voie romanesque du mythe  : mais elle ne tarda guère à déboucher sur une route nationale encomb
646 mais, nous en apprennent moins sur la descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin l
647 e conscience par le contenu totalement profané du mythe . Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve p
648 u mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que le secret mysti
649 tout aussi dégradée et dégradante, par rapport au mythe de Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’iv
650 d’avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu
651 rtune et propriétés.) ⁂ Cette volonté de jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté
652 figure de style n’est pas sans relations avec le mythe au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection la syn
653 ormule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du mythe originel n’est plus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation de
654 rrent des déchets de l’ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui, d’aut
655 re. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction so
656 au mysticisme des plus grands saints. Lorsque les mythes perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils se rés
657 ction sacrée, ils se résolvent en littérature. Le mythe courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puisqu’il
658 siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle
659 d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus ce que signifiait
660 ne de la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus divers : politique,
661 s polynésiennes. Cette progressive profanation du mythe — sa conversion en rhétorique, puis la dissolution de cette rhétoriqu
96 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Amour et guerre
662 stions, et surtout à le situer dans la logique du mythe , qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que l’examen des f
663 t de marquer un parallélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité
664 écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à peu pr
665 au jugement de la société. Le tournoi « joue » le mythe , physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne devaient
666 le des influences courtoises, une dépréciation du mythe tragique. Le platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé pa
667 iété et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un
668 allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du mythe et son épanouissement orageux, il y a la Révolution française et les
669 tats les plus notables de cette méconnaissance du mythe . 10.La guerre totale À partir de Verdun, que les Allemands bapt
670 omantique ne trouvait plus de quoi se composer un mythe  ; ne trouvait plus de résistances choisies au sein d’une atmosphère d
671 ommençant ce livre. Que l’on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’
672 t été la chevalerie courtoise, son éthique et ses mythes romanesques. La réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie c
673 son éloquent abandon aux puissances nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen de le déprimer par un excès voulu. Quoi qu
674 Les forces antivitales longtemps contenues par le mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta une di
675 d’une manière anarchique le « contenu » mortel du mythe . Cependant, je ne pense pas que le drainage de toute passion par la n
676 vres terminaux : le premier situant le conflit du mythe et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant une attitude que je
677  1932). 185. Qu’on se reporte à notre analyse du mythe de Tristan : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce pass
678 ication) entre la communauté et les puissances du mythe .
97 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe contre le mariage
679 Livre VILe mythe contre le mariage 1.Crise moderne du mariage Deux morales s’af
680 ociales. En d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquemen
681 ales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont i
682 aucune espèce de solution pratique : car seul le mythe , c’est-à-dire l’inconscience, pourrait fournir à la passion une espèc
683 précisément dans le jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au livre I). Or voic
684 t de deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuelle au t
685 e toute possession au cœur de l’homme en proie au mythe . C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alor
686 acles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
687 de Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de l
688 ur sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivrer qu’
689 que jette sur nos psychologies la connaissance du mythe primitif, les succès du roman et du film apparaissent comme les signe
690 soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le ravisse
691 en que je ne convaincrai pas une seule victime du mythe profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cet
692 brouillée, et défraîchie que soit l’empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tour
693 d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe . Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quo
694 oderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe , entraîne des menaces évidemment intolérables pour tout ordre social,
695 a personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe .) D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxque
696 ique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part de
697 la décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et
98 1939, L’Amour et l’Occident (1956). L’amour action, ou de la fidélité
698 ours est calculable. J’ai cru cerner le secret du mythe . La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion
699 ucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe , à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu
700  : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe , et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, nat
701 t, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et
702 it par la lucidité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais s
703 avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’a
704 euse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mai
705 es. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil mythe est né de rêves compensateurs — soit d’une fidélité contrainte et dét
706 e le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe , naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amou
707 Cependant, si les conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’
708 t l’idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où l
709 peut apparaître comme le bilan d’une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et conventions décriées, extension
710 ation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est
711 tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe et veut croire aux révélations de la passion. 223. B. Croce, Etica e
99 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Avertissement
712 livre expose le contenu caché de la légende ou du mythe de Tristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion.
713 ème tente de remonter aux origines religieuses du mythe , tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domaines les p
714 e forme extrême, exceptionnelle en apparence : le mythe de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple écl
715 que mes stylisations font tort au sens profond du mythe . ⁂ Entraîné par mes analyses dans des domaines réservés d’ordinaire
100 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Préface à l’édition de 1956
716 jour de sept ans en Amérique m’a fait voir que le mythe de la Passion — dégradée en simple romance — n’est pas près d’épuiser
717 iser l’attention de mes lecteurs à la présence du mythe  ; par suite, à les mettre en mesure de détecter ses radiations dans l