1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 ire : une leçon d’énergie. Il se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice que pro
2 quons toutefois cette séparation, que Maurras n’a pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le chri
3 ue la Réforme. M. de Montherlant n’est décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t-il manqué pour le devenir que le tem
4 haud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une faç
5 hâte salvatrice, M. de Montherlant ne s’est même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administrés ensemble
6 ite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement masq
7 rançais qui ait compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le style et la méthode, c’est-à-dire la formatio
8 artie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui est pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que valent toutes les
9 générales, et j’avoue bien volontiers qu’il n’est pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ». Je préf
10 ’air. Danse-t-il sur une musique que je n’entends pas  ? » — Mais plus que le corps en mouvement, c’est la domination de la
11 tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas couronnés d’olivier. La main connaît la main dans la prise du témoin.
12 ence muette et sûre. Toutes ces choses ne se font pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : « J
13 les dix qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es
14 t : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades que parcourent de jeunes et purs courages, donn
15 l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’épuis
16 Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’épuise-t-il pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses qualités, le rest
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
17 leur point de départ. Mais leurs recherches n’ont pas été vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus consc
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
18 t une phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si p
19 ur les vouloir éviter, et ces grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’est-ce pas une éclatante mise au point ? Et venan
20 randeurs pour n’en pas trop descendre ». N’est-ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’un de
21  » du front dans notre paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signification ? Pourtant ici encore transparaît un dou
22 ns la guerre. Que de sacrifices ne lui devra-t-il pas offrir ainsi les romans « intéressants » ou « curieux » ; le « grand
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
23 que chercherait une idée là-dessous, — ne réussit pas toujours chez Breton à masquer la banalité de la pensée. D’autant plu
24 ent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de métaphores
25 x de démolition abandonnés par Dada S.A. Ce n’est pas ainsi que nous sortirons d’une anarchie dont les causes semblent avan
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
26 de Millet. Mais son manque de talent ne le rebute pas . Une divine violence le travaille. Elle jaillira enfin, dans l’ébloui
27 rger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
28 bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître : « La marq
29 ’en permet d’autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des maladresses et des négli
30 aladresses et des négligences. Mais on ne demande pas non plus au puissant boxeur sur le ring d’être bien peigné. Rabevel,
31 stique de France ». En effet — le phénomène n’est pas particulier à la France — les paysans sont en train de redevenir serf
32 ue-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois, une cer
33 out dans la première partie, qui est confuse. Non pas que le roman soit mal construit, au contraire. Mais le tissu des fait
34 struction apparaissent trop nues. Chef-d’œuvre ou pas chef-d’œuvre d’ailleurs, il reste que le Tarramagnou est un livre émo
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
35 te de Claudel estiment que la question ne se pose pas , puisque nous sommes chrétiens. (Mais le christianisme, religion miss
36 usions ou interrogations, ont le défaut de n’être pas suffisamment motivées par des faits et des documents. Pour beaucoup,
37 citations à l’appui de ses sophismes, ne se livre pas moins à des déductions in abstracto qui le mènent à des conclusions d
38 cation historique des peuples chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religi
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
39 rtificielle comme toute expérience, elle n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est avant tout
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
40 e celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-il pas que les personnages des trois nouvelles « sont réels, très réels, de
41 eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent être, subissent,
42 on de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il n’y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de barre d
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
43 e française (octobre 1925)k Peut-être n’est-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitr
44 ui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines critique
45 de tout son mysticisme protestant. Et cela n’est pas sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi il insiste sur le f
46 der ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien n’est plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces réser
47 r notre nouveau mal du siècle, il n’est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que celle de ce « Pascal p
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
48 e aux méandres songeurs, une simplicité qui n’est pas familière. C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans sa profo
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
49 dais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas . Car elle veut éviter l’emballement et conserver dans l’admiration so
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
50 une église, pour constater que la foule ne réagit pas autrement que les individus. L’auteur, qui est l’un de ces Anglais, t
51 ue ne détermine l’avenir le plus proche. Il n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilités, à
52 s. On sait le reste. Tout cela, Walpole ne le dit pas . Mais ses personnages le suggèrent de toute la force du trouble qu’il
14 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
53 te mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pa
54 ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestantisme. M
55 des saints dans le protestantisme. Mais il n’est pas de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence qu’aux li
56 , il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignement de Jésus
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
57 aos des idées et des doctrines, et qu’il n’existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme ». Mais sous les
58 d’aujourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent ne pas pouvoir les séparer. On n’écrit plus pour s’amuser : ni pour amuser u
59 possibilités neuves, — pour le libérer. Il n’est pas question de rechercher ici les origines historiques d’une conception
60 épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3. Ingén
61 rniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il n’a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la brusq
62 ît plus incurable. Ces jeunes gens n’en finissent pas de peindre leur déséquilibre. Il serait temps de faire la critique de
63 Cette lassitude facile à juger du dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous
64 e. — Mais la joie d’une si haute victoire — n’est pas si douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d
65 haute victoire — n’est pas si douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’être vaincu sans bataille.
66 s actes, rêves éveillés, tout cela ne dérive-t-il pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le rythme des jours et
67 ne civilisation mécanicienne. (Les machines n’ont pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plus impor
68 es est cet état presque inhumain de celui qui n’a pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automatism
69 d’hui, parce que nous sommes à bout. Il ne s’agit pas , encore une fois, de renier l’immense effort pour se libérer de l’uni
70 s l’ont compris. Ils sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour lutter il faut des armes et ne mé
71 que pour lutter il faut des armes et ne méprisent pas la culture ; sans autre parti pris que celui de vivre, c’est-à-dire d
72 fort est de retrouver ces lois ; ils ne craignent pas de choisir parmi leurs instincts, ni de les améliorer 10. Tout ceci e
73 de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mais que nos m
16 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
74 rois jours, cela peut paraître excessif à qui n’a pas connu l’atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plus aéré,
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
75 t les vieilles dames à principes. Voilà, n’est-ce pas , un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu convent
76 intre. Pourtant, malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir ce livre où l’on voit un homme appeler en vain le vent d
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
77 e si cet ordre l’écarte de Dada, il ne le conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite que sa recherche de
78 . Ôter la pédale à la poésie. (« Le poète ne rêve pas , il compte. ») Six projecteurs convergent sur une machine luisante et
79 ristal, si elles sont sans parfum, ne se faneront pas . t. « Jean Cocteau : Rappel à l’ordre (Stock, Paris) », Bibliothèqu
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
80 et moi (mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la détresse morale de la génération surréaliste. Mais tandis que
81 és », — ils n’osent plus le mensonge de l’art, et pas encore la vérité pure — Crevel décrit sans aucune transposition roman
20 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
82 rotestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit
83 mond, j’en sais plusieurs qui ont ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui est peut-être plus
84 la liberté d’un culte moins platonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur faço
85 forêt, où Henriod debout sur un tronc coupé n’eut pas trop de toute sa souplesse pour maintenir l’équilibre des discussions
86 de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom et a
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
87 ujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’avoir pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentement l’
22 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
88 s, et si craintifs en même temps, si jaloux de ne pas nous déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si e
89 craintes et de réticences dont nous ne comprenons pas toujours l’objet. Peur de perdre le fil de la conscience de soi, peur
90 ’on glisse vers la mort. L’important, c’est de ne pas se défaire. Mais rien n’était résolu. Me voici devant quelques problè
91 c’est encore une question… Je crois qu’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vienne chercher l
92 rcher l’âme qui se sent misérable. Je ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout.
93 vorables. J’ai d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ils sont naturels : la nature est
94 ntelligence de faire primer la vie, puisque n’est pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu est de cherche
95 de moindre résistance. Mais je ne m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter plus loin sans cesse,
96 e surpasser). J’entends des phrases qu’il ne faut pas encore comprendre — tout est si fragile —, mais je sais quelle légère
97 qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ? Je reste candidat au salut. 4. La sincérité abs
98 nent un caractère de certitude qu’elles n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Quant
99 d’un système, hors la religion. Un système n’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommun
23 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
100 ons nécessaires, défauts auxquels Montherlant n’a pas toujours échappé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne dans
101 n la plus réaliste de la vie animale. Et n’est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareille inten
102 it-il d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les
103 gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ai pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui échappe pa
104 ntimentales. Le tragique de la vie ne lui échappe pas . Il en parle, il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il es
105 que insolence les forces créatrices, ne vaut-elle pas d’être élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue des
106 force d’y vouloir trouver un sens, ne vaudrait-il pas autant s’abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replacent
107 chenille. » (Évolution créatrice, p. 188) Je n’ai pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciseraient ce
24 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
108 tations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’est si souvent le cas,
109 emarques sur la psychologie de l’Égyptien ne sont pas moins subtiles et le mènent à cette constatation fondamentale que « n
110 notre intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables ». Dès lors, comment collaborer, comment se comprendre,
111 i complexe — sont plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à
112 un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’un ac
113 religion du « Prince de la vie »… Qu’on ne croie pas , d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critique de M. de Tra
25 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
114 ernandez, Messages (juillet 1926)w Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a do
115 e » qu’il voudrait inaugurer « ne se contenterait pas d’étudier les œuvres pour elles-mêmes dans leur signification histori
116 nlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pas d’un « Jugement » sans issue sinon vers le passé catholique ; mais te
117 rentes des lois de l’œuvre d’art, il ne s’en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication directe entre l’œuvr
118 t s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’est-elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici une disc
119 e plus encombré et le plus impur qui soit. On n’a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme : i
26 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
120 arno trop vaste et nu, les voitures revenaient au pas des Cascine. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous étion
121 che est arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne de
122 ette brume, une vie étrangère, une paix qui n’est pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous la l
27 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
123 nce devient insupportable : « Orpha ne comprenait pas comment on pouvait tant souffrir et ne plus aimer ». Closain se tue p
124 is et nous fait regretter que l’auteur ne se soit pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf. z. « Alfre
28 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
125 t sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait parle
126 aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’est-il pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laisser subsist
29 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
127 irer quelque vertu d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’elle est plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisan
128 e de l’âme ? Heureusement que M. Brémond ne s’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclairciss
129 st pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’y plus rien compre
130 o poussant Fleurissoire « pour rien » ne songeait pas qu’il allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a décle
131 , déclarent-ils chaque fois qu’ils ne comprennent pas . Il faudrait s’entendre. Et, ici encore, prenons garde de confondre l
132 paraître gratuite au lecteur parce qu’il ne sait pas tout sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y a pas de gratui
133 ur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y a pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais que le r
134 un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’est-ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de confes
135 ans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de moi-même. Par les fissures, un i
136 pposer que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se retrouve notre ind
137 out un moyen de se connaître. Cependant, n’est-ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus pouvoi
138 ntre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites assez étroites empiriquement fournies p
139 uoi est-ce encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’on prétend que la sincérité est la recherche, p
140  L’art est un mensonge, mais un bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est avoir toutes les pens
141 hoix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l
142 lus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas , nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui alté
143 ersonnes. Comment se trouveraient-ils, n’existant pas  ? (François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau serait définie pa
144 e désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-je
145 ible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces fig
146 rs soi-même une volonté — si profonde qu’elle n’a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de nommer
147 use que toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La
30 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
148 doute, les différences s’accusent : mais n’est-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment encore
149 ns aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne demandon
150 que bénéfice en retour. Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’al
151 obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs. Nous savons b
152 autres. « Amis, ce sont les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboîter le pas, mais seulement de reteni
153 nt… » Pas question de les saluer ni d’emboîter le pas , mais seulement de retenir sa place au spectacle qu’ils offrent et de
154 r utilement sur ses causes…   Nous ne proposerons pas , lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre faculté d’indulgence.
155 re excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’expre
156  une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose
157 est toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminemment peu bellettri
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
158 Paysan de Paris (janvier 1927)ab « Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les t
159 enne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est la guerre. »
160 encore : après une kyrielle d’injures qui ne font pas honneur à l’imagination d’autres fois si prestigieuse du poète : « Il
161 d’insistance dans le mauvais goût ne m’empêchera pas de le dire, Aragon possède le tempérament le plus hardi et le plus or
162 d’un lyrisme inouï. Que Louis Aragon ne se croie pas tenu de justifier ses visions par le moyen d’une métaphysique aussi p
163 une suite de promenades dont la composition n’est pas sans rappeler celle des Nuits d’octobre de Nerval ; forme qui permet
164 nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce n’est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un des plus si
32 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
165 e des systèmes, sortit, c’est-à-dire qu’il fit un pas dans une direction quelconque. L’étoile pleurait, sentimentale. d.
33 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
166 u nombre des protestants. Aussi ne s’effraye-t-on pas trop, au début, de l’émigration des fidèles qui suivent leurs pasteur
34 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
167 a dans l’armoire aux souvenirs. Cette façon de ne pas y tenir, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce
168 mme même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur que
169 qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre, à s
170 eur amour, à force de petites blessures. Ce n’est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu sombre qui s
35 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
171 s me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid d
172 u’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne pas vo
173 lleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne pas voir dans cette phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous ai
174 ans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasser trop souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disa
175 dans la foule qui se précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir
176 mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme ré
177 ée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarder, à cause d’une incertitude qui redonnait tout son empire
178 et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas . À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai
179 ore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce ronge
180 n. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. f. « Lettre du survivant », Revue de Belles-Lettres, Lausan
36 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
181 d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d’y d
182 ame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’est pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une fleur
183 chrétien, a-t-on dit5. Certes, cette pièce n’est pas dépourvue de certaines des qualités qui, selon Max Jacob, permettraie
184 surtout. Je ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lorsqu’il écrivit certains vers qu’on peut
185 sur la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas . J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce
186 tyle de théâtre, d’une netteté qui pourtant n’est pas maigre, d’une familiarité dramatique qui cerne le mystère d’un trait
187 s de plus que l’atmosphère de l’« art pur » n’est pas respirable. Il ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette indispe
188 ’amour conjugal ». Vraiment, nous n’en demandions pas tant… g. « Orphée sans charme », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-N
37 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
189 in de la semaine. « Messieurs, disait Dardel, y a pas à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons f
190 faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2
191 nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jérôme
192 it les limbes depuis un an déjà. Ils ne tardèrent pas à reconnaître Cinématoma. Naissance de Cinématoma Cinq bellettr
193 ll ! », dit enfin Dardel. Les autres n’en pensent pas moins. Quelquefois, Mossoul amène un scénario né entre deux cafés-nat
194 . Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate que jamais « la Montagne »
38 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
195 s l’on se demande si l’Auber de Jean Cassou ne va pas s’attabler au café en face des personnages de Jaloux. Et peut-être qu
196 d, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facilement a
197 du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement
198 amours impossibles, des histoires dont on ne sait pas la fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles ont fait souffri
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
199 sses. (J’ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les marguerites, il
200 us les personnages et lui-même. ⁂ Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le do
201 andions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Les ge
202 t des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’est pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attendent que
203 « C’que c’est cochon ! » Mais le moment ne vient pas , ils sont déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous
204 ertaines théories sur le rêve, le peuple, qui n’a pas vu ces dessous mais accueille le résultat avec la naïveté qu’il faut,
205 ce le geste de l’acteur. Un mouvement ne souligne pas , il exprime, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans ce
206 ens du miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginaire en montre (
207 i ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu avec leur
208 écouvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’est pas synonyme d’incompréhensible, non Madame, car alors quoi de plus surré
209 est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas , étourdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en som
40 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
210 t sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’a-t-il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprême et i
211 tude autant que la sérénité… Au reste, n’est-elle pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirablement les exige
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
212 échappé des Enfers — auxquels je crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape !   Il n’existe pas de théor
213 nt pour le pittoresque. — Attrape !   Il n’existe pas de théorie du salut. Il n’existe que des systèmes pour faire taire en
214 ini où chancellent parmi les éclairs nos premiers pas . Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où s’enfuient, souffles
215 dit : « Des mots ! » au lieu de « Je ne comprends pas  ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc inc
216 Je ne comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas  », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ». On dit : « C’est
217 ble !, trois mots dont l’un savant. Je ne connais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez dit : « C’est inc
218 ertaines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau
219 ète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait être
220 cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’avoir pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques gestes encore, interce
221 endait seules contagieuses. Comment, en effet, ne pas voir la part de littérature que renferme cette œuvre, et qui fait, en
222 andale pour le scandale qui a le mérite de n’être pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seulement t
223 e race des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas  ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon
224 je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les cafés lit
225 ’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Dése
226 dans les âmes profondes ou délicates qui ne sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. » Null
227 e part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, dans ces
228 rt » est sans dérobade possible par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que sur ce « globe d’attente » comme dit Crevel. Po
229 u’on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’est
230 es délires, ses visions. Un critique qui n’épouse pas le rythme d’une œuvre, mais s’avance à sa rencontre armé de l’apparei
231 iné à dire des bêtises. Cf. certaines remarques — pas toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre or
232 ssant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’êtres e
233 décidément nous sommes débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Quoi ?… Bon, bon, c’est entendu, on ne p
234 , on ne peut rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose s’il ne spéculait sur l’incertain
235 on », sans se demander jamais si cela ne condamne pas et la santé et la raison. Il s’est trouvé des Maurras et autres « hér
236 l Marx, la préface de Cromwell. Mais il ne s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est
237 ier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas , comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pour Horace, Mon
238 œuvres complètes de Karl Marx ? Si vous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Quand on a en
239 repris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une révolution
240 e manie française, la politique, et ne voyez-vous pas que c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans leur
241 et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de
242 ns. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine p
243 révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle révolution — la russe, par exemple — parce que ce n’est pas enc
244 tion — la russe, par exemple — parce que ce n’est pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne demandait qu’
245 Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas  ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions
246 elle il se demande vainement pourquoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acculés à ce choix : inconscience de ruminants ou
247 ement d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever
248 ve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul Clau
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
249 ole savait le mythe du voyage, et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle était donc venue. Il la suivait entre
250 ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche d
251 Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Marquis Sal
252 jets et des êtres véritables. Un bateau ne glisse pas plus doucement vers le soleil du haut-lac. Justement, voici que tout
253 ’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une question
254 n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cette h
255 si — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même,
256 gent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure. l. « Quatre
43 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
257 ’eux des mœurs un peu bourgeoises dont je ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pour une part,
258 le premier public des jeunes artistes, n’existant pas ici, le peintre se trouve placé d’emblée en face de ce qu’on nomme le
259 tout le monde s’accorde à dire qu’on n’attendait pas moins du fils d’un tel père. « Voilà le train du monde… » Je ne pense
260 el père. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’il en faille gémir. Une certaine résistance est nécessaire pour qu
261 ompréhension que de timidité. ⁂ On ne m’en voudra pas de ne citer ni dates de naissance, ni traits d’enfance géniaux et pro
262 de ces espaces définis par quelques plans ne tue pas un certain mystère. Cette cour sans issue, cette tulipe bizarre, cett
263 au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant d’air. Ce
264 tres rapprochements moins paradoxaux. Donzé n’est pas de ceux pour qui la peinture consiste à habiller une idée. Voyez son
265 e idée. Voyez son portrait de Meili : il ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans une pâte rich
266 ause de sa chevelure, sans doute ! On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les jeunes qui vou
267 sme un peu amer, d’une tristesse qui ne s’affiche pas , mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais
268 ucoup des meilleurs de nos artistes. Mais n’allez pas croire à des grâces faciles ou sentimentales. Il y a une sorte d’aris
269 u d’harmonies funèbres, comme un qui n’attendrait pas que l’enterrement s’éloigne pour entonner une chanson à boire. Et sa
270 ec une toile comme le Potier. Si la couleur n’est pas encore aussi plantureuse que les formes, il y a une belle richesse de
271 visage. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit a
272 épure : c’est intitulé « nature morte ». Pourquoi pas naissance d’un songe ? C’est en effet un rêve de précision qui s’inca
273 ’un style pourtant assez large et que n’entravait pas son scrupule réaliste. ⁂ Mais voici dans son costume d’aviateur, reto
274 elui du corps de l’athlète ; l’œuvre n’atteignait pas encore pleinement sa vie propre. Depuis, Léon Perrin semble avoir évo
275 ine, une élégance aiguë. Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper des artistes qui
276 cisme moderne dont les frères Barraud ne seraient pas très éloignés par d’autres côtés. Un avenir peut-être proche dira dan
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
277 Voici un livre dur et sans grâces, qui ne manque pas d’une beauté assez brutale, pour nous choquer et s’imposer pourtant.
45 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
278 u bourgeois, et l’on voit bien que l’auteur n’est pas encore détaché de la matière pour en tirer une œuvre d’art. La sincér
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
279 que, mais au filet si acéré qu’on ne sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de ne pas confondre inexplic
280 as sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de ne pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj. « Paul Éluard : C
47 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
281 fect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’est pas beau, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le fond que
48 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
282 rtu que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause
283 ol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout en moi renia
284 très souvent ignoré d’elles-mêmes auparavant, et pas toujours défavorable, croyez-le bien… Le goût de la propriété étant à
285 cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je t
286 mpromettante, sur cette vie dont le récit n’avait pas laissé que de l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout me fr
287 nt perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écoute
288 mment dirai-je…, de juvénile insouciance, pour ne pas dire inconscience ! qui s’attache à vos faits et gestes. L’on croirai
289 t lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais
290 e que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais justement je n’
291 sont propres à leur auteur et qu’elles n’engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
49 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
292 aux de notre temps que cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous paraissent entraîner assez naturellement ch
293 os yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas , merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez mode
294 de ce conseil que vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous pensons qu
50 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
295 seul connaît l’adresse de Patsy, mais il ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que, « d’abord
296 vous lui dites que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géographique
297 toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plais
298 de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pas impunément concitoyen de cet oncle Abraham qui interdit à Paterne son
299 la nuit, et qui lui fait jurer sur la Bible de ne pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela est sa
51 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
300 part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas  ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins l’excu
301 umes dans le vent, poète au bar, le paradis n’est pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baignent
302 de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité est simple simplement. La bouche brûl
303 izarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette ré
304 reuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’est refus
305 Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en va
306 e surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier
307 ît un écrivain, aujourd’hui, à ce qu’il ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui sont de sourn
308 u monde. Mais c’est à condition qu’on ne l’écrive pas , même en pensée. La poésie pure écrite est inconcevable : cela consis
309 ue si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas . Je pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions fu
310 nd, qui est proche du sens biblique. Il ne s’agit pas de la connaissance abstraite et rationnelle dont le monde moderne se
311  : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire, il s’a
312 le malaise des chers confrères. Ils ne pardonnent pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ont pas coutume
313 éador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ont pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mode ou de sava
314 ittérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre
315 ercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez
316 Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-ce pas , à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous va
52 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
317 ? » Certains cris qui nous échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e. p. « Les derniers j
53 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
318 n ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation prov
319 e qui recherche activement la Sagesse (« Ça n’est pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités » qu
320 bien de ces affirmations dont en vérité l’on n’a pas à se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en est aucun
321 des cris intempestifs. Il y a des gens qui n’ont pas encore admis que jeunesse = révolution Tous les malentendus viennent
322 là. Nous sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en accepter les conséquences. Et puis, de temps à au
323 que nous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas . Deux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-nous espérer d’au
324 ens-toi de la grandeur de ses traditions et ne va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont bien n
54 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
325 ’on dirait, en peinture, très « interprété ». Non pas une photographie morale, mais une sorte de synthèse de l’homme et de
326 je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une telle « expérience »,
327 rs ; au cœur de ces sujets qui paraît-il, ne sont pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. « Edmond Jaloux
55 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
328 Bopp est très intelligent. Et plein de verve, et pas embarrassé du tout pour vous lâcher un beau pavé mathématique au mili
329 u d’une effusion « lyrique », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de voir
56 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
330 une rose pour le plaisir ! (Et je ne pensais même pas , alors : une si belle rose.) Le tambour livra un homme élégant et tra
331 uvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’aurais pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouveau, d’un coup
332 ur durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qui use
333 us à m’en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque chose. Je su
57 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
334 et il vaut la peine de le dire car la chose n’est pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux premiers ch
335 peu intéressante à vrai dire, parce qu’elle n’est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la technique du
336 rituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » facile
337 ques « pointes » faciles mais cela même ne manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthès
338 aturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémoires. Mais si son déb
339 permet de croire que le Perroquet Vert ne restera pas une réussite isolée dans l’œuvre purement romanesque de la princesse
58 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
340 . Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu de période où les directions d’une civilisation apparaissent pl
341 arnation la plus parfaite. Qu’on ne m’accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour faciliter l’accusation : j
342 age et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’a pas le droit humainement de sous-estimer. Les griefs que les socialistes
343 lu la question sociale d’une façon qui ne devrait pas déplaire aux doctrinaires de gauche, lesquels ont coutume de promettr
344 idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, s
345 on but réel est la production pour elle-même, non pas le plaisir ou l’intérêt véritable du client. Le besoin ayant disparu,
346 s chers un objet que, sans cette baisse, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse. L’industr
347 est préméditée. Et le scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le client à faire une
348 alité. Mais cet aveuglement fondamental n’empêche pas notre industriel de philosopher sur les sujets les plus divers. Les a
349 éduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est-ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simplificatio
350 clarations plus nettes encore : « Je ne considère pas les machines Ford simplement comme des machines. J’y vois la réalisat
351 s idées mises en pratique chez nous ne concernent pas particulièrement les autos et les tracteurs, mais composent en quelqu
352 rbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le faire. Tout notre système de c
353 remet à discuter des points de technique. Il n’a pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’ailleurs
354 losophie la plus rudimentaire. Le phénomène n’est pas nouveau en Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce notre
355 ances. J’accorderai que le progrès matériel n’est pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vie, i
356 tte littérature ». Plus tard, « puisqu’elle n’est pas utile, elle est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autres œuvre
357 et d’alerte, quelque chose de très sympathique et pas dangereux du tout. On n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on
358 ympathique et pas dangereux du tout. On n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on s’en doute, cela en prend la place.
359 e maladresse de barbare. IV. « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel point le fordisme et l’Esp
360 nde moderne impose ce dilemme : « en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à la technique et s’abrutir spirit
361 onde fordisé, des anarchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisi
362 narchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisir, il a des exigenc
363 nc à détruire. » Ford a raison, une fois de plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez se
364 Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une attitude réactionnaire qui consisterait à vouloir en revenir à
365 st possible d’échapper au fatal dilemme. Premiers pas vers la solution : l’existence du dilemme. Second pas : en poser les
366 vers la solution : l’existence du dilemme. Second pas  : en poser les termes avec netteté et courage. Pour le reste, je pens
367 plus grand, et de meilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et mon
59 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
368 de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je fus
369 rard de Nerval. Mais je pense que je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’ombre du thé
370 son rêve, beaucoup plus loin que moi, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout aba
371 sonne rien de positivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble
372 quer de leurs petits chiens musclés… Je n’en suis pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des jeunes gens avec
373 es gens avec une femme à chaque bras, l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, songeant aux
374 apricieux d’ailleurs, dépourvu d’ironie, mais non pas de légèreté. C’est une sorte d’inconstance folâtre qui cache une inca
375 r les corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pas pressés une jeune femme, chapeau rouge et manteau de fourrure brune,
376 arder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et vint à nous
377 ir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni les re
378 ès de nous. Gérard songeait, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un ton de reproch
379 oucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne co
380 qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas , il y eut un moment pénible, comme toujours lorsqu’un peu de simple h
381 is rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas . D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas
382 oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant ver
383 e grand ouvert. Les chauffeurs faisaient les cent pas dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’une boutique
60 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
384 e suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules Verne fut p
385 ls respiraient l’air du monde ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, selon
386 er bateau. Pour ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord, je
61 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
387 Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeux, de cons
388 les. (Quant à Goethe, traité de clown, cela ne va pas loin.) C’est une belle rage (ô combien partagée !) vainement passée (
389 e heureusement) sur des gens qui ne m’intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes drôles ou quelconq
390 gens qui ne m’intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes drôles ou quelconques. Mais la seconde par
391 livre est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas  ; ce livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent de l’être
62 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
392 s vont se taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à leur point de vue, celui d’autrui sur eux-mêmes. Ils se
393 au style contre un monde très laid dont ils n’ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. « Pierre Naville : La
63 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
394 l’une ou l’autre de ces attitudes. (Elles ne sont pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux manières de
395 sans doute aussi plus sensible. Et il ne se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis, admirablement
396 est décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses dro
64 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
397 tence bien indécise, que son échec même ne relève pas , et qui tire sa grandeur de celle du décor ? Guy de Pourtalès n’hésit
398 eur de celle du décor ? Guy de Pourtalès n’hésite pas à baptiser son héros « prince de l’illusion et de la solitude ». Mais
399 et de la solitude ». Mais un prince rêveur n’est pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le lais
400 u’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc la do
401 proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un livre attray
402 ir un livre attrayant sur une vie manquée n’était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’a résolu d’une façon fort adroi
65 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
403 qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui ont connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’être e
404 ps voit bien que l’épithète de mythomane n’épuise pas une question dont l’importance dépasse celle du cas pathologique. Il
66 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
405 sa génération. Seulement chez lui, cela ne s’est pas porté sur les autos. Il préfère s’intéresser aux divers types humains
406 donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas  ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage que
407 assiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’est pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C’est une a
408 on. Mais là encore il se singularise : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de se cacher de
409 u’à la dernière page, et là déclare froidement ne pas exister. Non : il a remarqué que l’époque peut être définie par l’abo
410 tout instant. Cet exercice — essayez ! — ne tarde pas à devenir obsédant. Stéphane passe des heures entières à se regarder
411 utres hiatus de ce genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué, il veut voir encore cette fatigue d
412 vons dans un décor flamboyant de glaces. À chaque pas , on offre à Stéphane sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans l
413 garent dans sa nuit. Je saute quelques délires et pas mal de superstitions. Enfin cette expérience folle le mène à une déco
414 t par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne sai
415 l ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pas se fatiguer pour rien.) Cette histoire idiote, d’ailleurs vraie, se b
416 r dérisoirement troublé par la crainte de n’avoir pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois de cette incompréh
417 ut-être la mort. La mort absolue, celle qui n’est pas une vie nouvelle. La mort dans la transparence glaciale de l’évidence
418 utre visage. Car oublier son visage, ne serait-ce pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier filet d’eau vive
419 e qui perce le sol aride : mais Stéphane n’entend pas encore gronder les eaux profondes. Le désir de s’hypnotiser l’irrite
420 se, il répète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas  : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce
67 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
421 d’un homme de lettres. En réalité, on ne le voit pas encore apparaître sous cet aspect dans ces deux premiers tomes, où il
422 ant comme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas , ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que
423 standardization à sa fin logique, ne pourrait-il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendre im
68 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
424 llettriens qui ont perdu toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont
425 ont pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans l
69 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
426 aire de la poésie, bien sûr. Mais on n’en demande pas tant dans les familles. Et qu’importe si la perspective manque souven
70 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
427 de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-elle pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est ici l’appro
71 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
428 adeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches sonnent encore, et c’est là-de
429 ourd’hui le hasard qui m’amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la plus h
430 ésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses Hymnes une sé
431 n, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas , ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces p
432 y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits ? — (et co
433 t Diotima. » On rougirait à moins. — « Je ne puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’on s
434 maintenant. La grande allée sur l’île n’existait pas , en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et des collines bass
435  » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le
436 urrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4… Une rue étouffée entre des
437 , tournoyent lentement dans la musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagayent vigou
72 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
438 trer des êtres bizarres avec lesquels il n’hésite pas à faire un bout de chemin, Hans le gardeur d’oies, le gueux Joseph qu
439 vons besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œuvre de Jean Cassou, et sin
73 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
440 e Rimbaud. Regrettons seulement qu’il n’élargisse pas plus une question aussi centrale — qui est, si l’on veut, la question
441 t sauvage », un catholique qui s’ignore, il n’est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le catholicisme à
74 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
442 rait ! dirons-nous, — avec le Benda qui ne trahit pas .) D’autre part, de plus impertinents que moi ne manqueront pas de fai
443 part, de plus impertinents que moi ne manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel », la chute de l’idée dan
444 la raison ratiocinante tout comme si elle n’était pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui ne s’entend d
445 oit souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son point de vue rad
446 lait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la vérité tout court. Cel
447 pour vrai que relativement à un rendement. Rien, pas même la religion. 11. Cf. l’article de M. Daniel Halévy (décembre 1
75 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
448 écuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneur !
449 ui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas . Le libéralisme Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes son
76 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
450 Avant-propos Le dire une bonne fois. Il ne faut pas songer à décrire en quarante petites pages tous les méfaits de l’inst
451 rance, de M. Abel Bonnard, et Le Pédagogue n’aime pas les enfants, d’Henri Roorda. Le premier montre que la science apprise
452 Justement. Il est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde moderne
453 firme. Je ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livré à l’enquête
454 s même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner
455 , où tout se confond miraculeusement, gémir n’est pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt
456 accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitupérer
457 upe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-bas, va
458 ire ou s’il traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâcheté devant la discussion précise de leurs
459 s A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les
460 institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Les meilleurs sortent de
77 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
461 r le tapissier par le prix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les règ
462 racontait gravement des choses qu’on ne comprend pas , la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Michel Strogoff et R
463 en tenant la forte main du père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une disson
464 n jour cela m’ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements des élèves qui dé
465 oi-même à cause des autres desquels il ne fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau saturé d’évidenc
466 spensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compris q
467 en supporter longtemps encore l’action. Je n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces myt
78 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
468 ais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Rien n
469 ve qu’un instituteur : de l’un à l’autre il n’y a pas de solution de continuité, la différence n’étant qu’une question d’âg
470 ernement) de la manne égalitaire — ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’appartenir à une élite
471 t de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion d
472 inesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu,
473 ersonnes, le décor. La laideur des collèges n’est pas accidentelle. C’est celle même du régime. l’architecture de nos « pal
474 t déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un style ; c’est même le pire
79 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
475 ttre l’instruction publique — on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnelles et qu’elles
476 esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de ceux
477 s l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise. Je t
478 vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfa
479 précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas , de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces
480 enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas . Les examens Ce sont en principe des « contrôles » comparables
481 e disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qui établissent les programmes et les examens. « Les e
482 s maîtres primaires et secondaires. Ils n’en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui justifie les
483 nteries de gros calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle d
484 au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élémentaire
485 travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’o
486 bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous. Je n
487 ant que la loi est la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré qu’ils donne
488 isse, à l’usage du peuple souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle est cette préparation à la vie qui
489 st autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on
490 pliné. L’école veut que partout la valeur cède le pas à la règle. Elle cherche à développer chez nos petits Helvètes un lég
491 mbition d’un grand nombre de régents, ne laissent pas que d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs
492 arrière. Mais ces brillants météores ne troublent pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont
493 rudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvill
80 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
494 té dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suff
495 ste la spontanéité nécessaire pour que ça ne soit pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves, parce qu’
496 it pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à l’é
497 que la brutalité primaire, parce qu’elle n’excite pas de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’on
498 on vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obtenir le
499 e chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enf
500 la personne était un enseignement, et qui n’avait pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le développeme
501 se le développement des individus, qui ne cherche pas un rendement mais qui dépose une semence spirituelle. Qui sait ?… En
502 ne possibilité pratique d’en sortir, je ne le nie pas . Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que
81 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
503 e oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets officiels par
504 de vérités tellement évidentes — que cela n’irait pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire et c
505 , et le plus longtemps possible, pour qu’on n’ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’
506 ompte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un mil
507 rd de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’a embrassée
508 sordide et mal dissimulée. Certes, je ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient eu pleine conscienc
509 flagrante, dans ses suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre instrument d
510 fants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiquemen
511 ements. La réforme scolaire, politiquement, n’est pas rentable. Il est clair que si le but principal de l’instruction publi
512 t un peu plus fous qu’on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur l’heure une véritable révolution scolaire ; car il n
513 éritable révolution scolaire ; car il ne faudrait pas moins pour que l’école rattrape l’époque… Mais les gouvernements save
514 and vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Après tout, peu m
515 de décrire la marche nécessaire11. On ne manquera pas d’insinuer qu’à l’origine de tout ceci il y a surtout de la nervosité
516 s. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas , mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’é
517 uffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce qu’étiol
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
518 h bien ! elle apprendra que le seul péché qui n’a pas de pardon c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suffit d’
519 é, mais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre étab
520 » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse
521 nt falsifiées. Non seulement l’École ne constitue pas le pôle idéaliste nécessaire à l’équilibre d’une civilisation — et c’
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
522 illeurs vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas  ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le
523 sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout
524 re ? Il y a beaucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le sur-place. Ainsi l’instruction publique s
525 uis lors n’a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, de ronfler et de tout empester. Et peu à peu le p
526 la machine sont socialistes : voilà qui ne change pas le rendement, j’imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme
527 sme de la curiosité. Il est vrai qu’il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime établi dans des fauteuils 
528 ction publique est une puissance conservatrice. —  Pas moins ! Elle est destinée à légitimer par la force de l’inertie et à
529 e qui est depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, non, même pas. Car les forces de réaction collaborent
530 onservatrice, et non pas réactionnaire, non, même pas . Car les forces de réaction collaborent à leur manière au progrès, el
531 se contente d’être figée. Est-ce un frein ? Même pas . C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisation ; et où la Démo
532 te à dépasser la Démocratie. Et cette thèse ne va pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne manq
533 Critiquer le présent au nom du passé ne signifie pas que l’on désire un retour au passé. Mais la considération de régimes
534 lousie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habitudes sordides
535 les considèrent comme tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart des intellec
536 n ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’a que de lointa
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
537 s pour peu que cela continue. Qu’on ne s’y trompe pas  : le sens technique qui tient lieu d’imagination à l’homme moderne n’
538 tient lieu d’imagination à l’homme moderne n’est pas créateur d’êtres spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur supéri
539 érieure à la somme de ses éléments. Il n’engendre pas , il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vites
540 narchie est un degré d’intensité dans la vie, non pas un parti. Tout extrémiste, de droite comme de gauche, se trouve être
541 tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur.
542 lités nouvelles. Tenir compte du réel ne signifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste est celui qui ne se résigne à a
543 assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une révolution qu’il
544 se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sacrée Aûm ou se livrant à d
545 n. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pr
546 ant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralement. C
547 , il s’épargnerait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de libe
548 aux agités ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le t
549 elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un systè
550 e tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font beaucoup de ma
551 es que beaucoup de rigueur morale ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retro
552 ent ici que pour impressionner le public. Je n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet, ter
553 ques encore très actuels, du fait que l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il est sage
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
554 ant-propos Le dire une bonne fois.   Il ne faut pas songer à décrire en 50 petites pages tous les méfaits de l’instructio
555 rance, de M. Abel Bonnard, et Le Pédagogue n’aime pas les enfants, d’Henri Roorda. Le premier montre que la science apprise
556 Justement. Il est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde moderne
557 firme. Je ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livré à l’enquête
558 s même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner
559 , où tout se confond miraculeusement, gémir n’est pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt
560 accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitupérer
561 upe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-bas, va
562 ire ou s’il traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâcheté devant la discussion précise de leurs
563 s A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les
564 nstitution-tabou.   1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Les meilleurs sortent de
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
565 r le tapissier par le prix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les règ
566 racontait gravement des choses qu’on ne comprend pas , la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Michel Strogoff et R
567 en tenant la forte main du père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une disson
568 n jour cela m’ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements des élèves qui dé
569 oi-même à cause des autres desquels il ne fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau saturé d’évidenc
570 spensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compris q
571 en supporter longtemps encore l’action. Je n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces myt
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
572 ais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Rien n
573 e qu’un instituteur : de l’un à l’autre, il n’y a pas de solution de continuité, la différence n’était qu’une question d’âg
574 ernement) de la manne égalitaire — ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’appartenir à une élite
575 t de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion d
576 finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu,
577 nnes, le décor. La laideur des « collèges » n’est pas accidentelle. C’est celle même du régime. L’architecture de nos « pal
578 t déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style est encore un style : c’est même le pire
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
579 ttre l’instruction publique — on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnelles et qu’elles
580 esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de ceux
581 s l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise. Je t
582 vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfa
583 précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas , de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’esprit de ces
584 enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas . 3.b. Les examens Ce sont en principe des « contrôles » compara
585 e disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qui établissent les programmes et les examens. « Les e
586 s maîtres primaires et secondaires. Ils n’en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui justifie les
587 nteries de gros calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle d
588 au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi élémentaire
589 travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’o
590 bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous. Je n
591 ant que la loi est la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré qu’ils donne
592 isse, à l’usage du peuple souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle est cette préparation à la vie qui
593 st autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on
594 pliné. L’école veut que partout la valeur cède le pas à la règle. Elle cherche à développer chez nos petits Helvètes un lég
595 mbition d’un grand nombre de régents, ne laissent pas que d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs
596 arrière. Mais ces brillants météores ne troublent pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont
597 dhomme, un bien grave dilemme.   4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvill
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
598 té dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suff
599 ste la spontanéité nécessaire pour que ça ne soit pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves, parce qu’
600 it pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à l’é
601 que la brutalité primaire, parce qu’elle n’excite pas de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’on
602 on vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obtenir le
603 e chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enf
604 la personne était un enseignement, et qui n’avait pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le développeme
605 se le développement des individus, qui ne cherche pas un rendement mais qui dépose une semence spirituelle. Qui sait ?… En
606 ne possibilité pratique d’en sortir, je ne le nie pas . Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
607 e oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets officiels par
608 de vérités tellement évidentes — que cela n’irait pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire et c
609 , et le plus longtemps possible, pour qu’on n’ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’
610 ompte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un mil
611 rd de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps de découvrir la Liberté 9, parce que celui qui l’a embrassée
612 sordide et mal dissimulée. Certes je ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient pleine conscience d
613 flagrante, dans ses suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre instrument d
614 fants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiquemen
615 ements. La réforme scolaire, politiquement, n’est pas rentable. Il est clair que si le but principal de l’instruction publi
616 t un peu plus fous qu’on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur l’heure une véritable révolution scolaire ; car il n
617 éritable révolution scolaire ; car il ne faudrait pas moins pour que l’école rattrape l’époque… Mais les gouvernements save
618 and vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Après tout, peu m
619 e décrire la marche nécessaire 11. On ne manquera pas d’insinuer qu’à l’origine de tout ceci il y a surtout de la nervosité
620 s. Essayez de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas , mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’é
621 uffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Mais attendez, si quelqu
622 signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on culbu
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
623 h bien ! elle apprendra que le seul péché qui n’a pas de pardon, c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suffit d
624 é, mais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre étab
625 » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse
626 nt falsifiées. Non seulement l’École ne constitue pas le pôle idéaliste nécessaire à l’équilibre d’une civilisation — et c’
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
627 lleurs, vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas  ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le
628 sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout
629 re ? Il y a beaucoup de routes, mais vous n’aimez pas le risque, vous préférez le surplace. Ainsi l’instruction publique s’
630 uis lors n’a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, ronfler et de tout empester. Et peu à peu le publ
631 ocialistes ou conservateurs : voilà qui ne change pas le rendement, j’imagine, ni la nature des produits excrétés. On form
632 sme de la curiosité. Il est vrai qu’il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime établi dans des fauteuils 
633 ction publique est une puissance conservatrice. —  Pas moins ! Elle est destinée à légitimer par la force de l’inertie et à
634 e qui est depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, non, même pas. Car les forces de réaction collaborent
635 onservatrice, et non pas réactionnaire, non, même pas . Car les forces de réaction collaborent à leur manière au progrès, el
636 se contente d’être figée. Est-ce un frein ? Même pas . C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisation ; et où la Démo
637 te à dépasser la Démocratie. Et cette thèse ne va pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne manq
638 Critiquer le présent au nom du passé ne signifie pas que l’on désire un retour au passé. Mais la considération de régimes
639 lousie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habitudes sordides
640 les considèrent comme tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart des intellec
641 n ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr.   12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’a que de loin
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
642 s pour peu que cela continue. Qu’on ne s’y trompe pas  : le sens technique qui tient lieu d’imagination à l’homme moderne n’
643 tient lieu d’imagination à l’homme moderne n’est pas créateur d’êtres spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur supéri
644 érieure à la somme de ses éléments. Il n’engendre pas , il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vites
645 narchie est un degré d’intensité dans la vie, non pas un parti. Tout extrémiste, de droite comme de gauche, se trouve être
646 tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. L
647 lités nouvelles. Tenir compte du réel ne signifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste est celui qui ne se résigne à a
648 assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une révolution qu’il
649 se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sacrée Aûm ou se livrant à d
650 n. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pr
651 ant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralement. C
652 , il s’épargnerait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de libe
653 aux agités ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le t
654 elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un systè
655 e tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font beaucoup de ma
656 es que beaucoup de rigueur morale ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retro
657 ent ici que pour impressionner le public. Je n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet, ter
658 ques encore très actuels, du fait que l’école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant s’il est sage.
94 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
659 s un jardin à la française. Mais vous ne tarderez pas à remarquer que tout, ici, est original, indigène, tant l’allure des
660 s les Trivia de Logan Pearsall Smith — je n’avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans l’insolite,
95 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
661 fait une belle grimace : le lecteur ne l’imitera pas . be. « Kikou Yamata : Saisons suisses (À l’Atelier rouge, Neuchâtel
96 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)
662 ésie fatale, où se mêle, selon l’auteur un peu ou pas mal de littérature. Et c’est à un tel amour qu’on va demander sa reva
97 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
663 ante des prières à dieux perdus. II Je ne sais pas où tu m’entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent autour du mond
664 nt à la recherche d’un corps faible. Je ne sais pas où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cr
665 rne le dos ferme les poings ne fais qu’un ou deux pas que les souvenirs s’épousent entre eux pendant que tes yeux s’ouvre
98 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
666 bizarrement les journalistes. (L’esprit n’est-il pas ce qui allège ? Ce qui fait s’envoler les ballons ?) 2. En vérité, c
667 s, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait quelque chose à dire, ou une qualité,
668 evue française , et qui ont, sur un tas de sujets pas importants, des idées « pertinentes », comme dit M. Charly Clerc ; de
669 . Et c’est charmant, disent les dames. Je ne suis pas aussi dur que les dames. … et M. Maurois, comme disent beaucoup de ge
670 laisse même plus la colère. Ah ! nous ne risquons pas d’être tués par des statues !) Tout d’un coup, trois hommes qui ont d
671 l croit tout à fait, l’autre parce qu’il ne croit pas du tout, le troisième parce qu’il croit ou ne croit pas selon les sau
672 tout, le troisième parce qu’il croit ou ne croit pas selon les sautes brusques de son tempérament. Attendons encore un peu
673 un peu avec ceux-là… Enfin, l’ultime raison de ne pas désespérer, cinq ou six poètes. 4. « Quelque grande que soit » mon e
674 u palais à nos trois amis (qui pourtant n’eussent pas demandé mieux que de reconnaître, etc.) Actuellement, Nietzsche est e
675 sible. Direz-vous que les Allemands ne les posent pas mieux ? Du moins n’ont-ils pas cette impudeur française de supprimer
676 ands ne les posent pas mieux ? Du moins n’ont-ils pas cette impudeur française de supprimer ce qu’ils ne peuvent résoudre s
677 leurs plus ramifiés, plus organiques. Ils ne sont pas obscurs, ils sont arborescents. Voyez Bertram, Gundolf, Rudolf Kassne
678 s’imposait de longues marches. Mais ne demandons pas à Barrès de quitter sa chambre, son cigare ou son moi. » 8. « La Fra
679 re, son cigare ou son moi. » 8. « La France… n’a pas su faire la révolution morale… parce qu’elle manque de sens moral. »
680 imites d’une nature que Léonard ne soupçonna même pas  ; — que ces limites rendent absurde l’adoption d’un ordre de valeurs
681 amène au centre des seuls problèmes qui ne soient pas insignifiants, voilà qui suffira peut-être à le justifier aux yeux de
99 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
682 France c’est la Chambre des Députés, je n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, la Légion d’hon
683 mand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme d
684 spoir de nuit d’été sous le tilleul où elle n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que
685 mme on disait au village où je suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné
686 es est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, et le fantôm
687 de « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émo
688 en germe : les êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de qu
689 u de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amour. Durant ce
690 fonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des passions amoure
691 e feint de lâcher pour mieux croquer. Pourquoi ne pas se perdre sans arrière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de me
692 mportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de mo
693 suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et une effusion de lumière basse,
694 déal : Du Bos en sauce Marthaler. Mais ne parlons pas de mangeaille : c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis
695 a plupart suffisantes. Francis de Miomandre n’est pas là. Il a téléphoné au début de l’après-midi qu’il commençait un roman
696 t là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, ni Othon ; mais bien quelques sirènes. Albert Béguin, André Würms
697 urue d’adorables roseurs boréales. Hoffmann n’est pas là, mais bien Dollonne, ce qui revient au même. Une femme fatale et u
698 desquelles, épuisé de corps et d’âme, et n’ayant pas écrit une seule note, il se retrouva aux portes de Naples, d’où il n’
699 , un peu trop lentes, comme tu les aimes — on n’a pas toujours envie de crâner. L’esplanade d’une petite ville de l’Allemag
700 doute celle qui dort dans la mansarde, et qui n’a pas peur… ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre deux voyages d’Allem
100 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
701 « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 19
702 ômes »] (juillet 1930)q I Vos fantômes ne sont pas les miens, et qui saura jamais s’ils ne sont pas pour moi « des chose
703 pas les miens, et qui saura jamais s’ils ne sont pas pour moi « des choses » — et réciproquement. La distinction entre « c
704 s individuelles, en dehors de quoi je ne lui vois pas de signification générale. Certains fantômes m’apparaissent quand je
705 oquer la basse pègre du monde spirituel. Ce n’est pas en détraquant nos sens ou notre raison, ce n’est pas en nous efforçan
706 en détraquant nos sens ou notre raison, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que nous atteindrons une réalité supérie
707 e que la psychologie. q. « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »], Raison d’ê