1
ent purement littéraire : une leçon d’énergie. Il
se
pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétud
2
recherche de la vérité. Dès son premier livre, il
s’
est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps
3
nité. Car le temps n’est plus, où les jeunes gens
se
faisaient, avec sérieux, des âmes exceptionnellement compliquées, qui
4
eux, des âmes exceptionnellement compliquées, qui
s’
exprimaient en une langue plus compliquée encore et nuancée jusqu’à l’
5
’après-guerre. ⁂ Deux philosophies, affirme-t-il,
se
disputent le monde. L’une vient de l’Orient, et insinue dans le monde
6
du fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de
se
ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une façon obsédante, le r
7
ne. Dans sa hâte salvatrice, M. de Montherlant ne
s’
est même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administ
8
l’esprit catholique et de l’esprit sportif. « On
se
fait son unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il me semble
9
rands corps athlétiques ». Sur le stade au soleil
se
déploient les équipes, et l’équipier Montherlant les contemple, ému d
10
la douce matière. L’air et le sol, dieux rivaux,
se
le disputent, et il oscille entre l’un et l’autre. Ainsi mon art, ent
11
la présence muette et sûre. Toutes ces choses ne
se
font pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui. Il
12
Toutes ces choses ne se font pas en vain. Le chef
se
dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’
13
derne que ce lyrisme sobre et prenant : « Si l’on
s’
échauffe, s’échauffer sur de la précision. » On évitera ainsi tout nia
14
lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’échauffe,
s’
échauffer sur de la précision. » On évitera ainsi tout niais romantism
15
de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne
s’
épuise-t-il pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses qu
16
faiblesses : il développe ses qualités, le reste
s’
arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui a quitté le stade, se re
17
même. ⁂ M. de Montherlant, qui a quitté le stade,
se
rendra mieux compte à distance de la contradiction sur laquelle est b
18
us seulement un homme de lettres. Un homme en qui
s’
équilibrent déjà l’enthousiasme d’une jeunesse saine et la retenue de
19
nstructeur, un entraîneur, et qui joue franc jeu.
S’
il faut lutter contre lui, nous savons qu’il observera les règles. Sal
20
e sa vie comme une ardente aventure. Les épisodes
s’
appellent : collège, guerre, sport… la Relève du Matin, le Songe, les
21
arbarie, un assez malsain goût du sang. Tout cela
s’
est purifié dans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous so
22
ent ces carnages inévitables, avec un bref soupir
s’
y résignent, puis tablent sur eux, et d’autres qui tiennent qu’une tel
23
es carnages ». Naguère il était des premiers ; il
s’
affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir contemplé Verdun, en
24
à quoi bon » percèrent soudain… Mais Montherlant
se
redresse vite, frappe du pied et repart. Vers quels buts ? On verra p
25
re ces régions élevées où les éléments contraires
s’
unissent dans la grandeur. La paix qu’il appelle, c’est autre chose qu
26
e, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourrait
se
définir : la lutte d’un tempérament avec la réalité. Tantôt c’est l’u
27
uvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je ne sais
s’
il faut en voir la raison dans la force de la personnalité révélée ou
28
de vérité » qui brûle dans son temple intérieur,
s’
il veut rester digne de son rôle et vraiment le coryphée d’une générat
29
ilosophie ou de psychanalyse. Ces principes ? Ils
se
laissent hélas résumer en un court article de dictionnaire : « Surréa
30
sme, n.m. Automatisme psychique pur par lequel on
se
propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute a
31
d le comprenait, qui écrivit : « Quand les livres
se
liront-ils d’eux-mêmes, sans le secours des lecteurs ? Quand les homm
32
, sans le secours des lecteurs ? Quand les hommes
se
comprendront-ils individuellement ? » Que M. Breton donne des « recet
33
e voir que M. Breton serait un très curieux poète
s’
il ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous pers
34
ue M. Breton serait un très curieux poète s’il ne
s’
efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persuader qu
35
y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi
se
paient-ils de métaphores comme d’autres de raisonnements. Plaisante i
36
un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont ils
se
réclament imprudemment, — on sait ce que c’est que la « liberté » d’u
37
contient pourtant des vues assez neuves. M. Colin
s’
est contenté de narrer les faits de la vie de Vincent, mais d’une tell
38
d’une telle manière que des conclusions critiques
s’
en dégagent avec évidence. Van Gogh fut une proie du génie. L’homme te
39
es de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui
se
croient une vocation, végètent dans des œuvres d’évangélisation, fond
40
ce pour le tourmenter et le transfigurer. Vincent
s’
en effraie lui-même : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est-
41
cientifique, « Prix Goncourt », curieux homme. Il
se
livre à des travaux de précision : il calcule un plan, un poème. Il é
42
s romans, c’est aussi une liquidation : les faits
s’
y pressent et s’y bousculent ; de temps à autre une notation d’artiste
43
aussi une liquidation : les faits s’y pressent et
s’
y bousculent ; de temps à autre une notation d’artiste ou de psycholog
44
à autre une notation d’artiste ou de psychologue
se
glisse dans leur flot. Voilà le lecteur entraîné, ébahi, passionné, c
45
traitées est rapide, elle est complète aussi. On
s’
étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans
46
ts, si mal équarris. Certes, ce n’est pas lui qui
se
refuserait à écrire — comme le fait son maître : « La marquise sortit
47
elle platitude est presque indispensable, mais il
s’
en permet d’autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en trois
48
deuse vis-à-vis du gouvernement, le libérateur va
se
lever. C’est un descendant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou »,
49
les : déjà elles huent sa modération. Alors il va
se
jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la paix. M
50
construit, au contraire. Mais le tissu des faits
se
relâche parfois, et les arêtes de la construction apparaissent trop n
51
s de l’Orient (septembre 1925)e Le xxe siècle
s’
annonce comme le siècle de la découverte du monde par l’Europe intelle
52
ment gréco-latin retournera vers ses sources pour
s’
y retremper. Les appels de l’Orient, ce sont les Keyserling, les Guéno
53
Gide en particulier). Car la plupart des enquêtés
se
font de l’Orient une représentation vague et poétique. « Orient…, toi
54
ole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’il
s’
agit, et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui est opp
55
un esprit analytique et organisateur d’occidental
se
perdra ici dans un ensemble kaléidoscopique d’idées et de jugements c
56
à la suite de Claudel estiment que la question ne
se
pose pas, puisque nous sommes chrétiens. (Mais le christianisme, reli
57
ombre de citations à l’appui de ses sophismes, ne
se
livre pas moins à des déductions in abstracto qui le mènent à des con
58
nt des documents, savent de quoi ils parlent, ils
se
récusent lorsqu’il s’agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos
59
nt de quoi ils parlent, ils se récusent lorsqu’il
s’
agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos, a trouvé la formule
60
Tout homme normal est fait de plusieurs fous qui
s’
annulent », écrit-il. Ce fou qui veut être soi purement, qui veut élim
61
arde entre 1900 et 1910. Depuis, la maison paraît
s’
être un peu embourgeoisée… Disons plutôt que voici venu le temps de la
62
(septembre 1925)h Dans l’atmosphère trouble où
s’
agite l’Allemagne nouvelle — et peut-être parce qu’il sait en sortir p
63
’importance européenne », croyez-vous qu’il aille
s’
abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un sommet ? Point
64
ls, de la réalité la plus intime, de celle qu’ils
se
donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas être… ».
65
de ne pas être… ». Mais les héros de Pirandello,
s’
ils veulent être, subissent, une fois qu’ils sont, le grand malentendu
66
presque inhumaine torture et conduit au crime. Et
s’
ils s’imposent comme types, c’est encore et uniquement par leur obséda
67
e inhumaine torture et conduit au crime. Et s’ils
s’
imposent comme types, c’est encore et uniquement par leur obsédante vo
68
e originale de la plupart des idées dont lui-même
s’
est fait le moderne champion. Pour ce qui concerne le Vinet juge des r
69
ut-être pourquoi il insiste sur le fait que Vinet
se
déclarait « un chrétien sans épithète ». Croit-il éluder ainsi le pro
70
tions (décembre 1925)l « Quel est celui-là qui
s’
avance » avec ce visage d’entre la vie et la mort « où se reflète le p
71
e » avec ce visage d’entre la vie et la mort « où
se
reflète le passage incessant d’oiseaux de la mer ? » « Quel est cet h
72
ne époque tourmentée dans sa profondeur, mais qui
se
penche sans vertige sur ses abîmes. Simplicité de notre temps ! Au-de
73
ne anecdote purement poétique dans un monde qu’il
s’
est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du mond
74
respirent le même air du temps. Leur originalité
se
retrouve dans la manière dont ils tentent de fuir l’inquiétude où ils
75
e de quitter l’air dur des pampas. « Le voilà qui
s’
avance, foulant les hautes herbes du ciel. » Le gaucho a dompté Pégase
76
r à l’endroit de cette âme irlandaise en laquelle
s’
allient une fantaisie et un réalisme également lyriques. m. « Simone
77
quelques mois avant que n’éclate le sinistre, et
s’
arrête au moment où l’on est sûr que ça brûle bien. Quel sujet plus ri
78
me, la vertueuse Véra avec un des Anglais) : Ils
s’
embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Marko
79
d que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre,
se
traîna jusqu’à l’angle le plus éloigné du réduit, et se blottit là, s
80
îna jusqu’à l’angle le plus éloigné du réduit, et
se
blottit là, sur le sol, les yeux grands ouverts dans le vide, sans ri
81
atrie. Une effroyable acceptation, mais elle peut
se
muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne détermine l’av
82
ur élévation morale ou leurs souffrances semblent
s’
être le plus rapprochés du Christ ; et dans l’Église persécutée, le ma
83
d’adoration de dieux protecteurs. Cette croyance
se
répand, favorisée par la souplesse dont fait preuve l’Église d’alors
84
plesse dont fait preuve l’Église d’alors quand il
s’
agit d’adapter des traditions antiques au dogme en formation. Au Moyen
85
s au dogme en formation. Au Moyen Âge l’évolution
se
continue dans le même sens. On spécialise les « compétences » des sai
86
ompétences » des saints, ou de leurs reliques qui
se
multiplient prodigieusement. Alors éclate la protestation de la Réfor
87
ie : mais Christ est le seul médiateur à qui doit
s’
adresser le culte, en son cœur, du croyant. Le centre de gravité relig
88
xiste divers ordres de sainteté ». Cette mère qui
s’
est sacrifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missionna
89
inte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ?
S’
il n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le prote
90
Adieu, beau désordre… (mars 1926)o L’époque
s’
en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi,
91
ataillons de pâles opportunistes sans culture qui
se
chargent de gaver les masses du pain quotidien de la bêtise de tous l
92
orifie une morale résolument anarchiste. Ceux qui
s’
essaient à l’action, c’est encore pour cultiver leur moi. Ils y cherch
93
re, c’est la seule façon efficace de servir. ⁂ On
se
complaît à répéter que nous vivons dans le chaos des idées et des doc
94
y a une seule mer. Nos agitations contradictoires
s’
affrontent comme des vagues soulevées par une même tempête. L’unité de
95
ces très différents de style, et dont les façades
s’
opposent avec hostilité. Dans l’intérieur des deux maisons pourtant se
96
ilité. Dans l’intérieur des deux maisons pourtant
se
débattent les mêmes brouilles de famille entre Art et Morale, Pensée
97
e créateur. Mais quel est ce besoin si général de
s’
incarner, dans le héros de son roman, de se voir vivre, dans son œuvre
98
ral de s’incarner, dans le héros de son roman, de
se
voir vivre, dans son œuvre ? C’est ici la conception même de la litté
99
ne pas pouvoir les séparer. On n’écrit plus pour
s’
amuser : ni pour amuser un public. Un livre est une action, une expéri
100
istoriques d’une conception qui, de plus en plus,
se
révèle à la base de tous les problèmes modernes en littérature. Jacqu
101
roblèmes modernes en littérature. Jacques Rivière
s’
y appliqua dans un de ses derniers articles2. Il rendait responsable d
102
vre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque
s’
est trompée, puisqu’elle seule permet la suivante qui peut-être retrou
103
parce que tout a été essayé. Dégoût, parce qu’on
se
connaît trop, et que plus rien ne retient. (Or on ne crée que contre
104
isant et forcené gaspillage : la guerre. Certains
s’
en tiennent à leur dégoût et l’exploitent. Ainsi se légitime le surréa
105
’en tiennent à leur dégoût et l’exploitent. Ainsi
se
légitime le surréalisme, qui vomit le monde entier et la raison avec.
106
», disait Drieu la Rochelle. Mais il faudra bien
se
remettre à manger, tout de même nous avons un corps, et c’est très be
107
monde, mais on voudrait que de moins de gloriole
s’
accompagnât votre ultimatum à Dieu. Mais, secouant son dégoût, un Mont
108
à Dieu. Mais, secouant son dégoût, un Montherlant
s’
abandonne au salut par la violence. Une sensualité moins énervée lui p
109
ires la matière de quelques pamphlets par quoi il
se
raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme où s
110
. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme où
s’
éveille un désenchantement qui l’amène au besoin d’une mystique. Et po
111
e, sans la brusquerie de ses aînés. Encore un qui
s’
est complu dans son dégoût ; mais jusqu’au point d’y percevoir comme u
112
s ». C’est plutôt qu’il est trop attaché encore à
se
regarder chercher, absorbant son attention dans une sincérité si voul
113
plus morale et plus immorale, parce qu’aucune ne
s’
est autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’une é
114
emportent, il est plus facile et plus enivrant de
se
laisser glisser que de construire. Et l’on y prend vite goût. Cela t
115
parfaitement folle, mais c’est justement de quoi
se
glorifient ses tenants, ils y voient la suprême liberté. Le désir se
116
enants, ils y voient la suprême liberté. Le désir
se
précisait en moi de commettre enfin l’acte vraiment indéfendable de t
117
stes, il n’a fallu que le temps pour une folie de
s’
emballer. La plupart des romans de jeunes qui se situent entre Gide et
118
e s’emballer. La plupart des romans de jeunes qui
se
situent entre Gide et Aragon nous montrent le même personnage : un êt
119
ité parfois douloureuse ses propres actes dont il
s’
étonne mais qu’il se garde de juger5. Il y a véritablement une littéra
120
use ses propres actes dont il s’étonne mais qu’il
se
garde de juger5. Il y a véritablement une littérature de l’acte gratu
121
» c’est proprement la perversion d’une vertu qui
se
brûle elle-même. Je ne vais point nier la fécondité psychologique d’u
122
érive-t-il pas d’une fatigue immense. Nous voyons
se
fausser le rythme des jours et des nuits à mesure que se développe un
123
ser le rythme des jours et des nuits à mesure que
se
développe une civilisation mécanicienne. (Les machines n’ont pas beso
124
’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout. Il ne
s’
agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort pour se libérer
125
encore une fois, de renier l’immense effort pour
se
libérer de l’universelle hypocrisie accompli par des générations qui
126
en être agi. Donner une conscience à l’époque, ou
se
défaire avec elle et dériver vers un Orient d’oubli — (mais avant de
127
t dériver vers un Orient d’oubli — (mais avant de
s’
y perdre, quelles révolutions, quelles anarchies, quels Niagaras 9 !)
128
unes hommes l’ont compris. Ils sont modestes — ne
s’
isolant pas de la Société ; ils savent que pour lutter il faut des arm
129
, quelle saveur a l’eau claire !) Quelques autres
se
recueillent encore dans l’attente angoissée d’une révélation et dans
130
r misère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’ils
s’
en vont « épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant ses
131
echerche pour contempler un absolu ; qu’ils osent
se
faire violence pour se hisser dans la lumière. « Il vaut mieux, dit e
132
r un absolu ; qu’ils osent se faire violence pour
se
hisser dans la lumière. « Il vaut mieux, dit encore Vinet, ne voir d’
133
ce, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1. Il ne
s’
agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mais q
134
moralistes — presque tous les jeunes écrivains —
se
souviennent de penser en fonction du temps présent, soit qu’ils veuil
135
du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il
s’
était développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. » (Ar
136
er en soi, on veut tout cultiver, et en fait l’on
se
contente d’une violence, d’un vice, d’une inquiétude. 8. « Certaines
137
Cahiers du Mois, et peut-être Drieu la Rochelle,
s’
il voulait…) o. « Adieu, beau désordre… (Notes sur la jeune littératu
138
Raymond de Saussure, psychanalyste distingué, qui
se
fit avec beaucoup d’intelligence l’avocat du diable, en montrant que
139
la théologie moderne avec l’action religieuse en
s’
appuyant sur des expériences faites pendant le réveil de la Drôme, don
140
d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne
se
payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond ont su
141
comme au physique. Chacun dit ce qu’il pense sans
se
préoccuper d’être bien pensant et les Romands recouvrent l’usage de l
142
mands recouvrent l’usage de la parole, puis on va
se
dégourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du village une dis
143
rdies d’un divan le soir, tandis que les fenêtres
s’
ouvraient vers le ciel de Florence… « Du sang, de la volupté et de la
144
Du sang, de la volupté et de la mort », un titre
s’
effaçait dans l’ombre. Jouve a rêvé une histoire de passion mystique e
145
ue. Mais tout cela baigne dans le même lyrisme et
s’
agite sur un fond sombre et riche de passions inconscientes qui donnen
146
le vent du large, parmi des gens qui craignent de
s’
enrhumer. q. « Alix de Watteville : La Folie de l’espace (Delachaux
147
ce que c’est dimanche, parce qu’il pleut et qu’on
s’
ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire est moins fatigant. « Le
148
’Amour — sourit avec une grâce un peu frileuse et
se
permet de bâiller en public. On connaît le danger… r. « Wilfred Cho
149
gnorante de toute religion jusqu’à 20 ans, Denise
s’
abandonne à « la vie », laquelle — un peu aidée par l’auteur — lui rév
150
en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’il
se
veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incontest
151
Mais quelle intelligence, et dont l’audace est de
se
vouloir plus juste que bizarre. Il sait bien d’ailleurs que les mirac
152
s étonnants sont ceux de la lumière. « Le mystère
se
passe en plein jour et à toute vitesse. » Telle est bien la nouveauté
153
fleurs de cristal, si elles sont sans parfum, ne
se
faneront pas. t. « Jean Cocteau : Rappel à l’ordre (Stock, Paris) »
154
ie. Isolé dans un hôtel perdu, avec son corps qui
se
souvient — « mémoire, l’ennemie » — avec une intelligence dont la tri
155
e perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est
se
refuser à l’élan vital qui nous crée sans cesse : l’analyse de sa sol
156
re que son propre procès », une intelligence qui
se
dégoûte, tel est le spectacle que nous dévoile cyniquement René Creve
157
: 22-25 mars 1926 (mai 1926)e Cette conférence
s’
ouvrit par une bise qu’on peut bien dire du diable et se termina sous
158
it par une bise qu’on peut bien dire du diable et
se
termina sous le plus beau soleil de printemps. Libre à qui veut d’y v
159
e que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de
s’
établir. Alors le miracle apparut, grandit. Le miracle, c’est l’esprit
160
oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il puisse
se
produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de liberté, tou
161
é de défendre sa petite hérésie personnelle et de
s’
affirmer aux dépens d’autrui, — c’est la liberté dans la recherche. Ch
162
che. Chose plus rare qu’on ne pense, à Aubonne on
se
sent prêt à tout lâcher pour une vérité nouvelle, on tient moins à co
163
vérité nouvelle, on tient moins à convaincre qu’à
se
convaincre. Après les exposés de Janson, de Brémond, j’en sais plusie
164
exprimaient tour à tour les objections que chacun
se
faisait à part soi, qu’ils incarnaient les voix contradictoires d’un
165
ux charmes troubles et inhumains de la nature. Il
s’
agit de créer à notre vie moderne un décor utile et beau. Or « la gran
166
oésie. C’est ainsi que le problème de l’Urbanisme
se
place au croisement des préoccupations esthétiques et sociales d’aujo
167
son plan, ce sera plus fort que Mussolini (lequel
s’
est d’ailleurs inspiré de lui dans son fameux discours aux édiles de R
168
s vingt-quatre gratte-ciel de la cité, au centre,
s’
espacent autour d’un aérodrome-gare circulaire, prismes perdus dans le
169
de l’azur au-dessus des rumeurs de la ville. Puis
s’
étendent les quartiers de résidence ; les jardins suspendus à tous les
170
t leur chant. Utopie ! Oui, si notre civilisation
s’
avoue trop fatiguée pour créer avec ses moyens matériels formidables d
171
eil des germes de révolution. Déjà des ingénieurs
se
sont mis à calculer la réalisation de ce phénomène de haute poésie —
172
t on est anxieux de prévoir l’influence, avant de
s’
y jeter, et dont on craint de ressortir trop différent. Amour de soi,
173
dans tout mon être une force aveugle de violence
s’
était levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus qu
174
ige un acte victorieux. Autour de cette brutalité
s’
organisaient brusquement les éléments désaccordés de ce moi que j’avai
175
ncts combatifs et dominateurs par quoi l’homme ne
se
distingue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout ce qui l’exal
176
glisse vers la mort. L’important, c’est de ne pas
se
défaire. Mais rien n’était résolu. Me voici devant quelques problèmes
177
ue je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui
s’
appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’y perdr
178
ière, qu’une révélation vienne chercher l’âme qui
se
sent misérable. Je ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-
179
être arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout.
S’
il est une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui pré
180
Je ne suis digne que par ce que je puis devenir.
Se
perfectionner : cela consiste à retrouver l’instinct le plus profond
181
xpérience et d’un sentiment de convenance en quoi
se
composent le plaisir et la conscience de Mes limites. Je m’attache pa
182
où cette fatigue générale qui fausse tout, et qui
s’
oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’elle ne permet que des
183
même temps que ma puissance d’agir. Que tout cela
s’
agite sur fond de néant, je le comprends par éclairs, mais une secrète
184
s que je me tiens — plisser un peu mes lèvres, et
s’
affirmer à mesure que je le décris. Mais comme un écho profond, une at
185
ne nuit froide. Les notes d’un chant qui voudrait
s’
élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre ce c
186
je pense au monde. Chant des horizons, images qui
s’
éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me p
187
, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est
se
surpasser). J’entends des phrases qu’il ne faut pas encore comprendre
188
’après tant d’expériences ratées on puisse encore
se
persuader de la vérité d’un système, hors la religion. Un système n’e
189
t leur protestation, étouffées par des forces qui
se
lèvent. Car telle est la vertu de ce livre, qu’on l’éprouve d’abord t
190
poème solaire », l’éditeur un roman, parce que ça
se
vend mieux. Ce récit des premiers combats de taureaux du jeune Monthe
191
e anime ce livre et lui donne un rythme tel qu’il
s’
accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; en pri
192
des présences animales. Tandis que sur la plaine
s’
élève le long beuglement des taureaux et le ohéohéohé des bouviers « c
193
nt tout droit, la tête dressée, des vachettes qui
se
mordillent et se frôlent amoureusement, des chiens « qui vous faufile
194
tête dressée, des vachettes qui se mordillent et
se
frôlent amoureusement, des chiens « qui vous faufilent des douceurs a
195
art mieux que dans la description des taureaux ne
se
manifeste ce passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de
196
: La bête chancela de l’arrière-train, tenta de
se
raidir, enfin croula sur le flanc, accomplissant sa destinée. Quelque
197
es yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes
se
tendirent peu à peu, comme un corps qu’on gonflerait à la pompe, tand
198
mme lui, elle y resta immobile. Et son âme divine
s’
échappa, pleurant ses jeux, et les génisses, et la chère plaine. De t
199
superstitieux, de grands symboles païens, et l’on
se
perd dans un syncrétisme effarant, où Mithra, Jésus, les taureaux et
200
à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui
s’
élève en fin de compte de tous ces tableaux de violence et de passion,
201
’un tempérament. À l’inverse de tant d’autres qui
s’
analysent sans fin, avant que d’être, Montherlant impose un tempéramen
202
incertitude douloureux, où ces problèmes viennent
se
poser à l’esprit, profitant de son désaccord avec la vie. Ni métaphys
203
comprend qu’une telle attitude agace des gens qui
se
soucient avant tout de trouver des réponses de l’intelligence ou de l
204
ouloir trouver un sens, ne vaudrait-il pas autant
s’
abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replacent dans l’int
205
tes ont dénoncé certaines des confusions sur quoi
se
fondent ces poétiques espérances ou ces craintes imaginaires. Beaucou
206
nt le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut-il
s’
entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des Or
207
ans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que
s’
accumulent les traits qui composent le portrait moral de l’Oriental, c
208
portrait moral de l’Oriental, celui de l’Européen
se
précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car i
209
rt de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même.
S’
il dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une politesse, leur pa
210
posables ». Dès lors, comment collaborer, comment
se
comprendre, et si c’est impossible, pourra-t-on du moins éviter le co
211
Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’il éprouve à
se
sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant
212
t romantisme pour édifier aucun système. Le livre
se
termine par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-il pas le
213
e amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’il
s’
impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette pré
214
n livre : cette impartialité même, cette façon de
se
placer en face des choses, tout près, mais sans jamais s’y perdre ou
215
r en face des choses, tout près, mais sans jamais
s’
y perdre ou se confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mi
216
choses, tout près, mais sans jamais s’y perdre ou
se
confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le
217
e du mouvement de construction et de synthèse qui
se
dessine chez les jeunes écrivains d’aujourd’hui. La « critique philos
218
que philosophique » qu’il voudrait inaugurer « ne
se
contenterait pas d’étudier les œuvres pour elles-mêmes dans leur sign
219
s par les générations précédentes. Parce qu’elles
se
sont souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pas d
220
cune autre me paraît liée à cette confusion. Mais
s’
il est bien établi que les lois de la vie sont essentiellement différe
221
ment différentes des lois de l’œuvre d’art, il ne
s’
en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication directe e
222
oi il écrit : « II y a, en fait, deux manières de
se
connaître, à savoir se concevoir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œu
223
en fait, deux manières de se connaître, à savoir
se
concevoir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’est-elle pas une
224
anières de se connaître, à savoir se concevoir et
s’
essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’est-elle pas une façon particuliè
225
l’œuvre n’est-elle pas une façon particulière de
s’
essayer ? Je ne puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles
226
dans cet essai me paraît encore ambiguë : on peut
se
demander s’il nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’
227
ai me paraît encore ambiguë : on peut se demander
s’
il nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’il la condam
228
vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou
s’
il la condamne plutôt, à cause des confusions qu’il y décèle. Le meill
229
droit de voir le germe d’un moralisme nouveau qui
se
fonderait solidement sur les données modernes de la psychologie et de
230
ides et roses. De l’autre côté, c’est le vide, où
s’
en vont lentement les eaux et les lueurs, vers la mer. Sur le Lungarno
231
s quais sans bancs pour notre lassitude. Florence
s’
éloignait derrière nous qui suivions maintenant le sentier du bord du
232
chant descend très doucement la berge, les bœufs
s’
engagent dans le marais, cherchant le gué. Plus proches, les syllabes
233
comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui
s’
impose à nos pensées. Ici la vie n’a presque plus de sens, comme le fl
234
Miniato sur sa colline. Derrière nous, les arbres
se
brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons un mystère à ja
235
ssant en nous la lâche volupté de sentir l’esprit
se
défaire et couler sans fin vers un sommeil à l’odeur fade de fleuve,
236
nos ferveurs, angles purs, repos de l’esprit qui
s’
appuie sur son œuvre ! La sérénité de cette façade élevée lumineuse su
237
et le mouvement perpétuel de l’amour. Plaisir de
se
sentir engagé dans un système d’ondes de forces qui tisse la nuit vib
238
u. C’est pour traiter ce sujet pirandellien qu’on
s’
embarque dans une croisière de vacances, qui finit par un naufrage dan
239
nveloppée, une atmosphère trop claire où les cris
se
font un peu aigres et les couleurs fluides. Toute la tendresse que ra
240
icieusement invraisemblable… Mais ce cœur fatigué
se
reprend à souffrir, il ne sait plus de quels souvenirs ; jusqu’au soi
241
pouvait tant souffrir et ne plus aimer ». Closain
se
tue pour finir le livre. Livre charmant et bizarre, où la sentimental
242
ît parfois et nous fait regretter que l’auteur ne
se
soit pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf. z
243
mes loin du ton des Lettres persanes : le Chinois
s’
étonne non sans quelque aigreur, et critique avec un mépris tranquille
244
semblait devoir résulter de cette confrontation,
s’
évanouit : c’est bien plutôt une unité supérieure de l’esprit humain q
245
mal du siècle. Tout le monde en parle, et chacun
s’
en autorise pour excuser sa petite faiblesse originale : tant qu’à la
246
tant qu’à la fin la notion concrète de sincérité
s’
évanouit en mille définitions tendancieuses et contradictoires. Êtes-v
247
raliste de l’âme ? Heureusement que M. Brémond ne
s’
est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les écl
248
prendre. ⁂ Qu’on imagine un personnage de tableau
se
mettre à décrire ce qu’il voit autour de lui — et l’étonnement indign
249
y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour
se
dégager de confusions aussi perfides et si profondément mêlées à ses
250
incérité = spontanéité. Mais la morale est ce qui
s’
oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide écrit ail
251
t naguère au surréalisme. Tous les héros de roman
se
sont mis à gesticuler « gratuitement ». Et les critiques d’abord de s
252
ler « gratuitement ». Et les critiques d’abord de
s’
indigner. Aujourd’hui, on les voit assez enchantés de l’affaire : « Gr
253
haque fois qu’ils ne comprennent pas. Il faudrait
s’
entendre. Et, ici encore, prenons garde de confondre le plan littérair
254
le domaine de la morale, que le meilleur moyen de
se
livrer à ses déterminants, c’est de mener la vie gratuite que réclame
255
évélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on
s’
étonne de me voir donner ici la préférence à l’acte volontaire, ou mie
256
térature remplirait déjà suffisamment son rôle en
se
bornant à nous donner de nous-mêmes une connaissance plus intense et
257
le fausse, puisque je le prive de la puissance de
se
délivrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce n’est plus l’élan
258
d’automobiles étoilent le brouillard, les visages
se
cachent dans des fourrures, personne ne sait la richesse de ta vie…).
259
re si différent. Les gestes et les sentiments qui
se
proposaient à mon souvenir ont été passés au crible de la minute où j
260
’on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en
se
servant de la méthode indiquée dans le premier exemple. C’est un cas-
261
tourbillonnant à l’intérieur. Un arrêt (l’auteur
se
met à se regarder vivre, le personnage à douter du sens de sa vie) et
262
onnant à l’intérieur. Un arrêt (l’auteur se met à
se
regarder vivre, le personnage à douter du sens de sa vie) et les forc
263
ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il
s’
acharne à approfondir — il était venu y chercher quelque raison de viv
264
nu y chercher quelque raison de vivre, il voulait
se
voir le plus purement (« cette curiosité donnée comme raison d’une pe
265
s n’importe comment, mais selon certaines lois où
se
retrouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à
266
idation de l’individu mais avant tout un moyen de
se
connaître. Cependant, n’est-ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme
267
el nous montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne
s’
en suit pas que contenue dans des limites assez étroites empiriquement
268
ser ; impuissance à inventer. Car inventer, c’est
se
porter à l’extrême pointe de soi, et, d’un élan, se dépasser ; c’est
269
porter à l’extrême pointe de soi, et, d’un élan,
se
dépasser ; c’est créer une différence. Pourquoi les romanciers modern
270
ontre clairement. En morale : défaitisme quand il
s’
agit de gestes qui pourraient entraîner des effets imprévisibles, « ré
271
e rien qui ne soit sincère. Peut-on véritablement
se
mentir à soi-même, et surtout se prendre à ses propres mensonges ? Pe
272
on véritablement se mentir à soi-même, et surtout
se
prendre à ses propres mensonges ? Peut-être juste assez pour qu’ils v
273
r toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut
se
maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon, néc
274
à la vie, n’est-ce pas être sincère aussi que de
s’
y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indétermination violente qu’
275
… Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains
se
refusent à toute intervention qui altérerait leur moi ; ils ne souhai
276
intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui
s’
ignorent en tant que personnes. Comment se trouveraient-ils, n’existan
277
si le personnage est maintenu jusqu’à la mort, il
se
confond avec l’homme même. (André Maurois.) (Quel effroi, ce jour d
278
ie est plus réel que celui qu’une analyse désolée
s’
imaginait retenir. Dès lors, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre
279
......................................... Le vent
se
lève, il faut tenter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de ma t
280
ma joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait
se
satisfaire de telle possession particulière, ne pouvait non plus s’im
281
elle possession particulière, ne pouvait non plus
s’
imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’i
282
e volonté — si profonde qu’elle n’a pas besoin de
s’
expliciter pour être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne
283
notre langage statique. 3. « Et certes quand il
s’
agit de parole ou d’écriture, l’affirmation prouve moins une certitude
284
tera notre programme. Sans doute, les différences
s’
accusent : mais n’est-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de che
285
considérer avec sympathie. Il est bien facile de
s’
écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a
286
e de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de
se
détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on
287
y a chez Aragon une folie de la persécution, qui
se
cherche partout des prétextes, et une passion farouche pour la libert
288
ens à la grande race des torrents ». Génie inégal
s’
il en fut, voici parmi trop de talents intéressants, un écrivain qui s
289
rmi trop de talents intéressants, un écrivain qui
s’
impose avec des qualités et des défauts pareillement énormes. Il faut
290
des pages d’un lyrisme inouï. Que Louis Aragon ne
se
croie pas tenu de justifier ses visions par le moyen d’une métaphysiq
291
umes. Insulter ta beauté froide ? Oui, mais à qui
s’
adresser. Automne au sourire absent, Or luisant, terreau qui fume… Et
292
t de peser sur le commutateur des étoiles… l’une,
se
décrochant sans plus d’hésitation, se mit à pérégriner dans les régio
293
les… l’une, se décrochant sans plus d’hésitation,
se
mit à pérégriner dans les régions de chasse gardée du ci-devant solei
294
d’authentiques avocats et un chapelier dont tous
s’
accordaient à dire qu’il ne péchait que par excès de bonne humeur prin
295
yeux et ne vit rien. On rappelle que les étoiles
s’
étaient décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éternité désaffect
296
ernité désaffectée, c’est bien dommage, dit-il en
s’
étirant ; le printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et nous iro
297
l’étoile chantait dans l’axe de sa vie normale et
s’
approchait en faisant la roue — celle à qui sourit la Fortune. Urbain,
298
ies sur le paysage commercial. Terminus : Morand,
s’
éveillant en français, termine : … Irène. (Grasset, 1924… … y compris
299
llusion aux divers points de vue auxquels on a pu
se
placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au point d
300
placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui,
se
place au point de vue de l’historien scrupuleux, qui juge d’après les
301
au dire de sa belle-sœur, la princesse palatine,
se
laisse facilement convaincre. D’ailleurs, les jésuites ont déjà réuss
302
te diminution du nombre des protestants. Aussi ne
s’
effraye-t-on pas trop, au début, de l’émigration des fidèles qui suive
303
me de Maintenon. Mais bientôt l’on voit la France
se
dépeupler ; des industries sont presque anéanties ; les conséquences
304
ces funestes de l’acte de révocation commencent à
se
révéler politiques (guerre de la confession d’Augsbourg) et surtout m
305
d’être unanimes à louer la révocation. L’un d’eux
s’
indigne, dans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont été le
306
guerre civile succède aux dragonnades. M. Esmonin
s’
abstient d’en faire un tableau qu’il suppose présent à l’esprit de ses
307
uelques mois aux jeunes époux de la Maladère pour
se
déprendre de leurs rêves. Un malentendu grandit entre eux dans leur i
308
on songe à une fatalité intérieure qui les ferait
se
meurtrir l’un l’autre. Pourtant, jusqu’au bout, il semble qu’un mot,
309
ui les tourmente. Mais il faudrait d’abord qu’ils
se
soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibl
310
eunesse. » C’est ici un autre sujet du roman, qui
se
mêle étroitement au premier… Mais combien cette analyse trahit Barbey
311
sentiments et celui des campagnes désolées où ils
se
développent. Paysages tristes et sans violence, autour de ces êtres d
312
on analyse pour n’évoquer plus que des visions où
se
condense le sentiment du récit. Dans le Cœur gros, c’était un parc av
313
? heureux ? » pour lui, comme pour Barnabooth, il
s’
agit de « déjouer le complot de la commodité ». Mais plus voluptueux q
314
r notre plaisir, un peu plus viennois que naturel
s’
il parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les passions qu
315
nt ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il
se
connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de l’
316
ngué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus. Il
se
connaît avec une sorte de froideur que l’on dirait désintéressée si e
317
ée. Pourtant, entre Montclar et Ameline, un amour
se
noue, qui commence où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour n’est-
318
rs quelle avidité cruelle, et peut-être tendre, à
se
faire souffrir rejette l’un vers l’autre ces êtres égoïstes, et fonde
319
d’une telle vie, cette sagesse un peu sombre qui
s’
en dégage, sagesse qui veut « que nous appelions les âmes à la vie apr
320
, comme on dit, sans doute parce que c’est là que
se
nouent les douleurs les plus atrocement inutiles. La première fois, a
321
rêtait quelque intention. Quand enfin l’orchestre
s’
arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe disc
322
vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà il
se
préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je ne s
323
Déjà la foule des danseurs nous séparait, mon ami
se
détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un cortège d
324
perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes
s’
engouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’éprouvais un peti
325
rsonnes s’engouffrait dans la cage rouge et or et
s’
élevait, j’éprouvais un petit arrachement, comme précisément un enfant
326
fois, j’ai cru vous reconnaître dans la foule qui
se
précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas mo
327
, maladroits, contradictoires… Un autobus de luxe
s’
était arrêté tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur se pench
328
tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur
se
pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y avait que des dames. Personn
329
es dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui
s’
était penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la re
330
mes yeux. Une bouche de métro m’attira. Les rames
s’
arrêtaient avec un sifflement particulièrement doux pour ma fatigue, e
331
vec une sombre joie les employés et les voyageurs
s’
inquiéter. Bientôt on m’entraîna de force sur un trottoir roulant qui
332
ans la ville, mais il me semble que toutes choses
s’
éloignent de moi vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a vin
333
iendra Des Enfers. » — « Ce n’est pas une phrase,
s’
écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une fleur du fond de la
334
ignes Sont moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau
s’
est trop exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’
335
ates… (etc.)… Cocteau s’est trop exercé avant de
se
lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas. J’admire
336
tre œil (février 1927)h Décembre L’époque
s’
ouvre où l’on attend un miracle pour la fin de la semaine. « Messieurs
337
Il y a des soirs où une idée de la responsabilité
s’
empare de nous. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 person
338
abilité s’empare de nous. Et nous calculons qu’il
s’
agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occuper qua
339
mis au soin d’engendrer cet adorable monstre. Ils
se
réunissent parfois autour d’un feu et le contemplent un certain temps
340
né entre deux cafés-nature, et presque sans qu’il
s’
en soit rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, q
341
« la Montagne » ne saura venir au prophète, même
s’
il se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce paludesque et stérile c
342
Montagne » ne saura venir au prophète, même s’il
se
nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce paludesque et stérile consis
343
ue et stérile consistoire, une idée de génie vint
s’
asseoir certaine nuit. Elle parla par la bouche de Lugin, sa langue da
344
, sa langue dans la langue de Lugin : « Le rideau
se
lève sur un miroir qui occupe toute la largeur de la scène. Titre : S
345
en scène fort ingénieuse qui permit à Mossoul de
se
perdre dans des jupons autrement que par métaphore. À La Chaux-de-Fon
346
llles ? À signaler la fuite de Bec-de-Gaz, lequel
s’
éteignit dans les neiges. Un jour, on s’aperçut que cette chose avait
347
z, lequel s’éteignit dans les neiges. Un jour, on
s’
aperçut que cette chose avait recommencé, qu’on appelle, sans doute pa
348
aboutit coïncide avec un mouvement dont lui-même
s’
est plu à relever les indices chez ses jeunes contemporains, et qu’il
349
on expérience déjà riche de romancier. Son regard
se
promène sur le même monde où se plaisent nos jeunes poètes cosmopolit
350
ncier. Son regard se promène sur le même monde où
se
plaisent nos jeunes poètes cosmopolites, mais il garde une certaine d
351
ené Dubardeau pour cette ambassade). Parfois l’on
se
demande si l’Auber de Jean Cassou ne va pas s’attabler au café en fac
352
on se demande si l’Auber de Jean Cassou ne va pas
s’
attabler au café en face des personnages de Jaloux. Et peut-être que l
353
secrètement incertain de ce roman. À la veille de
se
marier, Jérôme Parseval, journaliste parisien, rencontre une femme qu
354
enonceaux ». Peu à peu l’image d’Irène Rezzovitch
s’
idéalise et gagne la puissance d’une merveilleuse obsession. Il lui éc
355
un sujet qui convient admirablement à son art, où
s’
unissent aujourd’hui un réalisme discret mais précis et le sens de ce
356
d’hui faire éclater dans un cadre très moderne où
s’
agitent des personnages spirituellement dessinés un de ces drames tout
357
nt il dit : « Personne ne peut juger du drame qui
se
joue entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme
358
1905) : quelques acteurs d’une troupe de province
s’
agitent incompréhensiblement dans un décor très pauvre, légèrement col
359
coloré. Le principe est simple : « Je vous aime »
se
traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ; et une crise in
360
de Saint-Guy. Art classique : la mort d’Hyppolite
se
passe en coulisse. Mais Phèdre avoue tout « devant le cadavre encore
361
erré, mais sur la corniche d’un gratte-ciel, d’où
se
met à descendre un petit bateau de papier, sur fond de boulevards et
362
l’aile un dixième de seconde, par intermittences,
se
pose enfin sur l’écran : une danseuse sur une plaque de verre, vue pa
363
souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui
s’
ouvre pour dégager le mouvement obsédant de deux jambes, l’harmonie de
364
ît, ils n’attendent que le moment où ils pourront
se
pousser en disant : « C’que c’est cochon ! » Mais le moment ne vient
365
eur. Un mouvement ne souligne pas, il exprime, et
se
suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans cesse envie de crier
366
; c’est un temps nouveau, et l’espace en relation
se
modifie pour maintenir je ne sais quelle harmonie… C’est une réalité
367
urs maîtres soit lu par tous ceux qui cherchent à
s’
orienter dans la crise moderne. M. Daniel-Rops unit en lui à l’état de
368
nsidère les deux solutions les plus parfaites qui
s’
offrent aux jeunes gens d’aujourd’hui. Il constate que l’une (celle de
369
t qui veut le rester ? Ces deux solutions peuvent
se
résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-elles vraimen
370
927)j Ah ! je sens qu’une puissance étrangère
s’
est emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon
371
dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique
se
tient là-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois enc
372
s. Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où
s’
enfuient, souffles à peine parfumés, les vices enlacés aux vertus, c’e
373
le repas dont vous sortez, que ces trois mots où
se
résume la défense de la loi sociale, patriotique, religieuse (?) et c
374
sir, — quelques hommes y pénètrent, et le goût de
s’
amuser ne renaîtra plus en eux. Ni même celui de souffrir. Le dernier
375
tre seul sur un faux sommet vers quoi des faibles
s’
efforcent — mais déjà c’est de plus loin qu’il les nargue. Il connaît
376
les à l’immobilité miraculeuse des statues7. » Il
s’
agit bien de critique littéraire ! Nous sommes ici en présence d’une d
377
me de l’esprit. Jusqu’au-boutisme désespéré. « Il
s’
agit de rendre impraticables quelques portes de sortie » ou compromis
378
ussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements
se
rendaient sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet infini nous écra
379
ent Vautel, le matérialisme le plus pauvre auquel
se
soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelqu
380
cafés littéraires et dont il serait le premier à
s’
amuser ? Février 1927. Relu Une vague de rêves et la préface de Libe
381
. Je me souviens d’une phrase de Vinet — laissons
s’
esclaffer du rapprochement les auteurs de manuels de littérature — : «
382
arce qu’elle n’a pas mérité du premier coup qu’on
se
donne la peine de l’écraser, — c’est qu’il symbolise tout cet état d’
383
ique qui n’épouse pas le rythme d’une œuvre, mais
s’
avance à sa rencontre armé de l’appareil à frigorifier de sa raison, e
384
n’oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose
s’
il ne spéculait sur l’incertain », c’est un académicien qui l’a dit. V
385
s thèses rassurantes de la « saine raison », sans
se
demander jamais si cela ne condamne pas et la santé et la raison. Il
386
cela ne condamne pas et la santé et la raison. Il
s’
est trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition gr
387
mme promenoir, avec défense sous peine de mort de
s’
en écarter. Voilà bien leur désinvolture, car enfin, elle est déesse.
388
de : Qu’il vienne, qu’il vienne Le temps dont on
s’
éprenne ! Les œuvres les plus significatives de ce siècle sont écrit
389
me, Karl Marx, la préface de Cromwell. Mais il ne
s’
agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel domaine.
390
s pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu
s’
allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on a f
391
ontestablement beau. Mais alors, Aragon, pourquoi
se
faire marchand des œuvres complètes de Karl Marx ? Si vous ne dites p
392
is la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas
s’
acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une révolution en
393
z-vous combattre cet esprit « bien français » qui
s’
associe à tant d’objets de votre mépris, en prenant le contre-pied de
394
est venue de clore des discussions énervantes où
s’
épuise vainement une dialectique dont l’objet fuit sans cesse par la q
395
gon et les surréalistes auront raison même encore
s’
ils ont tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leu
396
on ; parce que cette révolution ne demandait qu’à
s’
asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui no
397
vit, on ne meurt que de vices. ⁂ Ici le lecteur
se
rassure. « Il s’y retrouve. » Il pense que c’est bien jeune. Et : enc
398
que de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. « Il
s’
y retrouve. » Il pense que c’est bien jeune. Et : encore un qui rue da
399
ivre de tendances très modernes. Et des gens pour
se
gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (sim
400
ence définitive de notre absurdité. Car l’homme «
s’
est fait une vérité changeante et toujours évidente, de laquelle il se
401
é changeante et toujours évidente, de laquelle il
se
demande vainement pourquoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acculé
402
l se demande vainement pourquoi il n’arrive pas à
se
contenter13 ». Acculés à ce choix : inconscience de ruminants ou neur
403
rit, proclamez le grand Libre-Échange, voici déjà
s’
avancer des prodiges à cette invite la plus persuasive : nous sommes p
404
c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’est pas
se
libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul Claudel
405
, d’ailleurs invraisemblables, qu’à leurs reflets
se
fussent évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans tous les poèmes où
406
onc venue. Il la suivait entre les devantures qui
se
passaient de l’une à l’autre deux séries de profils jusqu’au soleil t
407
’amitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il
s’
est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux q
408
l et un violon, pour qu’il en joue, au printemps,
s’
il savait … R.S.V.P. À Max-Marc-Jean Jacob Reymond. Une étoile
409
la main et l’abattit d’un coup de revolver. Puis
s’
en fut avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sous u
410
me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et
s’
enfuit en disant que ce n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans
411
e un songe de son enfance. Aux fenêtres du palais
s’
étoilèrent des halos. Le jour tendre paraissait sous l’égide de la mor
412
violons déchirants dans sa tête… Mais le sommeil
s’
évaporait aux caresses des flocons, plus perfides que des murmures d’a
413
s, dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêtre
s’
était ouverte et des accords échappés tombaient, les ailes coupées. Pu
414
pés tombaient, les ailes coupées. Puis le silence
se
reprit à ses songes désolés. Autre suicide ou la promenade en bate
415
is né pour la mort. » Il fait assez beau pour que
s’
ouvre ce cœur de l’après-midi, comme un camélia de tendre orgueil. Il
416
soleil du haut-lac. Justement, voici que tout va
s’
ouvrir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins
417
ustement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde
s’
est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sû
418
t peut-être prématurée. Mais le seul fait qu’elle
se
pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécessair
419
a de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à savoir
s’
il est possible déjà de discerner parmi eux certaines tendances généra
420
ait défaut dans la même mesure. Ainsi risquent de
s’
établir autour d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont je ne vais pas
421
nervante, souvent fatale aux novateurs. Alors ils
s’
en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus effect
422
vateurs. Alors ils s’en vont à Paris, ou bien ils
se
retirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir muni
423
lent d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue,
s’
il rentre au foyer dans une Rolls-Royce et fortune faite, tout le mond
424
s une Rolls-Royce et fortune faite, tout le monde
s’
accorde à dire qu’on n’attendait pas moins du fils d’un tel père. « Vo
425
taine résistance est nécessaire pour que la force
se
développe. N’était certain petit plaisir d’impertinence, je me fusse
426
te en bleu vif et ornée de surprenants batiks, il
s’
est livré pendant quelques années à des recherches un peu théoriques e
427
nnière qui regarde ailleurs… Qu’il sorte enfin et
se
mette à graver les scènes qu’il voit dans la petite cité ouvrière, et
428
neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de
s’
astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout en s’épurant d
429
e à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout en
s’
épurant dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte a
430
ombative qui manque trop souvent au Neuchâtelois.
S’
il casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plut
431
eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste
s’
astreindrait jamais aux exigences de la technique décorative ! Voilà q
432
rasement de ses couleurs, une sensualité qui sait
se
faire délicate quand du haut de San Miniato ou de Fiesole, il peint F
433
de sa chevelure, sans doute ! On ne pourrait pas
se
tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les jeunes qui vouent
434
: un lyrisme un peu amer, d’une tristesse qui ne
s’
affiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce
435
amer, d’une tristesse qui ne s’affiche pas, mais
s’
insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’
436
de dissonance, un défaut par où l’on va peut-être
se
glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ; que l’on consente en effet à t
437
traîne à mille lieues des jardins de sourires qui
s’
épanouissent sur les toiles de Meuron. Il semble toujours qu’il peigne
438
e deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde
se
mêlent, et sait rendre mieux que personne la liquidité d’un lac, cert
439
, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il
se
cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières toil
440
ieure. Les visages sont plus calmes, les couleurs
s’
avivent, le soleil est sur le point de reparaître… Charles Humbert ou
441
était, je crois, le vrai Humbert qui commençait à
s’
affirmer. Puis il y eut une période intermédiaire, un peu pénible. Dan
442
, comme un qui n’attendrait pas que l’enterrement
s’
éloigne pour entonner une chanson à boire. Et sa technique auparavant
443
Et sa technique auparavant volontairement maigre
se
faisait trop lâche. Mais aujourd’hui la mue semble s’être opérée. Hum
444
aisait trop lâche. Mais aujourd’hui la mue semble
s’
être opérée. Humbert est rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et
445
aud. Il suffit de le voir peint par lui-même pour
s’
en assurer. La tête large, aux yeux clairs et assurés, le cou robuste,
446
une impression de puissance domptée et qui semble
se
faire une volupté de la discipline qu’elle s’impose. Et voilà qui fai
447
ble se faire une volupté de la discipline qu’elle
s’
impose. Et voilà qui fait encore plus « Renaissance » : le costume est
448
s glaces. Et plaise aux dieux que les visages qui
s’
y reflèteront soient aussi beaux que ceux qu’il peint ou modèle, le so
449
saurions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci
s’
était égaré en avant, très en avant, sans s’en apercevoir, peut-être.
450
ui-ci s’était égaré en avant, très en avant, sans
s’
en apercevoir, peut-être. Il suivait son petit bonhomme de chemin sans
451
tre. Il suivait son petit bonhomme de chemin sans
se
douter qu’il avait pris quelques années d’avance sur ses contemporain
452
l a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il
se
nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuille religieuse. I
453
une table, dans un espace bizarrement lumineux où
se
coupent des plans transparents, cellule de quelque palais de glaces e
454
age très net, mais inusité, l’objet le plus banal
se
charge de mystère. Que va-t-il se passer là-dedans ? Et ces roses son
455
t le plus banal se charge de mystère. Que va-t-il
se
passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occulte prodige
456
n songe ? C’est en effet un rêve de précision qui
s’
incarne dans ces motifs géométriques, pour le plaisir de la perfection
457
viateur, retour de Vienne, un sculpteur qui saura
s’
imposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on pouvait tirer des p
458
nes. Je pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où
se
manifeste un heureux équilibre entre le réalisme imposé par les sujet
459
yle donnée par le cubisme aux artistes qui ont su
se
dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubiste enco
460
différentes par leur objet et le domaine où elles
se
réalisent que celles de Le Corbusier8, Meili, Evard, Perrin, manifest
461
d’une jeune peinture originale dans un pays qu’on
s’
est trop souvent plu à dire si âpre, prosaïque et d’une maigre végétat
462
d’une beauté assez brutale, pour nous choquer et
s’
imposer pourtant. M. Lecache présente le problème juif avec une obstin
463
’a d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné
se
révolte. Sensualité, intelligence, brutalité : les caractères se résu
464
sualité, intelligence, brutalité : les caractères
se
résument dans son avidité de puissance. C’est par l’argent qu’on domi
465
cynique reniement de ses origines. Le vieux père
s’
effondre de honte et de douleur. « On vend de l’étoffe… eux ils se ven
466
nte et de douleur. « On vend de l’étoffe… eux ils
se
vendent ! » Mais Jacob a renié ses parents, non leurs ambitions. Surm
467
, denses, violents, et dont le profond ricanement
se
prolonge en nous. Je crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant
468
se prolonge en nous. Je crois entendre Jacob qui
se
retourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien, je suis sans scrupu
469
ings liés à l’obsession qu’il voulait avouer pour
s’
en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serait-elle à son tour que l
470
tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle
s’
acharne sur le détail dégoûtant et mesquin de certain milieu bourgeois
471
diable est l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent,
se
balancent au bord des verres, se posent sur les cordes d’une lyre don
472
iseaux volètent, se balancent au bord des verres,
se
posent sur les cordes d’une lyre dont ils font grésiller l’accord, un
473
ent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il
s’
agit de ne pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj. « P
474
La Suite dans les idées (mai 1927)al « De quoi
s’
agit-il ? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ces deux tentations,
475
ations, cédant à l’une autant qu’à l’autre, Drieu
s’
examine. Encore un ? Non, enfin un. Tous les autres y ont apporté de s
476
lui-ci bat sa coulpe avec une saine rudesse. « Il
s’
examine jusqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a esté c
477
es magnifiquement jetés. Mais cette imperfection,
s’
il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise
478
tés. Mais cette imperfection, s’il ne peut encore
s’
en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui la rend sympath
479
hirurgien chez ce soldat devenu « scribe » et qui
s’
en exaspère. Souvent maladroit, incertain, brutal : mais faisons-lui c
480
la jeunesse est l’âge où l’on atteint la vie. On
s’
y maintient cinq ans, dix ans au plus. Après, c’est un long adieu et l
481
s au plus. Après, c’est un long adieu et le corps
se
fige à mesure que l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’av
482
g adieu et le corps se fige à mesure que l’esprit
s’
établit sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez
483
erdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il
se
savait vieux, maintenant. » Je songeais justement à un sourire de mon
484
eux. Il vit mon sourire et pleura. Alors une rage
s’
empara de mon corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte e
485
— celui justement que j’entrevoyais. » Quand elle
se
fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son
486
insouciance, pour ne pas dire inconscience ! qui
s’
attache à vos faits et gestes. L’on croirait ouïr parfois le récit de
487
raiment aux romantiques de 1830 que ces reproches
s’
adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire — aux surréalistes ?
488
e des sacro-saints Principes au nom desquels tout
se
ligue aujourd’hui pour anéantir la seule chose qui reste à nos yeux s
489
plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que
s’
il force un peu la dose de fantaisie, c’est plutôt par excès de facili
490
se et fine psychologie. Mais à ce mot, son visage
s’
assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous ne
491
es femmes », dit-il, pour vous apprendre ! — sans
se
douter que rien ne saurait vous ravir autant que ses impertinences. À
492
s ravir autant que ses impertinences. À ce moment
s’
approche M. Piquedon de Buibuis, qui parle toujours de Weber… Mais au
493
cristal est une citation de Valéry, cette œillade
se
souvient d’un vers d’Éluard14. Et des phrases, des cris, des mots. Au
494
cris, des mots. Au défaut de l’ivresse naissante
se
glisse un poème où vous aimiez à la folie votre douleur. Narcisse se
495
où vous aimiez à la folie votre douleur. Narcisse
se
contemple au miroir de son monocle. Au petit matin, il se noie dans u
496
mple au miroir de son monocle. Au petit matin, il
se
noie dans un verre à liqueur. Poisson dans l’eau, plumes dans le vent
497
. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne
se
baignent que dans des bénitiers : on voit trop qu’ils trouvent ça pit
498
inions, ces titres de livres : tout cela jaillit,
s’
entrechoque, s’annule. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’i
499
res de livres : tout cela jaillit, s’entrechoque,
s’
annule. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. I
500
nule. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition,
s’
il vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simul
501
Tel qui raille l’Église et les curés, c’est qu’il
se
fait une très haute idée de la religion. Ainsi, de la littérature : v
502
gue et grinçante sous ta dent. Des souplesses qui
se
retournent brusquement et vous renversent. Des présences tellement in
503
ersent. Des présences tellement intenses que tout
se
fond catastrophiquement dans l’infini de la seconde. Des peurs sans c
504
n peut imaginer que si elle était réalisée, on ne
s’
en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus obscur
505
certains états de la réalité. Mais plus les mots
se
plient à des exigences sémantiques — dont on connaît la portée social
506
e parfois quelque plaisir, plus rarement, de quoi
se
payer un petit voyage. C’est l’aveu d’une faiblesse secrète. Et c’est
507
s profond, qui est proche du sens biblique. Il ne
s’
agit pas de la connaissance abstraite et rationnelle dont le monde mod
508
ce abstraite et rationnelle dont le monde moderne
se
contente, et qui tend à remplacer, grâce à la mentalité scolaire et p
509
r attitude que vous la guérirez. Au contraire, il
s’
agit de l’envisager sans fièvre, pour en circonscrire les effets. J’av
510
in par lequel ces « quelques-uns » peuvent encore
se
reconnaître. Quand bien même elle n’aurait plus d’autre excuse que ce
511
tte d’échanger les signaux de l’angoisse sur quoi
se
fondent, en ces temps, nos amitiés miraculeuses. Voici donc les seu
512
de à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne
s’
agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini une « maladie » dont j
513
paragraphe, après « Narcisse », sans qu’on sache
s’
il s’agit d’une erreur ou d’une volonté de l’auteur. 15. Variante : d
514
graphe, après « Narcisse », sans qu’on sache s’il
s’
agit d’une erreur ou d’une volonté de l’auteur. 15. Variante : des pu
515
s de l’Esprit. Mais un jour viendra où les hommes
se
révolteront contre le joug atrocement positiviste des Maurras et des
516
rire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On
s’
est beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous
517
ches contradictoires. Nous les additionnons : ils
s’
annulent. Il reste à dire deux mots sur la paradoxale situation intell
518
étudiants comme la nôtre. D’un côté, en effet, on
s’
accorde pour trouver légèrement ridicule un jeune homme qui recherche
519
« Ça n’est pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on
se
scandalise des « énormités » qui peuvent échapper à un jeune homme mo
520
de ces affirmations dont en vérité l’on n’a pas à
se
préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en est aucune qui
521
’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on
s’
est compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques déc
522
re. Car chaque année, renaissant des décombres où
s’
anéantirent l’honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs, notre
523
ne de ses derniers rédacteurs, notre Revue-phénix
s’
élance avec une ardeur rajeunie d’un an dans une direction absolument
524
— et dans l’abandon de leurs méandres, peu à peu,
se
précisent les circonstances d’une aventure ancienne. Entre hier et d
525
Entre hier et demain : Une femme « encore jeune »
se
souvient d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu êtr
526
ainer Maria Rilke (décembre 1927)ao À ceux qui
se
contentent du mot fumeux pour caractériser tout lyrisme germanique, i
527
obscurément, le sens des réalités sur lesquelles
s’
opère l’expérience. On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui n’
528
sobligeantes de voir juste. Et quand son bonhomme
se
plaint de ce que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale »,
529
dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on
se
tient à cette attitude scientifique, vis-à-vis du phénomène littérair
530
e, mais ici décisive), une secrète complaisance à
se
regarder vivre qui est bien d’aujourd’hui — entre autres. ap. « Léo
531
e tambour livra un homme élégant et tragique, qui
se
tint un moment immobile, cherchant une table, puis s’avança lentement
532
int un moment immobile, cherchant une table, puis
s’
avança lentement vers la mienne et s’assit sans paraître me voir. Une
533
table, puis s’avança lentement vers la mienne et
s’
assit sans paraître me voir. Une grande figure aux joues mates, aux ye
534
s mates, aux yeux clairs. Il déplia le journal et
se
mit à lire les pages d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j
535
and j’eus fini de boire, mes pensées plus rapides
s’
en allèrent un peu vers l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je
536
’en moi-même posait ma raison effarée. L’étranger
s’
animait aussi : une fièvre faisait s’épanouir sur son visage je ne sai
537
. L’étranger s’animait aussi : une fièvre faisait
s’
épanouir sur son visage je ne sais quel plaisir cruel. C’était un jeu
538
t un jeu très simple où l’esprit libre de calculs
se
tend ardemment vers la conclusion d’un hasard qui opère au commandeme
539
airement que je gagnerais à tout coup. L’étranger
se
mit à discourir. Et dans mon ivresse, ses paroles peignaient des tabl
540
sérables, passionnées. Mais bientôt : — « Destin,
s’
écria-t-il, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition
541
avec la même joie, mon cheval fou, mon beau Désir
s’
ébroue et part sitôt que je vais m’endormir, ah ! galope, caracole, éc
542
Ça les dérange terriblement, sauf un ou deux qui
s’
imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en train
543
s que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où
se
mêlent incertaines, une tendresse éperdue et la mort. » Il ferma les
544
Alors la femme lança sur la table cette rose qui
s’
effeuilla sur les dés, et partit d’un long rire. Elle me regardait et
545
long rire. Elle me regardait et l’étranger aussi
se
mit à me regarder bizarrement et j’étais possédé de joies et de peurs
546
t j’étais possédé de joies et de peurs. Il fallut
se
lever, traverser le café dans la musique et la rumeur des clients. De
547
licieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’il ne
s’
y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » faciles mais cela
548
ion apparaissent plus nettement. Un certain ordre
s’
élabore, ou, pour mieux dire, une organisation générale de la vie mond
549
tre est-il temps encore. Ici et là, quelques cris
s’
élèvent dans le désert d’une époque déjà presque abandonnée par l’Espr
550
l répugne à admettre qu’une époque entière ait pu
se
tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de regarder a
551
ettre qu’une époque entière ait pu se tromper, et
se
tromper mortellement. Il suffit pourtant de regarder autour de nous e
552
de moderne, et le meilleur, parce que personne ne
s’
est approché plus que lui du type idéal de l’industriel et du capitali
553
son activité. Le but de sa vie n’a jamais été de
s’
enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme il est donné
554
incipale cause avouée de la lutte des classes. Il
se
dégage de la lecture de Ma vie et mon œuvre une impression de netteté
555
t-il, en souhaitant que les industriels européens
s’
en inspirent toujours plus. Ford leur montre le chemin qu’ils seront b
556
de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’ils
s’
y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu’il reste quelques ch
557
ifiquement le conflit du capital et du travail. «
Se
fordiser ou mourir », écrivait récemment un économiste. Ford, perfect
558
re : naissance de sa passion froide et tenace. Il
s’
efforce d’en réaliser l’objet par ses propres moyens, à un exemplaire
559
uction, il faut créer la consommation. La réclame
s’
en charge. Par le procédé très simple de la répétition, on fait croire
560
auto. Voilà l’affaire lancée. La passion de Ford
se
donne libre cours. Il ne s’agit plus maintenant que de lui donner une
561
e. La passion de Ford se donne libre cours. Il ne
s’
agit plus maintenant que de lui donner une apparence d’utilité publiqu
562
nt. Le besoin ayant disparu, la production devant
se
maintenir, il n’y a qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, o
563
profond, cette tromperie-là. Elle peut amener, en
se
généralisant, une sorte de suicide du genre humain, par perte de son
564
e la Création », comme dit Ferrero. Le bon peuple
s’
extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ;
565
a production. Cercle vicieux : plus la production
s’
intensifie, plus il faut créer de besoins et de loisirs. Or, l’industr
566
temps approche où elles seront atteintes. On peut
se
demander jusqu’à quel point Ford est conscient des buts et de l’aveni
567
la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford
se
moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que son attitude ne port
568
r des conséquences, alors que Ford passe outre et
se
remet à discuter des points de technique. Il n’a pas senti qu’il touc
569
e sorte sont rares dans son livre. En général, il
se
borne à parler de problèmes techniques où son triomphe est facile. C’
570
fait qui combat les techniciens imparfaits. Il ne
se
demande jamais si la technique même la plus perfectionnée mérite les
571
choses pourront aller ainsi longtemps encore. On
se
refuse à l’idée d’une catastrophe, pourtant plus que probable, par cr
572
rophe, pourtant plus que probable, par crainte de
se
voir obligé à la révision des valeurs, la plus difficile et la plus g
573
en de nouveau sous le soleil » derrière lequel on
se
réfugie avec une paresse et une légèreté inouïes, c’est le signe d’un
574
de l’Esprit. Dans le cas le plus favorable, « il
se
passera bien de cette littérature ». Plus tard, « puisqu’elle n’est p
575
de notre régression. Cette perte du sens de l’âme
se
nomme bon sens américain. On en fait quelque chose de jovial et d’ale
576
n n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on
s’
en doute, cela en prend la place. Les facultés de l’âme, inutilisées,
577
end la place. Les facultés de l’âme, inutilisées,
s’
atrophient. Pourvu, dit-on, que subsiste le peu de morale nécessaire a
578
mme : « en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire
se
soumettre à la technique et s’abrutir spirituellement — ou se soumett
579
être, c’est-à-dire se soumettre à la technique et
s’
abrutir spirituellement — ou se soumettre à l’Esprit, et tomber presqu
580
à la technique et s’abrutir spirituellement — ou
se
soumettre à l’Esprit, et tomber presque fatalement dans un anarchisme
581
ble et que la fatigue semble disparaître, l’homme
s’
abandonne à des lois géométriques. Un jeu de chiffres d’horlogerie cal
582
blier jusqu’à l’existence, et à une liberté qu’il
s’
empresse d’aliéner au profit de plaisirs tarifés, soumis plus subtilem
583
essité. Ennui, fatigue, sommeil sans prière. Cela
s’
appelle encore vivre. Mais l’homme qui était un membre vivant dans le
584
carence ; seulement, peu à peu, il découvre qu’il
s’
ennuie profondément ; fatigué de trop de satisfactions matérielles, il
585
de trop de satisfactions matérielles, il a laissé
se
détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effort libre et g
586
jusque dans son repos, il en est l’esclave. Pour
s’
être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est condamné à ne plus
587
où ils risqueraient de faire grain de sable. Ils
se
réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de
588
Nous avons mieux à faire, il n’est plus temps de
se
désintéresser simplement des buts — si bas soient-ils — d’une civilis
589
s le poids de laquelle nous risquons de périr. Il
se
prépare déjà des révoltes terribles4, celles d’un mysticisme exaspéré
590
d’aujourd’hui ont une tâche pressante : chercher
s’
il est possible d’échapper au fatal dilemme. Premiers pas vers la solu
591
un passé imaginaire, ou peut-être pour essayer de
se
prendre encore au rêve de valse qu’on était venu chercher parce que c
592
e Vienne tout occupée à ressembler à l’idée qu’on
s’
en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour du c
593
hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle
s’
empare de tout mon être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d
594
Elle n’est plus que l’approche d’une grandeur où
se
perdraient nos amours terrestres dans d’imprévisibles transfiguration
595
isin avait parlé tout haut ; personne pourtant ne
se
détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’avoir entendu ? — C’e
596
ns nous être rien dit d’autre, comme des amis qui
se
connaissent depuis si longtemps qu’un échange tacite suffit aux petit
597
vec une femme à chaque bras, l’air de ne pas trop
s’
amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, songeant aux Amours
598
nce folâtre qui cache une incapacité définitive à
se
passionner pour quoi que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses
599
le prendre sous le bras, et les paires de pinces
s’
accrochèrent désespérément à ses manches. De terreur, le homard avait
600
n monde où la question fidélité ou inconstance ne
se
pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, e
601
teau de fourrure brune, inévitablement. Et ce qui
se
passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa d’abor
602
e : la jeune femme refusa d’abord les fleurs pour
se
donner le temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûm
603
leuse — c’est une façon de parler — à laquelle on
se
livre dans ces lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit que j
604
que l’Europe est en décadence quand je la regarde
s’
amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spon
605
n décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois
se
perdre ce sens des correspondances secrètes et spontanées du plaisir
606
les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasés
s’
amusent plus grossièrement que des barbares, ils s’imaginent pouvoir f
607
’amusent plus grossièrement que des barbares, ils
s’
imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissements”
608
res d’un tango. Notre encombrante conquête revint
s’
asseoir auprès de nous. Gérard songeait, muet, et n’en buvait pas moin
609
s… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de
s’
endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire et
610
une ce soir, il serait dangereux de s’endormir. »
Se
penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je
611
Ensuite, je pensai qu’il arrive aux meilleurs de
se
répéter, et que c’était la première fois de la soirée que Gérard « fa
612
s un halo, comme les couleurs sous les paupières,
s’
élargissent, se fondent, se superposent. Cinéma des sentiments qui mon
613
e les couleurs sous les paupières, s’élargissent,
se
fondent, se superposent. Cinéma des sentiments qui montre vivantes da
614
rs sous les paupières, s’élargissent, se fondent,
se
superposent. Cinéma des sentiments qui montre vivantes dans la même m
615
es : le vrai drame de son destin est ailleurs. Il
se
met à m’expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui comm
616
ue calme son lyrisme et son exaltation. Il semble
se
rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enf
617
a vie ressemble surtout à un film où les épisodes
s’
appellent par le simple jeu des images, se voient par transparence au
618
pisodes s’appellent par le simple jeu des images,
se
voient par transparence au travers de l’autre. Il dit : « Pour celui
619
ion. » Nous sortîmes. Seules des trompes d’autos
s’
appelaient dans la nuit froide. Gérard ne disait presque plus rien ; à
620
t presque plus rien ; à peine, de temps en temps,
s’
il parlait à voix basse à son homard, qui semblait d’ailleurs endormi.
621
s faisaient les cent pas dans la neige fraîche ou
s’
accoudaient à la banquette d’une boutique à « Würstel » où nous nous a
622
t menaçait d’éteindre à chaque instant, le homard
se
réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit, que l’a
623
hauffeurs regardaient d’un œil las, trop las pour
s’
étonner. Transi, je me balançais d’un pied sur l’autre dans de la neig
624
ter » et ailleurs « Wienerli ». Soudain les autos
se
mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais
625
s chapeau couraient vers les voitures, les hommes
s’
inclinaient pour des baise-mains silencieux et mécaniques. Je reconnus
626
ur les chapeaux noirs de ses cavaliers. Tout cela
s’
empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y eut plus personne, la p
627
n dix minutes, il n’y eut plus personne, la place
s’
éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient fixés intensément, à la sor
628
onne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux
s’
étaient fixés intensément, à la sortie des invités, sur une femme qui
629
ément, à la sortie des invités, sur une femme qui
s’
en allait toute seule vers une auto à l’écart des autres. Une femme au
630
. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place
se
fut apaisée, je m’aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extrao
631
Jules Verne est un créateur, dont les inventions
se
suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui s
632
rspectives d’évasion — où seuls les poètes savent
se
perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’avoir emprunté le véh
633
raconte que les détenus des maisons de correction
se
jetaient sur ces volumes « au travers desquels ils respiraient l’air
634
œuvre serait, par exemple, plus efficace. Aragon
se
retourne sans cesse pour crier : Lâches, vous refusez d’avancer ! Mai
635
des surréalistes débattent la question de savoir
s’
ils vont se taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à l
636
listes débattent la question de savoir s’ils vont
se
taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à leur point d
637
r point de vue, celui d’autrui sur eux-mêmes. Ils
se
tournent donc naturellement vers l’action, c’est-à-dire — nous sommes
638
sponsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit
s’
est bornée jusqu’ici à une rhétorique très brillante contre un état de
639
qu’il y a sous cette réalité. Il est certain que
s’
ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils com
640
é. Il est certain que s’ils avaient le courage de
se
soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient que le « service
641
comprendraient que le « service dans le temple »
s’
accommode mal de tant de gesticulations, de gros mots et de discours e
642
5 nous place au nœud du monde moderne : on y voit
s’
affronter en quelques hommes d’action les forces caractéristiques du t
643
éens expérimentateurs, Juifs russes méthodiques —
s’
émeuvent les masses de coolies, d’ouvriers armés, toute cette Chine qu
644
coolies, d’ouvriers armés, toute cette Chine qui
s’
éveille au sein même de la lutte qui met aux prises l’Europe et le mon
645
noises, Malraux fait preuve d’un art du détail où
se
révèle le vrai romancier. On serait parfois tenté de le rapprocher de
646
nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il ne
se
borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis, admi
647
ué par l’enchaînement passionnant de l’action, il
se
dégage de ce roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intelligence
648
e chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’elles
s’
appliquent à distinguer les forces déterminantes de l’heure, à les exp
649
en le laisser voir. La qualité de l’illusion dont
se
nourrit Louis II n’est ni aussi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’i
650
sposait par hasard de moyens d’action puissants :
s’
il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il
651
ts : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et
s’
il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Cho
652
Au hasard d’une rencontre, l’auteur de ce récit
se
lie avec un inconnu qui se dit prince russe et entretient autour de s
653
, l’auteur de ce récit se lie avec un inconnu qui
se
dit prince russe et entretient autour de sa vie le plus grand mystère
654
s de la révolution : il a été condamné à mort, il
s’
est évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français pa
655
tre exposé. Je regrette seulement que Daniel-Rops
se
soit borné à une courte nouvelle, d’ailleurs assez dense, et dont le
656
Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent, il
se
reconnaît tributaire de la « vérité trop évidente » ; alors qu’il la
657
ens de sa génération. Seulement chez lui, cela ne
s’
est pas porté sur les autos. Il préfère s’intéresser aux divers types
658
cela ne s’est pas porté sur les autos. Il préfère
s’
intéresser aux divers types humains. Mais on lui sait peu de grés de s
659
es, on lui conseille de rentrer en lui-même. « Il
se
ramène en soi, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos cla
660
lui-même. « Il se ramène en soi, n’ayant plus où
se
prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par le monde par
661
e autre manie de sa génération. Mais là encore il
se
singularise : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui f
662
e pour y pourchasser un moi qui feint toujours de
se
cacher derrière le feuillet suivant, entraîne le lecteur par ruse jus
663
le un sur sa table de travail, de façon à pouvoir
s’
y surprendre à tout instant. Cet exercice — essayez ! — ne tarde pas à
664
ir obsédant. Stéphane passe des heures entières à
se
regarder dans les yeux. Il varie sur son visage les jeux de lumière e
665
fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même il
se
perd en méditations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il cou
666
éates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il court
se
voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui f
667
atin il court se voir : il est laid. Lâchement il
se
prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’énervent, mais l’aveu
668
ffre à Stéphane sa tête, son portrait en pied. Il
se
voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en fa
669
, son portrait en pied. Il se voit dans l’acte de
se
raser, de se baigner ; son image descend en face de lui par l’ascense
670
t en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de
se
baigner ; son image descend en face de lui par l’ascenseur, elle le s
671
une sorte d’angoisse qu’il la recherche. Il veut
se
voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre
672
veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais
s’
il lui arrive de prendre son image pour celle de n’importe quel passan
673
on image pour celle de n’importe quel passant, il
se
sent comme séparé de soi, et si profondément différent de cette appar
674
n’y trouve que le désir d’une révélation. Peut-on
s’
hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette incantatio
675
pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais il
s’
épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertigine
676
de laquelle il convient de méditer : la personne
se
dissout dans l’eau des miroirs. Stéphane est en train de se perdre p
677
dans l’eau des miroirs. Stéphane est en train de
se
perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on n
678
éphane est en train de se perdre pour avoir voulu
se
constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dép
679
qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour
se
voir ? Il y a dans l’homme moderne un besoin de vérifier qui n’est p
680
ifier qui n’est plus légitime dès l’instant qu’il
se
traduit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu confia
681
sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pas
se
fatiguer pour rien.) Cette histoire idiote, d’ailleurs vraie, se born
682
r rien.) Cette histoire idiote, d’ailleurs vraie,
se
borne à décrire l’aspect psychologique d’une aventure qui en a bien d
683
as encore gronder les eaux profondes. Le désir de
s’
hypnotiser l’irrite toujours vaguement. Mais il fuit son propre regard
684
urs vaguement. Mais il fuit son propre regard, il
se
cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fait peur à certaines f
685
cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il
se
perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stéphane
686
Les fenêtres battaient. Le soleil et « la mort »
se
conjuraient pour abaisser tous les regards. Stéphane rendu à la santé
687
Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique
se
sent désarmé et légèrement absurde en face d’un récit comme celui d’A
688
son est étonnant d’apparente simplicité. Le récit
s’
avance à une allure libre et tranquille, anglo-saxonne et peu à peu en
689
leur, de rêves, de visages, tandis que ç[à] et là
s’
ouvrent des perspectives saisissantes sur l’époque. Anderson est avant
690
’autres placeraient le couplet humanitariste, lui
s’
en va dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait enc
691
e femme quelconque, et disais “houu !” il ou elle
se
secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en
692
froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne
se
comprend bien qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’est be
693
ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et
s’
ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de
694
n. Mais ce qui importe d’abord, n’est-ce point de
se
livrer, purement et simplement. 7. (Secret). r. « Belles-Lettres, c
695
cette naissance aux lents vertiges Quand la nuit
s’
effeuille et se fane prisonnier d’une saison morte au tombeau des fleu
696
e aux lents vertiges Quand la nuit s’effeuille et
se
fane prisonnier d’une saison morte au tombeau des fleurs obscures les
697
ombeau des fleurs obscures les mains de l’absence
se
ferment sur le vide Tu pleurerais Mais la grâce est facile comme u
698
Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut
se
permettre quelques malices, quelques jeux d’esprit ou de méchanceté,
699
el, Godet restera l’un des rares qui ont réussi à
se
connaître et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s
700
ela n’a point stérilisé : sa nature, il est vrai,
s’
y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimensions ; la consci
701
chair. Et de rêve. Est-ce qu’en ce temps-là on ne
se
nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et de malices ? Nois
702
en grosses lettres, et tout cela finira bien par
s’
arranger, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’est résign
703
, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple
s’
est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au
704
t bazar, qui sonne rouge et jaune aussi). Soudain
se
dresse une énorme maison de pierre brune, puis une banque en style ho
705
ts de fer. Contre leurs piles, en hiver, viennent
se
briser avec un fracas sourd les îlots de glace qui descendent lenteme
706
t lentement le fleuve. Au cœur de Prophète chauve
s’
élève la montagne de pierre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falais
707
be, froide et nue, mais dans son flanc une grotte
s’
illumine, et la Vierge y sourit. Le château royal avec son amiral rége
708
iral régent et ses gardes blancs aux casques d’or
s’
avance en proue, dominant superbement cette ville désordonnée. Derrièr
709
démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’elle
s’
amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme
710
une langue totalement incompréhensible, rient et
s’
enivrent comme plus un Européen ne sait le faire, et dansent à tout pr
711
e un visage romantique et ardent dont le voyageur
s’
éprend malgré lui, malgré tout, comme d’une passion poétique un peu fo
712
èmes est comme une initiation au silence. Il faut
s’
en approcher avec une douceur patiente, et le laisser créer en nous so
713
. « Reste immobile et sache attendre que ton cœur
se
détache de toi comme une lourde pierre. » Le corps, que l’âme quitte,
714
dans le silence « aux yeux gelés de rêverie », il
se
confond avec l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans le
715
« saisir » dans leur réalité les choses dont elle
s’
est dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblait v
716
ci l’approche d’un silence partout pressenti, qui
s’
impose, qui apaise le vain débat de notre esprit : « Car l’on pense be
717
tention du médecin, mais il est plus difficile de
se
faire comprendre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier, m’occu
718
sprit et dont certains des plus purs d’entre nous
se
préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émou
719
tant de voix l’appellent, combien sont dignes de
s’
attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée
720
au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui
s’
est posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au
721
te cet être faible, humilié par le monde. L’amour
s’
éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de Madame G
722
— un héros — Ou bien — la sagesse. » Mais le feu
s’
éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où meurt D
723
eux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu
se
dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatr
724
en aussi un « Nietzsche » à fond plat. Des saules
se
penchent vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’une longu
725
lle d’une longue île, des étudiants au crâne rasé
se
promènent un roman jaune à la main. L’un après l’autre, dans cette pa
726
uabe, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses
s’
ils n’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’h
727
à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’on
se
met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simpleme
728
ur les gens d’ici, aimer, c’est seulement vouloir
se
marier… » — Et puis plus tard on encadre les lettres des amants, on p
729
les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois
s’
y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène do
730
ous les marronniers. À quatre heures, l’orchestre
s’
est mis à jouer des ringues charmantes, jazz et clarinette, chansons d
731
e mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage
se
rapprochent, tournoyent lentement dans la musique. Je n’aime pas les
732
vant la statue d’Eberhard le Barbu. Des bourgeois
se
rient contre par-dessus leurs chopes. « Gemütlichkeit ». Évidemment :
733
s aux yeux voilés, aux pantalons trop courts, qui
se
promènent tout seuls… Et puis, il lui est arrivé quelque chose de ter
734
s gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde
s’
accorde à trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que ma
735
« bourgeois cultivés » à faire la bête dès qu’il
s’
agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne s
736
e je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils
se
sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré fai
737
r de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela
s’
oublie. Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temp
738
ur de moi insuffisant, transitoire, allusif. Tout
se
remet à signifier l’absence. 11. Bettina von Arnim-Brentano : Die
739
ans les songes des grandes personnes, — puis tous
se
perdent, comme des souvenirs, et l’on retrouve un peu plus loin d’aut
740
nheurs qui signifient plus de désespoir qu’ils ne
s’
en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malices et d’e
741
alices et d’envies de pleurer. Quel dommage qu’il
s’
égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, soudain,
742
nishads et la tentative poétique de Rimbaud, l’on
s’
étonne qu’il ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interpr
743
endroit de l’être le plus monstrueusement pur qui
se
soit révélé par le truchement de la poésie française. — Livre un peu
744
osée par Claudel et Isabelle Rimbaud ? Si Claudel
s’
est montré partial en faisant de Rimbaud, « mystique à l’état sauvage
745
« mystique à l’état sauvage », un catholique qui
s’
ignore, il n’est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud po
746
ire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui ne
s’
entend définir et classer choses et idées en catégories « rationnelles
747
se des ailes, une grande paire d’ailes. Allait-on
s’
émerveiller ? Mais déjà Freud expliquait le monstre, les chaires le dé
748
on sans une ingénue fierté. Mais au courant d’air
s’
enrhuma le grand-papa. On craignit de le perdre. — « Eh ! quoi, — vinr
749
mple. Des hurlements de rage ne tardèrent point à
s’
élever de toutes parts. Les uns défendaient la Démocratie outragée, le
750
ndre, et l’on parla défense de l’Occident. L’ange
s’
enfuit par l’un des nombreux trous de leurs raisonnements. L’inspir
751
vec l’ironie tranquille du bon sens bafoué et qui
s’
en moque, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué
752
t l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs
se
lamentent, la jeunesse d’aujourd’hui, etc. Évidemment. Mais il y a le
753
les raisons. Hors le domaine de l’amour, où tout
se
confond miraculeusement, gémir n’est pas un argument. Je demande le d
754
pour la discussion. Il retrousse ses manches. Il
s’
apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il
755
Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix
s’
élève pour mettre en doute l’excellence du principe de l’instruction p
756
aiment exagéré pour la jugeote de l’adversaire ou
s’
il traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâ
757
la discussion précise de leurs principes par quoi
se
signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je
758
ns d’une démocratie progressiste et tolérante qui
se
livrent à ces excès de langage, je les renvoie en corps au chapitre 5
759
1. Mes prisons Il existe des gens qui
s’
attendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est qu’ils les confonde
760
nt n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui
s’
énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de faire
761
raînées de craie grise, où les chiffres trop gros
s’
emmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est-ce qui ressembl
762
fassent la même chose, ici ! » Dans la suite, on
se
chargea d’illustrer par d’innombrables exemples cet axiome qui devint
763
rent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût
se
dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de l
764
at, piliers d’un régime dont ils sont les seuls à
s’
accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoi
765
rompent que les illettrés, mais qu’il convient de
s’
incliner devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait
766
s d’école primaire. Comme ils avaient changé ! On
s’
entendait d’autant mieux qu’on était devenus plus différents. Car ces
767
par le gouvernement) de la manne égalitaire — ne
se
prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’appartenir
768
cience d’appartenir à une élite responsable, cela
se
voit de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’il
769
nt le plus, et ils auraient souvent l’occasion de
s’
en douter s’ils étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne.
770
et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter
s’
ils étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en
771
eu très instruit, vous êtes presque certain qu’il
s’
agit d’un de ces cuistres pédants qu’on aime rencontrer dans des farce
772
ouceur. Car le type populaire du poète romantique
s’
est dégradé en deux sous-types posthumes : l’artiste photographe et le
773
t petit-bourgeois pris abstraitement et tel qu’il
se
manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquinerie
774
uma Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor
s’
écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est
775
cifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité, il
s’
en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tra
776
d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle
s’
aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme
777
que ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines
se
succèdent sans transition, dans un ordre absolument fortuit, de maniè
778
certain nombre d’heures par semaine, au jugé. On
s’
arrange à faire tenir dans cette classification le plus possible de «
779
re temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne
se
plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’
780
stes. Les participants du Tour de Science doivent
s’
inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux qui arrivent après la clôt
781
au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant
s’
explique justement par cette psychologie de l’enfant dont je disais to
782
e, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il
s’
agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons donc
783
es meilleurs ralentissent et que les plus faibles
se
forcent. Elle ne convient qu’aux médiocres, dont elle assure le triom
784
médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école
s’
attaque impitoyablement aux natures d’exception, et les réduit avec ac
785
ois assistent sans honte à ce crime quotidien, et
se
félicitent du régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils se
786
ime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils
se
fâchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse est caractérisée,
787
moins rationalisé. Son instrument le plus parfait
s’
appelle le manuel. Un bon manuel est un résumé clair et portatif des r
788
ie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on
se
réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’on com
789
commence par apprendre le résumé. D’ailleurs elle
s’
arrête là. Les manuels ne correspondent à aucune réalité. Ils ne renfe
790
particularités, toutes les « prises » où pourrait
s’
accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce don
791
ail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice :
s’
il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèle
792
notre conception pénitentiaire de l’école. Mais,
s’
il est des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindri
793
paraît que cela facilite le travail du maître. Il
se
peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il so
794
ermet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de
s’
écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien ta patrie.
795
qui, en quelque manière que ce soit, voudraient «
se
distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression !
796
e noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut
s’
étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une
797
ème, voire par d’ex-instituteurs. À la vérité, il
s’
agit de réussites qui, pour avoir enivré l’espoir et enflammé l’ambiti
798
urs de ces nombreux banquets de cercles locaux où
se
fondent les réputations, où se « baptisent » les hommes d’avenir. Un
799
cercles locaux où se fondent les réputations, où
se
« baptisent » les hommes d’avenir. Un jour on voit s’étaler en premiè
800
baptisent » les hommes d’avenir. Un jour on voit
s’
étaler en première page des illustrés la face épanouie quoique énergiq
801
lèche de l’édifice administratif. Et c’est ce qui
s’
appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne troublent p
802
eprendre ce travail de démolition. Il suffit pour
s’
en convaincre de parcourir l’abondante littérature publiée sur le « pr
803
appelle école nouvelle tout établissement où l’on
s’
efforce d’enseigner selon des principes tirés de l’observation des enf
804
gés de 3 à 4 ans à lacer leurs souliers ; et cela
s’
appelle de l’école pratique. Plus tard on fait apprendre à ces mêmes e
805
les noms des rues et places de leur ville, comme
s’
ils étaient tous destinés à la profession de chauffeurs de taxi. Si ce
806
ude des verbes actifs sera aussi active, un élève
se
mettra à marcher dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’arp
807
, un élève se mettra à marcher dans le couloir en
s’
écriant : je marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affir
808
ouvelle on atteint l’enfant plus profondément, on
se
glisse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention ; o
809
, on se glisse à l’intérieur de son esprit, là où
s’
élabore son invention ; on capte scientifiquement les sources mêmes de
810
qu’on traite le gosse comme un organisme dont il
s’
agit d’obtenir le rendement le plus élevé. On cultive les petits d’hom
811
l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à
se
développer… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants…
812
avec ferveur les principes de l’école libre, qui
se
moquent des programmes, et dont les classes joyeuses sont de vraies f
813
eulement qu’on m’explique pourquoi il triomphe et
se
perpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse est simple, terri
814
gtemps possible, pour qu’on n’ait pas le temps de
se
rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’ait pas le temp
815
itutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout
se
paye » comme ils disent avec une satisfaction sordide et mal dissimul
816
e aux intérêts de la démocratie. Car il faut bien
se
représenter qu’elle n’était encore au xviiie siècle qu’une utopie de
817
licité, si évidente à l’origine de l’institution,
se
manifeste encore de nos jours, et d’une façon non moins flagrante, da
818
ais les gouvernements savent ce qu’ils font. Tout
se
tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie de bousculer
819
té qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne
se
mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous, m
820
l’homme. Mais attendez, si quelques-uns allaient
se
réveiller… Il suffit d’un peu de chaleur d’âme pour amorcer le dégel
821
ci, le procureur prit un ton plus grave.) L’école
s’
est vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le vo
822
côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui
s’
en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C’était trop laid ».)
823
e des valeurs réalistes, sans lesquelles le monde
s’
enfonce de son propre poids dans l’abrutissement ou se laisse prendre
824
fonce de son propre poids dans l’abrutissement ou
se
laisse prendre à des théories non point fumeuses comme le veut le cli
825
diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui
s’
y livrent. Je ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriar
826
ncus, partisans des « lumières », et qui pourtant
s’
indignent de voir la morale actuelle s’attaquer, voyez-vous ça, à la f
827
i pourtant s’indignent de voir la morale actuelle
s’
attaquer, voyez-vous ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et j
828
isation. Or il semble bien que nous en soyons-là,
s’
il faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de toutes par
829
rcés. L’école donne à l’enfant ce qu’il faut pour
se
résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est promis. Mais elle
830
ais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de
se
libérer — et peut-être les moyens. Vaste distillerie d’ennui, c’est-à
831
e d’ennui, c’est-à-dire de démoralisation — qu’on
se
le dise ! —, puissance de crétinisation lente, standardisation de tou
832
éférez le sur-place. Ainsi l’instruction publique
s’
est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’a guère bougé. Le mo
833
nfler et de tout empester. Et peu à peu le public
s’
aperçoit que « l’instrument de progrès » n’est qu’un camouflage à l’ab
834
és. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne
se
point poser de questions dont ils n’aient appris par cœur la réponse.
835
s, elles corrigent, stimulent, vivifient. L’École
se
contente d’être figée. Est-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une v
836
-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où
s’
enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des
837
ise notre civilisation ; et où la Démocratie peut
se
conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre le
838
struction publique, limite l’homme au citoyen. Il
s’
agit donc de dépasser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier. Je
839
e dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il
s’
en faut, hélas, de beaucoup que la majorité des électeurs les considèr
840
l’autre intellectuel, d’une même mentalité. Elle
s’
est développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un jeu
841
mpêche de devenir autre chose que des utopies. Il
s’
agit donc en premier lieu de le démasquer et de le pourchasser dans to
842
ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on
s’
attaque à tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame
843
tes une imagination prodigieuse au dit sujet pour
se
représenter même très vaguement notre actuelle civilisation. Et même
844
ociale que nous appelons sans la connaître et qui
s’
élabore déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme sont d’un ri
845
les philosophes13 les mieux informés de ce temps
s’
accordent sur un point : le salut de l’Europe est lié à la naissance d
846
astrophiques pour peu que cela continue. Qu’on ne
s’
y trompe pas : le sens technique qui tient lieu d’imagination à l’homm
847
bien fera un acte, et ces peuples de somnambules
s’
éveilleront du cauchemar où les plongent toutes vos drogues : presse,
848
de l’Esprit. Mais il faudrait que dès maintenant
se
constituent ces élites, et cela ne se peut que si les tenants de l’or
849
maintenant se constituent ces élites, et cela ne
se
peut que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’
850
rouve être dans une certaine mesure un anarchiste
s’
il défend son opinion de toutes ses forces. Mais c’est un anarchiste d
851
un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui
s’
y consacre. (Mais alors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée q
852
s nouvelles. Tenir compte du réel ne signifie pas
s’
y soumettre sans combat. L’utopiste est celui qui ne se résigne à aucu
853
oumettre sans combat. L’utopiste est celui qui ne
se
résigne à aucun état de choses. Il est pour le « mieux » contre le «
854
« mieux » contre le « bien ». Sans lui l’humanité
s’
avachirait totalement. Mais il est dans l’ordre qu’elle beugle longuem
855
de, paraît-il. À ce propos : que les journalistes
s’
engagent désormais à ne publier plus un seul article de fond où ne per
856
teste l’école a pourtant faim d’instruction15, et
se
croirait lésé dans un de ses droits fondamentaux. Le peuple veut s’in
857
ans un de ses droits fondamentaux. Le peuple veut
s’
instruire et on lui bourre le crâne pour l’en empêcher. Il s’agit de l
858
et on lui bourre le crâne pour l’en empêcher. Il
s’
agit de lui faire comprendre que l’école est le plus gros obstacle à s
859
ble ou fait sourire les étriqués. On croit devoir
se
défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas un
860
re les étriqués. On croit devoir se défendre : on
se
moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamin
861
lasse de gamins répétant la syllabe sacrée Aûm ou
se
livrant à des exercices de contrôle de la respiration. Il ne s’agit n
862
es exercices de contrôle de la respiration. Il ne
s’
agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que
863
e parallèle peut être poussé dans les détails. Il
s’
agit bien d’un geste identique, exécuté dans deux plans différents. Le
864
nsée au garde-à-vous durant quelques instants, il
s’
épargnerait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi se tordre. C
865
ait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi
se
tordre. Car tout cela nous donnerait des années de liberté en même te
866
berté nous permettraient de vivre, seule façon de
s’
instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre
867
de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais
s’
il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséder une pl
868
st à cultiver ces facultés atrophiées que devrait
s’
employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependan
869
n système de culture spirituelle, les différences
s’
accuseraient, mais se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan el
870
spirituelle, les différences s’accuseraient, mais
se
légitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles ne font que tradu
871
oi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela
se
fera sans vous. Déjà revient le temps des mages : ils comprennent les
872
u’il propagent et qui les fait vivre. La question
se
complique dès que l’instituteur prend conscience de la nocivité de so
873
t, c’est le genre distingué de la bourgeoisie qui
se
monte le cou. 13. Économistes et philosophes : ces Messieurs n’appa
874
depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant,
s’
il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
875
vec l’ironie tranquille du bon sens bafoué et qui
s’
en moque, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué
876
t l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs
se
lamentent, la jeunesse d’aujourd’hui, etc. Évidemment. Mais il y a le
877
les raisons. Hors le domaine de l’amour, où tout
se
confond miraculeusement, gémir n’est pas un argument. Je demande le d
878
pour la discussion. Il retrousse ses manches. Il
s’
apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il
879
Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix
s’
élève pour mettre en doute l’excellence du principe de l’instruction p
880
iment exagéré pour la jugeotte de l’adversaire ou
s’
il traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâ
881
la discussion précise de leurs principes par quoi
se
signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je
882
ns d’une démocratie progressiste et tolérante qui
se
livrent à ces excès de langage. Je les renvoie en corps au chapitre 5
883
1. Mes prisons Il existe des gens qui
s’
attendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est qu’ils les confonde
884
nt n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui
s’
énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de faire
885
raînées de craie grise, où les chiffres trop gros
s’
emmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est-ce qui ressembl
886
s fassent la même chose ici ! » Dans la suite, on
se
chargea d’illustrer par d’innombrables exemples cet axiome qui devint
887
rent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût
se
dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de l
888
at, piliers d’un régime dont ils sont les seuls à
s’
accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoi
889
rompent que les illettrés, mais qu’il convient de
s’
incliner devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait
890
s d’école primaire. Comme ils avaient changé ! On
s’
entendait d’autant mieux qu’on était devenu plus différents. Car ces d
891
par le gouvernement) de la manne égalitaire — ne
se
prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’appartenir
892
cience d’appartenir à une élite responsable, cela
se
voit de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’il
893
nt le plus, et ils auraient souvent l’occasion de
s’
en douter s’ils étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. M
894
et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter
s’
ils étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en
895
t petit-bourgeois pris abstraitement et tel qu’il
se
manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquinerie
896
uma Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor
s’
écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez que c’est
897
cifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité, il
s’
en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tra
898
d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle
s’
aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme
899
que ; de 9 à 10 composition, etc. Ces disciplines
se
succèdent sans transition, dans un ordre absolument fortuit, de maniè
900
certain nombre d’heures par semaine, au jugé. On
s’
arrange pour faire tenir dans cette classification le plus possible de
901
re temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne
se
plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse l’
902
stes. Les participants du Tour de Science doivent
s’
inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux qui arrivent après la clôt
903
au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant
s’
explique justement par cette psychologie de l’enfant dont je disais to
904
e, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il
s’
agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons donc
905
es meilleurs ralentissent et que les plus faibles
se
forcent. Elle ne convient donc qu’aux médiocres, dont elle assure le
906
médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école
s’
attaque impitoyablement aux natures d’exception, et les réduit avec ac
907
ois assistent sans honte à ce crime quotidien, et
se
félicitent du régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils se
908
ime des lumières et des compteurs à gaz. Mais ils
se
fâchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse est caractérisée,
909
moins rationalisé. Son instrument le plus parfait
s’
appelle le manuel. Un bon manuel est un résumé clair et portatif des r
910
ie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on
se
réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’on com
911
commence par apprendre le résumé. D’ailleurs elle
s’
arrête là. Les manuels ne correspondent à aucune réalité. Ils ne renfe
912
particularités, toutes les « prises » où pourrait
s’
accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce don
913
ail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice :
s’
il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèle
914
notre conception pénitentiaire de l’école. Mais,
s’
il est des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindri
915
paraît que cela facilite le travail du maître. Il
se
peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il so
916
ermet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de
s’
écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien ta patrie.
917
x qui, en quelque manière que ce soit, voudraient
se
« distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression
918
e noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut
s’
étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une
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mes, voire par d’ex-instituteurs. À la vérité, il
s’
agit de réussites qui, pour avoir enivré l’espoir et enflammé l’ambiti
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urs de ces nombreux banquets de cercles locaux où
se
fondent les réputations, où se « baptisent » les hommes d’avenir. Un
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cercles locaux où se fondent les réputations, où
se
« baptisent » les hommes d’avenir. Un jour on voit s’étaler en premiè
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baptisent » les hommes d’avenir. Un jour on voit
s’
étaler en première page des illustrés la face épanouie quoique énergiq
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lèche de l’édifice administratif. Et c’est ce qui
s’
appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne troublent p
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eprendre ce travail de démolition. Il suffit pour
s’
en convaincre de parcourir l’abondante littérature publiée sur le « pr
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appelle école nouvelle tout établissement où l’on
s’
efforce d’enseigner selon des principes tirés de l’observation des enf
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gés de 3 à 4 ans à lacer leurs souliers ; et cela
s’
appelle l’école pratique. Plus tard, on fait apprendre à ces mêmes enf
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les noms des rues et places de leur ville, comme
s’
ils étaient tous destinés à la profession de chauffeurs de taxi. Si ce
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ude des verbes actifs sera active aussi, un élève
se
mettra à marcher dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’arp
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, un élève se mettra à marcher dans le couloir en
s’
écriant : je marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affir
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velle, on atteint un enfant plus profondément, on
se
glisse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention ; o
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, on se glisse à l’intérieur de son esprit, là où
s’
élabore son invention ; on capte scientifiquement les sources mêmes de
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qu’on traite le gosse comme un organisme dont il
s’
agit d’obtenir le rendement le plus élevé. On cultive les petits d’hom
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l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à
se
développer… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants…
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avec ferveur les principes de l’école libre, qui
se
moquent des programmes et dont les classes sont de vraies foires ; il