Chapitre XII
La quête sans fin
L’Aventure se poursuit. Si l’on demande où elle va, qu’on regarde d’abord d’▶où elle vient, et comment, jusqu’ici, elle est allée. On verra que la Question même est spécifique ◀de▶ l’Occident. Toute réponse décisive annoncerait donc la fin ◀de▶ notre civilisation, son épuisement intime, et toujours préalable à l’anéantissement par une force étrangère. Je n’ai pas eu ◀d’▶autre intention que ◀de▶ mieux définir la question, en cela fidèle à l’Occident qui m’a formé. Qui voudrait à tout prix une réponse, et refuserait ◀de▶ la trouver lui-même, dès lors qu’il sait qu’il n’en est point ◀de▶ vraiment générale et transposable — il quitterait en esprit cette expérience humaine qui depuis deux-mille ans a forgé les destins mais aussi fomenté les libres vocations ◀de▶ la race blanche, aventureuse moitié du monde. La Quête est notre forme ◀d’▶exister.
Et pourtant, songeant à l’Orient, j’invoquerai le précédent fabuleux ◀de▶ la conclusion ◀d’▶une autre Quête. Ulysse a rejoint son Ithaque. Il a gagné sa paix. Mais un dernier combat l’oppose au parti plus nombreux ◀de▶ ceux qui le tenaient pour mort et condamné. Et soudain la Sagesse éternelle apparaît, Minerve s’adresse au héros :
Fils ◀de▶ Laerte nourri du Ciel, Ulysse aux nombreux artifices, calme-toi ! Ne poursuis pas cette guerre civile ! Crains ◀d’▶irriter le Dieu qui voit très loin !
Ainsi parle Minerve, fille ◀de▶ Zeus foudroyant. Le héros plein ◀de▶ joie lui obéit. Et la déesse, sous les traits ◀de Mentor, fait conclure entre les deux partis, pour toujours, une alliance sincère.