1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès, nous offre plus qu’un agrément purement littéraire : une leçon d’énergie.
2 il abandonna le stade et rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœuré du désordre général, il cherche des remèdes, et n
3 é du désordre général, il cherche des remèdes, et nous tend les premiers qui lui tombent sous la main : le sport et la moral
4 ande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades que parcour
5 at. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé que nous conduirait cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en
6 générales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile nous est néanmoins plus proche que la sensualité vaguement chrétienne de t
7 qui joue franc jeu. S’il faut lutter contre lui, nous savons qu’il observera les règles. Saluons-le donc du salut des équip
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
8 peinture française, des débuts du xixe siècle à nos jours. Partis du classicisme de David et d’Ingres, les peintres franç
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
9 ans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à not
10 e phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu qu
11 ue « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour l
12 e pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour la paix », c’est une affirmati
13 coup d’antérieures protestations belliqueuses. Il nous montre « des Français qui pensent ces carnages inévitables, avec un b
14 de ces hommes qui « descendirent » du front dans notre paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signification ? Pourtan
15 ix, c’est vers de plus sereines exaltations qu’il va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antique,
16 reines exaltations qu’il va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rome o
17 umission au réel durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lo
18 e toute faiblesse, flamme d’une pureté si rare en notre siècle, qu’elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la mo
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
19 rêves », la logique, dernier agent de liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un man
20 logique, dernier agent de liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont
21 . Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous retiendra moins que la significative pauvreté idéologique et morale q
22 e style brillant et elliptique qui tend à devenir notre poncif moderne, — si propre à égarer dans d’ingénieuses métaphores qu
23 orçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persuader que tout poème doit être une dictée non corrigée du Rêve. J
24 cette attitude n’était qu’une protestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle risque bien de nous en rendre un peu
25 s poncifs intellectuels. Mais elle risque bien de nous en rendre un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont ils se réclam
26 n abandonnés par Dada S.A. Ce n’est pas ainsi que nous sortirons d’une anarchie dont les causes semblent avant tout morales.
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
27 Van Gogh fut une proie du génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres
28 Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne dut rie
29 cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne dut rien à l’homme, d’
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
30 rondeuse vis-à-vis du gouvernement, le libérateur va se lever. C’est un descendant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou
31 arramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un formidable mouvement de protestation contre les lois tyra
32 foules : déjà elles huent sa modération. Alors il va se jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la paix
33 n somme, réussi, une entreprise bien téméraire de nos jours : un roman à thèse aussi intelligent que vivant. d. Rougemon
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
34 ellectuelle. Grand siècle de critique pour lequel nos contemporains accumulent les documents. La littérature de ces dernièr
35 estiment que la question ne se pose pas, puisque nous sommes chrétiens. (Mais le christianisme, religion missionnaire, ne p
36 le christianisme, religion missionnaire, ne peut nous donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son principe le
37 qui le mènent à des conclusions de ce genre : si nous trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation historique des peuples
38 euples chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion romaine (ce christian
39 ns de maudire l’Orient ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous aurons entrevu peut-être pour la première fois le
40 ient ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous aurons entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe « 
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
41 tative de solitude (septembre 1925)f « Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne
42 (septembre 1925)f « Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue que soutenu p
43 e joue que soutenu par le contrôle que les autres nous imposent », dit un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’a pei
44 e qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis i
45 ar l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous , — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoya
46 i quelques sentences : « C’est de la faiblesse de nos yeux que frissonnent les étoiles. » f. Rougemont Denis de, « [Comp
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
47 le louer d’avoir conservé une vision générale de notre temps et un évident besoin d’impartialité. Son art bénéficie de cette
48 in » de la santé et de la raison. C’est à lui que va la sympathie de l’auteur et la nôtre. h. Rougemont Denis de, « [Co
49 C’est à lui que va la sympathie de l’auteur et la nôtre . h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Otto Flake, Der Gute Weg
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
50 re « d’importance européenne », croyez-vous qu’il aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un sommet ? Po
51 ires ne suscitent un intérêt très profond : elles nous transportent au cœur de préoccupations des plus modernes, problème de
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
52 ortance si l’on songe au service que M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’actualité la plus brûlante les richesse
53 nt profonde, son point d’appui plus central. Pour notre époque déchirée entre un thomisme et un nihilisme exaspérés, pour not
54 entre un thomisme et un nihilisme exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il n’est peut-être pas de pensée plus vivante,
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
55 penche sans vertige sur ses abîmes. Simplicité de notre temps ! Au-dessus de la trépidation immense des machines, un Saint-Jo
56 is facile : la description du monde qu’il invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et
57  ? Pour peu qu’ils sortent des cafés littéraires, nos poètes respirent le même air du temps. Leur originalité se retrouve d
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
58 é secrète (décembre 1925)n La Révolution russe va-t -elle usurper dans le roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec
59 era toujours « indéfinissable ». M. Walpole, dont nous commençons aujourd’hui un roman bien différent, a vu la Révolution sa
60 tant, d’explosion. Le géant russe est un enfant : va-t -il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de
61 ion. Le géant russe est un enfant : va-t-il rire, va-t -il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque c
62 ent de toute la force du trouble qu’ils créent en nous  : Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique secrètement tourmen
14 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
63 rès nombreux public, la série des conférences que nous promet le groupe neuchâtelois des « Amis de la pensée protestante ».
64 dis que ce terme n’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d
65 ’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élément de
66 otestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élément de grandeur morale que les saint
67 les saints maintiennent dans l’Église. M. Guisan va très loin dans ses concessions à de telles critiques. Mais c’est pour
68 qu’a voulu restaurer le protestantisme. La place nous manque pour louer comme il conviendrait la clarté d’un exposé solidem
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
69 ieu, beau désordre… (mars 1926)o L’époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans
70 nouveaux ou chute irrémédiable. Peut-être pouvons- nous choisir encore entre un ressaisissement profond et la ruine. Mais cer
71 et ridiculement opportuniste où mène la pente de notre civilisation. Meneurs et chefs : des économistes, des financiers, des
72 Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappa
73 layer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappant dans les gé
74 ent sceptique ou railleur. Au cœur de la crise de notre civilisation, il y a un problème de morale à résoudre, une conscience
75 résoudre, une conscience individuelle à recréer. Nous y employer, pour l’heure, c’est la seule façon efficace de servir. ⁂
76 fficace de servir. ⁂ On se complaît à répéter que nous vivons dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il n’existe pa
77 de tous les vieux bateaux, il y a une seule mer. Nos agitations contradictoires s’affrontent comme des vagues soulevées pa
78 vagues soulevées par une même tempête. L’unité de notre temps est en profondeur : c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gid
79 en tirait une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’
80 etrouvera une nouvelle face de la vérité. Bornons- nous à noter le phénomène, puis à en suivre quelques conséquences. Connai
81 combinaisons possibles. Exaltation méthodique de nos facultés de plaisir : déjà nous en sommes à cultiver certaines douleu
82 tion méthodique de nos facultés de plaisir : déjà nous en sommes à cultiver certaines douleurs, plaisirs rares ; et les diss
83 Révolution d’abord. Révolution toujours ». « Pour nous , le salut n’est nulle part… » « Je comprends la révolte des autres et
84 il faudra bien se remettre à manger, tout de même nous avons un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution tou
85 on attention dans une sincérité si voulue qu’elle va parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes malades
86 parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes malades dans les profondeurs. Et le mal est si cruellement iso
87 l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureuses que n
88 èrement perfide de perdre ce que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureuses que nous avions jusqu’
89 pprîmes à mépriser les longues vies heureuses que nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de tout
90 que nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de toutes les jouissances humaines. L’espèce de sincé
91 s. L’espèce de sincérité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur to
92 espèce de sincérité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur tout ar
93 ité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur tout argument d’utilité
94 avec horreur tout argument d’utilité, et bien que nous niions toute vérité, nous étions dominés par le sens d’une réalité mo
95 d’utilité, et bien que nous niions toute vérité, nous étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
96 d’une réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger d
97 ngt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous , mais pouvions-nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel
98 lasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions- nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel tout apparaît inuti
99 ans de jeunes qui se situent entre Gide et Aragon nous montrent le même personnage : un être sans foi, à qui une sorte de « 
100 de l’acte gratuit, qui restera caractéristique de notre époque. Mais Gide est responsable d’une autre méthode de culture de
101 ’est par sincérité qu’on mentira, puisque parfois nous sommes spontanément portés à mentir. On en vient naturellement à cons
102 e élite. Tel est l’état d’esprit de la plupart de nos jeunes moralistes. Le mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliqu
103 es limites. « Il n’y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur qui le soulevait contre lui-même,
104 version d’une vertu qui se brûle elle-même. Je ne vais point nier la fécondité psychologique d’une attitude par ailleurs si
105 qu’on ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par ensembles7 : symptôme de fatigue. Mais tout cela 
106 ut cela ne dérive-t-il pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le rythme des jours et des nuits à mesure que se dé
107 ue devient un des éléments les plus importants de notre psychologie. Images des surréalistes — ils l’indiquent eux-mêmes —, c
108 ’Europe galante, de Morand). La lucidité aiguë de nos psychologues est cet état presque inhumain de celui qui n’a pas dormi
109 s, et qui résiste le mieux à l’analyse. Seulement nous y perdons graduellement l’intelligence de nos instincts, la conscienc
110 nt nous y perdons graduellement l’intelligence de nos instincts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servi
111 l’intelligence de nos instincts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade v
112 ites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade vers des folies. ⁂ Recréer une conscience individuelle ; ret
113 on complète contre celle d’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout. Il ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense
114 8, à quoi beaucoup sacrifièrent leur jeunesse. («  Nous sommes une génération de cobayes » remarque Paul Morand.) Il faut agi
115 ère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’ils s’en vont « épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant ses douleur
116 d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen nous met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1.
117 oètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mais que nos moralistes — presque tous les jeunes écrivains — se souviennent de pe
118 ature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tou
119 désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous empêche secrètement de construire et de nous construire. Jamais l’on
120 erne nous empêche secrètement de construire et de nous construire. Jamais l’on ne fut plus loin de l’idéal goethéen : au lie
121 scou qu’à Montparnasse. D’ailleurs leurs théories nous ramèneraient vite l’âge de la pierre, à la condition d’homme la plus
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
122 d’introduire le jargon de la science moderne.) Si nous reconnaissons à la base de cette œuvre inégale des idées vieilles com
17 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
123 occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent l’un de la Réalité prolétarienne, l’autre de la Mentalité p
124 « réalité prolétarienne ». « Cercles vicieux que nos syndicats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que nous v
125 rcle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que nous voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradante conditi
126 mme au-dessus de la plus dégradante condition, et nous n’y arriverons que par un travail d’éducation lent et souvent dangere
127 nt et souvent dangereux. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tan
128 ent dangereux. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » C
129 x. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conféren
130 iants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conférences et autant
131 ur nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conférences et autant de cultes en trois jo
132 Romands recouvrent l’usage de la parole, puis on va se dégourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du village une
133 t de professeurs suisses et français. Miracle qui nous fit croire un instant à la fameuse devise de la Révolution. d. Rou
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
134 conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite que sa recherche de l’ordre révèle simplement une volonté de con
135 es limites de cette école, et qu’il eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiques. Mais quelle
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
136 pure sur soi, c’est se refuser à l’élan vital qui nous crée sans cesse : l’analyse de sa solitude le laisse en face de quelq
137 lligence qui se dégoûte, tel est le spectacle que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu de plus effrayants. A
138 st peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez- nous la force et le courage de contempler nos corps et nos cœurs sans dégo
139 donnez-nous la force et le courage de contempler nos corps et nos cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-il
140 la force et le courage de contempler nos corps et nos cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-il le courage d
20 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
141 rologiques du succès d’une telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à ce que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
142 Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)v Nous disons adieu aux charmes troubles et inhumains de la nature. Il s’agi
143 s et inhumains de la nature. Il s’agit de créer à notre vie moderne un décor utile et beau. Or « la grande ville, phénomène d
144 t « la ville est une image puissante qui actionne notre esprit » après avoir été créée par lui, — comme la poésie. C’est ains
145 sociales d’aujourd’hui. Pour résoudre la crise de notre civilisation sous cet aspect comme sous les autres, il nous faut mieu
146 isation sous cet aspect comme sous les autres, il nous faut mieux que des dictateurs : des Architectes, de l’esprit et de la
147 ’époque de Lénine, du fascisme, du ciment armé. «  Notre monde comme un ossuaire est couvert des détritus d’époques mortes. Un
148 couvert des détritus d’époques mortes. Une tâche nous incombe, construire le cadre de notre existence… construire les ville
149 s. Une tâche nous incombe, construire le cadre de notre existence… construire les villes de notre temps ». Et je déplie ce pl
150 adre de notre existence… construire les villes de notre temps ». Et je déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures gé
151 ordonnances élèvent leur chant. Utopie ! Oui, si notre civilisation s’avoue trop fatiguée pour créer avec ses moyens matérie
152 er un espace architectural lumineux à la place de nos cités congestionnées, ce serait peut-être tuer au soleil des germes d
22 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
153 ai 1926)g Écrire, pas plus que vivre, n’est de nos jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur nous-même
154 que vivre, n’est de nos jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur nous-mêmes, et si craintifs en même tem
155 t si craintifs en même temps, si jaloux de ne pas nous déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles
156 jaloux de ne pas nous déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre
157 s déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre esprit, le lui rend
158 e nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la suite ; c’est peut-être pourquoi
159 ent bien dans la suite ; c’est peut-être pourquoi nous accordons voix dans le débat d’écrire, aux forces les plus secrètes d
160 e débat d’écrire, aux forces les plus secrètes de notre être comme aux calculs les plus rusés. Nous choisissons les idées com
161 s de notre être comme aux calculs les plus rusés. Nous choisissons les idées comme on choisit un amour dont on est anxieux d
162 nt de ressortir trop différent. Amour de soi, qui nous tourmente obscurément et nous obsède de craintes et de réticences don
163 . Amour de soi, qui nous tourmente obscurément et nous obsède de craintes et de réticences dont nous ne comprenons pas toujo
164 et nous obsède de craintes et de réticences dont nous ne comprenons pas toujours l’objet. Peur de perdre le fil de la consc
165 s ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’ allais plier des résistances à mon gré, agir sur les choses… Vers le soir, l
166 etrouver ces limites : la vie moderne, mécanique, nous les fait oublier, d’où cette fatigue générale qui fausse tout, et qui
167 de, si je m’en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une conscience. Je fais partie d’un ensemble so
168 e. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans une vie
169 éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpass
170 sais quelle légèreté puissante, quelle confiance vont guider ce corps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vo
171 La sincérité absolue, « scientifique » me paraît aller contre fin. Une attention trop directe et soutenue modifie son objet
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
172 rnes de la psychologie et de la philosophie. Pour nous prémunir contre le pouvoir d’analyse — une analyse qui retient les él
173 t proustienne a porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newman, les exemples d’un Meredith et d’un
24 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
174 d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous  ; en prise directe sur notre énergie physique. Partout rôdent des pré
175 de plus bondissant en nous ; en prise directe sur notre énergie physique. Partout rôdent des présences animales. Tandis que s
176 ême temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime,
177 à. Et c’est un moraliste de grande race, qui peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orgueilleus
178 turel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’avons- nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impos
179 ’avons-nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une
180 ne vaut-elle pas d’être élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue des athlètes en action, un tel livre commun
181 nt s’abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replacent dans l’intelligence de l’instinct universel et nous élèvent
182 nt dans l’intelligence de l’instinct universel et nous élèvent à une vie plus âpre et violemment contractée, par la grâce de
25 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
183 à demi-européanisés ou germains désillusionnés — nous annoncent le « crépuscule du monde occidental », et, au-dessus des ru
184 idental », et, au-dessus des ruines prochaines de nos cités mécaniciennes, ils rallument le mirage d’un Orient paradisiaque
185 rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où nous viendraient une fois de plus la sagesse et la lumière. De récentes en
186 sques, ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous ont habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil a
187 s d’œil aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certain
188 ui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’est si
189 rait du christianisme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs or
190 n qu’ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un p
191 le mènent à cette constatation fondamentale que «  notre intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables ». Dès
192 à un péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des
193 sant, ni surtout que nous ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulmans, c’est que le specta
194 sulmans, c’est que le spectacle de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place me manque pour parler co
195 de leur décadence nous enseigne comment éviter la nôtre . » La place me manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des d
26 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
196 et roses. De l’autre côté, c’est le vide, où s’en vont lentement les eaux et les lueurs, vers la mer. Sur le Lungarno trop v
197 ne. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais s
198 ait sa chaleur, au long des quais sans bancs pour notre lassitude. Florence s’éloignait derrière nous qui suivions maintenant
199 ur notre lassitude. Florence s’éloignait derrière nous qui suivions maintenant le sentier du bord du fleuve, plus bas que la
200 ait dans l’air plus frais, avec l’odeur du limon. Nous marchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant du fleuve, parmi
201 accoutumance au monde de sensations inconnues où nous étions baignés nous promettait pourtant une connaissance plus intime
202 de de sensations inconnues où nous étions baignés nous promettait pourtant une connaissance plus intime de certaine tristess
203 ’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne depuis un moment sur le chemin de l’autre rive. Il y a un
204 pparition. (Tu parlais de chromos, de romantisme… nous voici dans une réalité bien plus étrange.) Une atmosphère de triste v
205 étrange.) Une atmosphère de triste volupté emplit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge s
206 ais, cherchant le gué. Plus proches, les syllabes nous parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre
207 parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos p
208 ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n
209 , comme une barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux ont regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu
210 d’un tableau. Nos yeux ont regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que les bœufs ruisselants rem
211 usqu’à ce que les bœufs ruisselants remontent sur notre rive. Fraîcheur humide, parfums à peine sensibles, bruissement vague
212 nvie de sommeil. Une lampe dans la maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. F
213 s la maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les cham
214 maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les champs so
215 au couchant. San Miniato sur sa colline. Derrière nous , les arbres se brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons
216 arbres se brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons un mystère à jamais impénétrable pour l’homme, nous fuyons c
217 ns un mystère à jamais impénétrable pour l’homme, nous fuyons ces bords où conspirent des ombres informes et des harmonies t
218 es troubles de parfums et de courbes compliquées. Nous secouons un sortilège pénétrant comme cette brume, une vie étrangère,
219 étrangère, une paix qui n’est pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous la lâche volupté de senti
220 t qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous la lâche volupté de sentir l’esprit se défaire et couler sans fin ver
221 eureuse d’être pliée au vent qui ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait,
222 s si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à nos sens, fatigués de l’esprit qui les exerce,
223 silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à nos sens, fatigués de l’esprit qui les exerce, des voluptés plus faciles
224 ce, des voluptés plus faciles — pour infuser dans nos corps charmés d’un repos sans rêves une langueur dont on ne voudrait
225 ne langueur dont on ne voudrait plus guérir… Mais nous voyons la ville debout dans ses lumières. Architectures ! langage des
226 . Architectures ! langage des dieux, ô joies pour notre joie mesurées, courbes qu’épousent nos ferveurs, angles purs, repos d
227 ies pour notre joie mesurées, courbes qu’épousent nos ferveurs, angles purs, repos de l’esprit qui s’appuie sur son œuvre !
228 équilibre retrouvé. Un grand pont de fer, près de nous , érigeait l’image de la lutte et des forces humaines, et rendait sous
229 es humaines, et rendait sous des coups un son qui nous évoqua les rumeurs de villes d’usines. Il y avait la vie des hommes p
230 main, et il était beau d’y songer un peu avant de nous abandonner à l’oubli luxueux des rues. Le long de l’Arno, les façades
231 graves. Toutes ces formes devinées dans l’espace nous environnent d’une obscure confiance. Livrons-nous aux jeux des hommes
232 nous environnent d’une obscure confiance. Livrons- nous aux jeux des hommes-qui-font-des-gestes. Les autos répètent sans fin
233 ent sans fin les notes mêlées d’une symphonie qui va peut-être composer tous les bruits de la ville en un chant immense. I
234 ssantes. Sous cette agitation aimable et monotone nous allons voir courir l’arabesque des sentiments et le mouvement perpétu
235 es. Sous cette agitation aimable et monotone nous allons voir courir l’arabesque des sentiments et le mouvement perpétuel de l
27 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
236 écise (décembre 1926)y L’auteur veut amuser en nous quelques idées graves en leur présentant les miroirs de personnages c
28 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
237 Toute la tendresse que ranime un soleil lointain va tourner en cruelle mélancolie. Pourquoi, Henri de Closain, quitter le
238 ’inévitable bar, le couple de juifs espagnols qui va l’entraîner avec son mauvais cœur, dans une aventure incertaine et do
239 ne émotion plus grave, qui transparaît parfois et nous fait regretter que l’auteur ne se soit pas mieux abandonné à son suje
29 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
240 t d’Europe à un Français qui lui répond de Chine. Nous sommes loin du ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non san
241 t celle de l’ordre sont chaque jour confondues ». Nous cherchons à conquérir non le monde, mais son ordre. Nous humilions sa
242 erchons à conquérir non le monde, mais son ordre. Nous humilions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohére
243 monde, mais son ordre. Nous humilions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre e
244 au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notre ordre social « comme une adroi
245 quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notre ordre social « comme une adroite fêlure ». Notre morale est entièreme
246 notre ordre social « comme une adroite fêlure ». Notre morale est entièrement subordonnée à l’action ; notre individualisme
247 e morale est entièrement subordonnée à l’action ; notre individualisme en naît logiquement, et toutes nos catégories artifici
248 tre individualisme en naît logiquement, et toutes nos catégories artificielles et nécessaires. Mais le monde échappe toujou
249 et nécessaires. Mais le monde échappe toujours à nos cadres — perpétuel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notr
250 urs à nos cadres — perpétuel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notre ambition la plus haute échoue. La tristess
251 uel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notre ambition la plus haute échoue. La tristesse règne sur nos villes. (Ne
252 tion la plus haute échoue. La tristesse règne sur nos villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême,
253 villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi, est douloureuse : le sacrifice. Sans doute, cet
254 ieux par la comparaison de l’idéal asiatique avec le nôtre . Mais je crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire
255 lutôt une unité supérieure de l’esprit humain que nous découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaines dém
256 re de l’esprit humain que nous découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaines démences qui enfièvrent l’E
257 nous découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaines démences qui enfièvrent l’Europe. Tandis que M. Ford
258 thode pour « réussir » — à quoi, grands dieux ? —  nous prenons chaque jour une conscience plus claire de la vanité de nos bu
259 e jour une conscience plus claire de la vanité de nos buts, « capables d’agir jusqu’au sacrifice, mais pleins de dégoût dev
260 t devant la volonté d’action qui tord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’est-il pas de position plus périlleuse, puisq
261 se, puisqu’elle risque de ne laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la destruction et de l’anarchie, exempt de pa
30 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
262 )a b Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de débuter par l’inévitable discours sur les difficultés
263 lles en particulier qu’implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvais
264 r qu’implique la publication de notre revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, co
265 ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent,
266 rait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ail
267 Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ailleurs, plus que jamais,
268 d’ailleurs, plus que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on
269 que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous obli
270 raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté
271 . La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu para
272 sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu imper
273 parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et, disons
274 ela uniquement — être nous-mêmes — que consistera notre programme. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’est-ce pas
275 sent : mais n’est-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous
276 ur nos aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne sa
277 er plus patiemment encore à nous comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui,
278 e et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans l
279 rder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller , et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque
280 nce sans laquelle nous ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bénéfice en r
281 s leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profonde
282 Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quel
283 ne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs.
284 es nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’ allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs. Nous savo
285 er à quelque sensationnelle révision des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avan
286 nnelle révision des valeurs. Nous savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Am
287 t de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-êtr
288 -elle faire réfléchir utilement sur ses causes…   Nous ne proposerons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre fac
289 mensuel à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quo
290 el à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi fai
291 us empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons-nous dit,
292 quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons- nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revu
293 Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une
294 mes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littér
295 otre but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
296 ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous som
297 pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) No
298 e. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminem
299 étention éminemment peu bellettrienne. Que sommes- nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mie
300 e vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et ind
301 quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute chose v
31 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
302 Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)c Nous voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallai
303 que satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi que nous trompant nous-mêmes, sous le prétexte toujours de probité intellectue
304 rs de probité intellectuelle ou de courage moral, nous avons élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous
305 — et qui légitime tous les dénis de morale à quoi nous obligeaient en réalité on sait quel dégoût, et certains désirs de gra
306 our parler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sa
307 ce de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode
308 ation et de déduction passablement sèche pourrait nous donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opération
309 chères aventures. Sincérité et spontanéité «  Nos actes les plus sincères sont aussi les moins calculés », écrit Gide.
310 Fleurissoire « pour rien » ne songeait pas qu’il allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché tout un
311 lirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à nous donner de nous-mêmes une connaissance plus intense et plus émouvante 
312 et plus émouvante ; mais la morale, plutôt que de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plu
313 ais la morale, plutôt que de nous constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plus conscient à la fois
314 s à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs,
315 e d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines l
316 . Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se retrouve
317 comment, mais selon certaines lois où se retrouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt in
318 nes lois où se retrouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des re
319 ouve notre individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes
320 moyen de connaissance, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue
321 té et montrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute interve
322 e style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait
323 le. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait leur
324 s ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais on nommera cela de l’hypocri
325 un peu en prendre son parti. La sincérité crée en nous un fait accompli. J’appelle hypocrisie envers soi-même une volonté —
326 ibilité de traduire un dynamisme directement dans notre langage statique. 3. « Et certes quand il s’agit de parole ou d’écri
32 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
327 ’eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je m’en souvi
328 la banlieue printanière ; des soupers d’amis dans notre modeste salle à manger ; des jaquettes de couleur pour ma femme… Mais
329 visible. Bientôt il m’offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai. Il demanda des port
330 frit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je
331 orde pour les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que j’ allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la posse
332 heur qu’ils croient lié à la possession, et que j’ allais vivre aussi sur le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croya
333 rgent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais que j’ allais adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand je songe à
334 s adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va . Quand je songe à tous ces gens qui perdent leur vie à la gagner9, et
335 fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendront j
336 s de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’ irai tenter la misère aux yeux las pleins de rêves, la misère qui fait des
337 t mes pensées. Je vis qu’une femme était assise à notre table, en robe rouge, et très fardée. Elle jouait avec la rose. Les d
338 t le même. Puis elle me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur
339 e lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’ aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je vou
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
340 pareillement énormes. Il faut remonter loin dans notre littérature pour trouver semblable domination de la langue. Et parmi
341 ernes, il bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres délires, des
34 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
342 ffrance mes baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’a
35 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
343 printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et nous irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, u
344 temps désormais rendra le ciel plus pâle, et nous irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, un café
36 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
345 Dans le Style (janvier 1927)h Nous recevons d’un bellettrien facétieux cet « Hommage à Paul Morand » :
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
346 en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par dedans…
347 voluptueux que philosophe, c’est à l’amour qu’il ira demander la souffrance indispensable au perfectionnement de son âme.
348 orte si les Allemands qui, fréquente sontae, pour notre plaisir, un peu plus viennois que naturel s’il parle de choses d’art
349 comme on fait dans Proust, si les passions qu’il nous peint sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît
350 même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur que l’on
351 eu sombre qui s’en dégage, sagesse qui veut « que nous appelions les âmes à la vie après seulement toutes les morts du plais
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
352 un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il
353 s postales illustrées. Déjà la foule des danseurs nous séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
354 e « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment, nous n’en demandions pas tant… k. Rougemont Denis de, « Orphée sans char
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
355 y a pas à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes
356 tiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbé
357 s, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croie
358 e. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui conf
359 oirs où une idée de la responsabilité s’empare de nous . Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit so
360 ne idée de la responsabilité s’empare de nous. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et
361 s son for le plus intérieur, d’une fuite en auto, nous rassure provisoirement… Prosopopée, à propos d’une apparition L
362 d’une apparition La vieille Monture 6 un soir nous apparut, lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée et tâchant à
363 tion. » Enfin l’on joua aux petits dés le sort de notre parade — et l’on gagna. Enthousiasmé, « Mimosa » partit pour la Rivie
364 de la jeune Synovie », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le pro
365 e », parade « née du mariage de nos veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le programme. Un peu d’h
41 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
366 ette attitude est plus rare qu’on ne le croit, de nos jours.) M. Esmonin montra avec beaucoup de clarté comment, entre 1578
367 les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’ont commis d’autre
368 t commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre de plus belle : la guerre civile succède aux dragonnades. M
369 oire de la France. Déviation telle, en effet, que nous en sentons les conséquences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. E
370 en effet, que nous en sentons les conséquences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir
371 uences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il
372 encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacrer à Loui
373 réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacrer à Louis XIV l’exposé si dénué de parti pris, si libre et d’
42 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
374 egard se promène sur le même monde où se plaisent nos jeunes poètes cosmopolites, mais il garde une certaine discrétion, ce
375 fois l’on se demande si l’Auber de Jean Cassou ne va pas s’attabler au café en face des personnages de Jaloux. Et peut-êtr
376 discret mais précis et le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’inte
377 u’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’intervienne, mouvements de nos passions à
378 avant que la raison n’intervienne, mouvements de nos passions à nous-mêmes inavoués, rêves éveillés. Tout un système de va
379 la raison ignore ou tyrannise aveuglément, car «  nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui
380 ou tyrannise aveuglément, car « nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nou
381 r « nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère
382 son à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous , et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péri
43 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
383 ontagnes russes. (J’ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les margue
384 Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le domaine du merveilleux moderne. Un pe
385 le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le p
386 que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre . Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement des têtes
387 éçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis-je, si seulement. » Mais tout
388 eulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieus
389 tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précise de
390 fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma doit nous « transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute bizarreri
391 e bizarrerie détourne du véritable miracle auquel nous assistons. Mais de pareils défauts sont presque inévitables dans une
392 ie… C’est une réalité aussi réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « norm
393 i réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors c
394 s pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêt
395 ille figures que peut revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encore par des habitudes nées des nécessit
396 par des habitudes nées des nécessités sociales — nous empêchent de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’est pas s
397 u’un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vert
398 me Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, e
399 s, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regard
400 nations vertigineuses, et nous en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront e
401 encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront enfin gagner de vitesse les prodiges que
402 se les prodiges que déclenche René Clair, verrons- nous , pris par surprise dans l’exploration ivre d’un projecteur, des signe
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
403 Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur
404 et anarchique : ce sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t-il trop négligé le rôle extér
405 te que l’une (celle de Gide) ne fait que différer notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine notre angoisse qu’en y subs
406 r notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ».
407 culée à la rigueur d’un choix presque impossible, notre incertitude paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’a-t-il pa
408 Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Daniel-Rops, Notre inquiétude  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, a
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
409 Il n’existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est
410 taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il
411 nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions no
412 u’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vou
413 tortures fascinantes de la sainteté, seules vous nous appelez encore hors de cette voix de l’infini où chancellent parmi le
414 voix de l’infini où chancellent parmi les éclairs nos premiers pas. Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où s’enfuie
415 atues7. » Il s’agit bien de critique littéraire ! Nous sommes ici en présence d’une des tentatives de libération les plus vi
416 es quelques portes de sortie » ou compromis :   «  Nous étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
417 d’une réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans
418 d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet inf
419 sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions-nous accepté le sort communément heureux de
420 ini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions- nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puis
421 rions-nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de
422 définitivement les problèmes métaphysiques ? »   Nous naissons à quelque chose qui imite la vie dans une époque d’inconceva
423 el se soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salu
424 ion. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le
425 core quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est null
426 -uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». U
427 t. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne pe
428 entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
429 cun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fait oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où sont exclues to
430 irituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux, on nous sert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux
431 c’est encore un Musset, seulement transposé dans notre siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, p
432 if, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre.
433 pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de
434 sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, o
435 cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous
436 l des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour A
437 ut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nu
438 — pas toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. «  Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y
439 novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nou
440 . « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère
441 son à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous , et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre
442 Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’
443 tique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru q
444 , très intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup tr
445 sieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Qu
446 ’est-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hui comme une vieille courtisane assagie, parfois dé
447 ien, c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désord
448 ’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absur
449 is, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Ave
450 qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution.
451 ace de Cromwell. Mais il ne s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je
452 e s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous , dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux su
453 entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une révolu
454 tiquement, si déplorablement français. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
455 n et l’incommunicable secret de l’invention.   Il nous faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violence co
456 êtes. Un grand principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces,
457 principe de violence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi
458 ce commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très
459 … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Pe
460 rtant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous app
461 vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolution perpétuelle une perpétuelle insurrection con
462 tuelle insurrection contre tout ce qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses re
463 taient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu
464 tres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on
465 n mesurait odieusement une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour no
466 une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était
467 nous avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était devenu synonyme de magnifique perdition dans des
468 ifique perdition dans des choses plus grandes que nous . Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec
469 perdition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les as
470 ition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects
471 ue nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects irrévocablement prévus de nous-même
472 -mêmes que faisaient paraître les petits faits de nos longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. N
473 araître les petits faits de nos longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle
474 Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle révolution — la russe, par exemple — parce que ce
475 ndait qu’à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grande
476 siège était fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse
477 ens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse nous perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cett
478 perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme
479 euse ; nous cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme on cherche cette femme à travers toutes l
480 n. Un disque de gramo comme par hasard nasille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille
481 puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires
482 l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires de copa
483 s sérieuses. Et tout est dit. Ah ! c’est vrai, il allait oublier, il y a encore cette histoire, comment dites-vous, surréalism
484 ix ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations par con
485 très modernes. Et des gens pour se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Mo
486 our se gausser quand nous écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Moscou, ou encore pour demander
487 cou, ou encore pour demander à qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de n
488 qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s
489 alement nous écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s’est fait une vérité changeante et toujours
490 c’est une atmosphère toute chargée d’éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigr
491 éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez
492 culeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’ allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va cre
493 t d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur l
494 de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigle
495 her, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels, nous pa
496 e monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs
497 des prodiges à cette invite la plus persuasive : nous sommes prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerc
46 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
498 s elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche des âmes. Aussitôt il téléphone à ceux du paradis : « 
499 . Aussitôt il téléphone à ceux du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immé
500 du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un viol
501 aradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, p
502 le soleil du haut-lac. Justement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moi
47 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
503 artistes neuchâtelois (avril 1927)k Neuchâtel va-t -elle redevenir le centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? All
504 e centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons -nous assister à un regroupement de ses forces créatrices ? La questio
505 e artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons- nous assister à un regroupement de ses forces créatrices ? La question est
506 iscerner parmi eux certaines tendances générales, nous y reviendrons au cours de cette promenade à travers notre domaine art
507 reviendrons au cours de cette promenade à travers notre domaine artistique. Domaine à vrai dire assez singulier. Nos artistes
508 artistique. Domaine à vrai dire assez singulier. Nos artistes, en effet, n’ignorent rien des courants les plus modernes, e
509 our d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont je ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pour une pa
510 nte, souvent fatale aux novateurs. Alors ils s’en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus effective, qu
511 tirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir munis du passeport indispensable d’une consécration étrangère
512 ants échos : « C’est avec un légitime orgueil que notre petit pays accueillera cette consécration bien méritée du talent d’un
513 sé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos circonstances confèrent une actualité toujours vive. D’ailleurs, sach
514 Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être appelés jeunes, c’est par leurs œuvres
515 d, qui en a près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être appelés jeunes, c’est par leurs œuvres avant t
516 , je vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans. Il peignait alors de
517 ù on l’attend le moins. Conrad Meili apporte chez nous une inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de s’a
518 t dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élément de vitalité combative qui manque trop souve
519 nique décorative ! Voilà qui laisse espérer parmi nos artistes bien d’autres rapprochements moins paradoxaux. Donzé n’est p
520 on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de nos artistes. Mais n’allez pas croire à des grâces faciles ou sentimental
521 ez beaucoup des meilleurs de nos artistes. Mais n’ allez pas croire à des grâces faciles ou sentimentales. Il y a une sorte d’
522 rs une sorte de dissonance, un défaut par où l’on va peut-être se glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ; que l’on consente
523  » annonce le bulletin. Tiens, me dis-je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche encore. On a pourtant
524 ant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, allons errer un peu dans le royaume d’Ut
525 r réalisme, que nous saurons désormais retrouver, allons errer un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard va nous y introdui
526 rrer un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard va nous y introduire, et nous ne saurions trouver guide plus pittoresque
527 r un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard va nous y introduire, et nous ne saurions trouver guide plus pittoresque. Cel
528 me d’Utopie. André Evard va nous y introduire, et nous ne saurions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci s’était égaré en
529 jeunes peintres. — Vous suivez la même route que nous  ? À la bonne heure ! ». Et l’on repart bras dessus, bras dessous. Et
530 , l’objet le plus banal se charge de mystère. Que va-t -il se passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occulte p
531 n fait une découverte. Attention qu’André Evard n’ aille trouver une de ces machines à explorer l’au-delà. En vérité il faut ê
532 sité délicieusement féminine, une élégance aiguë. Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de g
533 ndent à une réalité artistique. Pour aujourd’hui, notre but serait suffisamment atteint si nous n’avions fait qu’affirmer l’e
534 urd’hui, notre but serait suffisamment atteint si nous n’avions fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune pein
48 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
535 ui ne manque pas d’une beauté assez brutale, pour nous choquer et s’imposer pourtant. M. Lecache présente le problème juif a
536 ité de puissance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge : il devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu c
537 itions. Surmontant son dégoût, le père ajoute : «  Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les
538 nts, et dont le profond ricanement se prolonge en nous . Je crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je
49 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
539 ou de Diane, les gestes d’Arthur, le roman vit et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu
50 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
540 re deux gorgées d’un élixir dont il voudrait bien nous faire croire que le diable est l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent,
541 atte en l’air, becquètent le cœur d’une femme qui va les étrangler doucement. Ces vers sont de jolies flèches empoisonnées
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
542 isine » qui seul peut redonner quelque vitalité à notre civilisation, — et je sais bien que c’est là un des signes de sa déca
52 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
543 leu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la s
544 nsait en regardant au plafond. Après deux tangos, nous montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord
545 out un couchant de grand port de la Méditerranée. Nous nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière d
546 n couchant de grand port de la Méditerranée. Nous nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière danse,
547 ore par instants l’air de la dernière danse, mais nous avions aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop v
548 peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’ allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez poin
549 ément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre geste convenu dans le genre « révol
53 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
550 ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous alliez le dire — aux surréalistes ?   Si le mal du siècle consistait véritab
551 onsistait véritablement dans ces quelques effets, nous donnerions peut-être raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article du
552 t de même un ou deux petits phénomènes sociaux de notre temps que cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous pa
553 tte méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous paraissent entraîner assez naturellement chez des jeunes « et qui pen
554 ourd’hui pour anéantir la seule chose qui reste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas, merci du conseil,
555 it. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire il y avait des autruches pour enseign
54 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
556 vous attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t -elle revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui pla
557 s à ce mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes de
558 son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes des femmes »,
559 peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendr
55 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
560 otre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votr
561 s poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votre bouche, un
562 n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or j
563 vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisembl
564 ture. À force d’avoir mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérate
565 tonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérateur, va  ! qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité est simple simple
566 z d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compte
567 èle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la lit
568 r avec cette réalité de la littérature qui est en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement
569 main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’ allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’e
570 e attente également exagérés. Vous savez bien que nous cherchons autre chose que la littérature. Que la littérature nous est
571 utre chose que la littérature. Que la littérature nous est un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’
572 oésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on sait que
573 Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à condition
574 perdent leur pouvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine
575 mer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre contre des moulins à vent. La littérature, considérée du point
576 n de plus. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit.
577 e une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de tous ceux
578 u menaces pour leurs instables certitudes, et qui nous font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu
579 nstables certitudes, et qui nous font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu’elles troublent leurs
580 it d’exister : qu’elle soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être
581 soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’
582 ssantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’échanger les signaux de l’angoisse sur quoi se fondent, en
583 de l’angoisse sur quoi se fondent, en ces temps, nos amitiés miraculeuses.   Voici donc les seules révélations que j’atten
584 de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleurs ; il y a trop de monde ici. 14. Paul Morand, auteur d’Ouv
56 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
585 l’on dise la vérité librement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques ph
586 l’Orient et de l’Occident ? » Certains cris qui nous échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris
57 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
587 Adieu au lecteur (juillet 1927)x Nous passons la main au central de Genève, fidèles à la tradition — en cec
588 enève, fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos carto
589 , fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches
590 u moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur
591 ons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous les bancs par cer
592 tion provoquée sur tous les bancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si
593 e sur tous les bancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire
594 ancs par certains de nos articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous perme
595 est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous permet donc de considérer la situation sans fièvre, sans lamentations
596 tion sans fièvre, sans lamentations d’adieu.   On nous a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge
597 a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous v
598 us (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » d
599 e de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de t
600 beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a f
601 onné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des repr
602 avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’a
603 el. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la p
604 n intellectuelle d’une revue d’étudiants comme la nôtre . D’un côté, en effet, on s’accorde pour trouver légèrement ridicule u
605 définitive, il semble que certains n’attendent de nous que d’innocentes farces — ou bien de ces affirmations dont en vérité
606 t stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun
607 = révolution Tous les malentendus viennent de là. Nous sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en acce
608 onséquences. Et puis, de temps à autre, voici que nous parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on
609 eux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions- nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent
610 pérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent de tout le reste.   Et maintenant voici Genève et son mys
611 honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs, notre Revue-phénix s’élance avec une ardeur rajeunie d’un an dans une direc
612 n dans une direction absolument imprévisible. Que nous apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre et la
613 uviens-toi de la grandeur de ses traditions et ne va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont bi
614 va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y ten
615 le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adie
616 ls sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! x. Rougemont Denis de, « Adieu au lecteur », Revue de B
58 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
617 ège sentimental à la raison raisonnante. Et qu’il nous mène un peu plus loin que la sempiternelle « stratégie littéraire »,
59 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
618 e péril Ford (février 1928)a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a
619 Il faudrait d’abord prendre conscience du péril. Nous ne tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-nous, dans
620 ns rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons- nous , dans cette complaisance générale à proclamer le désordre du temps. O
621 llement. Il suffit pourtant de regarder autour de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry
622 ourtant de regarder autour de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symb
623 C’est la plus grave question qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en
624 ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « gran
625 la ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans c
626 l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus profond, cette tromperie-là. Elle peut amener, en se généra
627 é. Mais cet aveuglement fondamental n’empêche pas notre industriel de philosopher sur les sujets les plus divers. Les aphoris
628 on cultive, on fabrique, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre l
629 e, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de no
630 otre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford se moque d
631 rix que nous payons à la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que
632 c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous avons affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront r
633 de démontrer que les idées mises en pratique chez nous ne concernent pas particulièrement les autos et les tracteurs, mais c
634 uelque manière, un code universel ! » Réjouissons- nous … Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, d
635 e de la production a été brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez
636 la production a été brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux r
637 résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que  nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le fair
638 s faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effo
639 ssez aux raisons que nous avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effort de création, tout le jeu de
640 le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effort de création, tout le jeu de nos facultés semblent dirigés uniq
641 ce, tout notre effort de création, tout le jeu de nos facultés semblent dirigés uniquement vers la production matérielle et
642 f du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur notre civilisation, possède la philosophie la plus rudimentaire. Le phénomè
643 cident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous
644 force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action qui est devenue trop effrénée,
645 e trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciab
646 énée, trop folle, pour être justiciable encore de nos vérités essentielles ? Il semble bien que notre temps ait prononcé dé
647 de nos vérités essentielles ? Il semble bien que notre temps ait prononcé définitivement le divorce de l’esprit et de l’acti
648 e moderne c’est de croire que les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se refuse à l’idée d’une catastrophe, pour
649 état de choses funeste pour l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure qu
650 r l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite :
651 nous avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développeme
652 ans lui une aventure que nous pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arriè
653 en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esp
654 l détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esprit, y conduire les peuples. Ainsi, détournant de l’essentiel
655 il travaille contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons notre passion de posséder la matière du prix de la seule posse
656 contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons notre passion de posséder la matière du prix de la seule possession véritab
657 t qui n’en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépris l’homme d’affaires à l’américaine tient l
658 t est dit ! Le simplisme arrogant avec lequel, de nos jours, on tranche les grandes questions humaines est une des manifest
659 est une des manifestations les plus frappantes de notre régression. Cette perte du sens de l’âme se nomme bon sens américain.
660 te le peu de morale nécessaire aux affaires, tout ira bien. (On pense que les formes de la morale peuvent exister sans leur
661 e donc la place, mais c’est pourtant lui seul qui nous permettrait de jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne est u
662 ourtant lui seul qui nous permettrait de jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle
663 mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l
664 re à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de
665 onne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes
666 par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes qui nous la firent désirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis q
667 un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisir, il a des exigences effectives ; et ces exigences s
668 ? un peu de cette connaissance active de Dieu que nos savants nomment mysticisme et considèrent comme un « cas » très spéci
669 us. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du nôtre  ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne
670 le soit autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il n’est plus temps de se désintéresser simpleme
671 ls — d’une civilisation sous le poids de laquelle nous risquons de périr. Il se prépare déjà des révoltes terribles4, celles
60 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
672 que par un léger décalage dans la chronologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée
673 alage dans la chronologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un rom
674 , il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’ aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’un amour tragiq
675 us que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’imprévisibles transfigurations, — l’heure an
676 e c’est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose singulière, prononce une voix, à côté d
677 venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines ch
678 z d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses
679 sa carapace de principes et d’évidences opaques. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit
680 ortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent depuis si lo
681 raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme nous traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le homard refusa obst
682 monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde depuis si
683 omme retiré du monde depuis si longtemps. Livrons- nous plutôt à une petite malice dont l’idée me vient à la vue de cette ven
684 er à la première jolie femme qui passerait seule. Nous nous arrêtâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusa
685 la première jolie femme qui passerait seule. Nous nous arrêtâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusant à
686 tâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pa
687 e temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et
688 elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire
689 s trahit ; elle finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire du type le plus courant : « Vous êtes bien gentils, m
690 ient « biondo et grassotto », et qu’avec mes amis nous devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers »10. Heure
691 0. Heureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglai
692 ureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglais jou
693 de Tannhäuser en tango, un Balkanique très lisse nous délivra de notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait :
694 n tango, un Balkanique très lisse nous délivra de notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c
695 emmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est dif
696 au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent,
697 ard, disait-il. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous
698 ’elles le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasés s’amusent plus grossièrement que des barbare
699 a danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va . Mais comme c’est odieux qu’une créature aussi parfaite soit touchée
700 es agonisaient, aux dernières mesures d’un tango. Notre encombrante conquête revint s’asseoir auprès de nous. Gérard songeait
701 e encombrante conquête revint s’asseoir auprès de nous . Gérard songeait, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne
702 rard embrassa paternellement la belle effarée, et nous sortîmes, après avoir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y é
703 ocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des ballons. La rumeur de
704 Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des ballons. La rumeur de Vienne bai
705 s comme des ballons. La rumeur de Vienne baignait nos corps fatigués jusqu’à l’insensibilité et l’Illusion étendait sur tou
706 flatteuse aux caprices redoutables. Cette nuit-là nous rencontrâmes des anges au coin des ruelles, des oiseaux nous parlèren
707 trâmes des anges au coin des ruelles, des oiseaux nous parlèrent, bientôt dissous dans le vent. Tout était reflet, passages,
708 définiment — c’est un ciel suspendu assez bas sur nos têtes. Lumière orangée, tamisée ; un piano dissimulé joue très doucem
709 tamisée ; un piano dissimulé joue très doucement. Nous sommes assis autour d’une petite table lumineuse, verdâtre, et Gérard
710 illusions, — illusions des formes passagères que nous croyons seules réelles, illusions des reflets qui ne livrent que le c
711 assion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres coïn
712 nce qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres coïncidences. La fatigue calme
713 ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos savants retombés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisante. Il dit
714 toute en une heure, en un lieu, en une vision. » Nous sortîmes. Seules des trompes d’autos s’appelaient dans la nuit froide
715 it d’ailleurs endormi. En passant par la Freyung, nous vîmes un palais aux fenêtres illuminées. Des autos attendaient devant
716 nt à la banquette d’une boutique à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éc
717 la banquette d’une boutique à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éclaira
718 , à la sortie des invités, sur une femme qui s’en allait toute seule vers une auto à l’écart des autres. Une femme aux cheveux
61 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
719 , dont les inventions se suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes.
720 els ils respiraient l’air du monde ». N’en ferons- nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, se
721 e ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Verne d
722 bertaire, cela constituait un jugement !) Serons- nous longtemps encore dupes d’une conception de la littérature si pédante
723 de la littérature si pédante qu’elle exclut un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est styliste ni psychologu
724 qu’il n’est styliste ni psychologue ? Laisserons- nous Jules Verne aux enfants ? J’allais oublier que la littérature enfanti
725 gue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ? J’ allais oublier que la littérature enfantine est le dernier bateau. Pour ce c
62 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
726 ocales. (Quant à Goethe, traité de clown, cela ne va pas loin.) C’est une belle rage (ô combien partagée !) vainement pass
727 son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objet
63 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
728 urréalistes débattent la question de savoir s’ils vont se taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à leur poin
729 donc naturellement vers l’action, c’est-à-dire —  nous sommes en France — vers la politique. Or ces ennemis de toute littéra
730 a critique de « cette réalité de premier plan qui nous empêche de bouger », comme dit fort bien M. Breton. Mais à condition
731 comme dit fort bien M. Breton. Mais à condition d’ aller plus loin et de prendre une connaissance positive de ce qu’il y a sou
64 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
732 u Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelques ho
65 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
733 talès de ce qu’il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’est pas la
66 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
734 ui est aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui ont connu de
67 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
735 i, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’est pas encore quelqu
736 nsent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons dans un décor flamboyant de glaces. À chaque pas, on offre à S
737 s il s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit. Je saute que
738 train de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t -il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il
739 r défiance envers les dieux. À chaque regard dans notre miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort
740 ers les dieux. À chaque regard dans notre miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort. La mort abs
68 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
741 es placeraient le couplet humanitariste, lui s’en va dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore p
742 ans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore parler de sa mère avec cette virile et religieuse tendres
743 C’est un Chinois, c’est un Américain qui viennent nous rapprendre que les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici
744 rapprendre que les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa verve douce
745 laideur. “C’est une frasque de gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, e
746 eur. “C’est une frasque de gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, et il
747 ait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de
748 nfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de tout
749 e moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de tout le reste,
750 ssous en riant de nous-mêmes et de tout le reste, nous amusant comme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchem
69 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
751 ité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et poi
752 beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste qui a été établi
753 usivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes les haines. Je s
754 r ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui sa c
755 eurs principes par quoi se signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponse
756 les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me resser
757 ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les posit
758 nstruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’ aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira bien qui rira le
759 n sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous
70 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
760 de la même grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’« il n’y a rien au-dessus » de la tâche des institute
761 la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée.
762 dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée. Une journée d’enfance gâtée. Et d’ailleurs,
763 , je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette, avec une sœur a
764 maine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour nous faire comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ont aucune im
765 un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
766 ospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres
767 sement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation j
768 « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous étions marqués par Numa Droz et les manuels des Frères ∴, par l’espri
769 se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une personnalité : l
770 e indispensable aux « immortels principes ». Je n’ allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compr
771 nécessaire — et qui était le seul pour lequel on nous préparait —, c’était un système d’abstractions primaires, c’était le
772 l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’av
773 s plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touche
774 touchent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les mirac
775 s nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il co
776 r devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’
777 e appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lumières, l’incré
778 lumières, l’incrédulité et le bien-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
779 d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plu
780 gal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous sav
781 croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les
782 — et nulle part ailleurs. Maigre nourriture pour nos rêves. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une
783 part ailleurs. Maigre nourriture pour nos rêves. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevabl
71 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
784 question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas,
785 e point les méthodes. Simple remarque pendant que nous en sommes aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe socia
786 le. C’est celle même du régime. l’architecture de nos « palais scolaires ». symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de
787 , moral et matériel ? L’école publique, telle que nous la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque 
788 monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni
72 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
789 de cette institution passionnément détestée. Vous allez voir comme il bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux yeux de
790 générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme sur les bras. L
791 aires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’
792 que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de q
793 Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce sont en principe
794 de la même façon, dans le même temps. Contentons- nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose do
795 duit avec acharnement à son commun dénominateur4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
796 ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de calligraphie. La discipline On conçoit
797 t contre nature exige une discipline sévère. D’où notre conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il est des disciplines
798 dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien
799 oit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus
800 e est cette préparation à la vie qui commence par nous soustraire à l’influence de la vie ? Quelle est cette éducation socia
801 st celui qui a de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez-moi tous ces petits phonographes…ograph
802 le pas à la règle. Elle cherche à développer chez nos petits Helvètes un légalisme écœurant6, un conformisme d’imbéciles ou
803 ue d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grrrands citoyens ayant accompli de « fortes études pri
73 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
804 nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et s
805 e de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appar
74 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
806 uoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la D
807 ombre de vérités tellement évidentes — que cela n’ irait pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire
808 cole de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
809 ’origine de l’institution, se manifeste encore de nos jours, et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales.
810 ’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre instrument de progrès par excellence. Car il n’est qu’une explication
811 droits de l’homme. Mais attendez, si quelques-uns allaient se réveiller… Il suffit d’un peu de chaleur d’âme pour amorcer le dég
75 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
812 est vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc
813 rahison des clercs » décrite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plu
814 sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en
815 en fait. C’était trop laid ».) À peine capable de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle
816 le de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise
817 apper à cette organisation. Or il semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaiss
76 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
818 ine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
819 se à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’instructio
820 ein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles enco
821 siste à dépasser la Démocratie. Et cette thèse ne va pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne
822 cteurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détruire, déblayer, et faire des sign
823 s hasards gros de dangers, c’est peut-être à quoi notre génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le pr
824 sé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social co
825 iens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social correspond à un recul humain. Par exemple,
826 te matière rarement « hygiénique » et qui définit notre âge : la paperasse ? Réponse ? Petits étourdis. Réponse non, c’est un
827 un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut, hélas,
828 et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
829 e dans toute la conduite moderne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le gran
830 erne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont
831 c’est le grand empêchement intérieur dont souffre notre imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les em
832 e imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les empêche de devenir autre chose que des utopies. Il s’a
833 et de le pourchasser dans toutes les démarches de notre vie. Mais cette première tâche constitue un programme si riche qu’il
834 énérations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre colère jacobine et de cette formidable expérience négative qui aura d
835 triades : être —négation de l’être — nouvel être. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalism
836 de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’atta
837 dit sujet pour se représenter même très vaguement notre actuelle civilisation. Et même Diderot, même Rousseau, à la veille de
838 cette similitude les possibilités formidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre
839 e scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce
77 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
840 à ma santé mentale.) La question est de savoir si nous serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qu
841 ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi pr
842 naisons de vitesse et d’ennui à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces, — le Poète dira un mot, ou bien fe
843 i à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces, — le Poète dira un mot, ou bien fera un acte, et ces peuples
844 onsacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les sots vont répétant que c’est un être qui ignore le réel. C’est justement parce
845 e la respiration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occid
846 e le candidat possède une énergie suffisante pour aller plus loin, — et en même temps constituent des sources d’énergie nouve
847 Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de liberté en même temps qu’un peu de calme. Ces
848 e temps qu’un peu de calme. Ces années de liberté nous permettraient de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour
849 façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent cachées aux
850  ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la
851 on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’i
852 cultés atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
853 ent la blancheur éclatante de l’amour… Que dirons- nous  ?… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de
854 ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel.
855 s prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de not
856 uver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts r
857 rdre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour i
858 de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour instaurer cette nouvelle attitude de l’â
78 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
859 nt, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue es
860 « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause de la fonte de l
79 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
861 avec une douceur patiente, et le laisser créer en nous son silence particulier avant d’entendre les signes qu’il nous propos
862 nce particulier avant d’entendre les signes qu’il nous propose. Une telle poésie n’offre aux sens que peu d’images (à peine
863 ssenti, qui s’impose, qui apaise le vain débat de notre esprit : « Car l’on pense beaucoup trop haut, et cela fait un vacarme
80 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
864 t là-dessus qu’il improvise, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaît comme une chose si douce et si grande…
865 ccupant assez longuement d’un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces ma
866 à l’Esprit et dont certains des plus purs d’entre nous se préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’é
867 ié, les clochers de la ville sonnent deux heures. Allons . Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui
868 d’eux… Cela s’oublie. Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu
869 t, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais que cett
81 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
870 marqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre cher romantisme. La Clef des songes est de nouveau une dérive fantais
871 plus profond que le vrai, où l’Éloge de la folie nous entraînait naguère. Jean Cassou vagabonde à travers ses histoires com
872 e bouffon, impossible et d’une désopilante poésie nous replonge dans une atmosphère autre, où les personnages ont cet air un
873 ité. Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespé
82 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
874 ons sur le génie « poétique » français… Mais non, nous préférons voir ici l’un de ces signes qui de toutes parts annoncent u
875 ences qu’il est bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables
83 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
876 désintéressé de Julien Benda, et l’obligation où nous sommes tous désormais de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeur
877 ns l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons- nous , — avec le Benda qui ne trahit pas.) D’autre part, de plus impertinen
878 souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son point de vue radicale
879 esprit : Julien Benda… », écrit Aragon. Et Daudet nous apprend que « le petit Benda est un fameux serin ». Mais ces affirmat
84 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
880 l lui pousse des ailes, une grande paire d’ailes. Allait -on s’émerveiller ? Mais déjà Freud expliquait le monstre, les chaires
881 complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur envoya un ange p
882 la nature de l’inspiration, un doute lui vint. Il alla au cinéma. On donnait un film voluptueux. Il aima l’héroïne, mais san
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
883 ité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et poi
884 beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste, qui a été établ
885 usivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes les haines. Je s
886 r ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui sa c
887 eurs principes par quoi se signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponse
888 les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me resser
889 ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les posit
890 nstruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’ aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira bien qui rira le
891 n sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution-tabou.   1. Je ne puis naturellement pas mentionner tou
892 ’une grande vulgarité qui jouait alors le rôle de nos bandes dessinées.
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
893 de la même grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’ « il n’y a rien au-dessus » de la tâche des institut
894 la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée.
895 dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée. Une journée d’enfant gâtée. Et d’ailleurs, m
896 , je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aîn
897 maine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour nous faire comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ont aucune im
898 un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
899 ospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres
900 sement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation j
901 « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous étions marqués par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui est u
902 se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une personnalité : l
903 e indispensable aux « immortels principes ». Je n’ allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compr
904 nécessaire — et qui était le seul pour lequel on nous préparait — c’était un système d’abstractions primaires, c’était le r
905 l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’av
906 s plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touche
907 touchent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les mirac
908 s nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il co
909 r devant les miracles de la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’
910 e appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lumières, l’incré
911 lumières, l’incrédulité et le bien-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
912 d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plu
913 gal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous sav
914 croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les
915 ui sont dans les livres — et nulle part ailleurs. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevabl
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
916 question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas,
917 point les méthodes. Simple remarque, pendant que nous en sommes aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe socia
918 le. C’est celle même du régime. L’architecture de nos « palais scolaires » symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de
919 , moral et matériel ? L’école publique, telle que nous la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque 
920 monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
921 de cette institution passionnément détestée. Vous allez voir comment ils bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux yeux
922 générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme sur les bras. L
923 aires responsables, vous savez par expérience que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’
924 que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de q
925 Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils n’en meurent pas. 3.b. Les examens Ce sont en prin
926 de la même façon, dans le même temps. Contentons- nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose do
927 uit avec acharnement à son commun dénominateur 4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
928 ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons de calligraphie. 3.e. La discipline On con
929 t contre nature exige une discipline sévère. D’où notre conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il est des disciplines q
930 dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur notre sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien
931 oit, voudraient se « distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression !) Pour moi, ce que je retire de plu
932 e est cette préparation à la vie qui commence par nous soustraire à l’influence de la vie ? Quelle est cette éducation socia
933 st celui qui a de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez-moi tous ces petits phonographes… ograp
934 le pas à la règle. Elle cherche à développer chez nos petits Helvètes un légalisme écoeurant 6, un conformisme d’imbéciles
935 ue d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grands citoyens ayant accompli de « fortes études prima
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
936 nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et s
937 e de la vérité, force nous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appar
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
938 uoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la D
939 ombre de vérités tellement évidentes — que cela n’ irait pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire
940 cole de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
941 ’origine de l’institution, se manifeste encore de nos jours et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales. J
942 ’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre instrument de progrès par excellence. Car il n’est qu’une explication
943 ce aussi sensible. Mais attendez, si quelques-uns allaient se réveiller… Il suffit d’un peu de chaleur d’âme pour amorcer le dég
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
944 est vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc
945 rahison des clercs » décrite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plu
946 sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en
947 en fait. C’était trop laid ».) À peine capable de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle
948 le de nous instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise
949 apper à cette organisation. Or il semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaiss
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
950 ne, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
951 se à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’instructio
952 ein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles enco
953 siste à dépasser la Démocratie. Et cette thèse ne va pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne
954 cteurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détruire, déblayer, et faire des sign
955 s hasards gros de dangers, c’est peut-être à quoi notre génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le pr
956 sé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social co
957 iens peut nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social correspond à un recul humain. Par exemple,
958 te matière rarement « hygiénique » et qui définit notre âge : la paperasse ? Réponse ? Petits étourdis. Réponse non, c’est un
959 un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut, hélas,
960 et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
961 e dans toute la conduite moderne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le gran
962 erne de la vie. C’est notre américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont
963 c’est le grand empêchement intérieur dont souffre notre imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les em
964 e imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les empêche de devenir autre chose que des utopies. Il s’a
965 et de le pourchasser dans toutes les démarches de notre vie. Mais cette première tâche constitue un programme si riche qu’il
966 énérations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre colère jacobine et de cette formidable expérience négative qui aura d
967 riades : être — négation de l’être — nouvel être. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalism
968 de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’atta
969 dit sujet pour se représenter même très vaguement notre actuelle civilisation. Et même Diderot, même Rousseau, à la veille de
970 cette similitude les possibilités formidables que nous réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre
971 e scepticisme à l’endroit de la forme sociale que nous appelons sans la connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
972 à ma santé morale.) La question est de savoir si nous serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qu
973 ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi pr
974 naisons de vitesse et d’ennui à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces — le Poète dira un mot, ou bien fer
975 i à quoi présentement nous usons le plus clair de nos forces — le Poète dira un mot, ou bien fera un acte, et ces peuples d
976 onsacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les sots vont répétant que c’est un être qui ignore le réel. C’est justement parce
977 e la respiration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occid
978 e le candidat possède une énergie suffisante pour aller plus loin, — et en même temps constituent des sources d’énergie nouve
979 Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de liberté, en même temps qu’un peu de calme. Ce
980 e temps qu’un peu de calme. Ces années de liberté nous permettraient de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour
981 façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent cachées aux
982  ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la
983 on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’i
984 cultés atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
985 ent la blancheur éclatante de l’amour… Que dirons- nous  ?… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de
986 ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel.
987 s prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de not
988 uver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts r
989 rdre naturel. La culture de notre force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour i
990 de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour instaurer cette nouvelle attitude de l’â
94 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
991 te] (1930)b c Deux menaces mortelles assiègent notre condition humaine : la liberté de l’esprit et les lois de la matière.
992 illustration des puissances de nature inhumaine. Nous pourrons définir un tel humanisme : l’organe d’équilibre de la civili
993 anisme : l’organe d’équilibre de la civilisation. Nous tenions de l’Antiquité, et singulièrement de la Grèce, le sentiment d
994 èce, le sentiment d’une harmonie nécessaire entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le senti
995 ent d’une harmonie nécessaire entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le sentiment d’une har
996 monie nécessaire entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le sentiment d’une harmonie à sauve
997 entre nos gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le sentiment d’une harmonie à sauvegarder au sein de n
998 sentiment d’une harmonie à sauvegarder au sein de nos connaissances même, et dans l’allure de leur progrès. Les humanités n
999 , et dans l’allure de leur progrès. Les humanités nous paraissaient devoir transmettre aux générations cette notion d’un équ
1000 rogrès, sous n’importe quelle forme. Brusquement, nous voici « gagnés » par l’un des éléments de notre destin. La composante
1001 t, nous voici « gagnés » par l’un des éléments de notre destin. La composante matérielle vient de l’emporter. Elle est en pas
1002 vient de l’emporter. Elle est en passe de gauchir notre civilisation à tel point que l’homme, affolé, soudain, doute s’il est
1003 omie vis-à-vis de la métaphysique. L’équilibre de notre esprit ne comporte pas l’égalité de droit de ces deux disciplines. Ca
1004 dont les philosophes demeurent tout intimidés. Et nous vîmes le matérialisme mener son morne triomphe. Certes, la plupart de
1005 e mener son morne triomphe. Certes, la plupart de nos philosophies, officiellement, l’ont renié. Mais pourquoi tant et touj
1006 nnage allemand chargé de sa filature6. Ah ! comme nous avons besoin d’être purifiés d’une odeur de laboratoire dont notre pe
1007 n d’être purifiés d’une odeur de laboratoire dont notre pensée reste imprégnée. La science se moque des nuages qui animaient
1008 t. La tâche urgente d’un nouvel humanisme sera de nous dégager des fatalités dont nous voyons l’empire s’étendre dans tous l
1009 humanisme sera de nous dégager des fatalités dont nous voyons l’empire s’étendre dans tous les domaines de notre existence,
1010 yons l’empire s’étendre dans tous les domaines de notre existence, inclinant nos utopies mêmes, desséchant les sources de not
1011 s tous les domaines de notre existence, inclinant nos utopies mêmes, desséchant les sources de notre foi. Qui parlait donc
1012 nant nos utopies mêmes, desséchant les sources de notre foi. Qui parlait donc d’un « humanisme scientifique » ? Nous avons ét
1013 ui parlait donc d’un « humanisme scientifique » ? Nous avons été pris de vitesse par nos inventions matérielles et déjà nous
1014 ientifique » ? Nous avons été pris de vitesse par nos inventions matérielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur notr
1015 de vitesse par nos inventions matérielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur notre vie : s’agit-il d’enrayer la scien
1016 rielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur notre vie : s’agit-il d’enrayer la science ? Non, mais que l’esprit qui l’a
1017 on que l’humanité. On n’en saurait dire autant de notre raison. Les faits mystiques — qu’on les prenne en l’état brut où notr
1018 ts mystiques — qu’on les prenne en l’état brut où notre pensée le plus souvent les a laissés — sont au moins aussi « objectif
1019 ues élaborés par la science. Mais, participant de notre volonté et de la grâce, ils échappent à cette fatalité qui est le sig
1020 existe d’autres facultés capables d’équilibrer en nous l’esprit de géométrie. J’imagine une méthode, une façon d’appréhender
1021 , une façon d’appréhender la vie, de hiérarchiser nos entreprises, qui ne bannirait pas de l’existence la poésie, ce sens d
1022 st possible que ce mythe ait animé l’humanisme de nos humanités. Il est certain qu’il a perdu son ascendant. D’ailleurs son
1023 nvente un syncrétisme. Rome eut celui des dieux ; nous aurons celui des races de la Terre. Non plus une foi commune, mais un
1024 re. Non plus une foi commune, mais une moyenne de nos manières d’être. Une sorte de commun dénominateur… (Le christianisme
1025 dieu. N’attendons pas d’un nouvel humanisme qu’il nous désigne un but, ni même une direction : il y réussirait trop aisément
1026 « d’humanité » de ses démarches intellectuelles. Nous avons inventé trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et nous empê
1027 . Nous avons inventé trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et nous empêchent de voir encore le surhumain. Être véritabl
1028 nté trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et nous empêchent de voir encore le surhumain. Être véritablement homme, c’es
1029 humanisme véritable conduit « au seuil » : et qu’ irions -nous lui demander de plus, s’il laisse en blanc la place de Dieu. Mai
1030 sme véritable conduit « au seuil » : et qu’irions- nous lui demander de plus, s’il laisse en blanc la place de Dieu. Mais où
1031 r les lévites assez purs pour garder vierge parmi nous — voici déjà tant de faux dieux — le fascinant éclat de ce vide ? 5
95 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
1032 areille sécurité dans l’insolite, ce qu’il y a en nous à la fois de plus « problématique » et de plus quotidien. bd. Roug
96 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
1033 s parant d’une grâce malicieuse et sensuelle dont nos yeux helvètes les croyaient par trop dépourvues… Cette charmante « ja
97 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)
1034 mal de littérature. Et c’est à un tel amour qu’on va demander sa revanche contre la mesquinerie morale du milieu… Étrange
98 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
1035 hauts murs d’ombre et de vent autour du monde où nous vivons parquent les visages les sons brassent les lueurs des messages
1036 e qui vient de dire ton nom même avec l’accent de notre amour et mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’entends.
1037 main à travers cette ombre rapide si je te joins nous la tiendrons captive écoute les cloches et le scintillement des étoil
1038 es qui échangent leurs douceurs. Tiens moi bien nous allons partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au
1039 i échangent leurs douceurs. Tiens moi bien nous allons partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au regard
99 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
1040 oujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons
1041 qui m’accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné d
1042 presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcad
1043 bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. ( Nous ne touchons l’un et l’autre qu’aux traductions ; le reste, les livres
1044 es …………18 La plupart des noctambules préfèrent d’ aller à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une vil
1045 point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparé
1046 eur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous deux le fantôme » comme on disait au villa
1047 la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, «  nous deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est
1048 ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jean Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable que p
1049 ent invisible, dans cette minuscule voiture. Déjà nous traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable
1050 e Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent nous immobilise une minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous v
1051 e minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous voyons Charles-Albert Cingria, transfiguré par un souffle épique, en
1052 ris et leurs établissements Place de la Concorde. Notre conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge »
1053 ine, qui vaille l’amour. Durant cette méditation, nous avons gagné une rue pauvrement éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme
1054 nt éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme derrière nous claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à
1055 de se perdre est un des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non
1056 la mode, qui vient trébucher dans les méandres de notre chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une d
1057 chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une doctrine en vérité moins généreuse que ne veut le croire
1058 nt là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’ aller … Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent
1059 éparses dans une brousse où s’engage délibérément notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce
1060 notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire :
1061 — la portion que l’on s’est administrée accapare nos facultés les plus vulgaires, libérant par là cette part gratuite de n
1062 après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fera-t-elle croire qu’il apporte un soin tout particulier à le parfai
1063 calculez l’âge du capitaine. Au dessert, chacun y va de son petit miracle. Jaloux et Dick conversent en danois. Quatre anc
1064 ’eut que la force de regagner son logis. Comme il allait y pénétrer, il aperçut auprès du seuil une mendiante qui pleurait trè
1065 ................................................. Allons , allons, puisque te voilà bien perdu cette fois, dérive un peu vers c
1066 ......................................... Allons, allons , puisque te voilà bien perdu cette fois, dérive un peu vers ces Allem
1067 8 avril. 18. ……………… (N. de la R.) 19. L’auteur nous promet pour le numéro 6 de nouveaux détails apocryphes. (N. de la R.)
100 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
1068 ce au mépris et à l’adoration : où que se portent nos regards, ils rencontrent des talents distingués. À cet ordre d’ambiti
1069 écrivains — Claudel, Gide, Valéry… — suffisent à nous rassurer sur la valeur littéraire de l’époque, mais non sur le sort d
1070 sur le sort de l’esprit. À côté d’eux, s’écrient nos auteurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pas le cœur s
1071 rit. À côté d’eux, s’écrient nos auteurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait
1072 nul ne s’en déclare gêné, me semble-t-il… 3. Si nous jetons sur les lettres parisiennes un regard distrait mais circulaire
1073 èrent à ce petit jeu avant d’écrire —, que voyons- nous en effet ? Une grande nuée de romanciers à peine plus réels que leurs
1074 un fin lettré. (Vraiment le jeu est trop facile. Allez donc vous mettre en colère contre l’insignifiance ! On ne nous laisse
1075 s mettre en colère contre l’insignifiance ! On ne nous laisse même plus la colère. Ah ! nous ne risquons pas d’être tués par
1076 nce ! On ne nous laisse même plus la colère. Ah ! nous ne risquons pas d’être tués par des statues !) Tout d’un coup, trois
1077 t Simond et ce grand potache de Maldoror. « Qu’on nous montre un homme… » Un ou deux. Il suffit de très peu de sel pour rend
1078 t défonçait, or on lui avait commandé une maison. Nos trois compères se moquaient fort. Le journaliste expliquait qu’on eut
1079 t fut terminé, l’on interdit l’entrée du palais à nos trois amis (qui pourtant n’eussent pas demandé mieux que de reconnaît
1080 s toute son ampleur et sa force. » Ainsi Beausire nous montre un Barrès tout crispé sur quelques certitudes et quelques dout
1081 ts au-delà — au-dessous — de leurs prétextes. 7. Nous souffrons d’une terrible carence d’héroïsme intellectuel. Ces messieu
1082 ourquoi il faut faire la révolution morale. Voilà notre aphorisme démontré. 9. Enfin je citerai deux petites phrases qui suf
1083 ffisent presque à situer la position d’attaque de nos auteurs : « Tout créateur néglige sa personnalité » et « Kant est un
1084 , comme dit Kipling, est une autre histoire. 10. Nous voici parvenus au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai s
1085 us voici parvenus au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’alti
1086 bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les problèmes qu’il se pose sont le meilleur de l
1087 élique. Que ce petit écrit d’un mouvement naturel nous ramène au centre des seuls problèmes qui ne soient pas insignifiants,