Une idée de▶ Law (janvier 1937)ab
C’est dans ◀les▶ Œuvres ◀de▶ Law qu’on trouve cette remarque hardie :
◀La▶ victoire appartient toujours à celui qui a le dernier écu. On entretient en France une armée qui coûte 100 millions par an ; c’est 2 milliards pour vingt ans. Nous n’avons pas plus ◀de▶ cinq ans ◀de▶ guerre chaque vingt ans, et cette guerre, en outre, nous met en arrière de 1 milliard au moins. Voilà donc 3 milliards qu’il nous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est ◀le▶ résultat ? car ◀le▶ succès définitif est incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer ◀de▶ détruire 150 000 ennemis par ◀le▶ feu, ◀le▶ fer, ◀l’▶eau, ◀la▶ faim, ◀les▶ fatigues, ◀les▶ maladies. Ainsi, ◀la▶ destruction directe ou indirecte ◀d’▶un soldat allemand nous coûte 20 000 livres, sans compter ◀la▶ perte sur notre population, qui n’est réparée qu’au bout de vingt-cinq ans. Au lieu de cet attirail dispendieux, incommode et dangereux, ◀d’▶une armée permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner ◀les▶ frais et acheter ◀l’▶armée ennemie, lorsque ◀l’▶occasion s’en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres sterling. C’est ◀la▶ plus forte évaluation, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme on sait mais enfin, il y aurait encore moitié à gagner en finance et tout en population, car, pour son argent, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans ◀le▶ système actuel, on perd celui qu’on avait, sans profiter ◀de▶ celui qu’on a détruit si dispendieusement.
Compatriote ◀de▶ Law, M. Rickett songeait sans doute à une opération fort analogue lorsqu’il tenta ◀d’▶acheter ◀le▶ sol que ◀le▶ Duce se préparait à conquérir : c’était là proprement « couper ◀l’▶herbe sous ◀les▶ pieds » à ◀la▶ guerre. Mais ◀le▶ geste du capitaliste, qui eût été ◀la▶ plus belle farce ◀de▶ ◀l’▶Histoire, a soulevé ◀d’▶universelles protestations.
◀L’▶échec ◀de▶ Law et ◀l’▶échec ◀de▶ Rickett ne comportent pas ◀de▶ morale : je veux ◀le▶ croire pour ◀la▶ morale. Mais ils permettent ◀d’▶entrevoir l’une des raisons ◀de▶ notre anarchie économique.
◀Le▶ capitalisme ne serait peut-être pas un trop mauvais système si ses entreprises n’étaient constamment traversées par celles ◀d’▶une passion contraire, qui est ◀l’▶honneur. Car il est clair que ◀l’▶honneur seul — ou du moins ce qu’il nous en reste, et ce n’est qu’une caricature — retient ◀les▶ gouvernants ◀de▶ suivre jusqu’au bout, et sans scrupules, ◀la▶ logique du capitalisme. Or, ce système étant ◀de▶ ceux qui ne se peuvent soutenir que si rien ◀d’▶arbitraire ou ◀d’▶humain ne vient déranger ◀les▶ calculs, ◀l’▶on voit qu’en vérité, ce qui nous ruine, c’est bien ◀l’▶honneur — ◀le▶ budget ◀de▶ ◀l’▶honneur — et non pas je ne sais quels scandales…