L’▶anxiété ◀de▶ ◀l’▶homme moderne
Notre première question : « Pourquoi ◀l’▶homme ◀de▶ ce temps a-t-il peur ◀de▶ ◀la▶ liberté ? » demanderait un long examen ◀de▶ conscience ◀de▶ notre civilisation, une analyse qui remonterait ◀de▶ plusieurs siècles dans notre histoire, et peut-être une psychanalyse. En attendant, prenons tout simplement ◀l’▶Européen ◀de▶ ◀la▶ moitié du xxe siècle dans sa situation pratique. Prenons ◀le▶ jeune homme qui entre dans ◀la▶ vie.
Il se voit jeté dans un monde où il se sent comme égaré. Tout est trop grand, trop compliqué et trop variable. Tout est possible en théorie, mais rien n’indique ce qu’il faut faire, ou ◀les▶ indications paraissent contradictoires. Quel métier choisir, par exemple ? Autrefois, ◀le▶ fils ◀d’▶un drapier devenait drapier ; ◀le▶ fils ◀d’▶un noble, officier ; ◀le▶ fils ◀d’▶un paysan, paysan. Aujourd’hui, il peut devenir n’importe quoi, avec un peu de chance. Mais tout ◀le▶ pousse à faire autre chose que son père : c’est ce qu’il appelle se libérer des préjugés ◀de▶ sa famille ou ◀de▶ son milieu. Il se libère donc, mais pour quoi ? Voilà ◀le▶ problème. Un sentiment ◀d’▶arbitraire ◀le▶ domine. ◀La▶ morale bourgeoise n’est plus une aide, elle ne peut plus fournir ◀de▶ directives bien claires. Contredite par ◀les▶ pratiques courantes, à base de cynisme prudent, par ◀la▶ psychanalyse dans ◀les▶ classes aisées, par ◀le▶ marxisme dans ◀le▶ prolétariat ; enfin, par ce matérialisme général qui traduit tout en termes de monnaie — mais ◀la▶ monnaie change constamment ◀de▶ valeur —, ◀la▶ morale a perdu sa force contraignante et son prestige. Ni ◀la▶ coutume, ni ◀les▶ principes, ni ◀la▶ foi religieuse, pratiquement, ne guident plus ◀le▶ grand nombre ◀de▶ nos contemporains. Jamais pourtant ◀la▶ nécessité ◀d’▶orientations claires et indiscutables n’a semblé plus urgente, dans ◀les▶ vertigineuses complexités ◀de▶ ◀la▶ vie moderne. Voici donc notre jeune homme livré à ◀l’▶anxiété, à ◀l’▶insécurité matérielle et morale. Où trouvera-t-il ◀le▶ groupe humain qui lui offrira une protection et défendra ses intérêts ? ◀La▶ famille tend à se dissoudre, ou bien elle végète en province. Comment s’orienter dans ◀le▶ choix ◀d’▶une carrière ? Et comment vivre sans un but, sans une inspiration quelconque ? Pourquoi ceci plutôt que cela, puisque tout est possible en principe ?
Réponse des dictatures
C’est à cette anxiété ◀de▶ ◀l’▶homme déraciné, isolé et désorienté, qu’ont répondu ◀les▶ passions collectives et ◀les▶ systèmes totalitaires.
◀Le▶ nationalisme, tout d’abord, s’est substitué au patriotisme local et instinctif ; ◀les▶ passions politiques ont remplacé ◀les▶ convictions traditionnelles. Mais ◀le▶ nationalisme et ◀l’▶esprit partisan eussent échoué à donner à ◀l’▶homme des masses une règle ◀de▶ vie, une discipline ◀d’▶action et ◀de▶ pensée — sauf en temps ◀de▶ guerre ou ◀de▶ révolution — si ◀l’▶élément social n’était venu se conjuguer avec eux, après la Première Guerre. Ce que Mussolini, puis Hitler, tous ◀les▶ deux fortement influencés par ◀l’▶exemple ◀de▶ Lénine, ont eu ◀le▶ sombre génie ◀de▶ comprendre les premiers, c’est que ◀l’▶homme des masses vit dans ◀l’▶angoisse ◀de▶ ◀l’▶insécurité, ◀de▶ ◀l’▶arbitraire, et qu’il en est réduit à désirer qu’on ◀le▶ libère ◀d’▶une liberté sans contenu. Ils ont compris que ◀l’▶homme moderne cherche un guide (Duce, Führer, Caudillo, Père des peuples) qui lui dicte sa conduite et qui ◀la▶ justifie, sans discussion possible, sans crainte ◀d’▶erreur, ◀le▶ délivrant ainsi ◀de▶ ◀l’▶angoisse ◀de▶ choisir et ◀de▶ risquer ◀d’▶avoir à s’en repentir. Ce n’est point par méchanceté ou par perversité que tant ◀d’▶hommes en Europe sont devenus fascistes et deviennent aujourd’hui communistes. C’est parce que ces hommes ont senti obscurément, ◀de▶ tout leur être, ◀le▶ besoin ◀d’▶un principe ◀d’▶unité, ◀d’▶obligation et ◀de▶ sécurité, que seules ◀les▶ dictatures se déclaraient prêtes à fournir.
Tant que ◀les▶ démocraties occidentales n’auront pas mesuré leur carence fondamentale à cet égard, elles ne comprendront pas ◀la▶ vraie nature ◀de▶ ◀la▶ tentation qui en résulte, ◀la▶ tentation totalitaire. Leur polémique contre ◀les▶ dictatures et leur rhétorique libertaire resteront vaines, ou n’agiront qu’à contre-fin, si elles n’offrent pas à ◀l’▶homme un ordre rassurant.
Deux anecdotes
Arthur Koestler raconte qu’à la suite de ◀la▶ publication en France du Zéro et ◀l’▶infini, il reçut trois lettres ◀d’▶étudiants lui disant en substance ceci : « Monsieur, je crois exacte votre description du stalinisme. En conséquence, je m’inscris au Parti communiste. Car c’est précisément une discipline, une efficacité ◀de▶ ce genre que je cherchais. »
Voilà pourquoi tant ◀d’▶hommes, ◀de▶ nos jours, fuyant une liberté qui ◀les▶ laisse sans défense et ◀les▶ angoisse, choisissent ◀la▶ tyrannie, s’y jettent fanatiquement, et s’imaginent qu’elle est un ordre, une mise en ordre tout au moins. Nous touchons là ◀le▶ secret ◀de▶ ◀la▶ vraie force, ◀de▶ ◀la▶ seule force ◀de▶ persuasion intime dont disposent ◀les▶ régimes totalitaires.
Illustrons ce point capital par une autre anecdote véridique, que rapporte un diplomate français. « Quand je suis arrivé à mon poste, à Moscou, disait-il, une des premières questions que m’ont posées ◀les▶ Russes dont je faisais ◀la▶ connaissance, a été ◀la▶ suivante : — Comment avez-vous fait pour venir ici ? Je leur dis, un peu étonné : — Mais, c’est très simple, j’ai pris ◀le▶ train. —Non, me répondit-on, ce n’est pas cela que nous voulons savoir. Comment avez-vous obtenu ◀les▶ licences, permissions ◀de▶ quitter ◀le▶ pays, bons pour acheter un billet, certificats politiques, etc., qui sont, comme chacun sait, nécessaires pour voyager ? »
Il fallut très longtemps au Français pour convaincre ses interlocuteurs qu’il avait tout bonnement été à l’une des gares ◀de▶ Paris, où il avait acheté son billet sans nulle autre formalité. Quand ils ◀le▶ crurent enfin, leur conclusion fut simple mais inattendue : « — Un pays comme le vôtre, lui dirent-ils, doit être dans un terrible désordre ! »
Ce diplomate ajoutait que ◀les▶ quelques Russes qu’il connaissait et qui avaient pu venir vivre en Occident, loin de se sentir plus à ◀l’▶aise dans notre atmosphère ◀de▶ liberté, y souffraient ◀d’▶une sorte ◀d’▶inquiétude perpétuelle. Chez eux, tout est dicté, chaque geste, chaque démarche, sont expliqués « scientifiquement » où sont prescrits par ◀le▶ Parti et sa doctrine. En Occident, il faut sans cesse choisir, se décider personnellement. On ne sait jamais exactement ce que ◀l’▶on doit faire. C’est un vertige. C’est épuisant !
Psychose ◀de▶ ◀l’▶homme moderne
Nous aurions tort ◀de▶ rire ◀d’▶une pareille attitude. Elle a des motifs très profonds dans ◀la▶ psychologie ◀de▶ ◀l’▶homme moderne, et cela des deux côtés du rideau ◀de▶ fer. Il serait faux ◀de▶ croire que ledit homme moderne a ◀le▶ goût ◀de▶ ◀l’▶esclavage. Il cherche une discipline qui ◀le▶ rassure. Et ce n’est pas qu’il aime ◀la▶ discipline en soi, mais il en a besoin dans ◀la▶ mesure justement où elle ◀le▶ délivre ◀de▶ sa liberté. Car sa liberté signifiait ◀l’▶obligation constante du choix individuel et ◀la▶ discipline ◀l’▶en délivre ; elle ◀le▶ délivre aussi du risque ◀d’▶erreur toujours impliqué par ◀le▶ choix, risque augmenté par ◀la▶ complexité et ◀l’▶instabilité ◀de▶ ◀la▶ vie moderne ; et finalement, ◀la▶ discipline ◀le▶ délivre du sentiment ◀de▶ sa culpabilité individuelle, survivance ◀d’▶une morale qui ne sait plus lui donner des raisons positives ◀de▶ vivre. ◀L’▶homme qui se sent vaguement coupable, sans trop savoir ◀de▶ quoi et sans se ◀l’▶avouer, cet homme recule naturellement devant ◀les▶ risques ◀de▶ ◀la▶ liberté. Il va se cacher derrière ◀la▶ règle ◀d’▶un parti, ◀la▶ règle collective, ◀la▶ discipline rigide, ◀l’▶infaillibilité ◀d’▶un chef. C’est ◀le▶ chef désormais qui assumera toutes ◀les▶ erreurs, tous ◀les▶ péchés ; c’est lui qui ◀les▶ transformera en vérités et en vertus, aussi longtemps que son Parti aura ◀le▶ pouvoir.
Il existe, dans ◀l’▶homme moderne, des tendances inconscientes qui ◀le▶ poussent puissamment en sens inverse ◀de▶ ses revendications ◀de▶ liberté et ◀de▶ progrès, devenues purement verbales et routinières. Quand on lui vante ◀la▶ liberté en général, et qu’on ◀l’▶oppose avec indignation aux tyrannies totalitaires, on ne ◀le▶ convainc pas bien profondément. On n’atteint qu’une partie ◀de▶ son intellect, et ce sont d’autres forces qui ◀le▶ mènent. Contre ◀les▶ évidences qu’on lui propose, et même qu’on lui montre du doigt, quelque chose en lui se révolte. Il ne ◀l’▶avoue presque jamais. Il ne se ◀l’▶avoue pas à lui-même. Il donne toutes sortes ◀de▶ raisons, pas très plausibles, pour expliquer ◀la▶ supériorité des dictatures. Il nie d’abord qu’elles soient des dictatures. Puis il affirme que si elles ◀le▶ sont, ce n’est que pour une brève période ◀de▶ transition un peu pénible mais indispensable. Il croit enfin que ces dictatures préparent des libertés bien plus concrètes que celles dont jouit ◀l’▶Occident. Rien ne sert alors ◀de▶ lui montrer qu’en fait c’est justement ◀le▶ contraire qui est vrai. Car ◀le▶ motif profond ◀de▶ sa conversion aux dictatures, celui qu’il ne peut confesser, c’est qu’il est en pleine fuite devant ◀la▶ liberté, c’est qu’il cherche un refuge contre elle, contre lui-même aussi peut-être, contre ◀l’▶arbitraire ◀de▶ ◀la▶ vie, et qu’il ◀le▶ trouve dans cet Ersatz ◀de▶ ◀l’▶ordre qu’offrent ◀les▶ dictatures totalitaires.
Cette attitude ne saurait être modifiée par des arguments. Nous sommes en présence d’une psychose, qui atteint des millions ◀d’▶hommes en Occident, et dont nul d’entre nous n’est tout à fait indemne. Une psychose ne se réfute point par ◀la▶ logique et ◀l’▶évidence ; elle exige d’autres formes ◀de▶ traitement. Essayons ◀de▶ ◀les▶ esquisser.
Premier remède : réformes sociales
◀La▶ fuite devant ◀la▶ liberté, bien qu’elle soit par essence une attitude mentale et affective, se trouve favorisée cependant par plusieurs circonstances matérielles. Avant toute autre forme ◀de▶ traitement psychique, ce sont ces circonstances matérielles qu’il s’agirait ◀de▶ modifier : je veux parler ◀de▶ ◀l’▶insécurité sociale qui règne encore dans nos démocraties, plus ou moins libérales et plus ou moins capitalistes.
Tant qu’un certain minimum vital ne sera pas assuré à tout homme, tant qu’il craindra ◀de▶ perdre ◀d’▶un jour à l’autre son logement, son travail, son salaire et donc ◀la▶ faculté ◀de▶ former des projets, tant que ◀l’▶homme moderne sera (ou simplement se sentira) dans une telle situation, ◀la▶ liberté lui fera plus peur qu’envie.
Tout traitement sérieux du mal totalitaire doit donc s’accompagner ◀de▶ mesures sociales, garantissant à chaque famille ou individu isolé, un minimum ◀de▶ sécurité matérielle. Ceux qui pensent que ◀de▶ telles mesures sont ◀le▶ commencement du communisme, ceux-là confondent ◀le▶ remède avec ◀la▶ maladie.
Deuxième remède : éducation
Il n’en reste pas moins que ◀l’▶essentiel du traitement est une affaire ◀d’▶éducation. Éduquer un jeune homme, c’est, comme ◀le▶ mot ◀l’▶indique dans toutes nos langues européennes, ◀le▶ « faire sortir », ◀le▶ conduire au-dehors (e-ducere). C’est lui apprendre à dépasser ◀le▶ stade animal, entièrement soumis aux déterminations physiques ; puis ◀le▶ stade anarchique, qui est celui ◀de▶ ◀l’▶inefficacité des efforts contradictoires et irresponsables ; enfin, ◀le▶ stade ◀de▶ ◀l’▶imitation, du conformisme pur, pour ◀le▶ faire accéder au sentiment ◀de▶ ◀la▶ responsabilité personnelle, c’est-à-dire, à ◀la▶ possibilité ◀d’▶être libre. ◀Le▶ but ◀de▶ toute éducation digne du nom, c’est donc ◀de▶ rendre un homme apte à ◀la▶ liberté. Il serait vain ◀de▶ décréter toutes sortes ◀de▶ libertés légales ou morales pour des hommes qui ne connaîtraient pas, qui n’auraient pas appris leur mode ◀d’▶emploi. Liberté reste un mot vide ◀de▶ sens et ◀d’▶appel, pour qui n’a pas ◀le▶ goût du risque, ou n’a pas découvert sa vocation. Et cela aussi dépend ◀de▶ ◀l’▶éducation, pour une bonne part.
Condition nécessaire : survivre
Cependant, ◀l’▶élargissement ◀de▶ ◀la▶ sécurité matérielle, et ◀l’▶éducation pour ◀la▶ liberté, — c’est-à-dire ◀la▶ remise en marche du progrès en Occident — cela ne se fera pas en un an, ni même en deux ou trois. Or, il se trouve que nous sommes menacés ◀de▶ ◀l’▶extérieur aussi gravement que ◀de▶ ◀l’▶intérieur. Nous sommes menacés ◀de▶ ◀l’▶intérieur par ce désordre profond que j’ai décrit, par ◀l’▶anxiété morale et ◀l’▶insécurité qui minent et détruisent lentement notre goût ◀de▶ ◀la▶ vraie liberté. Mais nous sommes menacés ◀de▶ ◀l’▶extérieur par quelque chose qui mettrait fin ◀d’▶un coup à tous nos maux. Nous sommes malades, et il faut commencer notre traitement qui sera long. Mais il faut aussi éviter un accident mortel qui pourrait survenir avant que ce traitement ait donné ses effets.
Et c’est pourquoi ceux qui nous disent : « Commençons par retrouver notre santé, ce sera notre meilleure défense ! » ceux-là certes ont raison ; mais ils ont souvent tort ◀d’▶oublier que ◀l’▶avenir ◀de▶ notre santé suppose, comme première condition, ◀de▶ sauver notre vie présente.
Parlons maintenant sans images. On nous dit : « Réformez socialement votre Europe, ce sera ◀le▶ plus sûr moyen ◀d’▶y supprimer ◀la▶ tentation totalitaire. » Mais hélas, il ne s’agit pas seulement ◀d’▶une tentation ! Avant que nous ayons réformé notre Europe, elle peut bel et bien disparaître sous ◀la▶ réalité totalitaire ! Il faut donc ◀la▶ défendre d’abord et telle qu’elle est. Sinon demain, elle ne sera pas meilleure, mais morte.
En même temps qu’on s’attaque aux causes profondes du mal interne, il faut se prémunir ◀d’▶urgence contre ◀le▶ danger extérieur. Il faut éduquer ◀la▶ jeunesse, offrir une vie meilleure aux prolétaires, mais il faut en même temps des mesures plus rapides : nous fédérer et assurer notre défense.
Or voici ◀le▶ cercle vicieux : ce qui retient beaucoup ◀d’▶Européens ◀de▶ s’organiser pour ◀la▶ défense du continent, c’est justement cette psychose ou cette névrose qui leur fait dire que « notre Europe ne vaut plus rien. »
◀Le▶ défaitisme européen
Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a ◀la▶ rage. De même, quand on n’aime plus ◀la▶ liberté, on dit que celle qu’on possède encore ne vaut plus rien, qu’elle est malade. Ainsi parlent ◀les▶ défaitistes européens. ◀La▶ vérité est différente : ce ne sont pas nos libertés qui sont malades, mais notre sens et notre goût ◀de▶ ◀la▶ liberté. Ou plutôt, c’est ◀le▶ sens et ◀le▶ goût des défaitistes dont nous venons de parler.
Ils ont peur ◀de▶ ◀la▶ liberté, ils en sont fatigués, ils désirent secrètement des disciplines massives et des croyances aveugles. Mais comme ils ne peuvent pas ◀l’▶avouer, comme ce dégoût vient ◀d’▶une névrose, ils mentent. ◀Le▶ mécanisme est bien connu, il est absolument classique pour ◀les▶ psychiatres. Tous ◀les▶ névrosés mentent, en ce sens qu’ils affirment ◀le▶ contraire non seulement ◀de▶ ◀la▶ vérité ◀de▶ fait mais aussi ◀de▶ leurs désirs réels. Or ◀le▶ mensonge ◀le▶ plus réussi qu’ait inventé ◀le▶ défaitisme européen, c’est celui qui consiste à dire : « Votre Europe est finie, elle n’est que du passé, on ne peut pas ◀la▶ défendre telle qu’elle est. Puisque vous n’avez pas ◀de▶ mystique nouvelle à nous proposer sur-le-champ, ◀l’▶avenir et ◀l’▶espoir sont ◀de▶ l’autre côté. »
Comment se peut-il que beaucoup, jeunes ou vieux, qui ne sont pas du tout staliniens ou fascistes, croient sincèrement ce mensonge-là ? Comment donc s’expliquer une illusion aussi radicalement réfutée par ◀les▶ faits ? Réponse : Ceux qui disent que ◀l’▶Europe ne mérite pas qu’on ◀la▶ défende, ce sont ou bien des gens qui ont perdu ◀la▶ conscience des libertés réelles dont ils jouissent ; ou bien des gens que ◀la▶ tyrannie attire dans ◀le▶ secret ◀de leur cœur.