Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)z
Il vient de paraître au Mercure de France un volumineux choix de▶ sentences, aphorismes et notes tirés des papiers posthumes ◀de▶ Nietzsche. On ne saurait surestimer ◀l’▶importance ◀de▶ ces écrits demeurés longtemps inédits, et dont M. Henri-Jean Bolle, qui a traduit et fort bien introduit ce volume, nous affirme qu’ils constituent ◀le▶ texte véritable ◀d’▶une œuvre dont ◀les▶ volumes parus du vivant de Nietzsche ne seraient guère que ◀le▶ commentaire. Je ne sais ce qu’il faut penser ◀d’▶une allégation qui paraît à première vue aussi exorbitante : je n’ai lu que ◀de▶ courts fragments des posthuma nietzschéens 66. Ce qui est certain, c’est qu’un choix tel que celui qu’on vient de nous donner, nous restitue ◀la▶ totalité des thèmes ◀de▶ ◀l’▶œuvre, sous une forme souvent beaucoup plus directe que celle qu’adopta Nietzsche dans ◀les▶ écrits qu’il fit paraître. On ne saurait trop recommander ◀la▶ lecture ◀de▶ ce recueil aux esprits suffisamment armés ◀de▶ sens critique, ◀de▶ certitudes théologiques, et ◀de▶ cette liberté spirituelle que confère ◀la▶ connaissance vivante ◀de▶ « ◀la▶ seule chose nécessaire ». Rien ◀de▶ grand, dans ◀l’▶ordre humain, ne peut être vraiment dangereux pour un chrétien qui sait en qui il croit. Et pour ◀les▶ autres, qu’importe qu’ils perdent à cette lecture des « certitudes » mal centrées, purement traditionnelles, jamais sérieusement éprouvées ? ◀La▶ foi vraie suppose ◀la▶ ruine ◀de▶ toutes ◀les▶ pauvres constructions où nous pensions pouvoir nous abriter contre son risque salutaire.
M. Bolle a réparti ◀les▶ fragments traduits en trois rubriques : ◀le▶ philosophe, ◀le▶ moraliste, ◀le▶ politique. Je ne vois pas ◀de▶ meilleur moyen ◀de▶ donner aux lecteurs ◀de▶ Foi et Vie une idée, même assez grossière, ◀de▶ ◀la▶ richesse ◀de▶ cet ensemble, que ◀de▶ lire avec eux ◀les▶ quelques pages ◀de▶ la première partie intitulées Religion et christianisme. Je ne puis tout citer : je me bornerai donc aux passages qui me paraissent prêter à un commentaire marginal, crayonné rapidement, à ◀la▶ volée, et sans autre ordre que celui-là même des aphorismes dans ◀l’▶édition ◀de▶ M. Bolle.
◀Le▶ sens historique n’est qu’une théologie masquée : “nous atteindrons un jour des buts magnifiques”. Un but final plane devant ◀les▶ regards ◀de▶ ◀l’▶homme. ◀Le▶ christianisme, qui maudit ◀l’▶humanité et en sort quelques spécimens rares et réussis, est ◀de▶ fond en comble non historique, parce qu’il nie que ◀les▶ millénaires à venir puissent produire quelque chose qui ne soit pas, dès maintenant et depuis 1800 ans, à ◀la▶ disposition ◀de▶ chacun. Si malgré cela, ◀l’▶époque actuelle est, dans son esprit, tout à fait historique, elle témoigne par ce fait que ◀l’▶humanité n’est plus courbée sous ◀le▶ joug, qu’elle est redevenue païenne comme elle ◀l’▶était il y a quelque mille ans.
On croirait presque lire du Kierkegaard ! N’est-ce pas Kierkegaard, en effet, qui, cinquante ans avant Nietzsche, partait en guerre contre ◀la▶ philosophie ◀de▶ ◀l’▶Évolution selon Hegel, et dénonçait en elle non seulement un succédané païen ◀de▶ ◀l’▶idée ◀de▶ Providence, mais surtout une négation ◀de▶ ◀la▶ foi ? Car ◀la▶ foi est, selon Kierkegaard, cette opération paradoxale qui nous rend contemporains du Christ incarné, et qui nie par là même ◀la▶ valeur ◀de▶ tous ◀les▶ siècles qui nous séparent apparemment ◀de▶ cet événement éternel. N’est-il pas fort étrange et humiliant, qu’il faille un incroyant pour nous rappeler que ◀le▶ salut, pour ◀le▶ chrétien, n’est pas dans ◀le▶ Progrès indéfini ◀de▶ notre histoire, mais qu’il est venu sur ◀la▶ terre, et qu’il est dès maintenant — hic et nunc ! — « à ◀la▶ disposition » du moindre d’entre nous. Nietzsche croit faire un reproche terrible au christianisme en ◀le▶ traitant ◀d’▶agent « non historique ». Il faut croire que cet adversaire ◀de▶ Hegel était encore bien mal purgé ◀de▶ ses superstitions pseudo-scientifiques ! Mais il n’importe. Ce qui est admirable ici, c’est ◀la▶ lucidité avec laquelle Nietzsche décèle ◀l’▶idolâtrie ◀de▶ notre temps, même s’il y participe pour son compte. Il est très vrai que nos contemporains ont cessé ◀de▶ croire, dans ◀l’▶ensemble, que ◀le▶ salut était déjà venu. Ils se sont mis à croire de nouveau que ◀le▶ Messie naîtrait ◀de▶ leurs efforts indéfinis vers ◀le▶ Progrès. Ils sont redevenus païens. ◀Les▶ plus conscients ◀de▶ ce paganisme nouveau ont adopté sa vraie théologie : ◀la▶ dialectique historique ◀de▶ Karl Marx.
En vertu de cet acte ◀de▶ foi, fait en révolte contre ◀la▶ vraie foi, ils se persuadent que ◀l’▶humanité sera meilleure, sera plus près de son « salut » dans cent ans qu’elle ne ◀l’▶est aujourd’hui. Mais que dis-je, cent ans ! Il faut à leur espoir ◀de▶ bien plus formidables chiffres. Ouvrez le dernier livre ◀de▶ M. Guéhenno67, vous y trouverez cette confession ahurissante : « Un grand savant, M. Langevin, expliqua un jour devant moi que nous avions derrière nous deux milliards ◀d’▶années, devant nous dix mille milliards ◀d’▶années. Nous sommes des enfants ◀de▶ deux ans qui auraient encore dix mille ans à vivre. ◀L’▶esprit métaphysique me souffle : “Et après ?” Mais je ne ◀l’▶écoute pas et trouve malgré tout ces chiffres consolants. » Au salut par ◀l’▶éternité, voici donc opposée une notion beaucoup plus scientifique et beaucoup plus conforme aux exigences ◀de▶ ◀l’▶Histoire : ◀le▶ salut par ◀la▶ sempiternité. Mais n’est-ce point là ce que toute ◀la▶ Bible nous désigne comme ◀l’▶enfer même : ne plus pouvoir échapper au temps, ne plus pouvoir mourir, ne plus pouvoir renaître ?
◀La▶ contemplation religieuse du monde sans ◀l’▶acuité et ◀la▶ profondeur ◀de▶ ◀l’▶intellect fait ◀de▶ ◀la▶ religion ◀la▶ chose ◀la▶ plus répugnante qui soit.
Oui, je sais bien ◀de▶ quoi il souffre, et contre quelle espèce déprimante ◀de▶ piétistes, arrogants dans leur bêtise, il se défend. Et pourtant, je puis donner à cette sentence une adhésion assez méfiante. Il est trop clair qu’on peut inverser ◀la▶ maxime : « ◀La▶ contemplation intellectuelle du monde sans ◀l’▶acuité et ◀la▶ profondeur ◀de▶ ◀la▶ foi fait ◀de▶ ◀l’▶intelligence ◀la▶ chose ◀la▶ plus répugnante qui soit. »
Il faut perdre ◀la▶ croyance en Dieu, en ◀la▶ liberté et en ◀l’▶immortalité, comme ses premières dents ; ce n’est qu’ensuite que vous pousse ◀la▶ véritable dentition.
◀La▶ foi est toujours une seconde dentition. Et celui qui n’est pas mort une bonne fois aux « croyances » héritées sans examen ◀de▶ son milieu, aux idoles édifiées par ses bons sentiments ou par sa peur ◀de▶ ◀la▶ réalité, celui-là n’est pas né à ◀la▶ foi. Il n’a pas ◀la▶ mâchoire solide. (Mais je vois bien que Nietzsche voulait dire autre chose…).
Même pour ◀l’▶homme ◀le▶ plus pieux, ◀le▶ déjeuner quotidien est plus important que ◀la▶ Sainte-Cène.
Kierkegaard n’eût pas mieux dit. « Pensées qui blessent — pour édifier » — c’est ainsi qu’il nommait ◀les▶ remarques amères qu’il ne pouvait s’empêcher ◀de▶ former au spectacle de ◀la▶ chrétienté et dans sa nostalgie ◀d’▶un christianisme vrai. Mais Nietzsche ? Est-ce mépris tout simplement ? Ou bien plutôt, dernier défi, secrète angoisse ◀de▶ ne pouvoir parvenir lui-même à prendre ◀le▶ repas sacré plus au sérieux que ◀le▶ menu ◀de▶ sa pension ? « Même pour ◀l’▶homme ◀le▶ plus pieux… » jugez des autres ! Jugez ◀de▶ moi ! semble-t-il dire. Et c’est ainsi que ◀l’▶incroyant se juge chaque fois qu’il prononce une vérité. En quoi ◀l’▶on pourra dire qu’il ressemble fort au croyant, — toutefois, sans ◀le▶ savoir, c’est là ◀le▶ point.
◀Les▶ hommes sont ◀le▶ plus superstitieux quand ils sont très excités. ◀Les▶ religions se consolident dans des périodes ◀de▶ grands troubles et ◀d’▶insécurité. Lorsque tout cède, on se cramponne à ◀l’▶illusion ◀de▶ ◀l’▶au-delà.
Parfaitement valable pour ◀les▶ religions, cette sentence est grossière, voire naïve, si Nietzsche entendait parler ◀de▶ ◀la▶ foi. ◀La▶ foi, qui donne à ◀l’▶homme ◀la▶ vision réaliste du péché, crée ◀la▶ crise bien davantage qu’elle n’en résulte. Ce qui résulte inévitablement ◀d’▶une crise que ◀la▶ foi ne résout pas (en lui substituant une autre crise plus radicale et salutaire) c’est, par exemple, ◀le▶ culte du Surhomme. ◀Le▶ « retour étemel » est alors ◀le▶ type même ◀de▶ ◀la▶ superstition née du cerveau ◀d’▶un homme très excité.
En somme, qu’est-ce que cela veut dire : J’aime ◀les▶ hommes pour ◀l’▶amour ◀de▶ Dieu ? Est-ce autre chose que ◀de▶ dire : J’aime ◀les▶ gendarmes pour ◀l’▶amour ◀de▶ ◀la▶ justice ? Ou ◀de▶ s’écrier, comme cette jeune fille : J’aime Schopenhauer, parce que grand-père ◀l’▶a connu et aimé ?
Phrase typique ◀d’▶un homme qui n’a jamais rencontré Dieu en Christ ; pas plus qu’on ne saurait rencontrer ◀la▶ justice ; pas plus que ◀la▶ jeune fille n’avait rencontré Schopenhauer.
◀La▶ nature est mauvaise, dit ◀le▶ christianisme : ne serait-il pas quelque chose contre nature ? Sinon, il serait, selon son propre jugement, quelque chose ◀de▶ mauvais.
Juste et profond. Et toujours bon à rappeler, à ces « chrétiens » que terrorise ◀l’▶idée même que ◀le▶ christianisme veut leur mort, pour leur donner ◀la▶ vie. Il s’agit ◀de▶ savoir si ◀la▶ nature actuelle ◀de▶ ◀l’▶homme est bonne ou mauvaise. ◀La▶ foi nous montre qu’elle est mauvaise. Dans ce sens, il est vrai ◀de▶ dire : ◀le▶ christianisme est contre nature. Et je m’explique mal pourquoi tant de bonnes âmes s’indignent lorsque Kierkegaard défend avec puissance cette vérité fondamentale. Mais si Nietzsche croit autre chose, s’il croit que ◀la▶ nature est bonne, pourquoi crie-t-il si fort que « ◀l’▶homme est quelque chose qui doit être surmonté » ? Il n’y a pas que ◀les▶ chrétiens pour ne pas croire assez à ce qu’ils croient, ou s’imaginent croire.
◀Le▶ repentir ! ◀Le▶ remords ! ◀Le▶ chrétien ne pense pas à son prochain, il est beaucoup trop occupé ◀de▶ soi-même !
Quelle que soit ◀la▶ justesse des critiques ◀de▶ Nietzsche — et jusque dans leur injustice, car il y a une manière « injuste » ◀de▶ dire des choses vraies en soi —, elles me laissent presque toujours plus perplexe sur son compte qu’inquiet sur le mien. Mauvais signe pour un penseur qui a entrepris ◀d’▶ébranler nos fondements. Si j’essaie ◀de▶ m’expliquer cette espèce ◀de▶ déception que me procure ◀la▶ critique nietzschéenne, je trouve ceci : Nietzsche parle sans autorité. Il a tendance à confondre ◀l’▶autorité et ◀la▶ violence. Mais ses violences sont contradictoires : il attaque ici ◀l’▶égoïsme, dont il fait par ailleurs ◀l’▶apologie, mais sans jamais « déclarer ses valeurs », sans jamais renvoyer à une autorité centrale qui donnerait ◀la▶ synthèse ◀de▶ ces contradictions. ◀La▶ vie chrétienne est pleine ◀de▶ contradictions, elle aussi, mais Paul ◀les▶ a toutes rassemblées dans une formule unique qui renvoie au fondement même du christianisme : ◀l’▶opposition du péché et ◀de▶ ◀la▶ foi. « Je ne fais pas ◀le▶ bien que j’aime, mais je fais ◀le▶ mal que je hais. » C’est pourquoi, lorsque Paul critique ◀la▶ vie des chrétiens ◀de▶ son temps, il parle avec autorité, tandis que ◀les▶ critiques ◀de▶ Nietzsche feront toujours ◀l’▶effet ◀de▶ criailleries.
◀L’▶intensité ◀de▶ ◀la▶ vie prise comme but unique ◀de▶ celle-ci, voilà une pensée qui est insupportable aux hommes.
Ne voyons-nous pas au contraire ◀le▶ monde contemporain entièrement dominé par une religion ◀de▶ ◀la▶ vie, ◀de▶ « ◀l’▶intensité » ◀de▶ ◀la▶ vie ? Ne voyons-nous pas cette mystique ◀de▶ « ◀l’▶intensité prise comme but », c’est-à-dire cette mystique ◀de▶ ◀la▶ vie prise comme but ◀de▶ ◀la▶ vie, et même ◀de▶ ◀la▶ religion, s’introduire jusque dans ◀les▶ sermons, et s’y substituer au respect ◀de▶ ◀la▶ vérité, soupçonnée, non sans quelque raison, ◀d’▶être parfois « antivitale » ? — « Pensée insupportable aux hommes » ? Nietzsche écrivait ceci en 1880. Cinquante-cinq ans plus tard, je serais tenté ◀de▶ dire que ◀les▶ hommes ne supportent plus aucune pensée qui contredise celle-là !
◀Le▶ christianisme a promis ◀le▶ royaume des cieux à ◀la▶ pauvreté spirituelle. Mais le premier chrétien cultivé et spirituel a donné au christianisme sa rhétorique et sa dialectique ; ◀de▶ ◀la▶ sorte, il a empêché ◀le▶ christianisme ◀de▶ mourir ◀de▶ sa pauvreté spirituelle.
On est toujours étonné ◀de▶ voir un esprit ◀de▶ ◀la▶ trempe ◀de▶ celui ◀de▶ Nietzsche se livrer à ◀d’▶aussi grossières confusions (pauvreté en esprit, ou esprit ◀de▶ pauvreté, confondu ici avec bêtise). Mais c’est bien là ◀la▶ malhonnêteté du positivisme primaire qui régna sur ◀le▶ siècle dernier, et dont ◀l’▶œuvre ◀de▶ Nietzsche a subi trop souvent ◀les▶ atteintes. Dans ce même livre, quatre pages plus bas, j’en trouve un autre exemple : Nietzsche croit découvrir que ◀la▶ notion chrétienne du Dieu paternel dérive ◀de▶ ◀la▶ notion « ◀de▶ ◀la▶ famille patriarcale ». Comme si ◀l’▶on ne pouvait pas soutenir ◀l’▶inverse ! et avec beaucoup plus ◀de▶ vraisemblance et même ◀de▶ « sérieux historique ».
Parmi toutes ◀les▶ criailleries ◀de▶ Nietzsche, certaines prennent un accent prophétique : « Des hommes ◀de▶ commandement commanderont aussi à leur Dieu, tout en croyant ◀le▶ servir. » Formule qui n’est pas valable pour ◀le▶ seul pape ◀de▶ Rome et pour ◀les▶ seuls conciles. ◀Les▶ grands mouvements fascistes ne se réclament-ils pas, eux aussi, ◀d’▶un « spirituel » préalablement « mis au pas » ? Et ne retrouvons-nous pas cette même forme ◀d’▶esprit sur un autre plan, dans ◀le▶ communisme russe ? On sait que ce régime s’est établi au nom de ◀la▶ Science, qui est son Dieu. On sait aussi qu’il n’a pas hésité à condamner ◀la▶ théorie ◀d’▶Einstein parce qu’elle contredisait ◀l’▶hypothèse marxiste. Croyant servir leur science, ils commandent à ◀la▶ science…, etc. Mais, afin que nul ne se croie justifié, voici pour ◀les▶ conservateurs : « Vous dites que vous croyez à ◀la▶ nécessité ◀de▶ ◀la▶ religion ? Soyez sincères ! Vous croyez à ◀la▶ nécessité ◀de▶ ◀la▶ police ! »
Dès que vous croyez qu’il y a, à côté de ◀la▶ causalité absolue, encore un Dieu ou une finalité, ◀l’▶idée ◀de▶ ◀la▶ nécessité devient insupportable.
Traduisons : dès que vous croyez qu’il y a, à côté de Dieu, encore un dieu : morale, devoir kantien, conscience, notion humaine ◀de▶ ◀la▶ justice, science, mystique ◀de▶ ◀la▶ vie, droit au bonheur, etc., ◀l’▶idée ◀de▶ ◀la▶ toute-puissance et ◀de▶ ◀la▶ liberté ◀de▶ Dieu devient insupportable. C’est ◀le▶ « Dieu moral » qui empêche, en particulier, une certaine théologie libérale ◀de▶ reconnaître que ◀le▶ Dieu de la Bible — ancien et nouveau Testament — est seul Maître ◀de▶ ◀la▶ seule Justice, ◀de▶ ◀la▶ seule Vie, ◀de▶ ◀la▶ seule Science, du seul Bonheur ; et qu’il a seul ◀le▶ droit ◀de▶ contredire nos notions, trop humaines et trop intéressées, ◀de▶ toutes ces choses. N’est-ce pas ce « Dieu moral » qui détourna plusieurs générations des églises où on ◀le▶ prêchait envers et contre tout « honneur ◀de▶ Dieu » ?
◀La▶ réfutation ◀de▶ Dieu : en somme, ce n’est que ◀le▶ “Dieu moral” qui est réfuté.
Il est bien significatif que ◀les▶ fragments ◀de▶ Nietzsche sur ◀la▶ religion se terminent par cet aphorisme ◀d’▶une éblouissante vérité.