1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 il a quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a saisi aux pattes de la guerre encore contus de huit co
2 unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une même philosophie la mo
3 maîtres d’eux-mêmes, c’est-à-dire libres. Et cela me semble d’autant plus paradoxal que M. de Montherlant est justement un
4 ons, qu’on les appelle ou non idées générales, et j’ avoue bien volontiers qu’il n’est pas une opinion sur le monde à laque
5 ’il n’est pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ». Je préfère à la dogmatique de M. de Montherlan
6 sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ». Je préfère à la dogmatique de M. de Montherlant son admirable lyrisme de
7 utent, et il oscille entre l’un et l’autre. Ainsi mon art, entre terre et ciel. Mais sa foulée, bondissante et posée, est p
8 du désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que je n’entends pas ? » — Mais plus que le corps en mouvement, c’est la dom
9 e dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : «  Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils d
10 ui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’ aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre ca
11 à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine.
12  Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne
13 que parcourent de jeunes et purs courages, donnez- moi votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement,
14 es, donnez-moi votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement, paradis à l’ombre des épées. Rien de
15 cision. » On évitera ainsi tout niais romantisme. Je sais bien ce qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’app
16 . Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’
17 n » que lui ont enseigné le sport et les anciens. J’ admets que ses « idées générales » ne vaillent rien2 ; sa morale viril
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
18 qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût du sang. Tout
19 s inévitables, avec un bref soupir s’y résignent, puis tablent sur eux, et d’autres qui tiennent qu’une telle attitude est r
20 revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je ne sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité
21 « flamme pensante » dans l’ossuaire de Douaumont. Puis la vie l’exalte de nouveau d’un large vent de joie. a. Rougemont D
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
22 ple sténographe de ses rêves. Soit. De ces faits, je tire cette conclusion pratique : inutile de publier des poèmes. Éluar
23 cation est dans la logique de ses principes, mais je lui conteste le droit de faire suivre son manifeste de proses — Poiss
24 n à sa défense de la poésie pure. Les beautés que j’ y vois ne me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuit
25 se de la poésie pure. Les beautés que j’y vois ne me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidenc
26 fortuite coïncidence entre l’univers du poète et le mien  ? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être pa
27 coïncidence entre l’univers du poète et le mien ? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être parfait
28 ends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’ être parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton sera
29 qui devraient m’être parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton serait un très curieux poète s’il ne s’
30 poème doit être une dictée non corrigée du Rêve. Je reconnais à chaque ligne de Poisson soluble cette « vieillerie poétiq
31 une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dè
32 ande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès lors,
33 part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis m’ empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès lors, tou
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
34 ie lui-même : « Il y a quelque chose au-dedans de moi . Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches co
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
35 meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois, une certaine harmonie générale dans le récit et le ton, surtou
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
36 l’Asie est le subconscient du monde, formule qui, je pense, réunira tous les suffrages. Et chacun d’en tirer de nouvelles
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
37 en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se tr
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
38 ’impartialité. Son art bénéficie de cette vision. Je ne saurais résumer les nombreuses péripéties de son dernier roman san
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
39 iste ». Il ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’ imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la
40 à son propre corps de doctrines critiques. Dirai- je pourtant que je crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inc
41 rps de doctrines critiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à g
42 moral, c’est-à-dire rationnel, dit M. Seillière — me paraît infiniment plus forte que celle d’un Maurras ou que celle d’un
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
43 e tous les jours aux vivants et aux morts : Mère, je sais très mal comme l’on cherche les morts… « … Cette chose haute à l
44 utel et le surréalisme l’ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-il influence ou seulement co-génération ? Pour
45 cho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’ avoue que l’univers intérieur où il lui arrive de graviter me trouble
46 l’univers intérieur où il lui arrive de graviter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
47 ts, Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent, je crois, de parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ai
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
48 petits. Voici naître la révolution dans un cœur, puis dans une famille. Et une fois le grand bouleversement accompli dans l
49 on d’idées en faits ou en situations dramatiques. Je donnerai tous les essais de M. de Voguë sur l’âme slave pour deux ou
50 e faire du bruit. Il songea : — C’est la fin pour moi . Puis : — Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde d
51 re du bruit. Il songea : — C’est la fin pour moi. Puis  : — Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde dans l’
52 e est un enfant : va-t-il rire, va-t-il pleurer ? m’ embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne
53  : va-t-il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empir
13 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
54 trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer. Je parle en général, sachant bien qu’un Romier, un Bainville, quelques a
55 a bêtise de tous les partis, on comprendra ce que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos pens
56 aient à l’action, c’est encore pour cultiver leur moi . Ils y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle
57 cultiver leur moi. Ils y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle révélation ou quel oubli. C’est un
58 listes adonnés à la culture et à la libération du moi paraissent bien les ancêtres des nouvelles générations de héros de ro
59 n d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu cardinale pour le créateur.
60 souvent, sur soi-même. On écrit pour cultiver son moi , pour l’éprouver et le prémunir, pour y découvrir des possibilités ne
61 de la vérité. Bornons-nous à noter le phénomène, puis à en suivre quelques conséquences. Connaissance intégrale et culture
62 équilibres entre la raison et les sens, entre le moi et le monde : l’ennui est venu avant l’épuisement des combinaisons po
63 rs ». « Pour nous, le salut n’est nulle part… » «  Je comprends la révolte des autres et quelles prières cela fait à Dieu »
64 end en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il est trop attaché
65 ne s’est autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’une éthique. Presque tous sont hantés par la peur d’
66 ’est vertu que de favoriser son expansion. — Mais je trouve en moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cult
67 e de favoriser son expansion. — Mais je trouve en moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cultive simultaném
68 n moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cultive simultanément il est clair que les tendances négatives l’
69 ient la suprême liberté. Le désir se précisait en moi de commettre enfin l’acte vraiment indéfendable de tout point de vue…
70 ’acte vraiment indéfendable de tout point de vue… J’ avais goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous ch
71 ectuel sur lequel tout apparaît inutile et vain ? Je cite ces phrases, tirées d’un récit d’ailleurs admirable4, de Louis A
72 es, ni la pudeur, ni le remords, ni le respect de moi ni de mes rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m
73 pudeur, ni le remords, ni le respect de moi ni de mes rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m’empêchero
74 i toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m’ empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil
75 d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de
76 ien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de me sentir plus fort encore et de la vaincre. — Mais la joie d’une si hau
77 la perversion d’une vertu qui se brûle elle-même. Je ne vais point nier la fécondité psychologique d’une attitude par aill
78 on sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur
79 d’Arland, de Louis Aragon, de Drieu la Rochelle. Je ne cite que les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « g
80 lides suffirait à restaurer une élite, efficace. ( Je vois Jean Prévost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois
14 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
81 suspens dans la première partie de la conférence. Puis M. A. Brémond, étudiant en théologie, présenta deux ouvriers de Paris
82 t et les Romands recouvrent l’usage de la parole, puis on va se dégourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du villag
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
83 uer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai- je que l’abus des points d’exclamation — trait commun à presque toutes l
84 s les femmes auteur, et qui plaît aux lectrices — m’ agace un peu ? C’est une vétille. s. Rougemont Denis de, « [Compte
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
85 tre qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’esthéti
86 es fantômes, sur le public. (Bientôt sur lui-même je le crains, pour renaître catholique.) Certes, il bannit le charme et
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
87 René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la dé
88 René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la détresse morale
89 ite par curiosité passagère, il monologue. « Oui, je le redirai, tous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à me per
90 ssagère, il monologue. « Oui, je le redirai, tous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vér
91 je le redirai, tous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se re
92 ous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se refuser à l’élan v
93 de tout ce qui est constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre. Une intelligence parvenue au point où el
94 Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René Crevel, Mon corps et moi  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
95 is de, « [Compte rendu] René Crevel, Mon corps et moi  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p.
18 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
96 a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C
97 vaincre. Après les exposés de Janson, de Brémond, j’ en sais plusieurs qui ont ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matiè
98 ue chose de définitif à la fois et d’intelligent, je le mesure aussi à l’émotion qui accueillit l’étude de Maury sur Jacqu
99 rochure de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50,
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
100 tence… construire les villes de notre temps ». Et je déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de ver
101 ence de l’azur au-dessus des rumeurs de la ville. Puis s’étendent les quartiers de résidence ; les jardins suspendus à tous
20 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
102 einte imprévisible des choses. Amour de soi… Mais moi , qui suis-je ? Par ces trois mots commence le drame de toute vie. Ha 
103 ois mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui je suis ? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force — ic
104 ce le drame de toute vie. Ha ! Qui je suis ? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force — ici, je tape du p
105 e. Ha ! Qui je suis ? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce c
106 très bien ! je sens très bien cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi, un milieu,
107 e — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’au
108 du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi , un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autres forces et ta
109 tant de bonheurs ou de dégoûts étranges viennent m’ habiter ; je ne sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait c
110 heurs ou de dégoûts étranges viennent m’habiter ; je ne sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous
111 ts étranges viennent m’habiter ; je ne sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je
112 s beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent v
113 personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages
114 ges, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je pui
115 qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le mon
116 st le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses, les faits, la
117 le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses, les faits, la vie,
118  les choses, les faits, la vie, comme ils disent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comp
119 s choses, les faits, la vie, comme ils disent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit compren
120 abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’est que le jeu de sauter follement d’une habit
121 er follement d’une habitude dans une autre. Il ne me resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni, livré
122 e autre. Il ne me resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni, livré aux regards d’une foule absurde, bi
123 nir un secret très simple, et un peu narquois ils me considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le mond
124 is ils me considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais s
125 ils me considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais seul
126 e : je me sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qu
127 nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’ étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait tou
128 moi une tare que j’étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement ins
129 seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement insupportables, si cruelleme
130 sentes et dures ? La cause de cette inadaptation, je la soupçonnais si grave, si fondamentale que je préférais me leurrer
131 , je la soupçonnais si grave, si fondamentale que je préférais me leurrer à combattre des imperfections de détail dont je
132 onnais si grave, si fondamentale que je préférais me leurrer à combattre des imperfections de détail dont je m’exagérais l
133 rrer à combattre des imperfections de détail dont je m’exagérais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que je progressa
134 r à combattre des imperfections de détail dont je m’ exagérais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que je progressais,
135 rais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que je progressais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je me refusa
136 par feintes que je progressais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire.
137 r feintes que je progressais, jusqu’au jour où je m’ avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire. Ce
138 sais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond de
139 s, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond de tou
140 e tous les plaisirs, cette envie de rire quand il m’ arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de mes victoires, à pleure
141 m’arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de mes victoires, à pleurer sur mes déboires, ce malaise seul liait les pers
142 ncapacité à jouir de mes victoires, à pleurer sur mes déboires, ce malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtai
143 s, ce malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon êt
144 ce malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon être
145 es auxquels je me prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon être une force aveugle de violence s’éta
146 ais en même temps que je le découvrais, dans tout mon être une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’e
147 veugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’ entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde aux contr
148 vée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde aux contradictions intimes exige un ac
149 saient brusquement les éléments désaccordés de ce moi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des pr
150 rusquement les éléments désaccordés de ce moi que j’ avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premiers
151 s de ce moi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’ écriai-je — c’était un des premiers jours du printemps —, l’heure est
152 oi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai- je — c’était un des premiers jours du printemps —, l’heure est venue de
153 omme ne se distingue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui
154 e, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une do
155 mpte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimai
156 ui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brut
157 ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’ aimais dans ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’allais pli
158 ur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’allais plier des résistances à mon gré, agir sur
159 ans ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’ allais plier des résistances à mon gré, agir sur les choses… Vers le s
160 berté agissante. J’allais plier des résistances à mon gré, agir sur les choses… Vers le soir, l’ardeur tombe : agir ? dans
161 ur tombe : agir ? dans quel sens ? Provisoirement j’ étais sauvé d’un désordre où l’on glisse vers la mort. L’important, c’
162 t de ne pas se défaire. Mais rien n’était résolu. Me voici devant quelques problèmes dont je sais qu’il est absolument vai
163 t résolu. Me voici devant quelques problèmes dont je sais qu’il est absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je
164 solument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème
165 qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’ aurai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but
166 re. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’ y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieu
167 re au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrête parfois,
168 rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrête parfois, heureux : « J’ai donc la foi ? » Mais c’est encore
169 ndre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’ arrête parfois, heureux : « J’ai donc la foi ? » Mais c’est encore une
170 ment. En priant, je m’arrête parfois, heureux : «  J’ ai donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne f
171 i donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révé
172 tion vienne chercher l’âme qui se sent misérable. Je ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-je à la vouloir, et
173 ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai- je à la vouloir, et c’est le tout. S’il est une révélation, c’est en me
174 c’est le tout. S’il est une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi
175 révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que
176 rfait que je lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis dign
177 oies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir
178 d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi . Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner :
179 ord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela
180 ecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’instinct
181 e tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’instinct le p
182 e peut dicter que les gestes les plus favorables. J’ ai d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela
183 s les plus favorables. J’ai d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ils sont naturels :
184 pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma
185 Vertu. Ma vertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes mes forces complic
186 cher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes mes forces complices de mon destin. D’abord do
187 eplacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes mes forces complices de mon destin. D’abord donc, choisir Mes instincts,
188 ma vie ; de rendre toutes mes forces complices de mon destin. D’abord donc, choisir Mes instincts, ensuite, les éduquer, se
189 es complices de mon destin. D’abord donc, choisir Mes instincts, ensuite, les éduquer, selon des lois établies par le conco
190 quoi se composent le plaisir et la conscience de Mes limites. Je m’attache particulièrement à retrouver ces limites : la v
191 osent le plaisir et la conscience de Mes limites. Je m’attache particulièrement à retrouver ces limites : la vie moderne,
192 nt le plaisir et la conscience de Mes limites. Je m’ attache particulièrement à retrouver ces limites : la vie moderne, méc
193 uivant les directions de moindre résistance. Mais je ne m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter
194 les directions de moindre résistance. Mais je ne m’ emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter plus
195 Mais je ne m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter plus loin sans cesse, de battre mes propres
196 est de les porter plus loin sans cesse, de battre mes propres records. De ce lent effort naît une modestie que je m’enorgue
197 records. De ce lent effort naît une modestie que je m’enorgueillis un peu de connaître ; et de cette volonté d’un meilleu
198 cords. De ce lent effort naît une modestie que je m’ enorgueillis un peu de connaître ; et de cette volonté d’un meilleur m
199 de connaître ; et de cette volonté d’un meilleur moi , une certaine méfiance vis-à-vis de ma sincérité. La sincérité m’appa
200 meilleur moi, une certaine méfiance vis-à-vis de ma sincérité. La sincérité m’apparaît parfois comme un arrêt artificiel
201 méfiance vis-à-vis de ma sincérité. La sincérité m’ apparaît parfois comme un arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupid
202 m’apparaît parfois comme un arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On don
203 arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en l
204 ans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’ être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je
205 On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je ne veux plus de faiblesses4.) Et demain peut-être, agir dans le monde
206 es4.) Et demain peut-être, agir dans le monde, si je m’en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut un
207 .) Et demain peut-être, agir dans le monde, si je m’ en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une c
208 époque nous veut, comme elle veut une conscience. Je fais partie d’un ensemble social et dans la mesure où j’en dépends, j
209 partie d’un ensemble social et dans la mesure où j’ en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transform
210 nsemble social et dans la mesure où j’en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il
211 mble social et dans la mesure où j’en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y
212 et dans la mesure où j’en dépends, je me dois de m’ employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y faut une do
213 à sa transformation. Mais il y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je, quand je médite sur une doctrine possible, sur
214 ais il y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai- je , quand je médite sur une doctrine possible, sur une systématisation d
215 aut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je, quand je médite sur une doctrine possible, sur une systématisation de mes peti
216 une doctrine possible, sur une systématisation de mes petites certitudes5, j’éprouve vite le sentiment d’être dans un débat
217 r une systématisation de mes petites certitudes5, j’ éprouve vite le sentiment d’être dans un débat étranger à ce véritable
218 re dans un débat étranger à ce véritable débat de ma vie : comment surmonter un malaise sans cesse renaissant, comment m’a
219 rmonter un malaise sans cesse renaissant, comment m’ adapter à l’existence que m’imposent mon corps et les lois du monde, e
220 e renaissant, comment m’adapter à l’existence que m’ imposent mon corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puiss
221 t, comment m’adapter à l’existence que m’imposent mon corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puissance de joui
222 corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puissance de jouir, en même temps que ma puissance d’agir. Que tout c
223 ugmenter ma puissance de jouir, en même temps que ma puissance d’agir. Que tout cela s’agite sur fond de néant, je le comp
224 d’agir. Que tout cela s’agite sur fond de néant, je le comprends par éclairs, mais une secrète espérance m’emporte de nou
225 comprends par éclairs, mais une secrète espérance m’ emporte de nouveau, premier gage du divin… Reprendre l’offensive — au
226 r gage du divin… Reprendre l’offensive — au soir, je m’amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sou
227 age du divin… Reprendre l’offensive — au soir, je m’ amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sourir
228 u soir, je m’amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sourire — en songeant à ces raisonnements que
229 serai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sourire — en songeant à ces raisonnements que je me tiens — p
230 un sourire — en songeant à ces raisonnements que je me tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je l
231 sourire — en songeant à ces raisonnements que je me tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je le d
232 es raisonnements que je me tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je le décris. Mais comme un écho p
233 ser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je le décris. Mais comme un écho profond, une attirance aussi d’ancienne
234 es folies… Combat, oscillations silencieuses dans ma demi-conscience. Joie, dégoût, lueurs éteintes dans une nuit froide.
235 oide. Les notes d’un chant qui voudrait s’élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste,
236 ant qui voudrait s’élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’
237 iste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant
238 flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens, j’ écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horizons, images qui s’é
239 , mes joies du large !… Tiens, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je vais é
240 onde. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans un
241 s qui s’éclairent… Je vais écrire autre chose que moi , je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est s
242 s’éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se su
243 rent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’ oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser)
244 is écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser). J’entends
245 s une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser). J’ entends des phrases qu’il ne faut pas encore comprendre — tout est si
246 s encore comprendre — tout est si fragile —, mais je sais quelle légèreté puissante, quelle confiance vont guider ce corps
247 … Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne v
248 u plaisir ? Êtes-vous belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce dési
249 belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pou
250 ous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô lux
251 s aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ? Je
252 autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ? Je reste candidat au salut. 4. La sincérité absolue, « scientifique »
253 alut. 4. La sincérité absolue, « scientifique » me paraît aller contre fin. Une attention trop directe et soutenue modif
254 irecte et soutenue modifie son objet vivant. Pour moi , la sincérité ne peut être que spontanée. Et spontanément je suis por
255 érité ne peut être que spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites elles
256 spontanément je suis porté à écrire des idées qui m’ aideront. Une fois écrites elles prennent un caractère de certitude qu
257 ère de certitude qu’elles n’avaient pas encore en moi . C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Quant à adhérer à u
258 ’elles n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute
259 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce me semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expériences
260 toute faite, ce me semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persu
261 ute faite, ce me semble une dérision complète. Je m’ étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuade
262 tème n’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommunications et les intransigeances. Toute
263 ’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommunications et les intransigeances. Toutes les as
264 ns et les intransigeances. Toutes les aspirations me paraissent légitimes chez d’autres, même celles que je juge bon d’éli
265 raissent légitimes chez d’autres, même celles que je juge bon d’éliminer de moi. Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mo
266 autres, même celles que je juge bon d’éliminer de moi . Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mouvement normal » de vie. g
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
267 Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)w Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. F
268 d’épouser le dynamisme spirituel qu’elle révèle, puis de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a tout le talent
269 e biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre me paraît liée à cette confusion. Mais s’il est bien établi que les lois
270 r toute communication directe entre l’œuvre et le moi , comme le fait M. Fernandez dans un essai sur l’Autobiographie et le
271 l’Autobiographie et le Roman, dont pour ma part je suis loin d’admettre plusieurs thèses beaucoup trop absolues. M. Fern
272 st-elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant q
273 e pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant que la po
274 autant que la position de l’auteur dans cet essai me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vraiment l’inter
275 l’homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je me borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ce
276 homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je me borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ces e
22 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
277 s, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)h Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de violenc
278 (10 juillet 1926)h Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de violence et de volupté », je me sen
279 s de ce « long songe de violence et de volupté », je me sens envahi par un rythme impérieux au point qu’il faut que certai
280 e ce « long songe de violence et de volupté », je me sens envahi par un rythme impérieux au point qu’il faut que certaines
281 périeux au point qu’il faut que certaines voix en moi taisent leur protestation, étouffées par des forces qui se lèvent. Ca
282 re elle cligna des yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendirent peu à peu, comme un corps qu’on gonflerait à
283 la fumée des sacrifices sanglants. Pour ma part, je le trouve assez peu humain et comme obsédé par une idée de violence t
284 t de la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ai pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui é
285 é de la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188) Je n’ai pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciser
23 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
286 orte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destiné à lever plusieurs des plus tenaces de ces confusions.
287 ’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certaines pages sur Jérusalem qui touchent particulièrement u
288 e et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouve si juste : « Ce qui définit le plus profondément l’Occidental,
289 nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place me manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des deux autres part
290 la nôtre. » La place me manque pour parler comme j’ aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importa
291 te le ton mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’ avoue que m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait
292 suré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’ a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir part
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
293 Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)x J’ éprouve quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce nouveau to
294 s prairies espagnoles pleines de simple grandeur, j’ ai supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurolo
295 ctacle des athlètes. Et c’est elle avant tout que j’ admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur sujet trop pittoresque
296 de haut avec la nonchalance des vrais puissants, je compte qu’il saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humai
25 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
297 mières et des odeurs, espérant entrer là-bas dans je ne sais quelle harmonie plus reposante. Cette imparfaite accoutumance
298 ruissement vague des roseaux aux feuilles sèches… Puis la brume est venue comme une envie de sommeil. Une lampe dans la mais
299 , les façades sont jaunes et roses près de l’eau, puis perdent dans la nuit leurs lignes graves. Toutes ces formes devinées
26 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
300 paraison de l’idéal asiatique avec le nôtre. Mais je crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire aux crit
27 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
301 mpathie. Il est bien facile de s’écrier : « Après moi , le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler no
28 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
302 s votre idéal ou envers les fluctuations de votre moi  ? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsion sp
303 rit ailleurs : « En chaque être, le pire instinct me paraissait le plus sincère. » La sincérité spontanée, vertu moderne e
304 u fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de me voir donner ici la préférence à l’acte volontaire, ou mieux : intéres
305 e, ou mieux : intéressé, tandis qu’en littérature je défends l’acte gratuit, je réponds que la littérature remplirait déjà
306 ndis qu’en littérature je défends l’acte gratuit, je réponds que la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en s
307 voluptueux. Sincérité envers soi-même Noli me tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends u
308 oi-même Noli me tangere. Premier exemple. —  Je m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire
309 même Noli me tangere. Premier exemple. — Je m’ assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce
310 me tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouv
311 Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (s
312 ieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, dé
313 prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitatio
314 uille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitations, obscurités
315 ns, hésitations, obscurités, etc.). Supposons que j’ éprouve un désir d’action vive, un élan vers certain but précis. Ou b
316 n vive, un élan vers certain but précis. Ou bien j’ aurais juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettr
317 ste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, pui
318 le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, puisqu
319 mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, puisque je le prive de la puissance de se délivrer en gest
320 plus longuement. Mais alors je le fausse, puisque je le prive de la puissance de se délivrer en gestes, en conséquences ma
321 quences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-mêm
322 lan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-même, bientôt — par un mouvement normal de
323 alement c’est à la découverte d’une faiblesse que j’ aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan ap
324 ne faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui m’ a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait.   Second exemple. — J’ép
325 plir ce que l’élan appelait.   Second exemple. —  J’ éprouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
326 ouve le besoin de faire le point : à quoi en suis- je , qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins
327 n de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis- je  ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des
328 faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des sent
329 -je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprou
330 revis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
331 ments que je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines s
332 à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinie
333 de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinies (telle sensa
334 rrures, personne ne sait la richesse de ta vie…). J’ écris ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
335 sait la richesse de ta vie…). J’écris ces choses. Puis , dans un ancien carnet de notes, je retrouve un être si différent. Le
336 ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un être si différent. Les gestes et les sentiments qui se pr
337 Les gestes et les sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur
338 souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, ce
339 venir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette
340 ssés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette minute est baign
341 e du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’ apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souvenir
342 st bien le second. La qualité des souvenirs qu’il me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le m
343 e second. La qualité des souvenirs qu’il me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le moment que
344 l me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne sau
345 tement, non sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur so
346 uée dans le premier exemple. C’est un cas-limite, j’ en conviens. Pourtant, n’est-ce pas le schéma de tout un genre littéra
347 le bas produit une agitation accélérée et folle, puis tout finit dans un râle, brusquement c’est le vide. Centre de soi, l’
348 st le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant. J’ ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient re
349 iration du néant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs
350 e qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
351 nt recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien
352 e mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalit
353 anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assis
354 e restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi
355 que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi . En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de mo
356 me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de moi-même. Par les
357 uction de moi-même. Par les fissures, un instant, j’ ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corp
358 nner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et moi, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstrati
359 ondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et moi , le livre si poignant de René Crevel, est la démonstration la plus cy
360 Crevel, est la démonstration la plus cynique que je connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acha
361 qui rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui. J’ ai dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il f
362 littérature et en morale. Impossibilité de faire mon autoportrait moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon auto
363 . Impossibilité de faire mon autoportrait moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me c
364 t moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conc
365 e temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’ana
366 emps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’analys
367 vec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il
368 ologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non.
369 gique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Ca
370 es en regard des dangers que la sincérité du noli me tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans celui d
371 t Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du moi , moins le principe unificateur ». De quelques sophismes libérateur
372 i l’on prétend que la sincérité est la recherche, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds que le mensonge es
373 echerche, puis l’acceptation de toute tendance du moi , je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin
374 che, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de m
375 nds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il devient dès lors impossible de faire rien qui ne
376 ologie ou que le « style » est de l’homme même J’ en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût
377 homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’
378 peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui m
379 beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inintelligible en même temps qu’odieux. Au hasard de quelque
380 temps qu’odieux. Au hasard de quelques lectures, je pris note des passages suivants (les paraphraser serait d’une ingrati
381 refusent à toute intervention qui altérerait leur moi  ; ils ne souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais i
382 pure de cet âge. Mais il le faut dépasser.)   Si j’ en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle
383 j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que cel
384 intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’ appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une ana
385 e, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait reten
386 pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais- je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ?
387 que de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais on nomme
388 ces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie. Soit, j’ accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non 
389 ela de l’hypocrisie. Soit, j’accepte. Et aussitôt j’ annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non !… Debout dans l’ère su
390 on, non !… Debout dans l’ère successive ! Brisez, mon corps, brisez cette forme pensive ! .................................
391 enter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et l
392 Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
393 ée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’ offrais un visage un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour mo
394 un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour moi douloureuse encore. Pitoyable, trop visiblement, tu prêtais bien quel
395 op visiblement, tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyranni
396 tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant
397 quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant. Mais un pli
398 Mais un pli de ta lèvre, un peu sceptique, quand mon esprit partait dans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma
399 ans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une sy
400 éal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies ém
401 haque être un plus prenant sourire. Cependant que ma joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait se satisfaire de telle
402 rivée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’ell
403 nvite que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, ve
404 te que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’ élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers
405 iche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’elle m’ ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je ch
406 ant de rires amis, vers tout ce que momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
407 qu’il eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portai
408 ion, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me concilia
409 , non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais
410 rs quoi je me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi
411 rtais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à so
412 is, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à soi-m
413 oit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique des sentiments plus subtile et, je pense, m
414 ige une politique des sentiments plus subtile et, je pense, moins vulgaire que cette agilité offensive qu’on appelle dans
415 arti. La sincérité crée en nous un fait accompli. J’ appelle hypocrisie envers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n
416 s besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’ interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peu
417 être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce de souff
418 rté plus précieuse que toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
419 te certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable
420 ité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé
421 pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le
422 mier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’ aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’
29 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
423 bliés sur le marbre vulgaire d’une table de café. Je venais de m’asseoir et de commander une consommation. Comme d’habitud
424 marbre vulgaire d’une table de café. Je venais de m’ asseoir et de commander une consommation. Comme d’habitude, un peu apr
425 ation. Comme d’habitude, un peu après six heures. J’ étais seul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que
426 est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que ma chambre où m’attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les
427 onyme bien plus propice au rêve que ma chambre où m’ attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les gages insuppor
428 ue ma chambre où m’attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les gages insupportablement familiers d’une vie hon
429 ongeries les plus étranges qu’appelle la musique. Je me gardai donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouv
430 eries les plus étranges qu’appelle la musique. Je me gardai donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouvoir
431 s Petites nouvelles ont un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fond : les faits-divers, rien de
432 n pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’ intéresse au fond : les faits-divers, rien de moins divers. Mais je su
433 nd : les faits-divers, rien de moins divers. Mais je suis pris dans l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique me res
434 s l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique me restitue chaque fois un peu plus de lassitude, un peu plus d’ennui. J
435 is un peu plus de lassitude, un peu plus d’ennui. J’ essayai donc de rêver. Mais cette rose oubliée me gênait : perdre une
436 J’essayai donc de rêver. Mais cette rose oubliée me gênait : perdre une rose pour le plaisir ! (Et je ne pensais même pas
437 me gênait : perdre une rose pour le plaisir ! (Et je ne pensais même pas, alors : une si belle rose.) Le tambour livra un
438 se tint un moment immobile, cherchant une table, puis s’avança lentement vers la mienne et s’assit sans paraître me voir. U
439 lentement vers la mienne et s’assit sans paraître me voir. Une grande figure aux joues mates, aux yeux clairs. Il déplia l
440 journal et se mit à lire les pages d’annonces. On m’ apporta une liqueur. Et quand j’eus fini de boire, mes pensées plus ra
441 es d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j’ eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers
442 pporta une liqueur. Et quand j’eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’avenir et j’osai que
443 lus rapides s’en allèrent un peu vers l’avenir et j’ osai quelques rêves. C’était, je m’en souviens, une petite automobile
444 vers l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je m’en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue pri
445 rs l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je m’ en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue printa
446 te salle à manger ; des jaquettes de couleur pour ma femme… Mais l’homme avait posé son journal. Soudain, portant la main
447 , il compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis il reprit les dés brusquement, et me fixant avec un léger sourire : —
448 es traits. Puis il reprit les dés brusquement, et me fixant avec un léger sourire : — Jouez ! ordonna-t-il. La surprise va
449 re : — Jouez ! ordonna-t-il. La surprise vainquit ma timidité, je pris les dés et les jetai sans hésiter. Il compta de nou
450 ! ordonna-t-il. La surprise vainquit ma timidité, je pris les dés et les jetai sans hésiter. Il compta de nouveau, puis av
451 et les jetai sans hésiter. Il compta de nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagné, c’est admirable, ah !
452 Vous avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapi
453 ges, la proie d’une agitation visible. Bientôt il m’ offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations.
454 ment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres
455 consommations. Je gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma tête commençait à oscil
456 e gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma tête commençait à osciller vaguement. Le
457 os. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma tête commençait à osciller vaguement. Les couleurs du bar me rempliss
458 mençait à osciller vaguement. Les couleurs du bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et je me refusais sans cesse aux q
459 s du bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et je me refusais sans cesse aux questions qu’en moi-même posait ma raison
460 u bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et je me refusais sans cesse aux questions qu’en moi-même posait ma raison eff
461 is sans cesse aux questions qu’en moi-même posait ma raison effarée. L’étranger s’animait aussi : une fièvre faisait s’épa
462 si : une fièvre faisait s’épanouir sur son visage je ne sais quel plaisir cruel. C’était un jeu très simple où l’esprit li
463 ommandement de la main. Ce soir-là, une confiance me possédait, telle que je savais très clairement que je gagnerais à tou
464 Ce soir-là, une confiance me possédait, telle que je savais très clairement que je gagnerais à tout coup. L’étranger se mi
465 ossédait, telle que je savais très clairement que je gagnerais à tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans mon ivr
466 tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans mon ivresse, ses paroles peignaient des tableaux mouvants où je me voyais
467 , ses paroles peignaient des tableaux mouvants où je me voyais figurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furen
468 es paroles peignaient des tableaux mouvants où je me voyais figurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furent d
469 s bientôt : — « Destin, s’écria-t-il, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sans cesse à ta co
470 ais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’aurais pas trouvé ça tout
471 s airs pessimistes. De nouveau, d’un coup de dés, je bouscule tous tes calculs, ha ! tu te disais : le voilà riche, le voi
472 corde pour les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que j’ allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la
473 ur les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que j’allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la possessi
474 onheur qu’ils croient lié à la possession, et que j’ allais vivre aussi sur le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu
475 ’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais que j’ allais adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand je so
476 à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand je songe à tous ces gens qui perdent leur vie à la gagner9, et leur faço
477 autre, de douleurs en ivresses avec la même joie, mon cheval fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endor
478 rs en ivresses avec la même joie, mon cheval fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endormir, ah ! galope
479 al fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendr
480 mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’ endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendront jama
481 comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils me jugent et leurs cris indignés qui couvrent une angoisse. Ça les déran
482 blement, sauf un ou deux qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en train de me soutirer les que
483 dépens, témoin ce brave homme qui est en train de me soutirer les quelque billets de mille dont je venais de régler le sor
484 de me soutirer les quelque billets de mille dont je venais de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’irai tenter la
485 ais de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’ irai tenter la misère aux yeux las pleins de rêves, la misère qui fait
486 ient un brouillard de fumée, et la musique noyait mes pensées. Je vis qu’une femme était assise à notre table, en robe roug
487 llard de fumée, et la musique noyait mes pensées. Je vis qu’une femme était assise à notre table, en robe rouge, et très f
488 uilla sur les dés, et partit d’un long rire. Elle me regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’é
489 e. Elle me regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’étais possédé de joies et de peurs. Il fall
490 tranger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’ étais possédé de joies et de peurs. Il fallut se lever, traverser le c
491 ssus des rues parcourues de longs cris en voyage. Je me sentis perdre pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je
492 s des rues parcourues de longs cris en voyage. Je me sentis perdre pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je ne
493 pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je ne saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou)
494 je ne saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je
495 … (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou
496 sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient-ce que celles de mes fol
497 paroles — ou peut-être n’étaient-ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en dé
498 peut-être n’étaient-ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma v
499 t-être n’étaient-ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie
500 me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’ en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très b
501 adoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devr
502 mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’ a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais ten
503 e suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque
504 ivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque chose. Je suis plein de
505 is, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque chose. Je suis plein de rêves, certains soirs.
506 is très bien que je devrais tenter quelque chose. Je suis plein de rêves, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez mo
507 es, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez moi , et ma femme m’embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je n
508 ains soirs. Il faut pourtant rentrer chez moi, et ma femme m’embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis
509 s. Il faut pourtant rentrer chez moi, et ma femme m’ embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis plus tout
510 rtant rentrer chez moi, et ma femme m’embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis plus tout à fait le mêm
511 embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le l
512 e, parce que je ne suis plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre,
513 ue je ne suis plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’
514 laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux da
515 er. Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvo
516 Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je m’ abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir
517 ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur m
518 abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain
519 ans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain plein de mépris et de désespoir,
520 Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain plein de mépris et de désespoir, ô vie sans fau
521 joie… Ah ! plus amère, plus amère encore, saurai- je un jour te désirer, te haïr… 9. Calembour sur une idée juste. (Note
30 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
522 Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)ab «  Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne s
523 nvier 1927)ab « Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité d
524 Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi
525 ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est la guerre. » Voilà pour les critiques, « punaises glab
526 on d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils m’ ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux
527 sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que je dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se cherche
528 sse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût ne m’ empêchera pas de le dire, Aragon possède le tempérament le plus hardi
529 la jeune littérature française. Il le proclame «  J’ appartiens à la grande race des torrents ». Génie inégal s’il en fut,
530 un des plus significatifs du romantisme nouveau. J’ ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendres
31 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
531 i fume… Et tu laisses, ô col roide, En souffrance mes baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô
532 lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire
533 vres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’ enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire dic
534 icte un adieu, La mode qu’on rie des pleurs, Lors je baise votre main Comme on signe d’un faux nom. d. Rougemont Deni
32 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
535 t, retourna ses poches, ôta ses gants qu’il jeta, puis , après un grand coup de pied dans le vide symbolique des systèmes, so
33 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
536 ies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme
34 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
537 Les journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je va
538 journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que je m’ excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais
539 st un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtan
540 u prétentieux de vous écrire au moment où je vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il fa
541 n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris
542 aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la p
543 s cette phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, com
544 iles. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre, j’ ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus
545 lement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et
546 ’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là q
547 n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
548 ouloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vou
549 reux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous e
550 is je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus
551 c’est là que j’ai découvert que vous existiez en moi , à certain désagrément que j’eus de vous voir si entourée… D’autres f
552 e vous existiez en moi, à certain désagrément que j’ eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage d
553 ue j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ava
554 ourage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
555 n, avant-hier, à ce bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la prom
556 s demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
557 mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’ en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d
558 vait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d’une fois pendant une danse qu’il fit avec vous, mais vous les
559 racher à une obsession secrètement attirante ; et je pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez v
560 ètement attirante ; et je pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis m
561 telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute pl
562 iez vaguement la menace. Je dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraie
563 plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards croisés n’avaient aucune signification et que m
564 rds croisés n’avaient aucune signification et que mon anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’orchestre
565 lque intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et dé
566 e intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà
567 estre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre at
568 arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive
569 et déjà il se préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
570 vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’im
571 ce… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal,
572 rs, je ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourir
573 uple heureux et banal, votre sourire répondant au mien , comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes p
574 strées. Déjà la foule des danseurs nous séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un co
575 ge de rires empressés. Une autre danse reprenait. Je sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me
576 nse reprenait. Je sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais
577 . Je sentis une invincible lassitude me saisir et m’ assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je dé
578 ible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste inc
579 ’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’ étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de
580 . On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de champagne vides
581 nne l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jo
582 eurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que j’ en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelai
583 que j’en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait mon désespoir. Désespoir étroit, ces œillère
584 archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait mon désespoir. Désespoir étroit, ces œillères géantes aux pensées, le cie
585 ssue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin… J’ avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aub
586 fin… J’avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aube parut. On éteignit toutes les lampes, et le
587 ans un matin sourd, frileux, qui avait la nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma table en désordr
588 nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que j’ écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smokin
589 rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œill
590 ques mots que j’écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d
591 ivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d’une autre femme don
592 esse d’une autre femme dont le seul défaut fut de m’ aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au somme
593 us grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton souvenir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
594 ir, comme une femme nue dans une chambre étroite… J’ ai dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la cr
595 l triste, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps
596 ste, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps qu
597 e du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sort
598 rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’ ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais en
599 rais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai r
600 tendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasse
601 p souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai l
602 devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais- je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire tr
603 « Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots s
604 je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le
605 ots si bouleversants qu’avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient
606 ’avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impude
607 ant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je m’ imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemme
608 irais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si per
609 es me dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s
610 ngouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’ éprouvais un petit arrachement, comme précisément un enfant qui monte
611 sément un enfant qui monte pour la première fois… Je me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en
612 ent un enfant qui monte pour la première fois… Je me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en rou
613 e pour la première fois… Je me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur de
614 disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu monte
615 i laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie
616 es autobus passaient par groupes. Plusieurs fois, j’ ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’av
617 econnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais pa
618 précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque vis
619 ais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme révélait soud
620 pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à
621 chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces élans réticents, maladroits, contradictoires… Un aut
622 s… Un autobus de luxe s’était arrêté tout près de moi . Je vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai.
623 autobus de luxe s’était arrêté tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n
624 un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune fem
625 e qui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarder, à cause d’une incertitude qui redonn
626 d’une incertitude qui redonnait tout son empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de
627 on empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
628 l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de s
629 ce Saint-Michel, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de suite des paraplui
630 el, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de suite des parapluies la dérobèr
631 Mais tout de suite des parapluies la dérobèrent à mes yeux. Une bouche de métro m’attira. Les rames s’arrêtaient avec un si
632 ies la dérobèrent à mes yeux. Une bouche de métro m’ attira. Les rames s’arrêtaient avec un sifflement particulièrement dou
633 ent avec un sifflement particulièrement doux pour ma fatigue, et ces gens pressés et songeurs respectaient la folie doulou
634 taient la folie douloureuse qui devait contracter mon visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, avides, imploran
635 lie douloureuse qui devait contracter mon visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, avides, implorants. Oh ! to
636 s, avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que j’ ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telle
637 g regard de damné. À minuit, tellement épuisé que je mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des af
638 damné. À minuit, tellement épuisé que je mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des affiches, tout
639 s fin dans les couloirs implacablement brillants, je me pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je
640 in dans les couloirs implacablement brillants, je me pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je vo
641 à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je voyais avec une sombre joie les employés et les voyageurs s’inquiéter
642 employés et les voyageurs s’inquiéter. Bientôt on m’ entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue.
643 n m’entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promes
644 me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’ apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me lais
645 aîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais co
646 la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y p
647 brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parv
648 a promesse que je fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’a
649 e je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heure
650 ux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’ y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouve
651 ssa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il
652 eul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être mai
653 e j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’aut
654 n. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il me semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cet
655 ais il me semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a vingt-quatre heures
656 e aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc, j’ étais encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien
657 constatation machinale ne correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souvien
658 correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’ ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décep
659 rit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette déception insupportable et définitiv
660 eut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette déception insupportable et définitive de m
661 de cette déception insupportable et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer vo
662 ception insupportable et définitive de mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage
663 e mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraimen
664 on désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraiment aim
665 encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai- je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce r
666 pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui m
667 ngement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette t
668 cherche de tout ce qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre
669 n être… Le revolver est chargé, sur cette table. ( Je le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort a
670 , entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus
671 hrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je de
672 e ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquo
673 e geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’ en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi j
674 a mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, c
675 que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance,
676 n forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’e
677 prends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma
678 ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin
679 c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il fau
680 qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne
681 y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre du survi
35 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
682 n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétations sym
683 erprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir m’ empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne po
684 esse en lisant cette « tragédie » ; de ne pouvoir m’ empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins consc
685 sez simples dont l’étude charme le psychanalyste. Je pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calem
686 psychanalyste. Je pourrais poursuivre le jeu. Et puis , il y a aussi des sortes de calembours… Art chrétien, a-t-on dit5. C
687 licité à chausse-trappes, cette habileté surtout. Je ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un l
688 rop exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qual
689 la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas. J’ admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce sont
690 s qualités scéniques de cette pièce sont grandes. Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche contre les p
691 l voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’ inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprise
692 ant cette admirable machine ne m’inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces my
693 ù il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur », disait le photographe
694 s parfum.   (Tout de même, Cocteau est un poète : j’ en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais pa
695 teau est un poète : j’en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par m
696 ais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer,
36 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
697 ergé, jaloux de ses droits considérables encore ; puis ce sont les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise,
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
698 Edmond Jaloux, Ô toi que j’ eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’
699 ses bijoux sont taillés comme ceux de Giraudoux, j’ y vois un signe charmant d’amitié de l’aîné au plus jeune, lequel envo
700 nis de, « [Compte rendu] Edmond Jaloux, Ô toi que j’ eusse aimée…  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
701 re, légèrement coloré. Le principe est simple : «  Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ;
702 ute vitesse. Rigueur voluptueuse d’une colonnade, puis un jeu d’échec serré, mais sur la corniche d’un gratte-ciel, d’où se
703 Quelques miracles qui suivent sont embrumés dans mon souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s’ouvre pour dégage
704 bois de la taille de l’Obélisque de la Concorde, puis enfilent les Champs-Élysées à une allure grandissante, bientôt vertig
705 el renversé, maisons obliques, montagnes russes. ( J’ ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin
706 et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le n
707 is le moment ne vient pas, ils sont déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lu
708  : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis- je , si seulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvon
709 é Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et je ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginair
710 e le Voyage imaginaire en montre (beaucoup trop à mon gré). Qu’une sorcière transforme un homme en chien, cela n’a rien d’é
711 ées paraissent vieux jeu avec leur baguette, pour moi qui chaque soir crée ma chambre en tournant un commutateur. Le vrai m
712 avec leur baguette, pour moi qui chaque soir crée ma chambre en tournant un commutateur. Le vrai miracle du cinéma, c’est,
713 et l’espace en relation se modifie pour maintenir je ne sais quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle que celle don
39 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
714 la dispersion autant qu’à l’approfondissement du moi , soif de tout et pourtant mépris de tout, procédant d’un goût de l’ab
715 . Rops a-t-il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défini
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
716 s Aragon, le beau prétexte (avril 1927)o Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi
717 sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut
718 n être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela
719 ésormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’ anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sorti
720 férence sur le Salut de l’humanité.)   Ce soir en moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, p
721 Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique se tient là-b
722 manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon sarcastique se tient là-bas dans un rayon échappé de
723 à-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape !   Il
724 la Poésie.   On dit : « Des mots ! » au lieu de «  Je ne comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense :
725  » au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : «  Je ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ».
726 incompréhensible !, trois mots dont l’un savant. Je ne connais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez di
727 st incompréhensible ! » — avec une indignation où j’ admire une pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne pouvait mi
728 et dire qu’elle est née dans un café de Paris. «  Je n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, p
729 s un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous re
730 iels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes. Je viens d’entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtr
731 ous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’ essaie un instant de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je m
732 bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de m’ élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puiss
733 t de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. 
734 e m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » V
735 spérer plus aucun pardon. II Novembre 1926. Je viens de retrouver quelques pages écrites il y a un an, tel soir de c
736 ur, son incontestable « séduction ». Pour un peu, je découvrais une manière de prophète un brin janséniste chez ce poète.
737 te un brin janséniste chez ce poète. Aujourd’hui, je le verrais plutôt comme un Musset10 plus véritablement désespéré. Un
738 de son tempérament vif, insolent et ombrageux. «  J’ appartiens à la grande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce
739 des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans
740 l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte de
741 ique — mais la plus belle, — ce qui tressaille et m’ atteint au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
742 t au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de
743 tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas m’ empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespo
744 te de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapproche
745 de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapprochemen
746 pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais- je  : le salut n’est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cet
747 le que Clément Vautel — et si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’ell
748 le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ ai soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité
749 mobile ne retient rien de la réalité vivante ; si je dénie à des incrédules le droit à parler des choses de la foi comme é
750 comme étant d’un ordre qui leur échappe ; de même je récuse ici certain sens critique dont on voudrait que soient justicia
751 d Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permettez- moi de me présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critiq
752 x.) Entre un monsieur en noir : Permettez-moi de me présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critique. M
753 urs une ancienne connaissance… le Sens Critique. Moi (gêné)… Rougemont. Le Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà
754 in temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temp
755 vus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’ a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis
756 u que depuis quelque temps… enfin, comment dirais- je … je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelq
757 e depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque u
758 epuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque util
759 mps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah 
760 en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi . — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en effet,… oui, oui, très int
761 en effet,… oui, oui, très intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop
762 mer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez- moi  : submergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’aurais en q
763 ergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’ aurais en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulie
764 ement j’aurais en quelque manière la prétention… Moi . — Que voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant
765 tre part. (Le reconduisant :) Croyez, Monsieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous
766  », c’est un académicien qui l’a dit. Voulez-vous me faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus ta
767 hode ! (Sort le Sens Critique, un peu bousculé.) Moi . — Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derr
768 Critique, un peu bousculé.) Moi. — Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). — 
769 s oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —  J’ attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tou
770 er du concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’ entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-tre
771 à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux
772 s, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux dogmatiq
773 voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pou
774 ous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’es
775 e ailleurs… Mais non, il y aurait trop à dire, et puis l’on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breto
776 ait trop à dire, et puis l’on croirait encore que je suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativem
777 dévoyés, de farceurs, de chacals, de déments. Et puis surtout, l’heure est venue de clore des discussions énervantes où s’é
778 cher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques évide
779 abe, examens de conscience toujours ratés — on ne m’ y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous genres,
780 ns tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous allions tous deux,
781 . 11. Les livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derri
782 livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennen
783 ndus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennent des France et des B
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
784 ues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une saison de marque de tels soupirs, d’ailleur
785 baisa la main et l’abattit d’un coup de revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sou
786 ement ivre, et Bettina lui disait à l’oreille : «  Mon chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne e
787 Bettina lui disait à l’oreille : « Mon chéri, si j’ aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de
788 j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que
789 es accords échappés tombaient, les ailes coupées. Puis le silence se reprit à ses songes désolés. Autre suicide ou la pro
790 menade en bateau À Grego More. Il disait : «  Je suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur d
791 Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dè
792 pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je
793 amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui regar
794 te heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe q
795 fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi , qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à
796 eul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préfér
797 l est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voula
798 es grandes dames où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouva
799 s — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces
800 eul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure.
42 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
801 tre prématurée. Mais le seul fait qu’elle se pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécessaires à ce
802 ir autour d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont je ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pou
803 ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pour une part, la dispersion des efforts artistiques. To
804 fils d’un tel père. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’il en faille gémir. Une certaine résistance est néces
805 pe. N’était certain petit plaisir d’impertinence, je me fusse dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos
806 N’était certain petit plaisir d’impertinence, je me fusse dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos cir
807 moins d’incompréhension que de timidité. ⁂ On ne m’ en voudra pas de ne citer ni dates de naissance, ni traits d’enfance g
808 , c’est par leurs œuvres avant tout. D’autre part je préfère la légende à l’histoire comme la peinture à la photographie.
809 t un merveilleux foyer de contagion contre lequel je ne saurais me prémunir par le moyen d’aucun de ces appareils à jugeme
810 ux foyer de contagion contre lequel je ne saurais me prémunir par le moyen d’aucun de ces appareils à jugements garantis q
811 rticle consacré aux jeunes artistes neuchâtelois, je vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il
812 On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’ en vois peu parmi les jeunes qui vouent tout leur amour à la peinture
813 es qui vouent tout leur amour à la peinture pure. Je crois même que, Paul Donzé touché à son tour par la grâce décorative,
814 nsinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de nos
815 ris une complicité de sentiments ou d’état d’âme. Je ne verrais guère que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le pui
816 ères précipitations » annonce le bulletin. Tiens, me dis-je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche en
817 écipitations » annonce le bulletin. Tiens, me dis- je , Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche encore. O
818 révélant un tempérament très rassurant. C’était, je crois, le vrai Humbert qui commençait à s’affirmer. Puis il y eut une
819 ois, le vrai Humbert qui commençait à s’affirmer. Puis il y eut une période intermédiaire, un peu pénible. Dans des bouquets
820 gement et d’une abondance très sûrement ordonnée. Je crois qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir
821 ge. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoi
822 le sujet, de l’autre ce qu’en fait son mari). Et puis voici François Barraud, le plus jeune des frères. Il vient apporter d
823 r son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’ assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuill
824 r évolué vers une plus grande harmonie de lignes. Je pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où se manifeste un heureux équ
43 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
825 père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’ oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi.
826 re sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassem
827 inqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque
828 blient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque dans la description
829 t dont le profond ricanement se prolonge en nous. Je crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je ne n
830 re Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez do
831 retourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner
832 e ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner d’être plus fort que cette bourgeois
833 ans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner d’être plus fort que cette bourgeoisie fatiguée, et de suiv
834 geoisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’ avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemo
835 ivre le destin que vous m’avez assigné à force de m’ humilier et de me craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte ren
836 e vous m’avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Bernard Lecac
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
837 ’on en vient à une conception de la sincérité qui me paraît proprement inhumaine. Tout dire, vraiment ? C’est l’exigence d
838 e », c’est encore l’« élan mortel » que décrivait Mon Corps et Moi. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de
839 core l’« élan mortel » que décrivait Mon Corps et Moi . Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de Pierre ou de
840 de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions tout
45 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
841 e tache de couleur, plus sentimental que cruel. «  J’ ai la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragiq
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
842 s le fond quelque chose de solide, d’authentique. J’ aime cette violence de redressement où je distingue bien autre chose q
843 entique. J’aime cette violence de redressement où je distingue bien autre chose que les « éclats de l’impuissance ». Un pl
844 il avec une franchise qui la rend sympathique. Et puis , tout de même, on est bien heureux de rencontrer chez les jeunes écri
845 onner quelque vitalité à notre civilisation, — et je sais bien que c’est là un des signes de sa décadence. Il y a du chiru
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
846 t du pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris à voler. Aristo
847 … et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’ a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dé
848 ue l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’ avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet
849 it sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri,
850 tions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri, blanchi, mais n
851 e, logé, nourri, blanchi, mais non point diverti. J’ étais bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler
852 par exemple, d’étrangler un chat pour le plaisir me répugnait. Je détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car ce
853 d’étrangler un chat pour le plaisir me répugnait. Je détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là je le m
854 peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là je le méprisais trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme me rega
855 trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme me regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la jo
856 cette époque, une femme me regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils ai
857 e, une femme me regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en m
858 c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détourna
859 ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette
860 essus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne
861 que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
862 tte femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de moi . Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heur
863 ouffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans
864 ait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à l
865 scendait dans la ville, on marchait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de b
866 ait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui m’ aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le
867 ouciance dans le bonheur de la saison. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole
868 son. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bo
869 ura mon front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux avaient légè
870 emain, ses cheveux avaient légèrement blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle dé
871 ment blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, san
872 regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’étais pe
873 uelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’ étais perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vie
874 chose encore : il se savait vieux, maintenant. » Je songeais justement à un sourire de mon amie quand il voulut m’adresse
875 intenant. » Je songeais justement à un sourire de mon amie quand il voulut m’adresser la parole après un silence vertigineu
876 ustement à un sourire de mon amie quand il voulut m’ adresser la parole après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et
877 er la parole après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
878 mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans
879 Alors une rage s’empara de mon corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-
880 e criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’écrivais un m
881 courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’ étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit e
882 bre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’ écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans u
883 d, j’étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il
884 ivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de
885 advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j
886 celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! —  Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’envoyais à divers
887 vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’ envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon pa
888 ers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses le
889 . Un jour, parcourant un quotidien de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’é
890 rcourant un quotidien de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce
891 n de mon pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon pè
892 n pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
893 n grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise
894 ttres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’ étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et
895 rise passa, et une femme en robe bleue légère qui me regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis p
896 e légère qui me regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commen
897 égère qui me regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commençai
898 un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commençait à m’envahir, contre
899 rtis par les rues, une joie violente commençait à m’ envahir, contre laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volu
900 violente commençait à m’envahir, contre laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me t
901 re laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un é
902 is obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux
903 ment pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sort
904 olupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’ entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient à chaque tour du t
905 eflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que j’ ouvris firent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon, o
906 avenir de bonheur fiévreux — celui justement que j’ entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trou
907 que j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’ét
908 e j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était
909 s. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me
910 0 francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, c
911 e d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité pe
912 ques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
913 dans un état de sincérité perpétuelle envers tous mes élans, accueillant avec un enthousiasme juvénile, c’est-à-dire cyniqu
914 ffres du hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est fo
915 ’on est forcé de prendre conscience de soi-même — je découvris une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
916 de soi-même — je découvris une nuit, au moment de m’ endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’
917 découvris une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dér
918 assion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’ avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout
919 années de joie au profit d’une vertu que tout en moi reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secret de la vert
920 d’une vertu que tout en moi reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ava
921 ue le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des pa
922 lles filles, sans capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur so
923 istes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront
924 sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie mor
925 compenseront jamais cette escroquerie morale dont je fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Ma
926 la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalit
927 p tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engag
928 vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expressio
929 e expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes d
930 avec le produit du vol d’un tronc de chapelle que j’ édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — re
931 uit du vol d’un tronc de chapelle que j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — rendu, pour la
932 que j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — rendu, pour la gloire de l’Église. (Ici, il but
933 ise. (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hô
934 ous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore que… Bref, depuis quelque
935 eepings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je m’amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse
936 ings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je m’ amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse, d
937 , croyez-le bien… Le goût de la propriété étant à mon sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ai
938 plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions éléme
939 généralement répandus, j’ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions élémentaires qui ne manquent jam
940 ne manquent jamais de succéder au moindre vol. » J’ ajouterai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fo
941 r Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens
942 , que l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vra
943 ue l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies
944 contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec u
945 ervations théoriques que je tiens pour vraies, et j’ en vérifie les manifestations vivantes avec une prodigalité d’épreuves
946 ves, contre-épreuves, variantes et enjolivures où je vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une ce
947 et enjolivures où je vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une certaine caresse de l’événement na
948 taine caresse de l’événement naissant peut encore m’ émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède immédiateme
949 e minute auquel succède immédiatement le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ai p
950 ment le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’ a-t-on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allai
951 . Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me n
952 e peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’ allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignore
953 e imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint
954 l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout me frappe — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de
955 ie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle m’ apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et c
956 uel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est
957 iétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez- moi . Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce q
958 t pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’
959 , enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’e
960 ourdeur de l’expression — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les con
961 ne règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’elle pa
962 t impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai- je …, de juvénile insouciance, pour ne pas dire inconscience ! qui s’atta
963 n actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » — Je vous entends, interrompit Saint-Julien, par pitié pour Isidore dont l
964 l paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
965 ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez u
966 Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pa
967 ais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’a
968 que le potache n’ait point raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce
969 ustement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien
970 ’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis,
971 our quiconque est aussi profondément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre ge
972 apprendrez-vous à découvrir derrière certaines de mes plaisanteries la dérision secrète qu’elles masquent par caprice. ....
48 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
973 révolution russe… cet autre fait de la guerre… et puis , tenez ! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au serv
49 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
974 vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’e
975 sur la Bible de ne pas entrer dans les cafés. Et puis , c’est égal, ce soir, tout cela est sans importance, car voici « l’he
50 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
976 e (juillet 1927)v I Parler littérature Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… 
977 Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de
978 is : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nou
979 sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguèr
980 re. Alors, quelque paysan du Danube survenant : — Je vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la lit
981 croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abando
982  ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérature en moi , n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé
983 j’ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’ en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez
984 littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quo
985 ous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un p
986 ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi  : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-c
987 quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi : j’ ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas
988 ense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ? D’autres prennent soin que l
989 ’ils escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui déc
990 sa gueule de bois pour en faire des poèmes. Alors je cherche les raisons de votre indignation, quand il m’échappe une cita
991 herche les raisons de votre indignation, quand il m’ échappe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent ?  
992 La vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invrai
993 — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisemblabl
994 atitude salutaire, c’est refus de limiter le mal. Je vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nom
995 ous vois envahi par des démons que vous prétendez m’ interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette
996 ns que vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose,
997 ue vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose, c’
998 r puissance sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur
999 du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse, que j’ éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vo
1000 un peu sur la laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surpre
1001 r la laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-
1002 e j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une f
1003 ous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante
1004 ndre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les
1005 e par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’ en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les to
1006 . Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, —  j’ ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, pa
1007 , parler littérature, c’est faire la part du feu. Je dis ces noms, ces opinions, ces titres de livres : tout cela jaillit,
1008 cela jaillit, s’entrechoque, s’annule. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir
1009 ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous
1010 attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien
1011 exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connais
1012 elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtiv
1013 ger sans fièvre, pour en circonscrire les effets. J’ avoue prendre à cette étude un intérêt bien vif. Et cela fournit un me
1014 II Sur l’utilité de la littérature Montherlant me paraît être le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Qua
1015 los de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus
1016 isse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’ affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soi
1017 ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille éc
1018 culeuses.   Voici donc les seules révélations que j’ attende de la littérature : que celle des autres m’aide à prendre cons
1019 ’attende de la littérature : que celle des autres m’ aide à prendre conscience de moi-même ; que la mienne m’aide à découvr
1020 à prendre conscience de moi-même ; que la mienne m’ aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agit plus de mép
1021 onde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour m
1022 ni d’adoration. J’ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’el
1023 adie » dont je parviens à tirer quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’elle exige me coûteront des sacrifices p
1024 n pour ma vie. Le jour où les soins qu’elle exige me coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’en escom
1025 des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’ en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
1026 escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’ en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
1027 temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de v
1028 m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’ attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathi
1029 Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe
1030 demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault
1031 citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie me prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleur
1032 ur. 15. Variante : des puissances d’action. 16. J’ en vois certains qui arrangent leur vie de telle sorte que leurs mémoi
51 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
1033 en gémir et pour en accepter les conséquences. Et puis , de temps à autre, voici que nous parvient un signe d’amitié qui ne t
1034 mond Gillard, et même, et surtout, un miracle. Et puis , ils ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non mo
1035 grand Tanner. (On a fait ses preuves, quoi !) Et puis , qui sait, peut-être sauront-ils rallier le dernier disciple du Bienh
1036 llier le dernier disciple du Bienheureux Jean… Et puis , en voilà assez pour ranimer la curiosité des plus blasés. Lecteur, f
52 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
1037 une étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « ce
1038 ire, intermittente, un peu émiettée, éventée, que je trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaud
53 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
1039 œuvre, qui est peut-être plus vraie que le vrai, je veux dire, plus rilkienne que ne fut Rilke. Rilke y apparaît comme un
1040 u nom d’une science ou au nom de l’esprit. « Pour moi qui aime plus que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis R
1041 us que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un o
1042 poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un objet de songe
1043 que je vis Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une te
1044 is d’expérience ». Mais une telle « expérience », je crois, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somm
54 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
1045 « fatale », « si arbitraire et si facultative », je me dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette
1046 fatale », « si arbitraire et si facultative », je me dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette att
55 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1047 On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu de période où
1048 ’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et le meilleur,
1049 en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne m’ accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour faciliter l
1050 on ne m’accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que
1051 bjet de ma critique pour faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici l
1052 usation : je prends pour la juger ce que l’époque m’ offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte da
1053 Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à joue
1054 ie de Ford, telle qu’il la raconte dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à jouer avec des
1055 outière. « Depuis l’instant où, enfant de 12 ans, j’ aperçus cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma grande et co
1056 us cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma grande et constante ambition a été de construire une bonne machine ro
1057 esse sont : la construction d’un moteur à vapeur, puis d’un moteur à explosion, enfin d’une première automobile fabriquée, à
1058 lutte des classes. Il se dégage de la lecture de Ma vie et mon œuvre une impression de netteté, de solidité, de propreté.
1059 classes. Il se dégage de la lecture de Ma vie et mon œuvre une impression de netteté, de solidité, de propreté. Si l’on aj
1060 l’objet par ses propres moyens, à un exemplaire ; puis , il fonde une usine pour multiplier les réalisations. Bientôt, élargi
1061 t. La tromperie est préméditée. Et le scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le cli
1062 cient des buts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir u
1063 ts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau m
1064 rs, voici des déclarations plus nettes encore : «  Je ne considère pas les machines Ford simplement comme des machines. J’y
1065 les machines Ford simplement comme des machines. J’ y vois la réalisation concrète d’une théorie qui tend à faire de ce mo
1066 e salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce que j’ ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en prat
1067 ale aux plus grands esprits de tous les temps. On me dira que Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si
1068 dira que Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si j’insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souli
1069 x à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si j’ insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étran
1070 ela ratait, on gardait toutes les autres chances. J’ accorderai que le progrès matériel n’est pas mauvais en soi. Mais par
1071 ésirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les êtres encore doués de quelque sensibilité spirituelle dev
1072 ouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une attitude réactionnaire qui consisterait à vouloir
1073 es termes avec netteté et courage. Pour le reste, je pense que c’est une question de foi. 1. Une enquête faite à Genève
1074 que les livres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément Vau
1075 ivres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans l
1076 grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans les pays de langue alle
1077 s est encore plus grand, et de meilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford,
1078 mérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembr
1079 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4.
56 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
1080 À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne. Je vins à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dan
1081 assez de passants pour qu’on la sentît déserte ne me proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser de c
1082 cuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe qu’un d
1083 ndre responsable de ma déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe qu’un désir vraiment pur parvient tou
1084 sponsable de ma déception, sinon moi-même, me dis- je bientôt. Car je professe qu’un désir vraiment pur parvient toujours à
1085 déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe qu’un désir vraiment pur parvient toujours à créer son objet
1086 es. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’ avais d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compr
1087 rtaine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’o
1088 à l’Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon esprit Vienne et
1089 e comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir de Gérard de Nerval.
1090 n : c’était le souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque
1091 e souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis da
1092 s même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouv
1093 ême pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’ assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver
1094 s l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’une place vide : la jolie femme qu’on attend dans ce
1095 ces, une fois de plus manquait le rendez-vous que j’ avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’e
1096 . Mais le thème de la Barcarolle s’empare de tout mon être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanfare milit
1097 t patriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cett
1098 atriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi je m’ abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cette p
1099 je m’abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cette plainte heureuse des violons. Le diable sort des
1100 aturelle. Et tout cela chanté dans une langue que je comprends mal. Je me penche vers un voisin pour lui demander je ne sa
1101 cela chanté dans une langue que je comprends mal. Je me penche vers un voisin pour lui demander je ne sais plus quoi. Mais
1102 a chanté dans une langue que je comprends mal. Je me penche vers un voisin pour lui demander je ne sais plus quoi. Mais sa
1103 al. Je me penche vers un voisin pour lui demander je ne sais plus quoi. Mais sans doute évadé dans son rêve, beaucoup plus
1104 doute évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que moi , il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre.
1105 rêve, beaucoup plus loin que moi, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abando
1106 oin que moi, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’u
1107 question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’un amour tragiquement mêlé à des
1108 orme blanche, sous un brusque faisceau de lumière m’ apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement
1109 ceau de lumière m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir,
1110 ière m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de
1111 e m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de te
1112 ’est toi, parce que c’est bien toi de nouveau qui m’ appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose singulière, prononce
1113 est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose singulière, prononce une voix, à côté de m
1114 ne chose singulière, prononce une voix, à côté de moi , c’est une chose singulière que le pouvoir de cette musique. Voici qu
1115 que. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Co
1116 rsonne pourtant ne se détournait. Comment pouvais- je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vo
1117 vais-je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres vérit
1118 des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance…
1119 scène, un reflet balaya le parterre, le visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que
1120 eflet balaya le parterre, le visage de mon voisin m’ apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avai
1121 m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre,
1122 le dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1
1123 s toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’aille
1124 ue ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’ avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir e
1125 ù m’avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris
1126 mpêcha ma raison d’intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d
1127 son d’intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d’évidences opa
1128 es. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi , sans nous être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent d
1129 ameux homard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits
1130 is, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’en suis pas fâché. » Il
1131 açon de me moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’en suis pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des je
1132 p s’amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis- je , songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répondit Gérard, malgré les
1133 eur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez bien, ajouta-t-il, mais pour d’autres raisons qu’eux,
1134 nature et par attitude, des gens fatigués. — Pour moi , dit Gérard, je situe l’amour dans un monde où la question fidélité o
1135 itude, des gens fatigués. — Pour moi, dit Gérard, je situe l’amour dans un monde où la question fidélité ou inconstance ne
1136 té ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais
1137 deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour, c’
1138 qu’elles évoquaient cet amour, c’était parce que je découvrais en elles de secrètes ressemblances, qui pour d’autres para
1139 lle n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’ ai su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela
1140 ’est cela seul qui donna un sens au monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile p
1141 ul qui donna un sens au monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme
1142 . — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde depuis si lo
1143 vrons-nous plutôt à une petite malice dont l’idée me vient à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était la petite bossue
1144 héo nommaient « biondo et grassotto », et qu’avec mes amis nous devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers 
1145 t que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, m
1146 nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi . Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez p
1147 ux de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure quali
1148 chercher ici avec le premier être venu. — Certes, je comprends que l’Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser.
1149 je comprends que l’Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances se
1150 pe est en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spontanées du
1151 be mauve, avec tant de gravité et de détachement. Je viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la
1152 la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’est odieux qu’
1153 qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je crois que l’Orient est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bu
1154 tudes convenues et donner l’air bête aux acteurs. Puis Gérard embrassa paternellement la belle effarée, et nous sortîmes, ap
1155 mbre de cette ville illusoire est la plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des
1156 us douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des
1157 à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des animaux a
1158 e mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’ en ramène des animaux aux yeux bizarres où je sais lire les signes. »
1159 fois j’en ramène des animaux aux yeux bizarres où je sais lire les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez-vous somm
1160 yeux bizarres où je sais lire les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ai
1161 ondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et
1162 -vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soi
1163 l ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait
1164 erait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque
1165 il prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Ensuite,
1166 motion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Ensuite, je pensai qu’il arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la pr
1167 ns un petit bar laqué de noir jusqu’à mi-hauteur, puis couvert de glaces qui, reflétant le plafond à caissons dorés, l’étend
1168 ctavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par je ne sais quelle erreur d’images, — ce serait la gravité énigmatique d’
1169 rai drame de son destin est ailleurs. Il se met à m’ expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui commencent à
1170 l leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il m’ enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nou
1171 sme et son exaltation. Il semble se rapprocher de moi . Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour n
1172 on exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos sava
1173 u’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez- moi , ce qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui ti
1174 e à chaque instant, le homard se réveilla. Gérard m’ expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerve
1175 nt d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi, je me balançais d’un pied sur l’autre dans de la neige fondante, tout en
1176 d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi, je me balançais d’un pied sur l’autre dans de la neige fondante, tout en cr
1177 nt pour des baise-mains silencieux et mécaniques. Je reconnus des princes aux faces maigres qui ressemblaient terriblement
1178 ré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordinairement sil
1179 : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’ aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordinairement silenc
1180 . Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que j’ étais seul. Une dernière auto, extraordinairement silencieuse, absolum
1181 t silencieuse, absolument silencieuse fila devant moi  ; je reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rid
1182 ncieuse, absolument silencieuse fila devant moi ; je reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux
1183 matin, des triporteurs passèrent à toute vitesse, m’ éclaboussant de neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debou
1184 boussant de neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debout. 10. Quelque chose comme « pâtisserie-crème fouettée
57 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
1185 logue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ? J’ allais oublier que la littérature enfantine est le dernier bateau. Pou
1186 est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne m’ empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo so
1187 ffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont
58 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
1188 seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeux, de considération. J’admire autant le talent de celui qui mène 6
1189 i le rendrait digne à mes yeux, de considération. J’ admire autant le talent de celui qui mène 60 parties d’échecs simultan
1190 arties d’échecs simultanément, et c’est naturel : je m’en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne
1191 ies d’échecs simultanément, et c’est naturel : je m’ en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne de
1192 et c’est naturel : je m’en avoue plus éloigné et m’ en sais plus dépourvu si possible. Je ne demande aux écrivains que des
1193 s éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne demande aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’ils les fa
1194 ait vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien
1195 itte à renaître heureusement) sur des gens qui ne m’ intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes drô
59 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
1196 es chefs (c’est lui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : « Il me semble que je lutte contre l’absurde humain, en fais
1197 ui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : « Il me semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fai
1198 u nom de l’auteur, je pense) : « Il me semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’éva
1199 lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre — rêvé
60 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
1200 lables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé. Je regrette seulement que Daniel-Rops se soit borné à une courte nouvell
61 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
1201 e : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de se cacher derrière le feuillet suivant, entraîn
1202 nuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit. Je saute quelques délires et pas mal de superstitions. Enfin cette expér
1203 leur réponse, il répète à plusieurs reprises : «  Je ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu pl
1204 répète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut u
1205 lusieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de g
1206 Je ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes
1207 Stéphane rendu à la santé écrivait : « Ton visage me cache tous les miroirs » — à une femme qu’il aimait. n. Rougemont
62 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
1208 Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se se
1209 Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé e
1210 Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé et légè
1211 ndre d’un air connaisseur que c’est bien composé. J’ avoue prendre cette autobiographie tellement au sérieux que j’ai été b
1212 dre cette autobiographie tellement au sérieux que j’ ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un h
1213 doucement comique, si émouvant : « À cette époque je croyais fortement en l’existence d’une espèce de secrète et à peu prè
1214 gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, et il y avait des moments où j’
1215 ous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à
1216 ivrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais- je parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à me convain
1217 e disais-je parfois, et il y avait des moments où j’ arrivais presque à me convaincre que si je m’approchais tout à coup pa
1218 et il y avait des moments où j’arrivais presque à me convaincre que si je m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme
1219 ents où j’arrivais presque à me convaincre que si je m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelc
1220 s où j’arrivais presque à me convaincre que si je m’ approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelconq
1221 sais “houu !” il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras
1222  !” il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous e
1223 il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en r
1224 a contribué davantage que n’importe quel autre de mon temps à faire aboutir la standardization à sa fin logique, ne pourrai
1225 ont Denis de, « [Compte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme  », Bibliothèque universelle et Revue
1226 , « [Compte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
1227 mpte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève
63 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
1228 e où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une m
1229 réhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystique. Mais parce que
1230 est essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se com
1231 e mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeu
1232 ique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeunes homm
1233 poète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais je tiens à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu tou
64 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
1234 sez pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux pe
1235 pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petit
1236 tion publique deux petits livres1 excellents dont je considère les thèses comme acquises : L’Éloge de l’ignorance, de M. A
1237 gnement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et point du tout tec
1238 , moins philosophique et point du tout technique. J’ apporte un témoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marqu
1239 émoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liais
1240 marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
1241 fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je
1242 doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste
1243 e à elle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment tou
1244 e pareils souvenirs légitiment toutes les haines. Je serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce pe
1245 nt toutes les haines. Je serai méchant, parce que j’ en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à r
1246 — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le
1247 tient des idées qui ne rapportent rien. En effet, je ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
1248 ffet, je ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma
1249 parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas l
1250 ersonne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
1251 tends pas même parler au nom de ma génération, ne m’ étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
1252 enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à g
1253 gueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le p
1254 ond miraculeusement, gémir n’est pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans condition
1255 s un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer u
1256 molir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me conten
1257 est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
1258 pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe es
1259 rme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si
1260 s capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’ aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et org
1261 se ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui
1262 s, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en dou
1263 signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
1264 uvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les class
1265 nt nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’ attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer
1266 m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler
1267 à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me r
1268 compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me resservir ces arguments, bien que dûment prévus et réduits à néant ic
1269 réduits à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du
1270 es qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces f
1271 aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vertu m
1272 ticisme quant à la valeur réformatrice des idées, m’ accuser de faire une critique dangereuse. 3° que néanmoins je crois à
1273 e faire une critique dangereuse. 3° que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découvert
1274 tolérante qui se livrent à ces excès de langage, je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du p
1275 langage, je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question
1276 la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherche à démêler la vérité sans égard aux dérangements, même vio
1277 violents, que cela ne manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droi
1278 lents, que cela ne manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ;
1279 classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations act
1280 ruction publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savo
1281 lles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bo
1282 par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques.
1283 but final de notre institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Les mei
65 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
1284 1. Mes prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs
1285 pissier par le prix du mètre courant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
1286 ents trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bie
1287 grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile m
1288 dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce ma
1289 règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
1290 tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’ avais appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année suivant
1291 chette, avec une sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agréabl
1292 e c’est la loi. La première classe fut agréable : j’ alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusemen
1293 fut agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en t
1294 ’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’ étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui
1295 urs bâtons en rêvant à leur manière. Un jour cela m’ ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après sy
1296 eur manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements de
1297 déchiffraient les premières phrases exemplaires. ( J’ aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
1298 lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproche
1299 fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproches acides,
1300 n tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’ attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacrée : « Il
1301 bles exemples cet axiome qui devint la formule de mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait su
1302 douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’ avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléi
1303 régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rentr
1304 e velléité d’originalité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, ver
1305 ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse
1306 une importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterm
1307 ant à l’autre « évidence » que je viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre mal
1308 ntient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette
1309 notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’ habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir cra
1310 ut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des déco
1311 uer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’ en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop d
1312 eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ ouvris, c’est-à-dire que je me posai la question : est-ce vrai que tou
1313 itudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je me posai la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être é
1314 des apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je me posai la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être égau
1315 onquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçai
1316 de la relativité des décrets humains. Le prix de mes souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels p
1317 rmisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
1318 suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde déco
1319 ris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement
1320 exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi , j’avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois mat
1321 érait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’ avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérie
1322 délivré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit
1323 vissement de l’esprit et ces mythes stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les
1324 ythes stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les plus élémentaires de la vie.
66 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
1325 2. Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’y retrouvai auss
1326 ermit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’ y retrouvai aussi plusieurs têtes connues d’anciens camarades d’école
1327 ernité véritable. Mais c’est en caserne aussi que je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et po
1328 ne question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de
1329 ans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai- je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par
1330 ensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me p
1331 aysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de m’ échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’o
1332 plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que
1333 chauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs ga
1334 ilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causen
1335 ment. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’ oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent a
1336 i signent des manifestes en mauvais français — et je ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. Au vill
1337 que c’est là son affaire : Monsieur en un mot est M’ sieu l’Instituteur. Signes particuliers : cheveux longs, regard profon
1338 s posthumes : l’artiste photographe et le régent. J’ ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédago
1339 s témoigne de la même maladresse professionnelle. J’ en connaissais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de
1340 e dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : «  J’ ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vo
1341 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l
1342 bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignemen
1343 les mouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils
1344 que certaines autres maladies dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décr
1345 reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes,
1346 rridors et les habits des écoliers empeste encore mes souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’éta
67 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
1347 3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ai entrepris d
1348 cune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera
1349 epris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnell
1350  on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignag
1351 n témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette institution passi
1352 ssée : mais celles-là sont les plus vives. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que
1353 plus vives. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous qui défendez de parti pr
1354 s plus que vous qui défendez de parti pris ce que j’ attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujo
1355 pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bour
1356 ordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise. Je tiens le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la
1357 que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruct
1358 déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruction
1359 justement par cette psychologie de l’enfant dont je disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qu
1360 qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut
1361 s de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut
1362 ut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on d
1363 ue notre peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est un
1364 uple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse v
1365 n !) Pour moi ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’eût pa
1366 scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’ eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible ta
1367 e possible tant que la loi est la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
1368 souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis , quelle est cette préparation à la vie qui commence par nous soustrai
1369 ie. Il y a là une préméditation de médiocrité que je ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a
1370 y a là une préméditation de médiocrité que je ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons
1371 là une préméditation de médiocrité que je ne puis m’ empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons poi
1372 es bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez- moi tous ces petits phonographes…ographes…graphes…graphes… Enfoncés, les
1373 ’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’ objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par d’
1374 ces brillants météores ne troublent pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasi
1375 tion publique qu’ils ont subies. Le dilemme J’ ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident q
1376 cident qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serai
1377 ent qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’ en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait f
68 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
1378 entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement, j’ en conviens.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travai
1379 peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’e
1380 e mettra à marcher dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je si
1381 er dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’ arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisiè
1382 ’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au
1383 je siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à crai
1384 la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à
1385 graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à l’école nouvelle un reproche d’une autre nature. Elle prétend
1386 de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’
1387 n enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants… Je reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifi
1388 ssés. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereu
1389 . Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereux.
1390 Or il paraît que c’est très dangereux. Néanmoins je soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui so
1391 vements des possibilités lointaines qui sont pour me plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jou
1392 qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait pe
1393 s une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité… Je songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont
1394 ’humanité… Je songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement
1395 ui sait ?… En attendant, puisqu’il faut attendre, je salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur les principes de l’
1396 es joyeuses sont de vraies foires : ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus libremen
1397 de vraies foires : ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus librement qu’ils trahiss
1398 rie de petits démocrates conscients et organisés. Je crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper p
1399 plus longtemps à MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis-je ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malen
1400 MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis- je  ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant es
1401 à cependant une possibilité pratique d’en sortir, je ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de r
1402 tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot.
69 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
1403 5. La machine à fabriquer des électeurs Je crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi
1404 à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu
1405 Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétu
1406 ut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’ explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous é
1407 qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’ entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans
1408 y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets o
1409 s idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que j’ ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à
1410 s, cette idée que j’ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à des faits patents et simples ; i
1411 tion publique est pratiquement irréalisable. Ici, je demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la
1412 e vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tel
1413 ouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tellem
1414 e satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes, je ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient eu
1415 eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a été
1416 u’ils faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle é
1417 utés pour célébrer les bienfaits sociaux, que dis- je , la valeur hautement moralisatrice de ces glapissants entonnoirs. D’
1418 on non moins flagrante, dans ses suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notr
1419 s (si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œ
1420 si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œuvr
1421 ter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instru
1422 Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime les tremblements de
1423 our m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’ aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à cette
1424 ’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’ appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à leur sensibilit
1425 qu’aux idées des autres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent
1426 tres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après
1427 e de ma sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les dé
1428 qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définiti
1429 iez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Après tout, peu m’importent les idéo
1430 lui donne raison par définition. Après tout, peu m’ importent les idéologies politiques, et peu m’importerait que l’École
1431 peu m’importent les idéologies politiques, et peu m’ importerait que l’École soit une machine à fabriquer de la démocratie
1432 oit une machine à fabriquer de la démocratie — si je ne sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
1433 dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement d
1434 valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je vie
1435 émocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je viens de décrire la marche nécessaire11. On ne manquera pas d’insinue
1436 es douleurs de jeunes bourgeois. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la
1437 eunes bourgeois. Essayer de venir me dire ça chez moi , n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je part
1438 sayer de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écœura
1439 s, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écœurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d’
1440 participais de l’écœurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquem
1441 ticipais de l’écœurant optimisme bourgeois que je m’ accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement
1442 ièges, ils comprendront le sens des images.) 9. J’ emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens
1443 opposés coïncident en tant de points — voilà qui m’ inquiéterait, à votre place.
70 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
1444 nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C
1445  rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais j
1446 antitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux
1447 er ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières », et q
1448 ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’ adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières », et qui
1449 s ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci
1450 ». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille étai
1451 mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille était encore un milieu naturel, donc normatif. Le coll
1452 Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver
1453 sse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’ aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à o
1454 que exigent une organisation à outrance du monde, je répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un
1455 ardisation de toutes les mesquineries naturelles ( je ne fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivé
71 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
1456 le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux,
1457 s vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’ en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre
1458 éreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne
1459 -ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dan
1460 ri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup des servants de la machine sont socialiste
1461 cialistes : voilà qui ne change pas le rendement, j’ imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès
1462 pprend les questions aussi bien que les réponses. J’ avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la c
1463 uestions aussi bien que les réponses. J’avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
1464 us allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’instruction publique est une puissance conservatrice.
1465 ratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste
1466 ser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier. Je distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
1467 l’humanité de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amou
1468 anité de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la
1469 de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis m’ empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la des
1470 it est la jalousie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habit
1471 rité des électeurs les considèrent comme tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la p
1472 es électeurs les considèrent comme tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart
1473 els. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’ aura fait remarquer que la plupart des intellectuels sont convertis de
1474 pposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’ attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant,
1475 . Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer
1476 nt et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. A
1477 us me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’ y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-je
1478 éparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai- je la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui rés
1479 é non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui réserve ? L’instruction publique est la forme la plus commune de
1480 complète, à un degré supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
1481 plète, à un degré supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je cr
1482 sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès ve
1483 tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame l’expulsion de la congrégation radicale des instituteurs. On
1484 de la congrégation radicale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne prop
1485 ale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis,
1486 ncore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais v
1487 e rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’ aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il conce
72 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
1488 . Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que j’ ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassure
1489 faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé mentale.) La question est de savoir si nous serons des hommes d
1490 gré les mots14, des anarchistes et des utopistes. J’ appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain
1491 espèce, un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que j’ aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui
1492 (ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est to
1493 rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi  ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou cons
1494 Que faire, diront les gens de bonne volonté dont mon imagination romantique suppose l’existence. Que faire ? Voir et pense
1495 les effets suivront infailliblement. Par exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Ro
1496 de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemb
1497 trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’ en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possi
1498 ais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une rév
1499 nnaissances mortes. Une technique spirituelle. Et puis , qu’il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette c
1500 és. On croit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la
1501 nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yog
1502 a. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes
1503 Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’ en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les
1504 r une grande intensité avec un minimum de moyens. J’ en citerai deux exemples : la discipline jésuite et le drill militaire
1505 yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comm
1506 n l’applique généralement. Ces gens-là diront que je veux militariser l’enseignement ou transformer les collèges en couven
1507 stent cachées aux agités ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on n
1508 e le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à poss
1509 avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière.
1510 sse quelque chose comme l’instruction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déj
1511 quelque chose comme l’instruction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà r
1512 e de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens
1513 mbre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les institut
1514 rai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font b
1515 ste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre d
1516 pparaissent ici que pour impressionner le public. Je n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en e
1517 promet des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1518 met des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1519 des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’ en moque. Je n’aime que la liberté.
1520 res à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
73 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
1521 … Ailleurs Colombes lumineuses des mains de mon amour écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous ne laissiez le
1522 n retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de
74 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
1523 épété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques
1524 disproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : «  j’ ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singuli
1525 ner très jeune, avec une clairvoyance singulière, mes propres limites, et j’ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C
1526 clairvoyance singulière, mes propres limites, et j’ ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’éco
75 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
1527 dain se dresse une énorme maison de pierre brune, puis une banque en style hongrois, façade aux grandes lignes verticales, p
1528 ticales, peinturlurée de bleu, d’or et de violet. Puis une rue de pierre grise toute boursouflée de prétentions munichoises.
1529 ise toute boursouflée de prétentions munichoises. Puis un palais gothique 1880, qui est le Parlement. Et voici la trouée du
76 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
1530 La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)o «  Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’i
1531 encore, et c’est là-dessus qu’il improvise, oh ! j’ aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaît comme une chose si
1532 e, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie m’ apparaît comme une chose si douce et si grande… »11 Et Bettina termin
1533 é les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus di
1534 dre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier, m’ occupant assez longuement d’un des poètes auxquels notre temps doit vo
1535 s d’entre nous se préparent à tenter le climat, —  j’ avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute asse
1536 ez profondément pour qu’aujourd’hui le hasard qui m’ amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pen
1537 encore quelques cris brisés : « Ô vieux démon ! —  je te rappelle — Ou bien envoie — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mai
1538 racle. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je suis descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la maison, en at
1539 ure. Il y a là une station de canots de louage où j’ ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un « Hypérion ».
1540 lderlin » à côté d’un « Hypérion ». En cherchant, je trouverais bien aussi un « Nietzsche » à fond plat. Des saules se pen
1541 s d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ? — 
1542 vous devez connaître ces portraits ? — (et comme je considère un ravissant médaillon de marbre) — Ça, c’est Diotima. » On
1543 — Ça, c’est Diotima. » On rougirait à moins. — «  Je ne puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aus
1544 c’est Diotima. » On rougirait à moins. — « Je ne puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’
1545 aimer, c’est seulement vouloir se marier… » — Et puis plus tard on encadre les lettres des amants, on propose le couple à l
1546 n grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longt
1547 ont fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de p
1548 i et juin sont lointains, Je ne suis plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que maintenant. La
1549 de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’ angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dan
1550 ui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visit
1551 tues et les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui pr
1552 approchent, tournoyent lentement dans la musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pag
1553 nts serrées. (« Weg zur Kraft und Schönheit ! »). J’ aime les bateaux plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui ne
1554 lons trop courts, qui se promènent tout seuls… Et puis , il lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme.
1555 lque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonn
1556 . Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiaires
1557 c que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle
1558 que vulgaire, par quel hasard, donne l’accord qui m’ ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur
1559 donne l’accord qui m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autou
1560 m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisa
1561 ppe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisant, transitoire, allusif. Tout se remet à signifier l’absenc
77 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
1562 qui chante et des enfants surtout, dès le début, puis plus tard encore, dans les songes des grandes personnes, — puis tous
1563 encore, dans les songes des grandes personnes, —  puis tous se perdent, comme des souvenirs, et l’on retrouve un peu plus lo
78 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
1564 isme à son mépris pour la révélation évangélique. Je ne vois là que l’indice d’une confusion bien française, hélas. ba.
79 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
1565 la défense contre ses adversaires de tous bords. Je voudrais souligner seulement la beauté de l’effort désintéressé de Ju
1566 de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure. Je suis loin de partager toutes les idées de M. Benda, sur le plan philo
1567 nda, sur le plan philosophique en particulier, où je me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda
1568 , sur le plan philosophique en particulier, où je me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda tr
1569 ahit pas.) D’autre part, de plus impertinents que moi ne manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel », la c
1570 n’en apparaît que plus pur. « Noms de clowns qui me viennent l’esprit : Julien Benda… », écrit Aragon. Et Daudet nous app
80 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
1571 les précieuses trouvaient cela d’un romantisme ! ma chère, d’un mauvais goût ! Cependant le jeune homme agitait ses ailes
1572 rt d’un poète en état, sans doute, d’inspiration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d
1573 ration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’ adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je sui
1574 déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un
1575 destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé ente
1576 me blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous a
1577 qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’ a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis d
1578 s aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
1579 pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son ma
1580 gnes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et concl
81 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
1581 sez pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux pe
1582 pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petit
1583 tion publique deux petits livres1 excellents dont je considère les thèses comme acquises : L’Éloge de l’ignorance, de M. A
1584 gnement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et point du tout tec
1585 , moins philosophique et point du tout technique. J’ apporte un témoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marqu
1586 émoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liais
1587 marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
1588 fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je
1589 doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste,
1590 e à elle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment tou
1591 e pareils souvenirs légitiment toutes les haines. Je serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce pet
1592 nt toutes les haines. Je serai méchant, parce que j’ en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à ri
1593 — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le
1594 tient des idées qui ne rapportent rien. En effet, je ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
1595 ffet, je ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma
1596 parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas l
1597 ersonne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
1598 tends pas même parler au nom de ma génération, ne m’ étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
1599 enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à ga
1600 igueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le p
1601 ond miraculeusement, gémir n’est pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans condition
1602 s un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer u
1603 molir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me conten
1604 est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
1605 pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe es
1606 rme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si
1607 s capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’ aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et org
1608 se ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui
1609 2, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en dou
1610 signalent bien souvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
1611 uvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les class
1612 nt nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’ attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer
1613 m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler
1614 à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me r
1615 compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me resservir ces arguments, bien que dûment prévus et réduits à néant ic
1616 réduits à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du
1617 es qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces f
1618 aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vertu m
1619 ticisme quant à la valeur réformatrice des idées, m’ accuser de faire une critique dangereuse ; 3° que néanmoins je crois à
1620 faire une critique dangereuse ; 3° que néanmoins je crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découvert
1621 tolérante qui se livrent à ces excès de langage. Je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du p
1622 langage. Je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question
1623 la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherche à démêler la vérité sans égards aux dérangements, même vi
1624 violents, que cela ne manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droi
1625 lents, que cela ne manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ;
1626 classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi je considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations act
1627 ruction publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savo
1628 lles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bo
1629 r le but final de notre institution-tabou.   1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques.
1630 ut final de notre institution-tabou.   1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Les mei
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
1631 1. Mes prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs
1632 pissier par le prix du mètre courant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
1633 ents trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bie
1634 grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile m
1635 dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent mon enfance : les séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce ma
1636 règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
1637 tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’ avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante,
1638 À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’école, parce que c’est la
1639 cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agréabl
1640 e c’est la loi. La première classe fut agréable : j’ alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusemen
1641 fut agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en t
1642 ’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’ étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui
1643 urs bâtons en rêvant à leur manière. Un jour cela m’ ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après sy
1644 eur manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements de
1645 déchiffraient les premières phrases exemplaires. ( J’ aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
1646 lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproche
1647 fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproches acides,
1648 n tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’ attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacrée : « Il
1649 bles exemples cet axiome qui devint la formule de mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait su
1650 douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’ avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléi
1651 régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rent
1652 velléité d’originalité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, ver
1653 ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse
1654 une importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterm
1655 ant à l’autre « évidence » que je viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre mal
1656 ntient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette
1657 notre malaise. Il me fallut un certain temps pour m’ habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir cra
1658 ut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des déco
1659 uer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’ en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop d
1660 eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ ouvris, c’est-à-dire que je me posais la question : est-ce vrai que to
1661 itudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je me posais la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être
1662 des apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je me posais la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être éga
1663 onquêtes. C’était découvrir notre asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçai
1664 de la relativité des décrets humains. Le prix de mes souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels p
1665 rmisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
1666 suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde déco
1667 ris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement
1668 exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi , j’avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois mat
1669 érait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’ avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérie
1670 délivré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit
1671 vissement de l’esprit et ces mythes stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les
1672 ythes stériles, que je les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les plus élémentaires de la vie.  
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
1673 2. Description du monstre Le service militaire me permit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’y retrouvai auss
1674 ermit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’ y retrouvai aussi plusieurs têtes connues d’anciens camarades d’école
1675 ernité véritable. Mais c’est en caserne aussi que je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et po
1676 ne question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de
1677 ans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai- je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par
1678 sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me p
1679 paysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de m’ échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’o
1680 plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que
1681 chauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs ga
1682 ilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causen
1683 ment. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’ oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent a
1684 i signent des manifestes en mauvais français — et je ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’ai fa
1685 peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’ ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédago
1686 s témoigne de la même maladresse professionnelle. J’ en connais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de 10
1687 e dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : «  J’ ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vo
1688 ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l
1689 bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignemen
1690 les mouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils
1691 que certaines autres maladies dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décr
1692 reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes,
1693 rridors et les habits des écoliers empeste encore mes souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’éta
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
1694 3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ai entrepris d
1695 cune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera
1696 epris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnell
1697  on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignag
1698 n témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette institution passi
1699 téressée : mais celle-là est la plus vive. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que
1700 a plus vive. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que vous, qui défendez de parti p
1701 plus que vous, qui défendez de parti pris ce que j’ attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujo
1702 pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bour
1703 ordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise. Je tiens le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la
1704 que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruct
1705 déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruction
1706 justement par cette psychologie de l’enfant dont je disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qu
1707 qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut
1708 s de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut
1709 ut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on d
1710 ue notre peuple met dans cette expression !) Pour moi , ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est u
1711 ple met dans cette expression !) Pour moi, ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse v
1712  !) Pour moi, ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’eût pa
1713 scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’ eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible ta
1714 e possible tant que la loi est la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
1715 souverain qui ne manque pas d’en être flatté. Et puis , quelle est cette préparation à la vie qui commence par nous soustrai
1716 ie. Il y a là une préméditation de médiocrité que je ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a
1717 y a là une préméditation de médiocrité que je ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons
1718 là une préméditation de médiocrité que je ne puis m’ empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons po
1719 es bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez- moi tous ces petits phonographes… ographes… graphes… graphes… Enfoncés, l
1720 ’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’ objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par d’
1721 ces brillants météores ne troublent pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasi
1722 publique qu’ils ont subies. 3.h. Le dilemme J’ ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident q
1723 cident qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serai
1724 ent qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’ en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait f
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
1725 entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement, j’ en conviens). On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travai
1726 peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’e
1727 e mettra à marcher dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je si
1728 er dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’ arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisiè
1729 ’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au
1730 je siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à crai
1731 la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à
1732 graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à l’école nouvelle un reproche d’une autre nature. Elle prétend
1733 de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’
1734 n enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants… Je reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifi
1735 ssés. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi , je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangere
1736 Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi, je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereux.
1737 Or il paraît que c’est très dangereux. Néanmoins, je soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui so
1738 vements des possibilités lointaines qui sont pour me plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jou
1739 qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait pe
1740 s une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité… Je songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont
1741 ’humanité… Je songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement
1742 ui sait ?… En attendant, puisqu’il faut attendre, je salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur les principes de l’
1743 les classes sont de vraies foires ; ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus libremen
1744 de vraies foires ; ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus librement qu’ils trahiss
1745 rie de petits démocrates conscients et organisés. Je crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper p
1746 plus longtemps à MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis-je ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malen
1747 MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis- je  ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant es
1748 à cependant une possibilité pratique d’en sortir, je ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de r
1749 tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot, p. 57.
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
1750 5. La machine à fabriquer des électeurs Je crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi
1751 à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu
1752 Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétu
1753 ut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’ explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous é
1754 qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’ entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans
1755 y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets o
1756 s idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que j’ ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à
1757 s, cette idée que j’ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à des faits patents et simples ; i
1758 tion publique est pratiquement irréalisable. Ici, je demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la
1759 e vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tel
1760 ouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tellem
1761 ne satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes je ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient ple
1762 ent pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour autant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a ét
1763 ’ils faisaient — et je les excuse pour autant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle é
1764 utés pour célébrer les bienfaits sociaux, que dis- je , la valeur hautement moralisatrice de ces glapissants entonnoirs. D’a
1765 on non moins flagrante, dans ses suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notr
1766 s (si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œ
1767 si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œuvr
1768 ter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant je vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instru
1769 Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime bien les tremblemen
1770 our m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’ aime bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à c
1771 bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’ appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à leur sensibilit
1772 qu’aux idées des autres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent
1773 tres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après
1774 e de ma sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les dé
1775 qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définiti
1776 iez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Après tout, peu m’importent les idéo
1777 lui donne raison par définition. Après tout, peu m’ importent les idéologies politiques, et peu m’importerait que l’École
1778 peu m’importent les idéologies politiques, et peu m’ importerait que l’École soit une machine à fabriquer de la démocratie
1779 oit une machine à fabriquer de la démocratie — si je ne sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
1780 dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement d
1781 valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je vie
1782 émocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je viens de décrire la marche nécessaire 11. On ne manquera pas d’insinu
1783 tes douleurs de jeune bourgeois. Essayez de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la
1784 jeune bourgeois. Essayez de venir me dire ça chez moi , n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je part
1785 sayez de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écoeur
1786 s, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écoeurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d
1787 articipais de l’écoeurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquem
1788 icipais de l’écoeurant optimisme bourgeois que je m’ accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement
1789 ièges, ils comprendront le sens des images.) 9. J’ emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens
1790 opposés coïncident en tant de points — voilà qui m’ inquiéterait, à votre place.
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
1791 nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C
1792  rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais j
1793 antitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux
1794 er ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières » et qu
1795 ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’ adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières » et qui p
1796 s ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci
1797 ». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille étai
1798 mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille était encore un milieu naturel, donc normatif. Le coll
1799 Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver
1800 sse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’ aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à o
1801 que exigent une organisation à outrance du monde, je répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un
1802 ardisation de toutes les mesquineries naturelles ( je ne fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivé
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
1803 le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux,
1804 , vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’ en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre
1805 éreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne
1806 -ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dan
1807 ri duquel on distille du radicalisme intégral. On me fera observer que beaucoup des servants de la machine sont socialiste
1808 ervateurs : voilà qui ne change pas le rendement, j’ imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès
1809 pprend les questions aussi bien que les réponses. J’ avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la c
1810 uestions aussi bien que les réponses. J’avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
1811 us allez feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’instruction publique est une puissance conservatrice.
1812 ratie peut se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste
1813 ser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier. Je distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
1814 humanité de demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amou
1815 té de demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la
1816 demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne puis m’ empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la des
1817 it est la jalousie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habit
1818 rité des électeurs les considèrent comme tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la p
1819 es électeurs les considèrent comme tels. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart
1820 els. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’ aura fait remarquer que la plupart des intellectuels se sont convertis
1821 pposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’ attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant,
1822 . Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer
1823 nt et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. A
1824 us me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’ y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-je
1825 éparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai- je la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui rés
1826 é non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui réserve ? L’instruction publique est la forme la plus commune de
1827 complète, à un degré supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
1828 plète, à un degré supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je cr
1829 sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès ve
1830 tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame l’expulsion de la congrégation radicale des instituteurs. On
1831 de la congrégation radicale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne prop
1832 ale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis,
1833 ncore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais v
1834 e rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’ aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il conce
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
1835 . Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que j’ ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassure
1836 faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à ma santé morale.) La question est de savoir si nous serons des hommes de
1837 ré les mots 14, des anarchistes et des utopistes. J’ appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain
1838 espèce, un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que j’ aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui
1839 (ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est to
1840 rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait moi  ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consa
1841 Que faire, diront les gens de bonne volonté dont mon imagination romantique suppose l’existence. Que faire ? Voir et pense
1842 les effets suivront infailliblement. Par exemple, je vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Ro
1843 de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemb
1844 trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’ en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possi
1845 ais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une rév
1846 nnaissances mortes. Une technique spirituelle. Et puis , qu’il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette c
1847 és. On croit devoir se défendre : on se moque. On me dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la
1848 nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yog
1849 a. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes
1850 Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’ en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les
1851 r une grande intensité avec un minimum de moyens. J’ en citerai deux exemples : la discipline jésuite et le drill militaire
1852 yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comm
1853 n l’applique généralement. Ces gens-là diront que je veux militariser l’enseignement ou transformer les collèges en couven
1854 stent cachées aux agités ; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on n
1855 e le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à poss
1856 avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière.
1857 sse quelque chose comme l’instruction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déj
1858 quelque chose comme l’instruction privée : et moi je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà r
1859 e de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens
1860 mbre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les institut
1861 rai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font b
1862 ste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre d
1863 pparaissent ici que pour impressionner le public. Je n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en e
1864 n promet des confitures à l’enfant s’il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1865 omet des confitures à l’enfant s’il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1866 t des confitures à l’enfant s’il est sage. Moi je m’ en moque. Je n’aime que la liberté.
1867 ures à l’enfant s’il est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
90 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
1868 pensée qui par ailleurs participe de la liberté : j’ entends la pensée mystique. L’expérience mystique a la même extension
1869 tte fatalité qui est le signe du monde matériel. Je vois l’humanisme nouveau sous l’aspect d’une culture des facultés mys
1870 particulière, antérieure à n’importe quel dogme. Je ne crois pas qu’il existe d’autres facultés capables d’équilibrer en
1871 ables d’équilibrer en nous l’esprit de géométrie. J’ imagine une méthode, une façon d’appréhender la vie, de hiérarchiser n
1872 it pas de l’existence la poésie, ce sens du Réel. Je vois se composer en cette méthode — peut-être séculairement — ce que
1873 sans doute… Mais tout commence par des rêves. Et je ne vois rien d’autre. Quoi qu’il en soit d’ailleurs du contenu d’un n
1874 faux dieux — le fascinant éclat de ce vide ? 5. Je songe à la « psychologie scientifique » et à ce leurre qu’est l’attit
1875 t à ce leurre qu’est l’attitude paralléliste. 6. J’ exagère probablement, car la sincérité de ce néo-scientisme tempéré — 
91 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
1876 Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)bd Si vous avez la curiosité, mieux, le goût
1877 r que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au
1878 émouvante bizarrerie (Mort d’un Page). Cependant je préfère ses proses : il y a ici plus qu’une manière et qu’un ton, il
1879 mps — depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith — je n’avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans
1880 ugemont Denis de, « [Compte rendu] Henri Michaux, Mes propriétés  », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, m
92 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
1881 matin plein de mouettes — « Un beau bruit d’ailes me fait un ciel » — la vaporeuse beauté du lac de Neuchâtel. Mlle Kikou
93 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Jullien du Breuil, Kate (avril 1930)
1882 e genre de livres — ils se multiplient — vient, à mon sens, de quelque chose qu’ils expriment sans doute inconsciemment et
94 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
1883 coupole errante des prières à dieux perdus. II Je ne sais pas où tu m’entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent au
1884 rières à dieux perdus. II Je ne sais pas où tu m’ entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent autour du monde où nous
1885 us qui rôdent à la recherche d’un corps faible. Je ne sais pas où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carr
1886 cherche d’un corps faible. Je ne sais pas où tu m’ attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus
1887 rps faible. Je ne sais pas où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus j’écoute encor
1888 comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus j’ écoute encore une voix nue qui vient de dire ton nom même avec l’accen
1889 dire ton nom même avec l’accent de notre amour et mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’entends. III Fais
1890 mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’ entends. III Fais rentrer dans leur peau d’ombre ces mots qui voud
1891 lèvres battent doucement écoute-les. IV Tends moi la main à travers cette ombre rapide si je te joins nous la tiendrons
1892 Tends moi la main à travers cette ombre rapide si je te joins nous la tiendrons captive écoute les cloches et le scintille
1893 x profondes qui échangent leurs douceurs. Tiens moi bien nous allons partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton
1894 rose éclôt voici ton heure au regard le plus pur je suis à toi dans le triomphe du silence sereine tu es toujours plus se
1895 V Oh qui a retiré tes mains des miennes quand je te regardais trop profond pour te voir ? Maintenant je suis seul à re
1896 regardais trop profond pour te voir ? Maintenant je suis seul à redescendre au jour dans l’aube sans refuges… VI Prison
95 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
1897 oésie, et la France c’est la Chambre des Députés, je n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, l
1898 n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé
1899 lemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi , je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est to
1900 d, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujou
1901 t l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le
1902 ur moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’ habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne
1903 l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’ accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histo
1904 t des noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’es
1905 s noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-c
1906 octambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce p
1907 -ce point la définition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais pr
1908 inition même de la luxure ? Quand je vais à pied, j’ oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparées pour sub
1909 ed, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’ avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates,
1910 ures phrases que j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se
1911 s que j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade as
1912 ue j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’ intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez
1913 er mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans un
1914 mies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans une sentime
1915 n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que mes rapports de politesse distante avec les
1916 e lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que mes rapports de politesse distante avec les personnes qui ont dit, ne fût
1917 ui ont dit, ne fût-ce qu’une fois en leur vie : «  J’ ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous de
1918 s deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie
1919 on disait au village où je suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au
1920 ur l’adresse d’un ogre. C’est tout près parce que j’ ai peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Mai
1921 ’ai peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous
1922 peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le
1923 is. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jea
1924 t d’un poète authentique. Le pittoresque. D’abord je crains que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bo
1925 oute relative aux modes de « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que le
1926 « vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvan
1927 s la, comédie n’est pas mon fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës,
1928 ail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans ma mémoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là, je le suppos
1929 (d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là, je le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent t
1930 nthropie en germe : les êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, h
1931 êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais p
1932 envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amou
1933 d enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. ( Je pense à la boussole autant qu’au sens moral.) Le goût de se perdre es
1934 des plus profonds mystères de notre condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des pa
1935 rquoi ne pas se perdre sans arrière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est s
1936 rière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
1937 réméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé. J’ ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d
1938 uble tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — 
1939 qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduira
1940 meil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’ emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si gra
1941 oi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Es
1942 s rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde
1943  ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des
1944 pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent des baraques épar
1945 désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi  : des murs sans yeux dominent des baraques éparses dans une brousse o
1946 bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et une e
1947 le : c’est tout de suite écœurant et prétentieux. Je suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simpleme
1948 suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler qu’en face d
1949 pure. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il m’ est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et
1950 ticulier à le parfaire ? — il est bientôt minuit. Mon fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, n
1951 Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fon
1952 pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendr
1953 es Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que j’ oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l
1954 très doucement. Un moment, il écouta sa mélopée. Puis envahi par un dernier feu, il se précipita dans sa chambre où il s’en
1955 de l’Italie et une certaine qualité de désespoir, je retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt qu
1956 vivre plutôt que d’en parler vous voyez bien que j’ ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous
1957 ui cachait le front des palais, une nuit d’hiver, je chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une r
1958 ériennes, des chansons populaires qui sont ce que je connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du im Leben
1959 nes. Un grand verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retrai
1960 nd verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des fen
1961 l est temps de mettre à ces fariboles un terme19. J’ ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes au
1962 erme19. J’ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’ aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe To
1963 équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe Toepffer (admiré par Goethe
96 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
1964 iquement française — et nul ne s’en déclare gêné, me semble-t-il… 3. Si nous jetons sur les lettres parisiennes un regard
1965 istrait mais circulaire, comme dirait Aragon — et je suppose que Beausire et Simond se livrèrent à ce petit jeu avant d’éc
1966 mythe ; des philosophes sans pente ni grandeur ; ( Je mets au concours ce problème, d’ailleurs insoluble : « Peut-on discer
1967 nnie Besant. Et c’est charmant, disent les dames. Je ne suis pas aussi dur que les dames. … et M. Maurois, comme disent be
1968 nq ou six poètes. 4. « Quelque grande que soit » mon envie — comme disent Beausire et la Grammaire — mon envie, ma passion
1969 n envie — comme disent Beausire et la Grammaire — mon envie, ma passion d’admirer, je cherche en vain l’homme qui brisant «
1970 omme disent Beausire et la Grammaire — mon envie, ma passion d’admirer, je cherche en vain l’homme qui brisant « les grill
1971 t la Grammaire — mon envie, ma passion d’admirer, je cherche en vain l’homme qui brisant « les grilles de la raison » libè
1972 « les grilles de la raison » libère « le lion de mes certitudes » — comme disent Simond et ce grand potache de Maldoror. «
1973 serait-ce avec des pamphlets qu’on la lui rend ? Je le trouve en tout cas bien tonique, celui que Beausire et Simond vien
1974 positivisme esthétique, ce désir de connaissance, puis désigne chez les surréalistes certains sophismes et ce « badinage mys
1975 y a bien quelques outrances dans tout ceci. Mais je voudrais que s’en offusquent ceux-là seuls que l’outrancière habileté
1976 que tout. Plutôt donc que de discuter ces thèses, je voudrais suivre leurs prolongements au-delà — au-dessous — de leurs p
1977 lan. C’est mal vu. » Ou si on les pose, ajouterai- je , c’est pour les résoudre aussitôt et d’une manière aussi peu comprome
1978 à Barrès de quitter sa chambre, son cigare ou son moi . » 8. « La France… n’a pas su faire la révolution morale… parce qu’e
1979 morale. Voilà notre aphorisme démontré. 9. Enfin je citerai deux petites phrases qui suffisent presque à situer la positi
1980 à Valéry ou au Surhomme, jamais absent d’ici, et je reprends ma liberté. Beausire admire Léonard d’avoir « tracé peut-êtr
1981 au Surhomme, jamais absent d’ici, et je reprends ma liberté. Beausire admire Léonard d’avoir « tracé peut-être pour toujo
1982 s au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les probl
1983 où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les problèmes qu’il s
97 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Le Grand Testament de Villon, illustré par Marcel North (juin 1930)
1984 ore cette main déjà experte et malicieuse. Ce que j’ aime ici, c’est un ravissant concours d’ingénuité et d’observation iro
98 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
1985 « Vos fantômes ne sont pas les miens … » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)s t
1986 ] (juillet 1930)s t I Vos fantômes ne sont pas les miens , et qui saura jamais s’ils ne sont pas pour moi « des choses » — et r
1987 miens, et qui saura jamais s’ils ne sont pas pour moi « des choses » — et réciproquement. La distinction entre « choses » e
1988 à des habitudes individuelles, en dehors de quoi je ne lui vois pas de signification générale. Certains fantômes m’appara
1989 pas de signification générale. Certains fantômes m’ apparaissent quand je suis faible, malade ou ivre, c’est-à-dire quand
1990 générale. Certains fantômes m’apparaissent quand je suis faible, malade ou ivre, c’est-à-dire quand je suis dominé par le
1991 e suis faible, malade ou ivre, c’est-à-dire quand je suis dominé par le monde. Ils ont tous le même air absurde. Des fantô
1992 nnants d’allusions indéfinies, naissent autour de moi quand la passion ou la prière me font centre de mon univers. La visi
1993 ssent autour de moi quand la passion ou la prière me font centre de mon univers. La vision « autre » dont vous parlez tra
1994 i quand la passion ou la prière me font centre de mon univers. La vision « autre » dont vous parlez traduit simplement une
1995 vous parlez traduit simplement une variation dans mes relations avec le monde. En quoi cette première question est assez in
1996 utre que la qualité du regard qui le perçoit. Dis- moi qui te hante… Ainsi, la vulgarité évidente des fantômes décrits par l
1997  [Réponse à une enquête] Vos fantômes ne sont pas les miens … », Raison d’être, Paris, juillet 1930, p. 7-8. t. Les réponses à ce
99 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
1998 on un peu hâtive à une « jeunesse » déjà démodée… Je crois que la jeunesse d’aujourd’hui s’éloigne plutôt de la grandiloqu
100 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
1999 de ministres en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce châtea
2000 s en retraite que de fauteuils. Et on me regarde. J’ ai beau feindre l’intérêt le plus singulier pour ce château sur la riv
2001 ur la rive, ils en ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où
2002 ont tant vu ! Ils aiment mieux me faire honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi.
2003 re honte de mon visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi d
2004 visage gris ; leurs yeux stupides me demandent où je n’ai pas dormi. Le seul refuge est à l’avant, parmi des cordages, des
2005 ue la phrase, l’unique phrase que Richard Strauss m’ aura jamais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatig
2006 mais adressée en cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué, je vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une
2007 cette vie : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué, je vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardes
2008 u vestiaire, il enfilait une manche de pardessus, me donnait l’autre à serrer, la main n’étant pas encore sortie… Dormir a
2009 ns cette foule et ces musiques, deux visages amis me sourient. Ô liberté aérienne des arrivées, premiers regards aux rues
2010 qui font des signes pour demain, présentations de mes Espoirs aux jeunes Promesses nationales (on n’a pas bien compris les
2011 tendresse pour tous les possibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi dans une grande maison calme
2012 ossibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi dans une grande maison calme aux voûtes sombres, qui
2013 ibles, qu’on appelle, je crois bien, jeunesse… Je me suis endormi dans une grande maison calme aux voûtes sombres, qui est
2014 . La recherche de l’objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en
2015 e de l’objet inconnu Personne n’a mon adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en ce premier
2016 on adresse, je n’attends rien d’ailleurs ; tout à ma chance hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la
2017 ce hongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’at
2018 ongroise en ce premier réveil — délivré. Chez moi je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’atten
2019 z moi je suis la proie de l’angoisse du courrier. J’ attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois
2020 e de l’angoisse du courrier. J’attends la lettre, j’ attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour n
2021 oisse du courrier. J’attends la lettre, j’attends je ne sais quoi de très important… Trois déceptions par jour ne peuvent
2022 par jour ne peuvent qu’énerver le désir. Parfois j’ imagine que le facteur va m’apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciat
2023 ver le désir. Parfois j’imagine que le facteur va m’ apporter ce Paquet inouï, cadeau annonciateur d’une miraculeuse et roy
2024 le Venue. Dans le silence de l’adoration comblée, j’ en sortirais de ces objets sans nom, inutilisables, bouleversants de p
2025 us pur. Le voyage trompe un temps cette angoisse. J’ irai chercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, l
2026 n temps cette angoisse. J’irai chercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qu
2027 cette angoisse. J’irai chercher moi-même, me suis- je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait s
2028 goisse. J’irai chercher moi-même, me suis-je dit, je ferai toutes les avances, les plus exténuantes, et qui sait si tant d
2029 choses pouvait offrir asile à l’objet inconnu que je chercherai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. E
2030 ai sans doute jusqu’à la fin des fins… Mais voici mes amis. Et la question terrible, tout de suite : « Mais qui, mais qu’êt
2031 u’êtes-vous venu chercher jusque chez nous ? » On me demandera donc toujours des passeports ? Dussè-je les inventer… Ah !
2032 me demandera donc toujours des passeports ? Dussè- je les inventer… Ah ! l’embarras de voyager n’est rien auprès de celui d
2033 i d’expliquer pourquoi l’on est parti. Cependant, mes regards errant sur une bibliothèque, je crois y trouver mon salut : «
2034 pendant, mes regards errant sur une bibliothèque, je crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabo
2035 s errant sur une bibliothèque, je crois y trouver mon salut : « Peter Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’éc
2036 Schlemihl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’ écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’
2037 hl, et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié- je , mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’user, ne
2038 et vous, A. O. Barnabooth, vous êtes, m’écrié-je, mes frères ! Nous traînons tous notre sabot, qui, loin de s’user, ne tard
2039 vre. Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vous au moins connaissiez ce qui causait votre malh
2040 moins connaissiez ce qui causait votre malheur ; moi , non. Barnabooth savait bien ce qu’il ne pouvait perdre, et c’était s
2041 ait ce qu’il avait perdu, c’était son ombre. Mais moi qui cherche un Objet Inconnu ! — Ô Destin sans repos et qui me voue à
2042 e un Objet Inconnu ! — Ô Destin sans repos et qui me voue à toutes les magies ! Les désirs les plus incompréhensibles s’em
2043 s désirs les plus incompréhensibles s’emparent de moi comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie qui
2044 s s’emparent de moi comme des superstitions. Tout mon avoir se fond dans une loterie qui peut-être n’a pas de gros lot, et
2045 rie qui peut-être n’a pas de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indu
2046 as de gros lot, et jamais, je crains bien, jamais je ne parviendrai à le regretter… » L’ironie indulgente et cette pitié à
2047 jeunesse démodée se peignirent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués.
2048 ent sur les traits de mes auditeurs. — Vous êtes, me dit-on, un amateur de troubles distingués. Peu de sens du réel. Mais
2049 ou tout au moins ce qu’il en reste. Sur quoi l’on m’ entraîna dans un musée sans sièges. Le Musée de Budapest enferme quelq
2050 andis que nous y rôdions, un soir étouffant, vous m’ avez montré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet du R
2051 ée, disiez-vous, le tombeau du prophète Gül Baba. Puis , comme le soleil se couchait, nous avons repassé un grand pont vibran
2052 sommes rentrés en Europe. Mais dès le lendemain, m’ échappant du programme, il a bien fallu que je recherche le chemin du
2053 in, m’échappant du programme, il a bien fallu que je recherche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’avait-on dit,
2054 herche le chemin du Rozsadomb. « Vous n’y verrez, m’ avait-on dit, qu’une paire de babouches dans une mosquée vide que pers
2055 stère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien que j’obéissais à ce que nos psychologues appellent une c
2056 ozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien que j’ obéissais à ce que nos psychologues appellent une conduite magique. Or
2057 justifiable : c’est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme je fer
2058 est le plaisir même de l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au
2059 l’enfance. Je portais donc ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinag
2060 ma vision d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet incon
2061 d’Orient et je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On pas
2062 is gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On passe une barrière, une c
2063 au est vide. Et les babouches ? Pas de babouches. Je sais bien que ce n’est pas l’heure de visiter : le Père des roses est
2064 t devenu le jardinier du Rozsadomb… Mais qu’eussè- je pu contempler de plus « objectivement » étrange que ce lieu — inquiét
2065 ntransigeant serait la seule conduite féconde. Il me semble que la servitude de l’homme moderne apparaît ici sous un aspec
2066 la sensibilité même qu’on impose une livrée. — «  Je comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !…
2067 é même qu’on impose une livrée. — « Je comprends, me dit-on. Vous êtes pour la fantaisie, c’est bien joli !… » — Non, Mons
2068 sieur, ce n’est pas joli, ce n’est pas fantaisie. Je parle simplement de vérité et de mensonge, opposant une réalité vivan
2069 t, disait-on, du temps que l’on parlait français. J’ expliquais donc que je ne voyage qu’au hasard, et pour rien ni personn
2070 que l’on parlait français. J’expliquais donc que je ne voyage qu’au hasard, et pour rien ni personne. Sur quoi : « Monsie
2071 devoirs. Nous voici plus à l’aise. Eh bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre cons
2072 voirs. Nous voici plus à l’aise. Eh bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre conserv
2073 h bien oui : je me ferai un mérite de perdre tout mon temps, si toutefois perdre conserve ici le sens qu’il a pris dans ce
2074 onserve ici le sens qu’il a pris dans ce monde, —  j’ entends : leur monde, avec leurs « problèmes du plus haut intérêt », l
2075 payer cher. Tout cela est langage de bourse. Pour moi , je poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la fac
2076 cher. Tout cela est langage de bourse. Pour moi, je poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la face de
2077 a est langage de bourse. Pour moi, je poursuivrai mon discours en faveur de l’inutile, et ceci à la face des bouffons qui p
2078 es mains dans leurs vastes poches insulaires pour m’ informer de cette irrécusable vérité : les affaires sont les affaires,
2079 t les affaires, axiome qui constitue à leurs yeux ma condamnation et celle des minus habentes qui me ressemblent. Au risqu
2080 x ma condamnation et celle des minus habentes qui me ressemblent. Au risque de les voir trépigner, je continuerai à cherch
2081 me ressemblent. Au risque de les voir trépigner, je continuerai à chercher mon bien de midi à quatorze heures, temps qu’i
2082 de les voir trépigner, je continuerai à chercher mon bien de midi à quatorze heures, temps qu’ils réservent à la masticati
2083 l’on ose dire, à assurer cette mastication. Mais je m’égare, laissons-là ces moutons. 5. Café amer En Hongrie l’on
2084 on ose dire, à assurer cette mastication. Mais je m’ égare, laissons-là ces moutons. 5. Café amer En Hongrie l’on est
2085 e que nous sommes en Hongrie. Et ce n’est pas que je trouve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je me défends d
2086 ve ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je me défends du pittoresque, ce n’est qu’amour jaloux du merveilleux, a
2087 ce raisonnement fin, encore que juste, mais si je me défends du pittoresque, ce n’est qu’amour jaloux du merveilleux, avec
2088 es presque excusables de ne le point apercevoir.) Je vais cependant dire quelque chose d’une scène pittoresque. Mais c’est
2089 scène pittoresque. Mais c’est une autre fois que je l’ai vue, à Pest, lors d’un autre séjour, dans la semaine qui suit No
2090 ffreusement belle dans un peignoir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Deh
2091 ement belle dans un peignoir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nou
2092 dans un peignoir noir et blanc… Je ne puis avaler mon verre de ce café trop amer qui pince la gorge. Dehors, nous ne parlon
2093 mâchoire. 6. Doutes sur la nature du Sujet Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant
2094 sur la nature du Sujet Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les cha
2095 re du Sujet Je crois qu’il faut que je raconte mon voyage « à la suite », renonçant à écrire d’abord les chapitres qui e
2096 à écrire d’abord les chapitres qui en ont envie, puis ceux qui en auront envie : car cela m’inciterait à chercher après cou
2097 t envie, puis ceux qui en auront envie : car cela m’ inciterait à chercher après coup des transitions, et c’est alors que l
2098 d’un pays apparaissant en général au voyageur de ma sorte sous ses modalités sentimentales plus que documentaires, peut-ê
2099 us que documentaires, peut-être serait-il bon que je parsème ce texte de quelques noms impossibles et de beaucoup de chiff
2100 si le lecteur superficiel aurait l’impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant admis que mon suje
2101 el aurait l’impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce q
2102 impression que je suis zur Sache, que je parle de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît
2103 che, que je parle de mon sujet, — étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît infiniment baroque, à peine c
2104 étant admis que mon sujet soit la Hongrie, ce qui me paraît infiniment baroque, à peine compréhensible, car on ne choisit
2105 ndeloque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais f
2106 loque insolite l’étrangeté de son éclat. Alors je m’ en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais fein
2107 e son éclat. Alors je m’en vais oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux ce
2108 oublier le But de mon voyage, — qui est sa cause. Je vais feindre de prendre au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’es
2109 use. Je vais feindre de prendre au sérieux ce que je vois. Ruse connue : c’est l’histoire du mot que vous avez sous la lan
2110 l’histoire du mot que vous avez sous la langue ; je vous conseille de n’y plus penser quelque temps… Car on ne trouve vra
2111 rand et gratuit, sacrifice.) … feuilletons un peu ma Hongrie. 7. Les magnats en taxis La place Saint-Georges, à Bude
2112 iducs, quel décor à rêver le cortège d’un sacre ! J’ y ai vu défiler la Chambre des Magnats, le jour de l’élection d’un des
2113 s instable des huit reflets de leur dignité. Mais je n’oublierai pas le sourire de ce vieux prince : un vrai sourire, adre
2114 — et le mot « affable » reprend ici sa noblesse. Mon voisin qui a la tête de François-Joseph, dont il fut peut-être valet,
2115 is semaines, à Freudenau, lors du Derby viennois, je les ai vus portant cylindre gris à la terrasse du Jockey-Club. Mainte
2116 thes sentimentaux qui gouverne les arguments. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosm
2117 ux qui gouverne les arguments. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme : la politique
2118 ents. Ici je rentre dans mes chasses et rembouche mon cor. Macrocosme et microcosme : la politique des peuples ressemble à
2119 Tendre d’après le traité de Trianon ! Ces choses, je les ai rêvées sur un divan, à cause d’un coussin où s’étalait le sour
2120 . Le roi. » 10. Visite à Babits Personne, à ma connaissance, ne se plaint de ce qu’il y a peu de poètes par le monde
2121 ts « bien hongrois » dans un style académique qui me paraît être le contraire du style hongrois. Il y a aussi une extrême
2122 la plus vivante du génie littéraire de cette race me paraît bien avoir été donnée par le groupe important du Nyugât (l’Occ
2123 Babits est aujourd’hui le chef de file. Des amis m’ emmènent le voir à Esztergóm, où il passe ses étés. Esztergóm est la p
2124 t la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence du Prince Primat. Au-
2125 le la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en bl
2126 non point à celle des arrivistes. 14. Parce que j’ « exalte les valeurs de passion » — pour parler comme le seul Clerc qu
2127 ler comme le seul Clerc qui n’ait pas trahi — qui me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je sui
2128 me paraissent être la grandeur de la Hongrie, on m’ expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit
2129 re la grandeur de la Hongrie, on m’expliquera que je suis pour la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que j’admire est
2130 ur la guerre, puisque enfin cet état d’esprit que j’ admire est, entre autres, belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment ne
2131 it que j’admire est, entre autres, belliqueux. Or je suis pacifiste. Comment ne pas l’être ? Mais je crois que les pacifis
2132 r je suis pacifiste. Comment ne pas l’être ? Mais je crois que les pacifistes qui veulent assurer la paix par la mutilatio