1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 au plus peut-on dire qu’à l’heure présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès, nous offre plus qu’un agrément purement
2 atrice que produit la recherche de la vérité. Dès son premier livre, il s’est montré tout entier, il a bravement affirmé so
3 s’est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes gens se faisaient, avec
4 ous la main : le sport et la morale romaine. Dans sa hâte salvatrice, M. de Montherlant ne s’est même pas demandé si ces d
5 oute une partie du Paradis à l’ombre des épées 1, son dernier livre, est consacrée à « fondre dans une unité supérieure » l
6 t catholique et de l’esprit sportif. « On se fait son unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il me semble bien para
7 . Je préfère à la dogmatique de M. de Montherlant son admirable lyrisme de poète du stade. En un style d’une fermeté presqu
8 ’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à son corps la douce matière. L’air et le sol, dieux rivaux, se le disputen
9 l’autre. Ainsi mon art, entre terre et ciel. Mais sa foulée, bondissante et posée, est pleine du désir de l’air. Danse-t-i
10 rale sportive : « la règle de rester en dedans de son action, application de l’immense axiome formulé par Hésiode et qui go
11 là forment l’esprit. » M. de Montherlant illustre sa propre pensée de cette citation d’un dominicain : « Formez des jeunes
12 s à combattre certaines faiblesses : il développe ses qualités, le reste s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui a
13 stance de la contradiction sur laquelle est bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’il sacrifiera, de la morale s
14 nt enseigné le sport et les anciens. J’admets que ses « idées générales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile nous est néa
15 s que ses « idées générales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile nous est néanmoins plus proche que la sensualité vaguem
16 t chrétienne de tel autre écrivain catholique. Et son lyrisme, encore un peu brutal, il saura le dompter, et atteindre au c
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
17 ant, héritier d’une tradition chevaleresque, mène sa vie comme une ardente aventure. Les épisodes s’appellent : collège, g
18 e, ce regard en arrière. Montherlant est dur pour ses erreurs plus encore que pour celles de l’adversaire, ce qui est beauc
19 ls trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son livre : « Ranimons ces horreurs pour les vouloir éviter, et ces grand
20 vers de plus sereines exaltations qu’il va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce
21 que, et dans ce qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourrait se définir : la lutte d’un tempér
22 fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourrait se définir : la lutte d’un tempérament avec la réalité
23 alité. Tantôt c’est l’un qui veut plier l’autre à sa violence — le Paradis —, tantôt c’est l’autre qui impose son absolu.
24 e — le Paradis —, tantôt c’est l’autre qui impose son absolu. Une soumission au réel durement consentie, voilà ce que nous
25 de la personnalité révélée ou dans la noblesse de sa soumission. Périlleuse carrière de la grandeur où Montherlant est ent
26 faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple intérieur, s’il veut rester digne de son rôle et vraiment le c
27 s son temple intérieur, s’il veut rester digne de son rôle et vraiment le coryphée d’une génération casquée. Feu consumateu
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
28 assages où il expose directement les principes de sa « révolution » semblent au contraire tirés de quelque terne manuel de
29 unicable, le poète étant un simple sténographe de ses rêves. Soit. De ces faits, je tire cette conclusion pratique : inutil
30 oème » cette mystification est dans la logique de ses principes, mais je lui conteste le droit de faire suivre son manifest
31 es, mais je lui conteste le droit de faire suivre son manifeste de proses — Poisson soluble — qui servent d’illustration à
32 — Poisson soluble — qui servent d’illustration à sa défense de la poésie pure. Les beautés que j’y vois ne me seraient-el
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
33 se au-dedans de moi. Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Millet. Mais son manque de
34 rs dessins sont de gauches copies de Millet. Mais son manque de talent ne le rebute pas. Une divine violence le travaille.
35 , les soleils et aussi les grimaces de douleur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de n’avoir rien caché des médiocri
36 ités de cette vie : les reproductions qui suivent sa courte biographie fournissent un meilleur motif à l’admiration que to
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
37 re en province liquider des stocks américains. Et ses romans, c’est aussi une liquidation : les faits s’y pressent et s’y b
38 as lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître : « La marquise sortit à cinq heures ». Une telle platitude es
39 r, l’entraîne au-delà du but. Le Tarramagnou voit son œuvre sabotée par des meneurs ; il tente en vain de ressaisir les fou
40 n vain de ressaisir les foules : déjà elles huent sa modération. Alors il va se jeter au-devant des troupes accourues, il
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
41 . L’Europe menant cette immense enquête manifeste son génie méthodique, son universelle et inépuisable curiosité. Mais, de
42 e immense enquête manifeste son génie méthodique, son universelle et inépuisable curiosité. Mais, de même que la France int
43 l’Europe du xviiie prenait surtout conscience de son propre génie, l’Europe d’aujourd’hui semble chercher dans une confron
44 mouvement inverse, le christianisme débarrassé de son déguisement gréco-latin retournera vers ses sources pour s’y retrempe
45 sé de son déguisement gréco-latin retournera vers ses sources pour s’y retremper. Les appels de l’Orient, ce sont les Keyse
46 occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond Japon et Arabie, Indes et Chine
47 ut ce qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond Japon et Arabie, Indes et Chine sous une dénomi
48 ur Valéry, la supériorité de l’Europe réside dans sa « puissance de choix », dans le génie d’abstraction qui a produit la
49 ner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son principe le germe de sa destruction.) Il y a enfin ceux qui refondent
50 ovisoire et qui porte en son principe le germe de sa destruction.) Il y a enfin ceux qui refondent et combinent toutes ces
51 produit un grand nombre de citations à l’appui de ses sophismes, ne se livre pas moins à des déductions in abstracto qui le
52 , entre une Amérique affolée de vitesse, édifiant ses gratte-ciel comme des tours de Babel, et une Asie immobile dans sa mé
53 mme des tours de Babel, et une Asie immobile dans sa méditation éternelle. e. « Les Appels de l’Orient (n° 9-10 des Cahi
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
54 : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve être le néant. Pour finir il « l’
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
55 manach 1925 (septembre 1925)g En 1886, lors de sa fondation, la nouvelle maison d’édition Fischer passait pour « la cen
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
56 l sait en sortir parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses tableaux
57 parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’i
58 ns et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quelque superficialité,
59 notre temps et un évident besoin d’impartialité. Son art bénéficie de cette vision. Je ne saurais résumer les nombreuses p
60 e ne saurais résumer les nombreuses péripéties de son dernier roman sans exposer et discuter toutes les idées qu’elles illu
61 lui qui, revenu de l’étranger dans le désordre de son pays, suivra obstinément le « bon chemin » de la santé et de la raiso
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
62 r, notation suggestive, telles sont les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu
63 sont les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la mesure de son a
64 ouer une grande œuvre qu’on trouvera la mesure de son admiration et le gage de sa légitimité. Nul doute que les Trois nouve
65 rouvera la mesure de son admiration et le gage de sa légitimité. Nul doute que les Trois nouvelles exemplaires ne susciten
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
66 e, de ce nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports du christianisme et du romantisme. M. S
67 ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la substance o
68 tiques, il n’a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines critiques. Dirai-je pourtant que je crains
69 ir légèrement la pensée de Vinet pour lui ajuster sa terminologie particulière ? Mais par ailleurs Vinet déborde le « sell
70 ailleurs Vinet déborde le « sellièrisme » de tout son mysticisme protestant. Et cela n’est pas sans gêner M. Seillière. C’e
71 moderne du romantisme, Vinet l’avait trouvé. Mais sa position purement chrétienne — un mysticisme de cadre solidement mora
72 ue celle d’un Maurras ou que celle d’un Maritain. Son unité est plus réellement profonde, son point d’appui plus central. P
73 Maritain. Son unité est plus réellement profonde, son point d’appui plus central. Pour notre époque déchirée entre un thomi
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
74 C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans sa profondeur, mais qui se penche sans vertige sur ses abîmes. Simplicit
75 a profondeur, mais qui se penche sans vertige sur ses abîmes. Simplicité de notre temps ! Au-dessus de la trépidation immen
76 où il lui arrive de graviter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini au fond de soi qu’au f
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
77 iter l’emballement et conserver dans l’admiration son sens critique de Parisienne. C’est une sympathie malicieuse qui anime
78 isienne. C’est une sympathie malicieuse qui anime ses amusants portraits et ses commentaires parfois un peu copieux ; mais
79 ie malicieuse qui anime ses amusants portraits et ses commentaires parfois un peu copieux ; mais elle a la vertu de rendre
14 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
80 e roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec ses écumeurs ? Déjà un Mac Orlan, un Kessel ont donné de beaux exemples d
81 ndie, voir Dostoïevski. M. Walpole, lui, commence son roman quelques mois avant que n’éclate le sinistre, et s’arrête au mo
82 dans un réduit, Markovitch, l’idéaliste, surprend sa femme, la vertueuse Véra avec un des Anglais) : Ils s’embrassaient c
83 ient eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’il avait peur de trébucher et de faire du
84 u monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna jusqu’à l’angle le
85 vait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna jusqu’à l’angle le plus éloigné du réduit, et se b
86 r. Ainsi le moujik devant le bolchévique violant sa patrie. Une effroyable acceptation, mais elle peut se muer instantané
87 le reste. Tout cela, Walpole ne le dit pas. Mais ses personnages le suggèrent de toute la force du trouble qu’ils créent e
15 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
88 holique et protestant : la notion de « Saint » et son évolution au cours des siècles. Primitivement, le Saint est un homme
89 seul médiateur à qui doit s’adresser le culte, en son cœur, du croyant. Le centre de gravité religieux est replacé en Chris
90 ennent dans l’Église. M. Guisan va très loin dans ses concessions à de telles critiques. Mais c’est pour affirmer avec d’au
91 et de sympathie que le sien propre. Cela donne à ses conclusions cette sécurité dont trop souvent un brillant appareil dia
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
92 besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se voir vivre, dans son œuvre ? C’est ici la conception mêm
93 ans le héros de son roman, de se voir vivre, dans son œuvre ? C’est ici la conception même de la littérature, telle qu’elle
94 lus souvent, sur soi-même. On écrit pour cultiver son moi, pour l’éprouver et le prémunir, pour y découvrir des possibilité
95 térature. Jacques Rivière s’y appliqua dans un de ses derniers articles2. Il rendait responsable de tout le « mal », le rom
96 ccompagnât votre ultimatum à Dieu. Mais, secouant son dégoût, un Montherlant s’abandonne au salut par la violence. Une sens
97 it Barrès dans des dilemmes où l’art trouvait mal sa nourriture. Drieu la Rochelle tente la même fuite. Mais trop lucide,
98 t, déchiré de contradictions, tire du désordre de ses certitudes fragmentaires la matière de quelques pamphlets par quoi il
99 me désenchantement précoce, sans la brusquerie de ses aînés. Encore un qui s’est complu dans son dégoût ; mais jusqu’au poi
100 rie de ses aînés. Encore un qui s’est complu dans son dégoût ; mais jusqu’au point d’y percevoir comme un appel du Dieu per
101 foi. Il a besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je suis médiocre entre les hommes 
102 attaché encore à se regarder chercher, absorbant son attention dans une sincérité si voulue qu’elle va parfois à l’encontr
103 rité si voulue qu’elle va parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes malades dans les profondeurs. Et le
104 mais « tabou » ; et c’est vertu que de favoriser son expansion. — Mais je trouve en moi ordre et désordre, raison et folie
105 folle, mais c’est justement de quoi se glorifient ses tenants, ils y voient la suprême liberté. Le désir se précisait en mo
106 our marquer l’aboutissement d’une évolution qui a son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, les C
107 éprise toutes également ; n’attendant rien que de ses impulsions et contemplant avec une lucidité parfois douloureuse ses p
108 contemplant avec une lucidité parfois douloureuse ses propres actes dont il s’étonne mais qu’il se garde de juger5. Il y a
109 bien pauvre pour expliquer ce besoin de porter à son excès toute chose, au-delà de toutes limites. « Il n’y a que les excè
110 ulevait contre lui-même, qui lui faisait mépriser son propre intérêt6… » c’est proprement la perversion d’une vertu qui se
111 isme. Mais pousser une vertu particulière jusqu’à ses dernières conséquences suppose qu’on ait perdu le sens des ensembles
112 n de celui qui n’a pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automatismes. En art, la fatigue est un
113 qui n’a pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automatismes. En art, la fatigue est un des états l
114 et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automatismes. En art, la fatigue est un des états les plus riches de
115 ent qu’il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturel
116 toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant ses douleurs en les lui nommant », ils décrivent le tourment dont sortira
117 e Vinet, ne voir d’abord que les grands traits de sa nature, ne connaître que les grands mots de la langue morale, suivre
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
118 Rousseau sur les droits de la passion, — et dans sa trame quelques chapitres inspirés presque littéralement d’une anecdot
119 ncière du roman de Jouve reste indéniable : c’est son mouvement purement lyrique, sa progression accordée à celle des événe
120 ndéniable : c’est son mouvement purement lyrique, sa progression accordée à celle des événements inconscients. Certaines p
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
121 est-ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu conventionnels et l’invraisemblance assez piquante
122 entionnels et l’invraisemblance assez piquante de ses péripéties. Quel dommage que l’auteur l’ait alourdi d’une idéologie,
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
123 igant. « Le paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. » Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant du Pédagogue e
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
124 n Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’esthétique (Le Coq et l’Arlequin,
125 réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’esthétique (Le Coq et l’Arlequin, la Noce mas
126 r autant à l’Académie. Disons pour aller vite que sa recherche de l’ordre révèle simplement une volonté de construire jusq
127 uille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est le Secret professionnel, pe
128 à toute vitesse. » Telle est bien la nouveauté de son théâtre et de l’art qu’il défend en peinture, en musique. Suppression
129 l bannit le charme et toute grâce vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal, si elles sont sans parfum, ne se faneront pas. t
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
130 position romanesque le trouble caractéristique de sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il n’a plus même la force de
131 de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec son corps qui se souvient — « mémoire, l’ennemie » — avec une intelligenc
132 lan vital qui nous crée sans cesse : l’analyse de sa solitude le laisse en face de quelques réactions physiologiques dont
133 ù elle « ne semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une intelligence qui se dégoûte, tel est le spectac
22 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
134 sons : c’est bien plus que la liberté de défendre sa petite hérésie personnelle et de s’affirmer aux dépens d’autrui, — c’
135 ent de cette âme leur propre recherche, — et dans ses lumineuses conquêtes sur le doute, le modèle des réponses désirées. T
136 debout sur un tronc coupé n’eut pas trop de toute sa souplesse pour maintenir l’équilibre des discussions et de sa propre
137 pour maintenir l’équilibre des discussions et de sa propre personne. Et il y eut encore un dîner très démocratique pendan
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
138 ditions nouvelles de travail ou de repos, ni dans son plan ni dans le détail des rues. Congestion : « un cheval arrête 1000
139 ’esprit et de la matière. Si Le Corbusier réalise son plan, ce sera plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspir
140 lini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui dans son fameux discours aux édiles de Rome). Urbanisme est une étude techniq
141 ivilisation s’avoue trop fatiguée pour créer avec ses moyens matériels formidables des ensembles soumis aux lois de l’espri
24 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
142 Je crois qu’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vienne chercher l’âme qui se sent misérable
143 esure où j’en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y faut une doctrine, me di
144 ds, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je
145 nd fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ? Je reste candidat au salut. 4. La sincérité absolue, « sc
146 n. Une attention trop directe et soutenue modifie son objet vivant. Pour moi, la sincérité ne peut être que spontanée. Et s
147 celles que je juge bon d’éliminer de moi. Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mouvement normal » de vie. f. « Confessi
148 éliminer de moi. Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mouvement normal » de vie. f. « Confession tendancieuse », Les Cah
25 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
149 une Montherlant est en réalité un nouveau tome de ses mémoires lyriques. Une œuvre d’une seule coulée, presque sans intrigu
150 ans l’allure puissante à la fois et désinvolte de son récit. On a souvent parlé d’excès de lyrisme à propos des premiers ou
151 raidir, enfin croula sur le flanc, accomplissant sa destinée. Quelques secondes encore elle cligna des yeux et on vit sa
152 es secondes encore elle cligna des yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendirent peu à peu, comme un corps q
153 le cligna des yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendirent peu à peu, comme un corps qu’on gonflerait à la p
154 un treuil. Elle arriva avec emphase à la cime de son spasme, comme l’homme à la cime de son plaisir, et comme lui, elle y
155 la cime de son spasme, comme l’homme à la cime de son plaisir, et comme lui, elle y resta immobile. Et son âme divine s’éch
156 plaisir, et comme lui, elle y resta immobile. Et son âme divine s’échappa, pleurant ses jeux, et les génisses, et la chère
157 a immobile. Et son âme divine s’échappa, pleurant ses jeux, et les génisses, et la chère plaine. De tels passages qui abon
158 lèmes de l’heure. La violence même qui sourd dans son être intime l’en empêche, le préserve des états d’incertitude doulour
159 blèmes viennent se poser à l’esprit, profitant de son désaccord avec la vie. Ni métaphysicien, ni logicien, dit-il d’Alban
160 henille précisément aux trois-centres nerveux, et sa victime « une sympathie (au sens étymologique du mot) qui la renseign
26 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
161 de ces confusions. M. de Traz a visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide du secret dern
162 ons. M. de Traz a visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide du secret dernier des choses,
163 a visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux avide du secret dernier des choses, lucide, avec un
164 n de sympathie qui est parfois la plus subtile de ses ruses de psychologue. C’est parce que son livre, aux petits chapitres
165 tile de ses ruses de psychologue. C’est parce que son livre, aux petits chapitres à la fois si concis et achevés, n’est ni
166 ins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une parti
167 ment l’Occidental, c’est peut-être la fidélité. » Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien ne sont pas moins subtiles
168 ritique de M. de Traz diminue l’intérêt vivant de son livre : cette impartialité même, cette façon de se placer en face des
169 amais s’y perdre ou se confondre en elles, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une suite de pages ly
170 que pour « mieux comprendre », assez « fidèle » à ses origines pour garder dans ses dépaysements un point de vue fixe, d’où
171 assez « fidèle » à ses origines pour garder dans ses dépaysements un point de vue fixe, d’où comparer et, parfois, juger ;
172 par défaut d’un sens artistique dont plusieurs de ses morceaux attestent la délicatesse, mais parce qu’il sait y trouver le
27 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
173 ns l’échec même de leurs analyses les éléments de sa synthèse, qui se trouve ainsi continuer leur œuvre, comme une découve
174 s expériences négatives est contenue surtout dans ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes, il était temps que l’on
175 illeur morceau du livre est l’essai sur Proust et sa théorie des « intermittences du cœur » dont Fernandez donne une criti
176 aïque de sensations juxtaposées » — qu’il définit sa propre théorie de la « garantie des sentiments », où l’on est en droi
177 », et donc connaître l’homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je me borne à signaler encore un thème qui revient d
178 ut éviter les confusions qui sont en train d’ôter sa valeur littéraire au genre le plus encombré et le plus impur qui soit
179 les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme : il est parfois agaçant de pressentir sous l’expression trop t
180 que à M. Fernandez un certain recul par rapport à ses idées, on le sent un peu gauche encore dans les positions conquises.
181 re dans les positions conquises. Il n’empêche que son livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’il propose quelques
28 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
182 l que l’on sent. C’est dire que le livre vaut par son allure plus que par des qualités de composition ou de perfection form
183 ontherlant beaucoup de défauts bien agaçants pour sa souveraine désinvolture. Elle est tonique comme le spectacle des athl
184 des vrais puissants, je compte qu’il saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humaines. x. « Henry de Montherl
29 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
185 plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais sans bancs pour notre lassitude. Florence
186 lit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur. Les bœufs blancs, les roues peint
187 L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur. Les bœufs blancs, les roues peintes du char, l’Italie des po
188 rfaite répond encore au couchant. San Miniato sur sa colline. Derrière nous, les arbres se brouillent dans une buée sans c
189 lus guérir… Mais nous voyons la ville debout dans ses lumières. Architectures ! langage des dieux, ô joies pour notre joie
190 , angles purs, repos de l’esprit qui s’appuie sur son œuvre ! La sérénité de cette façade élevée lumineuse sur le ciel fut
191 des forces humaines, et rendait sous des coups un son qui nous évoqua les rumeurs de villes d’usines. Il y avait la vie des
192 s le noir des musées ! — et si tu veux soudain le son grave de l’infini, pour être seul parmi la foule, lève les yeux, au p
30 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
193 te dans le rythme des désirs jamais simultanés de ses petits héros. M. Spitz cherche à faire sourire, on le sent ; pourtant
31 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
194 couple de juifs espagnols qui va l’entraîner avec son mauvais cœur, dans une aventure incertaine et douloureuse ; enfin Orp
195 aventure incertaine et douloureuse ; enfin Orpha, sa maîtresse, le fuit, parce que son silence devient insupportable : « O
196 e ; enfin Orpha, sa maîtresse, le fuit, parce que son silence devient insupportable : « Orpha ne comprenait pas comment on
197 ter que l’auteur ne se soit pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf. z. « Alfred Colling : L’Iroquois
32 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
198 le ; le Français riposte sans conviction, et sous sa défense on devine une détresse. C’est encore une vision de l’Occident
199  ». Nous cherchons à conquérir non le monde, mais son ordre. Nous humilions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « 
200 rire aux critiques du Chinois et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles, d
201 irréductibles, du moins M. Malraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne le paraissent point. Et alors le rel
202 urope. Tandis que M. Ford expose victorieusement sa méthode pour « réussir » — à quoi, grands dieux ? — nous prenons chaq
33 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
203 de en parle, et chacun s’en autorise pour excuser sa petite faiblesse originale : tant qu’à la fin la notion concrète de s
204 pontanée (Gide), ou « perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle est » (Rivière), ou encore refus de choisir, volont
205 usions aussi perfides et si profondément mêlées à ses plus chères aventures. Sincérité et spontanéité « Nos actes les
206 e inconscient, aussi révélateur du personnage que ses actions les mieux concertées. Rien n’est gratuit que relativement à u
207 e la morale, que le meilleur moyen de se livrer à ses déterminants, c’est de mener la vie gratuite que réclament les surréa
208 s que la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à nous donner de nous-mêmes une connaissance plus
209 regarder vivre, le personnage à douter du sens de sa vie) et les forces centripètes l’emportent peu à peu, une aspiration
210 sincérité comme « un perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle est ». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’
211 ez étroites empiriquement fournies par le sens de son intérêt propre, une analyse sincère ne puisse faire découvrir quelque
212 ent se mentir à soi-même, et surtout se prendre à ses propres mensonges ? Peut-être juste assez pour qu’ils vous aident3 —
213 spect seul qu’il souffrirait de garder lui-même à son propre regard. Ainsi la valeur morale d’un homme équivalait-elle à l’
214 ce et obstinée l’assurance d’une continuité entre ses actions et ses désirs, un quant-à-soi qui ne gêne aucun geste, mais i
215 l’assurance d’une continuité entre ses actions et ses désirs, un quant-à-soi qui ne gêne aucun geste, mais incline discrète
216 e retour à une fidélité plus profonde. Fidélité à sa loi individuelle, quelles merveilleuses duperies cela suppose. Mais c
217 r une faiblesse, c’est toujours un peu en prendre son parti. La sincérité crée en nous un fait accompli. J’appelle hypocris
34 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
218 plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous a
219 r ni d’emboîter le pas, mais seulement de retenir sa place au spectacle qu’ils offrent et de les considérer avec sympathie
220  déluge » peut-elle faire réfléchir utilement sur ses causes…   Nous ne proposerons pas, lecteur bénévole, un exercice mens
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
221 n songe au Frank de La Coupe et les Lèvres, à qui ses compagnons criaient : « Te fais-tu le bouffon de ta propre détresse ?
222 ue Louis Aragon ne se croie pas tenu de justifier ses visions par le moyen d’une métaphysique aussi prétentieuse qu’incerta
223 ne métaphysique aussi prétentieuse qu’incertaine. Son affaire, c’est l’amour, et certain désespoir vaste et profond comme l
36 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
224 t soleil. C’est là qu’Urbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’avait compté jusqu’alors que d’authentiques avoca
225 ait. L’étoile, jeune fille, roulait gentiment sur ses pointes, tout scintillement pudiquement dissimulé. Vers 1 heure, elle
226 caresse lumineuse la chevelure rouge d’Urbain, et son nez, lequel, par ses dimensions remarquablement exagérées, lui valait
227 chevelure rouge d’Urbain, et son nez, lequel, par ses dimensions remarquablement exagérées, lui valait le surnom de Bin-Bin
228 café, un ! » Mais l’étoile chantait dans l’axe de sa vie normale et s’approchait en faisant la roue — celle à qui sourit l
229 t française, dédaigna des avances que la perte de son sens de l’éternel rendait pourtant considérables, au sens étymologiqu
230 gique du terme. Il loucha vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu’il jeta, puis, après un grand coup de pied d
231 Il loucha vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu’il jeta, puis, après un grand coup de pied dans le vide symb
37 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
232 tre des Affaires étrangères ; et pour la mariée : Son Excellence M. Diamanty, ministre de Roumanie à Paris. C’est encore mi
38 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
233 n. C’est d’abord l’influence du clergé, jaloux de ses droits considérables encore ; puis ce sont les conseillers intimes du
234 et capable de lui faire pardonner les erreurs de sa jeunesse. Le roi, « un niais en matière religieuse » au dire de sa be
235 oi, « un niais en matière religieuse » au dire de sa belle-sœur, la princesse palatine, se laisse facilement convaincre. D
236 re un tableau qu’il suppose présent à l’esprit de ses auditeurs. Il termine en citant le jugement d’Albert Sorel, selon qui
39 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
237 franche d’allure. On ne sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il souffre d’une incurable
238 llure. On ne sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il souffre d’une incurable adolescence
239 réticences, et le fait jouer bien maladroitement son rôle d’homme… « Captif de sa propre jeunesse. » C’est ici un autre su
240 bien maladroitement son rôle d’homme… « Captif de sa propre jeunesse. » C’est ici un autre sujet du roman, qui se mêle étr
241 emier… Mais combien cette analyse trahit Barbey : son art est justement de voiler les intentions du récit et de les exprime
242 ermé le livre de Barbey, on oublie la justesse de son analyse pour n’évoquer plus que des visions où se condense le sentime
243 assé obsédant, d’une jeunesse trop complaisante à son tourment. ac. « Bernard Barbey : La Maladère (Grasset, Paris) », Bi
40 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
244 pas y tenir, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiel
245 a souffrance indispensable au perfectionnement de son âme. Et qu’importe si les Allemands qui, fréquente sontae, pour notre
246 si elle n’avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu’il recherche secrètement, parce que d
247 erpétuel besoin d’évasion qui est la condition de son progrès moral. C’est ainsi qu’il consent, non sans une imperceptible
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
248 der, à cause d’une incertitude qui redonnait tout son empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À
249 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. f. « Lettre du survivant », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-N
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
250 issent l’air. » Il prétend « traquer l’inconnu ». Sa femme l’accuse de « vouloir faire admettre que la poésie consiste à é
43 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
251 is la vision, rapidement entrevue par chacun dans son for le plus intérieur, d’une fuite en auto, nous rassure provisoireme
252 dre un accent anglais d’un comique assez macabre. Ses derniers sectateurs, désignant d’un doigt impitoyable son flanc déjà
253 iers sectateurs, désignant d’un doigt impitoyable son flanc déjà meurtri, la suivaient en hurlant : « Bas-toi là, bas-toi l
254 certaine nuit. Elle parla par la bouche de Lugin, sa langue dans la langue de Lugin : « Le rideau se lève sur un miroir qu
255 ccent, Mme d’Assilva deux actrices, M. Grosclaude son fils Lucas Loukitch et une mise en scène fort ingénieuse qui permit à
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
256 Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un homme que son évolution naturelle a rapproché, dans sa maturité, des jeunes générat
257 mme que son évolution naturelle a rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’espèce de romantisme
258 ont lui-même s’est plu à relever les indices chez ses jeunes contemporains, et qu’il vient appuyer de son autorité de criti
259 s jeunes contemporains, et qu’il vient appuyer de son autorité de critique et surtout de son expérience déjà riche de roman
260 appuyer de son autorité de critique et surtout de son expérience déjà riche de romancier. Son regard se promène sur le même
261 urtout de son expérience déjà riche de romancier. Son regard se promène sur le même monde où se plaisent nos jeunes poètes
262 avec cette mélancolique grâce. Si quelques-uns de ses bijoux sont taillés comme ceux de Giraudoux, j’y vois un signe charma
263 ié de l’aîné au plus jeune, lequel envoie l’un de ses personnages pour remercier ; (pouvait-il mieux trouver qu’un René Dub
264 isien, rencontre une femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce qu’il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et i
265 aiser, et il ne la reverra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime une petite maison de province quand on a
266 de longues lettres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’elle l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la
267 a trouvé là un sujet qui convient admirablement à son art, où s’unissent aujourd’hui un réalisme discret mais précis et le
268 he et décantée, profonde et délicieuse, gagnera à son auteur beaucoup d’amis inconnus. af. « Edmond Jaloux : Ô toi que j’
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
269 s imprécisions rapides. Un chasseur, toujours sur son toit ; il tire sur l’œuf d’où naît une colombe. Chasse. Mais un papil
270 re le plus par le moins, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais ce sont là critiques de style. D’ores et déjà, il faut
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
271 en lui à l’état de velléités contradictoires que son intelligence très nuancée maintient en une sorte d’instable équilibre
272 une sorte d’instable équilibre, les tendances que ses contemporains ont poussées à l’extrême avec moins de prudence mais au
273 e préférer à une certitude trop vite atteinte, où sa jeunesse ne verrait qu’une abdication. Il décrit la « génération nouv
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
274 de mon âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’anéantir. Hoffmann. I (Notes éc
275 ffrir. Le dernier rire d’Aragon, c’est l’éclat de sa joie brusque d’être seul sur un faux sommet vers quoi des faibles s’e
276 aît enfin une solitude défendue de tous côtés par ses rires scandaleux, quelques « goujateries » affectées par mépris de l’
277 tel homme, — est-ce encore Aragon, sinon qui ? —  sa grandeur, c’est qu’il lui faut atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun
278 dépit des prétentions désobligeantes de l’auteur, son incontestable « séduction ». Pour un peu, je découvrais une manière d
279 t qui sait tirer un admirable parti littéraire de son tempérament vif, insolent et ombrageux. « J’appartiens à la grande ra
280 Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade possible par sous-entendu. Pas plus
281 iables les œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pensée, ses délires, ses visions. Un critique qui n’épouse pas le ryt
282 œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pensée, ses délires, ses visions. Un critique qui n’épouse pas le rythme d’une œu
283 crivain, les démarches de sa pensée, ses délires, ses visions. Un critique qui n’épouse pas le rythme d’une œuvre, mais s’a
284 épouse pas le rythme d’une œuvre, mais s’avance à sa rencontre armé de l’appareil à frigorifier de sa raison, est destiné
285 sa rencontre armé de l’appareil à frigorifier de sa raison, est destiné à dire des bêtises. Cf. certaines remarques — pas
286 rit celui de Révolution. Et j’entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-treize, la Réforme, Karl M
287 ivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques évidences, ord
288 de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine pour nous sans pr
289 tte révolution ne demandait qu’à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps
290 Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse nous perdrait corps et âme dans
48 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
291 face. Il ne vit plus que la foule des yeux bleus, son éblouissement. Soudain la voici, elle descend à sa rencontre parmi le
292 n éblouissement. Soudain la voici, elle descend à sa rencontre parmi les éclairs d’un luxe mécanique, le visage dans sa fo
293 i les éclairs d’un luxe mécanique, le visage dans sa fourrure. Elle découvre en passant près de lui le sourire d’amitié mo
294 one à ceux du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteui
295 neigeait dans les rues sourdes comme un songe de son enfance. Aux fenêtres du palais s’étoilèrent des halos. Le jour tendr
296 ait sous l’égide de la mort. Il vit des fleurs de son enfance, une églantine, quelques roses, un sourire qui perce le cœur
297 fuyantes chansons, et des violons déchirants dans sa tête… Mais le sommeil s’évaporait aux caresses des flocons, plus perf
298 t, les ailes coupées. Puis le silence se reprit à ses songes désolés. Autre suicide ou la promenade en bateau À Grego
49 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
299 passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses forces créatrices ? La question est peut-être prématurée. Mais le seu
300 cette consécration bien méritée du talent d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue, s’il rentre au foyer dans une Rolls-
301 lle de constater combien l’épuration rigoriste de sa technique sert une vision aigüe de la vie. La série de gravures sur b
302 lisé. C’est d’un art très volontaire, qui connaît ses ressources et sait en user avec la sobriété qui produit le maximum d’
303 e, c’est elle qui permettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi ce brin de comique un peu bizarre qu’il glisse si so
304 mme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuellement, Meili achève la
305 i la peinture consiste à habiller une idée. Voyez son portrait de Meili : il ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais il
306 e ce visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la palpe, la presse, la réduit à la forme qu’il voit. Il y a
307 oit. Il y a de la sensualité dans l’écrasement de ses couleurs, une sensualité qui sait se faire délicate quand du haut de
308 i le prennent pour un agitateur russe, à cause de sa chevelure, sans doute ! On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai
309 ture pure. Je crois même que, Paul Donzé touché à son tour par la grâce décorative, il n’en reste qu’un, du moins à Neuchât
310 mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la peinture est sa première et Neuchâtel la troisiè
311 la Hollande, sa seconde patrie si la peinture est sa première et Neuchâtel la troisième… Il y a par Eugène Bouvier quelque
312 e qui ne s’affiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain ch
313 tocratique dissimulation dans l’œuvre de Bouvier. Sa technique qui paraît au premier abord masquer ses intentions, en réal
314 Sa technique qui paraît au premier abord masquer ses intentions, en réalité les exprime par ses défauts mêmes ou ses fauss
315 asquer ses intentions, en réalité les exprime par ses défauts mêmes ou ses fausses négligences ; mais il faut pour comprend
316 , en réalité les exprime par ses défauts mêmes ou ses fausses négligences ; mais il faut pour comprendre cet art emprunter
317 e. Je ne verrais guère que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’il est un des rares pei
318 herche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières toiles, d’une plus grande certitude intérieure. Les visages
319 t s’éloigne pour entonner une chanson à boire. Et sa technique auparavant volontairement maigre se faisait trop lâche. Mai
320 opérée. Humbert est rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et sa maîtrise avec une toile comme le Potier. Si la couleu
321 est rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et sa maîtrise avec une toile comme le Potier. Si la couleur n’est pas enco
322 la Renaissance » chez un Charles Humbert livré à sa fougue originale. Il y en a plus encore chez un Aurèle Barraud. Il su
323 an, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère Charles Barraud, qui lui, passe ses journées à vendre des coule
324 t comme son frère Charles Barraud, qui lui, passe ses journées à vendre des couleurs, à encadrer des glaces. Et plaise aux
325 t ou modèle, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme (elle peint aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre ce q
326 œil regardant le sujet, de l’autre ce qu’en fait son mari). Et puis voici François Barraud, le plus jeune des frères. Il v
327 vant, sans s’en apercevoir, peut-être. Il suivait son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il avait pris quelques ann
328 ter qu’il avait pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour les jeunes le rattrapent. Salutations, présent
329 n apprend peu à peu des choses bien curieuses sur son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit
330 Paris des tableaux mystérieux qu’il relègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez une toile appuyée a
331 r, qui est mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditio
332 style pourtant assez large et que n’entravait pas son scrupule réaliste. ⁂ Mais voici dans son costume d’aviateur, retour d
333 vait pas son scrupule réaliste. ⁂ Mais voici dans son costume d’aviateur, retour de Vienne, un sculpteur qui saura s’impose
334 en plans. C’est ainsi qu’il atteint d’emblée dans ses statues à un beau style dépouillé et hardi. Mais il y avait quelque l
335 lète ; l’œuvre n’atteignait pas encore pleinement sa vie propre. Depuis, Léon Perrin semble avoir évolué vers une plus gra
336 lus grande harmonie de lignes. Je pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où se manifeste un heureux équilibre entre le réal
337 le cubisme aux artistes qui ont su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubiste encore que Perrin d
338 ublication dont cette revue entretenait récemment ses lecteurs. 8. Voir sur cet artiste neuchâtelois, de son vrai nom Ch.
339 cteurs. 8. Voir sur cet artiste neuchâtelois, de son vrai nom Ch. E. Jeanneret, un article paru dans le numéro de février
50 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
340 ue, austère et probe, qui n’a d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualité, intelligence, brutalit
341 ence, brutalité : les caractères se résument dans son avidité de puissance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge : il
342 e notre âge : il devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu cynique reniement de ses origines. Le vieux pè
343 re sa fortune au prix du peu cynique reniement de ses origines. Le vieux père s’effondre de honte et de douleur. « On vend
344 étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob a renié ses parents, non leurs ambitions. Surmontant son dégoût, le père ajoute :
345 enié ses parents, non leurs ambitions. Surmontant son dégoût, le père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublie
346 nd une âpre rapidité avec l’ascension de Jacob et ses luttes. On pardonne bon nombre de platitudes et de vulgarités pour le
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
347 ivrer peut-être. Cette sincérité ne serait-elle à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de ce roma
348 n voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son apaisement, pour Arthur, sa « maladie », c’est encore l’« élan mortel
349 t à sacrifier Diane, son apaisement, pour Arthur, sa « maladie », c’est encore l’« élan mortel » que décrivait Mon Corps e
350 audacieuse mais sans bravade qui donne à ce livre sa valeur de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guè
351 e à ce livre sa valeur de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guère ce style abstrait, semé de redites
52 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
352 mais au filet si acéré qu’on ne sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de ne pas confondre inexplicabl
53 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
353 oix pour les rendre plus touchantes. Celui-ci bat sa coulpe avec une saine rudesse. « Il s’examine jusqu’au ventre de sa m
354 saine rudesse. « Il s’examine jusqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a esté corrompu et infect et adonné à
355 , — et je sais bien que c’est là un des signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez ce soldat devenu « scribe » et q
54 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
356 vant Isidore un malaga et une eau minérale devant son étrange convive, celui-ci prit la parole sans plus de cérémonie : « L
357 corps se fige à mesure que l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, co
358 r, mon père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bonsoir. Le len
359 d je vins lui souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux avaient légèrement blanchi. Il me regardait avec une terreur
360 it la mer, des bateaux, des nuages, une avenue et ses autos rouges, tout un couchant de grand port de la Méditerranée. Nous
361 e me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’entreprendre quelques
362 nt tout me frappe — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de mauvaise politique, — c’est l’extraordinai
363 propres à leur auteur et qu’elles n’engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
55 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
364 sibilité, l’atrophie du sens critique sous toutes ses formes : raison, jugement, simple bon sens, et l’ignorance systématiq
56 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
365 asses des cafés. Peut-être va-t-elle revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui plaire, maintenant qu’une
366 our vous venger, vous lui dites que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des n
367 lmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a du bonheur ». V
368 de cette douceur de vivre. Déjà vous ne niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force un peu la dose de
369 eur de vivre. Déjà vous ne niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force un peu la dose de fantaisie, c’
370 de l’en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans ses fantoches une malicieuse et fine psychologie. Mais à ce mot, son visa
371 ne malicieuse et fine psychologie. Mais à ce mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés s
372 douter que rien ne saurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approche M. Piquedon de Buibuis, qui par
373 toyen de cet oncle Abraham qui interdit à Paterne son neveu de fumer le matin, de sortir la nuit, et qui lui fait jurer sur
57 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
374 votre douleur. Narcisse se contemple au miroir de son monocle. Au petit matin, il se noie dans un verre à liqueur. Poisson
375 t un public supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur, et qui doute enfin de l’impossibilité des miracles ! Quelles
376 plus subtiles et plus aiguës ? On vaincra jusqu’à sa gueule de bois pour en faire des poèmes. Alors je cherche les raisons
377 ion. Ainsi, de la littérature : votre mépris pour ses réalisations actuelles donne la mesure de ce que vous attendez d’elle
378 it dans certains états de crise afin de retrouver son équilibre — et dont on tire parfois quelque plaisir, plus rarement, d
379 a connaissance. (« Connaissance » étant pris avec son sens le plus profond, qui est proche du sens biblique. Il ne s’agit p
380 rs confrères. Ils ne pardonnent pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ont pas coutume d’aborder sans le
381 eux. Le Grand Écart, roman de M. Cocteau, a donné son nom à un établissement de nuit très en vogue à Paris. Cambronne (géné
58 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
382 ne homme moins grave et qui manifeste franchement sa jeunesse. (« Vous vous souciez vraiment trop peu des conséquences de
383 de tout le reste.   Et maintenant voici Genève et son mystère. Car chaque année, renaissant des décombres où s’anéantirent
384 mbres où s’anéantirent l’honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs, notre Revue-phénix s’élance avec une ardeur raje
385 fred-Albert au non moins grand Tanner. (On a fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-ils rallier le
386 Central de Genève. Souviens-toi de la grandeur de ses traditions et ne va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos
59 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
387 emme « encore jeune » se souvient d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du
388 urait pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.
389 tion autant que par la sympathie de l’auteur pour ses héros. Indulgence et regrets, un ton qui permet le tact dans la hardi
390 is si délicat et d’une si subtile convenance avec son objet qu’il en saisit sans mièvrerie ni vulgarité la grâce un peu tro
391 ailes intactes ; l’évocation toute nervalienne en sa nostalgie, de la jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce
60 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
392 e sorte de synthèse de l’homme et de l’homme dans son œuvre, qui est peut-être plus vraie que le vrai, je veux dire, plus r
61 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
393 rfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son bonhomme se plaint de ce que son œuvre lui apparaît en même temps que
394 juste. Et quand son bonhomme se plaint de ce que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitraire et s
395 a rend peut-être moins convaincantes certaines de ses remarques sur l’inspiration. D’autre part la simplicité de l’objet ét
396 orte d’analyse, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a
397 ntisme assez insolent et les joyeuses révoltes de sa verve « interfèrent » en lui. Et aussi (presque imperceptible, mais i
62 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
398 de couleur pour ma femme… Mais l’homme avait posé son journal. Soudain, portant la main à son gilet, il en retira trois dés
399 vait posé son journal. Soudain, portant la main à son gilet, il en retira trois dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brill
400 ux brillants, il compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis il reprit les dés brusquement, et me fixant avec un lége
401 ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapidement les pages, la proie d’une agitat
402 animait aussi : une fièvre faisait s’épanouir sur son visage je ne sais quel plaisir cruel. C’était un jeu très simple où l
403 étranger se mit à discourir. Et dans mon ivresse, ses paroles peignaient des tableaux mouvants où je me voyais figurer comm
404 dés ». Ce furent d’abord des images décousues de sa vie, brillantes ou misérables, passionnées. Mais bientôt : — « Destin
405 ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient-ce que celles de mes folies ? Je me
63 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
406 seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibilité. Il y a encore la princesse, le témoin intelligent et un
407 nt à la fois le défaut de composition du livre et sa richesse. L’enfance de Catherine à Paris est du roman pur ; la tourné
408 plus organique du roman et des mémoires. Mais si son début permet de croire que le Perroquet Vert ne restera pas une réuss
64 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
409 e par l’Esprit. À l’heure de toucher aux buts que sa civilisation poursuit depuis près de deux siècles, l’Occidental est s
410 devant l’évidence de la banqueroute prochaine de sa civilisation. Il répugne à admettre qu’une époque entière ait pu se t
411 ndustriel et du capitaliste. Le succès immense de ses livres1, sa popularité universelle sont signes que l’époque a senti e
412 du capitaliste. Le succès immense de ses livres1, sa popularité universelle sont signes que l’époque a senti en lui son in
413 iverselle sont signes que l’époque a senti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne m’accuse donc pas de caricatur
414 ie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à jouer avec des outils, « et c’est avec des outils qu’il jou
415 us mémorable événement de ces années de jeunesse, son « chemin de Damas » (comme il dit sans qu’on sache au juste quelle do
416 ruire une bonne machine routière. » Les étapes de sa jeunesse sont : la construction d’un moteur à vapeur, puis d’un moteu
417 té des automobiles Ford, « et commence à réaliser son rêve, le type unique d’automobile utilitaire »2. Dès lors, c’est une
418 est une suite de chiffres indiquant le progrès de sa production, d’année en année. On pourrait ajouter à ces chiffres celu
419 is ce n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de sa vie n’a jamais été de s’enrichir. Son « rêve »
420 un résultat secondaire de son activité. Le but de sa vie n’a jamais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a ré
421 é. Le but de sa vie n’a jamais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme il est donné à peu d’homme
422 al avec beaucoup d’États ; le plus parfait aussi. Son succès sans précédent le met à l’abri de toutes les attaques, du poin
423 ues, du point de vue technique. L’organisation de ses usines, des salaires, des conditions de travail et de repos qu’il off
424 s conditions de travail et de repos qu’il offre à ses ouvriers semblent bien apporter une solution définitive aux problèmes
425 iel, offre au monde moderne le premier exemple de son achèvement intégral. Il a atteint l’objectif de la moderne civilisati
426 u’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avons d
427 tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « grande et constante ambition ». Il semble que toute sa carrière — p
428 ande et constante ambition ». Il semble que toute sa carrière — pensée, méthode, technique — soit conditionnée jusque dans
429 abord la vision de l’auto routière : naissance de sa passion froide et tenace. Il s’efforce d’en réaliser l’objet par ses
430 et tenace. Il s’efforce d’en réaliser l’objet par ses propres moyens, à un exemplaire ; puis, il fonde une usine pour multi
431 multiplier les réalisations. Bientôt, élargissant son ambition, il conçoit ce mythe extravagant du bonheur de l’humanité pa
432 ne apparence d’utilité publique. À chaque page de ses livres, on pourrait relever les sophismes plus ou moins conscients pa
433 ici que Ford montre le bout de l’oreille, et que son but réel est la production pour elle-même, non pas le plaisir ou l’in
434 uperflue ; le scandale est qu’il l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus profond, cette tromperie-là
435 ne sorte de suicide du genre humain, par perte de son instinct de préservation, d’autorégulation et d’alternances. Tel est
436 nce de liberté, c’est pour mieux les prendre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il est déterminé par
437 esclavage de l’ouvrier, puisqu’il englobe jusqu’à son repos dans le cycle de la production. Cercle vicieux : plus la produc
438 int Ford est conscient des buts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut tr
439 convenablement tout en restant maître de régler à sa guise le détail de sa vie privée. Cette liberté particulière, et cent
440 restant maître de régler à sa guise le détail de sa vie privée. Cette liberté particulière, et cent autres pareilles, com
441 moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’est au plus pur, au plus n
442 naïf matérialiste que nous avons affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront rien. D’ailleurs, voici des
443 iste ? Un seul doute effleure Ford vers la fin de son livre : Le problème de la production a été brillamment résolu… Mais
444 es idées générales de cette sorte sont rares dans son livre. En général, il se borne à parler de problèmes techniques où so
445 , il se borne à parler de problèmes techniques où son triomphe est facile. C’est le technicien parfait qui combat les techn
446 elle est l’idéologie de celui que M. Cambon, dans sa préface, égale aux plus grands esprits de tous les temps. On me dira
447 osopher. Je le veux. Mais si j’insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pou
448 e qu’on ne peut faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « rien de nouveau sous le soleil » derrière lequel
449 se dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esprit, y conduire les peuples. Ainsi, déto
450 n anarchisme stérile. 1° Accepter la technique et ses conditions. Dans cette mécanique bien huilée, au mouvement si régulie
451 isirs tarifés, soumis plus subtilement encore que son travail aux lois d’une offre et d’une demande sans rapport avec ses d
452 is d’une offre et d’une demande sans rapport avec ses désirs réels, et dont il subit docilement l’abstraite et commerciale
453 spondances divines et humaines, insensible même à sa déchéance, abandonné à la lutte tragique et absurde des lois économiq
454 miques et des exigences les plus rudimentaires de son corps. Il a perdu le contact avec les choses naturelles, et par là mê
455 détresse, — qu’il met d’ailleurs sur le compte de sa fatigue. Neurasthénie. La conquête du confort matériel l’a laissé oub
456 laissé se détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effort libre et généreux, le sentiment d’avoir inventé ou co
457 et capricieuse dans le plaisir, la conscience de ses besoins et de ses buts propres, humains et divins. Mauvais loisirs. F
458 ns le plaisir, la conscience de ses besoins et de ses buts propres, humains et divins. Mauvais loisirs. Ford lui a donné un
459 mique, de l’effort humain. Il ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer sa véritable valeur. I
460 on effort individuel dans le monde, lui attribuer sa véritable valeur. Il sent obscurément que son travail est antinaturel
461 buer sa véritable valeur. Il sent obscurément que son travail est antinaturel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque dans
462 rel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en est l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de
463 nous la firent désirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les êtres encore doués de quelque sensibilité
464 d’un mysticisme exaspéré, devenu presque fou dans sa prison. Les intellectuels d’aujourd’hui ont une tâche pressante : che
465 lément Vautel. Dans les pays de langue allemande, son succès est encore plus grand, et de meilleure qualité. Je ne parle pa
65 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
466 érard (24 mars 1928)l À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne. Je vins à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les
467 u’un désir vraiment pur parvient toujours à créer son objet, de même qu’atteignant certain degré d’intensité, un état d’âme
468 mon être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’un monde que
469 arois, noir et blanc, la ravissante héroïne est à son piano, c’est un duo des ténèbres et de la pureté où vibrent par insta
470 je ne sais plus quoi. Mais sans doute évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que moi, il n’entend pas ma question. L’envi
471 rre, le visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu. Il por
472 ne élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment
473 ité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opér
474 s paires de pinces s’accrochèrent désespérément à ses manches. De terreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nui
475 tes et spontanées du plaisir qui seules faisaient sa dignité humaine, parce qu’elles le rattachaient aux buts les plus hau
476 ns souvent la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’est
477 Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise aux citrons de Pompéi, l’Oc
478 apparaît peu à peu, à travers la simultanéité de ses manifestations. Gérard parle avec une liberté magnifique et angoissan
479 tre moitié sera toujours cachée, ainsi la Lune et sa moitié d’ombre. Et parce que tout revit en un instant dans cette visi
480 enfin la substance véritable et unique de toutes ses amours, il communie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames du
481 ue reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin est ailleurs. Il se met à m’expliquer des signes, des généalog
482 de leurs moindres coïncidences. La fatigue calme son lyrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il me raco
483 res coïncidences. La fatigue calme son lyrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces supe
484 e, de temps en temps, s’il parlait à voix basse à son homard, qui semblait d’ailleurs endormi. En passant par la Freyung, n
485 ouvertes des jambes extrêmement hautes tandis que sa tête frisée jetait des insolences sur les chapeaux noirs de ses caval
486 e jetait des insolences sur les chapeaux noirs de ses cavaliers. Tout cela s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y
487 plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient fixés intensément, à la sortie des invités, sur une fe
66 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
488 Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)ar Livre passionnant pour tous ceux que
489 rguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)ar Livre passionnant pour tous ceux que Jules Ver
490 seuls les poètes savent se perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’avoir emprunté le véhicule à la mode pour cond
491 rté. ar. « M. Allotte De La Fuye : Jules Verne, sa vie, son œuvre (S. Kra, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue d
492 r. « M. Allotte De La Fuye : Jules Verne, sa vie, son œuvre (S. Kra, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
67 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
493 ue chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien français et ses applicati
494 r chapitre, variation sur un mot bien français et ses applications faciles à cent célébrités locales. (Quant à Goethe, trai
495 te à portée de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais qu’on nous laisse chercher plu
68 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
496 es caractéristiques du temps — argent, races — et ses rares passions, qui sont la domination et la démolition, l’organisati
497 ître au cœur du monde contemporain l’absurdité de ses ambitions. Écoutons Garine, l’un de ces chefs (c’est lui qui parle au
498 e qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits. C’est ainsi que, masqué par l’enchaînement passionnant de l’a
69 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
499 éduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi des Lois — son expression
500 regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi des Lois — son expression amoureuse du silence et cet ensemble idéal d’étudiant assi
501 aux sociétés de musique… » Barrès cherchait dans ses châteaux en Espagne lamentablement réalisés les témoignages de l’éthi
502 trop demander à une existence bien indécise, que son échec même ne relève pas, et qui tire sa grandeur de celle du décor ?
503 se, que son échec même ne relève pas, et qui tire sa grandeur de celle du décor ? Guy de Pourtalès n’hésite pas à baptiser
504 décor ? Guy de Pourtalès n’hésite pas à baptiser son héros « prince de l’illusion et de la solitude ». Mais un prince rêve
70 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
505 u qui se dit prince russe et entretient autour de sa vie le plus grand mystère. Cependant il aime à raconter certaines scè
506 rançais reçoit une lettre trouvée sur le corps de son ami suicidé, pathétique confession qui doit expliquer sa mort et qui
507 suicidé, pathétique confession qui doit expliquer sa mort et qui est aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à
508 s mais reste dans le jeu. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent, il se reconnaît tributaire de la « vérité trop évi
71 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
509 phane est maniaque, comme tous les jeunes gens de sa génération. Seulement chez lui, cela ne s’est pas porté sur les autos
510 rs types humains. Mais on lui sait peu de grés de sa curiosité. Sans doute est-il trop impatient, demande-t-il aux êtres p
511 e comme un enfant sage que le monde lui donne, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’il fallait la mériter et
512 enfant sage que le monde lui donne, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’il fallait la mériter et tâcher de
513 e à savoir ce qu’il est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il se singularise : il n’écrit pas de livr
514 des miroirs. C’est pourquoi il en installe un sur sa table de travail, de façon à pouvoir s’y surprendre à tout instant. C
515 ntières à se regarder dans les yeux. Il varie sur son visage les jeux de lumière et de sentiments. Il découvre une sorte de
516 timents. Il découvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans les moments de pire découragement ; et beaucoup d’autres
517 s fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même il se perd en méditations éléates. Le so
518 veu qu’il en consent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons dans un décor flamboyant de glaces. À chaque p
519 yant de glaces. À chaque pas, on offre à Stéphane sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de se
520 laces. À chaque pas, on offre à Stéphane sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ;
521 se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en face de lui par l’ascenseur, elle le suit au long de
522 parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre son image pour celle de n’importe quel passant, il se sent comme séparé d
523 ment différent de cette apparence, qu’il doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y cherche une r
524 e, qu’il doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y cherche une révélation et n’y trouve que le dé
525 désir d’une révélation. Peut-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette incantation à soi-même qui po
526 t en diminuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit. Je saute quelques délires et pas mal de superstitions. Enfin ce
527 econnaîtrais-tu sous un autre visage. Car oublier son visage, ne serait-ce pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un
528 notiser l’irrite toujours vaguement. Mais il fuit son propre regard, il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fa
529 urs ivresses l’ont envahi bruyamment, bâillonnent sa raison, l’empêchent de protester contre le miracle. Parmi tous ses mo
530 êchent de protester contre le miracle. Parmi tous ses mots fous, noms, baisers, appels qui reçoivent en même temps leur rép
72 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
531 mme celui d’Anderson : voici un homme qui raconte sa vie avec une émouvante simplicité et il faudrait avoir la grossièreté
532 s deux premiers tomes, où il décrit des scènes de son enfance et de sa jeunesse comme ouvrier. L’art d’Anderson est étonnan
533 mes, où il décrit des scènes de son enfance et de sa jeunesse comme ouvrier. L’art d’Anderson est étonnant d’apparente sim
534 re souvenir. Qui parmi nous sait encore parler de sa mère avec cette virile et religieuse tendresse ? C’est un Chinois, c’
535 n. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa verve doucement comique, si émouvant : « À cette époque je croyais fo
536 de mon temps à faire aboutir la standardization à sa fin logique, ne pourrait-il pas être considéré un jour comme le grand
537 as être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendre impuissant c’est à coup sûr tuer. Or on parle de l’él
538 assassinat du corps humain, mais qui raconte dans son autobiographie que son désir constant était que tous les hommes vivan
539 ain, mais qui raconte dans son autobiographie que son désir constant était que tous les hommes vivant sous lui conservassen
540 vassent la virilité et le respect de soi était de son temps le souverain du monde. Tamerlan pour les anciens. Ford pour les
73 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
541 l’on meurt. Étoile de jour Il naissait à son destin des rayons glissent et rient c’est la caresse des anges parmi
542 orable de savoir la dansante liberté d’un désir à sa naissance L’étoile qui l’accueille au sommet ravi d’un silence c’es
543 ce c’est le miroir d’une absence mais le signe de sa grâce Dans l’or vert évanouie au cœur éclatant du jour scintillera
74 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
544 à se connaître et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deu
545 rt alerte. Jugez-en à la façon dont il parle de «  ses quelques succès, si disproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : «
546 e « ses quelques succès, si disproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : « j’ai eu la chance de discerner très jeune, av
75 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
547 chômage, lequel semble d’ailleurs correspondre à son état d’esprit le plus naturel. Mais de quoi vivent ces bourgeois aima
548 s la rumeur des clients, le violoncelle répond de sa voix profonde et passionnée, sous les roulades d’un cymbalum. Aux par
549 auques… Sortez pour en suivre une, arrêtez-vous à ses côtés devant cet étalage pour admirer un coussin aux curieux dessins
550 falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son flanc une grotte s’illumine, et la Vierge y sourit. Le château royal
551 ine, et la Vierge y sourit. Le château royal avec son amiral régent et ses gardes blancs aux casques d’or s’avance en proue
552 ourit. Le château royal avec son amiral régent et ses gardes blancs aux casques d’or s’avance en proue, dominant superbemen
76 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
553 une douceur patiente, et le laisser créer en nous son silence particulier avant d’entendre les signes qu’il nous propose. U
554 tions est ici descendu plus profond en soi-même ; son art y gagne en densité, en émotion. Des mots simples, mais chacun dan
555 é, en émotion. Des mots simples, mais chacun dans sa mûre saveur ; une phrase naturellement grave ; une voix douce et viri
77 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
556 si douce et si grande… »11 Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est v
557 il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il es
558 ait sagement des odes à la liberté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’amour et du chant prophétique, confondant
559 dame Gontard12, déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une
560 uvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Q
561 , — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses Hymnes une séréni
562 ait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vi
563 n auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient le temps où le sens de
564 presque effrayante. Vient le temps où le sens de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encore quelques c
565 de Bordeaux croit-on), est frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît
566 met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a aimé une femme, pour écrire Hypérion
567 ne pipe qui traîne sur l’appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent… Tout est familier, paisible a
568 traîne sur l’appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent… Tout est familier, paisible au soleil. Il
569 t arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pens
78 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
570 u’on a trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre cher romantisme. La Clef des songes est de nouvea
571 traînait naguère. Jean Cassou vagabonde à travers ses histoires comme son Pierangelo dans la vie. Le hasard, complice des p
572 an Cassou vagabonde à travers ses histoires comme son Pierangelo dans la vie. Le hasard, complice des poètes, lui fait renc
573 ns le gardeur d’oies, le gueux Joseph qui parle à son chien en mourant, une fille qui chante et des enfants surtout, dès le
574 ure ; qui ne serait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoi
79 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
575 çaise. — Livre un peu didactique, trop attentif à sa propre démarche, mais inspiré par cet enthousiasme sacré que requiert
576 férer du mépris de Rimbaud pour le catholicisme à son mépris pour la révélation évangélique. Je ne vois là que l’indice d’u
80 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
577 l’Éternel ne fait que reprendre la défense contre ses adversaires de tous bords. Je voudrais souligner seulement la beauté
578 mmes tous désormais de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure. Je suis loin de partager toutes les idées de M. Bend
579 Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda trahit à son tour quand il tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’el
580 lté elle-même. Mais pour gênante que soit souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l’audace tranquill
581 nous masquer l’audace tranquille et admirable de son point de vue radicalement antimoderne, parce que désintéressé. C’est
582 e qu’on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la vérité tout court. Celle-là même qui paraît anarchiqu
81 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
583 n mauvais goût ! Cependant le jeune homme agitait ses ailes non sans une ingénue fierté. Mais au courant d’air s’enrhuma le
584 t de le perdre. — « Eh ! quoi, — vinrent lui dire ses amis, — l’orgueil t’aveugle-t-il ? Veux-tu conserver, ô cruel, des ai
585 ccusation, comment ne point céder : il fit couper ses ailes. On le félicita de son retour à l’état normal, qui est pédestre
586 éder : il fit couper ses ailes. On le félicita de son retour à l’état normal, qui est pédestre. Mais à partir de ce jour, o
587 ⁂ Celui qui a des ailes sera persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas.
588 sez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur envoya un ange porteur d’une solution fort simple qui d’a
589 qu’on ne lui fît un mauvais parti, l’ange trouva son salut dans un subterfuge : il insinua qu’il parlait au nom d’une sect
590 nts. L’inspiration Comme le poète terminait sa théorie sur la nature de l’inspiration, un doute lui vint. Il alla au
591 je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut : « L’inspiration est le nom qu’on donne en poés
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
592 pprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laideurs et
593 ion publique et grâce à elle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souv
594 eilleure. Mais j’aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et organisé pour la discussion. Il retrous
595 ient et organisé pour la discussion. Il retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh 
596 e mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui sa choucroute, tapez-lui dans le dos, amenez-lui le Guguss, des bretzels
597 dans le dos, amenez-lui le Guguss, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’un
598 considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, j
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
599 oudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter son ardoise où sèchent des traînées de craie grise, où les chiffres trop
600 t vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux ver
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
601 ’instituteur sous l’uniforme peut être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris pour les paysans.
602 par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’il soit officier ou troupier, on le recon
603 ent sur la pédagogie. Ce mot revient souvent dans sa conversation ; il le prononce avec un inimitable sérieux, avec un P m
604 érieux, avec un P majuscule. On sent que c’est là son affaire : Monsieur en un mot est M’sieu l’Instituteur. Signes particu
605 t-instituteur qui veut faire de la pédagogie avec sa section. L’instituteur-lieutenant qui veut traiter militairement ses
606 ituteur-lieutenant qui veut traiter militairement ses élèves témoigne de la même maladresse professionnelle. J’en connaissa
607 risson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloche : l’odeur de goudron et d’urinoirs qui imprègne les corr
608 es devises… —, les estampes piquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
609 ti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut
610 res d’exception, et les réduit avec acharnement à son commun dénominateur4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime q
611 ractérisée, aux yeux de l’étranger impartial, par sa culture intensive et extensive des veaux et des médiocres. Le gava
612 aliser les précédents. Plus ou moins rationalisé. Son instrument le plus parfait s’appelle le manuel. Un bon manuel est un
613 ens voudrait qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais
614 ique et superficielle que la discipline perd tout son sens éducatif et n’est plus qu’une entrave énervante, un système de v
615 ue le bon élève soit celui qui sait utiliser pour son profit humain la petite somme de connaissances indispensables qu’on l
616 , écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylv
617 rs ? Ou bien vous acceptez le régime — mais aussi ses conséquences absurdes et fatales, par exemple l’instruction publique.
618 ans doute d’autres moyens de sauver l’enfant dans sa famille). Ensuite, pourquoi fait-on en réalité, comme si toutes les f
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
619 à craindre que l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationnelle pour apprendre aux bambins à marcher en décomposa
620 es connaissances. On songe à M. Ford, qui donne à ses ouvriers un second dimanche, afin qu’ils consomment deux fois plus de
621 plus profondément, on se glisse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention ; on capte scientifiquement les
622 isse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention ; on capte scientifiquement les sources mêmes de sa liberté
623  ; on capte scientifiquement les sources mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut être la formule d’une tromperi
624 st de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en tiennent lieu.
625 que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en tiennent lieu. 8. Voir à l’app
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
626 e temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un milliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ait pa
627 s jours, et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesque
628 on vraisemblable de cette incurie : l’école, sous sa forme actuelle, remplit suffisamment son rôle politique et social, qu
629 ole, sous sa forme actuelle, remplit suffisamment son rôle politique et social, qui est de fabriquer des électeurs (si poss
630 ype fédéral ne laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement. Cet avantage inappréciable sur le cerveau naturel exp
631 pétentes n’aient point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
632 s politiques. C’était là, nous venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc sur une vaste échelle à
633 elle y est obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustraire les enfants à l’Église et à la famille. L’Églis
634 réalistes, sans lesquelles le monde s’enfonce de son propre poids dans l’abrutissement ou se laisse prendre à des théories
635 d’une civilisation — et c’est l’aspect négatif de sa trahison —, mais encore elle tend à développer tout ce qu’il y a de s
636 fiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est sa façon à elle de répondre aux besoins de l’époque. Pauvre époque ! On
637 l’époque. Pauvre époque ! On parle sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu
638 même temps que cette drogue, elle devrait fournir son contrepoison. Au contraire, elle prépare de consciencieuses poires, d
639 l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’elle en
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
640 que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée. C’est très mali
641 par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses devoirs, c’est frappant : il apprend les questions aussi bien que les
642 sièges, farce connue et qui ridiculise à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne
643 oi notre génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le présent au nom du passé ne signifie pas que l’o
644 ue serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’être sous toutes ses formes, traduit tout en relat
645 triades. Son rationalisme nie l’être sous toutes ses formes, traduit tout en relations et veut rendre toutes relations con
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
646 ts, ni d’aucune grandeur supérieure à la somme de ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé tout
647 ans une certaine mesure un anarchiste s’il défend son opinion de toutes ses forces. Mais c’est un anarchiste de la mauvaise
648 e un anarchiste s’il défend son opinion de toutes ses forces. Mais c’est un anarchiste de la mauvaise espèce, un anarchiste
649 m d’instruction15, et se croirait lésé dans un de ses droits fondamentaux. Le peuple veut s’instruire et on lui bourre le c
650 omprendre que l’école est le plus gros obstacle à sa culture. Et c’est cela, préparer le terrain. D’autre part, il faut pa
651 e qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries ? Autrement dit : quel emploi utopique de l’organis
652 aginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un entraîn
653 e je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les fois qu’il veut obtenir une grande intensité
654 vail. Si chaque matin l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à-vous durant quelques instants, il s’épargnerait de
655 choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de sa folie démocratique ?   Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.  
656 29.   NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions noires et consciemment criminelles. Ce tra
657 venter des dessous pour redonner quelque saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire
658 l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans son activité publique sans que des personnes bien intentionnées viennent
659 e la paroisse, etc. » — Il semble qu’en attaquant ses idées et leurs réalisations ont ait porté atteinte à la dignité moral
660 l’instituteur prend conscience de la nocivité de son action… Ils sont consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même me
661 dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait que l’école n’a pa
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
662 pprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laideurs et
663 ion publique et grâce à elle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souv
664 eilleure. Mais j’aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et organisé pour la discussion. Il retrous
665 ient et organisé pour la discussion. Il retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh 
666 e mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui sa choucroute, tapez-lui dans le dos, amenez-lui le Guguss 2, des bretze
667 ans le dos, amenez-lui le Guguss 2, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’un
668 considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, j
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
669 oudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter son ardoise où sèchent des traînées de craie grise, où les chiffres trop
670 t vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux ver
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
671 ’instituteur sous l’uniforme peut être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris pour les paysans.
672 par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’il soit officier ou troupier, on le recon
673 t-instituteur qui veut faire de la pédagogie avec sa section. L’instituteur-lieutenant qui veut traiter militairement ses
674 ituteur-lieutenant qui veut traiter militairement ses élèves témoigne de la même maladresse professionnelle. J’en connais u
675 risson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloche : l’odeur de goudron et d’urinoirs qui imprègne les corr
676 es devises… —, les estampes piquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie
94 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
677 ti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut
678 res d’exception, et les réduit avec acharnement à son commun dénominateur 4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime
679 ractérisée, aux yeux de l’étranger impartial, par sa culture intensive et extensive des veaux et des médiocres. 3.d. Le
680 aliser les précédents. Plus ou moins rationalisé. Son instrument le plus parfait s’appelle le manuel. Un bon manuel est un
681 ens voudrait qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais
682 ique et superficielle que la discipline perd tout son sens éducatif et n’est plus qu’une entrave énervante, un système de v
683 ue le bon élève soit celui qui sait utiliser pour son profit humain la petite somme de connaissances indispensables qu’on l
684 , écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylv
685 rs ? Ou bien vous acceptez le régime — mais aussi ses conséquences absurdes et fatales, par exemple l’instruction publique.
686 ns doute d’autres moyens de sauver un enfant dans sa famille). Ensuite, pourquoi fait-on en réalité, comme si toutes les f
95 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
687 à craindre que l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationnelle pour apprendre aux bambins à marcher en décomposa
688 es connaissances. On songe à M. Ford, qui donne à ses ouvriers un second dimanche afin qu’ils consomment deux fois plus de
689 plus profondément, on se glisse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention ; on capte scientifiquement les
690 isse à l’intérieur de son esprit, là où s’élabore son invention ; on capte scientifiquement les sources mêmes de sa liberté
691  ; on capte scientifiquement les sources mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut être la formule d’une tromperi
692 st de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en tiennent lieu.
693 que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en tiennent lieu. 8. Voir à l’app
96 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
694 e temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un milliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ait pa
695 os jours et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesque
696 on vraisemblable de cette incurie : l’école, sous sa forme actuelle, remplit suffisamment son rôle politique et social, qu
697 ole, sous sa forme actuelle, remplit suffisamment son rôle politique et social, qui est de fabriquer des électeurs (si poss
698 ype fédéral ne laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement. Cet avantage inappréciable sur le cerveau naturel exp
699 pétentes n’aient point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt
97 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
700 s politiques. C’était là, nous venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc sur une vaste échelle à
701 elle y est obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustraire les enfants à l’Église et à la famille. L’Églis
702 réalistes, sans lesquelles le monde s’enfonce de son propre poids dans l’abrutissement ou se laisse prendre à des théories
703 d’une civilisation — et c’est l’aspect négatif de sa trahison —, mais encore elle tend à développer tout ce qu’il y a de s
704 fiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est sa façon à elle de répondre aux besoins de l’époque. Pauvre époque ! On
705 l’époque. Pauvre époque ! On parle sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu
706 même temps que cette drogue, elle devrait fournir son contrepoison. Au contraire, elle prépare des esclaves du mot. Il est
707 l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’elle en
98 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
708 que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée. C’est très mali
709 par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses devoirs, c’est frappant : il apprend les questions aussi bien que les
710 sièges, farce connue et qui ridiculise à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne
711 oi notre génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le présent au nom du passé ne signifie pas que l’o
712 ue serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’être sous toutes ses formes, traduit tout en relat
713 triades. Son rationalisme nie l’être sous toutes ses formes, traduit tout en relations et veut rendre toutes relations con
99 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
714 ts, ni d’aucune grandeur supérieure à la somme de ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé tout
715 ans une certaine mesure un anarchiste s’il défend son opinion de toutes ses forces. Mais c’est un anarchiste de la mauvaise
716 e un anarchiste s’il défend son opinion de toutes ses forces. Mais c’est un anarchiste de la mauvaise espèce, un anarchiste
717 d’instruction 15, et se croirait lésé dans un de ses droits fondamentaux. Le peuple veut s’instruire et on lui bourre le c
718 omprendre que l’école est le plus gros obstacle à sa culture. Et c’est cela, préparer le terrain. D’autre part, il faut pa
719 e qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries ? Autrement dit : quel emploi utopique de l’organis
720 aginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensées. Un entraî
721 e je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les fois qu’il veut obtenir une grande intensité
722 vail. Si chaque matin l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à-vous durant quelques instants, il s’épargnerait de
723 choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de sa folie démocratique ?   Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.  
724 29.   NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions noires et consciemment criminelles. Ce tra
725 venter des dessous pour redonner quelque saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire
726 l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans ses activités publiques sans que des personnes bien intentionnées viennen
727 de la paroisse, et… » — Il semble qu’en attaquant ses idées et leurs réalisations on ait porté atteinte à la dignité morale
728 l’instituteur prend conscience de la nocivité de son action… Ils sont consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même me
729 que dit Tolstoï sur cette haine et ce besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait que l’école n’a pa
100 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
730 ’Henry Michaux, en se cantonnant franchement dans ses propriétés, y découvre sans cesse de nouvelles sources. Il défriche e
731 bizarrerie (Mort d’un Page). Cependant je préfère ses proses : il y a ici plus qu’une manière et qu’un ton, il y a une visi
732 d’une force physique, déforme et recrée le réel à son gré. Seule compte la réalité intérieure, mais elle apparaît toujours