1 1951, Articles divers (1951-1956). Comment fabriquer un Européen ?
1  n’y touchons plus. Mais prenez deux Européens de nations différentes, si possible. Mariez leur fils avec la fille de deux autr
2 faut les prendre comme ils sont, avec leurs vingt nations , leurs trois religions, leurs douze langues, leurs trente-six partis
2 1952, Articles divers (1951-1956). Prototype T.E.L. (janvier 1952)
3 ture à l’étranger, parfaits représentants de leur nation , dans ce qu’elle a justement de plus différent de l’autre. L’un prote
4 qui chez l’un et l’autre forma l’individu : race, nation , milieu, religion, nature physique, tempérament, coutumes, tout peut
3 1952, Articles divers (1951-1956). Les foyers de culture et l’Europe (octobre 1952)
5 es ne parlant pas le même langage, la division en nations , qui existe depuis une centaine d’années, la division en langues, qui
6 cloisons horizontales ou verticales par classes, nations et langues est de faire perdre le bénéfice des moyens de diffusion de
7 diaire ; la culture ne s’est jamais faite par les nations , c’est une plaisanterie, une thèse sans fondement racontée dans les l
4 1953, Articles divers (1951-1956). Unité et diversité de l’Europe (juin 1953)
8 s deux-mille ans de notre ère. Le phénomène de la nation fermée, imposant la limite d’une langue à des réalités toutes différe
9 ais il y a plus. Il est parfaitement clair que la nation , au sens dix-neuviémiste du mot, est une forme d’association périmée
10 ation périmée à bien des égards. Il n’est pas une nation de l’Europe d’aujourd’hui qui puisse se dire indépendante, soit pour
11 ui fut l’élément décisif pour la formation de nos nations  ? Les faits historiques les mieux établis et les plus faciles à vérif
5 1953, Articles divers (1951-1956). Préface à Photo + scène (1953)
12 e de ce fait que l’art n’est pas le produit d’une nation mais de toute une culture, — ici l’européenne. Quelques grands thèmes
6 1954, Articles divers (1951-1956). Ce petit cap de l’Asie (1er juin 1954)
13 menace à bout portant : il a déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il baptise « paix » cette conquê
14 déjà conquis nos six nations de l’Est, et quatre nations en Asie. Il baptise « paix » cette conquête par la force et « provoca
7 1954, Articles divers (1951-1956). La CED, ses mythes et sa réalité (12 août 1954)
15 iennent l’illusion touchante mais tenace que leur nation pourrait se défendre seule, pour peu qu’elle soit « bien gouvernée ».
8 1954, Articles divers (1951-1956). Fédéralisme et nationalisme (septembre-octobre 1954)
16 re nouvelle ». C’est en effet au cri de « Vive la Nation  », clamé sur tout le front des troupes, que les Français durent la vi
17 isque par ce seul cri la bataille sera gagnée. La nation à l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéa
18 he de l’État sera d’écraser les opposants, car la nation est religion et les religions ne transigent pas. L’État se voit donc
19 n instrument de l’idéologie, le tout au nom de la nation . Il confond dans une même répression la réaction qui veut le renverse
20 tié du peuple. Mais si, à l’intérieur, l’idée de nation devient entre les mains de l’État un instrument d’oppression et de gu
21 nir un instrument de guerre déclarée. Pourquoi la nation doit-elle faire la guerre ? Tout d’abord, parce que « les nations div
22 e faire la guerre ? Tout d’abord, parce que « les nations divisées en elles-mêmes conquièrent par la guerre au-dehors la stabil
23 ce que la collusion de l’État centralisé et de la nation missionnaire produit comme résultante fatale l’impérialisme : et voic
24 voici la France napoléonienne. L’idéologie de la nation est par essence conquérante : elle veut apporter la Liberté aux autre
25 onformément à l’esprit de Valmy, se représente la nation comme une croisade pour l’idée. « Ce ne sont pas les déterminations n
26 e ne sont pas les déterminations naturelles de la nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On
27 is c’est son esprit national. » (On voit donc que nation et Patrie diffèrent pour lui comme esprit et nature.) Cet esprit nati
28 de l’idée de vocation, passant des personnes aux nations . ⁂ Mais cet État-nation, une fois doué de toute la personnalité dont
29 comporter dans le monde ? L’idéal primitif de la nation , confisqué par l’État français, lui-même confisqué par un Corse — pat
30 ts de l’esprit » ne parvenant à s’imposer, aucune nation ne dominera longtemps, mais aucune n’en tirera la conclusion, une foi
31 objectivement parlant. À partir de Napoléon, les nations de l’Europe vont se conduire comme des « individus » sans foi ni loi,
32 u seul — mais il n’y a plus de Dieu au-dessus des nations . Le droit divin se traduit donc par le droit de l’État le plus fort.
33 i en Europe. On parlera beaucoup de « concert des nations  », et de « droit international », mais il est clair que ces États-nat
34 n Maurice Barrès célèbre l’union « sacrée » de la nation dans laquelle catholiques, protestants et agnostiques « oubliant ce q
35 et honorables, dès qu’on les met au compte de la nation où l’on a pris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son m
36 que Simone Weil. Cette petite phrase dit tout. La nation est un dieu lointain, qui demande beaucoup plus qu’il ne donne, infin
37 ’absurde. Principe de haine, plus que d’amour, la nation revendique des absolus dont il est manifeste qu’elle est spirituellem
38 religion nationale et la foi chrétienne, entre la nation et la paix — ont éclaté en 1914. Et l’Europe depuis lors se trouve de
39 jacobins, et soumettre alors toute l’Europe à une nation unique, totalitaire, assumant au mépris des personnes ses prétentions
40 t et réellement les concepts de patrie réelle, de nation et de souveraineté. M. Herriot, par exemple, s’écria solennellement q
41 est en réalité un fanatique de la religion de la nation . S’il n’était pas aveuglé par la superstition jacobine, il verrait co
42 n’est qu’un mythe, inventé par les prêtres de la nation dans le dessein d’asservir les esprits à l’État. La souveraineté abso
43 a confusion établie entre « Patrie », « État », «  Nation  » et « Langue ». La Patrie, pour le fédéraliste, est une réalité d’i
44 ntation géophysique, locale et peu extensible. La Nation , au contraire, est une réalité idéale ou idéologique. D’où la différe
45 ère que voici : on peut annexer des peuples à une nation , des territoires à un État, mais on ne peut rien annexer à une Patrie
46 près la même de nos jours dans les patries et les nations les plus diverses. D’autre part, l’État n’entretient avec la nation q
47 verses. D’autre part, l’État n’entretient avec la nation que les rapports d’usurpation et de confiscation que j’indiquais plus
48 ement et géographiquement ni à la Patrie, ni à la Nation , ni à l’État. Ces évidences accablantes n’empêchent pas le nationalis
49 êmes frontières administratives, patries locales, nation et langue, il a voulu imposer ce carcan aux réalités économiques. C’e
50 t païen, idolâtre et antichrétien. L’idée même de nation est étrangère au dogme et à la foi chrétienne. Le Christ est mort pou
51 alut des hommes personnels, non pour le salut des nations ou des collectivités. Les plus grands penseurs politiques du catholic
52 e souveraineté qui échappe de toute manière à ses nations . Nous savons bien comment vont réagir les nationalistes. Là encore,
53 it-on, « d’organiser des échanges culturels entre nations  ». Une sensibilité fédéraliste s’irrite immédiatement à ce langage, r
54 loppée par des échanges contrôlés et officiels de nation à nation. Elle est née dans des foyers locaux qui ne correspondent à
55 r des échanges contrôlés et officiels de nation à nation . Elle est née dans des foyers locaux qui ne correspondent à aucun de
56 réconiser comme on fait des échanges culturels de nation à nation, c’est essayer de consolider les mythes nationalistes, c’est
57 comme on fait des échanges culturels de nation à nation , c’est essayer de consolider les mythes nationalistes, c’est reconnaî
9 1956, Articles divers (1951-1956). Petits trajets sur les axes du monde (août 1956)
58 ent celui d’un canton, presque jamais celui de la nation entière. Tandis que le grand esprit, solidement raciné dans son étroi
10 1956, Articles divers (1951-1956). Un exemple pour l’Europe (octobre 1956)
59 t Friedlaender : « Il faut dire franchement à nos nations qu’elles ne pourront sauver leur individualité fictive qu’en sacrifia
60 neté nationale. » Il n’est donc pas exact que nos nations , en vue de s’unir, doivent sacrifier ce qui subsiste de leur souverai
61 rands empires, une souveraineté qui échappe à ses nations . 28. William Rappard, La Constitution fédérale de la Suisse, p. 20