(1985) Articles divers (1982-1985) « Denis de Rougemont devant l’Histoire (17 juillet 1982) » p. 19

Denis de Rougemont devant l’Histoire (17 juillet 1982)i

Le Nouvel Observateur du 26 avril (n° 911) écrit, à propos du procès que j’ai intenté à Dominique Grisoni :

Le malentendu était à son comble. Rougemont et ses amis voulaient — légitimement — qu’on les lave de tout soupçon quant à leur attitude pendant la guerre. Mais Lévy et les siens voulaient faire le procès des années 1930.

En fait, j’attaquais Grisoni sur une phrase parue dans Lu, selon laquelle, lors de l’avènement de Pétain, le maréchal fut salué par les discours « des sombres thuriféraires de la droite, les Drieu, de Rougemont et autres Doriot et Darquier de Pellepoix » au nom de la Race, de la Terre et de la Nation. Le procès qui m’était fait n’était donc pas celui « des années 1930 ». Il portait sur mon action personnelle en juin 1940. Juin 1940, c’est « pendant la guerre ». C’est même après la guerre pour la France de Pétain. Le 17 juin 1940, entre la prise du pouvoir par Pétain dans la nuit du 16 et l’appel du général de Gaulle le matin du 18, je publiais en Suisse, où j’étais mobilisé comme officier, un article sur l’entrée de Hitler à Paris, qui me valut, le 20 juin, une condamnation à quinze jours de forteresse, au secret, pour « insulte à chef d’État étranger mettant ainsi en danger la sécurité de la Suisse ». Cet article faisait suite à tous les écrits dans lesquels, dès 1932, je n’ai cessé d’attaquer les totalitaires, noirs, rouges ou bruns, et le « fascisme à la française », expression créée par moi en 1936 dans la revue personnaliste L’Ordre nouveau .