« La▶ paix entre ◀les▶ hommes dépend aussi du respect ◀de▶ ◀la▶ vie sauvage » (message à Franz Weber) (11 décembre 1974)e
Cher Franz Weber,
Une grippe m’empêche ◀d’▶être parmi vous, mais non pas avec vous, cela va sans dire, et cela va encore mieux en ◀le▶ disant. À vos côtés à tant de reprises dans vos campagnes pour Lavaux, ou pour ◀les▶ Baux, pour ◀la▶ défense de ce qu’on appelait naguère « ◀le▶ sol sacré ◀de▶ ◀la▶ patrie » mais qu’on livre aujourd’hui, lâchement, au plus inexorable, au plus cruel, au plus bête des envahisseurs : ◀le▶ béton, comment ne serais-je pas avec vous, encore, quand il s’agit ◀de▶ voler au secours non seulement des gazelles mais des lions ?
Car notre genre humain ne se sauvera pas sans eux. Nous avons à redécouvrir ce grand mystère.
On nous dira : ◀l’▶Afrique, c’est loin, notre problème urgent, c’est ◀l’▶inflation. Mais il ne s’agit pas ◀de▶ ◀l’▶Afrique, en vérité : il s’agit ◀de▶ ◀la▶ vie sur ◀la▶ Terre. Si nous ne retrouvons pas ◀le▶ secret perdu du respect ◀de▶ ◀la▶ vie sous toutes ses formes, nous ne trouverons pas non plus ◀de▶ solutions à ◀la▶ crise mondiale qui s’annonce : car elle est née, cette crise, ◀d’▶une mauvaise attitude ◀de▶ ◀l’▶homme vis-à-vis de ◀la▶ nature, résultant ◀d’▶un mauvais régime des relations entre ◀les▶ hommes dans ◀la▶ cité. Tout cela se tient, organiquement, profondément.
J’ai écrit il y a quelques années, et souvent répété depuis, cette phrase dont je voudrais qu’elle devienne proverbiale : ◀Le▶ civisme commence au respect des forêts. Aujourd’hui je dirai, dans ◀le▶ même esprit, que ◀la▶ paix entre ◀les▶ hommes dépend aussi du respect ◀de▶ ◀la▶ vie sauvage et ◀de▶ ◀la▶ grande liberté des lions.