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n’y touchons plus. Mais prenez deux Européens de
nations
différentes, si possible. Mariez leur fils avec la fille de deux autr
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faut les prendre comme ils sont, avec leurs vingt
nations
, leurs trois religions, leurs douze langues, leurs trente-six partis
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ture à l’étranger, parfaits représentants de leur
nation
, dans ce qu’elle a justement de plus différent de l’autre. L’un prote
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qui chez l’un et l’autre forma l’individu : race,
nation
, milieu, religion, nature physique, tempérament, coutumes, tout peut
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es ne parlant pas le même langage, la division en
nations
, qui existe depuis une centaine d’années, la division en langues, qui
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cloisons horizontales ou verticales par classes,
nations
et langues est de faire perdre le bénéfice des moyens de diffusion de
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diaire ; la culture ne s’est jamais faite par les
nations
, c’est une plaisanterie, une thèse sans fondement racontée dans les l
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s deux-mille ans de notre ère. Le phénomène de la
nation
fermée, imposant la limite d’une langue à des réalités toutes différe
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ais il y a plus. Il est parfaitement clair que la
nation
, au sens dix-neuviémiste du mot, est une forme d’association périmée
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ation périmée à bien des égards. Il n’est pas une
nation
de l’Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire indépendante, soit pour
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ui fut l’élément décisif pour la formation de nos
nations
? Les faits historiques les mieux établis et les plus faciles à vérif
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e de ce fait que l’art n’est pas le produit d’une
nation
mais de toute une culture, — ici l’européenne. Quelques grands thèmes
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menace à bout portant : il a déjà conquis nos six
nations
de l’Est, et quatre nations en Asie. Il baptise « paix » cette conquê
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déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre
nations
en Asie. Il baptise « paix » cette conquête par la force et « provoca
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iennent l’illusion touchante mais tenace que leur
nation
pourrait se défendre seule, pour peu qu’elle soit « bien gouvernée ».
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re nouvelle ». C’est en effet au cri de « Vive la
Nation
», clamé sur tout le front des troupes, que les Français durent la vi
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isque par ce seul cri la bataille sera gagnée. La
nation
à l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéa
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he de l’État sera d’écraser les opposants, car la
nation
est religion et les religions ne transigent pas. L’État se voit donc
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n instrument de l’idéologie, le tout au nom de la
nation
. Il confond dans une même répression la réaction qui veut le renverse
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tié du peuple. Mais si, à l’intérieur, l’idée de
nation
devient entre les mains de l’État un instrument d’oppression et de gu
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nir un instrument de guerre déclarée. Pourquoi la
nation
doit-elle faire la guerre ? Tout d’abord, parce que « les nations div
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e faire la guerre ? Tout d’abord, parce que « les
nations
divisées en elles-mêmes conquièrent par la guerre au-dehors la stabil
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ce que la collusion de l’État centralisé et de la
nation
missionnaire produit comme résultante fatale l’impérialisme : et voic
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voici la France napoléonienne. L’idéologie de la
nation
est par essence conquérante : elle veut apporter la Liberté aux autre
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onformément à l’esprit de Valmy, se représente la
nation
comme une croisade pour l’idée. « Ce ne sont pas les déterminations n
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e ne sont pas les déterminations naturelles de la
nation
qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On
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is c’est son esprit national. » (On voit donc que
nation
et Patrie diffèrent pour lui comme esprit et nature.) Cet esprit nati
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de l’idée de vocation, passant des personnes aux
nations
. ⁂ Mais cet État-nation, une fois doué de toute la personnalité dont
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comporter dans le monde ? L’idéal primitif de la
nation
, confisqué par l’État français, lui-même confisqué par un Corse — pat
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ts de l’esprit » ne parvenant à s’imposer, aucune
nation
ne dominera longtemps, mais aucune n’en tirera la conclusion, une foi
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objectivement parlant. À partir de Napoléon, les
nations
de l’Europe vont se conduire comme des « individus » sans foi ni loi,
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u seul — mais il n’y a plus de Dieu au-dessus des
nations
. Le droit divin se traduit donc par le droit de l’État le plus fort.
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i en Europe. On parlera beaucoup de « concert des
nations
», et de « droit international », mais il est clair que ces États-nat
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n Maurice Barrès célèbre l’union « sacrée » de la
nation
dans laquelle catholiques, protestants et agnostiques « oubliant ce q
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et honorables, dès qu’on les met au compte de la
nation
où l’on a pris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son m
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que Simone Weil. Cette petite phrase dit tout. La
nation
est un dieu lointain, qui demande beaucoup plus qu’il ne donne, infin
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’absurde. Principe de haine, plus que d’amour, la
nation
revendique des absolus dont il est manifeste qu’elle est spirituellem
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religion nationale et la foi chrétienne, entre la
nation
et la paix — ont éclaté en 1914. Et l’Europe depuis lors se trouve de
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jacobins, et soumettre alors toute l’Europe à une
nation
unique, totalitaire, assumant au mépris des personnes ses prétentions
40
t et réellement les concepts de patrie réelle, de
nation
et de souveraineté. M. Herriot, par exemple, s’écria solennellement q
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est en réalité un fanatique de la religion de la
nation
. S’il n’était pas aveuglé par la superstition jacobine, il verrait co
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n’est qu’un mythe, inventé par les prêtres de la
nation
dans le dessein d’asservir les esprits à l’État. La souveraineté abso
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a confusion établie entre « Patrie », « État », «
Nation
» et « Langue ». La Patrie, pour le fédéraliste, est une réalité d’i
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ntation géophysique, locale et peu extensible. La
Nation
, au contraire, est une réalité idéale ou idéologique. D’où la différe
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ère que voici : on peut annexer des peuples à une
nation
, des territoires à un État, mais on ne peut rien annexer à une Patrie
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près la même de nos jours dans les patries et les
nations
les plus diverses. D’autre part, l’État n’entretient avec la nation q
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verses. D’autre part, l’État n’entretient avec la
nation
que les rapports d’usurpation et de confiscation que j’indiquais plus
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ement et géographiquement ni à la Patrie, ni à la
Nation
, ni à l’État. Ces évidences accablantes n’empêchent pas le nationalis
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êmes frontières administratives, patries locales,
nation
et langue, il a voulu imposer ce carcan aux réalités économiques. C’e
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t païen, idolâtre et antichrétien. L’idée même de
nation
est étrangère au dogme et à la foi chrétienne. Le Christ est mort pou
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alut des hommes personnels, non pour le salut des
nations
ou des collectivités. Les plus grands penseurs politiques du catholic
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e souveraineté qui échappe de toute manière à ses
nations
. Nous savons bien comment vont réagir les nationalistes. Là encore,
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it-on, « d’organiser des échanges culturels entre
nations
». Une sensibilité fédéraliste s’irrite immédiatement à ce langage, r
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loppée par des échanges contrôlés et officiels de
nation
à nation. Elle est née dans des foyers locaux qui ne correspondent à
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r des échanges contrôlés et officiels de nation à
nation
. Elle est née dans des foyers locaux qui ne correspondent à aucun de
56
réconiser comme on fait des échanges culturels de
nation
à nation, c’est essayer de consolider les mythes nationalistes, c’est
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comme on fait des échanges culturels de nation à
nation
, c’est essayer de consolider les mythes nationalistes, c’est reconnaî
58
ent celui d’un canton, presque jamais celui de la
nation
entière. Tandis que le grand esprit, solidement raciné dans son étroi
59
t Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos
nations
qu’elles ne pourront sauver leur individualité fictive qu’en sacrifia
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neté nationale. » Il n’est donc pas exact que nos
nations
, en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souverai
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rands empires, une souveraineté qui échappe à ses
nations
. 28. William Rappard, La Constitution fédérale de la Suisse, p. 20