II
Conclusions
Deux années se sont écoulées depuis la▶ fin ◀de▶ ce Journal. Je ne vois pas qu’elles aient rien apporté qui puisse motiver des retouches. Il est un point toutefois que certains événements se sont chargés ◀de▶ me rendre encore plus clair, et sur lequel je n’insisterai jamais assez : ◀la▶ nature religieuse ◀de▶ ◀l’▶hitlérisme. Ce n’est plus une découverte, ◀les▶ journaux même en parlent aujourd’hui. Mais je crains qu’on n’en parle un peu vite, par image, par ouï-dire, ou par manière ◀de▶ dire. Il faut en parler sérieusement.
Il y a du bon et du mauvais dans ce régime, dites-vous ? À prendre ◀les▶ choses une à une, j’y trouve même plus ◀de▶ bon que ◀de▶ mauvais, si toutefois je parviens à me placer aux environs du point de vue ◀d’▶un Allemand — et je ne dis pas ◀d’▶un fanatique, pas même ◀d’▶un nationaliste, non : ◀d’▶un Allemand ◀de▶ bon sens et ◀de▶ bonne foi.
Mais justement, il ne s’agit plus ◀de▶ prendre ◀les▶ choses une à une, quand on juge un régime totalitaire. Il ne s’agit jamais que du principe unique au nom duquel s’opère ◀la▶ « totalisation ».
Ce principe peut s’appeler ◀l’▶étatisme, à condition que ◀l’▶on donne au mot son sens total. C’est autre chose que ◀la▶ dictature. C’est autre chose que ◀la▶ tendance bourgeoise à faire supporter par ◀l’▶État ◀les▶ déficits des particuliers. ◀L’▶étatisme, au sens fort du terme, c’est ◀la▶ prise au sérieux systématique, ◀la▶ réalisation systématique des rêveries plus ou moins naïves que nourrissent dans nos bons pays ◀les▶ « nationaux » et en même temps ◀les▶ « socialistes ».
◀Les▶ nazis ont compris que ◀le▶ socialisme économique n’est que ◀la▶ moitié ◀d’▶une doctrine : ◀l’▶État ne sera maître ◀de▶ ◀l’▶argent que s’il est maître des esprits. Ils ont tiré ◀la▶ grande leçon ◀de▶ ◀la▶ guerre ; pour réussir à concentrer ◀l’▶économie, il faut ◀l’▶appui ◀d’▶une mystique, qui paralyse ◀les▶ éléments ◀d’▶opposition. Tout « étatisme » (au sens atténué du xixe ) est condamné ◀de▶ nos jours à se vouloir franchement totalitaire, sinon c’est ◀l’▶échec assuré. Il lui faut ◀la▶ fameuse confiance, et une confiance disciplinée, à toute épreuve. Seule ◀la▶ mystique nationaliste ◀la▶ lui donnera. Ainsi ◀le▶ socialisme « nationalise » ◀l’▶économie ; et ◀le▶ nationalisme « socialise » ◀le▶ sentiment patriotique. L’un n’est plus possible sans l’autre, dans ◀l’▶état ◀de▶ nos sociétés. On peut n’aimer ni l’un ni l’autre, mais il serait un peu stupide ◀de▶ croire encore qu’on puisse choisir, qu’il soit intéressant ◀de▶ choisir entre ◀les▶ phénomènes tertiaires (fascisme, totalitarisme) et ◀les▶ phénomènes secondaires (nationalisme et socialisme) ◀d’▶une maladie aussi vieille que, ◀l’▶Europe, et qui est sa P. G. politique.
Ainsi ◀l’▶État devient ◀l’▶expression unique (plus encore que ◀le▶ synonyme) ◀de▶ ◀la▶ nation, ◀de▶ ◀l’▶économie, ◀de▶ ◀la▶ culture, ◀de▶ ◀la▶ race, et ◀de▶ ◀la▶ société. Formule ◀d’▶oppression maximum ? C’est entendu, c’est tellement entendu qu’il reste alors à se demander comment, tout de même, c’est possible ; comment des hommes, des millions ◀d’▶hommes, peuvent aimer cela.
Je ◀l’▶ai compris en entendant ◀le▶ Führer ; par ce frisson ◀de▶ ◀l’▶horreur sacrée. Si ◀l’▶on n’a pas senti cela, je crains qu’on ne comprenne jamais ◀la▶ raison simple des triomphes totalitaires.
Évidemment, il sera toujours possible ◀d’▶invoquer ◀les▶ lois économiques, ◀les▶ forces relatives des partis et des classes avant 1933, ◀les▶ circonstances politiques ◀de▶ ◀l’▶Europe, ◀le▶ traité ◀de▶ Versailles, ◀la▶ décomposition des gauches, ◀le▶ double jeu du grand capital soutenant Hitler contre ◀les▶ marxistes et papen contre Hitler : tout cela est bel et bon, et fournit ◀de▶ ◀la▶ copie aux marxistes et aux libéraux. À ◀les▶ lire, on conçoit très bien comment ◀la▶ mécanique a joué en fait, et que c’était fatal, et que c’est très dangereux. Reste à savoir pourquoi cela s’est réalisé. Car on ne nous parle jamais que du comment. Et ◀les▶ « explications » qu’on nous fournit se réduisent en définitive à une reconstruction plus ou moins cohérente des phénomènes apparents, c’est-à-dire à une description. Et dès lors qu’il s’agit ◀de▶ phénomènes aussi complexes, on n’a pas ◀de▶ mal à faire « coller » cette description avec telle doctrine qu’on voudra : il suffit ◀de▶ choisir ses exemples. Mais ce qu’on laisse toujours échapper, c’est ◀le▶ principe ◀d’▶actualisation des phénomènes, ou si j’ose dire : c’est ◀la▶ grâce efficace. ◀Les▶ choses ont tourné ◀de▶ telle sorte ; et ◀l’▶on explique au nom d’une doctrine, convenablement réadaptée, qu’elles ne pouvaient tourner que ◀de▶ cette sorte. Voilà pourquoi votre fille est muette. ◀Les▶ mêmes théoriciens, en 1932, vous démontraient, ◀Le▶ Capital en main, que ◀la▶ situation allemande conduisait droit au communisme. Ce qui m’effraye, c’est leur souplesse dans ◀l’▶erreur. Il a fallu si peu changer pour « expliquer » à ◀l’▶aide des mêmes schémas que ◀le▶ contraire se soit produit en fait… Dernière défense du capital, récitent sans se lasser ◀les▶ marxistes. Hystérie collective, disent ◀les▶ rationalistes. Tyrannie, disent ◀les▶ démocrates. Autant ◀de▶ mots vides ou ◀de▶ mensonges pour ◀les▶ fidèles du culte allemand. Il ne s’agit ici que ◀de▶ religion.
Ce n’est pas pour défendre ◀le▶ capitalisme que ◀les▶ mineurs ◀de▶ ◀la▶ Sarre ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’est pas en parlant ◀d’▶hystérie qu’on peut comprendre ◀le▶ phénomène fondamental ◀de▶ ◀la▶ reconstruction ◀d’▶une communauté autour ◀d’▶un sentiment « sacré ». Et ce n’est pas ◀la▶ soif ◀d’▶une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté ◀l’▶Autriche dans ◀les▶ bras du Führer. Mais c’est ◀l’▶attraction passionnée qu’exerce une religion naissante, si basse qu’elle soit, sur ◀les▶ masses décomposées par un siècle ◀d’▶individualisme.
Dans une société où tous ◀les▶ liens originels sont dissous ; où ◀les▶ religions n’apparaissent plus au peuple et aux élites que sous ◀l’▶aspect ◀de▶ survivances sociales ; où ◀les▶ classes nées du développement économique définissent abstraitement des masses inorganiques, dont ◀les▶ individus n’ont en commun que ◀l’▶argent ou ◀le▶ défaut ◀d’▶argent ; où ◀les▶ partis se multiplient et s’entredéchirent au hasard ◀d’▶un jeu politique ◀de▶ surface ; où ◀les▶ élites parlent un langage que ◀les▶ masses sont en mesure ◀d’▶entendre, mais non pas ◀de▶ comprendre (et c’est souvent heureux) ; où ◀l’▶État devient ◀le▶ seul représentant du bien commun, mais ne se manifeste plus que par ◀les▶ feuilles ◀d’▶impôt, ◀l’▶armée et ◀la▶ police ; où tout principe ◀d’▶union sociale et spirituelle, toute commune mesure a disparu, — dans une telle société il est fatal que se répande dans ◀les▶ masses et que s’installe au cœur ◀de▶ chaque individu une angoisse, — ◀d’▶où naît un appel.
C’est à ce formidable appel des peuples vers un principe ◀d’▶union, donc vers une religion, que ◀les▶ dictateurs ont su répondre. Tout ◀le▶ reste est littérature, bavardage ◀de▶ théoriciens, ou ce qui est pire, ◀de▶ « réalistes ».
J’ai reçu récemment ◀d’▶Allemagne une lettre qui résume tout ceci. Elle est ◀d’▶un jeune national-socialiste qui, ayant lu par hasard un ◀de▶ mes livres, entreprend ◀de▶ réfuter ◀les▶ critiques qui s’y trouvent formulées à ◀l’▶endroit du régime hitlérien. Il explique tout d’abord que ce régime est né ◀de▶ ◀la▶ pauvreté et du malheur ◀de▶ son pays, — ce qui est très juste. Et il ajoute :
« Mais ◀la▶ pauvreté et ◀le▶ malheur ne peuvent expliquer que des phénomènes extérieurs. ◀La▶ raison profonde ◀d’▶un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité ◀de▶ croire. ◀Le▶ christianisme, probablement par ◀la▶ faute de ses ministres, ne satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin ◀de▶ croire ◀de▶ ◀la▶ majorité du peuple. Nous voulons croire à ◀la▶ mission du peuple allemand. Nous voulons croire à ◀l’▶immortalité du peuple (un arbre dont nous ne sommes que ◀les▶ feuilles qui tombent à chaque génération) et peut-être réussirons-nous à y croire. »
Ruine des croyances communes, carence du christianisme organisé, appel irrationnel à ◀de▶ nouvelles raisons ◀de▶ vivre, volonté angoissée ◀de▶ croire à la première qui se présente — fût-elle aussi invraisemblable que « ◀l’▶immortalité » ◀d’▶un peuple : on ne peut pas exprimer ◀d’▶une manière plus précise et ramassée ◀la▶ nature proprement religieuse du phénomène totalitaire allemand.
Mesurons maintenant ◀la▶ naïveté des « réalistes » qui tiennent fréquemment ce propos : « Tout n’est pas mal ◀de▶ ce qui se fait là-bas. Il y a bien des choses à y prendre. » Certes, Hitler a rétabli ◀l’▶ordre dans ◀la▶ rue. Il fait régner ◀la▶ paix sociale. Il y avait six millions ◀de▶ chômeurs en 1933, tandis qu’on manque ◀de▶ main-d’œuvre en 1938. ◀La▶ dignité ◀de▶ ◀la▶ nation est rétablie. ◀L’▶autorité est restaurée. « Et nous voici sauvés du communisme. » C’est ainsi que beaucoup de braves gens croient trouver un terrain ◀d’▶entente avec ◀les▶ dictatures qu’ils condamnent en principe. C’est ainsi qu’ils apportent leur petite contribution, toute bénévole, à ◀l’▶effort ◀de▶ ◀la▶ propagande totalitaire dans nos pays. Ils ◀le▶ font sans malice, et au nom du bon sens. Ils me rappellent cette bonne vieille femme qui apportait pieusement son petit fagot au bûcher du supplice ◀de▶ Jean Huss : ce que voyant, ◀le▶ martyr prononça : O sancta simplicitas !
Oui, réellement, il faut une sainte simplicité pour croire encore qu’on puisse détacher telle ou telle mesure prise par ◀le▶ régime pour ◀l’▶admirer isolément, ou pour essayer ◀de▶ ◀l’▶imiter. C’est une belle ironie sur ◀le▶ libéralisme impénitent que cette manière libérale ◀de▶ « rendre justice » au totalitarisme. Comme si ◀le▶ mot totalitaire ne signifiait pas, justement, que tout se tient dans ce régime, et que rien ne peut en être détaché sous peine de perdre toute espèce ◀de▶ sens ! Croit-on que ◀l’▶ordre social qu’on admire en Allemagne puisse être obtenu à bas prix, par des méthodes plus ou moins « habiles », ou « rationnelles » ou « politiques » ? Ne voit-on pas que cet ordre est simplement ◀la▶ suppression brutale et militaire ◀de▶ toute expression libre des antagonismes qui chez nous sont encore ◀la▶ réalité même du social ? Que ◀la▶ paix est obtenue par ◀l’▶écrasement des faibles ? Que ◀l’▶unanimité des ouvriers résulte ◀de▶ ◀la▶ mise au pas des syndicats ? Que tout cela n’est devenu possible que par ◀le▶ fait ◀d’▶une complicité quasi universelle et inconsciente, fût-ce de la part des opposants ? Que cette complicité elle-même procède ◀d’▶une angoisse religieuse plus puissante que toutes ◀les▶ « raisons », que tous ◀les▶ « intérêts » du monde ? Et qu’enfin ce qui importe au dictateur, ce n’est pas telle mesure en soi, mais au contraire ◀le▶ sens qu’elle prend par rapport au mouvement total, à ◀la▶ religion ◀de▶ ◀la▶ nation, et au contenu ◀de▶ cette religion, ◀la▶ volonté collective ◀de▶ puissance ?
Devant cette volonté religieuse, toutes ◀les▶ résistances ont cédé. ◀L’▶internationale ouvrière s’est effondrée sans faire usage ◀de▶ ses armes. ◀Le▶ capital est en bonne voie ◀d’▶étatisation sans douleur. Idéalisme et réalisme ont fait faillite. ◀Le▶ seul adversaire du régime demeure, en fait, ◀l’▶Église chrétienne ; c’est-à-dire qu’à ◀la▶ religion ◀de▶ ◀la▶ nation et ◀de▶ ◀la▶ Race ne s’oppose plus que ◀la▶ foi proprement dite : contre-épreuve du diagnostic que ◀l’▶on vient ◀d’▶esquisser.
À Berlin, ◀les▶ milieux qui se disent bien informés prophétisent ◀la▶ chute du régime pour ◀le▶ mois suivant, — depuis cinq ans. Or, chaque mois apporte, régulièrement, une extension précise des pouvoirs du Führer, une consolidation ◀de▶ son prestige. On ne voit aucune raison pour qu’Hitler tombe. Mais on ne voit pas beaucoup de raisons ◀de▶ douter que son régime ne conduise à ◀la▶ guerre.
Non pas que ◀les▶ chefs et ◀les▶ troupes veuillent ◀la▶ guerre ! ◀Les▶ hommes ne sont pas si méchants, ni même si bêtes. Mais ce qu’il faut voir, c’est que ◀la▶ volonté des hommes n’a jamais pesé si peu que dans ◀les▶ régimes totalitaires. Ce n’est pas ◀le▶ chef qui commande, et ce ne sont pas ◀les▶ désirs conscients et avoués qui sont puissants. Ce qui est puissant, ce qui commande tout, c’est ◀le▶ mécanisme ◀de▶ ◀la▶ dictature totalitaire, c’est ◀la▶ structure du régime.
Or, ◀la▶ structure ◀de▶ ◀l’▶État totalitaire — quelle que soit sa doctrine — c’est ◀l’▶état ◀de▶ guerre. Tout ce que ◀l’▶on fait là-bas se fait au nom de ◀l’▶union sacrée, morale ◀de▶ guerre ; et toutes ◀les▶ mesures ◀d’▶oppression sont « joyeusement acceptées » pour peu que ◀l’▶union sacrée ◀les▶ légitime. Ils ont des canons, mais pas ◀de▶ beurre, dit-on en France ◀d’▶un air malin. On oublie que ◀le▶ mot est ◀de▶ Goering lui-même. « Du beurre ou des canons », c’est un slogan ◀de▶ ◀la▶ propagande nazie, et qui déchaîne régulièrement ◀l’▶enthousiasme des foules allemandes — pour ◀les▶ canons. Ces foules peuvent très bien être composées ◀de▶ pacifistes. Cela n’a aucune importance. Car ce qui compte, c’est ◀la▶ Nation, et non pas ◀les▶ individus. Or ◀la▶ Nation, pratiquement c’est ◀l’▶État. Et cet État est né ◀de▶ ◀la▶ guerre ; il y prépare du simple fait que ses conditions ◀d’▶existence sont celles ◀d’▶une mobilisation ; il compte à chaque instant avec ◀l’▶éventualité ◀d’▶une guerre, et il y puise sa force ◀de▶ cohésion. Quelle que soit donc ◀la▶ volonté consciente et avouée du Führer et du peuple, il n’y a pas ◀de▶ raison ◀de▶ penser que ◀l’▶aventure puisse bien finir.
Tout se ramène donc, pour nous, à un problème ◀de▶ force. Mais non pas ◀de▶ force pour « gagner » ◀la▶ guerre : car toute guerre engagée avec ◀les▶ États totalitaires est une guerre perdue, quelle que soit son issue, pour ◀les▶ nations démocratiques. ◀D’▶une guerre totale, telle que nous ◀l’▶imposerait ◀l’▶Allemagne, ne peut sortir qu’un État totalitaire. Il s’agit donc ◀d’▶empêcher cette guerre, ◀de▶ se montrer assez forts pour ◀l’▶empêcher, et ◀de▶ condamner ainsi ◀le▶ régime adverse à une autodestruction ◀de▶ ses énergies belliqueuses.
Or, se montrer fort, ce n’est pas s’armer jusqu’aux dents. Réagir au péril totalitaire par des plans ◀de▶ « réarmement », c’est introduire chez nous ◀le▶ cheval ◀de▶ Troie. Car pour s’armer autant que ◀l’▶adversaire, il faudrait imposer au pays une discipline équivalente à celle qui régit ◀les▶ Allemands. À supposer que ◀l’▶on y réussisse, on se trouverait encore en arrière : ◀de▶ deux grands pays également surarmés, c’est celui qui dispose ◀de▶ ◀la▶ plus forte mystique qui doit fatalement triompher. Et en s’armant autant que ◀l’▶État totalitaire, ◀l’▶État démocratique perdrait ses meilleures forces morales : sa « mystique » ◀de▶ ◀la▶ liberté.
Il n’y a ◀de▶ solution pratique que dans un vaste effort moral des grandes et des petites démocraties pour résoudre à leur manière propre ◀le▶ problème religieux (plus que social), qu’ont résolu, vaille que vaille, ◀les▶ dictateurs.
Refaire une commune mesure vivante. Restaurer ◀le▶ sens civique décadent. Retrouver une foi qui ne soit pas cette volonté anxieuse ◀de▶ croire à ◀la▶ Nation…
◀Le▶ seul problème pratique, sérieux, urgent et réellement fondamental, c’est celui que nous pose ◀l’▶angoisse des individus isolés, et ◀l’▶appel religieux qui naît ◀de▶ cette angoisse — même s’il est encore inconscient.
Toute ◀la▶ question est ◀de▶ savoir si nous saurons mettre à profit pour ◀le▶ résoudre ◀le▶ délai que nous accordent encore une situation matérielle supportable et quelques restes ◀de traditions civiques.
Été 1938.