1 1946, Présence, articles (1932–1946). Le Nœud gordien renoué (avril 1946)
1 Le Nœud gordien renoué (avril 1946)j Un oracle avait annoncé que serait ro
2 du char, le voilà qui se met à nouer le plus beau nœud qu’il ait jamais rêvé. Il y passe des heures indicibles d’intensité e
3 t de concentration. C’est le temps de sa vie ! Ce nœud l’attestera. L’innocence du prédestiné, et la malice du paysan s’y mê
4 né ! On ne sait rien du règne de Gordius. Mais le nœud qu’il noua devint célèbre. Un oracle nouveau ne tarda pas à le consac
5 le dénouer régnerait sur toute l’Asie. ⁂ Car un nœud , c’est d’abord un anneau : signe d’alliance et de prise du pouvoir. C
6 devient graine. Celui qui sait comment se fait un nœud , sait aussi comment le défaire, et le refaire : il détient le secret
7 traitable. Je dardais un regard de flèche vers ce nœud de vipères impassible. Des vengeances profondes se lovaient dans les
8 ntempler ceux qui, à mon instar, contemplaient le Nœud gordien. Celui qui le portait en lui-même et qui se faisait analyser
9 e que le prêtre avait dénoué en lui, refaisant le nœud d’après nature, l’aimant parce qu’il était dans sa nature… Celui qui
10 s que l’on peut reproduire à volonté. Quel est ce nœud , réel, unique, inimitable, cet objet devant moi indubitable, et que l
11 t un jour s’acquitter de ses dévotions. Devant le nœud , après un long regard, elle dit : — Ce n’est pas si ressemblant que c
12 le temple au jour dit par ses astres, trancha le nœud d’un coup d’épée, ramassa le prix pour la durée de la saison. (Tous l
13 cul. Car une coupe transversale pratiquée dans un nœud n’apprend à peu près rien sur sa structure, mais détruit à jamais l’e
14 ître ou d’aimer. ⁂ On ne peut opposer au mythe du Nœud gordien que l’histoire du Nœud-le-plus-simple-du-monde. La guerre ci
15 le et la tendit au messager : — Va leur donner ce nœud , dit-il, afin qu’ils le dénouent. — Un faible enfant pourrait le déno
16 icolas de Flue est résultée la Suisse moderne, ce nœud gordien de langues, de races, de religions, d’institutions de tous le
17 jamais pu trancher. j. Rougemont Denis de, « Le Nœud gordien renoué », Présence, Lausanne et Genève, avril 1946, p. 45-48.