1
ns sans trêve notre sensibilité au profit de ce «
mythe
cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notr
2
e la sincérité (décembre 1926)b Nous voyons un
mythe
prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallait bien tirer que
3
ncérité spontanée, vertu moderne en qui renaît un
mythe
rousseauiste, inspire, explique un vaste domaine de la littérature co
4
ù détresse rimait avec maîtresse. École savait le
mythe
du voyage, et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle étai
5
Bientôt, élargissant son ambition, il conçoit ce
mythe
extravagant du bonheur de l’humanité par la possession d’automobiles
6
trennes dans les œuvres du plus grand créateur de
mythes
modernes, du seul écrivain dont l’influence soit comparable à celle d
7
rt et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
mythes
stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec
8
rt et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
mythes
stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec
9
révolutionnaires sans idéal et sans puissances de
mythe
; des philosophes sans pente ni grandeur ; (Je mets au concours ce pr
10
Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de
mythes
sentimentaux qui gouverne les arguments. Ici je rentre dans mes chass
11
Nietzsche qui en fut obsédé. Empédocle est de ces
mythes
tels qu’il n’est peut-être pas donné à une race d’en créer plus d’un,
12
’Etna pour mieux communier avec la divine Nature.
Mythe
grec, mais devenu, par excellence, germanique ; mythe païen, mais il
13
e grec, mais devenu, par excellence, germanique ;
mythe
païen, mais il est bien troublant de le voir se mêler, dans la troisi
14
est la vibration même d’une pensée en travail de
mythes
, sur lesquels, bientôt après, s’exercera la réflexion consciente. (Ve
15
e aussi bien que du corps. Il est possible que ce
mythe
ait animé l’humanisme de nos humanités. Il est certain qu’il a perdu
16
taire à toute description, car elle opère sur des
mythes
concrets plutôt que sur des formules explicites. Même dans son essai
17
roirait-il à l’être collectif, être sans racines,
mythe
cérébral. « Je ne distingue l’être qu’aux racines de l’élémentaire »,
18
tuel — et la Fin du Monde est l’un d’eux. Un vrai
mythe
, c’est-à-dire un événement perpétuellement possible, qui reçoit la vi
19
nt » dans l’Histoire sont celles où la forme d’un
mythe
affleure, s’incarne et devient visible. Ce sont les périodes de crise
20
e, Ramuz, l’homme qui vit concrètement les grands
mythes
et les réalise dans sa vision, cet homme sera toujours en puissance d
21
es de la souffrance, pour qu’une idée devienne ce
mythe
qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chac
22
u’à l’explosion, l’histoire se purifiera jusqu’au
mythe
. La donnée initiale est bien la même : c’est l’attrait d’une vision q
23
n’est pas donné à beaucoup d’hommes de devenir un
mythe
à force de pureté dans la réalisation de leur destin. Rimbaud est not
24
la réalisation de leur destin. Rimbaud est notre
mythe
occidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentation orie
25
leur destin. Rimbaud est notre mythe occidental :
mythe
faustien. Il a vécu tragiquement la tentation orientale, l’a condamné
26
effort particulier. Ce renoncement à un Orient de
mythe
, c’est cela même qui constitue l’Occident spirituel. C’est le refus d
27
la vie se détend, le tragique s’évanouit. Que ce
mythe
dialectique soit profondément constitutif de notre être, l’extension
28
rémonieux silence du ministre renouvelle le vieux
mythe
germanique de la « Tarnkappe », du manteau qui rend invisible. ⁂ Cett
29
gine juive, car elle remonte à Heine. Elle est un
mythe
, au moyen duquel on peut faire de l’agitation et de la propagande ant
30
Zarathoustra, génies titaniques, sont devenus des
mythes
germains par excellence, — et que c’est un Français qui, le premier,
31
Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de
mythes
sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souvent les r
32
né encore de cette fièvre amoureuse ; et tout est
mythe
de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt o
33
fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau.
Mythes
de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je ret
34
s, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels
mythes
. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors :
35
Zarathoustra, génies titaniques, sont devenus des
mythes
germains par excellence, — et que c’est un Français qui, le premier,
36
Songez à ce qui forme l’opinion, cet ensemble de
mythes
sentimentaux qui gouverne les arguments. Songez combien souvent les r
37
s, les ouvriers, les exploités ont besoin de tels
mythes
. Mais au regard de la nature, cela n’a point de sens. Ou bien alors
38
né encore de cette fièvre amoureuse ; et tout est
mythe
de nouveau. Mythes de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt o
39
fièvre amoureuse ; et tout est mythe de nouveau.
Mythes
de l’ombre et des frontières, sortis de la forêt occidentale : je ret
40
élicieuse comme les secondes voix de Schumann. Un
mythe
nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge,
41
y a de plus intact en Suisse, peut-être, c’est le
mythe
helvétique par excellence d’une décence fondamentale. Il se peut que
42
ge au naturel, en guise d’armes parlantes du beau
mythe
de l’Égalité… Et pourtant si le « grand Ostervald », si Corneille, si
43
a vécu, nous dit-on… Il faut craindre la mort des
mythes
: elle n’est jamais qu’une métamorphose. L’individu n’est mort que po
44
croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces
mythes
, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vie
45
euve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des
mythes
collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru t
46
ollectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces
mythes
. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté nouvelle que
47
ir en termes positifs, cette fois. Les dieux, les
mythes
du siècle, sont tout-puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n
48
t cruellement trompés de porte en s’adressant aux
mythes
collectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié
49
rser la question : Qu’est-ce que ces dieux et ces
mythes
collectifs ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de
50
appelle l’individu. Il faut aller plus loin : les
mythes
collectifs n’expriment rien de plus qu’une certaine attitude, l’attit
51
iellement du domaine de la poésie ». L’origine du
mythe
contemporain de l’inconscient ne serait-elle pas, elle aussi, dans ce
52
on personnelle ; c’est se reconnaître esclave des
mythes
irresponsables de l’époque. Lorsque nous disons que nous sommes contr
53
-ce que la personne ? » Répondez : « Que sont ces
mythes
collectifs sous lesquels vous prétendez nous courber ? » La classe, l
54
’adorer son illusoire autonomie, et qui remet aux
mythes
collectifs — à l’État en définitive — le soin de garantir sa « matéri
55
dont chaque membre se déclare irresponsable. Les
mythes
collectifs devant lesquels tremblent et s’agenouillent un grand nombr
56
on limite effectivement leur pouvoir. Mais si ces
mythes
représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes
57
totale, et la seule qui s’attaque aux racines des
mythes
modernes, dont l’expression suprême s’appelle l’État. Là où l’homme v
58
ue nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’un
mythe
, dont il met en doute la puissance de soulèvement. « On comprend qu’u
59
e son péché. Ainsi Maurras, lorsqu’il dénonce les
mythes
de l’hégélianisme social. « Le meilleur moyen de s’en affranchir sera
60
providence surnaturelle ! ». Toute-puissance des
mythes
! « Le meilleur moyen de s’en affranchir sera d’en revoir l’origine.
61
ce (l’assimilation de la résurrection de Jésus au
mythe
du Dieu mort et ressuscité, en particulier). Pour M. Maurice Goguel,
62
es époques théologiques. 3. Jésus de Nazareth,
mythe
ou histoire ? chez Payot. 4. Chez Payot. b. « Sur la méthode de M.
63
l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses
mythes
. Il faut reconnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit d’aujo
64
ls est, aujourd’hui, de conduire une critique des
mythes
collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de re
65
croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces
mythes
, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vie
66
euve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des
mythes
collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru t
67
ollectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces
mythes
. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté nouvelle que
68
ir en termes positifs, cette fois. Les dieux, les
mythes
du siècle, sont tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n
69
t cruellement trompés de porte en s’adressant aux
mythes
collectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié
70
renverser la question : que sont ces dieux et ces
mythes
collectifs sous lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vou
71
appelle l’individu. Il faut aller plus loin : les
mythes
collectifs n’expriment rien de plus qu’une certaine attitude, l’attit
72
on limite effectivement leur pouvoir. Mais si ces
mythes
représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes
73
s ils n’ont plus de visages particuliers. Deux
mythes
Le Bonheur est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réus
74
particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un
mythe
. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, un ensembl
75
s contemporains, l’avantage d’être comestible. Le
mythe
moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un reflet terrestre et trou
76
saisissable et le plus généralement révéré de nos
mythes
: personne encore n’a su le définir et fixer son niveau concret. D’où
77
de l’homme véritable. La révolution n’est pas un
mythe
, mais une action vigoureusement conditionnée par des buts humains déf
78
l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses
mythes
. Il faut reconnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit d’aujo
79
ls est, aujourd’hui, de conduire une critique des
mythes
collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de re
80
croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces
mythes
, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vie
81
euve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des
mythes
collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru t
82
ollectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces
mythes
. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté nouvelle que
83
ir en termes positifs, cette fois. Les dieux, les
mythes
du siècle, sont tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n
84
t cruellement trompés de porte en s’adressant aux
mythes
collectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié
85
renverser la question : que sont ces dieux et ces
mythes
collectifs sous lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vou
86
appelle l’individu. Il faut aller plus loin : les
mythes
collectifs n’expriment rien de plus qu’une certaine attitude, l’attit
87
on limite effectivement leur pouvoir. Mais si ces
mythes
représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes
88
s ils n’ont plus de visages particuliers. Deux
mythes
Le Bonheur est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réus
89
particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un
mythe
. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, un ensembl
90
s contemporains, l’avantage d’être comestible. Le
mythe
moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un reflet terrestre et trou
91
saisissable et le plus généralement révéré de nos
mythes
: personne encore n’a su le définir et fixer son niveau concret. D’où
92
de l’homme véritable. La révolution n’est pas un
mythe
, mais une action vigoureusement conditionnée par des buts humains déf
93
le, cet ersatz de religion, cette renaissance des
mythes
bourgeois : 1° n’est qu’un mauvais négatif du christianisme ; 2° ne p
94
paysage. S’il est un grand poète, il y verra des
mythes
, et s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y v
95
n que ce mépris cordial et ces honneurs rendus au
mythe
du Progrès, plus qu’à eux-mêmes, sont au fond la meilleure protection
96
om et leur emploi. Il faut toujours remonter à ce
mythe
si l’on veut saisir la genèse et l’ambition secrète de l’art de Ramuz
97
. Tout est images et complexes d’images. Tout est
mythes
45. ⁂ Ainsi la mythologie, chez Ramuz, déloge l’analyse abstraite des
98
nde (Présence de la Mort, Les Signes parmi nous),
mythe
de l’or (Farinet), mythe du génie racial, mythe de la rédemption par
99
Les Signes parmi nous), mythe de l’or (Farinet),
mythe
du génie racial, mythe de la rédemption par la souffrance (La Guériso
100
, mythe de l’or (Farinet), mythe du génie racial,
mythe
de la rédemption par la souffrance (La Guérison des Maladies), etc. E
101
ent même des images propagées par l’apparition du
mythe
au sein d’une communauté. Le bourgeois reste justiciable de la seule
102
travaillent. Tous participent de l’incarnation du
mythe
. ⁂ Voyez Les Signes parmi nous. Dans la simplicité de son sujet, ce r
103
essaire d’indiquer que rien n’est plus réel qu’un
mythe
? Il a fallu les ténèbres du xixe siècle pour que l’on prît ce mot p
104
une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un
mythe
, ou encore un saut dans le vide ? Et alors il n’y aurait nulle part d
105
le, cet ersatz de religion, cette renaissance des
mythes
bourgeois : 1° n’est qu’un mauvais négatif du christianisme ; 2° ne p
106
p contents de voir les Soviets repêcher les vieux
mythes
de leur classe. Et l’on repart, toutes voiles regonflées, vers le Bon
107
s sans raison qu’ils se remettent à glorifier les
mythes
du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolution russe a eu ce résul
108
ce qu’ils appellent la « volonté des hommes »57,
mythe
nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxiste, dont i
109
nt à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le
mythe
de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que s
110
son expression en même temps que son déguisement.
Mythe
plus vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’
111
us vaste et plus vague que celui des économistes,
mythe
créé par l’angoisse et l’orgueil des prisonniers d’une raison brutale
112
qu’on lui propose, souvent sans preuve, un grand
mythe
de communauté : nation unie, ou société sans classe… Si l’on veut com
113
périr, en attendant de lui bâtir un mausolée3. Au
mythe
d’Icare, je ne vais pas opposer le mythe d’Antée, remède matérialiste
114
lée3. Au mythe d’Icare, je ne vais pas opposer le
mythe
d’Antée, remède matérialiste. Mais à l’une et à l’autre erreur, au fa
115
effort de l’homme contre les choses et contre les
mythes
tyranniques, elle ne peut pas se libérer des souvenirs de cette origi
116
aisons de cet appel anxieux à la santé perdue. Le
mythe
qui domine une classe à bout de nerfs et de divertissements, c’est pe
117
e nerfs et de divertissements, c’est peut-être le
mythe
d’Antée. À moins qu’il ne s’agisse de quelque chose de moins sublime,
118
ssi une défense nécessaire contre la tyrannie des
mythes
. C’est peut-être elle qui nous a délivrés de l’empire des magies prim
119
s, la fatalité parallèle d’une raison ennemie des
mythes
, c’est la rationalisation, la manie de tout unifier, l’esprit de géom
120
De vulg. eloqu. I. XVI. 25. L’interprétation du
mythe
de Babel dans ce même traité (I. VII) caractérise très bien cette att
121
s sans raison qu’ils se remettent à glorifier les
mythes
du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolution russe a eu ce résul
122
ce qu’ils appellent la « volonté des hommes »43,
mythe
nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxiste, dont i
123
nt à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le
mythe
de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que s
124
son expression en même temps que son déguisement.
Mythe
plus vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’
125
us vaste et plus vague que celui des économistes,
mythe
créé par l’angoisse et l’orgueil des prisonniers d’une raison brutale
126
i joie créatrice, divaguant dans les rêves ou les
mythes
d’une pureté détachée de la vie, d’une révolte sournoise et impuissan
127
qu’on lui propose, souvent sans preuve, un grand
mythe
de communauté : nation unie, ou société sans classe… Si l’on veut com
128
té créatrice, à l’improvisation géniale et autres
mythes
romantiques. Mais je voudrais faire observer un fait dont la reconnai
129
t pas des classes, ni des gouvernements et autres
mythes
collectifs. Ce sont des hommes, un à un. Ramassons-les tous maintenan
130
es coutumes et ces lois d’un monde absent : leurs
mythes
, leurs sciences ; que me fait tout cet appareil qui prétend régler me
131
r concret ? Ne serait-il pas tout au contraire un
mythe
abstrait ? Ou simplement un acte de l’esprit, un jugement, et ne sera
132
gieuse qu’on voudrait. Mais l’individu a vécu. Ce
mythe
n’est plus à craindre que sous sa forme négative : le collectif. Rame
133
ces de la souffrance pour qu’une idée devienne ce
mythe
qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chac
134
é de son contrôle, la laisse poliment dépérir. Au
mythe
d’Icare, je ne vais pas opposer le mythe d’Antée, remède matérialiste
135
érir. Au mythe d’Icare, je ne vais pas opposer le
mythe
d’Antée, remède matérialiste. Mais à l’une et à l’autre erreur, au fa
136
effort de l’homme contre les choses et contre les
mythes
tyranniques, elle ne peut pas se libérer des souvenirs de cette origi
137
aisons de cet appel anxieux à la santé perdue. Le
mythe
qui domine une classe à bout de nerfs et de divertissements, c’est pe
138
e nerfs et de divertissements, c’est peut-être le
mythe
d’Antée. À moins qu’il ne s’agisse de quelque chose de moins sublime,
139
ssi une défense nécessaire contre la tyrannie des
mythes
. C’est peut-être elle qui nous a délivrés de l’empire des magies prim
140
s, la fatalité parallèle d’une raison ennemie des
mythes
, c’est la rationalisation, la manie de tout unifier, l’esprit de géom
141
De vulg. eloqu. I. XVI. 26. L’interprétation du
mythe
de Babel dans ce même traité (I, vii) caractérise très bien cette att
142
s sans raison qu’ils se remettent à glorifier les
mythes
du Progrès indéfini et du Bonheur : la révolution russe a eu ce résul
143
ce qu’ils appellent la « volonté des hommes »44,
mythe
nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxiste, dont i
144
nt à l’insu de ceux qu’il tourmente. C’est ici le
mythe
de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que s
145
son expression en même temps que son déguisement.
Mythe
plus vaste et plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’
146
us vaste et plus vague que celui des économistes,
mythe
créé par l’angoisse et l’orgueil des prisonniers d’une raison brutale
147
i joie créatrice, divaguant dans les rêves ou les
mythes
d’une pureté détachée de la vie, d’une révolte sournoise et impuissan
148
qu’on lui propose, souvent sans preuve, un grand
mythe
de communauté : nation unie, ou société sans classe… Si l’on veut com
149
té créatrice, à l’improvisation géniale et autres
mythes
romantiques. Mais je voudrais faire observer que la délicatesse de no
150
t pas des classes, ni des gouvernements et autres
mythes
collectifs. Ce sont des hommes, un à un. Ramassons-les tous maintenan
151
es coutumes et ces lois d’un monde absent : leurs
mythes
, leurs sciences ; que me fait tout cet appareil qui prétend régler me
152
r concret ? Ne serait-il pas tout au contraire un
mythe
abstrait ? Ou simplement un acte de l’esprit, un jugement, et ne sera
153
gieuse qu’on voudrait. Mais l’individu a vécu. Ce
mythe
n’est plus à craindre que sous sa forme négative : le collectif. Rame
154
ces de la souffrance pour qu’une idée devienne ce
mythe
qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu’au point que chac
155
nne. 6. Expéditions latérales dans le domaine des
mythes
, de la psychanalyse, enfin de la cosmologie. (J’en passe.) 7. D’une p
157
hamisso introduisit dans la conscience moderne le
mythe
de l’homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïf
158
ait essayé de formuler le symbole enfermé dans le
mythe
. Serait-ce pudeur d’artistes ? Pudeur tout court ? Ou faut-il croire
159
domaine germanique et l’expression littéraire du
mythe
: Chamisso, Andersen, Hofmannsthal, et bien d’autres imitateurs, dont
160
, en moi, m’est étranger). Revenons alors à notre
mythe
: la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or le sec
161
attendre, fait dominer l’aspect « spirituel » du
mythe
. Son conte de l’Ombre, c’est le symbole de la puissance de création q
162
nes de ses plus folles illusions, à la hauteur du
mythe
, et de la Fable, plus profondément vrais que la vie. (Plus riches d’e
163
cinquantaine d’auteurs célèbres qui ont traité le
mythe
de l’ombre perdue dans leurs romans, pièces, ou contes fantastiques.
164
ci s’orientent plutôt vers l’aspect individuel du
mythe
de l’ombre, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exe
165
ect individuel du mythe de l’ombre, rejoignant le
mythe
voisin du double. (Maupassant par exemple). Barrès, dans ses Cahiers,
166
, comme je l’ai fait, sur l’antiquité nordique du
mythe
, auquel se rattachent de très nombreuses coutumes populaires, antérie
167
Hegel, à Fichte, à Schlegel. n. « Chamisso et le
Mythe
de l’Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, n° 194, mai-juin
168
vouloir l’en séparer, on aboutit à fabriquer ces
mythes
qui ont nom race, peuple, prolétariat, prospérité, abondance, grandeu
169
at, prospérité, abondance, grandeur de la nation…
mythes
qu’il faut ensuite imposer de force à la conscience de tout un chacun
170
, fatalités économiques, évolution de l’Histoire,
mythes
de la gauche et de la droite, divinité du Führer, omniscience du Duce
171
’hésite à reconnaître dans leur existence le beau
mythe
du peuple primitif aux prises avec les éléments hostiles. En vérité,
172
ttérature du xxe siècle, il n’y a plus de grands
mythes
, il y a des analyses. On part de « faits d’observation » et l’on essa
173
parti romanesque que Selma Lagerlöf a su tirer du
mythe
. Et c’est aussi la profusion géniale des inventions concrètes — une à
174
’hésite à reconnaître dans leur existence le beau
mythe
du peuple primitif aux prises avec les éléments hostiles. En vérité,
175
, fatalités économiques, évolution de l’Histoire,
mythes
de la gauche et de la droite, divinité du Führer, omniscience du Duce
176
ulière, mais au moins déclarée. Je veux parler du
mythe
de l’arrestation, de la psychose créée dans le monde actuel par ce ph
177
u Procès de Kafka, la plus géniale description du
mythe
de l’arrestationaj. On se rappelle que c’était l’histoire d’un homme
178
une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un
mythe
, un saut dans le vide, etc. Et alors il n’y a plus nulle part de « vr
179
rs, se révèle exactement assimilable à celle d’un
mythe
. Tristan est un roman « courtois ». La courtoisie est née dans le Mid
180
e, guerre, mariage. C’est l’influence actuelle du
mythe
manichéen (mais « profané » par la littérature) que l’on décrit dans
181
ales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le
mythe
s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont i
182
aucune espèce de solution pratique : car seul le
mythe
, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une espèce
183
précisément dans le jeu de ces contraintes que le
mythe
de Tristan puisait ses moyens d’expression. Or voici que ces contrain
184
t de deux morales hostiles — et par suite plus de
mythe
possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuelle au t
185
e toute possession au cœur de l’homme en proie au
mythe
. C’est la femme dont on est séparé, et qu’on perd en la possédant. Al
186
acles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un
mythe
dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
187
tion des liens terrestres. Mais pour celui que le
mythe
vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de l
188
ur sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le
mythe
décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivrer qu’
189
que jette sur nos psychologies la connaissance du
mythe
primitif, le succès du roman et du film apparaissent comme les signes
190
soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le
mythe
des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le ravisse
191
en que je ne convaincrai pas une seule victime du
mythe
profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cet
192
i brouillée et défraîchie que soit l’empreinte du
mythe
primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tour
193
d’infini dépassement entretenu par le souvenir du
mythe
. Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quo
194
oderne fondé — par antiphrase — sur les débris du
mythe
, entraîne des menaces évidemment intolérables pour tout ordre social,
195
a personne l’éthique de l’évasion, qui est née du
mythe
.) D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxque
196
ique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du
mythe
de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part de
197
la décadence des contraintes matrimoniales et du
mythe
de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et
198
ns externes indispensables à la reconstitution du
mythe
. La passion, officiellement éliminée, disqualifiée, et définie comme
199
tz, Dokumente der Gnosis). 85. En particulier du
mythe
de Tristan, utilisant les formes de la morale chevaleresque pour expr
200
u xiie siècle). J’ai cru cerner le secret de son
mythe
. La découverte ne serait pas négligeable. Mais peut-on décrire la pas
201
ucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du
mythe
, à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu
202
: « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du
mythe
, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, nat
203
t, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le
mythe
s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et
204
t par la lucidité qu’elle développe. L’emprise du
mythe
faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’elle s’abolisse jamais
205
avec des vérités psychologiques. Notre analyse du
mythe
nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’a
206
euse », serait une sorte de surhomme, de surmâle.
Mythe
d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mai
207
es. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil
mythe
est né de la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don
208
e le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le
mythe
, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amou
209
Cependant, si les conclusions de notre examen du
mythe
courtois sont justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’
210
t l’idée de transformer le milieu humain (d’où le
mythe
de la révolution), puis l’idée de transformer le milieu naturel (d’où
211
peut apparaître comme le bilan d’une décadence :
mythe
dégradé, mariage en crise, formes et conventions décriées, extension
212
ation qui réfute les croyances courantes, nées du
mythe
de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est
213
tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le
mythe
, et veut croire aux révélations de la passion. 101. B. Croce, Etica
214
nt . Je partais d’une réflexion passionnée sur le
mythe
de la passion, la légende de Tristan et Iseut. Nul n’ignore que ce my
215
légende de Tristan et Iseut. Nul n’ignore que ce
mythe
, demeuré si puissant dans nos vies, détient une signification secrète
216
. » Cette conception du monde est décrite dans Le
Mythe
du xxe siècle de Rosenberg… Dans les camps du NSDStB il s’agit de fo
217
e profane. C’est beaucoup plus dangereux pour son
mythe
que les vociférations sacrées de quelques « antifascistes ». g. « Fa
218
crire mon livre, je voulais simplement étudier ce
mythe
et analyser la crise du mariage à notre époque. Mais plus je relisais
219
notre littérature, reprend Denis de Rougemont. Le
mythe
de Tristan et Iseut, qui pose pour la première fois ce fameux triangl
220
onvaincante. Mais comment cette interprétation du
mythe
a-t-elle pu échapper jusqu’ici aux spécialistes du Moyen Âge ? Denis
221
ue nous sommes à une époque de transition, que ce
mythe
risque de disparaître. Mais c’est encore lui qui pèse sur toute la cr
222
élicieuse comme les secondes voix de Schumann. Un
mythe
nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge,
224
ai voulu d’abord faire un livre court traitant du
mythe
de Tristan et de la décadence de la conception du mariage. Les idées
225
j’ai lus m’ont mis sur la piste d’une liaison du
mythe
de Tristan avec la tradition courtoise, les troubadours et le cathari
226
’Occident , consacrés aux origines religieuses du
mythe
, à passion et mysticisme, au mythe dans la littérature, à l’amour et
227
religieuses du mythe, à passion et mysticisme, au
mythe
dans la littérature, à l’amour et la guerre, ont été trouvés en cours
228
ière dont le xiie siècle considérait l’amour. Le
mythe
n’est pas un sujet individuel inventé par un romancier. C’est une lég
229
de cité. Elle peut s’exprimer dans le langage du
mythe
sous une forme voilée. Ce seuil une fois franchi, elle se répand à tr
230
d’un Allemand. Quand les formes se disloquent, le
mythe
n’est plus un mythe, mais une réaction antisociale ; l’anarchie des m
231
les formes se disloquent, le mythe n’est plus un
mythe
, mais une réaction antisociale ; l’anarchie des mœurs aboutit alors f
232
présence autour de Denis de Rougemont. o. « Du
mythe
de Tristan et Iseut à l’hitlérisme », Tribune de France. Hebdomadaire
233
livre expose le contenu caché de la légende ou du
mythe
de Tristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion.
234
ème tente de remonter aux origines religieuses du
mythe
, tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domaines les p
235
forme extrême, exceptionnelle en apparences : le
mythe
de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple écl
236
que mes stylisations font tort au sens profond du
mythe
. Entraîné par mes analyses dans des domaines réservés d’ordinaire aux
238
tre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le
mythe
Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tris
239
e peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand
mythe
européen de l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du
240
s désignaient d’abord, je voudrais rapporter à ce
mythe
certaines confusions de nos mœurs. Étymologie des passions, moins déc
241
-on, est-il exact que le roman de Tristan soit un
mythe
? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de l
242
e l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que
mythe
est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent pa
243
e est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de
mythes
manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais l’abus
244
ir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un
mythe
est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante, résumant
245
infini de situations plus ou moins analogues. Le
mythe
permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations constant
246
ences quotidiennes. Dans un sens plus étroit, les
mythes
traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Il
247
e des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent : un
mythe
n’a pas d’auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’e
248
onte ou roman — se distingue donc radicalement du
mythe
. Sa valeur ne relève en effet que du talent de son créateur. Ce qui i
249
est justement ce qui n’importe pas dans le cas du
mythe
: sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités de r
250
yle, etc.). Mais le caractère le plus profond du
mythe
, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce
251
un événement ou même un personnage deviennent des
mythes
, c’est précisément cet empire qu’ils exercent sur nous comme malgré n
252
ons individuelles. Il n’en va pas de même pour le
mythe
: son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raison, ou
253
légende de Tristan sont de ceux qui signalent un
mythe
. Et d’abord le fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et u
254
ns la légende, dénote sa parenté profonde avec le
mythe
. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expres
255
sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du
mythe
en général ne réside pas dans sa forme d’expression4. Elle tient d’un
256
autre part à l’importance vitale des faits que le
mythe
symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avait quel
257
traire à la critique, il n’y aurait pas besoin de
mythe
. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même d
258
jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de
mythe
tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les exprime
259
ne manière manifeste ou directe. Au contraire, le
mythe
paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer clairement u
260
possible de détruire. Nous n’avons plus besoin de
mythes
, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous les cons
261
ritique individuelle. Mais nous avons besoin d’un
mythe
pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est liée à
262
es et notre raison les condamnent. L’obscurité du
mythe
nous met donc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et d’en joui
263
que nous sentons ou pressentons fondamentales. Le
mythe
exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige, mais
264
même degré les qualités contraignantes d’un vrai
mythe
? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte au cœur du pr
265
nt qu’elle pourra s’exprimer dans le demi-jour du
mythe
. Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui triomphe dans une Mo
266
nne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le
mythe
cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en f
267
groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un
mythe
au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contraignante et en
268
dernières vertus, la passion « contenue » dans le
mythe
primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subconscien
269
de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le
mythe
, au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à-dire
270
lente. D’où la permanence historique non point du
mythe
sous sa forme première, mais de l’exigence mythique à laquelle répond
271
n. Élargissant notre définition, nous appellerons
mythe
, désormais, cette permanence d’un type de relations et des réactions
272
de relations et des réactions qu’il provoque. Le
mythe
de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phén
273
i l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le
mythe
qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà précisém
274
oilà précisément ce qui le rend si dangereux. Les
mythes
déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle Nietzs
275
és mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du
mythe
; raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Bér
276
la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel
mythe
. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos films, dans leu
277
s midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le
mythe
agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point redout
278
’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver le
mythe
des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège.
279
e la vie de ses contemporains. Si je m’attache au
mythe
de Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre
280
nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le
mythe
de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté mo
281
asse sans aucun doute le cas particulier de notre
mythe
. Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’extérieur du phé
282
çons à distinguer le sens secret et inquiétant du
mythe
: le danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au ve
283
triomphe… Une seule réponse demeure ici digne du
mythe
. Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme.
284
même de la passion, — si l’on descend au fond du
mythe
? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman a pour principe les séparat
285
ici que s’entre-dévoile la raison constituante du
mythe
, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est telle
286
comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas de
mythe
, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quell
287
, illustrée, avouée et constatée par la pureté du
mythe
originel, redescendons à l’expérience de la passion telle que la vive
288
onnaître à travers la douleur, c’est le secret du
mythe
de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’
289
malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du
mythe
. Amour réciproque, en ce sens que Tristan et Iseut « s’entr’aiment »,
290
t subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du
mythe
primitif livre quelques secrets dont l’importance est appréciable, —
291
tinées. Pour autant que l’amour-passion rénove le
mythe
dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la condamnati
292
sente pour le mariage. Nous savons, par la fin du
mythe
, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’un
293
oman, nous avons pu saisir le contenu originel du
mythe
, dans sa pureté fruste et grande. Deux voies nous tentent maintenant
294
ers les arrière-plans historiques et religieux du
mythe
, — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une a
295
iques et religieux du mythe, — l’autre descend du
mythe
jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une après l’autre, librement. Nou
296
sera le premier responsable de la dégradation du
mythe
. 15. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tris
297
Livre IILes origines religieuses du
mythe
1.L’« obstacle » naturel et sacré Nous sommes tous plus ou moi
298
certains égards, à celle de la passion dans notre
mythe
, beaucoup penseront que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre
299
dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du
mythe
, n’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-
300
as que tout ceci explique l’apparition tardive du
mythe
, et encore moins sa localisation dans notre histoire européenne… L’an
301
i assimile jusque dans les détails les plus vieux
mythes
celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison d
302
s très précis avec ce que l’on a dit plus haut du
mythe
de Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre
303
s. Car c’est ici que se révèle la convergence des
mythes
iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la religion fondamentale de
304
us amène aux abords de l’époque où se forma notre
mythe
… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et les druides, une sorte d’unit
305
siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des
mythes
du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord
306
e oriental-occidental sur lequel se détache notre
mythe
. Mais d’où vient qu’il s’en soit « détaché », justement ? Quelle mena
307
que par le charme et la secrète incantation d’un
mythe
? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean :
308
gieux dont nous avions décelé la présence dans le
mythe
nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre les doc
309
diction flagrante que résiderait l’explication du
mythe
? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs occidentales Pou
310
t pour justifier mon interprétation religieuse du
mythe
courtois de la passion. Pour nous faciliter une représentation analog
311
Troyes a notablement déformé la signification des
mythes
qu’il conte. La légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un m
312
gende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un
mythe
manichéen venu de l’Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des catha
313
éraire que par la suite, quand il se détachera du
mythe
provisoirement exténué, — au début du xviie siècle. 11.Des mythes
314
t exténué, — au début du xviie siècle. 11.Des
mythes
celtiques au roman breton Tristan nous apparaît comme le plus pur
315
ovoqua, au xiie siècle, la constitution de notre
mythe
. Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et la légende
316
ive, suffiront à faire concevoir l’originalité du
mythe
courtois. On y trouve exprimé et commenté en termes étonnamment moder
317
l’Amour opéra ses transmutations. Ainsi naquit le
mythe
de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette
318
stique. Mais nous savons maintenant d’où vient le
mythe
, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’est intr
319
ales, tout cela vient sourdement retentir dans le
mythe
. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécessité à
320
en symboles équivoques et à revêtir la forme d’un
mythe
. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusi
321
r la conclusion : l’amour-passion glorifié par le
mythe
fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une religion
322
faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et le
mythe
de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occ
323
es sont pour une bonne partie des laïcisations du
mythe
, ou comme nous préférons le dire : des « profanations » successives d
324
re — un parallélisme constant avec l’évolution du
mythe
. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 16. H.
325
s physiologiques, on ne comprendrait plus rien au
mythe
de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une f
326
auer. Prenons le problème tel que nous le pose le
mythe
, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un exempl
327
le du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du
mythe
, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les amants ne se veulen
328
tiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le
mythe
plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plai
329
eviendrait donc à zéro pour ce qui est du sens du
mythe
, et le Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour cou
330
étaphores les plus courantes. Mais de même que le
mythe
romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et de situ
331
le sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du
mythe
nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il d’amou
332
jusqu’à nous, c’est l’histoire de la déchéance du
mythe
courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de p
334
r les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre
mythe
qu’elle le doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique d
335
e manière plus précise : c’est à la rhétorique du
mythe
, héritage de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer i
336
n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du
mythe
courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre q
337
lassique, nous avons pu décrire une assomption du
mythe
. C’était la voie montante et elle nous a conduits à une dissolution l
338
descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du
mythe
, ou pour mieux dire : sa « profanation »117 que nous allons décrire m
339
st la défense normale que l’homme païen oppose au
mythe
de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche
340
ême d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du
mythe
courtois, c’est le signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’
341
la secrète volonté qui devait donner naissance au
mythe
. Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul
342
areil. Parallèlement à ces deux courants issus du
mythe
notons la réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque qu
343
gédie courtoise, et la plus belle résurrection du
mythe
avant le Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la v
344
étorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le
mythe
de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Roméo. Ju
345
de la mystique à la psychologie L’histoire du
mythe
dans le Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en
346
oman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du
mythe
n’éveillent guère dans l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a b
347
ès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au
mythe
primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de c
348
-produit des mystiques créatrices de formes et de
mythes
? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuvre d’ar
349
conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le
mythe
combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même d’un
350
it donc le premier qui ait échappé à l’emprise du
mythe
. Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier
351
e la comédie, même si nous ignorions les ruses du
mythe
, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personnage est exactem
352
t psychologique où Corneille se place, le sens du
mythe
qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et il juge en fin
353
ourtant si parfaitement mené à chef. L’essence du
mythe
de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable.
354
attre et nier cette passion dont il vivait, et ce
mythe
même que réinventent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et le
355
nt guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou le
mythe
déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se rédui
356
cine et de Corneille se réduit à ceci touchant le
mythe
: Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant ses vic
357
reux. Ainsi devient-elle la formule même de notre
mythe
. Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la portée du myth
358
ans ses premières pièces, raccourcit la portée du
mythe
à la mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai p
359
aisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du
mythe
, son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie de créatures fini
360
enne) qui est à l’origine de la passion et de son
mythe
: du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donne au drame
361
nt dans la vie du poète, mais dans l’évolution du
mythe
à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni »
362
vers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le
mythe
« puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « ce
363
nt à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le
mythe
, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment
364
Il fallait Phèdre. Il fallait cet affleurement du
mythe
au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de la volonté de mort c
365
qui pour la première fois, depuis l’apparition du
mythe
au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la
366
e peut-être au jour intolérable… 12.Éclipse du
mythe
Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre, la fin du xviie s
367
ficie, comme on voudra, d’une première éclipse du
mythe
dans les mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire
368
t-elle aboutir nécessairement à la dissolution du
mythe
et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empir
369
mythe et de son dynamisme originel. C’est que le
mythe
ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent toutes les
370
ui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du
mythe
. « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment ave
371
e résumera toujours la réaction cynique contre le
mythe
. Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop poli pour
372
humain qu’une preuve de la secrète persistance du
mythe
au cœur des hommes du xviiie . Il fallait bien que subsistât quelque
373
lanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du
mythe
devait faire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n
374
l détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du
mythe
par l’ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », pré
375
à proprement parler n’est pas une renaissance du
mythe
primitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et
376
l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le
mythe
qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voile des
377
couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le
mythe
qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves
378
e jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le
mythe
se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en moins my
379
: de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
mythe
. Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît comme en marge du siècl
380
qu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera le
mythe
dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique seule
381
nt de recenser les innombrables manifestations du
mythe
dans nos littératures, surtout modernes, mais seulement de poser des
382
eur trop parfaite convenance à nos définitions du
mythe
…) Lettre de Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléch
383
ous côtés et se rassemblent les éléments épars du
mythe
, que Wagner seul osera nommer, mais alors pour le recréer dans une sy
384
la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du
mythe
Le rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole
385
sseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et le
mythe
, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son pr
386
main, sans retrouver pourtant la forte naïveté du
mythe
. Ils raffineront merveilleusement les « prétextes » traditionnels à l
387
narcissisme avoué… Intériorisation progressive du
mythe
, à mesure que l’obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une cri
388
emple parfait pour l’analyse de la profanation du
mythe
. Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découver
389
lui démontrais que ce n’est là que l’empreinte du
mythe
dans son esprit, une habitude héritée de la culture, et spécialement
390
e inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le
mythe
: non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la clé.
391
if au plus haut point de la nécessité sociale des
mythes
. (Mensonges d’autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tan
392
s du drame, exposent la signification profonde du
mythe
, encore masquée dans les légendes médiévales par une foule d’éléments
393
our deux raisons qui tiennent à l’essence même du
mythe
. De même que le péché du premier homme, et de chaque homme, introduit
394
st l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le
mythe
de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression ach
395
recréer un obstacle à la compréhension directe du
mythe
. Les acteurs, les costumes, les décors158 retiennent l’attention dans
396
usique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le
mythe
connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens contradic
397
ement désigne l’expression totale d’un être, d’un
mythe
ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « ac
398
œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le
mythe
« achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère de ses
399
vre l’ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du
mythe
Il y eut la voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire,
400
risation du mythe Il y eut la voie poétique du
mythe
. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra le symbolisme, qui engen
401
facultative. Il y eut aussi la voie romanesque du
mythe
: mais elle ne tarda guère à déboucher sur une route nationale encomb
402
mais, nous en apprennent moins sur la descente du
mythe
dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin l
403
e conscience par le contenu totalement profané du
mythe
. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve p
404
u mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai
mythe
dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que le secret mysti
405
tout aussi dégradée et dégradante, par rapport au
mythe
de Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’iv
406
d’avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du
mythe
de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu
407
rtune et propriétés). ⁂ Cette volonté de jouir du
mythe
mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté
408
de style n’est pas sans relations intimes avec le
mythe
au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection la syn
409
ormule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du
mythe
originel n’est plus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation de
410
rrent des déchets de l’ancienne culture et de ses
mythes
désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui, d’aut
411
re. 21.La passion dans tous les domaines Le
mythe
sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction so
412
au mysticisme des plus grands saints. Lorsque les
mythes
perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils se rés
413
ction sacrée, ils se résolvent en littérature. Le
mythe
courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puisqu’il
414
siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le
mythe
originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle
415
d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du
mythe
inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus ce que signifiait
416
ne de la sexualité proprement dite, le contenu du
mythe
et ses fantômes envahissent les domaines les plus divers : politique,
417
s polynésiennes. Cette progressive profanation du
mythe
, sa conversion en rhétorique, puis la dissolution de cette rhétorique
418
tions, et surtout à les situer dans la logique du
mythe
, qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que l’examen des f
419
t de marquer un parallélisme entre l’évolution du
mythe
et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité
420
écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le
mythe
en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à peu pr
421
au jugement de la société. Le tournoi « joue » le
mythe
, physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne devaient
422
le des influences courtoises, une dépréciation du
mythe
tragique. Le platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé pa
423
iété et sa culture font un effort pour recréer le
mythe
de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un
424
allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du
mythe
et son épanouissement orageux, il y a la Révolution française et les
425
tats les plus notables de cette méconnaissance du
mythe
. 10.La guerre totale À partir de Verdun, que les Allemands bapt
426
omantique ne trouvait plus de quoi se composer un
mythe
; ne trouvait plus des résistances choisies au sein d’une atmosphère
427
ommençant ce livre. Que l’on suive l’évolution du
mythe
occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’
428
t été la chevalerie courtoise, son éthique et ses
mythes
romanesques. La réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie c
429
son éloquent abandon aux puissances nocturnes du
mythe
n’ait été un dernier moyen de le déprimer par un excès voulu. Quoi qu
430
Les forces antivitales longtemps contenues par le
mythe
se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta une di
431
d’une manière anarchique le « contenu » mortel du
mythe
. Cependant, je ne pense pas que le drainage de toute passion par la n
432
vres terminaux : le premier situant le conflit du
mythe
et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant une attitude que je
433
1932.) 167. Qu’on se reporte à notre analyse du
mythe
de Tristan : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce pass
436
ociales. En d’autres temps, ce fut la fonction du
mythe
que d’ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquemen
437
ales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le
mythe
s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont i
438
aucune espèce de solution pratique : car seul le
mythe
, c’est-à-dire l’inconscience pourrait fournir à la passion une espèce
439
précisément dans le jeu de ces contraintes que le
mythe
puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au Livre I). Or voic
440
t de deux morales hostiles — et par suite plus de
mythe
possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuelle au t
441
e toute possession au cœur de l’homme en proie au
mythe
. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alor
442
acles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un
mythe
dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
443
rice des liens terrestres. Mais pour celui que le
mythe
vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de l
444
ur sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le
mythe
décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivrer qu’
445
que jette sur nos psychologies la connaissance du
mythe
primitif, les succès du roman et du film apparaissent comme les signe
446
soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le
mythe
des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le ravisse
447
en que je ne convaincrai pas une seule victime du
mythe
profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cet
448
i brouillée et défraîchie que soit l’empreinte du
mythe
primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tour
449
d’infini dépassement entretenu par le souvenir du
mythe
. Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quo
450
oderne fondé — par antiphrase — sur les débris du
mythe
, entraîne des menaces évidemment intolérables pour tout ordre social,
451
a personne l’éthique de l’évasion, qui est née du
mythe
). D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxque
452
ique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du
mythe
de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part de
453
la décadence des contraintes matrimoniales et du
mythe
de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond de désespoir et
454
ns externes indispensables à la reconstitution du
mythe
. La passion, officiellement éliminée, disqualifiée, et définie comme
455
est calculable. J’ai cru cerner le secret de son
mythe
. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion
456
ucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du
mythe
, à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu
457
: « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du
mythe
, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, nat
458
t, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le
mythe
s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et
459
it par la lucidité qu’elle développe. L’empire du
mythe
faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais s
460
avec des vérités psychologiques. Notre analyse du
mythe
nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’a
461
euse », serait une sorte de surhomme, de surmâle.
Mythe
d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mai
462
es. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil
mythe
est né de la rêverie des impuissants. Et en effet, la conduite de Don
463
e le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le
mythe
, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amou
464
Cependant, si les conclusions de notre examen du
mythe
courtois sont justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’
465
t l’idée de transformer le milieu humain (d’où le
mythe
de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où l
466
peut apparaître comme le bilan d’une décadence :
mythe
dégradé, mariage en crise, formes et conventions décriées, extension
467
ation qui réfute les croyances courantes, nées du
mythe
de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est
468
tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le
mythe
et veut croire aux révélations de la passion. 205. B. Croce, Etica
469
C’est d’elle seule que je parle quand je parle du
mythe
« primitif ». Il serait aisé de se prévaloir du caractère sacré que c
470
le : elle seule agit encore sur nous, en tant que
mythe
de l’amour-passion. 2. – Chevalerie sacrée La pensée médiévale
471
ue les Béroul et les Thomas firent subir au vieux
mythe
celtique. Elle nous permet de mesurer l’influence décisive de l’amour
472
de concevoir que Béroul et Thomas n’ont gardé du
mythe
druidique guère davantage que les noms et le support matériel de l’ac
473
se entre l’instinct de mort et Éros. L’analyse du
mythe
nous a montré que cette antithèse est purement apparente. Mais si la
474
litique. Les complexes individuels font place aux
mythes
collectivistes, et la pièce à trois personnages au jeu sacral et mili
476
tre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le
mythe
Il existe un grand mythe européen de l’adultère : le Roman de Tris
477
e peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand
mythe
européen de l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du
478
s désignaient d’abord, je voudrais rapporter à ce
mythe
certaines confusions de nos mœurs. Étymologie des passions, moins déc
479
-on, est-il exact que le roman de Tristan soit un
mythe
? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de l
480
e l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que
mythe
est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent pa
481
e est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop de
mythes
manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais l’abus
482
ir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un
mythe
est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante, résumant
483
infini de situations plus ou moins analogues. Le
mythe
permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations constant
484
ences quotidiennes. Dans un sens plus étroit, les
mythes
traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Il
485
e des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent : un
mythe
n’a pas d’auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’e
486
onte ou roman — se distingue donc radicalement du
mythe
. Sa valeur ne relève en effet que du talent de son créateur. Ce qui i
487
est justement ce qui n’importe pas dans le cas du
mythe
: sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités de r
488
yle, etc.). Mais le caractère le plus profond du
mythe
, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce
489
un événement ou même un personnage deviennent des
mythes
, c’est précisément cet empire qu’ils exercent sur nous comme malgré n
490
ons individuelles. Il n’en va pas de même pour le
mythe
: son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raison, ou
491
légende de Tristan sont de ceux qui signalent un
mythe
. Et d’abord le fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et u
492
ns la légende, dénote sa parenté profonde avec le
mythe
. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expres
493
sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du
mythe
en général ne réside pas dans sa forme d’expression5. Elle tient d’un
494
autre part à l’importance vitale des faits que le
mythe
symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avait quel
495
traire à la critique, il n’y aurait pas besoin de
mythe
. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même d
496
jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de
mythe
tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les exprime
497
ne manière manifeste ou directe. Au contraire, le
mythe
paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer clairement u
498
possible de détruire. Nous n’avons plus besoin de
mythes
, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous les cons
499
ritique individuelle. Mais nous avons besoin d’un
mythe
pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est liée à
500
es et notre raison les condamnent. L’obscurité du
mythe
nous met donc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et d’en joui
501
que nous sentons ou pressentons fondamentales. Le
mythe
exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige, mais
502
même degré les qualités contraignantes d’un vrai
mythe
? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte au cœur du pr
503
nt qu’elle pourra s’exprimer dans le demi-jour du
mythe
. Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui triomphe dans une Mo
504
nne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le
mythe
cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en f
505
groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un
mythe
au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contraignante et en
506
dernières vertus, la passion « contenue » dans le
mythe
primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subconscien
507
de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le
mythe
, au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à-dire
508
lente. D’où la permanence historique non point du
mythe
sous sa forme première, mais de l’exigence mythique à laquelle répond
509
n. Élargissant notre définition, nous appellerons
mythe
, désormais, cette permanence d’un type de relations et des réactions
510
de relations et des réactions qu’il provoque. Le
mythe
de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phén
511
i l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le
mythe
qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà précisém
512
oilà précisément ce qui le rend si dangereux. Les
mythes
déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle Nietzs
513
és mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du
mythe
; raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Bér
514
la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel
mythe
. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos films, dans leu
515
s midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le
mythe
agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point redout
516
’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver le
mythe
des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège.
517
e la vie de ses contemporains. Si je m’attache au
mythe
de Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre
518
nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le
mythe
de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté mo
519
asse sans aucun doute le cas particulier de notre
mythe
. Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’extérieur du phé
520
çons à distinguer le sens secret et inquiétant du
mythe
: le danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au ve
521
triomphe… Une seule réponse demeure ici digne du
mythe
. Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout le confirme.
522
même de la passion, — si l’on descend au fond du
mythe
? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman a pour principe les séparat
523
ici que s’entre-dévoile la raison constituante du
mythe
, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est telle
524
comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas de
mythe
, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quell
525
, illustrée, avouée et constatée par la pureté du
mythe
originel, redescendons à l’expérience de la passion telle que la vive
526
onnaître à travers la douleur, c’est le secret du
mythe
de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’
527
malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du
mythe
. Amour réciproque, en ce sens que Tristan et Iseut « s’entr’aiment »,
528
t subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du
mythe
primitif livre quelques secrets dont l’importance est appréciable — m
529
tinées. Pour autant que l’amour-passion rénove le
mythe
dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la condamnati
530
sente pour le mariage. Nous savons, par la fin du
mythe
, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’un
531
oman, nous avons pu saisir le contenu originel du
mythe
, dans sa pureté fruste et grande. Deux voies nous tentent maintenant
532
ers les arrière-plans historiques et religieux du
mythe
, — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une a
533
iques et religieux du mythe, — l’autre descend du
mythe
jusqu’à nos jours. Parcourons-les l’une après l’autre, librement. Nou
534
sera le premier responsable de la dégradation du
mythe
. 17. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tris
535
Livre IILes origines religieuses du
mythe
1.L’« obstacle » naturel et sacré Nous sommes tous plus ou moi
536
certains égards, à celle de la passion dans notre
mythe
, beaucoup penseront que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre
537
dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du
mythe
, n’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-
538
e voit pas que tout ceci explique l’apparition du
mythe
, et encore moins sa localisation dans notre histoire européenne… L’an
539
i assimile jusque dans les détails les plus vieux
mythes
celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison d
540
s très précis avec ce que l’on a dit plus haut du
mythe
de Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre
541
s. Car c’est ici que se révèle la convergence des
mythes
iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la religion fondamentale de
542
us amène aux abords de l’époque où se forma notre
mythe
… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et les druides, une sorte d’unit
543
siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des
mythes
du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord
544
e oriental-occidental sur lequel se détache notre
mythe
. Mais d’où vient qu’il s’en soit « détaché » justement ? Quelle menac
545
que par le charme et la secrète incantation d’un
mythe
? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean :
546
gieux dont nous avions décelé la présence dans le
mythe
nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre les doc
547
diction flagrante que résiderait l’explication du
mythe
? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs occidentales Pou
548
x lieux et au temps où se nouent la légende et le
mythe
de la passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et comme u
549
Troyes a notablement déformé la signification des
mythes
qu’il conte. La légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un m
550
gende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un
mythe
manichéen venu de l’Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des catha
551
éraire que par la suite, quand il se détachera du
mythe
provisoirement exténué — au début du xviie siècle. 12.Des mythes
552
nt exténué — au début du xviie siècle. 12.Des
mythes
celtiques au roman breton Tristan nous apparaît comme le plus pur
553
ovoqua, au xiie siècle, la constitution de notre
mythe
. Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et la légende
554
ive, suffiront à faire concevoir l’originalité du
mythe
courtois. On y trouve exprimé et commenté en termes étonnamment moder
555
esprit, opéra ses transmutations. Ainsi naquit le
mythe
de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette
556
stique. Mais nous savons maintenant d’où vient le
mythe
, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’est intr
557
assant par Gottfried La première recréation du
mythe
, par un esprit remarquablement conscient de ses implications théologi
558
ses modèles l’importance proprement religieuse du
mythe
dualiste de Tristan. Mais aussi, pour la même raison, il avoue mieux
559
ux que tous les autres cet élément fondamental du
mythe
: l’angoisse de la sensualité, et l’orgueil « humaniste » qui la comp
560
nisante. Entre ces deux extrêmes illustrés par le
mythe
sur l’arrière-plan psychique et religieux du xiie siècle, toutes les
561
n gré la « matière de Bretagne », et catharise le
mythe
de l’amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore si elle ne lu
562
sa forme, non moins que dans son enseignement, le
mythe
de Tristan se révèle comme foncièrement hérétique et dualiste. Il n’y
563
ales, tout cela vient sourdement retentir dans le
mythe
. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécessité à
564
en symboles équivoques et à revêtir la forme d’un
mythe
. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusi
565
r la conclusion : L’amour-passion glorifié par le
mythe
fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une religion
566
faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et le
mythe
de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occ
567
es sont pour une bonne partie des laïcisations du
mythe
, ou comme je préfère le dire : des « profanations » successives de so
568
re — un parallélisme constant avec l’évolution du
mythe
. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 18. Tra
569
s physiologiques, on ne comprendrait plus rien au
mythe
de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une f
570
auer. Prenons le problème tel que nous le pose le
mythe
, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un exempl
571
le du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du
mythe
, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les amants ne se veulen
572
tiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le
mythe
plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plai
573
eviendrait donc à zéro pour ce qui est du sens du
mythe
, et le Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour cou
574
étaphores les plus courantes. Mais de même que le
mythe
romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et de situ
575
le sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du
mythe
nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il d’amou
576
jusqu’à nous, c’est l’histoire de la déchéance du
mythe
courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de p
578
r les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre
mythe
qu’elle le doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique d
579
e manière plus précise : c’est à la rhétorique du
mythe
, héritage de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer i
580
n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du
mythe
courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre q
581
lassique, nous avons pu décrire une assomption du
mythe
. C’était la voie montante et elle nous a conduits à une dissolution l
582
descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du
mythe
, ou pour mieux dire : sa « profanation135 » que nous allons décrire m
583
st la défense normale que l’homme païen oppose au
mythe
de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche
584
ême d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du
mythe
courtois, c’est le signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’
585
la secrète volonté qui devait donner naissance au
mythe
. Mais la confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul
586
areil. Parallèlement à ces deux courants issus du
mythe
, notons la réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque q
587
gédie courtoise, et la plus belle résurrection du
mythe
avant le Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la v
588
étorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le
mythe
de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Roméo. Ju
589
de la mystique à la psychologie L’histoire du
mythe
dans le Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en
590
oman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du
mythe
n’éveillent guère dans l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a b
591
ès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au
mythe
primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de c
592
-produit des mystiques créatrices de formes et de
mythes
? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuvre d’ar
593
conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le
mythe
combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même d’un
594
it donc le premier qui ait échappé à l’emprise du
mythe
. Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier
595
e la comédie, même si nous ignorions les ruses du
mythe
, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personnage est exactem
596
t psychologique où Corneille se place, le sens du
mythe
qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et il juge en fin
597
ourtant si parfaitement mené à chef. L’essence du
mythe
de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable.
598
attre et nier cette passion dont il vivait, et ce
mythe
même que réinventent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et le
599
nt guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou le
mythe
déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se rédui
600
ine et de Corneille se réduit à ceci, touchant le
mythe
: Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant ses vic
601
reux. Ainsi devient-elle la formule même de notre
mythe
. Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la portée du myth
602
ans ses premières pièces, raccourcit la portée du
mythe
à la mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai p
603
aisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du
mythe
, son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie de créatures fini
604
enne) qui est à l’origine de la passion et de son
mythe
: du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donne au drame
605
nt dans la vie du poète, mais dans l’évolution du
mythe
à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni »
606
vers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le
mythe
« puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « ce
607
nt à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le
mythe
, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment
608
Il fallait Phèdre. Il fallait cet affleurement du
mythe
au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de la volonté de mort c
609
qui pour la première fois, depuis l’apparition du
mythe
au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante, renversant toute la
610
e peut-être au jour intolérable… 12.Éclipse du
mythe
Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre, la fin du xviie s
611
ficie, comme on voudra, d’une première éclipse du
mythe
dans les mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire
612
t-elle aboutir nécessairement à la dissolution du
mythe
et de son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empir
613
mythe et de son dynamisme originel. C’est que le
mythe
ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent toutes les
614
ui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du
mythe
. « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment ave
615
e résumera toujours la réaction cynique contre le
mythe
. Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop poli pour
616
humain qu’une preuve de la secrète persistance du
mythe
au cœur des hommes du xviiie . Il fallait bien que subsistât quelque
617
lanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du
mythe
devait faire apparaître l’antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n
618
l détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du
mythe
par l’ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », pré
619
à proprement parler n’est pas une renaissance du
mythe
primitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et
620
l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le
mythe
qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voile des
621
couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le
mythe
qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves
622
e jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le
mythe
se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en moins my
623
: de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du
mythe
. Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît comme en marge du siècl
624
qu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera le
mythe
dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique seule
625
nt de recenser les innombrables manifestations du
mythe
dans nos littératures, surtout modernes, mais seulement de poser des
626
eur trop parfaite convenance à nos définitions du
mythe
…) Lettre de Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléc
627
ous côtés et se rassemblent les éléments épars du
mythe
, que Wagner seul osera nommer, mais alors pour le recréer dans une sy
628
la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du
mythe
Le rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole
629
sseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et le
mythe
, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son pr
630
main, sans retrouver pourtant la forte naïveté du
mythe
. Ils raffineront merveilleusement les « prétextes » traditionnels à l
631
narcissisme avoué… Intériorisation progressive du
mythe
, à mesure que l’obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une cri
632
emple parfait pour l’analyse de la profanation du
mythe
. Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découver
633
lui démontrais que ce n’est là que l’empreinte du
mythe
dans son esprit, une habitude héritée de la culture, et spécialement
634
e inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le
mythe
: non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la clé.
635
if au plus haut point de la nécessité sociale des
mythes
. (Mensonges d’autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tan
636
s du drame, exposent la signification profonde du
mythe
, encore masquée dans les légendes médiévales par une foule d’éléments
637
our deux raisons qui tiennent à l’essence même du
mythe
. De même que le péché du premier homme, et de chaque homme, introduit
638
st l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le
mythe
de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression ach
639
recréer un obstacle à la compréhension directe du
mythe
. Les acteurs, les costumes, les décors176 retiennent l’attention dans
640
usique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le
mythe
connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens contradic
641
ement désigne l’expression totale d’un être, d’un
mythe
ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « ac
642
œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le
mythe
« achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère de ses
643
vre l’ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du
mythe
Il y eut la voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire,
644
risation du mythe Il y eut la voie poétique du
mythe
. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra le symbolisme, qui engen
645
facultative. Il y eut aussi la voie romanesque du
mythe
: mais elle ne tarda guère à déboucher sur une route nationale encomb
646
mais, nous en apprennent moins sur la descente du
mythe
dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin l
647
e conscience par le contenu totalement profané du
mythe
. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve p
648
u mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai
mythe
dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que le secret mysti
649
tout aussi dégradée et dégradante, par rapport au
mythe
de Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’iv
650
d’avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du
mythe
de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu
651
rtune et propriétés.) ⁂ Cette volonté de jouir du
mythe
mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté
652
figure de style n’est pas sans relations avec le
mythe
au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection la syn
653
ormule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du
mythe
originel n’est plus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation de
654
rrent des déchets de l’ancienne culture et de ses
mythes
désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui, d’aut
655
re. 21.La passion dans tous les domaines Le
mythe
sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction so
656
au mysticisme des plus grands saints. Lorsque les
mythes
perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils se rés
657
ction sacrée, ils se résolvent en littérature. Le
mythe
courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puisqu’il
658
siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le
mythe
originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle
659
d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du
mythe
inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus ce que signifiait
660
ne de la sexualité proprement dite, le contenu du
mythe
et ses fantômes envahissent les domaines les plus divers : politique,
661
s polynésiennes. Cette progressive profanation du
mythe
— sa conversion en rhétorique, puis la dissolution de cette rhétoriqu
662
stions, et surtout à le situer dans la logique du
mythe
, qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que l’examen des f
663
t de marquer un parallélisme entre l’évolution du
mythe
et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité
664
écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le
mythe
en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à peu pr
665
au jugement de la société. Le tournoi « joue » le
mythe
, physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne devaient
666
le des influences courtoises, une dépréciation du
mythe
tragique. Le platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé pa
667
iété et sa culture font un effort pour recréer le
mythe
de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un
668
allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du
mythe
et son épanouissement orageux, il y a la Révolution française et les
669
tats les plus notables de cette méconnaissance du
mythe
. 10.La guerre totale À partir de Verdun, que les Allemands bapt
670
omantique ne trouvait plus de quoi se composer un
mythe
; ne trouvait plus de résistances choisies au sein d’une atmosphère d
671
ommençant ce livre. Que l’on suive l’évolution du
mythe
occidental de la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’
672
t été la chevalerie courtoise, son éthique et ses
mythes
romanesques. La réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie c
673
son éloquent abandon aux puissances nocturnes du
mythe
n’ait été un dernier moyen de le déprimer par un excès voulu. Quoi qu
674
Les forces antivitales longtemps contenues par le
mythe
se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta une di
675
d’une manière anarchique le « contenu » mortel du
mythe
. Cependant, je ne pense pas que le drainage de toute passion par la n
676
vres terminaux : le premier situant le conflit du
mythe
et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant une attitude que je
677
1932). 185. Qu’on se reporte à notre analyse du
mythe
de Tristan : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce pass
680
ociales. En d’autres temps, ce fut la fonction du
mythe
que d’ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquemen
681
ales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le
mythe
s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont i
682
aucune espèce de solution pratique : car seul le
mythe
, c’est-à-dire l’inconscience, pourrait fournir à la passion une espèc
683
précisément dans le jeu de ces contraintes que le
mythe
puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au livre I). Or voic
684
t de deux morales hostiles — et par suite plus de
mythe
possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuelle au t
685
e toute possession au cœur de l’homme en proie au
mythe
. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alor
686
acles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un
mythe
dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan,
687
de Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui que le
mythe
vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de l
688
ur sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le
mythe
décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivrer qu’
689
que jette sur nos psychologies la connaissance du
mythe
primitif, les succès du roman et du film apparaissent comme les signe
690
soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le
mythe
des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le ravisse
691
en que je ne convaincrai pas une seule victime du
mythe
profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cet
692
brouillée, et défraîchie que soit l’empreinte du
mythe
primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tour
693
d’infini dépassement entretenu par le souvenir du
mythe
. Essayer de prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quo
694
oderne fondé — par antiphrase — sur les débris du
mythe
, entraîne des menaces évidemment intolérables pour tout ordre social,
695
a personne l’éthique de l’évasion, qui est née du
mythe
.) D’où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxque
696
ique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du
mythe
de la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part de
697
la décadence des contraintes matrimoniales et du
mythe
de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et
698
ours est calculable. J’ai cru cerner le secret du
mythe
. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion
699
ucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du
mythe
, à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu
700
: « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du
mythe
, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, nat
701
t, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le
mythe
s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et
702
it par la lucidité qu’elle développe. L’empire du
mythe
faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais s
703
avec des vérités psychologiques. Notre analyse du
mythe
nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’a
704
euse », serait une sorte de surhomme, de surmâle.
Mythe
d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mai
705
es. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil
mythe
est né de rêves compensateurs — soit d’une fidélité contrainte et dét
706
e le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le
mythe
, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amou
707
Cependant, si les conclusions de notre examen du
mythe
courtois sont justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de l’
708
t l’idée de transformer le milieu humain (d’où le
mythe
de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où l
709
peut apparaître comme le bilan d’une décadence :
mythe
dégradé, mariage en crise, formes et conventions décriées, extension
710
ation qui réfute les croyances courantes, nées du
mythe
de Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est
711
tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le
mythe
et veut croire aux révélations de la passion. 223. B. Croce, Etica e
712
livre expose le contenu caché de la légende ou du
mythe
de Tristan. C’est une descente aux cercles successifs de la passion.
713
ème tente de remonter aux origines religieuses du
mythe
, tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domaines les p
714
e forme extrême, exceptionnelle en apparence : le
mythe
de Tristan et Iseut. Il nous faut ce repère fabuleux, cet exemple écl
715
que mes stylisations font tort au sens profond du
mythe
. ⁂ Entraîné par mes analyses dans des domaines réservés d’ordinaire
716
jour de sept ans en Amérique m’a fait voir que le
mythe
de la Passion — dégradée en simple romance — n’est pas près d’épuiser
717
iser l’attention de mes lecteurs à la présence du
mythe
; par suite, à les mettre en mesure de détecter ses radiations dans l