(1979) Tapuscrits divers (1980-1985) « « La paix entre les hommes dépend aussi du respect de la vie sauvage » (message à Franz Weber) (11 décembre 1974) » p. 1

« La paix entre les hommes dépend aussi du respect de la vie sauvage » (message à Franz Weber) (11 décembre 1974)e

Cher Franz Weber,

Une grippe m’empêche d’être parmi vous, mais non pas avec vous, cela va sans dire, et cela va encore mieux en le disant. À vos côtés à tant de reprises dans vos campagnes pour Lavaux, ou pour les Baux, pour la défense de ce qu’on appelait naguère « le sol sacré de la patrie » mais qu’on livre aujourd’hui, lâchement, au plus inexorable, au plus cruel, au plus bête des envahisseurs : le béton, comment ne serais-je pas avec vous, encore, quand il s’agit de voler au secours non seulement des gazelles mais des lions ?

Car notre genre humain ne se sauvera pas sans eux. Nous avons à redécouvrir ce grand mystère.

On nous dira : l’Afrique, c’est loin, notre problème urgent, c’est l’inflation. Mais il ne s’agit pas de l’Afrique, en vérité : il s’agit de la vie sur la Terre. Si nous ne retrouvons pas le secret perdu du respect de la vie sous toutes ses formes, nous ne trouverons pas non plus de solutions à la crise mondiale qui s’annonce : car elle est née, cette crise, d’une mauvaise attitude de l’homme vis-à-vis de la nature, résultant d’un mauvais régime des relations entre les hommes dans la cité. Tout cela se tient, organiquement, profondément.

J’ai écrit il y a quelques années, et souvent répété depuis, cette phrase dont je voudrais qu’elle devienne proverbiale : Le civisme commence au respect des forêts. Aujourd’hui je dirai, dans le même esprit, que la paix entre les hommes dépend aussi du respect de la vie sauvage et de la grande liberté des lions.