1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 pprochement est peut-être prématuré, tout au plus peut -on dire qu’à l’heure présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès,
2 s’est même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la
3 l’esprit sportif. « On se fait son unité comme on peut  », avoue-t-il franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir uni
4 la formation du caractère, en définitive. Mais on peut oublier la partie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui est pas ind
5 thique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mieux la démocra
6 in : « Formez des jeunes filles assez fortes pour pouvoir tout lire, et il n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce
7 plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort sur ce qui doit
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
8 f remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’on a pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la façon
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
9 u la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourrait se définir : la lutte d’un tempérament avec la réalité. Tantôt c’est
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
10 es tricheries plus ou moins conscientes M. Breton peut -il préconiser l’existence d’une littérature fondée sur de tels princi
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
11 On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’es
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
12 tion asiatique » étant une question politique. On peut prévoir que si le bouddhisme jouit un jour d’un renouveau, c’est à qu
13 qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond Japon et
14 (Mais le christianisme, religion missionnaire, ne peut nous donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son princip
15 s chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion romaine (ce christianisme médi
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
16 ardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quelque
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
17 raire, problème de la personnalité. Leur Prologue pourrait presque aussi bien être celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
18 ent chrétien sur le mysticisme naturiste ». Il ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à découvrir dans
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
19 n en faveur du passé, révolution tout de même, ne pouvait produire qu’une littérature très neuve de forme et traditionaliste d’
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
20 n Kessel ont donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écr
21 est sûr que ça brûle bien. Quel sujet plus riche pouvait -on rêver pour un psychologue de la puissance de Walpole, que l’âme ru
22 sa patrie. Une effroyable acceptation, mais elle peut se muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne détermine l
12 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
23 les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être
24 la revanche du fameux scrupule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit
13 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
25 es pays nouveaux ou chute irrémédiable. Peut-être pouvons -nous choisir encore entre un ressaisissement profond et la ruine. Mai
26 i en la valeur de l’action. C’est pourquoi ils ne peuvent prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est aussi pour
27 jourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent ne pas pouvoir les séparer. On n’écrit plus pour s’amuser : ni pour amuser un public
28 t une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’est trompée
29 Connaissance intégrale et culture de soi, telle peut être l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’a pas fallu lo
30 nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions -nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel tout apparaît
14 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
31 férences et autant de cultes en trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’a pas connu l’atmosphère particulière à ces
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
32 e grabuge, qu’il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’es
16 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
33 e Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on peut bien dire du diable et se termina sous le plus beau soleil de printem
34 — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de liberté,
35 tonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur façon de jouer le volley-ball ? Le C
17 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
36 profond de l’homme, la vertu conservatrice qui ne peut dicter que les gestes les plus favorables. J’ai d’autres instincts et
37 iel dans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or
38 difie son objet vivant. Pour moi, la sincérité ne peut être que spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des idées
39 Je m’étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuader de la vérité d’un système, hors la religion. Un s
18 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
40 ’est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perpétuelle palpitati
41 elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les victorie
42 s une sorte de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée de
43 lui-là. Et c’est un moraliste de grande race, qui peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orguei
44 ce physique, un mouvement vers la vie ardente qui peut entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est-ce point une solution
19 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
45 intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne peut plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous à demi-européanis
46 comme type d’individu européen Robert de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’il dit des Égyptiens : « Le mensonge, a
47 r, comment se comprendre, et si c’est impossible, pourra-t -on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malg
48 les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il ne p
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
49 tente de prouver par exemple que l’œuvre d’art ne peut être un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit : « II
50 teur dans cet essai me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou
51 t de la philosophie. Pour nous prémunir contre le pouvoir d’analyse — une analyse qui retient les éléments de la personnalité m
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
52 upportable : « Orpha ne comprenait pas comment on pouvait tant souffrir et ne plus aimer ». Closain se tue pour finir le livre.
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
53 je crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire aux critiques du Chinois et sympathiser avec son idéal de c
23 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
54 u jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode d’observation et de déduction
55 d’observation et de déduction passablement sèche pourrait nous donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opéra
56 aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’on peut tirer par une sorte de passage à la limite que les faits justifient :
57 plan littéraire avec le plan moral. Telle action peut paraître gratuite au lecteur parce qu’il ne sait pas tout sur le pers
58 onisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souve
59 iens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à
60 n de moi-même. Par les fissures, un instant, j’ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et
61 ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui est la négation de tout pro
62 ens de son intérêt propre, une analyse sincère ne puisse faire découvrir quelques richesses et ne serve parfois de contrôle ef
63 morale : défaitisme quand il s’agit de gestes qui pourraient entraîner des effets imprévisibles, « réalisme » décourageant, et, bi
64 ors impossible de faire rien qui ne soit sincère. Peut -on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se prendre à ses pr
65 avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon,
66 reste fort bien les jalons de cette recherche) : Puissiez -vous avouer moins de sincérité et montrer plus de style. (Georges Duh
67 ant que ma joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait se satisfaire de telle possession particulière, ne pouvait non plus s
68 e satisfaire de telle possession particulière, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vi
69 ulière, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnai
24 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
70 à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous éprou
71 un… Et, peut-être, la considération du « déluge » peut -elle faire réfléchir utilement sur ses causes…   Nous ne proposerons
72 llettrienne. Que sommes-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos h
25 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
73 ux que certaines envolées magnifiques et hagardes pourraient enthousiasmer il leur réserve mieux encore : après une kyrielle d’inj
26 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
74 t allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au poin
75 arguties juridiques. Et les statistiques faussées peuvent faire croire à une très forte diminution du nombre des protestants. A
76 e nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacr
27 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
77 l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur
78 les la souffrance ou de secrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme
28 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
79 elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le dernier
80 pitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femm
81 vait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, haletant. E
29 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
82 deux interprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir m’empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne
83 r sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne pouvoir m’empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins co
84 simples dont l’étude charme le psychanalyste. Je pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calembours… A
85 à quelqu’un lorsqu’il écrivit certains vers qu’on peut lire plus haut : Les anges véritables qui connaissent les signes Son
86 hotographe des Mariés. Dans Orphée, le mystère ne peut plus dépasser l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’i
30 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
87 r, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, n
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
88 envoie l’un de ses personnages pour remercier ; ( pouvait -il mieux trouver qu’un René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois
89 rames tout intérieurs dont il dit : « Personne ne peut juger du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même eux »
32 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
90 euse paraît, ils n’attendent que le moment où ils pourront se pousser en disant : « C’que c’est cochon ! » Mais le moment ne vie
91 . » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précis
92 alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encore par
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
93 ns rare des directions générales. « Hamlétisme », pouvoir aigu d’analyse qui conduit à la dispersion autant qu’à l’approfondiss
94 n inquiet qui veut le rester ? Ces deux solutions peuvent se résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-elles vrai
34 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
95 les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’anéantir.
96 pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne pouvait mieux exciter, signe d’aise extrême, vos glandes salivaires, pourtant
97  ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne peut duper. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas
98 ion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fait oubl
99 , n’est-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le
100 art sur cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses,
101 … enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais , en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, ou
102 jourd’hui… Quoi ?… Bon, bon, c’est entendu, on ne peut rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait peu d
103 prit est la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends
104 ction du capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la politique, et ne voyez-vous
105 tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur adresser, parce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils s
35 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
106 sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure. l. « Qua
36 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
107 usse, à cause de sa chevelure, sans doute ! On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les jeunes qui
108 que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’il est un des rares peintres de ce pays pour qui
109 s de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’on put craindre que Charles Humbert ne devînt le chef d’une école du gris-no
110 de Charles Harder, qui est mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûreté
111 mposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on pouvait tirer des principes cubistes dans un art dont la genèse même est cubi
112 non dépourvue de puissance. Une fois de plus l’on peut admirer la salutaire leçon de style donnée par le cubisme aux artiste
113 ne part il y a des préoccupations décoratives qui pourraient aboutir peut-être à la formation d’un groupe dont l’activité serait f
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
114 fiquement jetés. Mais cette imperfection, s’il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui la re
115 our la pureté, un « jusqu’au boutisine » qui seul peut redonner quelque vitalité à notre civilisation, — et je sais bien que
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
116 curément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où s
117 s bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie morale dont
118 eule une certaine caresse de l’événement naissant peut encore m’émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède i
119 reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé
120 Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis, d’agréablement pa
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
121 rd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité est simple simplement. La bouche
122 oût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cett
123 c’est-à-dire agissantes, que nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicib
124 e la publier. Et même, en passant à la limite, on peut imaginer que si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je p
125 esthétique ou d’une autre, plus ils perdent leur pouvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous
126 ur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre co
127 tient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y éch
128 e pour écrire16. De tous les prétextes que l’on a pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satisfaisant, c
129 es douloureuses ou grossières de tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent y voir que révoltes contre leurs morales, ou menaces po
130 e le plus certain par lequel ces « quelques-uns » peuvent encore se reconnaître. Quand bien même elle n’aurait plus d’autre exc
131 ès belle histoire ». (Et vous verriez à quoi cela peut servir, une citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie me pren
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
132 rement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques phrases de Drieu : « On voit
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
133 e l’autre, on se scandalise des « énormités » qui peuvent échapper à un jeune homme moins grave et qui manifeste franchement sa
134 pe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions -nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolè
42 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
135 danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une fem
43 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
136 ce ». Mais une telle « expérience », je crois, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile : par
44 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
137 d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fond : les fai
138 nées. Mais bientôt : — « Destin, s’écria-t-il, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sans cesse à ta
139 n lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain plein de mépris e
45 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
140 ciles mais cela même ne manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du
46 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
141 . Il répugne à admettre qu’une époque entière ait pu se tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de regarde
142 le progrès de sa production, d’année en année. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il possède, ou plutôt q
143 dustriel du monde ; le plus riche, au point qu’il peut parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus parfait aussi. S
144 nry Ford et des livres qui les répandent. L’on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industriels europé
145 Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de
146 netteté et cette décision qu’une passion contenue peut donner à l’homme d’action. Enfin, le voici en mesure de produire des
147 re des quantités énormes d’autos. Seulement, pour pouvoir continuer, il faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut
148 la répétition, on fait croire aux gens qu’ils ne peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. La passion de F
149 utilité publique. À chaque page de ses livres, on pourrait relever les sophismes plus ou moins conscients par lesquels il préten
150 la va bien plus profond, cette tromperie-là. Elle peut amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain, par
151 comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche le
152 réer de besoins et de loisirs. Or, l’industrie ne peut subsister qu’en progressant. Mais la nature humaine a des limites. Et
153 t le temps approche où elles seront atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscient des buts et de l’av
154 mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau moderne au point d’en exclure toute cons
155 soins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’est au pl
156 pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur
157 ourgeoisie moderne c’est de croire que les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se refuse à l’idée d’une catastrophe
158 plus difficile et la plus grave : celle qu’on ne peut faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « rien de no
159 rit. C’est déjà un fait d’expérience. Et qui n’en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépris l’homm
160 t ira bien. (On pense que les formes de la morale peuvent exister sans leur substance religieuse.) L’homme moderne manie les ch
161 ns religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer sa vér
162 que a révélé des exigences telles que l’Esprit ne peut les supporter. Il abandonne donc la place, mais c’est pourtant lui se
163 re grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortunes oisives ou mi
164 is possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une at
47 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
165 à côté de moi, c’est une chose singulière que le pouvoir de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon vo
166 aut ; personne pourtant ne se détournait. Comment pouvais -je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul
167 leu sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa per
168 s grossièrement que des barbares, ils s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissements” entre 10 heures d
48 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
169 ner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu , étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mai
49 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
170 l’insolence d’une psychologie qui rabaisse tout, peut conduire à préférer un mensonge qui n’est, hélas, qu’une déformation
50 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
171 impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en tombe d’
172 ne pas exister. Non : il a remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobiographies, mais aussi bien par
173 n installe un sur sa table de travail, de façon à pouvoir s’y surprendre à tout instant. Cet exercice — essayez ! — ne tarde pa
174 tion et n’y trouve que le désir d’une révélation. Peut -on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette inca
175 l n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais il s’épuise dans une perspective
51 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
176 e aboutir la standardization à sa fin logique, ne pourrait -il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Re
52 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
177 se « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques jeux d’esprit ou de méchancet
178 omme réduite à deux dimensions ; la conscience ne pouvait y tuer un lyrisme quasi inexistant, mais bien y exciter un esprit cri
53 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
179 uffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette prem
54 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
180  », il se confond avec l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’est dégagée
55 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
181 — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et
182 trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase l
56 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
183 ur qu’une telle interprétation voie le jour. Cela pourrait donner lieu à de mélancoliques réflexions sur le génie « poétique » f
57 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
184 C’est un extrême, un pic trop élevé pour qu’on y puisse vivre, c’est l’impossible. Mais justement, la gloire de M. Benda sera
58 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
185 gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je co
186 ant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu , à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’
187 ettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont
188 croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vert
189 dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent , en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformatrice des
190 ° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type :
191 ù je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute leur f
192 oir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je n
59 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
193 issèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts d
194 r est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nou
60 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
195 envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépr
196 , je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point le
197 que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’
61 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
198 utes les particularités, toutes les « prises » où pourrait s’accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce
199 . Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils appre
200 aît que cela facilite le travail du maître. Il se peut . Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de
201 le est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste
202 ole est autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais
203 out de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là
204 e d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’object
62 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
205 ces mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut être la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalit
206 plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraîn
63 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
207 e l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il
208 t pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire et compter pour suivre la campagne électorale, voter et
209 ques, voire aux besoins purement sentimentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne pe
210 es enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiqu
211 âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de révoluti
64 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
212 cliché, mais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre
213 roduction. Le culte des valeurs désintéressées ne peut que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
65 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
214 s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre
215 our les jeux nouveaux que l’humanité de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention provi
216 u passé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès soci
217 de Saint-Guy politique dont rien de leur temps ne pouvait offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette similit
66 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
218 la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé mentale.) La question est de savoir si
219 eule une grande vague de l’imagination collective peut désensabler le vieux bateau occidental. Un nouvel état d’esprit : voi
220 intenant se constituent ces élites, et cela ne se peut que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’être,
221 erce leur mépris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
222 lisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en a
223 quel emploi utopique de l’organisation existante peut -on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage
224 devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un entraînement de l’esprit,
225 uent des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle peut être poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, ex
226 leurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralemen
227 ue saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans son activité publique sans que de
228 de toute destination religieuse particulière. On peut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la gran
67 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
229 i gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je co
230 ant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu , à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à
231 ettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont
232 croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vert
233 dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent , en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformatrice des
234 ° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type 
235 ù je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute leur f
236 oir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou.   1. Je
68 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
237 issèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts d
238 r est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nou
69 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
239 envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépr
240 , je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point le
241 que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien être la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’
70 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
242 utes les particularités, toutes les « prises » où pourrait s’accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce
243 . Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils appre
244 aît que cela facilite le travail du maître. Il se peut . Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de
245 le est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste
246 ole est autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais
247 out de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là
248 e d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’object
71 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
249 ces mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut être la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalit
250 plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraîn
72 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
251 e l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il
252 t pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire et compter pour suivre la campagne électorale, voter et
253 ques, voire aux besoins purement sentimentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne pe
254 es enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiqu
255 âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de révo
73 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
256 cliché, mais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre
257 roduction. Le culte des valeurs désintéressées ne peut que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
74 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
258 s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre
259 our les jeux nouveaux que l’humanité de demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention pr
260 u passé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès soci
261 de Saint-Guy politique dont rien de leur temps ne pouvait offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette similit
75 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
262 la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé morale.) La question est de savoir si
263 eule une grande vague de l’imagination collective peut désensabler le vieux bateau occidental. Un nouvel état d’esprit : voi
264 aintenant se constituent ces élites et cela ne se peut que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’être,
265 erce leur mépris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
266 lisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en a
267 quel emploi utopique de l’organisation existante peut -on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage
268 devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensées. Un entraînement de l’esprit
269 uent des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle peut être poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, ex
270 leurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralemen
271 ue saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans ses activités publiques sans que
272 de toute destination religieuse particulière. On peut faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la gran
76 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
273 dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au premier coup d’œil, as
77 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
274 eût pensé qu’avec un jeu de noirs et de gris l’on pût recréer toute la ferveur d’un coucher de soleil. Des formes purifiées
78 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
275 au concours ce problème, d’ailleurs insoluble : «  Peut -on discerner avec certitude, après lecture de ses œuvres, si M. Bruns
276 ts que la France ait su rendre inoffensifs. Il se pourrait très bien qu’à cette génération ne soit échue qu’une œuvre de critiqu
277 ette impudeur française de supprimer ce qu’ils ne peuvent résoudre sur-le-champ. Ils mettent en jeu des systèmes de valeurs plu
278 ste qui vaille qu’on s’y dévoue. Mais quoi ! cela peut vous mener à crever de faim, ce qui ne se porte plus, — voire même à
79 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
279 mbast et Mlle Monnier sont là. Jacques Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille
80 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
280 qui, s’exerçant par le moyen d’un organe interne, puisse nous donner des connaissances plus complètes que l’expérience commune
81 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
281 t le plus inodore des fleuves. Dormir. Sans avoir pu retrouver cette mélodie descendue d’un balcon où chantait la Schumann
282 d’un balcon où chantait la Schumann ; sans avoir pu retrouver le nom de qui l’on a reconduit à sa villa, vers cinq heures
283 iers si clairs, arbres et jets d’eau ; sans avoir pu retrouver, des conversations de ce bal, autre chose que la phrase, l’
284 i de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent qu’énerver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’apporter c
285 ignées, partout où le désordre naturel des choses pouvait offrir asile à l’objet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à l
286 ur ; moi, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre, et c’était sa fortune, Peter Schlemihl savait ce qu’il avait
287 evenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-je pu contempler de plus « objectivement » étrange que ce lieu — inquiétant
288 s l’air. Espoir sans doute chimérique, mais qu’on peut croire bien près d’être comblé dans ce pays où les courtiers ne donne
289 sion des journalistes la ruse hongroise qu’ils ne peuvent pas déjouer, car le Hongrois est ingénument rusé, à la façon des pass
82 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
290 eux-là difficilement traduisibles — pour que nous puissions contempler l’ensemble de l’œuvre de Hölderlin : l’inspirateur de Sche
291 nd poète n’est jamais abandonné par lui-même ; il peut au-dessus de lui-même, s’élever aussi loin qu’il le veut. On peut tom
292 e lui-même, s’élever aussi loin qu’il le veut. On peut tomber dans la hauteur tout comme dans la profondeur ». Comment ne po
293 st sans doute d’une constitution trop faible pour pouvoir longtemps maîtriser l’inspiration, qui peu à peu le « gagne » ; il va
294 uction de tels fragments est illusoire, car on ne peut songer à remplacer ces mots-notes par des syllabes de valeur rythmiqu
83 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
295 belles manières. Et quant à ceux qui n’ont pas le pouvoir de s’enivrer, ils auront toujours raison, mais n’auront que cela, car
296 qui est caractéristique du Hongrois. — « Comment peux -tu vivre si largement ? » demande certaine hargne à cet artiste de la
297 prodigalité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici les cigognes, dont Andersen assure qu’el
298 ntrons dans une ère égyptienne. Mais que dire des pouvoirs de la plaine qui s’agrandit pendant des heures ? — Ce qu’en raconte l
299 e me rendait compagnon d’une momie bleuâtre, mais peut -on se reposer vraiment à cent à l’heure. Par-dessous le store, je voy
300 vie… (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie
301 pensée, qui ne peut plus s’arrêter de penser). Se peut -il qu’on cherche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a u
302 déclarer, quelle tristesse. Mais qu’a-t-on jamais pu « déclarer » d’important ? Je ne sais plus parler en vers et la prose
84 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
303 g correspondante en profondeur. Il la possède. On peut dire de sa critique qu’elle pose le problème de l’homme dans sa total
304 t spécifique des génies qu’elle « approche » : on pourrait l’appeler une critique des obstacles. Je veux dire par là que M. Du B
85 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
305 lement funestes, également démesurées, l’homme ne peut subsister qu’en tant que son génie parvient à composer les deux péril
306 stration des puissances de nature inhumaine. Nous pourrons définir un tel humanisme : l’organe d’équilibre de la civilisation. N
307 e scientifique. Cherchant des lois, la science ne peut trouver que des déterminismes. Soumettre l’esprit à ses méthodes, c’e
308 Seul un parti pris constant en faveur de l’esprit peut maintenir l’équilibre de l’esprit et de la matière. L’humanisme moder
309 rtain qu’il a perdu son ascendant. D’ailleurs son pouvoir , s’il en eut, ne s’étendit guère au-delà des limites du monde roman.
310 ’homme se propose ont ceci d’insuffisant : qu’ils peuvent être atteints. Mais ce qui parfait la stature de l’homme, c’est l’eff
86 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
311 r : il compte y découvrir des bas-reliefs dont il pourrait tirer un prix considérable. Sur le bateau qui l’amène à pied d’œuvre,
312 te, le livre s’achève par sa mort, sans qu’on ait pu distinguer nettement à quels mobiles extérieurs obéissait son action.
313 eusement la révolte d’un être pour qui la mort ne peut être qu’une « défaite monstrueuse ». Ainsi les incidents pathétiques
314 de lui trouver un sens dans la mort. L’homme qui pourrait se définir : « Dieu n’est pas, donc je suis » ; l’homme seul ; arelig
87 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
315 utant qu’elle n’invente ou qu’elle ne stylise. On peut dire, avec plus de louange d’ailleurs que d’ironie, qu’elle touche à
316 au Tonkin. Et non Bouddha13. — La liberté est un pouvoir réel et une volonté réelle de vouloir être soi. Ayant ainsi esquissé
317 onnaît ici la thèse marxiste, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle sent son xixe siècle. On peut lui faire un grief pl
318 puisse dire est qu’elle sent son xixe siècle. On peut lui faire un grief plus grave : elle subordonne toute réforme à une p
319 ielles de la vie humaine. Je crois que l’homme ne peut être transformé que spirituellement. Et cette révolution-là a l’avant
320 les » encore plus vagues d’ailleurs que ce qu’ils peuvent imaginer de la religion. C’est une forme aiguë de ce que les Anglais
321 lie : un astronome chrétien. Comment un astronome peut -il croire à l’Incarnation ou aller à la Messe ? On n’aura d’autre res
322 — et il l’est — aucun bouleversement matériel n’y pourra rien, si radical soit-il. Un pessimisme aussi féroce que celui de MM.
88 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
323 a n’empêche pas de rechercher ce que ces artistes peuvent avoir de commun, ce qu’ils doivent à leur origine ou à leur foi réfor
324 ’artistes exposassent pour qu’une réponse valable pût être esquissée. Car, avouons-le, du fait même de la nouveauté que rep
325 organisé s’il le faut dans de plus vastes locaux, pourra donner accès à un ensemble aussi complet que possible d’artistes nés
326 le d’artistes nés dans le protestantisme. Et l’on pourra se demander alors : qu’y a-t-il de spécifiquement protestant chez ces
327 écrire, dès à présent, un art protestant de fait, peut -on, par contre, le définir idéalement ? Il nous semble que cela suppo
328 ns équivoque ce qu’est le protestantisme avant de pouvoir trancher de ce que doit être un art qui l’exprime. En d’autres termes
329 al d’un artiste protestant, le seul auquel sa foi puisse prétendre, ce n’est pas de réaliser un art « protestant » conforme à
89 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
330 es comme le bien suprême dont seuls quelques élus peuvent se rendre dignes (les brahmanes par exemple, le christianisme primiti
331 ie humaine gardera sa signification. En somme, on pourrait résumer la pensée de Keyserling en disant qu’il oppose à l’idéal actu
332 r vivante réalité. Mais tout ceci, à quoi nous ne pouvons qu’applaudir, ne saurait être pour nous qu’une « introduction » à l’è
90 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
333 ités plus pures que celles de la vie courante, on peut dire que les romans « mondains » de Baring ne manquent pas à cette tâ
334 s une fois atteint le moment de sa perfection, ne peut plus que se souvenir, c’est-à-dire souffrir, vieillir. L’amour étant
335 ’une loi divine et humaine, et c’est ici que l’on peut voir sa profonde ressemblance avec les Affinités électives de Goethe.
336 e ses personnages, comme le moraliste s’arroge le pouvoir de séparer le bien du mal parmi les actions d’autrui qu’il estime con
337 s, grossir les traits, découvrir la thèse. Il eût pu s’en dispenser d’ailleurs, car en définitive la conversion de son hér
338 sible qu’elle n’est plus du tout exemplaire et ne peut servir ni le catholicisme (le milieu protestant étant nul), ni la foi
339 , le courage de sacrifier son amour. Mais elle ne peut survivre à cet acte suprême, à cette grâce. Aussi notre bonheur humai
340 ois la sensation que ma misère est plus que je ne peux supporter. La vie humaine me paraît intolérable. — Elle l’est presque
91 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
341 les Attaques contre le christianisme officiel ne peuvent être comparés qu’aux Provinciales. Kierkegaard est le Pascal du prote
342 ierkegaard fut le dernier grand protestant. On ne peut le comparer qu’aux grands fondateurs du christianisme, à Luther, à Ca
343 mment deviendrai-je chrétien ? Seul un protestant pouvait trouver pareille formule. Le héros de la foi, Kierkegaard, « l’Isolé 
344 st sa Psychologie de l’Angoisse, à laquelle on ne peut trouver d’analogie que chez Dostoïevski. Kierkegaard d’ailleurs ne pe
345 e que chez Dostoïevski. Kierkegaard d’ailleurs ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux marchent de pair et au
346 aucun autre esprit du siècle ne les dépasse. On peut déplorer qu’une œuvre de cette envergure ait pénétré d’abord en Franc
347 rl Barth, disciple fervent de Kierkegaard, — nous pouvons y attacher la valeur d’un signe. Kierkegaard sera pour beaucoup d’esp
92 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
348 rapport avec la nôtre. Les atomes que nous sommes peuvent trouver sur ses flancs l’occasion d’une lutte… elle ignorera toujours
349 is Nietzsche un style alpestre dans la pensée. Ne pourrait -il pas informer d’autres pensées que les malédictions de Zarathoustra
350 r véritablement quelques valeurs nouvelles, il se peut que certains se tournent vers ces derniers symboles physiques de la s
93 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
351 ces deux volumes, témoignent que l’amour chrétien peut encore aujourd’hui pénétrer un monde revendiqué par le communisme, co
352 même sentimentale), et avec sa foi chrétienne. Il peut livrer sans crainte le secret d’une telle action ; sans crainte et sa
353 sa simplicité, il parvient à être si émouvant. On peut dire que dans ces deux gros volumes si nourris, il n’y a pas deux lig
354 active et mettre à l’épreuve son grand idéal. Que pouvait -il y avoir de plus noble que de partager la vie quotidienne des gens
355 iichi à leur suite entourèrent le cercueil, il ne put retenir ses larmes. Tandis qu’il marchait en silence à la suite de la
356 étique, sobre et directe plus que tout ce qu’on a pu lire de plus vécu sur ces milieux. Finalement, la police accuse Eiich
357 les expressions sentimentales ou rassurantes qui pourraient dépasser une action immédiate ou voiler sa difficulté. Les rares allu
358 attitude politique. Aux yeux d’un incroyant, ceci peut sembler vague. Mais le sens chrétien primitif n’est-il pas, avant tou
94 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
359 se préoccupe sans cesse de faire entendre qu’il «  pourrait autrement ». Que rien de ce qu’il écrit ne l’engage tout entier. Qu’i
360 déjà à des choix dramatiques ? Certaines phrases pourraient le laisser supposer qu’il écrivit en préface au livre récent d’un jeu
95 1931, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Éléments de la grandeur humaine, par Rudolf Kassner (octobre 1931)
361 Si l’existence — le degré d’être — se mesure au pouvoir d’incarner sa vérité, le mal du siècle c’est l’impuissance. La proie
362 iècle se devait de ne pas poser). L’homme antique peut atteindre la grandeur parce qu’il possède la mesure au sein d’un tout
363 ent pleine de charme mais sans forme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne nous détermine jamais. Cet homme indiscre
364 it, et sa distraction vient de l’intérieur. Il ne peut jamais sortir de son moi sans trahison et chaque manifestation de son
365 — ce dont certaine clarté dispense le lecteur. On pourrait dire aussi que l’indiscret est celui qui se préoccupe de défendre plu
366 our, et parfois tourne en sournoise malice. On ne peut dire précisément de Kassner qu’il réfute ses adversaires — Freud en p
367 lente de sa vérité — si bien que la conclusion ne peut être qu’implicite et fonction d’une hiérarchie de valeurs, non de la
368 ous l’influence du journal. 2. Ici encore, on ne peut opposer ce concept d’ironie qu’à celui que formulèrent les romantique
96 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
369 sode central traité en profondeur — roman-plongée pourrait -on dire —, d’une sourde et hautaine gravité, apparaît comme le premie
370 nne. Car c’est à juste titre, croyons-nous, qu’on put écrire de Saint-Saturnin qu’un tel roman exprime « toute la grandeur
371 d’art qui manifestent ses traits spécifiques. On peut donc poser que le protestantisme de la fin du xixe siècle, tel que n
372 tel que nos contemporains se le représentent, ne pouvait s’exprimer que dans la forme du roman moraliste (forme qui par ailleu
373 penchant traditionnel de l’esprit français). Cela pouvait donner soit des œuvres d’analyse tendant à dissoudre les affirmations
374 puritanisme, expression d’une doctrine héroïque, pouvait provoquer dans les âmes des complexités merveilleuses, un pathétique
375 it » du mal. Ainsi Rousseau le libertaire doit et peut être moraliste, tandis que Calvin l’orthodoxe ne saurait l’être sans
376 té ne possédait d’autres recours que ceux qu’elle peut imaginer en dehors de la grâce, c’est-à-dire la police des mœurs, l’é
377 ui, s’il traduit et porte un réveil de la foi, ne peut manquer de libérer des forces créatrices. Or les temps vont nous y co
378 is du xixe siècle nous laissent entrevoir ce que pourraient être des œuvres modernes inspirées, comme le furent les plus grandes,
97 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
379 si peu élaborées, des questions que n’importe qui pourrait poser et qui ne peuvent tirer de nous rien d’exquis ni d’original, ma
380 stions que n’importe qui pourrait poser et qui ne peuvent tirer de nous rien d’exquis ni d’original, mais au contraire nous plo
381 er ou dans la terre. Un tel sens de la communauté put induire certains à parler de l’unanimisme de Ramuz. Mais comment Ramu
382 de la forme mythique, le poète en tout temps a le pouvoir de le susciter dans son œuvre, comme le mystique dans sa prière. Et c
383 elle prétend « observer ». 5. De tout bel canto, peut -on dire. C’est le ton de la musique de Stravinsky, du Sacre et des No
384 n’y a de réalité que par et dans la crise… 7. On pourrait soutenir que l’époque 1900-1910 fut « inactuelle » pour la grande mas
98 1932, Présence, articles (1932–1946). Penser avec les mains (fragments) (janvier 1932)
385 derne — admet ainsi que d’une part notre conduite peut être aliénée au premier automatisme venu, même moral, cependant que d
386 ous cru, dit Kierkegaard, que si longtemps qu’ils pussent douter, si longtemps qu’ils fussent privés du droit d’affirmer rien d
387 ependant ils seraient en droit d’agir, car on s’y peut contenter de vraisemblance. La monstrueuse contradiction ! Comme s’il
388 ffirmer de décisif. Admirable invention, que l’on pourrait baptiser la pensée sans douleur, et qui comblait si doucement la débi
389 sistance depuis 1914, il apparaît que la question peut être reprise sans trop de mauvais goût par une jeunesse qu’on dit out
390 isterait alors une chose au moins que le doute ne pourrait atteindre. » Mais qu’est-ce que l’Éthique ? — Question non éthique, e
391 à notre situation géographique que nous devons de pouvoir trancher le débat sans risquer le poteau. L’on s’en rend compte en éc
392 u’une certaine finesse et une certaine profondeur peuvent se situer à égale distance de la réalisation éthique, et se confondre
393 es démarches de l’esprit. Et Dostoïevski, dont on peut dire qu’il pensait par péchés et remords. Ainsi pensèrent tous ceux d
394 aujourd’hui je m’en vais l’appliquer. Comment le pourraient -ils ? Car il faut qu’un idéal ait « pris corps » pour qu’il devienne
395 r définition. Quant au bourgeois seul, cela ne se peut concevoir, n’a jamais existé5. Le bourgeois n’étant donc jamais un hé
396 ’il faut avaler les idées7, et qu’une idée qui ne peut être mastiquée, puis avalée, n’a pas plus de valeur que ces melons en
397 ends le livre et avale-le. » Ainsi Jean reçoit le pouvoir de prophétiser. (Apoc. X. 9.) a. « Penser avec les mains (fragments)
99 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Le silence de Goethe (mars 1932)
398 rsonnel de ces vies, à leur équation d’existence, pourrait -on dire. Or c’est, chez l’un comme chez l’autre, une révolution profo
399 nné de l’effort immédiat. Qu’un fait de cet ordre puisse être tenu pour crucial, je veux croire qu’on ne le contestera pas. Ma
400 onnaissance de cause, — c’est un événement qui ne peut normalement se traduire que par une qualité nouvelle de silence. Enco
401 el, de la connaissance ésotérique dans ce qu’elle peut avoir de purement « étrange » ont à peine enfiévré le jeune Goethe, q
402 reniant en tant que spéculation extra-terrestre, peut s’intégrer dans l’équilibre humain. Incident décisif qui figure en ra
403 pénètre dans la réalité mystique. Et cet acte ne peut se produire que dans le plus profond silence de l’esprit, dans la rég
404 exactement, et à tel point autobiographique qu’il put songer à incorporer le plan de certains actes à Vérité et Poésie. Le
405 plus grand que le Chérubin… qui pensais en créant pouvoir jouir de la vie des dieux et m’y égaler… combien je dois expier tout
406 se défendre qu’il parle si fort, qu’il vante ses pouvoirs avec une étrange exagération ? Et voici que l’hallucination le gagne
407 a déjà prouvé en écrivant les Illuminations qu’il peut renoncer violemment à tout un monde faux pour en créer un autre. Sa v
408 s le prouvent. C’est l’opposition du savoir et du pouvoir , de la connaissance et de la souffrance, de la spéculation et de l’ex
409 qui écrivit les chœurs mystiques du Second Faust peut aussi faire figure de sage officiel parmi les philistins. Le somnambu
410 s protégé par une cotte d’invisible silence. Vous pouvez lui parler sans le troubler : les mots n’atteignent plus son rêve pro
411 t l’exprime à la fois. Le « faire » de Rimbaud ne peut être la littérature, puisque écrire signifie pour lui révéler, parler
412 rler, crier, miraculer le réel. Au contraire l’on peut considérer sans paradoxe que la littérature de Goethe est un des moye
413 n découvrir que juste ce qu’il faut pour qu’elles puissent être de quelque avantage aux autres11… L’homme n’est pas né pour réso
414 nteront pas nos âmes jusqu’à la mort ? L’homme ne peut juger que plus bas que lui. C’est-à-dire qu’il n’en a pas le droit. C
415 tions avec Eckermann, 4 février 1829. 9. Si je pouvais écarter la magie de mon chemin Oublier tout à fait les formules d’enc
100 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
416 losion sera retardée si vous m’aimez assez on peut conserver quelque espoir à condition de ne plus dire un mot de ne