Appendice IV
La vérité▶ n’est plus du côté des canons
J’ai entendu des philosophes staliniens, c’était en 1939, soutenir que Hegel s’était trompé en croyant que Napoléon allait mettre un terme à l’Histoire, parce qu’il avait les plus gros effectifs. Celui qui accomplirait l’Évolution, c’était Staline, nous disaient-ils, comme disposant du plus grand nombre de mitrailleuses au service de sa ◀vérité▶.
Les États-Unis d’Amérique ont aujourd’hui 1500 bombes en magasin, dont certaines, nous affirme-t-on, sont mille fois plus puissantes que celle d’Hiroshima. Il est donc clair pour un enfant que la ◀vérité▶ a changé de camp, et qu’elle siège pour l’heure à Washington. Les Soviets se voient rejetés au stade mental de ces « chercheurs de Dieu » dont il était souvent question au temps de la Russie des tsars.
Mais les États-Unis auront-ils le sang-froid d’utiliser leur avantage ? Je ne le pense pas, ni eux non plus. La « ◀vérité▶ », un jour ou l’autre, repassera donc le détroit de Behring, en direction de Moscou qui sait fort bien qu’il est dangereux de l’avoir et de n’en point faire usage.
Cette « ◀vérité▶ » n’est donc qu’une personne déplacée dans notre siècle, pitoyable caricature de cette tout autre ◀Vérité qui n’a point trouvé de lieu où reposer sa tête, et qui n’en trouvera sans doute point avant la fin des temps et le Siècle des siècles.