Conférences d’▶Aubonne (7 avril 1926)d e
Pour la première fois cette année, ◀les▶ conférences ◀de▶ ◀l’▶Association chrétienne ◀d’▶étudiants eurent lieu au printemps, et non plus à Sainte-Croix, mais à Aubonne. Un plein succès a répondu à cette innovation.
◀Le▶ sujet ◀de▶ la première partie des conférences, ◀les▶ Objections des intellectuels au ◀Dieu▶ chrétien, fut introduit par M. Raymond de Saussure, psychanalyste distingué, qui se fit avec beaucoup ◀d’▶intelligence ◀l’▶avocat du diable, en montrant que tous ◀les▶ faits religieux admettent à côté de ◀l’▶explication mystique une explication scientifique. C’est donc à ◀la▶ seule volonté ◀de▶ choisir. M. ◀le▶ pasteur Bertrand de Lyon, répondit en exposant ◀les▶ exigences ◀de▶ ◀l’▶Évangile en face de ◀la▶ pensée moderne, et fut impressionnant ◀de▶ vigueur dialectique et ◀de▶ largeur ◀d’▶idées. Une soirée consacrée à ◀la▶ fédération vint interrompre ◀les▶ discussions philosophiques provoquées par ces deux travaux. Avec ◀la▶ conférence ◀de▶ M. Jean Cadier, un jeune pasteur français, on descendit — ou ◀l’▶on monta suivant M. A. Léo — du domaine ◀de▶ ◀la▶ pensée pure dans celui ◀de▶ ◀l’▶action. M. Cadier montra ◀le▶ conflit ◀de▶ ◀la▶ théologie moderne avec ◀l’▶action religieuse en s’appuyant sur des expériences faites pendant ◀le▶ réveil ◀de▶ ◀la▶ Drôme, dont il est l’un des artisans ◀les▶ plus actifs. Pour remplacer un travail promis par M. A. Reymond malheureusement indisposé, M. Pierre Maury fit une causerie émouvante sur ◀l’▶Évolution religieuse ◀de▶ Jacques Rivière, qui se trouva préciser bien des points laissés en suspens dans la première partie ◀de▶ ◀la▶ conférence. Puis M. A. Brémond, étudiant en théologie, présenta deux ouvriers ◀de▶ Paris, Clerville et Janson, dont il a eu ◀l’▶occasion ◀de▶ partager ◀les▶ conditions ◀de▶ vie et qui nous parlèrent l’un ◀de▶ ◀la▶ Réalité prolétarienne, l’autre ◀de▶ ◀la▶ Mentalité prolétarienne. Brémond conclut en montrant ◀la▶ nécessité et ◀les▶ difficultés ◀d’▶une action missionnaire dans ces milieux, comme M. Terrisse ◀l’▶avait fait ◀le▶ soir avant pour ◀les▶ milieux ◀d’▶ouvriers noirs au Cap. Sans toucher à des questions ◀de▶ partis, avec une passion contenue ◀d’▶hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus ◀de▶ mots ni ◀d’▶utopies, Clerville, Janson et Brémond ont su arracher leurs auditeurs ◀de▶ leur lit ◀de▶ préjugés pour ◀les▶ placer véritablement en face de ◀la▶ « réalité prolétarienne ». « Cercles vicieux que nos syndicats. Cercle vicieux, ◀l’▶augmentation des salaires. Ce que nous voulons, c’est élever ◀l’▶homme au-dessus ◀de▶ ◀la▶ plus dégradante condition, et nous n’y arriverons que par un travail ◀d’▶éducation lent et souvent dangereux. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. »
Cinq conférences et autant ◀de▶ cultes en trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’a pas connu ◀l’▶atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plus aéré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper ◀d’▶être bien pensant et ◀les▶ Romands recouvrent ◀l’▶usage ◀de▶ ◀la▶ parole, puis on va se dégourdir sur un ballon ou bien ◀l’▶on poursuit hors du village une discussion toujours trop courte. Et ◀les▶ repas réunissent tout le monde dans ◀la▶ gaieté ◀la▶ plus charmante. On y vit un ouvrier en maillot rouge assis entre un banquier et un philosophe au milieu d’une centaine ◀d’▶étudiants et ◀de▶ professeurs suisses et français. Miracle qui nous fit croire un instant à ◀la▶ fameuse devise ◀de▶ ◀la▶ Révolution.