1
il a quitté le collège jésuite pour la tranchée,
puis
« le sport l’a saisi aux pattes de la guerre encore contus de huit co
2
unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il
me
semble bien paradoxal de vouloir unir dans une même philosophie la mo
3
maîtres d’eux-mêmes, c’est-à-dire libres. Et cela
me
semble d’autant plus paradoxal que M. de Montherlant est justement un
4
ons, qu’on les appelle ou non idées générales, et
j’
avoue bien volontiers qu’il n’est pas une opinion sur le monde à laque
5
’il n’est pas une opinion sur le monde à laquelle
je
ne préfère le monde ». Je préfère à la dogmatique de M. de Montherlan
6
sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ».
Je
préfère à la dogmatique de M. de Montherlant son admirable lyrisme de
7
utent, et il oscille entre l’un et l’autre. Ainsi
mon
art, entre terre et ciel. Mais sa foulée, bondissante et posée, est p
8
du désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que
je
n’entends pas ? » — Mais plus que le corps en mouvement, c’est la dom
9
e dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : «
Je
ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils d
10
ui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on
m’
aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre ca
11
à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime.
Je
demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine.
12
Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on
me
soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne
13
que parcourent de jeunes et purs courages, donnez-
moi
votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement,
14
es, donnez-moi votre silence jusqu’à l’heure. Que
je
taise votre mot de ralliement, paradis à l’ombre des épées. Rien de
15
cision. » On évitera ainsi tout niais romantisme.
Je
sais bien ce qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’app
16
. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car
je
crois qu’elle sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’
17
n » que lui ont enseigné le sport et les anciens.
J’
admets que ses « idées générales » ne vaillent rien2 ; sa morale viril
18
qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis
je
ne sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût du sang. Tout
19
s inévitables, avec un bref soupir s’y résignent,
puis
tablent sur eux, et d’autres qui tiennent qu’une telle attitude est r
20
revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre :
je
ne sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité
21
« flamme pensante » dans l’ossuaire de Douaumont.
Puis
la vie l’exalte de nouveau d’un large vent de joie. a. Rougemont D
22
ple sténographe de ses rêves. Soit. De ces faits,
je
tire cette conclusion pratique : inutile de publier des poèmes. Éluar
23
cation est dans la logique de ses principes, mais
je
lui conteste le droit de faire suivre son manifeste de proses — Poiss
24
n à sa défense de la poésie pure. Les beautés que
j’
y vois ne me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuit
25
se de la poésie pure. Les beautés que j’y vois ne
me
seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidenc
26
fortuite coïncidence entre l’univers du poète et
le mien
? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être pa
27
coïncidence entre l’univers du poète et le mien ?
Je
comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être parfait
28
ends trop de choses dans ces poèmes qui devraient
m’
être parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton sera
29
qui devraient m’être parfaitement impénétrables.
Je
crois même voir que M. Breton serait un très curieux poète s’il ne s’
30
poème doit être une dictée non corrigée du Rêve.
Je
reconnais à chaque ligne de Poisson soluble cette « vieillerie poétiq
31
une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et
je
ne puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dè
32
ande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne
puis
m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès lors,
33
part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis
m’
empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès lors, tou
34
ie lui-même : « Il y a quelque chose au-dedans de
moi
. Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches co
35
meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt,
je
crois, une certaine harmonie générale dans le récit et le ton, surtou
36
l’Asie est le subconscient du monde, formule qui,
je
pense, réunira tous les suffrages. Et chacun d’en tirer de nouvelles
37
en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert.
Puis
il l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se tr
38
’impartialité. Son art bénéficie de cette vision.
Je
ne saurais résumer les nombreuses péripéties de son dernier roman san
39
iste ». Il ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et
j’
imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la
40
à son propre corps de doctrines critiques. Dirai-
je
pourtant que je crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inc
41
rps de doctrines critiques. Dirai-je pourtant que
je
crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à g
42
moral, c’est-à-dire rationnel, dit M. Seillière —
me
paraît infiniment plus forte que celle d’un Maurras ou que celle d’un
43
e tous les jours aux vivants et aux morts : Mère,
je
sais très mal comme l’on cherche les morts… « … Cette chose haute à l
44
utel et le surréalisme l’ont enrichie d’images…).
Je
cite des noms : y a-t-il influence ou seulement co-génération ? Pour
45
cho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles.
J’
avoue que l’univers intérieur où il lui arrive de graviter me trouble
46
l’univers intérieur où il lui arrive de graviter
me
trouble mieux que son lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini
47
ts, Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent,
je
crois, de parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ai
48
petits. Voici naître la révolution dans un cœur,
puis
dans une famille. Et une fois le grand bouleversement accompli dans l
49
on d’idées en faits ou en situations dramatiques.
Je
donnerai tous les essais de M. de Voguë sur l’âme slave pour deux ou
50
e faire du bruit. Il songea : — C’est la fin pour
moi
. Puis : — Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde d
51
re du bruit. Il songea : — C’est la fin pour moi.
Puis
: — Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde dans l’
52
e est un enfant : va-t-il rire, va-t-il pleurer ?
m’
embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne
53
: va-t-il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou
me
tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empir
54
trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer.
Je
parle en général, sachant bien qu’un Romier, un Bainville, quelques a
55
a bêtise de tous les partis, on comprendra ce que
je
veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos pens
56
aient à l’action, c’est encore pour cultiver leur
moi
. Ils y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle
57
cultiver leur moi. Ils y cherchent un fortifiant,
je
ne sais quelle excitation, quelle révélation ou quel oubli. C’est un
58
listes adonnés à la culture et à la libération du
moi
paraissent bien les ancêtres des nouvelles générations de héros de ro
59
n d’étonnant : ils ne sont que les projections du
moi
de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu cardinale pour le créateur.
60
souvent, sur soi-même. On écrit pour cultiver son
moi
, pour l’éprouver et le prémunir, pour y découvrir des possibilités ne
61
de la vérité. Bornons-nous à noter le phénomène,
puis
à en suivre quelques conséquences. Connaissance intégrale et culture
62
équilibres entre la raison et les sens, entre le
moi
et le monde : l’ennui est venu avant l’épuisement des combinaisons po
63
rs ». « Pour nous, le salut n’est nulle part… » «
Je
comprends la révolte des autres et quelles prières cela fait à Dieu »
64
end en vain sa Révélation : « C’est peut-être que
je
suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il est trop attaché
65
ne s’est autant attachée à chercher dans le seul
moi
les fondements d’une éthique. Presque tous sont hantés par la peur d’
66
’est vertu que de favoriser son expansion. — Mais
je
trouve en moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cult
67
e de favoriser son expansion. — Mais je trouve en
moi
ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cultive simultaném
68
n moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si
je
les cultive simultanément il est clair que les tendances négatives l’
69
ient la suprême liberté. Le désir se précisait en
moi
de commettre enfin l’acte vraiment indéfendable de tout point de vue…
70
’acte vraiment indéfendable de tout point de vue…
J’
avais goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous ch
71
ectuel sur lequel tout apparaît inutile et vain ?
Je
cite ces phrases, tirées d’un récit d’ailleurs admirable4, de Louis A
72
es, ni la pudeur, ni le remords, ni le respect de
moi
ni de mes rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m
73
pudeur, ni le remords, ni le respect de moi ni de
mes
rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m’empêchero
74
i toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui
m’
empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil
75
d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce que
je
désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de
76
ien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de
me
sentir plus fort encore et de la vaincre. — Mais la joie d’une si hau
77
la perversion d’une vertu qui se brûle elle-même.
Je
ne vais point nier la fécondité psychologique d’une attitude par aill
78
on sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas
je
vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur
79
d’Arland, de Louis Aragon, de Drieu la Rochelle.
Je
ne cite que les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « g
80
lides suffirait à restaurer une élite, efficace. (
Je
vois Jean Prévost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois
81
suspens dans la première partie de la conférence.
Puis
M. A. Brémond, étudiant en théologie, présenta deux ouvriers de Paris
82
t et les Romands recouvrent l’usage de la parole,
puis
on va se dégourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du villag
83
uer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-
je
que l’abus des points d’exclamation — trait commun à presque toutes l
84
s les femmes auteur, et qui plaît aux lectrices —
m’
agace un peu ? C’est une vétille. s. Rougemont Denis de, « [Compte
85
tre qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui
me
paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’esthéti
86
es fantômes, sur le public. (Bientôt sur lui-même
je
le crains, pour renaître catholique.) Certes, il bannit le charme et
87
René Crevel,
Mon
corps et moi (mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la dé
88
René Crevel, Mon corps et
moi
(mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la détresse morale
89
ite par curiosité passagère, il monologue. « Oui,
je
le redirai, tous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à me per
90
ssagère, il monologue. « Oui, je le redirai, tous
mes
essais furent prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vér
91
je le redirai, tous mes essais furent prétextes à
me
dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se re
92
ous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à
me
perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se refuser à l’élan v
93
de tout ce qui est constructif et créateur, voilà
je
pense le véritable désordre. Une intelligence parvenue au point où el
94
Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René Crevel,
Mon
corps et moi », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
95
is de, « [Compte rendu] René Crevel, Mon corps et
moi
», Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p.
96
a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et
je
ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C
97
vaincre. Après les exposés de Janson, de Brémond,
j’
en sais plusieurs qui ont ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matiè
98
ue chose de définitif à la fois et d’intelligent,
je
le mesure aussi à l’émotion qui accueillit l’étude de Maury sur Jacqu
99
rochure de la conférence3 pour savoir tout ce que
je
n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50,
100
tence… construire les villes de notre temps ». Et
je
déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de ver
101
ence de l’azur au-dessus des rumeurs de la ville.
Puis
s’étendent les quartiers de résidence ; les jardins suspendus à tous
102
einte imprévisible des choses. Amour de soi… Mais
moi
, qui suis-je ? Par ces trois mots commence le drame de toute vie. Ha
103
ois mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui
je
suis ? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force — ic
104
ce le drame de toute vie. Ha ! Qui je suis ? Mais
je
le sens très bien ! je sens très bien cette force — ici, je tape du p
105
e. Ha ! Qui je suis ? Mais je le sens très bien !
je
sens très bien cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce c
106
très bien ! je sens très bien cette force — ici,
je
tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi, un milieu,
107
e — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps…
J’
ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’au
108
du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à
moi
, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autres forces et ta
109
tant de bonheurs ou de dégoûts étranges viennent
m’
habiter ; je ne sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait c
110
heurs ou de dégoûts étranges viennent m’habiter ;
je
ne sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous
111
ts étranges viennent m’habiter ; je ne sais plus…
Je
suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je
112
s beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous
me
direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent v
113
personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui
je
suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages
114
ges, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis,
mes
amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je pui
115
qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils
me
proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le mon
116
st le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que
je
puis à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses, les faits, la
117
le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je
puis
à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses, les faits, la vie,
118
les choses, les faits, la vie, comme ils disent.
Je
me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comp
119
s choses, les faits, la vie, comme ils disent. Je
me
suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit compren
120
abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on
me
fit comprendre qu’il n’est que le jeu de sauter follement d’une habit
121
er follement d’une habitude dans une autre. Il ne
me
resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni, livré
122
e autre. Il ne me resta qu’une fatigue profonde ;
je
devins si faible et démuni, livré aux regards d’une foule absurde, bi
123
nir un secret très simple, et un peu narquois ils
me
considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le mond
124
is ils me considéraient avec une pitié curieuse :
je
me sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais s
125
ils me considéraient avec une pitié curieuse : je
me
sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais seul
126
e : je me sentis nu, tout le monde devait voir en
moi
une tare que j’étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qu
127
nu, tout le monde devait voir en moi une tare que
j’
étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait tou
128
moi une tare que j’étais seul à ignorer, était-ce
ma
fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement ins
129
seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui
me
rendait toutes choses si méticuleusement insupportables, si cruelleme
130
sentes et dures ? La cause de cette inadaptation,
je
la soupçonnais si grave, si fondamentale que je préférais me leurrer
131
, je la soupçonnais si grave, si fondamentale que
je
préférais me leurrer à combattre des imperfections de détail dont je
132
onnais si grave, si fondamentale que je préférais
me
leurrer à combattre des imperfections de détail dont je m’exagérais l
133
rrer à combattre des imperfections de détail dont
je
m’exagérais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que je progressa
134
r à combattre des imperfections de détail dont je
m’
exagérais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que je progressais,
135
rais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que
je
progressais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je me refusa
136
par feintes que je progressais, jusqu’au jour où
je
m’avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire.
137
r feintes que je progressais, jusqu’au jour où je
m’
avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire. Ce
138
sais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que
je
me refusai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond de
139
s, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je
me
refusai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond de tou
140
e tous les plaisirs, cette envie de rire quand il
m’
arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de mes victoires, à pleure
141
m’arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de
mes
victoires, à pleurer sur mes déboires, ce malaise seul liait les pers
142
ncapacité à jouir de mes victoires, à pleurer sur
mes
déboires, ce malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtai
143
s, ce malaise seul liait les personnages auxquels
je
me prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon êt
144
ce malaise seul liait les personnages auxquels je
me
prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon être
145
es auxquels je me prêtais. Mais en même temps que
je
le découvrais, dans tout mon être une force aveugle de violence s’éta
146
ais en même temps que je le découvrais, dans tout
mon
être une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’e
147
veugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui
m’
entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde aux contr
148
vée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où
je
connus quelle confiance sourde aux contradictions intimes exige un ac
149
saient brusquement les éléments désaccordés de ce
moi
que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des pr
150
rusquement les éléments désaccordés de ce moi que
j’
avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premiers
151
s de ce moi que j’avais tant choyé. « Maintenant,
m’
écriai-je — c’était un des premiers jours du printemps —, l’heure est
152
oi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-
je
— c’était un des premiers jours du printemps —, l’heure est venue de
153
omme ne se distingue plus de l’animal. Louée soit
ma
force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui
154
e, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en
moi
de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une do
155
mpte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour
ma
vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimai
156
ui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute
ma
joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brut
157
ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que
j’
aimais dans ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’allais pli
158
ur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’était
ma
liberté agissante. J’allais plier des résistances à mon gré, agir sur
159
ans ces brutalités, c’était ma liberté agissante.
J’
allais plier des résistances à mon gré, agir sur les choses… Vers le s
160
berté agissante. J’allais plier des résistances à
mon
gré, agir sur les choses… Vers le soir, l’ardeur tombe : agir ? dans
161
ur tombe : agir ? dans quel sens ? Provisoirement
j’
étais sauvé d’un désordre où l’on glisse vers la mort. L’important, c’
162
t de ne pas se défaire. Mais rien n’était résolu.
Me
voici devant quelques problèmes dont je sais qu’il est absolument vai
163
t résolu. Me voici devant quelques problèmes dont
je
sais qu’il est absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je
164
solument vain de prétendre les résoudre, mais que
je
dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème
165
qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base.
J’
aurai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but
166
re. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de
m’
y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieu
167
re au début d’une recherche qui n’a que ce but de
me
rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrête parfois,
168
rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant,
je
m’arrête parfois, heureux : « J’ai donc la foi ? » Mais c’est encore
169
ndre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je
m’
arrête parfois, heureux : « J’ai donc la foi ? » Mais c’est encore une
170
ment. En priant, je m’arrête parfois, heureux : «
J’
ai donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne f
171
i donc la foi ? » Mais c’est encore une question…
Je
crois qu’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révé
172
tion vienne chercher l’âme qui se sent misérable.
Je
ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-je à la vouloir, et
173
ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-
je
à la vouloir, et c’est le tout. S’il est une révélation, c’est en me
174
c’est le tout. S’il est une révélation, c’est en
me
rendant plus parfait que je lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi
175
révélation, c’est en me rendant plus parfait que
je
lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que
176
rfait que je lui préparerai les voies. Agir ? Sur
moi
d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis dign
177
oies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que
je
respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir
178
d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en
moi
. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner :
179
ord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi.
Je
ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela
180
ecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que
je
puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’instinct
181
e tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je
puis
devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’instinct le p
182
e peut dicter que les gestes les plus favorables.
J’
ai d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela
183
s les plus favorables. J’ai d’autres instincts et
je
n’entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ils sont naturels :
184
pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu.
Ma
vertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma
185
Vertu. Ma vertu est de chercher cette Vertu ; de
me
replacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes mes forces complic
186
cher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de
ma
vie ; de rendre toutes mes forces complices de mon destin. D’abord do
187
eplacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes
mes
forces complices de mon destin. D’abord donc, choisir Mes instincts,
188
ma vie ; de rendre toutes mes forces complices de
mon
destin. D’abord donc, choisir Mes instincts, ensuite, les éduquer, se
189
es complices de mon destin. D’abord donc, choisir
Mes
instincts, ensuite, les éduquer, selon des lois établies par le conco
190
quoi se composent le plaisir et la conscience de
Mes
limites. Je m’attache particulièrement à retrouver ces limites : la v
191
osent le plaisir et la conscience de Mes limites.
Je
m’attache particulièrement à retrouver ces limites : la vie moderne,
192
nt le plaisir et la conscience de Mes limites. Je
m’
attache particulièrement à retrouver ces limites : la vie moderne, méc
193
uivant les directions de moindre résistance. Mais
je
ne m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter
194
les directions de moindre résistance. Mais je ne
m’
emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter plus
195
Mais je ne m’emprisonnerai pas dans ces limites.
Ma
liberté est de les porter plus loin sans cesse, de battre mes propres
196
est de les porter plus loin sans cesse, de battre
mes
propres records. De ce lent effort naît une modestie que je m’enorgue
197
records. De ce lent effort naît une modestie que
je
m’enorgueillis un peu de connaître ; et de cette volonté d’un meilleu
198
cords. De ce lent effort naît une modestie que je
m’
enorgueillis un peu de connaître ; et de cette volonté d’un meilleur m
199
de connaître ; et de cette volonté d’un meilleur
moi
, une certaine méfiance vis-à-vis de ma sincérité. La sincérité m’appa
200
meilleur moi, une certaine méfiance vis-à-vis de
ma
sincérité. La sincérité m’apparaît parfois comme un arrêt artificiel
201
méfiance vis-à-vis de ma sincérité. La sincérité
m’
apparaît parfois comme un arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupid
202
m’apparaît parfois comme un arrêt artificiel dans
ma
vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On don
203
arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupide sur
mon
état qui peut m’être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en l
204
ans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut
m’
être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je
205
On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or
je
ne veux plus de faiblesses4.) Et demain peut-être, agir dans le monde
206
es4.) Et demain peut-être, agir dans le monde, si
je
m’en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut un
207
.) Et demain peut-être, agir dans le monde, si je
m’
en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une c
208
époque nous veut, comme elle veut une conscience.
Je
fais partie d’un ensemble social et dans la mesure où j’en dépends, j
209
partie d’un ensemble social et dans la mesure où
j’
en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transform
210
nsemble social et dans la mesure où j’en dépends,
je
me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il
211
mble social et dans la mesure où j’en dépends, je
me
dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y
212
et dans la mesure où j’en dépends, je me dois de
m’
employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y faut une do
213
à sa transformation. Mais il y faut une doctrine,
me
dit-on. L’avouerai-je, quand je médite sur une doctrine possible, sur
214
ais il y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-
je
, quand je médite sur une doctrine possible, sur une systématisation d
215
aut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je, quand
je
médite sur une doctrine possible, sur une systématisation de mes peti
216
une doctrine possible, sur une systématisation de
mes
petites certitudes5, j’éprouve vite le sentiment d’être dans un débat
217
r une systématisation de mes petites certitudes5,
j’
éprouve vite le sentiment d’être dans un débat étranger à ce véritable
218
re dans un débat étranger à ce véritable débat de
ma
vie : comment surmonter un malaise sans cesse renaissant, comment m’a
219
rmonter un malaise sans cesse renaissant, comment
m’
adapter à l’existence que m’imposent mon corps et les lois du monde, e
220
e renaissant, comment m’adapter à l’existence que
m’
imposent mon corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puiss
221
t, comment m’adapter à l’existence que m’imposent
mon
corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puissance de joui
222
corps et les lois du monde, et comment augmenter
ma
puissance de jouir, en même temps que ma puissance d’agir. Que tout c
223
ugmenter ma puissance de jouir, en même temps que
ma
puissance d’agir. Que tout cela s’agite sur fond de néant, je le comp
224
d’agir. Que tout cela s’agite sur fond de néant,
je
le comprends par éclairs, mais une secrète espérance m’emporte de nou
225
comprends par éclairs, mais une secrète espérance
m’
emporte de nouveau, premier gage du divin… Reprendre l’offensive — au
226
r gage du divin… Reprendre l’offensive — au soir,
je
m’amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sou
227
age du divin… Reprendre l’offensive — au soir, je
m’
amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sourir
228
u soir, je m’amuserai à mettre des étiquettes sur
mes
actes… Déjà je sens un sourire — en songeant à ces raisonnements que
229
serai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà
je
sens un sourire — en songeant à ces raisonnements que je me tiens — p
230
un sourire — en songeant à ces raisonnements que
je
me tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je l
231
sourire — en songeant à ces raisonnements que je
me
tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je le d
232
es raisonnements que je me tiens — plisser un peu
mes
lèvres, et s’affirmer à mesure que je le décris. Mais comme un écho p
233
ser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que
je
le décris. Mais comme un écho profond, une attirance aussi d’ancienne
234
es folies… Combat, oscillations silencieuses dans
ma
demi-conscience. Joie, dégoût, lueurs éteintes dans une nuit froide.
235
oide. Les notes d’un chant qui voudrait s’élever.
Puis
enfin la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste,
236
ant qui voudrait s’élever. Puis enfin la marée de
mes
désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’
237
iste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez,
mes
joies du large !… Tiens, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant
238
flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens,
j’
écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horizons, images qui s’é
239
, mes joies du large !… Tiens, j’écoute le vent ;
je
pense au monde. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je vais é
240
onde. Chant des horizons, images qui s’éclairent…
Je
vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans un
241
s qui s’éclairent… Je vais écrire autre chose que
moi
, je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est s
242
s’éclairent… Je vais écrire autre chose que moi,
je
vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se su
243
rent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais
m’
oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser)
244
is écrire autre chose que moi, je vais m’oublier,
me
perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser). J’entends
245
s une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser).
J’
entends des phrases qu’il ne faut pas encore comprendre — tout est si
246
s encore comprendre — tout est si fragile —, mais
je
sais quelle légèreté puissante, quelle confiance vont guider ce corps
247
… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle,
mon
amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne v
248
u plaisir ? Êtes-vous belle, mon amie, — et vous,
ma
vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce dési
249
belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais
je
vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pou
250
ous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que
je
ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô lux
251
s aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui
me
rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ? Je
252
autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ?
Je
reste candidat au salut. 4. La sincérité absolue, « scientifique »
253
alut. 4. La sincérité absolue, « scientifique »
me
paraît aller contre fin. Une attention trop directe et soutenue modif
254
irecte et soutenue modifie son objet vivant. Pour
moi
, la sincérité ne peut être que spontanée. Et spontanément je suis por
255
érité ne peut être que spontanée. Et spontanément
je
suis porté à écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites elles
256
spontanément je suis porté à écrire des idées qui
m’
aideront. Une fois écrites elles prennent un caractère de certitude qu
257
ère de certitude qu’elles n’avaient pas encore en
moi
. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Quant à adhérer à u
258
’elles n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi
ma
sincérité est tendancieuse. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute
259
5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce
me
semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expériences
260
toute faite, ce me semble une dérision complète.
Je
m’étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persu
261
ute faite, ce me semble une dérision complète. Je
m’
étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuade
262
tème n’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi
je
ne puis comprendre les excommunications et les intransigeances. Toute
263
’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne
puis
comprendre les excommunications et les intransigeances. Toutes les as
264
ns et les intransigeances. Toutes les aspirations
me
paraissent légitimes chez d’autres, même celles que je juge bon d’éli
265
raissent légitimes chez d’autres, même celles que
je
juge bon d’éliminer de moi. Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mo
266
autres, même celles que je juge bon d’éliminer de
moi
. Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mouvement normal » de vie. g
267
Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)w
Je
ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. F
268
d’épouser le dynamisme spirituel qu’elle révèle,
puis
de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a tout le talent
269
e biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre
me
paraît liée à cette confusion. Mais s’il est bien établi que les lois
270
r toute communication directe entre l’œuvre et le
moi
, comme le fait M. Fernandez dans un essai sur l’Autobiographie et le
271
l’Autobiographie et le Roman, dont pour ma part
je
suis loin d’admettre plusieurs thèses beaucoup trop absolues. M. Fern
272
st-elle pas une façon particulière de s’essayer ?
Je
ne puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant q
273
e pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne
puis
amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant que la po
274
autant que la position de l’auteur dans cet essai
me
paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vraiment l’inter
275
l’homme dans l’élan qui fait sa véritable unité.
Je
me borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ce
276
homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je
me
borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ces e
277
s, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)h
Je
ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de violenc
278
(10 juillet 1926)h Je ferme les Bestiaires, et
me
tirant hors de ce « long songe de violence et de volupté », je me sen
279
s de ce « long songe de violence et de volupté »,
je
me sens envahi par un rythme impérieux au point qu’il faut que certai
280
e ce « long songe de violence et de volupté », je
me
sens envahi par un rythme impérieux au point qu’il faut que certaines
281
périeux au point qu’il faut que certaines voix en
moi
taisent leur protestation, étouffées par des forces qui se lèvent. Ca
282
re elle cligna des yeux et on vit sa respiration.
Puis
ses pattes se tendirent peu à peu, comme un corps qu’on gonflerait à
283
la fumée des sacrifices sanglants. Pour ma part,
je
le trouve assez peu humain et comme obsédé par une idée de violence t
284
t de la gravité que dans les choses voluptueuses,
je
n’ai pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui é
285
é de la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188)
Je
n’ai pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciser
286
orte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe,
me
paraît destiné à lever plusieurs des plus tenaces de ces confusions.
287
’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois —
je
pense à certaines pages sur Jérusalem qui touchent particulièrement u
288
e et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que
je
trouve si juste : « Ce qui définit le plus profondément l’Occidental,
289
nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place
me
manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des deux autres part
290
la nôtre. » La place me manque pour parler comme
j’
aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importa
291
te le ton mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais
j’
avoue que m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait
292
suré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que
m’
a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir part
293
Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)x
J’
éprouve quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce nouveau to
294
s prairies espagnoles pleines de simple grandeur,
j’
ai supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurolo
295
ctacle des athlètes. Et c’est elle avant tout que
j’
admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur sujet trop pittoresque
296
de haut avec la nonchalance des vrais puissants,
je
compte qu’il saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humai
297
mières et des odeurs, espérant entrer là-bas dans
je
ne sais quelle harmonie plus reposante. Cette imparfaite accoutumance
298
ruissement vague des roseaux aux feuilles sèches…
Puis
la brume est venue comme une envie de sommeil. Une lampe dans la mais
299
, les façades sont jaunes et roses près de l’eau,
puis
perdent dans la nuit leurs lignes graves. Toutes ces formes devinées
300
paraison de l’idéal asiatique avec le nôtre. Mais
je
crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire aux crit
301
mpathie. Il est bien facile de s’écrier : « Après
moi
, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler no
302
s votre idéal ou envers les fluctuations de votre
moi
? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsion sp
303
rit ailleurs : « En chaque être, le pire instinct
me
paraissait le plus sincère. » La sincérité spontanée, vertu moderne e
304
u fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de
me
voir donner ici la préférence à l’acte volontaire, ou mieux : intéres
305
e, ou mieux : intéressé, tandis qu’en littérature
je
défends l’acte gratuit, je réponds que la littérature remplirait déjà
306
ndis qu’en littérature je défends l’acte gratuit,
je
réponds que la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en s
307
voluptueux. Sincérité envers soi-même Noli
me
tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends u
308
oi-même Noli me tangere. Premier exemple. —
Je
m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire
309
même Noli me tangere. Premier exemple. — Je
m’
assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce
310
me tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à
mon
bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouv
311
Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau,
je
prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (s
312
ieds à mon bureau, je prends une feuille blanche,
je
vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, dé
313
prends une feuille blanche, je vais écrire ce que
je
trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitatio
314
uille blanche, je vais écrire ce que je trouve en
moi
(sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitations, obscurités
315
ns, hésitations, obscurités, etc.). Supposons que
j’
éprouve un désir d’action vive, un élan vers certain but précis. Ou b
316
n vive, un élan vers certain but précis. Ou bien
j’
aurais juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettr
317
ste le temps de le noter avant de partir. Ou bien
je
me mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, pui
318
le temps de le noter avant de partir. Ou bien je
me
mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, puisqu
319
mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors
je
le fausse, puisque je le prive de la puissance de se délivrer en gest
320
plus longuement. Mais alors je le fausse, puisque
je
le prive de la puissance de se délivrer en gestes, en conséquences ma
321
quences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur que
je
décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-mêm
322
lan pur que je décris : c’est un élan freiné dans
mon
esprit, c’est le frein lui-même, bientôt — par un mouvement normal de
323
alement c’est à la découverte d’une faiblesse que
j’
aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan ap
324
ne faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui
m’
a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait. Second exemple. — J’ép
325
plir ce que l’élan appelait. Second exemple. —
J’
éprouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
326
ouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-
je
, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins
327
n de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-
je
? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des
328
faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
Je
revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des sent
329
-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis,
je
revis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprou
330
revis plus ou moins fortement des sentiments que
je
crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
331
ments que je crois avoir éprouvés à tel moment de
mon
passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines s
332
à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
je
parviens à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinie
333
de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à
me
souvenir de certaines sensations profondes et indéfinies (telle sensa
334
rrures, personne ne sait la richesse de ta vie…).
J’
écris ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
335
sait la richesse de ta vie…). J’écris ces choses.
Puis
, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un être si différent. Le
336
ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes,
je
retrouve un être si différent. Les gestes et les sentiments qui se pr
337
Les gestes et les sentiments qui se proposaient à
mon
souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur
338
souvenir ont été passés au crible de la minute où
je
me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, ce
339
venir ont été passés au crible de la minute où je
me
penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette
340
ssés au crible de la minute où je me penchais sur
mon
passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette minute est baign
341
e du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut
m’
apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souvenir
342
st bien le second. La qualité des souvenirs qu’il
me
livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le m
343
e second. La qualité des souvenirs qu’il me livre
me
renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le moment que
344
l me livre me renseigne assez exactement, non sur
mon
passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne sau
345
tement, non sur mon passé, mais sur le moment que
je
vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur so
346
uée dans le premier exemple. C’est un cas-limite,
j’
en conviens. Pourtant, n’est-ce pas le schéma de tout un genre littéra
347
le bas produit une agitation accélérée et folle,
puis
tout finit dans un râle, brusquement c’est le vide. Centre de soi, l’
348
st le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant.
J’
ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient re
349
iration du néant. J’ai revu à l’envers le film de
mon
passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs
350
e qui était élan devient recul, et l’évocation de
mes
désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
351
nt recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne
me
restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien
352
e mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût.
J’
ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalit
353
anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que
je
pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assis
354
e restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
me
regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi
355
que je pourrais me regarder sans rien toucher en
moi
. En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de mo
356
me regarder sans rien toucher en moi. En réalité,
je
n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de moi-même. Par les
357
uction de moi-même. Par les fissures, un instant,
j’
ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corp
358
nner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos.
Mon
corps et moi, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstrati
359
ondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et
moi
, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstration la plus cy
360
Crevel, est la démonstration la plus cynique que
je
connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acha
361
qui rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui.
J’
ai dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il f
362
littérature et en morale. Impossibilité de faire
mon
autoportrait moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon auto
363
. Impossibilité de faire mon autoportrait moral :
je
bouge tout le temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me c
364
t moral : je bouge tout le temps. Danger de faire
mon
autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conc
365
e temps. Danger de faire mon autoportrait moral :
je
me compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’ana
366
emps. Danger de faire mon autoportrait moral : je
me
compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’analys
367
vec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour
moi
tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il
368
ologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où
je
me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non.
369
gique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je
me
suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Ca
370
es en regard des dangers que la sincérité du noli
me
tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans celui d
371
t Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du
moi
, moins le principe unificateur ». De quelques sophismes libérateur
372
i l’on prétend que la sincérité est la recherche,
puis
l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds que le mensonge es
373
echerche, puis l’acceptation de toute tendance du
moi
, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin
374
che, puis l’acceptation de toute tendance du moi,
je
réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de m
375
nds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle
mon
besoin de mentir. Il devient dès lors impossible de faire rien qui ne
376
ologie ou que le « style » est de l’homme même
J’
en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût
377
homme même J’en étais à peu près à ce point de
mes
notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’
378
peu près à ce point de mes notes — à ce point de
mon
dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui m
379
beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui
me
devenait inintelligible en même temps qu’odieux. Au hasard de quelque
380
temps qu’odieux. Au hasard de quelques lectures,
je
pris note des passages suivants (les paraphraser serait d’une ingrati
381
refusent à toute intervention qui altérerait leur
moi
; ils ne souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais i
382
pure de cet âge. Mais il le faut dépasser.) Si
j’
en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle
383
j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce
moi
idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que cel
384
intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que
j’
appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une ana
385
e, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de
ma
joie est plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait reten
386
pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-
je
que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ?
387
que de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est
ma
sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais on nomme
388
ces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie. Soit,
j’
accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non
389
ela de l’hypocrisie. Soit, j’accepte. Et aussitôt
j’
annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non !… Debout dans l’ère su
390
on, non !… Debout dans l’ère successive ! Brisez,
mon
corps, brisez cette forme pensive ! .................................
391
enter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de
ma
triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et l
392
Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité,
je
t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
393
ée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
m’
offrais un visage un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour mo
394
un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour
moi
douloureuse encore. Pitoyable, trop visiblement, tu prêtais bien quel
395
op visiblement, tu prêtais bien quelques voiles à
mon
dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyranni
396
tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un
moi
que la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant
397
quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie
me
montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant. Mais un pli
398
Mais un pli de ta lèvre, un peu sceptique, quand
mon
esprit partait dans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma
399
ans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de
ma
jeune angoisse… Je t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une sy
400
éal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse…
Je
t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies ém
401
haque être un plus prenant sourire. Cependant que
ma
joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait se satisfaire de telle
402
rivée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que
je
soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’ell
403
nvite que je soupçonnais la plus riche d’inconnu,
je
m’élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, ve
404
te que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je
m’
élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers
405
iche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’elle
m’
ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je ch
406
ant de rires amis, vers tout ce que momentanément
je
choisissais de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
407
qu’il eût été loisible d’attribuer comme objet à
ma
jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portai
408
ion, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi
je
me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me concilia
409
, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je
me
portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais
410
rs quoi je me portais, mais bien ces figurants de
mon
bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi
411
rtais, mais bien ces figurants de mon bonheur que
je
me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à so
412
is, mais bien ces figurants de mon bonheur que je
me
conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à soi-m
413
oit que ce constant et secret assujettissement au
moi
idéal exige une politique des sentiments plus subtile et, je pense, m
414
ige une politique des sentiments plus subtile et,
je
pense, moins vulgaire que cette agilité offensive qu’on appelle dans
415
arti. La sincérité crée en nous un fait accompli.
J’
appelle hypocrisie envers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n
416
s besoin de s’expliciter pour être efficace — qui
m’
interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peu
417
être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont
je
ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce de souff
418
rté plus précieuse que toute certitude… Ô vérité,
ma
vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
419
te certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que
je
suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable
420
ité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute
mon
âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé
421
pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme
je
veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le
422
mier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il
m’
aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’
423
bliés sur le marbre vulgaire d’une table de café.
Je
venais de m’asseoir et de commander une consommation. Comme d’habitud
424
marbre vulgaire d’une table de café. Je venais de
m’
asseoir et de commander une consommation. Comme d’habitude, un peu apr
425
ation. Comme d’habitude, un peu après six heures.
J’
étais seul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que
426
est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que
ma
chambre où m’attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les
427
onyme bien plus propice au rêve que ma chambre où
m’
attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les gages insuppor
428
ue ma chambre où m’attendent tous les soirs quand
je
rentre du bureau, les gages insupportablement familiers d’une vie hon
429
ongeries les plus étranges qu’appelle la musique.
Je
me gardai donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouv
430
eries les plus étranges qu’appelle la musique. Je
me
gardai donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouvoir
431
s Petites nouvelles ont un pouvoir tyrannique sur
mon
esprit. Non que cela m’intéresse au fond : les faits-divers, rien de
432
n pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela
m’
intéresse au fond : les faits-divers, rien de moins divers. Mais je su
433
nd : les faits-divers, rien de moins divers. Mais
je
suis pris dans l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique me res
434
s l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique
me
restitue chaque fois un peu plus de lassitude, un peu plus d’ennui. J
435
is un peu plus de lassitude, un peu plus d’ennui.
J’
essayai donc de rêver. Mais cette rose oubliée me gênait : perdre une
436
J’essayai donc de rêver. Mais cette rose oubliée
me
gênait : perdre une rose pour le plaisir ! (Et je ne pensais même pas
437
me gênait : perdre une rose pour le plaisir ! (Et
je
ne pensais même pas, alors : une si belle rose.) Le tambour livra un
438
se tint un moment immobile, cherchant une table,
puis
s’avança lentement vers la mienne et s’assit sans paraître me voir. U
439
lentement vers la mienne et s’assit sans paraître
me
voir. Une grande figure aux joues mates, aux yeux clairs. Il déplia l
440
journal et se mit à lire les pages d’annonces. On
m’
apporta une liqueur. Et quand j’eus fini de boire, mes pensées plus ra
441
es d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand
j’
eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers
442
pporta une liqueur. Et quand j’eus fini de boire,
mes
pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’avenir et j’osai que
443
lus rapides s’en allèrent un peu vers l’avenir et
j’
osai quelques rêves. C’était, je m’en souviens, une petite automobile
444
vers l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était,
je
m’en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue pri
445
rs l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je
m’
en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue printa
446
te salle à manger ; des jaquettes de couleur pour
ma
femme… Mais l’homme avait posé son journal. Soudain, portant la main
447
, il compta. Une indécision parut sur ses traits.
Puis
il reprit les dés brusquement, et me fixant avec un léger sourire : —
448
es traits. Puis il reprit les dés brusquement, et
me
fixant avec un léger sourire : — Jouez ! ordonna-t-il. La surprise va
449
re : — Jouez ! ordonna-t-il. La surprise vainquit
ma
timidité, je pris les dés et les jetai sans hésiter. Il compta de nou
450
! ordonna-t-il. La surprise vainquit ma timidité,
je
pris les dés et les jetai sans hésiter. Il compta de nouveau, puis av
451
et les jetai sans hésiter. Il compta de nouveau,
puis
avec une légère exaltation : — Vous avez gagné, c’est admirable, ah !
452
Vous avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu,
je
vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapi
453
ges, la proie d’une agitation visible. Bientôt il
m’
offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations.
454
ment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations.
Je
gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres
455
consommations. Je gagnai. Il demanda des portos.
Je
les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma tête commençait à oscil
456
e gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et
je
les bus. D’autres encore. Ma tête commençait à osciller vaguement. Le
457
os. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore.
Ma
tête commençait à osciller vaguement. Les couleurs du bar me rempliss
458
mençait à osciller vaguement. Les couleurs du bar
me
remplissaient d’une joie inconnue. Et je me refusais sans cesse aux q
459
s du bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et
je
me refusais sans cesse aux questions qu’en moi-même posait ma raison
460
u bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et je
me
refusais sans cesse aux questions qu’en moi-même posait ma raison eff
461
is sans cesse aux questions qu’en moi-même posait
ma
raison effarée. L’étranger s’animait aussi : une fièvre faisait s’épa
462
si : une fièvre faisait s’épanouir sur son visage
je
ne sais quel plaisir cruel. C’était un jeu très simple où l’esprit li
463
ommandement de la main. Ce soir-là, une confiance
me
possédait, telle que je savais très clairement que je gagnerais à tou
464
Ce soir-là, une confiance me possédait, telle que
je
savais très clairement que je gagnerais à tout coup. L’étranger se mi
465
ossédait, telle que je savais très clairement que
je
gagnerais à tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans mon ivr
466
tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans
mon
ivresse, ses paroles peignaient des tableaux mouvants où je me voyais
467
, ses paroles peignaient des tableaux mouvants où
je
me voyais figurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furen
468
es paroles peignaient des tableaux mouvants où je
me
voyais figurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furent d
469
s bientôt : — « Destin, s’écria-t-il, tu pourrais
me
remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sans cesse à ta co
470
ais me remercier. Vois quels chemins de perdition
j’
ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’aurais pas trouvé ça tout
471
s airs pessimistes. De nouveau, d’un coup de dés,
je
bouscule tous tes calculs, ha ! tu te disais : le voilà riche, le voi
472
corde pour les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que
j’
allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la
473
ur les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que j’allais
me
cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la possessi
474
onheur qu’ils croient lié à la possession, et que
j’
allais vivre aussi sur le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu
475
’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais que
j’
allais adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand je so
476
à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand
je
songe à tous ces gens qui perdent leur vie à la gagner9, et leur faço
477
autre, de douleurs en ivresses avec la même joie,
mon
cheval fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endor
478
rs en ivresses avec la même joie, mon cheval fou,
mon
beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endormir, ah ! galope
479
al fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que
je
vais m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendr
480
mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais
m’
endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendront jama
481
comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils
me
jugent et leurs cris indignés qui couvrent une angoisse. Ça les déran
482
blement, sauf un ou deux qui s’imaginent gagner à
mes
dépens, témoin ce brave homme qui est en train de me soutirer les que
483
dépens, témoin ce brave homme qui est en train de
me
soutirer les quelque billets de mille dont je venais de régler le sor
484
de me soutirer les quelque billets de mille dont
je
venais de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’irai tenter la
485
ais de régler le sort, puisque demain dès l’aube,
j’
irai tenter la misère aux yeux las pleins de rêves, la misère qui fait
486
ient un brouillard de fumée, et la musique noyait
mes
pensées. Je vis qu’une femme était assise à notre table, en robe roug
487
llard de fumée, et la musique noyait mes pensées.
Je
vis qu’une femme était assise à notre table, en robe rouge, et très f
488
uilla sur les dés, et partit d’un long rire. Elle
me
regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’é
489
e. Elle me regardait et l’étranger aussi se mit à
me
regarder bizarrement et j’étais possédé de joies et de peurs. Il fall
490
tranger aussi se mit à me regarder bizarrement et
j’
étais possédé de joies et de peurs. Il fallut se lever, traverser le c
491
ssus des rues parcourues de longs cris en voyage.
Je
me sentis perdre pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je
492
s des rues parcourues de longs cris en voyage. Je
me
sentis perdre pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je ne
493
pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être,
je
ne saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou)
494
je ne saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain
je
n’avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je
495
… (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou).
Je
n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou
496
sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois
je
songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient-ce que celles de mes fol
497
paroles — ou peut-être n’étaient-ce que celles de
mes
folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en dé
498
peut-être n’étaient-ce que celles de mes folies ?
Je
me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma v
499
t-être n’étaient-ce que celles de mes folies ? Je
me
répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie
500
me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à
m’
en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très b
501
adoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer.
Ma
vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devr
502
mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie
m’
a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais ten
503
e suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris,
je
ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque
504
ivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux.
Je
sais très bien que je devrais tenter quelque chose. Je suis plein de
505
is, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que
je
devrais tenter quelque chose. Je suis plein de rêves, certains soirs.
506
is très bien que je devrais tenter quelque chose.
Je
suis plein de rêves, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez mo
507
es, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez
moi
, et ma femme m’embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je n
508
ains soirs. Il faut pourtant rentrer chez moi, et
ma
femme m’embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis
509
s. Il faut pourtant rentrer chez moi, et ma femme
m’
embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis plus tout
510
rtant rentrer chez moi, et ma femme m’embrasse et
me
regarde avec inquiétude, parce que je ne suis plus tout à fait le mêm
511
embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que
je
ne suis plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le l
512
e, parce que je ne suis plus tout à fait le même.
Puis
elle me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre,
513
ue je ne suis plus tout à fait le même. Puis elle
me
laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’
514
laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans
ma
chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux da
515
er. Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper,
je
m’abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvo
516
Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je
m’
abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir
517
ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur
mon
lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur m
518
abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et
je
voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain
519
ans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur
ma
lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain plein de mépris et de désespoir,
520
Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et
je
t’apostrophe, soudain plein de mépris et de désespoir, ô vie sans fau
521
joie… Ah ! plus amère, plus amère encore, saurai-
je
un jour te désirer, te haïr… 9. Calembour sur une idée juste. (Note
522
Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)ab «
Je
n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne s
523
nvier 1927)ab « Je n’admets pas qu’on reprenne
mes
paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité d
524
Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on
me
les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi
525
ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre
moi
et vous, c’est la guerre. » Voilà pour les critiques, « punaises glab
526
on d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils
m’
ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux
527
sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que
je
dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se cherche
528
sse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût ne
m’
empêchera pas de le dire, Aragon possède le tempérament le plus hardi
529
la jeune littérature française. Il le proclame «
J’
appartiens à la grande race des torrents ». Génie inégal s’il en fut,
530
un des plus significatifs du romantisme nouveau.
J’
ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendres
531
i fume… Et tu laisses, ô col roide, En souffrance
mes
baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô
532
lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu,
Je
m’enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire
533
vres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je
m’
enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire dic
534
icte un adieu, La mode qu’on rie des pleurs, Lors
je
baise votre main Comme on signe d’un faux nom. d. Rougemont Deni
535
t, retourna ses poches, ôta ses gants qu’il jeta,
puis
, après un grand coup de pied dans le vide symbolique des systèmes, so
536
ies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce
me
semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme
537
Les journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que
je
m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je va
538
journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que je
m’
excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais
539
st un peu prétentieux de vous écrire au moment où
je
vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtan
540
u prétentieux de vous écrire au moment où je vais
me
suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il fa
541
n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que
je
vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris
542
aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans
ma
chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la p
543
s cette phrase quelque allusion de mauvais goût.)
Je
vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, com
544
iles. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre,
j’
ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus
545
lement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans
mon
cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et
546
’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur.
Puis
je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là q
547
n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis
je
vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
548
ouloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée.
Puis
je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vou
549
reux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis
je
vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous e
550
is je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
j’
ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus
551
c’est là que j’ai découvert que vous existiez en
moi
, à certain désagrément que j’eus de vous voir si entourée… D’autres f
552
e vous existiez en moi, à certain désagrément que
j’
eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage d
553
ue j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois…
je
n’ai plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ava
554
ourage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal.
J’
avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
555
n, avant-hier, à ce bal. J’avais demandé à un de
mes
amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la prom
556
s demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de
me
présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
557
mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
m’
en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d
558
vait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
les miens
plus d’une fois pendant une danse qu’il fit avec vous, mais vous les
559
racher à une obsession secrètement attirante ; et
je
pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez v
560
ètement attirante ; et je pensais que la force de
mon
désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis m
561
telle que vous en éprouviez vaguement la menace.
Je
dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute pl
562
iez vaguement la menace. Je dis menace, parce que
mes
airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraie
563
plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintenant,
je
pense que ces regards croisés n’avaient aucune signification et que m
564
rds croisés n’avaient aucune signification et que
mon
anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’orchestre
565
lque intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta,
je
me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et dé
566
e intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta, je
me
trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà
567
estre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous.
Mon
ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre at
568
arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami
me
fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive
569
et déjà il se préparait à vous rendre attentive à
ma
présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
570
vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors,
je
ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’im
571
ce… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur
me
paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal,
572
rs, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
Je
venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourir
573
uple heureux et banal, votre sourire répondant au
mien
, comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes p
574
strées. Déjà la foule des danseurs nous séparait,
mon
ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un co
575
ge de rires empressés. Une autre danse reprenait.
Je
sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me
576
nse reprenait. Je sentis une invincible lassitude
me
saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais
577
. Je sentis une invincible lassitude me saisir et
m’
assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je dé
578
ible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On
me
demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste inc
579
’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si
j’
étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de
580
. On me demandait, en passant, si j’étais malade.
Je
désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de champagne vides
581
nne l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même,
je
fus obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jo
582
eurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que
j’
en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelai
583
que j’en avais repris … Les archets jouaient sur
mes
nerfs. Le jazz martelait mon désespoir. Désespoir étroit, ces œillère
584
archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait
mon
désespoir. Désespoir étroit, ces œillères géantes aux pensées, le cie
585
ssue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin…
J’
avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aub
586
fin… J’avais soif, mais la seule vue d’un liquide
me
soulevait le cœur. L’aube parut. On éteignit toutes les lampes, et le
587
ans un matin sourd, frileux, qui avait la nausée.
Je
rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma table en désordr
588
nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que
j’
écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smokin
589
rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à
ma
table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œill
590
ques mots que j’écrivis à ma table en désordre où
je
venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d
591
ivis à ma table en désordre où je venais de jeter
mon
col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d’une autre femme don
592
esse d’une autre femme dont le seul défaut fut de
m’
aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au somme
593
us grand que le chant des violons. Aube dure ! En
ma
tête rôde ton souvenir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
594
ir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
J’
ai dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la cr
595
l triste, tout enfiévré par la crainte du réveil.
Puis
je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps
596
ste, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis
je
suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps qu
597
e du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où
je
vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sort
598
rues où je vous rencontrais parfois, du temps que
j’
ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais en
599
rais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire,
je
vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai r
600
tendue donner un rendez-vous au thé du Printemps.
J’
ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasse
601
p souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures,
me
disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai l
602
devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-
je
elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire tr
603
« Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et,
me
glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots s
604
je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle,
je
pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le
605
ots si bouleversants qu’avant le dernier étage… »
Je
délirais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient
606
’avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr.
Je
m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impude
607
ant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je
m’
imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemme
608
irais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses
me
dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si per
609
es me dévisageaient de plus en plus impudemment :
je
devais paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s
610
ngouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait,
j’
éprouvais un petit arrachement, comme précisément un enfant qui monte
611
sément un enfant qui monte pour la première fois…
Je
me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en
612
ent un enfant qui monte pour la première fois… Je
me
disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en rou
613
e pour la première fois… Je me disais encore : Si
je
prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur de
614
disais encore : Si je prends cet ascenseur et que
je
la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu monte
615
i laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures,
je
suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie
616
es autobus passaient par groupes. Plusieurs fois,
j’
ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’av
617
econnaître dans la foule qui se précipitait, mais
je
n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais pa
618
précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro,
je
ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque vis
619
ais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter.
Je
finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme révélait soud
620
pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où
mon
désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à
621
chant désespéré qui vous appelait, assourdissant
mes
pensées ; et ces élans réticents, maladroits, contradictoires… Un aut
622
s… Un autobus de luxe s’était arrêté tout près de
moi
. Je vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai.
623
autobus de luxe s’était arrêté tout près de moi.
Je
vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n
624
un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre…
Je
montai. Il n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune fem
625
e qui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais
je
n’osais presque pas la regarder, à cause d’une incertitude qui redonn
626
d’une incertitude qui redonnait tout son empire à
ma
timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de
627
on empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous.
Je
ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
628
l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
me
frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de s
629
ce Saint-Michel, elle sortit, en me frôlant, sans
me
regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de suite des paraplui
630
el, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder.
Je
descendis derrière elle. Mais tout de suite des parapluies la dérobèr
631
Mais tout de suite des parapluies la dérobèrent à
mes
yeux. Une bouche de métro m’attira. Les rames s’arrêtaient avec un si
632
ies la dérobèrent à mes yeux. Une bouche de métro
m’
attira. Les rames s’arrêtaient avec un sifflement particulièrement dou
633
ent avec un sifflement particulièrement doux pour
ma
fatigue, et ces gens pressés et songeurs respectaient la folie doulou
634
taient la folie douloureuse qui devait contracter
mon
visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, avides, imploran
635
lie douloureuse qui devait contracter mon visage.
Je
promenais sur tous des regards angoissés, avides, implorants. Oh ! to
636
s, avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que
j’
ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telle
637
g regard de damné. À minuit, tellement épuisé que
je
mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des af
638
damné. À minuit, tellement épuisé que je mêlais à
mes
pensées des fragments de rêves et les personnages des affiches, tout
639
s fin dans les couloirs implacablement brillants,
je
me pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je
640
in dans les couloirs implacablement brillants, je
me
pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je vo
641
à haute voix, par bribes de phrases incohérentes.
Je
voyais avec une sombre joie les employés et les voyageurs s’inquiéter
642
employés et les voyageurs s’inquiéter. Bientôt on
m’
entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue.
643
n m’entraîna de force sur un trottoir roulant qui
me
remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promes
644
me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume
m’
apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me lais
645
aîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse que
je
fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais co
646
la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que
je
me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y p
647
brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je
me
sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parv
648
a promesse que je fis que je me sentais mieux, on
me
laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’a
649
e je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul.
Je
ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heure
650
ux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment
j’
y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouve
651
ssa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins.
Je
crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il
652
eul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que
j’
ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être mai
653
e j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver
ma
rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’aut
654
n. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il
me
semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cet
655
ais il me semble que toutes choses s’éloignent de
moi
vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a vingt-quatre heures
656
e aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc,
j’
étais encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien
657
constatation machinale ne correspond à rien dans
mon
esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souvien
658
correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que
j’
ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décep
659
rit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps.
Je
ne me souviens plus que de cette déception insupportable et définitiv
660
eut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne
me
souviens plus que de cette déception insupportable et définitive de m
661
de cette déception insupportable et définitive de
mon
désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer vo
662
ception insupportable et définitive de mon désir.
Je
ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage
663
e mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si
je
puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraimen
664
on désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je
puis
encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraiment aim
665
encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-
je
pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce r
666
pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de
ma
destruction, ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui m
667
ngement, cette sournoise recherche de tout ce qui
me
navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette t
668
cherche de tout ce qui me navre au plus intime de
mon
être… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre
669
n être… Le revolver est chargé, sur cette table. (
Je
le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort a
670
, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de
ma
mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus
671
hrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi
me
lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je de
672
e ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que
je
m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquo
673
e geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je
m’
en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi j
674
a mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme…
Je
ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, c
675
que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi
je
devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance,
676
n forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais
me
tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’e
677
prends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi
je
souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma
678
ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que
ma
vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin
679
c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie,
ma
mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il fau
680
qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que
je
dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne
681
y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime,
je
ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre du survi
682
n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui
me
gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétations sym
683
erprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir
m’
empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne po
684
esse en lisant cette « tragédie » ; de ne pouvoir
m’
empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins consc
685
sez simples dont l’étude charme le psychanalyste.
Je
pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calem
686
psychanalyste. Je pourrais poursuivre le jeu. Et
puis
, il y a aussi des sortes de calembours… Art chrétien, a-t-on dit5. C
687
licité à chausse-trappes, cette habileté surtout.
Je
ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un l
688
rop exercé avant de se lancer sur la corde raide.
Je
suis sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qual
689
la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas.
J’
admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce sont
690
s qualités scéniques de cette pièce sont grandes.
Je
ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche contre les p
691
l voulait. Et pourtant cette admirable machine ne
m’
inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprise
692
ant cette admirable machine ne m’inquiète guère :
je
sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces my
693
ù il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères
me
dépassent, feignons d’en être l’organisateur », disait le photographe
694
s parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète :
j’
en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais pa
695
teau est un poète : j’en verrais une preuve, pour
mon
compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par m
696
ais une preuve, pour mon compte, dans le fait que
je
ne sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer,
697
ergé, jaloux de ses droits considérables encore ;
puis
ce sont les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise,
698
Edmond Jaloux, Ô toi que
j’
eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’
699
ses bijoux sont taillés comme ceux de Giraudoux,
j’
y vois un signe charmant d’amitié de l’aîné au plus jeune, lequel envo
700
nis de, « [Compte rendu] Edmond Jaloux, Ô toi que
j’
eusse aimée… », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
701
re, légèrement coloré. Le principe est simple : «
Je
vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ;
702
ute vitesse. Rigueur voluptueuse d’une colonnade,
puis
un jeu d’échec serré, mais sur la corniche d’un gratte-ciel, d’où se
703
Quelques miracles qui suivent sont embrumés dans
mon
souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s’ouvre pour dégage
704
bois de la taille de l’Obélisque de la Concorde,
puis
enfilent les Champs-Élysées à une allure grandissante, bientôt vertig
705
el renversé, maisons obliques, montagnes russes. (
J’
ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin
706
et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais
je
ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le n
707
is le moment ne vient pas, ils sont déçus. Enfin,
mon
voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lu
708
: « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis-
je
, si seulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvon
709
é Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et
je
ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginair
710
e le Voyage imaginaire en montre (beaucoup trop à
mon
gré). Qu’une sorcière transforme un homme en chien, cela n’a rien d’é
711
ées paraissent vieux jeu avec leur baguette, pour
moi
qui chaque soir crée ma chambre en tournant un commutateur. Le vrai m
712
avec leur baguette, pour moi qui chaque soir crée
ma
chambre en tournant un commutateur. Le vrai miracle du cinéma, c’est,
713
et l’espace en relation se modifie pour maintenir
je
ne sais quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle que celle don
714
la dispersion autant qu’à l’approfondissement du
moi
, soif de tout et pourtant mépris de tout, procédant d’un goût de l’ab
715
. Rops a-t-il trop négligé le rôle extérieur, que
je
crois décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défini
716
s Aragon, le beau prétexte (avril 1927)o Ah !
je
sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi
717
sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de
mon
être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut
718
n être et a saisi les cordes les plus secrètes de
mon
âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela
719
ésormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit
m’
anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sorti
720
férence sur le Salut de l’humanité.) Ce soir en
moi
trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, p
721
Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes,
puis
à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique se tient là-b
722
manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de
ma
révolte ? Aragon sarcastique se tient là-bas dans un rayon échappé de
723
à-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels
je
crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape ! Il
724
la Poésie. On dit : « Des mots ! » au lieu de «
Je
ne comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense :
725
» au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : «
Je
ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ».
726
incompréhensible !, trois mots dont l’un savant.
Je
ne connais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez di
727
st incompréhensible ! » — avec une indignation où
j’
admire une pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne pouvait mi
728
et dire qu’elle est née dans un café de Paris. «
Je
n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, p
729
s un café de Paris. « Je n’attends rien du monde,
je
n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous re
730
iels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes.
Je
viens d’entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtr
731
ous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si
j’
essaie un instant de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je m
732
bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
m’
élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puiss
733
t de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon,
je
me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme.
734
e m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je
me
révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » V
735
spérer plus aucun pardon. II Novembre 1926.
Je
viens de retrouver quelques pages écrites il y a un an, tel soir de c
736
ur, son incontestable « séduction ». Pour un peu,
je
découvrais une manière de prophète un brin janséniste chez ce poète.
737
te un brin janséniste chez ce poète. Aujourd’hui,
je
le verrais plutôt comme un Musset10 plus véritablement désespéré. Un
738
de son tempérament vif, insolent et ombrageux. «
J’
appartiens à la grande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce
739
des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas ?
Je
ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans
740
l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que
je
prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte de
741
ique — mais la plus belle, — ce qui tressaille et
m’
atteint au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
742
t au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi
je
ne vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de
743
tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
m’
empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespo
744
te de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique.
Je
me souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapproche
745
de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je
me
souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapprochemen
746
pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais-
je
: le salut n’est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cet
747
le que Clément Vautel — et si ce nom revient sous
ma
plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’ell
748
le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité
j’
ai soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité
749
mobile ne retient rien de la réalité vivante ; si
je
dénie à des incrédules le droit à parler des choses de la foi comme é
750
comme étant d’un ordre qui leur échappe ; de même
je
récuse ici certain sens critique dont on voudrait que soient justicia
751
d Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permettez-
moi
de me présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critiq
752
x.) Entre un monsieur en noir : Permettez-moi de
me
présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critique. M
753
urs une ancienne connaissance… le Sens Critique.
Moi
(gêné)… Rougemont. Le Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà
754
in temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais
je
suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temp
755
vus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il
m’
a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis
756
u que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-
je
… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelq
757
e depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je…
je
me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque u
758
epuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je
me
suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque util
759
mps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que
je
pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah
760
en quelque sorte, vous être de quelque utilité…
Moi
. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en effet,… oui, oui, très int
761
en effet,… oui, oui, très intéressant. Seulement,
mon
cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop
762
mer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-
moi
: submergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’aurais en q
763
ergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement
j’
aurais en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulie
764
ement j’aurais en quelque manière la prétention…
Moi
. — Que voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant
765
tre part. (Le reconduisant :) Croyez, Monsieur, à
mon
estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous
766
», c’est un académicien qui l’a dit. Voulez-vous
me
faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus ta
767
hode ! (Sort le Sens Critique, un peu bousculé.)
Moi
. — Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derr
768
Critique, un peu bousculé.) Moi. — Vous disiez,
ma
vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —
769
s oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —
J’
attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tou
770
er du concept de l’esprit celui de Révolution. Et
j’
entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-tre
771
à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que
je
ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux
772
s, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne
puis
pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux dogmatiq
773
voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche.
Je
ne dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pou
774
ous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine,
je
le dirai pour vous. Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’es
775
e ailleurs… Mais non, il y aurait trop à dire, et
puis
l’on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breto
776
ait trop à dire, et puis l’on croirait encore que
je
suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativem
777
dévoyés, de farceurs, de chacals, de déments. Et
puis
surtout, l’heure est venue de clore des discussions énervantes où s’é
778
cher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du
moi
avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques évide
779
abe, examens de conscience toujours ratés — on ne
m’
y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous genres,
780
ns tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et
puis
l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions tous deux,
781
. 11. Les livres les plus répandus à Genève sont
Ma
vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derri
782
livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et
mon
œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennen
783
ndus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et
Mon
curé chez les riches. Très loin derrière viennent des France et des B
784
ues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de
mes
songes. On exigeait d’une saison de marque de tels soupirs, d’ailleur
785
baisa la main et l’abattit d’un coup de revolver.
Puis
s’en fut avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sou
786
ement ivre, et Bettina lui disait à l’oreille : «
Mon
chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne e
787
Bettina lui disait à l’oreille : « Mon chéri, si
j’
aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de
788
j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela
me
donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que
789
es accords échappés tombaient, les ailes coupées.
Puis
le silence se reprit à ses songes désolés. Autre suicide ou la pro
790
menade en bateau À Grego More. Il disait : «
Je
suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur d
791
Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr,
je
n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dè
792
pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant
je
suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je
793
amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et
mes
amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui regar
794
te heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que
je
reviens seul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe q
795
fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais
moi
, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à
796
eul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord,
je
songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préfér
797
l est des visites à de certaines grandes dames où
je
préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voula
798
es grandes dames où je préférais — et lui aussi —
me
rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouva
799
s — et lui aussi — me rendre seul et sans argent.
Je
ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces
800
eul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir,
Je
ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure.
801
tre prématurée. Mais le seul fait qu’elle se pose
me
paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécessaires à ce
802
ir autour d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont
je
ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pou
803
ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent,
me
semble-t-il, pour une part, la dispersion des efforts artistiques. To
804
fils d’un tel père. « Voilà le train du monde… »
Je
ne pense pas qu’il en faille gémir. Une certaine résistance est néces
805
pe. N’était certain petit plaisir d’impertinence,
je
me fusse dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos
806
N’était certain petit plaisir d’impertinence, je
me
fusse dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos cir
807
moins d’incompréhension que de timidité. ⁂ On ne
m’
en voudra pas de ne citer ni dates de naissance, ni traits d’enfance g
808
, c’est par leurs œuvres avant tout. D’autre part
je
préfère la légende à l’histoire comme la peinture à la photographie.
809
t un merveilleux foyer de contagion contre lequel
je
ne saurais me prémunir par le moyen d’aucun de ces appareils à jugeme
810
ux foyer de contagion contre lequel je ne saurais
me
prémunir par le moyen d’aucun de ces appareils à jugements garantis q
811
rticle consacré aux jeunes artistes neuchâtelois,
je
vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il
812
On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire
j’
en vois peu parmi les jeunes qui vouent tout leur amour à la peinture
813
es qui vouent tout leur amour à la peinture pure.
Je
crois même que, Paul Donzé touché à son tour par la grâce décorative,
814
nsinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce
je
ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de nos
815
ris une complicité de sentiments ou d’état d’âme.
Je
ne verrais guère que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le pui
816
ères précipitations » annonce le bulletin. Tiens,
me
dis-je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche en
817
écipitations » annonce le bulletin. Tiens, me dis-
je
, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche encore. O
818
révélant un tempérament très rassurant. C’était,
je
crois, le vrai Humbert qui commençait à s’affirmer. Puis il y eut une
819
ois, le vrai Humbert qui commençait à s’affirmer.
Puis
il y eut une période intermédiaire, un peu pénible. Dans des bouquets
820
gement et d’une abondance très sûrement ordonnée.
Je
crois qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir
821
ge. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’est pas
je
pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoi
822
le sujet, de l’autre ce qu’en fait son mari). Et
puis
voici François Barraud, le plus jeune des frères. Il vient apporter d
823
r son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on
m’
assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuill
824
r évolué vers une plus grande harmonie de lignes.
Je
pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où se manifeste un heureux équ
825
père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’ils
m’
oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi.
826
re sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils
me
méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassem
827
inqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent !
Je
les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque
828
blient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner.
Je
salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque dans la description
829
t dont le profond ricanement se prolonge en nous.
Je
crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je ne n
830
re Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui,
je
ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez do
831
retourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien,
je
suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner
832
e ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît
mon
orgueil : osez donc me condamner d’être plus fort que cette bourgeois
833
ans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc
me
condamner d’être plus fort que cette bourgeoisie fatiguée, et de suiv
834
geoisie fatiguée, et de suivre le destin que vous
m’
avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemo
835
ivre le destin que vous m’avez assigné à force de
m’
humilier et de me craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte ren
836
e vous m’avez assigné à force de m’humilier et de
me
craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Bernard Lecac
837
’on en vient à une conception de la sincérité qui
me
paraît proprement inhumaine. Tout dire, vraiment ? C’est l’exigence d
838
e », c’est encore l’« élan mortel » que décrivait
Mon
Corps et Moi. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de
839
core l’« élan mortel » que décrivait Mon Corps et
Moi
. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de Pierre ou de
840
de document humain, nuit à sa valeur littéraire.
Je
n’aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions tout
841
e tache de couleur, plus sentimental que cruel. «
J’
ai la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragiq
842
s le fond quelque chose de solide, d’authentique.
J’
aime cette violence de redressement où je distingue bien autre chose q
843
entique. J’aime cette violence de redressement où
je
distingue bien autre chose que les « éclats de l’impuissance ». Un pl
844
il avec une franchise qui la rend sympathique. Et
puis
, tout de même, on est bien heureux de rencontrer chez les jeunes écri
845
onner quelque vitalité à notre civilisation, — et
je
sais bien que c’est là un des signes de sa décadence. Il y a du chiru
846
t du pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et
je
jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris à voler. Aristo
847
… et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on
m’
a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dé
848
ue l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc,
j’
avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet
849
it sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans.
Je
vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri,
850
tions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez
mes
parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri, blanchi, mais n
851
e, logé, nourri, blanchi, mais non point diverti.
J’
étais bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler
852
par exemple, d’étrangler un chat pour le plaisir
me
répugnait. Je détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car ce
853
d’étrangler un chat pour le plaisir me répugnait.
Je
détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là je le m
854
peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là
je
le méprisais trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme me rega
855
trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme
me
regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la jo
856
cette époque, une femme me regarda longuement. »
Mes
parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils ai
857
e, une femme me regarda longuement. » Mes parents
me
savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en m
858
c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en
moi
par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détourna
859
ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu que
je
leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette
860
essus tout la vertu que je leur devais. Pourtant,
je
ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne
861
que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas
mes
yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
862
tte femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
moi
. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heur
863
ouffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait,
je
l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans
864
ait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure,
je
connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à l
865
scendait dans la ville, on marchait dans le bleu.
Je
sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de b
866
ait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui
m’
aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le
867
ouciance dans le bonheur de la saison. — Au soir,
mon
père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole
868
son. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura
mon
front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bo
869
ura mon front de ses lèvres sans une parole quand
je
vins lui souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux avaient légè
870
emain, ses cheveux avaient légèrement blanchi. Il
me
regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle dé
871
ment blanchi. Il me regardait avec une terreur ou
je
crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, san
872
regardait avec une terreur ou je crus distinguer
je
ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’étais pe
873
uelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute,
j’
étais perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vie
874
chose encore : il se savait vieux, maintenant. »
Je
songeais justement à un sourire de mon amie quand il voulut m’adresse
875
intenant. » Je songeais justement à un sourire de
mon
amie quand il voulut m’adresser la parole après un silence vertigineu
876
ustement à un sourire de mon amie quand il voulut
m’
adresser la parole après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et
877
er la parole après un silence vertigineux. Il vit
mon
sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
878
mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de
mon
corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans
879
Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
je
criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-
880
e criai un juron, claquai la porte et courus dans
ma
chambre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’écrivais un m
881
courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard,
j’
étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit e
882
bre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare,
j’
écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans u
883
d, j’étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à
ma
maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il
884
ivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et
je
partais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de
885
advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière,
mon
pays natal ! — Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j
886
celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! —
Je
vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’envoyais à divers
887
vécus d’articles sur la mode et la politique, que
j’
envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon pa
888
ers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de
mon
pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses le
889
. Un jour, parcourant un quotidien de mon pays où
je
cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’é
890
rcourant un quotidien de mon pays où je cherchais
mon
dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce
891
n de mon pays où je cherchais mon dernier papier,
je
lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon pè
892
n pays où je cherchais mon dernier papier, je lus
mon
nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
893
n grosses lettres : c’était l’annonce du décès de
mon
père. » J’étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise
894
ttres : c’était l’annonce du décès de mon père. »
J’
étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et
895
rise passa, et une femme en robe bleue légère qui
me
regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis p
896
e légère qui me regarda un instant, si doucement…
Je
me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commen
897
égère qui me regarda un instant, si doucement… Je
me
levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commençai
898
un instant, si doucement… Je me levai sans payer,
je
partis par les rues, une joie violente commençait à m’envahir, contre
899
rtis par les rues, une joie violente commençait à
m’
envahir, contre laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volu
900
violente commençait à m’envahir, contre laquelle
je
luttais obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me t
901
re laquelle je luttais obscurément pour augmenter
ma
volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un é
902
is obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt
je
ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux
903
ment pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus
me
tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sort
904
olupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner.
J’
entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient à chaque tour du t
905
eflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que
j’
ouvris firent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon, o
906
avenir de bonheur fiévreux — celui justement que
j’
entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trou
907
que j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie,
je
me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’ét
908
e j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je
me
rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était
909
s. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai.
Je
ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me
910
0 francs dans son sac à main : c’était assez pour
me
permettre d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, c
911
e d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors,
je
vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité pe
912
ques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous
me
voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
913
dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
mes
élans, accueillant avec un enthousiasme juvénile, c’est-à-dire cyniqu
914
ffres du hasard, ce poète immoral et malicieux. »
Je
ne sais dans quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est fo
915
’on est forcé de prendre conscience de soi-même —
je
découvris une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
916
de soi-même — je découvris une nuit, au moment de
m’
endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’
917
découvris une nuit, au moment de m’endormir, que
ma
passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dér
918
assion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne
m’
avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout
919
années de joie au profit d’une vertu que tout en
moi
reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secret de la vert
920
d’une vertu que tout en moi reniait obscurément.
Je
sentais bien que le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ava
921
ue le ressort secret de la vertu dans laquelle on
m’
avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des pa
922
lles filles, sans capitalistes et sans gendarmes.
Je
sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur so
923
istes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous
me
direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront
924
sais bien ce que vous me direz : Les millions que
je
pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie mor
925
compenseront jamais cette escroquerie morale dont
je
fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Ma
926
la victime, ce vol de quelques joies parfaites de
ma
jeunesse… Mais il est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalit
927
p tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de
ma
vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engag
928
vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où
je
parais être engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expressio
929
e expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de
mon
mépris pour ce qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes d
930
avec le produit du vol d’un tronc de chapelle que
j’
édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — re
931
uit du vol d’un tronc de chapelle que j’édifiai à
mes
parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — rendu, pour la
932
que j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel
je
fis graver : Prêté — rendu, pour la gloire de l’Église. (Ici, il but
933
ise. (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) »
Je
vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hô
934
ous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de
ma
vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore que… Bref, depuis quelque
935
eepings ; encore que… Bref, depuis quelques mois,
je
m’amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse
936
ings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je
m’
amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse, d
937
, croyez-le bien… Le goût de la propriété étant à
mon
sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ai
938
plus vulgaires et des plus généralement répandus,
j’
ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions éléme
939
généralement répandus, j’ai vite fait de classer
mon
monde d’après les quelques réactions élémentaires qui ne manquent jam
940
ne manquent jamais de succéder au moindre vol. »
J’
ajouterai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fo
941
r Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas
mon
fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens
942
, que l’analyse psychologique n’est pas mon fort.
Je
me contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vra
943
ue l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je
me
contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies
944
contente de quelques observations théoriques que
je
tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec u
945
ervations théoriques que je tiens pour vraies, et
j’
en vérifie les manifestations vivantes avec une prodigalité d’épreuves
946
ves, contre-épreuves, variantes et enjolivures où
je
vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une ce
947
et enjolivures où je vois le véritable intérêt de
ma
vie. C’est vous dire que seule une certaine caresse de l’événement na
948
taine caresse de l’événement naissant peut encore
m’
émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède immédiateme
949
e minute auquel succède immédiatement le sommeil.
Je
rêve beaucoup. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ai p
950
ment le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique,
m’
a-t-on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allai
951
. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que
j’
ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me n
952
e peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. »
J’
allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignore
953
e imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on
me
nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint
954
l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout
me
frappe — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de
955
ie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle
m’
apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et c
956
uel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans
me
charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est
957
iétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-
moi
. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce q
958
t pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si
je
suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’
959
, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que
je
cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’e
960
ourdeur de l’expression — une règle de vie. Mais,
je
vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les con
961
ne règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui
me
retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’elle pa
962
t impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-
je
…, de juvénile insouciance, pour ne pas dire inconscience ! qui s’atta
963
n actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » —
Je
vous entends, interrompit Saint-Julien, par pitié pour Isidore dont l
964
l paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne
me
trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
965
ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave.
Je
ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez u
966
Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
Je
pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pa
967
ais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous
me
trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’a
968
que le potache n’ait point raison. Mais justement
je
n’éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce
969
ustement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison.
Je
sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien
970
’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que
mes
principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis,
971
our quiconque est aussi profondément persuadé que
moi
de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre ge
972
apprendrez-vous à découvrir derrière certaines de
mes
plaisanteries la dérision secrète qu’elles masquent par caprice. ....
973
révolution russe… cet autre fait de la guerre… et
puis
, tenez ! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au serv
974
vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter,
je
vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’e
975
sur la Bible de ne pas entrer dans les cafés. Et
puis
, c’est égal, ce soir, tout cela est sans importance, car voici « l’he
976
e (juillet 1927)v I Parler littérature Si
je
prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu…
977
Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si
je
dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de
978
is : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur
moi
les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nou
979
sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si
je
cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguèr
980
re. Alors, quelque paysan du Danube survenant : —
Je
vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la lit
981
croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais
j’
ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abando
982
! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérature en
moi
, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé
983
j’ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus,
j’
en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez
984
littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors,
je
l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quo
985
ous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or
je
pense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un p
986
? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part
moi
: j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-c
987
quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi :
j’
ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas
988
ense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez
ma
franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ? D’autres prennent soin que l
989
’ils escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où
je
vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui déc
990
sa gueule de bois pour en faire des poèmes. Alors
je
cherche les raisons de votre indignation, quand il m’échappe une cita
991
herche les raisons de votre indignation, quand il
m’
échappe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent ?
992
La vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant
je
vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invrai
993
— proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais
me
fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisemblabl
994
atitude salutaire, c’est refus de limiter le mal.
Je
vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nom
995
ous vois envahi par des démons que vous prétendez
m’
interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette
996
ns que vous prétendez m’interdire de nommer. Mais
moi
je partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose,
997
ue vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi
je
partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose, c’
998
r puissance sur elle. Images, pensées des autres,
je
vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur
999
du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse, que
j’
éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vo
1000
un peu sur la laisse, que j’éprouve la fermeté de
ma
main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surpre
1001
r la laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main.
Je
vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-
1002
e j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens.
Je
sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une f
1003
ous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas
me
surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante
1004
ndre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que
je
m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les
1005
e par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je
m’
en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les to
1006
. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, —
j’
ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, pa
1007
, parler littérature, c’est faire la part du feu.
Je
dis ces noms, ces opinions, ces titres de livres : tout cela jaillit,
1008
cela jaillit, s’entrechoque, s’annule. Poussière.
Ma
vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir
1009
ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de
ma
pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous
1010
attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée,
je
crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien
1011
exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous
me
direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connais
1012
elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas.
Je
pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtiv
1013
ger sans fièvre, pour en circonscrire les effets.
J’
avoue prendre à cette étude un intérêt bien vif. Et cela fournit un me
1014
II Sur l’utilité de la littérature Montherlant
me
paraît être le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Qua
1015
los de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça,
je
ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus
1016
isse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On
m’
affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soi
1017
ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que
je
n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille éc
1018
culeuses. Voici donc les seules révélations que
j’
attende de la littérature : que celle des autres m’aide à prendre cons
1019
’attende de la littérature : que celle des autres
m’
aide à prendre conscience de moi-même ; que la mienne m’aide à découvr
1020
à prendre conscience de moi-même ; que la mienne
m’
aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agit plus de mép
1021
onde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration.
J’
ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour m
1022
ni d’adoration. J’ai défini une « maladie » dont
je
parviens à tirer quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’el
1023
adie » dont je parviens à tirer quelque bien pour
ma
vie. Le jour où les soins qu’elle exige me coûteront des sacrifices p
1024
n pour ma vie. Le jour où les soins qu’elle exige
me
coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’en escom
1025
des sacrifices plus grands que les bienfaits que
j’
en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
1026
escompte, il sera temps de songer sérieusement à
m’
en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
1027
temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
me
demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de v
1028
m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que
j’
attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathi
1029
Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de
ma
vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe
1030
demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie.
Je
serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault
1031
citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie
me
prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleur
1032
ur. 15. Variante : des puissances d’action. 16.
J’
en vois certains qui arrangent leur vie de telle sorte que leurs mémoi
1033
en gémir et pour en accepter les conséquences. Et
puis
, de temps à autre, voici que nous parvient un signe d’amitié qui ne t
1034
mond Gillard, et même, et surtout, un miracle. Et
puis
, ils ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non mo
1035
grand Tanner. (On a fait ses preuves, quoi !) Et
puis
, qui sait, peut-être sauront-ils rallier le dernier disciple du Bienh
1036
llier le dernier disciple du Bienheureux Jean… Et
puis
, en voilà assez pour ranimer la curiosité des plus blasés. Lecteur, f
1037
une étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce
je
ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « ce
1038
ire, intermittente, un peu émiettée, éventée, que
je
trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaud
1039
œuvre, qui est peut-être plus vraie que le vrai,
je
veux dire, plus rilkienne que ne fut Rilke. Rilke y apparaît comme un
1040
u nom d’une science ou au nom de l’esprit. « Pour
moi
qui aime plus que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis R
1041
us que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que
je
vis Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un o
1042
poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis Rilke,
je
compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un objet de songe
1043
que je vis Rilke, je compris que cet univers dont
je
rêvais n’était pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une te
1044
is d’expérience ». Mais une telle « expérience »,
je
crois, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somm
1045
« fatale », « si arbitraire et si facultative »,
je
me dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette
1046
fatale », « si arbitraire et si facultative », je
me
dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette att
1047
On a trop dit que notre époque est chaotique.
Je
crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu de période où
1048
’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi
Je
prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et le meilleur,
1049
en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne
m’
accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour faciliter l
1050
on ne m’accuse donc pas de caricaturer l’objet de
ma
critique pour faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que
1051
bjet de ma critique pour faciliter l’accusation :
je
prends pour la juger ce que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici l
1052
usation : je prends pour la juger ce que l’époque
m’
offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte da
1053
Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte dans
Ma
vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à joue
1054
ie de Ford, telle qu’il la raconte dans Ma vie et
mon
œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à jouer avec des
1055
outière. « Depuis l’instant où, enfant de 12 ans,
j’
aperçus cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma grande et co
1056
us cette machine de route, jusqu’au jour présent,
ma
grande et constante ambition a été de construire une bonne machine ro
1057
esse sont : la construction d’un moteur à vapeur,
puis
d’un moteur à explosion, enfin d’une première automobile fabriquée, à
1058
lutte des classes. Il se dégage de la lecture de
Ma
vie et mon œuvre une impression de netteté, de solidité, de propreté.
1059
classes. Il se dégage de la lecture de Ma vie et
mon
œuvre une impression de netteté, de solidité, de propreté. Si l’on aj
1060
l’objet par ses propres moyens, à un exemplaire ;
puis
, il fonde une usine pour multiplier les réalisations. Bientôt, élargi
1061
t. La tromperie est préméditée. Et le scandale, à
mon
sens, n’est pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le cli
1062
cient des buts et de l’avenir de son effort. Pour
mon
compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir u
1063
ts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte,
je
crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau m
1064
rs, voici des déclarations plus nettes encore : «
Je
ne considère pas les machines Ford simplement comme des machines. J’y
1065
les machines Ford simplement comme des machines.
J’
y vois la réalisation concrète d’une théorie qui tend à faire de ce mo
1066
e salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce que
j’
ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en prat
1067
ale aux plus grands esprits de tous les temps. On
me
dira que Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si
1068
dira que Ford a mieux à faire que de philosopher.
Je
le veux. Mais si j’insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souli
1069
x à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si
j’
insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étran
1070
ela ratait, on gardait toutes les autres chances.
J’
accorderai que le progrès matériel n’est pas mauvais en soi. Mais par
1071
ésirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions.
Je
dis que les êtres encore doués de quelque sensibilité spirituelle dev
1072
ouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂
Je
ne pense pas qu’une attitude réactionnaire qui consisterait à vouloir
1073
es termes avec netteté et courage. Pour le reste,
je
pense que c’est une question de foi. 1. Une enquête faite à Genève
1074
que les livres les plus lus du grand public sont
Ma
vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément Vau
1075
ivres les plus lus du grand public sont Ma vie et
mon
œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans l
1076
grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et
Mon
curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans les pays de langue alle
1077
s est encore plus grand, et de meilleure qualité.
Je
ne parle pas de l’Amérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford,
1078
mérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford,
Ma
vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembr
1079
2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et
mon
œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4.
1080
À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne.
Je
vins à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dan
1081
assez de passants pour qu’on la sentît déserte ne
me
proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser de c
1082
cuser de cette duperie, qui rendre responsable de
ma
déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe qu’un d
1083
ndre responsable de ma déception, sinon moi-même,
me
dis-je bientôt. Car je professe qu’un désir vraiment pur parvient tou
1084
sponsable de ma déception, sinon moi-même, me dis-
je
bientôt. Car je professe qu’un désir vraiment pur parvient toujours à
1085
déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car
je
professe qu’un désir vraiment pur parvient toujours à créer son objet
1086
es. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que
j’
avais d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compr
1087
rtaine idée que j’avais d’un romantisme viennois,
je
fus conduit, par une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’o
1088
à l’Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffmann.
Je
comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon esprit Vienne et
1089
e comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans
mon
esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir de Gérard de Nerval.
1090
n : c’était le souvenir de Gérard de Nerval. Mais
je
pense que je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque
1091
e souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que
je
n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis da
1092
s même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque
je
m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouv
1093
ême pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je
m’
assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver
1094
s l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de
me
trouver à côté d’une place vide : la jolie femme qu’on attend dans ce
1095
ces, une fois de plus manquait le rendez-vous que
j’
avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’e
1096
. Mais le thème de la Barcarolle s’empare de tout
mon
être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanfare milit
1097
t patriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi
je
m’abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cett
1098
atriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi je
m’
abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cette p
1099
je m’abandonne au rêve d’un monde que suscite en
moi
seul peut-être cette plainte heureuse des violons. Le diable sort des
1100
aturelle. Et tout cela chanté dans une langue que
je
comprends mal. Je me penche vers un voisin pour lui demander je ne sa
1101
cela chanté dans une langue que je comprends mal.
Je
me penche vers un voisin pour lui demander je ne sais plus quoi. Mais
1102
a chanté dans une langue que je comprends mal. Je
me
penche vers un voisin pour lui demander je ne sais plus quoi. Mais sa
1103
al. Je me penche vers un voisin pour lui demander
je
ne sais plus quoi. Mais sans doute évadé dans son rêve, beaucoup plus
1104
doute évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que
moi
, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre.
1105
rêve, beaucoup plus loin que moi, il n’entend pas
ma
question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abando
1106
oin que moi, il n’entend pas ma question. L’envie
me
prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’u
1107
question. L’envie me prend d’aller le rejoindre.
Me
voici tout abandonné à l’évocation d’un amour tragiquement mêlé à des
1108
orme blanche, sous un brusque faisceau de lumière
m’
apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement
1109
ceau de lumière m’apparaît avec le visage même de
mon
amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir,
1110
ière m’apparaît avec le visage même de mon amour.
Je
me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de
1111
e m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je
me
sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de te
1112
’est toi, parce que c’est bien toi de nouveau qui
m’
appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose singulière, prononce
1113
est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas
me
quitter… — C’est une chose singulière, prononce une voix, à côté de m
1114
ne chose singulière, prononce une voix, à côté de
moi
, c’est une chose singulière que le pouvoir de cette musique. Voici qu
1115
que. Voici que vous êtes tout près de comprendre…
Mon
voisin avait parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Co
1116
rsonne pourtant ne se détournait. Comment pouvais-
je
être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vo
1117
vais-je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est,
me
répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres vérit
1118
des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous
me
voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance…
1119
scène, un reflet balaya le parterre, le visage de
mon
voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que
1120
eflet balaya le parterre, le visage de mon voisin
m’
apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avai
1121
m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire.
Je
sentis que je l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre,
1122
le dans son collier de barbe noire. Je sentis que
je
l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1
1123
s toute sa personne rien de positivement démodé ;
je
n’eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’aille
1124
ue ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où
m’
avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir e
1125
ù m’avait jeté la première reconnaissance empêcha
ma
raison d’intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris
1126
mpêcha ma raison d’intervenir entre la réalité de
ma
vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d
1127
son d’intervenir entre la réalité de ma vision et
mon
cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d’évidences opa
1128
es. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et
moi
, sans nous être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent d
1129
ameux homard enrubanné. « Cela vexe les Viennois,
me
dit-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits
1130
is, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon de
me
moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’en suis pas fâché. » Il
1131
açon de me moquer de leurs petits chiens musclés…
Je
n’en suis pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des je
1132
p s’amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis-
je
, songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répondit Gérard, malgré les
1133
eur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que
je
comprends assez bien, ajouta-t-il, mais pour d’autres raisons qu’eux,
1134
nature et par attitude, des gens fatigués. — Pour
moi
, dit Gérard, je situe l’amour dans un monde où la question fidélité o
1135
itude, des gens fatigués. — Pour moi, dit Gérard,
je
situe l’amour dans un monde où la question fidélité ou inconstance ne
1136
té ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez,
je
n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais
1137
deux attributs différents. Toutes les femmes qui
m’
ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour, c’
1138
qu’elles évoquaient cet amour, c’était parce que
je
découvrais en elles de secrètes ressemblances, qui pour d’autres para
1139
lle n’était qu’un regard, un certain regard, mais
j’
ai su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela
1140
’est cela seul qui donna un sens au monde. — Mais
je
bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile p
1141
ul qui donna un sens au monde. — Mais je bavarde,
je
philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme
1142
. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez
me
dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde depuis si lo
1143
vrons-nous plutôt à une petite malice dont l’idée
me
vient à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était la petite bossue
1144
héo nommaient « biondo et grassotto », et qu’avec
mes
amis nous devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers
1145
t que de prendre des femmes au hasard, disait-il.
Je
sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, m
1146
nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins,
moi
. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez p
1147
ux de plaisir — autre façon de parler. On dit que
j’
ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure quali
1148
chercher ici avec le premier être venu. — Certes,
je
comprends que l’Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser.
1149
je comprends que l’Europe est en décadence quand
je
la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances se
1150
pe est en décadence quand je la regarde s’amuser.
Je
vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spontanées du
1151
be mauve, avec tant de gravité et de détachement.
Je
viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la
1152
la regarder, à cause de la noblesse de sa danse.
Je
la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’est odieux qu’
1153
qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais
je
crois que l’Orient est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bu
1154
tudes convenues et donner l’air bête aux acteurs.
Puis
Gérard embrassa paternellement la belle effarée, et nous sortîmes, ap
1155
mbre de cette ville illusoire est la plus douce à
mes
vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des
1156
us douce à mes vagabondages sans but. Vous savez,
je
lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des
1157
à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance
mes
filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des animaux a
1158
e mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois
j’
en ramène des animaux aux yeux bizarres où je sais lire les signes. »
1159
fois j’en ramène des animaux aux yeux bizarres où
je
sais lire les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez-vous somm
1160
yeux bizarres où je sais lire les signes. » Comme
je
ne répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ai
1161
ondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il.
Moi
pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et
1162
-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs
j’
ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soi
1163
l ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié
mes
clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait
1164
erait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers
moi
il prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque
1165
il prononça : « La nuit sera noire et blanche. »
Je
ressentis quelque émotion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Ensuite,
1166
motion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Ensuite,
je
pensai qu’il arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la pr
1167
ns un petit bar laqué de noir jusqu’à mi-hauteur,
puis
couvert de glaces qui, reflétant le plafond à caissons dorés, l’étend
1168
ctavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par
je
ne sais quelle erreur d’images, — ce serait la gravité énigmatique d’
1169
rai drame de son destin est ailleurs. Il se met à
m’
expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui commencent à
1170
l leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il
m’
enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nou
1171
sme et son exaltation. Il semble se rapprocher de
moi
. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour n
1172
on exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il
me
raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos sava
1173
u’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-
moi
, ce qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui ti
1174
e à chaque instant, le homard se réveilla. Gérard
m’
expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerve
1175
nt d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi,
je
me balançais d’un pied sur l’autre dans de la neige fondante, tout en
1176
d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi, je
me
balançais d’un pied sur l’autre dans de la neige fondante, tout en cr
1177
nt pour des baise-mains silencieux et mécaniques.
Je
reconnus des princes aux faces maigres qui ressemblaient terriblement
1178
ré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée,
je
m’aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordinairement sil
1179
: Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je
m’
aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordinairement silenc
1180
. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que
j’
étais seul. Une dernière auto, extraordinairement silencieuse, absolum
1181
t silencieuse, absolument silencieuse fila devant
moi
; je reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rid
1182
ncieuse, absolument silencieuse fila devant moi ;
je
reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux
1183
matin, des triporteurs passèrent à toute vitesse,
m’
éclaboussant de neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debou
1184
boussant de neige et de titres dépourvus de sens.
Je
dormais debout. 10. Quelque chose comme « pâtisserie-crème fouettée
1185
logue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ?
J’
allais oublier que la littérature enfantine est le dernier bateau. Pou
1186
est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne
m’
empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo so
1187
ffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord,
je
soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont
1188
seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à
mes
yeux, de considération. J’admire autant le talent de celui qui mène 6
1189
i le rendrait digne à mes yeux, de considération.
J’
admire autant le talent de celui qui mène 60 parties d’échecs simultan
1190
arties d’échecs simultanément, et c’est naturel :
je
m’en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne
1191
ies d’échecs simultanément, et c’est naturel : je
m’
en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne de
1192
et c’est naturel : je m’en avoue plus éloigné et
m’
en sais plus dépourvu si possible. Je ne demande aux écrivains que des
1193
s éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible.
Je
ne demande aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’ils les fa
1194
ait vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi
j’
ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien
1195
itte à renaître heureusement) sur des gens qui ne
m’
intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes drô
1196
es chefs (c’est lui qui parle au nom de l’auteur,
je
pense) : « Il me semble que je lutte contre l’absurde humain, en fais
1197
ui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : « Il
me
semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fai
1198
u nom de l’auteur, je pense) : « Il me semble que
je
lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’éva
1199
lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que
je
fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre — rêvé
1200
lables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé.
Je
regrette seulement que Daniel-Rops se soit borné à une courte nouvell
1201
e : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un
moi
qui feint toujours de se cacher derrière le feuillet suivant, entraîn
1202
nuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit.
Je
saute quelques délires et pas mal de superstitions. Enfin cette expér
1203
leur réponse, il répète à plusieurs reprises : «
Je
ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu pl
1204
répète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas :
je
suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut u
1205
lusieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !…
Je
ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de g
1206
Je ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais
je
suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes
1207
Stéphane rendu à la santé écrivait : « Ton visage
me
cache tous les miroirs » — à une femme qu’il aimait. n. Rougemont
1208
Sherwood Anderson,
Mon
père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se se
1209
Sherwood Anderson, Mon père et
moi
et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé e
1210
Sherwood Anderson, Mon père et moi et
Je
suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé et légè
1211
ndre d’un air connaisseur que c’est bien composé.
J’
avoue prendre cette autobiographie tellement au sérieux que j’ai été b
1212
dre cette autobiographie tellement au sérieux que
j’
ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un h
1213
doucement comique, si émouvant : « À cette époque
je
croyais fortement en l’existence d’une espèce de secrète et à peu prè
1214
gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout,
moi
et les autres”, me disais-je parfois, et il y avait des moments où j’
1215
ous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”,
me
disais-je parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à
1216
ivrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-
je
parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à me convain
1217
e disais-je parfois, et il y avait des moments où
j’
arrivais presque à me convaincre que si je m’approchais tout à coup pa
1218
et il y avait des moments où j’arrivais presque à
me
convaincre que si je m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme
1219
ents où j’arrivais presque à me convaincre que si
je
m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelc
1220
s où j’arrivais presque à me convaincre que si je
m’
approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelconq
1221
sais “houu !” il ou elle se secouerait enfin, que
moi
aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras
1222
!” il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi
je
me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous e
1223
il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je
me
secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en r
1224
a contribué davantage que n’importe quel autre de
mon
temps à faire aboutir la standardization à sa fin logique, ne pourrai
1225
ont Denis de, « [Compte rendu] Sherwood Anderson,
Mon
père et moi et Je suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue
1226
, « [Compte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et
moi
et Je suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
1227
mpte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et moi et
Je
suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève
1228
e où la poésie est compréhensible et légitime. 4.
Je
suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une m
1229
réhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid,
je
dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystique. Mais parce que
1230
est essentiellement une mystique. Mais parce que
je
suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se com
1231
e mystique. Mais parce que je suis de sang-froid,
je
ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeu
1232
ique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne
puis
dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeunes homm
1233
poète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais
je
tiens à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu tou
1234
sez pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi
je
me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux pe
1235
pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je
me
bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petit
1236
tion publique deux petits livres1 excellents dont
je
considère les thèses comme acquises : L’Éloge de l’ignorance, de M. A
1237
gnement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges.
Mon
dessein est assez différent, moins philosophique et point du tout tec
1238
, moins philosophique et point du tout technique.
J’
apporte un témoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marqu
1239
émoignage personnel, une réaction de tempérament.
Je
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liais
1240
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui
me
blesse, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
1241
fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
ma
liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je
1242
doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément,
je
ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste
1243
e à elle prolonge abusivement sa terne existence.
Je
l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment tou
1244
e pareils souvenirs légitiment toutes les haines.
Je
serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce pe
1245
nt toutes les haines. Je serai méchant, parce que
j’
en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à r
1246
— Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel
je
compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le
1247
tient des idées qui ne rapportent rien. En effet,
je
ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
1248
ffet, je ne représente aucun parti, aucune firme.
Je
ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma
1249
parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
Je
ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas l
1250
ersonne. Je ne prétends pas même parler au nom de
ma
génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
1251
tends pas même parler au nom de ma génération, ne
m’
étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
1252
enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
me
donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à g
1253
gueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant
je
sais qu’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le p
1254
ond miraculeusement, gémir n’est pas un argument.
Je
demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans condition
1255
s un argument. Je demande le droit de démolir. Et
me
l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer u
1256
molir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions.
Mon
rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me conten
1257
est pas de proposer une nouvelle forme politique.
Je
me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
1258
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je
me
contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe es
1259
rme politique. Je me contente de vitupérer ce que
je
vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si
1260
s capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais
j’
aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et org
1261
se ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que
je
dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui
1262
s, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car
j’
ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en dou
1263
signalent bien souvent nos tolérants par inertie,
je
ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
1264
uvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais
je
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les class
1265
nt nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je
m’
attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer
1266
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et
je
tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler
1267
à les classer par avance en deux catégories dont
je
vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me r
1268
compte sommairement. Cela n’empêchera personne de
me
resservir ces arguments, bien que dûment prévus et réduits à néant ic
1269
réduits à néant ici même ; mais — gain de temps —
je
n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du
1270
es qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
Je
leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces f
1271
aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent
me
dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vertu m
1272
ticisme quant à la valeur réformatrice des idées,
m’
accuser de faire une critique dangereuse. 3° que néanmoins je crois à
1273
e faire une critique dangereuse. 3° que néanmoins
je
crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découvert
1274
tolérante qui se livrent à ces excès de langage,
je
les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du p
1275
langage, je les renvoie en corps au chapitre 5 où
je
traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question
1276
la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour
moi
qui cherche à démêler la vérité sans égard aux dérangements, même vio
1277
violents, que cela ne manque jamais de provoquer,
je
me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droi
1278
lents, que cela ne manque jamais de provoquer, je
me
propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ;
1279
classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi
je
considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations act
1280
ruction publique dans ses réalisations actuelles,
puis
au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savo
1281
lles, puis au terme de ce recensement lamentable,
je
poserai la question de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bo
1282
par le but final de notre institution-tabou. 1.
Je
ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques.
1283
but final de notre institution-tabou. 1. Je ne
puis
naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Les mei
1284
1.
Mes
prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs
1285
pissier par le prix du mètre courant. Encore que
je
prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
1286
ents trop au sérieux pour faire ici du sentiment,
je
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bie
1287
grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs.
Je
revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile m
1288
dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent
mon
enfance : les séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce ma
1289
règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour,
je
pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
1290
tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
j’
avais appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année suivant
1291
chette, avec une sœur aînée. L’année suivante, on
me
mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agréabl
1292
e c’est la loi. La première classe fut agréable :
j’
alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusemen
1293
fut agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à
je
ne sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en t
1294
’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi,
j’
étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui
1295
urs bâtons en rêvant à leur manière. Un jour cela
m’
ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après sy
1296
eur manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire,
je
ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements de
1297
déchiffraient les premières phrases exemplaires. (
J’
aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
1298
lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
mon
tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproche
1299
fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour,
je
savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproches acides,
1300
n tour, je savais rarement où l’on en était. Cela
m’
attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacrée : « Il
1301
bles exemples cet axiome qui devint la formule de
mes
premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait su
1302
douleurs morales. Après six ans de ce régime, on
m’
avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléi
1303
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que
je
ne montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rentr
1304
e velléité d’originalité. Mais pour être rentrée,
ma
colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, ver
1305
ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école
me
rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse
1306
une importance.) Quant à l’autre « évidence » que
je
viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterm
1307
ant à l’autre « évidence » que je viens de citer,
je
découvris un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre mal
1308
ntient la cause déterminante de notre malaise. Il
me
fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette
1309
notre malaise. Il me fallut un certain temps pour
m’
habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir cra
1310
ut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
Je
tenais cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des déco
1311
uer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais
m’
en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop d
1312
eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin
j’
ouvris, c’est-à-dire que je me posai la question : est-ce vrai que tou
1313
itudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que
je
me posai la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être é
1314
des apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je
me
posai la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être égau
1315
onquêtes. C’était découvrir notre asservissement.
Je
songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçai
1316
de la relativité des décrets humains. Le prix de
mes
souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels p
1317
rmisme indispensable aux « immortels principes ».
Je
n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
1318
suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
je
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde déco
1319
ris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut
ma
seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement
1320
exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais
moi
, j’avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois mat
1321
érait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi,
j’
avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérie
1322
délivré, en supporter longtemps encore l’action.
Je
n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit
1323
vissement de l’esprit et ces mythes stériles, que
je
les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les
1324
ythes stériles, que je les rendis responsables de
ma
perte de contact avec les réalités les plus élémentaires de la vie.
1325
2. Description du monstre Le service militaire
me
permit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’y retrouvai auss
1326
ermit de retrouver quelques-unes de ces réalités.
J’
y retrouvai aussi plusieurs têtes connues d’anciens camarades d’école
1327
ernité véritable. Mais c’est en caserne aussi que
je
devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et po
1328
ne question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que
je
vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de
1329
ans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-
je
envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par
1330
ensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais
je
n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me p
1331
aysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de
m’
échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’o
1332
plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on
me
poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que
1333
chauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu,
je
crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs ga
1334
ilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que
je
m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causen
1335
ment. Si l’on me poussait un peu, je crois que je
m’
oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent a
1336
i signent des manifestes en mauvais français — et
je
ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. Au vill
1337
que c’est là son affaire : Monsieur en un mot est
M’
sieu l’Instituteur. Signes particuliers : cheveux longs, regard profon
1338
s posthumes : l’artiste photographe et le régent.
J’
ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédago
1339
s témoigne de la même maladresse professionnelle.
J’
en connaissais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de
1340
e dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : «
J’
ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vo
1341
ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de
ma
section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l
1342
bien su mater les quarante hommes de ma section,
je
saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignemen
1343
les mouches ? (Le verre en était toujours jaune.)
Je
n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils
1344
que certaines autres maladies dites « sociales ».
Je
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décr
1345
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant
je
ne veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes,
1346
rridors et les habits des écoliers empeste encore
mes
souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’éta
1347
3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de
ma
rancune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ai entrepris d
1348
cune, à seule fin de montrer pour quelles raisons
j’
ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera
1349
epris de combattre l’instruction publique — on ne
me
contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnell
1350
on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles
me
sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignag
1351
n témoignage, ni plus ni moins — il est temps que
je
fasse passer un petit examen aux principes de cette institution passi
1352
ssée : mais celles-là sont les plus vives. Enfin,
je
tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que
1353
plus vives. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici
je
ne cherche point l’équité. Pas plus que vous qui défendez de parti pr
1354
s plus que vous qui défendez de parti pris ce que
j’
attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujo
1355
pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or
je
ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bour
1356
ordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise.
Je
tiens le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la
1357
que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud.
Je
me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruct
1358
déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je
me
bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruction
1359
justement par cette psychologie de l’enfant dont
je
disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qu
1360
qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité,
puis
qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut
1361
s de deux que de mille, dit un sage oriental dont
j’
ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut
1362
ut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail.
Je
doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on d
1363
ue notre peuple met dans cette expression !) Pour
moi
ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est un
1364
uple met dans cette expression !) Pour moi ce que
je
retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse v
1365
n !) Pour moi ce que je retire de plus évident de
mon
expérience scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’eût pa
1366
scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens
m’
eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible ta
1367
e possible tant que la loi est la même pour tous.
Je
ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
1368
souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et
puis
, quelle est cette préparation à la vie qui commence par nous soustrai
1369
ie. Il y a là une préméditation de médiocrité que
je
ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a
1370
y a là une préméditation de médiocrité que je ne
puis
m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons
1371
là une préméditation de médiocrité que je ne puis
m’
empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons poi
1372
es bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez-
moi
tous ces petits phonographes…ographes…graphes…graphes… Enfoncés, les
1373
’avantage des gens en place, vieille histoire. On
m’
objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par d’
1374
ces brillants météores ne troublent pas beaucoup
ma
superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasi
1375
tion publique qu’ils ont subies. Le dilemme
J’
ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident q
1376
cident qu’accidentellement avec ceux du bon sens.
Je
m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serai
1377
ent qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je
m’
en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait f
1378
entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement,
j’
en conviens.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travai
1379
peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu
ma
colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’e
1380
e mettra à marcher dans le couloir en s’écriant :
je
marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je si
1381
er dans le couloir en s’écriant : je marche, ou :
j’
arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisiè
1382
’arpente ; un autre restera assis, en affirmant :
je
siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au
1383
je siège ; un troisième lèvera la main, et dira :
je
lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à crai
1384
la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant :
je
sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à
1385
graves, parce qu’elles sont comiques précisément.
Je
ferai à l’école nouvelle un reproche d’une autre nature. Elle prétend
1386
de réaction vive de la part des écoliers. Enfin,
je
n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’
1387
n enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants…
Je
reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifi
1388
ssés. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen.
Moi
je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereu
1389
. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi
je
voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereux.
1390
Or il paraît que c’est très dangereux. Néanmoins
je
soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui so
1391
vements des possibilités lointaines qui sont pour
me
plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jou
1392
qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et
je
vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait pe
1393
s une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité…
Je
songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont
1394
’humanité… Je songe à un enseignement sans école.
Je
songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement
1395
ui sait ?… En attendant, puisqu’il faut attendre,
je
salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur les principes de l’
1396
es joyeuses sont de vraies foires : ils ont toute
mon
amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus libremen
1397
de vraies foires : ils ont toute mon amitié. Cela
me
permet de leur faire remarquer d’autant plus librement qu’ils trahiss
1398
rie de petits démocrates conscients et organisés.
Je
crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper p
1399
plus longtemps à MM. les Inspecteurs des Écoles.
Je
le crains, dis-je ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malen
1400
MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis-
je
; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant es
1401
à cependant une possibilité pratique d’en sortir,
je
ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de r
1402
tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que
je
donne à ce mot.
1403
5. La machine à fabriquer des électeurs
Je
crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi
1404
à l’absurdité de fait de l’instruction publique.
Je
crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu
1405
Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde.
Je
demande seulement qu’on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétu
1406
ut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on
m’
explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous é
1407
qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque.
J’
entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans
1408
y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne
me
conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets o
1409
s idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que
j’
ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à
1410
s, cette idée que j’ai l’honneur de partager avec
mes
adversaires se trouve correspondre à des faits patents et simples ; i
1411
tion publique est pratiquement irréalisable. Ici,
je
demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la
1412
e vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon
je
me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tel
1413
ouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je
me
verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tellem
1414
e satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes,
je
ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient eu
1415
eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et
je
les excuse pour autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a été
1416
u’ils faisaient — et je les excuse pour autant10.
Je
dis simplement ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle é
1417
utés pour célébrer les bienfaits sociaux, que dis-
je
, la valeur hautement moralisatrice de ces glapissants entonnoirs. D’
1418
on non moins flagrante, dans ses suites normales.
Je
n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notr
1419
s (si possible radicaux, en tout cas démocrates).
Je
me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œ
1420
si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je
me
souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œuvr
1421
ter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant
je
vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instru
1422
Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour
m’
ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime les tremblements de
1423
our m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
J’
aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à cette
1424
’aime les tremblements de terre, vous tombez mal.
J’
appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à leur sensibilit
1425
qu’aux idées des autres. Or, c’est une révolte de
ma
sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent
1426
tres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui
me
dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après
1427
e de ma sensibilité qui me dresse contre l’École.
Mes
arguments ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les dé
1428
qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous,
ma
rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définiti
1429
iez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime.
Je
lui donne raison par définition. Après tout, peu m’importent les idéo
1430
lui donne raison par définition. Après tout, peu
m’
importent les idéologies politiques, et peu m’importerait que l’École
1431
peu m’importent les idéologies politiques, et peu
m’
importerait que l’École soit une machine à fabriquer de la démocratie
1432
oit une machine à fabriquer de la démocratie — si
je
ne sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
1433
dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
je
tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement d
1434
valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout.
Ma
haine de la démocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je vie
1435
émocratie est l’aboutissement de l’évolution dont
je
viens de décrire la marche nécessaire11. On ne manquera pas d’insinue
1436
es douleurs de jeunes bourgeois. Essayer de venir
me
dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la
1437
eunes bourgeois. Essayer de venir me dire ça chez
moi
, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je part
1438
sayer de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas,
mes
agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écœura
1439
s, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où
je
participais de l’écœurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d’
1440
participais de l’écœurant optimisme bourgeois que
je
m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquem
1441
ticipais de l’écœurant optimisme bourgeois que je
m’
accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement
1442
ièges, ils comprendront le sens des images.) 9.
J’
emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens
1443
opposés coïncident en tant de points — voilà qui
m’
inquiéterait, à votre place.
1444
nous promet de tous côtés de belles catastrophes.
Je
suis de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C
1445
rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent.
Je
ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais j
1446
antitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas
me
poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux
1447
er ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais
je
m’adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières », et q
1448
ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je
m’
adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières », et qui
1449
s ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et
je
les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci
1450
». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez
mon
extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille étai
1451
mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec
moi
que la famille était encore un milieu naturel, donc normatif. Le coll
1452
Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable…
Je
crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver
1453
sse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on
m’
aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à o
1454
que exigent une organisation à outrance du monde,
je
répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un
1455
ardisation de toutes les mesquineries naturelles (
je
ne fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivé
1456
le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
je
ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux,
1457
s vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ?
J’
en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre
1458
éreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
j’
ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne
1459
-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que
mon
progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dan
1460
ri duquel on distille du radicalisme intégral. On
me
fera observer que beaucoup des servants de la machine sont socialiste
1461
cialistes : voilà qui ne change pas le rendement,
j’
imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès
1462
pprend les questions aussi bien que les réponses.
J’
avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la c
1463
uestions aussi bien que les réponses. J’avoue que
je
trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
1464
us allez feindre de trouver bien bonne celle-ci :
je
prétends que l’instruction publique est une puissance conservatrice.
1465
ratie peut se conserver des siècles encore… Or si
je
dis que l’École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste
1466
ser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier.
Je
distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
1467
l’humanité de demain ne peut manquer d’inventer.
Je
ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amou
1468
anité de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne
puis
m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la
1469
de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis
m’
empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la des
1470
it est la jalousie rancie armée de pédantisme, et
je
ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habit
1471
rité des électeurs les considèrent comme tels. Et
je
ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la p
1472
es électeurs les considèrent comme tels. Et je ne
me
tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart
1473
els. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on
m’
aura fait remarquer que la plupart des intellectuels sont convertis de
1474
pposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous
m’
attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant,
1475
. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous
me
sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer
1476
nt et vous me sommez de dire comment, maintenant,
je
vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. A
1477
us me sommez de dire comment, maintenant, je vais
m’
y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-je
1478
éparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
je
la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui rés
1479
é non moins énorme d’esquisser ici la réponse que
je
lui réserve ? L’instruction publique est la forme la plus commune de
1480
complète, à un degré supérieur d’inconscience, si
je
puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
1481
plète, à un degré supérieur d’inconscience, si je
puis
dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je cr
1482
sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
Je
crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès ve
1483
tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi
je
réclame l’expulsion de la congrégation radicale des instituteurs. On
1484
de la congrégation radicale des instituteurs. On
me
demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne prop
1485
ale des instituteurs. On me demande encore ce que
je
mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis,
1486
ncore ce que je mettrais à la place. Et parce que
je
ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais v
1487
e rien de bien précis, on triomphe grossièrement.
J’
aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il conce
1488
. Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que
j’
ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassure
1489
faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à
ma
santé mentale.) La question est de savoir si nous serons des hommes d
1490
gré les mots14, des anarchistes et des utopistes.
J’
appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain
1491
espèce, un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que
j’
aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui
1492
(ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !…
Je
vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est to
1493
rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait
moi
! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou cons
1494
Que faire, diront les gens de bonne volonté dont
mon
imagination romantique suppose l’existence. Que faire ? Voir et pense
1495
les effets suivront infailliblement. Par exemple,
je
vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Ro
1496
de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que
je
propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemb
1497
trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais
j’
en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possi
1498
ais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu :
je
ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une rév
1499
nnaissances mortes. Une technique spirituelle. Et
puis
, qu’il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette c
1500
és. On croit devoir se défendre : on se moque. On
me
dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la
1501
nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes,
je
vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yog
1502
a. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que
je
m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes
1503
Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je
m’
en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les
1504
r une grande intensité avec un minimum de moyens.
J’
en citerai deux exemples : la discipline jésuite et le drill militaire
1505
yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit.
Je
sais que ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comm
1506
n l’applique généralement. Ces gens-là diront que
je
veux militariser l’enseignement ou transformer les collèges en couven
1507
stent cachées aux agités ; la nature par exemple.
Je
ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on n
1508
e le temps de la regarder. De faire connaissance.
Je
ne sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à poss
1509
avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant,
je
ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière.
1510
sse quelque chose comme l’instruction privée : et
moi
je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déj
1511
quelque chose comme l’instruction privée : et moi
je
la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà r
1512
e de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse.
Je
préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens
1513
mbre du conseil de paroisse. Je préciserai donc :
je
tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les institut
1514
rai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais
je
ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font b
1515
ste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de
mes
attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre d
1516
pparaissent ici que pour impressionner le public.
Je
n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en e
1517
promet des confitures à l’enfant, s’il est sage.
Moi
je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1518
met des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi
je
m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1519
des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je
m’
en moque. Je n’aime que la liberté.
1520
res à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque.
Je
n’aime que la liberté.
1521
… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de
mon
amour écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous ne laissiez le
1522
n retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de
mon
cœur il est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de
1523
épété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous,
je
suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques
1524
disproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : «
j’
ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singuli
1525
ner très jeune, avec une clairvoyance singulière,
mes
propres limites, et j’ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C
1526
clairvoyance singulière, mes propres limites, et
j’
ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’éco
1527
dain se dresse une énorme maison de pierre brune,
puis
une banque en style hongrois, façade aux grandes lignes verticales, p
1528
ticales, peinturlurée de bleu, d’or et de violet.
Puis
une rue de pierre grise toute boursouflée de prétentions munichoises.
1529
ise toute boursouflée de prétentions munichoises.
Puis
un palais gothique 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée du
1530
La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)o «
Je
lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’i
1531
encore, et c’est là-dessus qu’il improvise, oh !
j’
aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaît comme une chose si
1532
e, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie
m’
apparaît comme une chose si douce et si grande… »11 Et Bettina termin
1533
é les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ;
j’
ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus di
1534
dre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier,
m’
occupant assez longuement d’un des poètes auxquels notre temps doit vo
1535
s d’entre nous se préparent à tenter le climat, —
j’
avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute asse
1536
ez profondément pour qu’aujourd’hui le hasard qui
m’
amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pen
1537
encore quelques cris brisés : « Ô vieux démon ! —
je
te rappelle — Ou bien envoie — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mai
1538
racle. — C’était l’époque des amateurs de ruines.
Je
suis descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la maison, en at
1539
ure. Il y a là une station de canots de louage où
j’
ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un « Hypérion ».
1540
lderlin » à côté d’un « Hypérion ». En cherchant,
je
trouverais bien aussi un « Nietzsche » à fond plat. Des saules se pen
1541
s d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui
me
conduit est le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ? —
1542
vous devez connaître ces portraits ? — (et comme
je
considère un ravissant médaillon de marbre) — Ça, c’est Diotima. » On
1543
— Ça, c’est Diotima. » On rougirait à moins. — «
Je
ne puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aus
1544
c’est Diotima. » On rougirait à moins. — « Je ne
puis
pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’
1545
aimer, c’est seulement vouloir se marier… » — Et
puis
plus tard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l
1546
n grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde,
je
l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longt
1547
ont fui. Avril et mai et juin sont lointains,
Je
ne suis plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de p
1548
i et juin sont lointains, Je ne suis plus rien,
je
n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que maintenant. La
1549
de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain
m’
angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dan
1550
ui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il,
je
pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visit
1551
tues et les contreforts de l’Église du Chapitre :
je
vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui pr
1552
approchent, tournoyent lentement dans la musique.
Je
n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pag
1553
nts serrées. (« Weg zur Kraft und Schönheit ! »).
J’
aime les bateaux plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui ne
1554
lons trop courts, qui se promènent tout seuls… Et
puis
, il lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme.
1555
lque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et
puis
il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonn
1556
. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de
je
ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiaires
1557
c que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à
mes
yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle
1558
que vulgaire, par quel hasard, donne l’accord qui
m’
ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur
1559
donne l’accord qui m’ouvre un vrai silence : déjà
je
leur échappe — je t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autou
1560
m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe —
je
t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisa
1561
ppe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de
moi
insuffisant, transitoire, allusif. Tout se remet à signifier l’absenc
1562
qui chante et des enfants surtout, dès le début,
puis
plus tard encore, dans les songes des grandes personnes, — puis tous
1563
encore, dans les songes des grandes personnes, —
puis
tous se perdent, comme des souvenirs, et l’on retrouve un peu plus lo
1564
isme à son mépris pour la révélation évangélique.
Je
ne vois là que l’indice d’une confusion bien française, hélas. ba.
1565
la défense contre ses adversaires de tous bords.
Je
voudrais souligner seulement la beauté de l’effort désintéressé de Ju
1566
de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure.
Je
suis loin de partager toutes les idées de M. Benda, sur le plan philo
1567
nda, sur le plan philosophique en particulier, où
je
me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda
1568
, sur le plan philosophique en particulier, où je
me
sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda tr
1569
ahit pas.) D’autre part, de plus impertinents que
moi
ne manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel », la c
1570
n’en apparaît que plus pur. « Noms de clowns qui
me
viennent l’esprit : Julien Benda… », écrit Aragon. Et Daudet nous app
1571
les précieuses trouvaient cela d’un romantisme !
ma
chère, d’un mauvais goût ! Cependant le jeune homme agitait ses ailes
1572
rt d’un poète en état, sans doute, d’inspiration.
Je
trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d
1573
ration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous
m’
adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je sui
1574
déclaration d’amour destinée à une femme blonde.
Je
suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un
1575
destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais
je
sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé ente
1576
me blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est.
J’
ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous a
1577
qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour
m’
a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis d
1578
s aime. Elle attend votre lettre depuis des mois.
Je
pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
1579
pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec
ma
bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son ma
1580
gnes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction,
je
suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et concl
1581
sez pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi
je
me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux pe
1582
pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je
me
bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petit
1583
tion publique deux petits livres1 excellents dont
je
considère les thèses comme acquises : L’Éloge de l’ignorance, de M. A
1584
gnement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges.
Mon
dessein est assez différent, moins philosophique et point du tout tec
1585
, moins philosophique et point du tout technique.
J’
apporte un témoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marqu
1586
émoignage personnel, une réaction de tempérament.
Je
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liais
1587
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui
me
blesse, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
1588
fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
ma
liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je
1589
doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément,
je
ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste,
1590
e à elle prolonge abusivement sa terne existence.
Je
l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment tou
1591
e pareils souvenirs légitiment toutes les haines.
Je
serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce pet
1592
nt toutes les haines. Je serai méchant, parce que
j’
en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à ri
1593
— Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel
je
compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le
1594
tient des idées qui ne rapportent rien. En effet,
je
ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
1595
ffet, je ne représente aucun parti, aucune firme.
Je
ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma
1596
parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
Je
ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas l
1597
ersonne. Je ne prétends pas même parler au nom de
ma
génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
1598
tends pas même parler au nom de ma génération, ne
m’
étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
1599
enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
me
donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à ga
1600
igueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant
je
sais qu’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le p
1601
ond miraculeusement, gémir n’est pas un argument.
Je
demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans condition
1602
s un argument. Je demande le droit de démolir. Et
me
l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer u
1603
molir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions.
Mon
rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me conten
1604
est pas de proposer une nouvelle forme politique.
Je
me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
1605
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je
me
contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe es
1606
rme politique. Je me contente de vitupérer ce que
je
vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si
1607
s capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais
j’
aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et org
1608
se ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que
je
dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui
1609
2, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car
j’
ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en dou
1610
signalent bien souvent nos tolérants par inertie,
je
ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
1611
uvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais
je
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les class
1612
nt nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je
m’
attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer
1613
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et
je
tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler
1614
à les classer par avance en deux catégories dont
je
vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me r
1615
compte sommairement. Cela n’empêchera personne de
me
resservir ces arguments, bien que dûment prévus et réduits à néant ic
1616
réduits à néant ici même ; mais — gain de temps —
je
n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du
1617
es qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
Je
leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces f
1618
aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent
me
dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vertu m
1619
ticisme quant à la valeur réformatrice des idées,
m’
accuser de faire une critique dangereuse ; 3° que néanmoins je crois à
1620
faire une critique dangereuse ; 3° que néanmoins
je
crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découvert
1621
tolérante qui se livrent à ces excès de langage.
Je
les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du p
1622
langage. Je les renvoie en corps au chapitre 5 où
je
traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question
1623
la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour
moi
qui cherche à démêler la vérité sans égards aux dérangements, même vi
1624
violents, que cela ne manque jamais de provoquer,
je
me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droi
1625
lents, que cela ne manque jamais de provoquer, je
me
propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ;
1626
classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi
je
considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations act
1627
ruction publique dans ses réalisations actuelles,
puis
au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savo
1628
lles, puis au terme de ce recensement lamentable,
je
poserai la question de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bo
1629
r le but final de notre institution-tabou. 1.
Je
ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques.
1630
ut final de notre institution-tabou. 1. Je ne
puis
naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Les mei
1631
1.
Mes
prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs
1632
pissier par le prix du mètre courant. Encore que
je
prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
1633
ents trop au sérieux pour faire ici du sentiment,
je
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bie
1634
grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs.
Je
revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile m
1635
dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent
mon
enfance : les séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce ma
1636
règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour,
je
pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
1637
tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
j’
avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante,
1638
À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec
ma
sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’école, parce que c’est la
1639
cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on
me
mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agréabl
1640
e c’est la loi. La première classe fut agréable :
j’
alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusemen
1641
fut agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à
je
ne sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en t
1642
’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi,
j’
étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui
1643
urs bâtons en rêvant à leur manière. Un jour cela
m’
ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après sy
1644
eur manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire,
je
ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements de
1645
déchiffraient les premières phrases exemplaires. (
J’
aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
1646
lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
mon
tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproche
1647
fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour,
je
savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproches acides,
1648
n tour, je savais rarement où l’on en était. Cela
m’
attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacrée : « Il
1649
bles exemples cet axiome qui devint la formule de
mes
premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait su
1650
douleurs morales. Après six ans de ce régime, on
m’
avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléi
1651
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que
je
ne montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rent
1652
velléité d’originalité. Mais pour être rentrée,
ma
colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, ver
1653
ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école
me
rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse
1654
une importance.) Quant à l’autre « évidence » que
je
viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterm
1655
ant à l’autre « évidence » que je viens de citer,
je
découvris un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre mal
1656
ntient la cause déterminante de notre malaise. Il
me
fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette
1657
notre malaise. Il me fallut un certain temps pour
m’
habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir cra
1658
ut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
Je
tenais cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des déco
1659
uer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais
m’
en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop d
1660
eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin
j’
ouvris, c’est-à-dire que je me posais la question : est-ce vrai que to
1661
itudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que
je
me posais la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être
1662
des apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je
me
posais la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être éga
1663
onquêtes. C’était découvrir notre asservissement.
Je
songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçai
1664
de la relativité des décrets humains. Le prix de
mes
souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels p
1665
rmisme indispensable aux « immortels principes ».
Je
n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
1666
suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
je
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde déco
1667
ris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut
ma
seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement
1668
exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais
moi
, j’avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois mat
1669
érait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi,
j’
avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérie
1670
délivré, en supporter longtemps encore l’action.
Je
n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit
1671
vissement de l’esprit et ces mythes stériles, que
je
les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les
1672
ythes stériles, que je les rendis responsables de
ma
perte de contact avec les réalités les plus élémentaires de la vie.
1673
2. Description du monstre Le service militaire
me
permit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’y retrouvai auss
1674
ermit de retrouver quelques-unes de ces réalités.
J’
y retrouvai aussi plusieurs têtes connues d’anciens camarades d’école
1675
ernité véritable. Mais c’est en caserne aussi que
je
devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et po
1676
ne question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que
je
vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de
1677
ans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-
je
envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par
1678
sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais
je
n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me p
1679
paysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de
m’
échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’o
1680
plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on
me
poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que
1681
chauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu,
je
crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs ga
1682
ilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que
je
m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causen
1683
ment. Si l’on me poussait un peu, je crois que je
m’
oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent a
1684
i signent des manifestes en mauvais français — et
je
ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’ai fa
1685
peine à d’excellents garçons. Revenons au civil.
J’
ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédago
1686
s témoigne de la même maladresse professionnelle.
J’
en connais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de 10
1687
e dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : «
J’
ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vo
1688
ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de
ma
section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l
1689
bien su mater les quarante hommes de ma section,
je
saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignemen
1690
les mouches ? (Le verre en était toujours jaune.)
Je
n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils
1691
que certaines autres maladies dites « sociales ».
Je
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décr
1692
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant
je
ne veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes,
1693
rridors et les habits des écoliers empeste encore
mes
souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’éta
1694
3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de
ma
rancune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ai entrepris d
1695
cune, à seule fin de montrer pour quelles raisons
j’
ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera
1696
epris de combattre l’instruction publique — on ne
me
contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnell
1697
on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles
me
sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignag
1698
n témoignage, ni plus ni moins — il est temps que
je
fasse passer un petit examen aux principes de cette institution passi
1699
téressée : mais celle-là est la plus vive. Enfin,
je
tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que
1700
a plus vive. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici
je
ne cherche point l’équité. Pas plus que vous, qui défendez de parti p
1701
plus que vous, qui défendez de parti pris ce que
j’
attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujo
1702
pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or
je
ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bour
1703
ordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise.
Je
tiens le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la
1704
que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud.
Je
me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruct
1705
déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je
me
bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruction
1706
justement par cette psychologie de l’enfant dont
je
disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qu
1707
qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité,
puis
qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut
1708
s de deux que de mille, dit un sage oriental dont
j’
ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut
1709
ut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail.
Je
doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on d
1710
ue notre peuple met dans cette expression !) Pour
moi
, ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est u
1711
ple met dans cette expression !) Pour moi, ce que
je
retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse v
1712
!) Pour moi, ce que je retire de plus évident de
mon
expérience scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’eût pa
1713
scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens
m’
eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible ta
1714
e possible tant que la loi est la même pour tous.
Je
ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
1715
souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et
puis
, quelle est cette préparation à la vie qui commence par nous soustrai
1716
ie. Il y a là une préméditation de médiocrité que
je
ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a
1717
y a là une préméditation de médiocrité que je ne
puis
m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons
1718
là une préméditation de médiocrité que je ne puis
m’
empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons po
1719
es bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez-
moi
tous ces petits phonographes… ographes… graphes… graphes… Enfoncés, l
1720
’avantage des gens en place, vieille histoire. On
m’
objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par d’
1721
ces brillants météores ne troublent pas beaucoup
ma
superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasi
1722
publique qu’ils ont subies. 3.h. Le dilemme
J’
ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident q
1723
cident qu’accidentellement avec ceux du bon sens.
Je
m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serai
1724
ent qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je
m’
en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait f
1725
entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement,
j’
en conviens). On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travai
1726
peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu
ma
colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’e
1727
e mettra à marcher dans le couloir en s’écriant :
je
marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je si
1728
er dans le couloir en s’écriant : je marche, ou :
j’
arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisiè
1729
’arpente ; un autre restera assis, en affirmant :
je
siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au
1730
je siège ; un troisième lèvera la main, et dira :
je
lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à crai
1731
la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant :
je
sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à
1732
graves, parce qu’elles sont comiques précisément.
Je
ferai à l’école nouvelle un reproche d’une autre nature. Elle prétend
1733
de réaction vive de la part des écoliers. Enfin,
je
n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’
1734
n enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants…
Je
reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifi
1735
ssés. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen.
Moi
, je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangere
1736
Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi,
je
voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereux.
1737
Or il paraît que c’est très dangereux. Néanmoins,
je
soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui so
1738
vements des possibilités lointaines qui sont pour
me
plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jou
1739
qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et
je
vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait pe
1740
s une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité…
Je
songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont
1741
’humanité… Je songe à un enseignement sans école.
Je
songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement
1742
ui sait ?… En attendant, puisqu’il faut attendre,
je
salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur les principes de l’
1743
les classes sont de vraies foires ; ils ont toute
mon
amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus libremen
1744
de vraies foires ; ils ont toute mon amitié. Cela
me
permet de leur faire remarquer d’autant plus librement qu’ils trahiss
1745
rie de petits démocrates conscients et organisés.
Je
crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper p
1746
plus longtemps à MM. les Inspecteurs des Écoles.
Je
le crains, dis-je ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malen
1747
MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis-
je
; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant es
1748
à cependant une possibilité pratique d’en sortir,
je
ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de r
1749
tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que
je
donne à ce mot, p. 57.
1750
5. La machine à fabriquer des électeurs
Je
crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi
1751
à l’absurdité de fait de l’instruction publique.
Je
crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu
1752
Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde.
Je
demande seulement qu’on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétu
1753
ut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on
m’
explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous é
1754
qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque.
J’
entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans
1755
y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne
me
conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets o
1756
s idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que
j’
ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à
1757
s, cette idée que j’ai l’honneur de partager avec
mes
adversaires se trouve correspondre à des faits patents et simples ; i
1758
tion publique est pratiquement irréalisable. Ici,
je
demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la
1759
e vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon
je
me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tel
1760
ouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je
me
verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tellem
1761
ne satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes
je
ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient ple
1762
ent pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et
je
les excuse pour autant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a ét
1763
’ils faisaient — et je les excuse pour autant 10.
Je
dis simplement ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle é
1764
utés pour célébrer les bienfaits sociaux, que dis-
je
, la valeur hautement moralisatrice de ces glapissants entonnoirs. D’a
1765
on non moins flagrante, dans ses suites normales.
Je
n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notr
1766
s (si possible radicaux, en tout cas démocrates).
Je
me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œ
1767
si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je
me
souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œuvr
1768
ter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant
je
vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instru
1769
Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour
m’
ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime bien les tremblemen
1770
our m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
J’
aime bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à c
1771
bien les tremblements de terre, vous tombez mal.
J’
appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à leur sensibilit
1772
qu’aux idées des autres. Or, c’est une révolte de
ma
sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent
1773
tres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui
me
dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après
1774
e de ma sensibilité qui me dresse contre l’École.
Mes
arguments ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les dé
1775
qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous,
ma
rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définiti
1776
iez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime.
Je
lui donne raison par définition. Après tout, peu m’importent les idéo
1777
lui donne raison par définition. Après tout, peu
m’
importent les idéologies politiques, et peu m’importerait que l’École
1778
peu m’importent les idéologies politiques, et peu
m’
importerait que l’École soit une machine à fabriquer de la démocratie
1779
oit une machine à fabriquer de la démocratie — si
je
ne sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
1780
dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
je
tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement d
1781
valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout.
Ma
haine de la démocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je vie
1782
émocratie est l’aboutissement de l’évolution dont
je
viens de décrire la marche nécessaire 11. On ne manquera pas d’insinu
1783
tes douleurs de jeune bourgeois. Essayez de venir
me
dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la
1784
jeune bourgeois. Essayez de venir me dire ça chez
moi
, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je part
1785
sayez de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas,
mes
agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écoeur
1786
s, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où
je
participais de l’écoeurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d
1787
articipais de l’écoeurant optimisme bourgeois que
je
m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquem
1788
icipais de l’écoeurant optimisme bourgeois que je
m’
accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement
1789
ièges, ils comprendront le sens des images.) 9.
J’
emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens
1790
opposés coïncident en tant de points — voilà qui
m’
inquiéterait, à votre place.
1791
nous promet de tous côtés de belles catastrophes.
Je
suis de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C
1792
rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent.
Je
ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais j
1793
antitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas
me
poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux
1794
er ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais
je
m’adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières » et qu
1795
ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je
m’
adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières » et qui p
1796
s ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et
je
les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci
1797
». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez
mon
extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille étai
1798
mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec
moi
que la famille était encore un milieu naturel, donc normatif. Le coll
1799
Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable…
Je
crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver
1800
sse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on
m’
aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à o
1801
que exigent une organisation à outrance du monde,
je
répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un
1802
ardisation de toutes les mesquineries naturelles (
je
ne fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivé
1803
le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
je
ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux,
1804
, vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ?
J’
en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre
1805
éreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
j’
ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne
1806
-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que
mon
progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dan
1807
ri duquel on distille du radicalisme intégral. On
me
fera observer que beaucoup des servants de la machine sont socialiste
1808
ervateurs : voilà qui ne change pas le rendement,
j’
imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès
1809
pprend les questions aussi bien que les réponses.
J’
avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la c
1810
uestions aussi bien que les réponses. J’avoue que
je
trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
1811
us allez feindre de trouver bien bonne celle-ci :
je
prétends que l’instruction publique est une puissance conservatrice.
1812
ratie peut se conserver des siècles encore… Or si
je
dis que l’École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste
1813
ser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier.
Je
distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
1814
humanité de demain ne peut manquer de s’inventer.
Je
ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amou
1815
té de demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne
puis
m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la
1816
demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne puis
m’
empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la des
1817
it est la jalousie rancie armée de pédantisme, et
je
ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habit
1818
rité des électeurs les considèrent comme tels. Et
je
ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la p
1819
es électeurs les considèrent comme tels. Et je ne
me
tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart
1820
els. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on
m’
aura fait remarquer que la plupart des intellectuels se sont convertis
1821
pposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous
m’
attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant,
1822
. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous
me
sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer
1823
nt et vous me sommez de dire comment, maintenant,
je
vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. A
1824
us me sommez de dire comment, maintenant, je vais
m’
y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-je
1825
éparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
je
la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui rés
1826
é non moins énorme d’esquisser ici la réponse que
je
lui réserve ? L’instruction publique est la forme la plus commune de
1827
complète, à un degré supérieur d’inconscience, si
je
puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
1828
plète, à un degré supérieur d’inconscience, si je
puis
dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je cr
1829
sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
Je
crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès ve
1830
tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi
je
réclame l’expulsion de la congrégation radicale des instituteurs. On
1831
de la congrégation radicale des instituteurs. On
me
demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne prop
1832
ale des instituteurs. On me demande encore ce que
je
mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis,
1833
ncore ce que je mettrais à la place. Et parce que
je
ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais v
1834
e rien de bien précis, on triomphe grossièrement.
J’
aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il conce
1835
. Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que
j’
ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassure
1836
faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à
ma
santé morale.) La question est de savoir si nous serons des hommes de
1837
ré les mots 14, des anarchistes et des utopistes.
J’
appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain
1838
espèce, un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que
j’
aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui
1839
(ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !…
Je
vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est to
1840
rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait
moi
! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consa
1841
Que faire, diront les gens de bonne volonté dont
mon
imagination romantique suppose l’existence. Que faire ? Voir et pense
1842
les effets suivront infailliblement. Par exemple,
je
vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Ro
1843
de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que
je
propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemb
1844
trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais
j’
en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possi
1845
ais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu :
je
ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une rév
1846
nnaissances mortes. Une technique spirituelle. Et
puis
, qu’il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette c
1847
és. On croit devoir se défendre : on se moque. On
me
dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la
1848
nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes,
je
vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yog
1849
a. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que
je
m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes
1850
Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je
m’
en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les
1851
r une grande intensité avec un minimum de moyens.
J’
en citerai deux exemples : la discipline jésuite et le drill militaire
1852
yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit.
Je
sais que ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comm
1853
n l’applique généralement. Ces gens-là diront que
je
veux militariser l’enseignement ou transformer les collèges en couven
1854
stent cachées aux agités ; la nature par exemple.
Je
ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on n
1855
e le temps de la regarder. De faire connaissance.
Je
ne sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à poss
1856
avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant,
je
ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière.
1857
sse quelque chose comme l’instruction privée : et
moi
je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déj
1858
quelque chose comme l’instruction privée : et moi
je
la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà r
1859
e de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse.
Je
préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens
1860
mbre du conseil de paroisse. Je préciserai donc :
je
tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les institut
1861
rai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais
je
ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font b
1862
ste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de
mes
attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre d
1863
pparaissent ici que pour impressionner le public.
Je
n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en e
1864
n promet des confitures à l’enfant s’il est sage.
Moi
je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1865
omet des confitures à l’enfant s’il est sage. Moi
je
m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1866
t des confitures à l’enfant s’il est sage. Moi je
m’
en moque. Je n’aime que la liberté.
1867
ures à l’enfant s’il est sage. Moi je m’en moque.
Je
n’aime que la liberté.
1868
pensée qui par ailleurs participe de la liberté :
j’
entends la pensée mystique. L’expérience mystique a la même extension
1869
tte fatalité qui est le signe du monde matériel.
Je
vois l’humanisme nouveau sous l’aspect d’une culture des facultés mys
1870
particulière, antérieure à n’importe quel dogme.
Je
ne crois pas qu’il existe d’autres facultés capables d’équilibrer en
1871
ables d’équilibrer en nous l’esprit de géométrie.
J’
imagine une méthode, une façon d’appréhender la vie, de hiérarchiser n
1872
it pas de l’existence la poésie, ce sens du Réel.
Je
vois se composer en cette méthode — peut-être séculairement — ce que
1873
sans doute… Mais tout commence par des rêves. Et
je
ne vois rien d’autre. Quoi qu’il en soit d’ailleurs du contenu d’un n
1874
faux dieux — le fascinant éclat de ce vide ? 5.
Je
songe à la « psychologie scientifique » et à ce leurre qu’est l’attit
1875
t à ce leurre qu’est l’attitude paralléliste. 6.
J’
exagère probablement, car la sincérité de ce néo-scientisme tempéré —
1876
Henri Michaux,
Mes
propriétés (mars 1930)bd Si vous avez la curiosité, mieux, le goût
1877
r que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez
Mes
Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au
1878
émouvante bizarrerie (Mort d’un Page). Cependant
je
préfère ses proses : il y a ici plus qu’une manière et qu’un ton, il
1879
mps — depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith —
je
n’avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans
1880
ugemont Denis de, « [Compte rendu] Henri Michaux,
Mes
propriétés », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, m
1881
matin plein de mouettes — « Un beau bruit d’ailes
me
fait un ciel » — la vaporeuse beauté du lac de Neuchâtel. Mlle Kikou
1882
e genre de livres — ils se multiplient — vient, à
mon
sens, de quelque chose qu’ils expriment sans doute inconsciemment et
1883
coupole errante des prières à dieux perdus. II
Je
ne sais pas où tu m’entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent au
1884
rières à dieux perdus. II Je ne sais pas où tu
m’
entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent autour du monde où nous
1885
us qui rôdent à la recherche d’un corps faible.
Je
ne sais pas où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carr
1886
cherche d’un corps faible. Je ne sais pas où tu
m’
attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus
1887
rps faible. Je ne sais pas où tu m’attends mais
je
sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus j’écoute encor
1888
comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus
j’
écoute encore une voix nue qui vient de dire ton nom même avec l’accen
1889
dire ton nom même avec l’accent de notre amour et
mon
visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’entends. III Fais
1890
mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu
m’
entends. III Fais rentrer dans leur peau d’ombre ces mots qui voud
1891
lèvres battent doucement écoute-les. IV Tends
moi
la main à travers cette ombre rapide si je te joins nous la tiendrons
1892
Tends moi la main à travers cette ombre rapide si
je
te joins nous la tiendrons captive écoute les cloches et le scintille
1893
x profondes qui échangent leurs douceurs. Tiens
moi
bien nous allons partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton
1894
rose éclôt voici ton heure au regard le plus pur
je
suis à toi dans le triomphe du silence sereine tu es toujours plus se
1895
V Oh qui a retiré tes mains des miennes quand
je
te regardais trop profond pour te voir ? Maintenant je suis seul à re
1896
regardais trop profond pour te voir ? Maintenant
je
suis seul à redescendre au jour dans l’aube sans refuges… VI Prison
1897
oésie, et la France c’est la Chambre des Députés,
je
n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, l
1898
n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur —
je
vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé
1899
lemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour
moi
, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est to
1900
d, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi,
je
ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujou
1901
t l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne
me
sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le
1902
ur moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme
j’
habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne
1903
l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui
m’
accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histo
1904
t des noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais
moi
je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’es
1905
s noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi
je
me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-c
1906
octambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je
me
méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce p
1907
-ce point la définition même de la luxure ? Quand
je
vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais pr
1908
inition même de la luxure ? Quand je vais à pied,
j’
oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparées pour sub
1909
ed, j’oublie en chemin les meilleures phrases que
j’
avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates,
1910
ures phrases que j’avais préparées pour subjuguer
mes
amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se
1911
s que j’avais préparées pour subjuguer mes amies,
je
m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade as
1912
ue j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je
m’
intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez
1913
er mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin,
je
sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans un
1914
mies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens
mon
esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans une sentime
1915
n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer :
je
ne saurais entretenir que mes rapports de politesse distante avec les
1916
e lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que
mes
rapports de politesse distante avec les personnes qui ont dit, ne fût
1917
ui ont dit, ne fût-ce qu’une fois en leur vie : «
J’
ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous de
1918
s deux le fantôme » comme on disait au village où
je
suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie
1919
on disait au village où je suis né, qui n’est pas
ma
patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au
1920
ur l’adresse d’un ogre. C’est tout près parce que
j’
ai peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Mai
1921
’ai peur. En même temps c’est très loin parce que
je
me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous
1922
peur. En même temps c’est très loin parce que je
me
réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le
1923
is. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ;
je
ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jea
1924
t d’un poète authentique. Le pittoresque. D’abord
je
crains que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bo
1925
oute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et
puis
la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que le
1926
« vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas
mon
fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvan
1927
s la, comédie n’est pas mon fort, même la triste.
Je
n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës,
1928
ail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans
ma
mémoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là, je le suppos
1929
(d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là,
je
le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent t
1930
nthropie en germe : les êtres changent trop vite,
je
n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, h
1931
êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de
me
laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais p
1932
envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi
je
ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amou
1933
d enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. (
Je
pense à la boussole autant qu’au sens moral.) Le goût de se perdre es
1934
des plus profonds mystères de notre condition, et
je
ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des pa
1935
rquoi ne pas se perdre sans arrière-pensée ? S’il
me
reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est s
1936
rière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de
mes
erreurs les moins préméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
1937
réméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
J’
ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d
1938
uble tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de
mon
sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! —
1939
qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on
me
vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduira
1940
meil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés
m’
emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si gra
1941
oi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils
me
conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Es
1942
s rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où
je
ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde
1943
! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que
j’
ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des
1944
pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ?
Je
regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent des baraques épar
1945
désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de
moi
: des murs sans yeux dominent des baraques éparses dans une brousse o
1946
bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que
je
pressentais ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et une e
1947
le : c’est tout de suite écœurant et prétentieux.
Je
suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simpleme
1948
suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires.
Je
remarque simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler qu’en face d
1949
pure. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il
m’
est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et
1950
ticulier à le parfaire ? — il est bientôt minuit.
Mon
fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, n
1951
Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en
ma
voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fon
1952
pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine,
je
reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendr
1953
es Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que
j’
oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l
1954
très doucement. Un moment, il écouta sa mélopée.
Puis
envahi par un dernier feu, il se précipita dans sa chambre où il s’en
1955
de l’Italie et une certaine qualité de désespoir,
je
retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt qu
1956
vivre plutôt que d’en parler vous voyez bien que
j’
ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous
1957
ui cachait le front des palais, une nuit d’hiver,
je
chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une r
1958
ériennes, des chansons populaires qui sont ce que
je
connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du im Leben
1959
nes. Un grand verre de bière à l’auberge déserte,
ma
pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retrai
1960
nd verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et
mon
chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des fen
1961
l est temps de mettre à ces fariboles un terme19.
J’
ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes au
1962
erme19. J’ai du solide à équarrir. Et auparavant,
j’
aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe To
1963
équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu.
Mes
auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe Toepffer (admiré par Goethe
1964
iquement française — et nul ne s’en déclare gêné,
me
semble-t-il… 3. Si nous jetons sur les lettres parisiennes un regard
1965
istrait mais circulaire, comme dirait Aragon — et
je
suppose que Beausire et Simond se livrèrent à ce petit jeu avant d’éc
1966
mythe ; des philosophes sans pente ni grandeur ; (
Je
mets au concours ce problème, d’ailleurs insoluble : « Peut-on discer
1967
nnie Besant. Et c’est charmant, disent les dames.
Je
ne suis pas aussi dur que les dames. … et M. Maurois, comme disent be
1968
nq ou six poètes. 4. « Quelque grande que soit »
mon
envie — comme disent Beausire et la Grammaire — mon envie, ma passion
1969
n envie — comme disent Beausire et la Grammaire —
mon
envie, ma passion d’admirer, je cherche en vain l’homme qui brisant «
1970
omme disent Beausire et la Grammaire — mon envie,
ma
passion d’admirer, je cherche en vain l’homme qui brisant « les grill
1971
t la Grammaire — mon envie, ma passion d’admirer,
je
cherche en vain l’homme qui brisant « les grilles de la raison » libè
1972
« les grilles de la raison » libère « le lion de
mes
certitudes » — comme disent Simond et ce grand potache de Maldoror. «
1973
serait-ce avec des pamphlets qu’on la lui rend ?
Je
le trouve en tout cas bien tonique, celui que Beausire et Simond vien
1974
positivisme esthétique, ce désir de connaissance,
puis
désigne chez les surréalistes certains sophismes et ce « badinage mys
1975
y a bien quelques outrances dans tout ceci. Mais
je
voudrais que s’en offusquent ceux-là seuls que l’outrancière habileté
1976
que tout. Plutôt donc que de discuter ces thèses,
je
voudrais suivre leurs prolongements au-delà — au-dessous — de leurs p
1977
lan. C’est mal vu. » Ou si on les pose, ajouterai-
je
, c’est pour les résoudre aussitôt et d’une manière aussi peu comprome
1978
à Barrès de quitter sa chambre, son cigare ou son
moi
. » 8. « La France… n’a pas su faire la révolution morale… parce qu’e
1979
morale. Voilà notre aphorisme démontré. 9. Enfin
je
citerai deux petites phrases qui suffisent presque à situer la positi
1980
à Valéry ou au Surhomme, jamais absent d’ici, et
je
reprends ma liberté. Beausire admire Léonard d’avoir « tracé peut-êtr
1981
au Surhomme, jamais absent d’ici, et je reprends
ma
liberté. Beausire admire Léonard d’avoir « tracé peut-être pour toujo
1982
s au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages.
J’
ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les probl
1983
où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai senti
mes
oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les problèmes qu’il s
1984
ore cette main déjà experte et malicieuse. Ce que
j’
aime ici, c’est un ravissant concours d’ingénuité et d’observation iro
1985
« Vos fantômes ne sont pas
les miens
… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)s t
1986
] (juillet 1930)s t I Vos fantômes ne sont pas
les miens
, et qui saura jamais s’ils ne sont pas pour moi « des choses » — et r
1987
miens, et qui saura jamais s’ils ne sont pas pour
moi
« des choses » — et réciproquement. La distinction entre « choses » e
1988
à des habitudes individuelles, en dehors de quoi
je
ne lui vois pas de signification générale. Certains fantômes m’appara
1989
pas de signification générale. Certains fantômes
m’
apparaissent quand je suis faible, malade ou ivre, c’est-à-dire quand
1990
générale. Certains fantômes m’apparaissent quand
je
suis faible, malade ou ivre, c’est-à-dire quand je suis dominé par le
1991
e suis faible, malade ou ivre, c’est-à-dire quand
je
suis dominé par le monde. Ils ont tous le même air absurde. Des fantô
1992
nnants d’allusions indéfinies, naissent autour de
moi
quand la passion ou la prière me font centre de mon univers. La visi
1993
ssent autour de moi quand la passion ou la prière
me
font centre de mon univers. La vision « autre » dont vous parlez tra
1994
i quand la passion ou la prière me font centre de
mon
univers. La vision « autre » dont vous parlez traduit simplement une
1995
vous parlez traduit simplement une variation dans
mes
relations avec le monde. En quoi cette première question est assez in
1996
utre que la qualité du regard qui le perçoit. Dis-
moi
qui te hante… Ainsi, la vulgarité évidente des fantômes décrits par l
1997
[Réponse à une enquête] Vos fantômes ne sont pas
les miens
… », Raison d’être, Paris, juillet 1930, p. 7-8. t. Les réponses à ce
1998
on un peu hâtive à une « jeunesse » déjà démodée…
Je
crois que la jeunesse d’aujourd’hui s’éloigne plutôt de la grandiloqu
1999
de ministres en retraite que de fauteuils. Et on
me
regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce châtea
2000
s en retraite que de fauteuils. Et on me regarde.
J’
ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la riv
2001
ur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux
me
faire honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où
2002
ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de
mon
visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi.
2003
re honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides
me
demandent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi d
2004
visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où
je
n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des
2005
ue la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss
m’
aura jamais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatig
2006
mais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur,
je
suis fatigué, je vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une
2007
cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué,
je
vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardes
2008
u vestiaire, il enfilait une manche de pardessus,
me
donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore sortie… Dormir a
2009
ns cette foule et ces musiques, deux visages amis
me
sourient. Ô liberté aérienne des arrivées, premiers regards aux rues
2010
qui font des signes pour demain, présentations de
mes
Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’a pas bien compris les
2011
tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle,
je
crois bien, jeunesse… Je me suis endormi dans une grande maison calme
2012
ossibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse…
Je
me suis endormi dans une grande maison calme aux voûtes sombres, qui
2013
ibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je
me
suis endormi dans une grande maison calme aux voûtes sombres, qui est
2014
. La recherche de l’objet inconnu Personne n’a
mon
adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en
2015
e de l’objet inconnu Personne n’a mon adresse,
je
n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en ce premier
2016
on adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à
ma
chance hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la
2017
ce hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez
moi
je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’at
2018
ongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi
je
suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’atten
2019
z moi je suis la proie de l’angoisse du courrier.
J’
attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois
2020
e de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre,
j’
attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour n
2021
oisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends
je
ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent
2022
par jour ne peuvent qu’énerver le désir. Parfois
j’
imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciat
2023
ver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va
m’
apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’une miraculeuse et roy
2024
le Venue. Dans le silence de l’adoration comblée,
j’
en sortirais de ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de p
2025
us pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse.
J’
irai chercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, l
2026
n temps cette angoisse. J’irai chercher moi-même,
me
suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qu
2027
cette angoisse. J’irai chercher moi-même, me suis-
je
dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait s
2028
goisse. J’irai chercher moi-même, me suis-je dit,
je
ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d
2029
choses pouvait offrir asile à l’objet inconnu que
je
chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. E
2030
ai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici
mes
amis. Et la question terrible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êt
2031
u’êtes-vous venu chercher jusque chez nous ? » On
me
demandera donc toujours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah !
2032
me demandera donc toujours des passeports ? Dussè-
je
les inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d
2033
i d’expliquer pourquoi l’on est parti. Cependant,
mes
regards errant sur une bibliothèque, je crois y trouver mon salut : «
2034
pendant, mes regards errant sur une bibliothèque,
je
crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabo
2035
s errant sur une bibliothèque, je crois y trouver
mon
salut : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’éc
2036
Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes,
m’
écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’
2037
hl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-
je
, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’user, ne
2038
et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je,
mes
frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’user, ne tard
2039
vre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés !
me
paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malh
2040
moins connaissiez ce qui causait votre malheur ;
moi
, non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre, et c’était s
2041
ait ce qu’il avait perdu, c’était son ombre. Mais
moi
qui cherche un Objet Inconnu ! — Ô Destin sans repos et qui me voue à
2042
e un Objet Inconnu ! — Ô Destin sans repos et qui
me
voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’em
2043
s désirs les plus incompréhensibles s’emparent de
moi
comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie qui
2044
s s’emparent de moi comme des superstitions. Tout
mon
avoir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et
2045
rie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais,
je
crains bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indu
2046
as de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais
je
ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indulgente et cette pitié à
2047
jeunesse démodée se peignirent sur les traits de
mes
auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués.
2048
ent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes,
me
dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du réel. Mais
2049
ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’on
m’
entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelq
2050
andis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous
m’
avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet du R
2051
ée, disiez-vous, le tombeau du prophète Gül Baba.
Puis
, comme le soleil se couchait, nous avons repassé un grand pont vibran
2052
sommes rentrés en Europe. Mais dès le lendemain,
m’
échappant du programme, il a bien fallu que je recherche le chemin du
2053
in, m’échappant du programme, il a bien fallu que
je
recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’avait-on dit,
2054
herche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez,
m’
avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que pers
2055
stère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant,
je
savais bien que j’obéissais à ce que nos psychologues appellent une c
2056
ozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien que
j’
obéissais à ce que nos psychologues appellent une conduite magique. Or
2057
justifiable : c’est le plaisir même de l’enfance.
Je
portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme je fer
2058
est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc
ma
vision d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au
2059
l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et
je
grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinag
2060
ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme
je
ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet incon
2061
d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai,
je
pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On pas
2062
is gravement comme je ferai, je pense, au jour de
mon
pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On passe une barrière, une c
2063
au est vide. Et les babouches ? Pas de babouches.
Je
sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est
2064
t devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè-
je
pu contempler de plus « objectivement » étrange que ce lieu — inquiét
2065
ntransigeant serait la seule conduite féconde. Il
me
semble que la servitude de l’homme moderne apparaît ici sous un aspec
2066
la sensibilité même qu’on impose une livrée. — «
Je
comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !…
2067
é même qu’on impose une livrée. — « Je comprends,
me
dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !… » — Non, Mons
2068
sieur, ce n’est pas joli, ce n’est pas fantaisie.
Je
parle simplement de vérité et de mensonge, opposant une réalité vivan
2069
t, disait-on, du temps que l’on parlait français.
J’
expliquais donc que je ne voyage qu’au hasard, et pour rien ni personn
2070
que l’on parlait français. J’expliquais donc que
je
ne voyage qu’au hasard, et pour rien ni personne. Sur quoi : « Monsie
2071
devoirs. Nous voici plus à l’aise. Eh bien oui :
je
me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre cons
2072
voirs. Nous voici plus à l’aise. Eh bien oui : je
me
ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre conserv
2073
h bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout
mon
temps, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il a pris dans ce
2074
onserve ici le sens qu’il a pris dans ce monde, —
j’
entends : leur monde, avec leurs « problèmes du plus haut intérêt », l
2075
payer cher. Tout cela est langage de bourse. Pour
moi
, je poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la fac
2076
cher. Tout cela est langage de bourse. Pour moi,
je
poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la face de
2077
a est langage de bourse. Pour moi, je poursuivrai
mon
discours en faveur de l’inutile, et ceci à la face des bouffons qui p
2078
es mains dans leurs vastes poches insulaires pour
m’
informer de cette irrécusable vérité : les affaires sont les affaires,
2079
t les affaires, axiome qui constitue à leurs yeux
ma
condamnation et celle des minus habentes qui me ressemblent. Au risqu
2080
x ma condamnation et celle des minus habentes qui
me
ressemblent. Au risque de les voir trépigner, je continuerai à cherch
2081
me ressemblent. Au risque de les voir trépigner,
je
continuerai à chercher mon bien de midi à quatorze heures, temps qu’i
2082
de les voir trépigner, je continuerai à chercher
mon
bien de midi à quatorze heures, temps qu’ils réservent à la masticati
2083
l’on ose dire, à assurer cette mastication. Mais
je
m’égare, laissons-là ces moutons. 5. Café amer En Hongrie l’on
2084
on ose dire, à assurer cette mastication. Mais je
m’
égare, laissons-là ces moutons. 5. Café amer En Hongrie l’on est
2085
e que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que
je
trouve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je me défends d
2086
ve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si
je
me défends du pittoresque, ce n’est qu’amour jaloux du merveilleux, a
2087
ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je
me
défends du pittoresque, ce n’est qu’amour jaloux du merveilleux, avec
2088
es presque excusables de ne le point apercevoir.)
Je
vais cependant dire quelque chose d’une scène pittoresque. Mais c’est
2089
scène pittoresque. Mais c’est une autre fois que
je
l’ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit No
2090
ffreusement belle dans un peignoir noir et blanc…
Je
ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Deh
2091
ement belle dans un peignoir noir et blanc… Je ne
puis
avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nou
2092
dans un peignoir noir et blanc… Je ne puis avaler
mon
verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlon
2093
mâchoire. 6. Doutes sur la nature du Sujet
Je
crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant
2094
sur la nature du Sujet Je crois qu’il faut que
je
raconte mon voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les cha
2095
re du Sujet Je crois qu’il faut que je raconte
mon
voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les chapitres qui e
2096
à écrire d’abord les chapitres qui en ont envie,
puis
ceux qui en auront envie : car cela m’inciterait à chercher après cou
2097
t envie, puis ceux qui en auront envie : car cela
m’
inciterait à chercher après coup des transitions, et c’est alors que l
2098
d’un pays apparaissant en général au voyageur de
ma
sorte sous ses modalités sentimentales plus que documentaires, peut-ê
2099
us que documentaires, peut-être serait-il bon que
je
parsème ce texte de quelques noms impossibles et de beaucoup de chiff
2100
si le lecteur superficiel aurait l’impression que
je
suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant admis que mon suje
2101
el aurait l’impression que je suis zur Sache, que
je
parle de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce q
2102
impression que je suis zur Sache, que je parle de
mon
sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît
2103
che, que je parle de mon sujet, — étant admis que
mon
sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît infiniment baroque, à peine c
2104
étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui
me
paraît infiniment baroque, à peine compréhensible, car on ne choisit
2105
ndeloque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors
je
m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais f
2106
loque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors je
m’
en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais fein
2107
e son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de
mon
voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux ce
2108
oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause.
Je
vais feindre de prendre au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’es
2109
use. Je vais feindre de prendre au sérieux ce que
je
vois. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la lan
2110
l’histoire du mot que vous avez sous la langue ;
je
vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vra
2111
rand et gratuit, sacrifice.) … feuilletons un peu
ma
Hongrie. 7. Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude
2112
iducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre !
J’
y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des
2113
s instable des huit reflets de leur dignité. Mais
je
n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adre
2114
— et le mot « affable » reprend ici sa noblesse.
Mon
voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet,
2115
is semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois,
je
les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Mainte
2116
thes sentimentaux qui gouverne les arguments. Ici
je
rentre dans mes chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosm
2117
ux qui gouverne les arguments. Ici je rentre dans
mes
chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme : la politique
2118
ents. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche
mon
cor. Macrocosme et microcosme : la politique des peuples ressemble à
2119
Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces choses,
je
les ai rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sour
2120
. Le roi. » 10. Visite à Babits Personne, à
ma
connaissance, ne se plaint de ce qu’il y a peu de poètes par le monde
2121
ts « bien hongrois » dans un style académique qui
me
paraît être le contraire du style hongrois. Il y a aussi une extrême
2122
la plus vivante du génie littéraire de cette race
me
paraît bien avoir été donnée par le groupe important du Nyugât (l’Occ
2123
Babits est aujourd’hui le chef de file. Des amis
m’
emmènent le voir à Esztergóm, où il passe ses étés. Esztergóm est la p
2124
t la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila,
me
dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence du Prince Primat. Au-
2125
le la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est,
je
grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en bl
2126
non point à celle des arrivistes. 14. Parce que
j’
« exalte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul Clerc qu
2127
ler comme le seul Clerc qui n’ait pas trahi — qui
me
paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je sui
2128
me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on
m’
expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit
2129
re la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que
je
suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que j’admire est
2130
ur la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que
j’
admire est, entre autres, belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment ne
2131
it que j’admire est, entre autres, belliqueux. Or
je
suis pacifiste. Comment ne pas l’être ? Mais je crois que les pacifis
2132
r je suis pacifiste. Comment ne pas l’être ? Mais
je
crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilatio