IV
Pour un Centre européen de la culture (documents de▶ La Haye)
Lors de ◀la▶ séance plénière du Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe consacrée aux problèmes ◀de▶ ◀la▶ culture, je terminai mon rôle ◀de▶ rapporteur ◀de▶ ◀la▶ commission culturelle par ◀les▶ quelques remarques suivantes :
Il me semble que ce congrès, tel qu’il s’est déroulé jusqu’ici, se distingue par une double originalité.
Premièrement, il est né ◀d’▶initiatives privées, en toute indépendance ◀de▶ nos gouvernements. Il parle au nom des peuples ◀de▶ ◀l’▶Europe — on n’avait jamais rien vu ◀de▶ pareil dans notre histoire — et il entend proposer en leur nom bien autre chose que des vœux : quelque chose qui, pour nous, Européens, héritiers ◀de▶ ◀la▶ Rome antique, revêt un sens presque majestueux, je veux dire des institutions.
En second lieu, ce congrès se distingue ◀de▶ toutes ◀les▶ autres entreprises internationales par ce trait : il a placé sur ◀le▶ même plan que ◀les▶ commissions habituelles (politique et économique) une commission ◀de▶ ◀la▶ culture. Et cela aussi ne s’était jamais vu.
Ce simple fait, qu’établit à vos yeux notre séance plénière ◀de▶ ce matin, me paraît mériter qu’on ◀le▶ souligne avec une insistance particulière.
Il signifie que ◀les▶ initiateurs ◀de▶ ce congrès ont senti ◀la▶ nécessité ◀de▶ considérer ◀la▶ culture comme autre chose qu’un ornement, qu’un masque plus ou moins élégant, ou qu’un prétexte à quelques phrases polies ou pieuses, hommage que ◀le▶ cynisme prétendu réaliste rend à ◀l’▶esprit prétendu pas sérieux.
Ceux qui vous ont invités à ce congrès ont donc senti ◀l’▶urgence ◀de▶ dégager ◀le▶ sens ◀de▶ ◀la▶ grande espérance qu’ils éveillaient en lançant leur appel à ◀l’▶union. S’unir pour quoi ? Et sur quelles bases ? Et pour quel bien que tous ◀les▶ hommes vraiment désirent ? C’est à ◀l’▶esprit, à ◀la▶ culture, ont-ils pensé, qu’il incombe ◀de▶ répondre d’abord. Et c’est pour essayer ◀de▶ répondre à ces grandes questions écrasantes que tant ◀d’▶hommes ◀les▶ plus éminents dans ◀la▶ vie culturelle ◀de▶ ◀l’▶Europe ont accepté ◀de▶ nous donner, depuis des mois, aux dépens de leur œuvre personnelle, leur collaboration, leur temps, aujourd’hui leur présence active.
S’ils ◀l’▶ont fait, c’est qu’ils se sont dit quelque chose qui ressemble à ceci : — Nous sommes tous surchargés, c’est entendu. Nous avons tous notre œuvre à continuer. Mais pourrons-nous ◀la▶ continuer longtemps si ◀l’▶Europe n’arrive pas à s’unir ? Pourra-t-on créer cette union autrement que toutes affaires cessantes ? Et n’avons-nous pas, à La Haye, une chance unique ◀de▶ faire valoir ◀les▶ droits ◀de▶ ◀l’▶esprit et ◀d’▶assumer en toute humilité ses lourds devoirs, pour ◀la▶ défense de ◀l’▶homme et ◀de▶ ses libertés ?
Permettez-moi ◀de▶ vous citer, entre cent, deux réponses qui ont été provoquées par ma lettre invitant ◀les▶ intellectuels ◀d’▶une douzaine ◀de▶ pays ◀de▶ ◀l’▶Europe à faire partie ◀de▶ notre commission. La première, ◀de▶ T. S. Eliot : « I feel that at the present time one ought to do what one can to support a movement of this kind, however desperate the attempt. » Et la seconde, ◀de▶ celui qui préside aujourd’hui notre commission, Salvador de Madariaga : « Je vous consacrerai volontiers un temps qui, à dire vrai, me manque. »
Eh bien, ◀le▶ miracle ◀de▶ ◀l’▶esprit n’est-il pas justement ◀de▶ créer par quelque opération magique ◀le▶ temps qui manque, ◀le▶ sens qui manque, ◀l’▶espoir et ◀la▶ vision qui, sans lui, manquent au monde ?
Mesdames et messieurs, je ◀le▶ sais bien, certains pensent que, pour ◀l’▶homme ◀de▶ ◀la▶ rue, ◀les▶ seules raisons sérieuses que nous ayons ◀de▶ vouloir une union ◀de▶ ◀l’▶Europe sont ◀d’▶un ordre plus terre à terre, sont des questions ◀de▶ politique courante, ou des questions économiques, considérées (à tort) comme purement matérielles. Et certains pensent que ◀la▶ défense ◀d’▶une notion proprement européenne ◀de▶ ◀l’▶homme, ◀de▶ sa culture, ◀de▶ son sens ◀de▶ ◀la▶ vie, c’est quelque chose ◀de▶ secondaire et qu’on peut renvoyer à plus tard.
Si, avec ce matérialisme-là, aussi naïf qu’il est courant, ◀l’▶on prétend que ◀la▶ seule chose sérieuse, c’est ◀l’▶organisation économique du continent, je répondrai : dans ce cas, soyons sérieux, et laissons-nous coloniser ◀le▶ plus vite possible. Un homme dont il me plaît ◀d’▶invoquer ◀l’▶ombre tutélaire sur ce Congrès, Paul Valéry, prévoyait ◀le▶ jour où ◀le▶ désir secret ◀de▶ ◀l’▶Europe serait ◀de▶ se laisser gouverner par une commission ◀d’▶experts américains…
Et, d’autre part, si ◀l’▶on prétend que ◀la▶ seule chose sérieuse, c’est ◀l’▶ordre politique, nous savons bien que certain parti totalitaire ne demande qu’à ◀l’▶établir à sa façon…
Je résumais ensuite certains passages du rapport ◀de▶ ◀la▶ commission, sur ◀la▶ primauté ◀de▶ ◀la▶ culture dans ◀le▶ complexe européen. « Si notre commission — disais-je en conclusion — par ◀le▶ seul fait ◀de▶ son existence et ◀de▶ son statut dans ce Congrès, a pu servir ◀d’▶illustration vivante à cette hiérarchie spirituelle, quelle que soit ◀la▶ valeur des résultats acquis par elle sur ◀le▶ papier, elle aura marqué une étape dans ◀le▶ réveil ◀de▶ ◀la▶ conscience européenne. »
◀La▶ commission culturelle pour La Haye fut constituée au mois ◀de▶ mars 1948. Elle avait pour mission (dans un délai ◀de▶ deux mois) ◀de▶ rédiger et ◀de▶ faire accepter par tous ◀les▶ organismes invitants un rapport général, un projet ◀de▶ résolution, enfin ◀le▶ Message final du Congrès.
◀De▶ nombreuses réunions préparatoires eurent lieu à Paris, à Genève, à ◀l’▶abbaye ◀de▶ Royaumont, et à ◀la▶ Chambre des communes. Des mémoires, suggestions et critiques nous furent envoyés de toutes parts. Et des contacts étroits furent établis avec ◀les▶ autres commissions — politique et économique — aux fins ◀d’▶harmoniser ◀les▶ terminologies et ◀l’▶orientation générale des rapports préparés pour ◀le▶ congrès.
On trouvera ci-après ◀les▶ documents qui résultèrent ◀de▶ ce travail. ◀Le▶ Rapport culturel et ◀le▶ Message aux Européens ont été rédigés en plein accord avec ◀le▶ Comité ◀de▶ coordination du congrès. Quant à ◀la▶ Résolution, elle fut mise au point, au terme des débats ◀de▶ La Haye, par un comité ◀de▶ six membres comprenant, outre ◀le▶ rapporteur : Mme Saumier, conseillère ◀de▶ ◀la▶ République et présidente ◀de▶ ◀la▶ Commission ◀de▶ ◀l’▶Éducation nationale ; M. Paul Bret, directeur ◀de▶ ◀l’▶Agence France-Presse ; Mr Kenneth Lindsay M. P. ; Sir David Maxwell-Fyfe M. P., ancien ministre, procureur général aux procès ◀de▶ Nuremberg ; et ◀le▶ Dr Ernst von Schenk.
Rapport culturel soumis au congrès ◀de▶ La Haye (7-11 mai 1948) par ◀le▶ Comité international ◀de▶ coordination des mouvements pour ◀l’▶unité européenne
Préambule
1. ◀L’▶union ◀de▶ ◀l’▶Europe apparaît nécessaire pour ◀la▶ sécurité ◀de▶ chacun ◀de▶ nos pays, mais aussi pour sa prospérité. Cependant, cette union resterait une utopie s’il n’existait, en deçà et au-delà ◀de▶ nos divisions actuelles, linguistiques, religieuses, et politiques, une entité européenne bien vivante, un sentiment commun auquel il soit possible ◀de▶ faire appel dès maintenant.
Notre première contribution à ◀l’▶union que nous voulons former doit être ◀d’▶éveiller et ◀d’▶exprimer ◀la▶ conscience ◀de▶ cette unité.
2. Quel que soit ◀le▶ parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons que ◀la▶ crise présente ◀de▶ ◀l’▶Europe met en cause quelque chose de plus profond que nos systèmes économiques et politiques : une notion ◀de▶ ◀l’▶homme et ◀de▶ ◀la▶ liberté, qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est sur elle seule que nous pourrons fonder solidement ◀l’▶union nécessaire.
3. Toutefois, dans une époque où ◀la▶ démagogie est en train de ruiner ◀le▶ langage à force ◀d’▶abus impunis, rendant tout dialogue incertain et tout pacte sujet à caution, il est vain ◀d’▶essayer ◀de▶ s’unir si ◀l’▶on n’a pas d’abord rendu leur sens commun aux mots-clés du débat historique qui met en jeu notre vie même.
Pour rendre leur plein sens et leur force ◀d’▶appel aux termes ◀de▶ liberté, ◀d’▶homme et ◀de▶ droits de l’homme, nous ne pouvons pas nous contenter ◀de▶ ◀les▶ redéfinir sur ◀le▶ papier. Cet effort nécessaire ne sera pas suffisant. Il doit être doublé immédiatement ◀d’▶un effort pour prendre au sérieux, pratiquement, nos définitions.
Notre deuxième objectif sera donc ◀de▶ proposer ◀l’▶établissement ◀d’▶institutions propres à garantir ◀l’▶exercice effectif des droits et des devoirs ◀de▶ ◀la▶ personne humaine, tels que ◀les▶ comprend ◀l’▶Occident.
◀La▶ conception européenne ◀de▶ ◀l’▶homme
4. S’il est vrai que ◀les▶ motifs immédiats ◀de▶ notre union sont ◀d’▶ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que ◀l’▶unité ◀de▶ ◀l’▶Europe est essentiellement culturelle, si ◀l’▶on prend ◀le▶ mot dans son sens ◀le▶ plus large.
◀La▶ culture véritable n’est pas un ornement, un simple luxe, ni un ensemble ◀de▶ spécialités qui ne concernent pas ◀l’▶homme ◀de▶ ◀la▶ rue. Elle naît ◀d’▶une prise de conscience ◀de▶ ◀la▶ vie, ◀d’▶un besoin perpétuel ◀d’▶approfondir ◀la▶ signification ◀de▶ ◀l’▶existence, et ◀d’▶augmenter ◀le▶ pouvoir ◀de▶ ◀l’▶homme sur ◀les▶ choses. Elle a fait ◀la▶ grandeur ◀de▶ ◀l’▶Europe.
Car, du point de vue ◀de▶ ◀la▶ géographie, ◀le▶ continent européen n’est qu’une péninsule ◀de▶ ◀l’▶Asie. Si ce petit coin ◀de▶ terre n’en est pas moins, depuis plus ◀de▶ deux-mille ans, ◀le▶ foyer ◀d’▶une puissance ◀d’▶invention sans égale et qui rayonne sur toute ◀la▶ planète, c’est à ◀l’▶esprit ◀de▶ ses habitants, c’est à sa culture qu’il ◀le▶ doit.
5. ◀La▶ création, ◀la▶ transmission et ◀l’▶élaboration ◀de▶ ◀la▶ culture n’ont jamais été, en Europe, ◀l’▶apanage ◀d’▶une doctrine unique, ◀d’▶une nation ou ◀d’▶une caste choisie. Elles résultent au contraire ◀d’▶un dialogue permanent (bien souvent dramatique, parfois tragique) entre un grand nombre ◀de▶ réalités et ◀de▶ tendances antagonistes qui, toutes, ont contribué à faire ◀l’▶Europe et à modeler ◀l’▶idée européenne ◀de▶ ◀l’▶homme : antiquité et christianisme, Église et État, catholicisme et protestantisme, attachements régionaux et sens ◀de▶ ◀l’▶universel, mémoire et invention, respect ◀de▶ ◀la▶ tradition et passion du progrès, science et sagesse, germanisme et latinité, individualisme et collectivisme, droits et devoirs, liberté et justice…
Dans ce débat auquel chacun ◀de▶ nous participe plus ou moins consciemment, réside ◀le▶ secret du dynamisme occidental et ◀de▶ ◀l’▶inquiétude créatrice qui pousse ◀l’▶Européen à remettre en question, ◀de▶ siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec ◀le▶ monde, avec ◀l’▶État et ◀la▶ communauté.
Toute notre histoire illustre ce débat, qui se livre en chacun ◀de▶ nous. Elle est ◀l’▶histoire des risques ◀de▶ ◀la▶ liberté, progressant entre ◀les▶ écueils du désordre et ◀de▶ ◀la▶ tyrannie.
Pour peu que ◀l’▶individu, abusant ◀de▶ ses droits et ◀de▶ sa liberté devenue facile, cède à ◀la▶ tentation ◀de▶ ◀l’▶anarchie, une réaction collectiviste se déclenche, au nom de ◀la▶ justice ou ◀de▶ ◀l’▶ordre social. Elle donne naissance à des régimes unitaires (qu’on appelle aujourd’hui totalitaires) contre lesquels ne tarde pas à se dresser, avec une passion renouvelée, ◀le▶ génie ◀de▶ ◀la▶ diversité, c’est-à-dire ◀de▶ ◀la▶ liberté.
Si nous cherchons maintenant dans quelle notion commune ◀de▶ ◀l’▶homme et ◀de▶ sa destinée se fonde cette critique alternée ◀de▶ ◀l’▶individualisme et du collectivisme, renaissant à toutes ◀les▶ époques, nous voyons se définir un certain idéal, qui n’a trouvé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été ◀l’▶axe ◀de▶ notre histoire, ◀la▶ vision directrice ◀de▶ nos révolutions : c’est ◀l’▶idéal ◀de▶ ◀la▶ personne humaine.
Cette notion ◀d’▶origine chrétienne, acceptée et reprise par ◀l’▶humanisme, est celle ◀de▶ ◀l’▶homme doublement responsable envers sa vocation et envers ◀la▶ cité : à la fois autonome et solidaire à la fois libre et engagé — et non pas seulement libre ou seulement engagé ; lieu ◀d’▶une synthèse vivante, mais aussi ◀d’▶un conflit, entre des exigences également valables mais pratiquement antagonistes. Cet homme est fidèle à lui-même tant qu’il accepte ◀le▶ dialogue et ◀le▶ dépasse en créations nouvelles. Il devient infidèle à lui-même et au génie créateur ◀de▶ ◀l’▶Europe, lorsqu’il cède à ◀la▶ tentation ◀de▶ supprimer l’un des termes du conflit, soit qu’il essaie ◀de▶ s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit qu’il prétende ◀l’▶imposer à tous ◀d’▶une manière uniforme, donc tyrannique.
Diversité et division des nations et des idéologies
6. Cette description succincte ◀de▶ ◀l’▶homme européen nous met en mesure ◀de▶ clarifier maintenant quelques-uns des problèmes brûlants que pose ◀l’▶union européenne. Tout d’abord, celui des nations.
◀La▶ diversité des nations, correspondant au cloisonnement géographique du continent, a fait pendant des siècles ◀l’▶originalité ◀de▶ ◀l’▶Europe et ◀la▶ fécondité ◀de▶ sa culture. Mais par suite de ◀la▶ collusion ◀de▶ ◀la▶ nation et ◀de▶ ◀l’▶État, fixant ◀les▶ mêmes frontières rigides à des réalités culturelles, linguistiques, économiques et administratives, qui n’ont aucune raison ◀de▶ se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division arbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels. Elle laisse chacune ◀de▶ nos patries incapable ◀de▶ sauvegarder son autonomie politique, ou ◀d’▶assurer son existence économique. Cet individualisme national, qui tend nécessairement à ◀l’▶autarcie, constitue aujourd’hui ◀le▶ pire danger pour ◀la▶ vie réelle des nations. Dans ◀l’▶état ◀de▶ faiblesse où il ◀les▶ met, il ◀les▶ livrera fatalement à ◀l’▶unification forcée, soit par ◀l’▶intervention ◀d’▶un empire du dehors, soit par ◀l’▶usurpation ◀d’▶un parti du dedans.
C’est pourquoi ◀l’▶union ◀de▶ ◀l’▶Europe est devenue ◀la▶ seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité.
7. Cette règle vaut aussi pour nos doctrines, partis et idéologies. Aussi indispensables que ◀les▶ nations à ◀la▶ vie ◀de▶ ◀la▶ culture et à ◀la▶ liberté, ces diversités à leur tour tendent à devenir des divisions mortelles. Tandis que ◀les▶ frontières étatiques cloisonnent ◀l’▶Europe verticalement, ◀les▶ idéologies et ◀les▶ partis ◀la▶ cloisonnent horizontalement. Leurs prétentions à un droit exclusif dans ◀l’▶organisation du continent n’est pas moins dangereuse et utopique, que ne serait « ◀l’▶impérialisme » ◀d’▶une seule nation.
Il est bien clair que ni ◀la▶ droite, ni ◀la▶ gauche, ni ◀le▶ centre, aujourd’hui, ne sont capables ◀de▶ créer ◀l’▶union. Aucun ◀de▶ ces partis n’est donc capable, à lui seul, ◀de▶ sauver ◀l’▶Europe, ni par suite son propre avenir. De même que ◀les▶ nations n’ont ◀de▶ chance ◀de▶ survivre que si elles renoncent à temps au dogme tyrannique ◀de▶ leur souveraineté absolue, ◀les▶ partis n’ont ◀de▶ chance ◀de▶ poursuivre leur lutte que s’ils en limitent ◀l’▶ambition, renoncent à toute visée totalitaire, et subordonnent leur tactique à ◀la▶ stratégie générale ◀d’▶une action ◀de▶ salut public européen.
◀La▶ liberté et ◀les▶ droits de l’homme
8. Certains voudraient que cette action fût proclamée au nom de ◀la▶ démocratie.
Mais il n’est pas ◀de▶ terme dont notre époque ait fait de plus flagrants abus. ◀Les▶ tyrans eux-mêmes s’en réclament. À tel point que ◀l’▶adjectif « démocratique » se voit revendiqué par ceux-là mêmes qui ont fait ◀de▶ ◀la▶ dictature un article ◀de▶ foi.
Ce serait d’ailleurs porter atteinte aux tempéraments nationaux que ◀de▶ prétendre imposer à ◀l’▶Europe une conception définitive et uniforme ◀de▶ ◀la▶ pratique démocratique. Toutefois, ici encore, une unité foncière transparaît dans nos diversités.
Au-delà ◀de▶ toutes ◀les▶ controverses ◀de▶ doctrines, qu’il nous suffise ◀de▶ reconnaître ici que, dans ◀l’▶Europe contemporaine, pour ◀l’▶écrasante majorité des citoyens, ◀le▶ mot démocratie est lié à tout régime (monarchique ou républicain) qui garantit ◀les▶ droits fondamentaux ◀de▶ ◀la▶ personne, qui respecte ◀l’▶opposition, et qui entretient un climat tolérable ◀de▶ libertés publiques et privées.
Ce sont ces libertés, et non des étiquettes que ◀les▶ peuples ◀d’▶Europe entendent sauvegarder.
9. Pour nous, Européens, ◀la▶ liberté consiste dans ◀l’▶exercice des droits fondamentaux que possède tout homme en tant qu’homme.
◀L’▶État ne peut ni donner, ni retirer ces droits, qui lui sont antérieurs et supérieurs ; mais il doit ◀les▶ servir et ◀les▶ aménager.
Quel que soit ◀le▶ nom du régime que se donne librement tel peuple ◀de▶ ◀l’▶Europe, il trouvera sa place dans ◀l’▶Union s’il respecte ◀les▶ droits humains qui appartiennent à ◀la▶ personne, comme ◀l’▶habeas corpus, ◀le▶ droit ◀de▶ circuler, ◀le▶ droit ◀de▶ professer ◀la▶ religion ◀de▶ son choix.
10. Tout État de l’Union devra reconnaître aux citoyens et groupes ◀de▶ citoyens ◀le▶ droit ◀d’▶opposition légale.
Dans ◀la▶ crise actuelle, ce droit nous apparaît comme ◀la▶ seule garantie pratique des libertés ◀d’▶association, ◀de▶ réunion, ◀d’▶expression et ◀de▶ propagande. Il implique ◀la▶ condamnation du régime du parti unique, ◀de▶ ◀la▶ terreur, et en général ◀de▶ toute pression exercée par ◀le▶ gouvernement sur ◀l’▶opinion et ◀la▶ vie politique.
Cour suprême
11. Enfin, ◀la▶ protection des droits ◀de▶ ◀la▶ personne, qui doit rester ◀le▶ but principal ◀de▶ ◀l’▶Union exige ◀l’▶institution ◀d’▶une Cour suprême, instance supérieure aux États, et à laquelle puissent en appeler ◀les▶ citoyens, ◀les▶ groupes variés et ◀les▶ minorités.
Il lui appartiendra ◀de▶ veiller en général, dans toute ◀l’▶étendue ◀de▶ ◀l’▶Union, à ◀l’▶application ◀d’▶une Charte des droits et des devoirs ◀de▶ ◀la▶ personne, doublée ◀d’▶une Charte des droits et des devoirs ◀de▶ ◀la▶ nation, toutes ◀les▶ deux étant reconnues par une convention solennelle entre ◀les▶ membres ◀de▶ ◀l’▶Union.
Centre européen de la culture
12. ◀Les▶ organes juridiques, économiques et politiques que devra se donner ◀l’▶Union, ne sauraient fonctionner au bénéfice des personnes, groupes et nations, que s’ils sont approuvés et soutenus par ◀l’▶opinion européenne.
Celle-ci doit être désormais dotée ◀de▶ moyens ◀d’▶expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans ◀les▶ nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus en plus consciente ◀de▶ ◀l’▶unité profonde ◀de▶ ◀l’▶Europe et ◀de▶ ◀la▶ richesse ◀de▶ ses diversités.
13. Pour développer parmi nos diverses nations ◀le▶ sens ◀de▶ leur commune appartenance à ◀l’▶Europe et ◀de▶ leur commun attachement à ◀la▶ liberté ◀de▶ pensée, ◀l’▶union européenne, dans ◀le▶ cadre ◀de▶ laquelle nous voulons travailler, a besoin ◀d’▶organismes qui donnent une voix à ◀la▶ conscience ◀de▶ ◀l’▶Europe et des peuples qui lui sont associés. Mais pour cette fin précise ◀les▶ instituts ◀de▶ culture mondiaux couvrent un terrain trop vaste, tandis que ◀les▶ instituts nationaux se limitent à un domaine trop étroit.
Un Centre européen de la culture devra donc être institué. Il aura pour mission générale ◀d’▶assurer ◀la▶ mise en œuvre des principes et des idéaux que nous venons de définir.
Constitué en toute indépendance des contrôles gouvernementaux, cet organisme aura pour tâches immédiates ◀d’▶étudier et ◀de▶ proposer toute mesure propre à promouvoir ◀le▶ sentiment ◀de▶ ◀l’▶unité européenne ; ◀d’▶agir dans ce sens sur ◀l’▶opinion, ◀la▶ presse, ◀le▶ film et ◀la▶ radio, par voie ◀d’▶informations et ◀de▶ recommandations ; ◀de▶ coordonner ◀les▶ efforts pour créer une union des universités et des membres des corps enseignants ; et enfin ◀d’▶exercer un contrôle vigilant pour restaurer ◀le▶ propre usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’est possible.
De plus, ◀le▶ Centre européen offrirait un lieu ◀de▶ rencontre aux porteurs et aux créateurs ◀de▶ ◀la▶ culture occidentale, afin qu’ils puissent examiner ensemble ◀les▶ grandes questions qui affectent ◀la▶ vie ◀de▶ ◀l’▶Europe, et s’exprimer à leur sujet par des appels à ◀l’▶opinion publique.
Conclusion : ◀l’▶universalisme européen
14. Une fois rendue plus consciente ◀d’▶elle-même, ◀de▶ ses ressources infiniment variées et ◀de▶ son idéal commun, ◀l’▶Europe pourra revenir avec une confiance neuve à sa vocation millénaire, qui est une vocation ◀d’▶universalité, ◀de▶ rayonnement mais en même temps ◀d’▶accueil aux apports ◀de▶ toutes ◀les▶ cultures.
C’est donc dans ◀l’▶intérêt ◀de▶ ◀l’▶humanité entière qu’au milieu de ◀la▶ crise actuelle, ◀l’▶Europe garde ◀la▶ mission ◀de▶ témoigner pour ◀l’▶homme, ◀d’▶inventer ◀la▶ synthèse, que prépare son histoire, entre ◀la▶ liberté et ◀la▶ justice, et ◀de▶ créer ◀les▶ lois et ◀les▶ institutions qu’implique son idéal ◀de▶ ◀la▶ personne.
◀L’▶heure est venue de rallier pour ce nouveau destin tous ◀les▶ peuples du continent représentés ici ou non — en une fédération qui sera le premier pas vers ◀la▶ fédération mondiale.
Résolution proposée au Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe, ◀le▶ 9 mai 1948, par ◀la▶ commission culturelle
Considérant que ◀l’▶union européenne a cessé ◀d’▶être une utopie pour devenir une nécessité, mais qu’elle ne peut être fondée durablement que dans une unité déjà vivante ;
Considérant que cette unité profonde, au sein même ◀de▶ nos diversités nationales, doctrinales et religieuses, est celle ◀d’▶un commun héritage ◀de▶ civilisation chrétienne, ◀de▶ valeurs spirituelles et culturelles, et ◀d’▶un commun attachement aux droits fondamentaux ◀de▶ ◀l’▶homme, notamment à ◀la▶ liberté ◀de▶ pensée et ◀d’▶expression ;
Considérant que ◀les▶ efforts pour nous unir doivent être soutenus et vivifiés par un réveil ◀de▶ ◀la▶ conscience européenne, que celle-ci doit être informée, stimulée, et dotée ◀de▶ moyens ◀d’▶expression ;
Considérant que, pour cette fin précise, ◀les▶ organisations ◀de▶ culture mondiales, comme ◀l’▶Unesco, couvrent un champ trop vaste, tandis que ◀les▶ instituts nationaux se limitent à un domaine trop étroit, ◀de▶ telle sorte qu’il n’existe pratiquement aucune institution européenne capable ◀d’▶accomplir ◀les▶ tâches ci-dessus définies ;
Considérant que ◀l’▶article II du traité ◀de▶ Bruxelles engage ◀les▶ gouvernements intéressés à promouvoir ◀les▶ échanges culturels par des conventions réciproques ou par tous autres moyens ;
◀Le▶ Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe propose :
◀La▶ création ◀d’▶un organisme permanent qui aurait notamment pour tâche ◀d’▶étudier ◀la▶ constitution et ◀les▶ attributions ◀d’▶un Centre européen de la culture.
Constitué en toute indépendance des contrôles gouvernementaux, cet organisme aurait pour mission générale ◀de▶ donner une voix à ◀la▶ conscience européenne.
◀Le▶ Centre européen de la culture aurait pour tâches immédiates :
1. ◀D’▶entretenir ◀le▶ sentiment ◀de▶ ◀la▶ communauté européenne par ◀le▶ moyen ◀d’▶informations et ◀d’▶initiatives, dans ◀le▶ domaine ◀de▶ ◀la▶ presse, du livre, du film et ◀de▶ ◀la▶ radio, mais aussi dans ◀les▶ établissements ◀d’▶enseignement scolaires, universitaires et populaires ;
2. ◀D’▶offrir un lieu ◀de▶ rencontre aux représentants ◀de▶ ◀la▶ culture, afin qu’ils puissent exprimer un point de vue proprement européen sur ◀les▶ grandes questions intéressant ◀la▶ vie du continent, par voie ◀d’▶appels à ◀l’▶opinion et aux gouvernements ;
3. ◀D’▶exercer une action ◀de▶ vigilance critique pour assurer ou restaurer ◀la▶ juste valeur des mots sans lesquels aucun pacte n’est possible ;
a) ◀le▶ droit qu’a tout citoyen ◀de▶ connaître ◀les▶ faits bruts ◀de▶ ◀l’▶actualité, indépendamment des interprétations et des commentaires ;
b) ◀le▶ devoir qui incombe aux gouvernements ◀de▶ laisser chaque communauté donner satisfaction à ce droit, indépendamment ◀de▶ toute pression, ◀de▶ quelque nature qu’elle soit ;
4. ◀De▶ favoriser ◀la▶ libre circulation des idées, des publications et des œuvres d’art ◀d’▶un pays à l’autre ;
5. ◀De▶ faciliter ◀la▶ coordination des recherches sur ◀la▶ condition ◀de▶ ◀l’▶homme européen au xxe siècle, en particulier dans ◀les▶ domaines ◀de▶ ◀la▶ pédagogie, ◀de▶ ◀la▶ psychologie, ◀de▶ ◀la▶ philosophie, ◀de▶ ◀la▶ sociologie et du droit ;
6. ◀D’▶appuyer tous ◀les▶ efforts tendant à ◀la▶ fédération des universités européennes, et à ◀la▶ garantie ◀de▶ leur indépendance par rapport aux États et aux pressions politiques ; et ◀de▶ favoriser ◀la▶ collaboration étroite des corps enseignants, en vue notamment ◀de▶ procéder à une révision des manuels ◀d’▶histoire, telle qu’elle a déjà été accomplie dans ◀les▶ pays scandinaves ;
En outre, ◀le▶ Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe :
Considérant que ◀l’▶avenir ◀de▶ ◀l’▶Europe repose sur sa Jeunesse ;
Considérant que ◀la▶ formation physique, intellectuelle et morale ◀de▶ cette Jeunesse dépend surtout des mères et des éducateurs ;
Souhaite :
A) que ◀les▶ femmes et ◀les▶ éducateurs soient appelés à participer largement à tous ◀les▶ travaux ◀de▶ toutes ◀les▶ assemblées et centres ◀de▶ culture ;
B) que soit créé un Centre européen ◀de▶ ◀l’▶enfance et ◀de▶ ◀la▶ jeunesse
1) pour coordonner ◀les▶ efforts communs et étudier ◀les▶ mesures propres à résoudre, sur le plan européen, ◀les▶ problèmes actuels (alimentation des enfants — formation morale — rééducation ◀de▶ ◀la▶ jeunesse délinquante — réadaptation et adoption des victimes ◀de▶ ◀la▶ guerre, orphelins, enfants abandonnés, enfants apatrides).
2) pour favoriser ◀les▶ échanges entre jeunes Européens ◀de▶ toutes conditions sociales, par des facilités ◀de▶ change et ◀d’▶accueil (études — apprentissage — voyages ◀d’▶information).
Enfin,
Considérant que ◀la▶ défense des droits de l’homme est ◀l’▶axe même ◀de▶ nos efforts vers une Europe unie ;
Considérant qu’une Déclaration des droits est insuffisante et qu’il faut lui conférer un caractère juridiquement obligatoire, en ◀l’▶appuyant sur une Convention conclue entre ◀les▶ États membres ◀de▶ ◀l’▶union européenne ;
Considérant que ◀l’▶établissement ◀d’▶une institution supranationale telle qu’une Cour suprême, comme organe ◀de▶ contrôle judiciaire, est indispensable à ◀la▶ garantie des droits ;
◀Le▶ Congrès ◀de▶ ◀l’▶Europe estime :
Que ◀la▶ fédération européenne implique ◀l’▶existence ◀d’▶une Cour suprême, instance supérieure aux États, à laquelle puissent en appeler ◀les▶ personnes et ◀les▶ collectivités, et destinée à assurer ◀la▶ mise en œuvre ◀de▶ ◀la▶ Déclaration des droits.
Message aux Européens
◀L’▶Europe est menacée, ◀l’▶Europe est divisée, et ◀la▶ plus grave menace vient de ses divisions.
Appauvrie, encombrée ◀de▶ barrières qui empêchent ses biens ◀de▶ circuler, mais qui ne sauraient plus ◀la▶ protéger, notre Europe désunie marche à sa fin. Aucun ◀de▶ nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse ◀de▶ son indépendance. Aucun ◀de▶ nos pays ne peut résoudre, seul, ◀les▶ problèmes que lui pose ◀l’▶économie moderne. À défaut ◀d’▶une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à ◀l’▶unification forcée, soit par ◀l’▶intervention ◀d’▶un empire du dehors, soit par ◀l’▶usurpation ◀d’▶un parti du dedans.
◀L’▶heure est venue ◀d’▶entreprendre une action qui soit à ◀la▶ mesure du danger.
Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec ◀les▶ peuples ◀d’▶outre-mer associés à nos destinées, ◀la▶ plus grande formation politique et ◀le▶ plus vaste ensemble économique ◀de▶ notre temps. Jamais ◀l’▶histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemblement ◀d’▶hommes libres. Jamais ◀la▶ guerre, ◀la▶ peur, et ◀la▶ misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire.
Entre ce grand péril et cette grande espérance ◀la▶ vocation ◀de▶ ◀l’▶Europe se définit clairement.
Elle est ◀d’▶unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui ◀de▶ ◀la▶ diversité, et dans ◀les▶ conditions du xxe siècle, qui sont celles ◀de▶ ◀la▶ communauté, afin d’ouvrir au monde ◀la▶ voie qu’il cherche, ◀la▶ voie des libertés organisées. Elle est ◀de▶ ranimer ses pouvoirs ◀d’▶invention pour ◀la▶ défense et pour ◀l’▶illustration des droits et des devoirs ◀de▶ ◀la▶ personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités, ◀l’▶Europe demeure aux yeux du monde ◀le▶ grand témoin.
◀La▶ conquête suprême ◀de▶ ◀l’▶Europe s’appelle ◀la▶ dignité ◀de▶ ◀l’▶homme, et sa vraie force est dans ◀la▶ liberté. Tel est ◀l’▶enjeu final ◀de▶ notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises, mais aussi pour en élargir ◀le▶ bénéfice à tous ◀les▶ hommes, que nous voulons ◀l’▶union ◀de▶ notre continent.
Sur cette union ◀l’▶Europe joue son destin et celui ◀de▶ ◀la▶ paix du monde.
Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une voix à tous ◀les▶ peuples ◀de▶ ce continent, déclarons solennellement notre commune volonté dans ◀les▶ cinq articles suivants, qui résument ◀les▶ résolutions adoptées par notre Congrès :
1) Nous voulons une Europe unie, rendue dans toute son étendue à ◀la▶ libre circulation des hommes, des idées et des biens.
2) Nous voulons une Charte des droits de l’homme, garantissant ◀les▶ libertés ◀de▶ pensée, ◀de▶ réunion et ◀d’▶expression, ainsi que ◀le▶ libre exercice ◀d’▶une opposition politique.
3) Nous voulons une Cour ◀de▶ justice capable ◀d’▶appliquer ◀les▶ sanctions nécessaires pour que soit respectée ◀la▶ Charte.
4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soient représentées ◀les▶ forces vives ◀de▶ toutes nos nations.
5) Et nous prenons ◀de▶ bonne foi ◀l’▶engagement ◀d’▶appuyer ◀de▶ tous nos efforts, dans nos foyers et en public, dans nos partis, dans nos églises, dans nos milieux professionnels et syndicaux, ◀les▶ hommes et ◀les▶ gouvernements qui travaillent à cette œuvre ◀de▶ salut public, suprême chance ◀de▶ ◀la▶ paix et gage ◀d’▶un grand avenir, pour cette génération et celles qui ◀la▶ suivront.
Quelques chiffres
Je disais plus haut que ◀l’▶Europe ◀d’▶aujourd’hui, entre ◀les▶ deux empires, « nous paraît plus petite que nature ». En effet, si ◀l’▶on se borne aux seules données physiques, ◀l’▶Europe ne représente que 4 % ◀de▶ ◀la▶ superficie mondiale. Mais voici d’autres chiffres notables.
occidentale | orientale | Total |
290 250 000 | 105 200 000 | 395 450 000 |
(17 % ◀de▶ ◀la▶ population mondiale) |
Population des « deux grands »
USA | URSS | Total |
140 000 000 | 200 000 000 (?) | 340 000 000 |
(soit 14,5 % ◀de▶ ◀la▶ population mondiale) |
◀La▶ fédération européenne (sans ◀les▶ États de l’Est, provisoirement) comprendrait donc deux fois plus ◀d’▶habitants que ◀les▶ USA et presque autant que ◀l’▶URSS et ses satellites réunis.
De plus, ◀l’▶Europe occidentale à elle seule produit 26 % du charbon et 32,5 % ◀de▶ ◀l’▶électricité actuellement disponibles dans ◀le monde.