1 1988, Inédits (extraits de cours). Communautés, communes
1 influencer, à travers la vie de la cité et de la nation , sa vie personnelle. On peut voir donc des correspondances extrêmemen
2 17 juin 1966 La Révolution française a créé la nation au sens moderne. Comment l’a-t-elle créée ? Par les théories tirées d
3 uté humaine définie maintenant, non plus comme la nation ancienne, par les frontières, par le contour physique, ou par l’état
4 es basées sur la naissance (sens étymologique de “ nation ”) et définies par un territoire situé à l’intérieur de frontières. Ce
2 1988, Inédits (extraits de cours). Culture
5 l’unité locale, l’unité par le cadre, soit de la nation , soit de la cité, soit du canton en Suisse. La réalité même de l’ense
6 participer à la puissance et à la grandeur de sa nation (et je ne fais pas une supposition dans le vide, car c’est une chose
7 Le but dernier étant donc de servir l’État et la nation , et pas du tout de servir les personnes. 17 janvier 1969 Pour Napoléo
8 us former des personnes, mais des soldats pour la nation . Hegel pensait à peu près de même : il pensait que l’État n’était pas
9 à pour les élèves, mais les élèves y sont pour la nation . Ainsi, le nationalisme devient la religion réelle, établie en force,
10 er préalablement que la langue est très liée à la nation , mais pas du tout à l’État. Je vous rappelle que le mot « nation » si
11 s du tout à l’État. Je vous rappelle que le mot «  nation  » signifiait au Moyen Âge : un groupe de gens parlant la même langue,
12 l’université étant le latin ; on appelait aussi «  nations  » les châteaux réservés aux chevaliers dans l’ordre de Rhodes qui par
13 ue se situe le début de la crise de l’empire, les nations vont en profiter pour se développer contre lui et contre la papauté q
14 re, n’a jamais coïncidé avec les frontières d’une nation . Cela a été ou bien des grands courants comme l’art gothique ou le su
3 1988, Inédits (extraits de cours). État-nation
15 un, ou parfois des réalités d’origine commune. La nation est beaucoup plus vague, et pas nécessairement délimitée par des fron
16 des frontières. La combinaison entre l’État et la nation ne s’est produite véritablement qu’à partir de la Révolution français
17 tituer un État-nation ? C’est soumettre toute une nation aux pouvoirs absolus de l’État. C’est vouloir faire coïncider sur un
18 on française, c’est l’État qui s’est emparé de la nation unitaire, produite par la dissolution des anciennes provinces. C’est
19 nationalisation de l’État, ou d’étatisation de la nation , ou encore la confiscation d’une mystique — la mystique nationale, li
20 ute la doctrine de Hegel à un syllogisme : chaque nation incarne, à un moment de l’histoire, une mission dominante, or, c’est
21 On assiste avec Hegel, qui, au fond, théorise la nation née de la Révolution française, contre Napoléon, mais exactement dans
22 de vocation personnelle au niveau collectif de la nation , de l’État ; l’État considéré comme un individu, comme une personne,
23 pose d’un État copié sur l’Empire romain et d’une nation telle que venait de la créer la Révolution française. Ou encore, l’Em
24 çaise. Ou encore, l’Empire de Napoléon, c’est une nation révolutionnaire et un imperium romain. 11 février 1977 Pour le roi, p
25 on française, c’est l’État qui s’est emparé de la nation unitaire produite par la dissolution des anciennes communautés, donc,
26 nalisation de l’État, ou bien d’étatisation de la nation . Aujourd’hui, les partis socialistes, et surtout communistes, se défe
27 rence entre ces deux mots. Dans l’État-nation, la nation c’est finalement l’État, le reste, c’est une mystique. 2 février 1968
28 rtout pas suffisants pour déterminer le phénomène nation . Quelquefois même, la distinction entre les langues et les confession
29 à lui tout seul — de la formation des différentes nations au sens moderne ? Je pense que c’est un troisième facteur, qui est l’
30 rrésistiblement qu’elles sont les origines de nos nations modernes. Voici une liste des traits caractéristiques des tribus prim
31 e plus près, car elles correspondent toutes à nos nations et à nos nationalismes actuels. 25 octobre 1968 On trouve bien des ré
32 68 On trouve bien des réalités qui préfigurent la nation très haut dans le passé, mais on ne trouve pas le terme de nation ava
33 dans le passé, mais on ne trouve pas le terme de nation avant le xiiie siècle. Avant, les nations étaient les empires, qui s
34 erme de nation avant le xiiie siècle. Avant, les nations étaient les empires, qui sont nés de la réunion — plus ou moins forcé
35 randes étapes aboutissent ainsi à la création des nations  : les tribus, les empires, et les nations qui apparaissent à partir d
36 ion des nations : les tribus, les empires, et les nations qui apparaissent à partir du xive siècle. Ces nations sont comme une
37 ns qui apparaissent à partir du xive siècle. Ces nations sont comme une résurgence des tribus qui avaient été préalablement di
38 t digérées par les empires. 1er novembre 1968 Les nations sont la résurgence des tribus, qui s’étaient fondues dans les empires
39 hez tous les chauvinistes et nationalistes de nos nations modernes : ma nation est le centre du monde, c’est par là que l’on to
40 tes et nationalistes de nos nations modernes : ma nation est le centre du monde, c’est par là que l’on touche au ciel, et cela
41 rigines complètement différentes — l’une étant la nation , et l’autre l’État. À proprement parler, c’est à partir de la Révolut
42 discours à la Sorbonne intitulé Qu’est-ce qu’une nation  ? : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont comm
43 rbonne intitulé Qu’est-ce qu’une nation ? : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé. Elles finiro
44 européenne, probablement, les remplacera. » « Les nations ont commencé », est la phrase importante. Il s’agit pour nous de savo
45 retracer. Connaître la genèse de l’État et de la nation , les lois de leur évolution, peut nous permettre de mieux évaluer la
46 rgue une distinction fondamentale : je définis la nation comme un type de communauté humaine, un idéal ; tandis que je définis
47 nnel, un mécanisme. Pour un homme du xxe siècle, nation signifie unité étatique, administrative, territoriale, linguistique,
48 n est motivée par une confusion qu’ils font entre nation et patrie. La patrie, à laquelle ils sont très attachés — et ils ont
49 étruit les patries réelles en Europe, ce sont les nations . Vous voyez à quel point il est grave de confondre patrie et nation c
50 à quel point il est grave de confondre patrie et nation comme on le fait couramment. 29 avril 1967 Les nations qui ont détrui
51 on comme on le fait couramment. 29 avril 1967 Les nations qui ont détruit l’attachement à la patrie sont de formation très réce
52 nt pas plus haut que la Révolution française. Les nations qui se sont créées ainsi, au début du xixe siècle, à la suite de la
53 tionalistes, c’est une erreur totale de confondre nation et tradition. Les traditions que devrait défendre un traditionaliste
54 ne de ce nom sont beaucoup plus anciennes que les nations , et ont été détruites par les nations. Il est étrange à ce propos de
55 nes que les nations, et ont été détruites par les nations . Il est étrange à ce propos de constater que si tant de traditionalis
56 se rendent responsables de cette confusion entre nation et patrie, c’est parce qu’ils manquent de sens de l’histoire, ce qui
57 ur des traditionalistes. Ils se figurent que leur nation est éternelle ou immortelle. 1er novembre 1968 Pour le xixe siècle,
58 mbre 1968 Pour le xixe siècle, langue signifiait nation . C’est un préjugé qui ne résiste pas à des constatations. Si à chaque
59 tions. Si à chaque langue devait correspondre une nation , on ne s’expliquerait pas le découpage actuel des nations. Pourquoi l
60 on ne s’expliquerait pas le découpage actuel des nations . Pourquoi les colonies américaines, qui parlaient anglais, se sont-el
61 uniformisée, si l’on voulait faire coïncider les nations et les langues. C’est indéfendable, mais cela a joué un rôle considér
62 a joué un rôle considérable dans la formation des nations , et cela a dominé, au xxe siècle, la politique des nationalités qui
63 s historiques sur la formation de l’État et de la nation . Presque toutes les histoires (en tout cas celles écrites par des All
64 ntiment très général, incontrôlé, qui veut qu’une nation corresponde à une langue et inversement. Aux environs de 1840-1848, o
65 tion et l’Empire, la confusion de l’État et de la nation — le premier s’emparant des forces vives de la seconde pour les tourn
66 ule de passage entre les tribus primitives et les nations au sens moderne. Si les empires sont nés de tribus englobées et fixée
67 sur un territoire de plus en plus déterminé, les nations naîtront de la dissociation des empires, par relâchement du lien sacr
68 lité, la naissance d’un nouvel impérialisme : les nations modernes ont d’abord voulu s’extraire du tout englobant qu’était l’em
69 ra lié au territoire de l’ensemble du pays, de la nation . Ce n’est plus l’administration d’un domaine privé du roi, cela devi
70 n du domaine public du peuple, c’est-à-dire de la nation idéologique. L’idéologie devient très importante, et est imposée prat
71 d’être reconnu comme cette garantie suprême, les nations commenceront à se manifester comme telles. Les légistes de Philippe l
72 pereur en son royaume. » Je date la naissance des nations de ce moment précis, au début du xive siècle. Le roi de France se co
73 ande que le tout. 1er novembre 1968 Les premières nations , telles qu’elles se sont dessinées à partir du xive siècle, sont née
74 cclésiastiques sont une préfiguration des futures nations . L’héritage administratif de l’Empire romain a été repris par l’Églis
75 sionne cet État complètement centralisé, et cette nation qu’il entend discipliner entièrement. Il est en effet normal et presq
76 adhésion sentimentale et enthousiaste de toute la nation . Et pour cela, il est fatal et nécessaire qu’il s’en prenne en premie
77 i comme le complément concret et nécessaire de la nation , qui s’est presque évanouie dans l’abstrait. 12 juin 1970 L’État-nati
78 de l’État, souveraineté s’exerçant d’abord sur la nation (les hommes étant considérés comme les sujets de l’État) et aussi à l
79 le seul interprète des intérêts supérieurs de la nation  ; mépris pour le juridisme, pour les règles du droit et la constituti
80 tarcie, c’est-à-dire à la revendication, pour une nation , de se suffire complètement à elle-même, et de se fermer à l’extérieu
81 s traités — est que le gouvernement, l’État d’une nation souveraine peut déclarer la guerre et conclure la paix quand il le ve
82 fermir, de raffermir le pouvoir de l’État sur une nation , puis, par leur expansion coloniale, impérialiste — cette espèce de p
83 Il importe de rappeler la manière réelle dont les nations modernes se sont constituées. Elles se sont constituées par l’impéria
84 petit État central, qui a, peu à peu, conquis les nations qui l’entouraient en prétendant les libérer ou les réunir. 3 novembre
85 ent continuel de son pouvoir. 22 novembre 1968 La nation révolutionnaire est conçue dès le début comme une religion missionnai
86 devenir impérialiste, en tant qu’instrument de la nation missionnaire. Et en retour, la guerre va renforcer l’État, car pendan
87 us son nom de Bonaparte, on se rend compte que la nation , qui était une mystique qu’elle est restée en partie, deviendra beauc
88 e de la guerre qui renforce l’État pour sauver la nation , qui oblige à des mesures qui sont données comme des mesures de guerr
89 t exercer réellement ses droits civiques dans une nation de 25 millions d’habitants complètement unifiée, c’est-à-dire où il n
90 tice. 14 janvier 1977 L’origine de ce qui sera la nation imposant les mêmes frontières à toutes les facultés humaines et à tou
91 Avec l’introduction suivante des éditeurs : « La “ nation ” telle qu’on l’entend habituellement — la France, l’Espagne, l’Italie
92 ise et des guerres napoléoniennes. Cette idée de “ nation ” correspond en fait à la mainmise d’un appareil étatique sur des réal
4 1988, Inédits (extraits de cours). Europe
93 État unitaire royal ou jacobin, de l’anarchie des nations souveraines, finalement du totalitarisme qui est, en quelque sorte, l
94 itiques et de l’opinion publique, à ce concept de nation souveraine, séparée de toutes les autres et qui a pour but plus ou mo
95 rope, elle ne pouvait apparaître qu’après que les nations se soient constituées, que l’État se soit constitué. Au point de vue
96 péen, il faut reconnaître que l’évolution vers la nation n’est pas seulement cette espèce de maladie que l’on dénonce aujourd’
97 embre 1968 En Europe, il y avait trois espèces de nations , définies par rapport au Saint-Empire : les nations qui faisaient par
98 tions, définies par rapport au Saint-Empire : les nations qui faisaient partie de l’empire ; les nations qui n’en faisaient pas
99 es nations qui faisaient partie de l’empire ; les nations qui n’en faisaient pas partie, mais avaient fait partie de l’Empire c
100 ait partie de l’Empire carolingien (France) ; les nations qui n’avaient jamais fait partie ni de l’un, ni de l’autre, mais seul
101 istances que nous observons aujourd’hui entre les nations et l’Europe unie. Les plus chauds partisans de la CEE — cinq sur six
102 e de ce vieux réflexe anti-Saint-Empire romain de nations germaniques. À certains moments, il y avait pensé, il a fait quelques
5 1988, Inédits (extraits de cours). Fédéralisme
103 entre les groupes, les cités, les régions et les nations , sans faire violence à leurs complexités vivantes et à leurs singular
104 communauté, et puis ensuite État-nation, choc des nations , les nations voulant chacune prendre sur elle les caractères absolus
105 t puis ensuite État-nation, choc des nations, les nations voulant chacune prendre sur elle les caractères absolus de l’empire,
106 empire, pour être valable, doit être unique, les nations voulant aussi avoir les caractères d’une Église, c’est-à-dire être sa
107 rope. Elle ne pouvait apparaître qu’après que les nations se soient constituées, que l’État se soit constitué et qu’il ait dépl
6 1988, Inédits (extraits de cours). Histoire
108 e passé en termes anachroniques de projection des nations telles qu’elles étaient devenues au xixe siècle. On disait « la Fran
109 quis par les Français. On oubliait de dire que la nation n’avait pas toujours existé sous la forme qu’elle avait au xixe sièc
110 ps anciens comme la préparation à la création des nations modernes. On était, par exemple, obligé de dire que certaines parties
111 l’essentialisme : sorte d’idée platonicienne des nations , telles qu’elles devaient devenir pour que la France achève l’Hexagon
112 ive d’une idée d’essence supérieure, telle que la nation . L’autre approche, celle de Proudhon par exemple, refuse la synthèse
113 bien souvent étrangères) une idée du présent, la nation , dont on cherche à montrer le développement “logique”, au mépris des
114 ement “logique”, au mépris des faits. On voit la “ nation ” se réaliser peu à peu, telle qu’elle doit être, suivant la définitio
115 ue qu’on leur accorde au service de l’idée d’une “ nation ” éternelle. À l’inverse, il faut considérer que l’homme est créateur
7 1988, Inédits (extraits de cours). Liberté
116 être mauvaise pour les intérêts de la cité, de la nation , ou de l’État : ce risque, ce danger, doit être admis d’avance ; donc
8 1988, Inédits (extraits de cours). La personne
117 ou de mission à une communauté — peuple, État ou nation . Jusqu’alors, une mission, une vocation, dans le vocabulaire chrétien
9 1988, Inédits (extraits de cours). Politique
118 un appareil rudimentaire, et froid. Tandis que la nation est un phénomène affectif, presque sentimental et mystique selon les
119 n de réalités diverses par nature. Dans ces trois nations , on observera le même passage de « l’anarchie féodale » à l’absolutis
120 française marque un seuil dans l’évolution de la nation , elle marque ce moment de crise où le sacré se déplace d’un seul coup
121 ment. Il n’est plus dans l’Église, il est dans la nation . Il n’est plus dans la religion, il est dans l’idéologie. 15 novembre
122 e pulvérisation de la population française nommée nation ne comprend pas l’unanimité des Français. Elle ne comprend, dans l’es
123 iers état seul, dès ce moment-là, représentait la nation , la volonté générale. C’est dans ce sens qu’il pouvait être l’État. C
124 moment qu’on voit se préciser la définition de la nation non pas comme communauté naturelle, mais comme communauté idéologique
125 u pays, la première tâche du parti qui incarne la nation , l’idée de nation, consiste à centraliser tous les éléments du pouvoi
126 e tâche du parti qui incarne la nation, l’idée de nation , consiste à centraliser tous les éléments du pouvoir, à effacer le pl
127 nom de cette espèce de religion laïque qu’est la nation . Ce parti au pouvoir confond dans une même répression, d’une part la
128 ve, exercée par un monarque, par un État, par une nation , un dictateur ou un parti ; et par liberté, essentiellement les liber
129 assez spontanée qu’est le Saint-Empire romain de nations germaniques, c’est que cela existe par la force du raisonnement, par
130 ne conception de l’État unitaire, planifié, de la nation même jacobine. Exemple de cette combinaison qui répond point par poin
131 le nationalisme à l’extérieur ; il veut donc une nation du type jacobin, dont il a hérité, mais il veut un fédéralisme intern
132 e sacré du religieux au profane, de l’Église à la nation . La nation est devenue un nouveau dogme en vertu duquel on réprime le
133 religieux au profane, de l’Église à la nation. La nation est devenue un nouveau dogme en vertu duquel on réprime les hérétique
134 hérétiques et l’on uniformise les consciences. La nation idéologique moderne se distingue ainsi de l’idée originelle : la comm
10 1988, Inédits (extraits de cours). Région
135 iècle, l’État-nation seul est autonome. (Dans les nations centralisées, les autonomies locales et régionales sont inexistantes 
136 autonomies sont contraires au droit des gens. La nation est une unité trop dure pour la coopération et les échanges. Elle est
11 1988, Inédits (extraits de cours). Révolution
137 a révolution. 27 mai 1977 Pendant huit siècles, «  nation  » n’a pas voulu dire autre chose que cela : un peuple parlant une cer
138 française, avec le fameux cri de Valmy « Vive la nation  » qui a au fond donné la victoire aux troupes françaises, c’était la
139 e ce lieu une ère nouvelle va naître. » « Vive la nation  », ça ne voulait pas dire ce jour-là « Vive la France » ; ça voulait
140 neurs environnants : il désignait, comme le mot «  nation  », une espèce de symbole de la nouvelle communauté que l’on rechercha
141 durci les positions, si bien que le cri « Vive la nation  » est devenu très vite « Vive la France révolutionnaire » et puis ens