(1979) Tapuscrits divers (1980-1985) « Le Grandchamp des Bovet (5 juin 1978) » pp. 1-9

Le Grandchamp des Bovet (5 juin 1978)j

M. le Conseiller d’État,

M. le Recteur,

Chers Cousins de Grandchamp et d’Areuse,

Mesdames et Messieurs,

C’est par Grandchamp qu’il m’a semblé que je pouvais le mieux approcher l’œuvre et la personne du grand homme ou plutôt de « l’homme excellent » — ce qui vaut infiniment mieux selon les Grecs — que nous sommes réunis pour célébrer, ce soir.

Il s’agit là, pour moi, d’un acte de piété, — au sens antique, au sens latin du mot, pietas, désignant la piété filiale et familiale, l’honneur à rendre aux Pères comme le dira la Bible, « afin que tes jours soient prolongés sur la Terre ». Prolonger nos jours sur la Terre, ce n’est pas une recette pour mourir centenaire ! C’est une manière de prolonger la signification de notre vie au-delà de notre mémoire individuelle, vers ce passé qui sans relâche se passe en nous et faute duquel il n’y aurait pas de plénitude du présent, ni de sens pour nous à l’avenir. Je voudrais, au surplus, approcher mon sujet d’une manière totalement subjective, égotiste aurait dit Stendhal. Je voudrais vous parler d’un pays où j’ai vécu les plus belles heures de mon enfance et de ma prime adolescence — c’est le pays qu’on appelle plaine d’Areuse, ou de l’Areuse, mais que Félix Bovet baptisa simplement la Bovétie — à laquelle j’appartiens par ma mère et par tant de souvenirs d’enfance et de jeunesse.

Un tronc commun aux trois branches familiales : Jean-Jacques Bovet, bourgeois de Fleurier, Val-de-Travers. Son fils Jean-Jacques et son petit-fils Jean-Jacques (il y aura un arrière-petit-fils qui s’appellera, lui, Claude Jean-Jacques) viennent « dans le Bas » — comme on a toujours dit dans le pays de Neuchâtel — et ils y construiront successivement au milieu du xviii e siècle deux centres familiaux admirablement contrastés.

Installés d’abord à Cortaillod, à Boudry et au Bied, ils se mêlent aux premiers promoteurs de l’industrie des toiles peintes, ou indiennes, les Du Pasquier, les de Luze, les Verdan. Vers 1870, Jean-Jacques Bovet allié Paris, fonde la manufacture de Boudry, et achète au lieu dit Areuse — deux, puis trois, puis cinq belles maisons qu’entourent d’assez grands parcs. Dans chacune habiteront un peu plus tard ses fils et filles. Les chroniqueurs de l’époque décrivent les habitants d’Areuse comme « aimant les chevaux et les fêtes ». Vers 1820, sauf erreur, une fabrique ou manufacture est construite à Grandchamp, lieu tout proche, au milieu de la plaine de l’Areuse.

De la région de Bovétie, Areuse sera donc le premier pôle, Grandchamp, le second. Dix minutes à pied les séparent, mais du point de vue spirituel, tout un monde.

Les Bovet d’Areuse sont militaires et progressent en grades de génération en génération (capitaine, puis major, puis lieutenant-colonel et enfin colonel). Tous mes oncles seront officiers tandis que Philippe Godet a pu écrire de Félix Bovet — qui appartient lui au monde de Grandchamp — « qu’il ne parvint jamais à comprendre l’esprit militaire, et en fait d’armée, la seule qu’il ait goûtée fut, je crois, l’Armée du salut ».

Areuse est dominé par un pavillon dans les vignes nommé Tiens-toi bien (Tintabene en patois) sur lequel les Jean-Jacques montaient un drapeau rouge ou blanc selon le vin qu’ils désiraient qu’on leur apporte. En revanche c’est à Grandchamp qu’un de leurs neveux, Arnold Bovet, fondera la Croix-Bleue. Mais ce ne sont là qu’anecdotes.

Entre Areuse et Grandchamp, si les cousinages restent proches, le contraste le plus profond sera de nature spirituelle. Je dirai simplement comment je l’ai ressenti, pendant mes vacances enfantines.

Areuse était, pour moi, venant du Haut, je veux dire du Val-de-Travers, luxe pur, calme et volupté dans les parcs ombragés de hêtres rouges, de marronniers autour du grand étang, ou de cèdres aux immenses ailes noires.

Mais quand il m’arrivait, à pied ou à vélo, de m’aventurer vers Grandchamp, pourtant si proche, il me semblait que je changeais de monde, un sentiment de mystère s’emparait de moi.

Le hameau de Grandchamp, c’était d’abord une interminable maison à un seul étage, dont je n’ai pu mesurer la longueur — il faudra bien que j’y aille un de ces jours — , mais je suis à peu près certain que cette maison, qui fut d’abord fabrique d’indiennes, atteint quelque 150 m de longueur.

C’était aussi une atmosphère et un climat totalement différent de celui des parcs d’Areuse. Je longeais le long bâtiment et les autres bâtisses groupées autour de lui, qui avaient servi d’hôpital et d’écoles, je sentais quelque chose et ne savais quoi… Plus tard, dans des ouvrages d’histoire intellectuelle et religieuse de la Suisse du xix e siècle, j’ai lentement, très lentement découvert quelques raisons — si l’on peut dire — de l’attrait mystérieux de Grandchamp.

Le long bâtiment principal avait toujours été pour moi une sorte d’immense bibliothèque, dont je sais aujourd’hui qu’elle comprenait une collection exceptionnelle de livres sur la Bible, en sept langues, mais aussi de textes sur Port-Royal des Champs !

Et ceci nous amène à nous demander dans quelle mesure le Grandchamp des Bovet ne fut pas, proportions gardées, un Port-Royal de notre Suisse romande au dernier siècle.

Bien sûr, il faudrait remplacer l’austère discipline janséniste par la douceur confiante du piétisme morave. Mais pour le reste un trait commun me frappe : le rôle des femmes dans ces communautés laïques de foi vécue dans la vie quotidienne et de méditation guidant l’action sociale, dès le début éducative.

La première influence morave s’exerce non pas sur Jean-Jacques le fondateur, resté plus ou moins voltairien jusqu’au bout, mais sur ses fils, par la femme de Jean-Jacques, Barbe Paris : elle a été élevée dans les principes des frères moraves, dont on sait qu’ils possèdent, près de Saint-Blaise, le grand établissement de Montmirail.

Vers la fin de sa vie, Pierre Bovet publiera pour ses proches à tirage limité, un gros ouvrage qu’il intitule : Un Siècle de l’histoire de Grandchamp : entre la fabrique d’indiennes et la communauté spirituelle. On trouve dans ce livre à tant d’égards passionnant, un portrait détaillé de sa grand-mère, Madame Philippe Bovet, née Bertha Mumm, qui fut la véritable fondatrice de la communauté spirituelle de Grandchamp, ainsi que de ses deux filles Clara et Hélène (cette dernière sera la femme de Félix Bovet, père de Pierre). Toutes les trois ont été formées soit en Allemagne, soit à Montmirail ou en Suisse allemande, par des piétistes, moraves ou illuminés. Dans une charmante causerie consacrée aux « Femmes de Grandchamp », Pierre Bovet écrit de Bertha Mumm — fille des grands producteurs de champagne de Francfort puis de Reims :

Transportée par son mariage de Francfort la grand’ville, à la fabrique de Boudry, elle a fondé avec son mari Philippe Bovet et le frère de celui-ci, Charles Bovet de Muralt, successivement un hôpital, un établissement de jeunes filles, un établissement de jeunes garçons, et c’est pour donner plus d’air et d’espace à ces établissements que l’ancienne fabrique d’indiennes de Grandchamp fut achetée en 1856.

De Clara, fille aînée de Bertha, dont le caractère hautement original et le tempérament de chef sont restés légendaires à Grandchamp, Félix Bovet, qui deviendra son beau-frère, a pu écrire une phrase que me ravit par sa très malicieuse ambiguïté : « Il n’y aurait personne comme elle, si elle était comme tout le monde. » (Pensées, 123)

Il y avait aussi sœur Lisbeth, une Suisse allemande devenue la directrice de l’hôpital fondé par Bertha Bovet-Mumm. Elle possédait des « dons » comme disaient les mystiques, et les partageait avec les habitants et les visiteurs de Grandchamp. Charles Secrétan était de ceux-là. Quand il était en séjour chez son ami Félix Bovet, il le laissait souvent « pour aller trouver sœur Lisbeth et pour fléchir le genou avec elle, et, à l’occasion, avec les quelques bonnes personnes toutes simples qu’elle réunissait à cinq heures dans sa chambre pour la prière ». (Lettres de Grandchamp, p. 350)

C’est également à de jeunes femmes qu’est consacrée la maison dite l’Andalouse : les Bovet y accueillent vers la fin du siècle dernier, des protestantes espagnoles qui se préparent à évangéliser leurs compatriotes, une fois rentrées dans leur pays.

Et puis, dans les années 1930 de ce siècle, c’est tout naturellement une communauté religieuse de femmes, dirigée par Mlle de Beaumont, puis par Mme Micheli de Lacroix, qui s’ouvrira dans l’ancien hôpital fondé par Bertha Bovet-Mumm, et qui le transformera en un lieu de prières. De la chapelle de ce couvent protestant — le premier de sa sorte sur le continent — , mon père fut le premier chapelain.

C’est au sujet de ces « âmes de prières » que furent les femmes de Grandchamp qu’on a pu écrire que, quelle que fut leur origine, leur condition sociale et leur culture, elles étaient dans la communauté, « entourées d’un respect égal à celui qu’inspiraient les princes de l’esprit ». On a même vu que certains de ces princes s’agenouillaient auprès des plus simples d’entre elles pour une heure de prière. À ce sujet, le pasteur Jean-Jacques Bovet, fils de Pierre, m’écrivait récemment :

Ceci se passait dans une grande chambre, toute boisée de « l’hôpital » ; 30 ou 40 ans plus tard, quand Marguerite de Beaumont arrive à Grandchamp pour y créer le lieu de prière qui deviendra la communauté, elle passe en revue les locaux que Pierre et Amy Bovet mettent à sa disposition; parvenue à cette chambre (sans qu’on lui ait rien raconté), elle s’arrête et dit : « Là sera la chapelle. »

« Le respect pour les princes de l’esprit ». C’est ici l’autre aspect de Grandchamp qui se révèle : le centre de pensée, de recherches morales, intellectuelles et pas seulement religieuses. Le Grandchamp de Félix Bovet.

Félix Bovet qui fut bibliothécaire puis professeur de littérature à l’Académie de Neuchâtel a peu écrit, mais le petit recueil de ses Pensées le met au premier rang des moralistes qui ont donné à la littérature française son trait le plus original et le plus admiré par Nietzsche, de La Rochefoucauld à Valéry, en passant par Pascal et La Bruyère, Chamfort et Maine de Biran, Joubert et de nos jours Cioran. Mais plus encore qu’un écrivain de race, Félix Bovet fut l’âme discrète d’un large rayonnement intellectuel. C’est lui que viennent visiter à Grandchamp Henri-Frédéric Amiel (qui rappellera dans bien des pages de son Journal les impressions qui lui laissent ses séjours en « Bovétie »), les philosophes Charles Secrétan et Edmond Murisier, le père Hyacinthe Loyson, le pédagogue français Ferdinand Buisson, d’innombrables professeurs et pasteurs et, parmi les femmes célèbres du temps, Mme de Pressensé, Joséphine Butler, et la maréchale Booth, — qui avait été emprisonnée à Boudry !

De ces Pensées (qu’on voudrait toutes citer) et de ses Lettres de jeunesse puis de Grandchamp, je ne veux retenir ici que les éléments qui me paraissent concourir au portrait de ce fils de Félix et d’Hélène Bovet, mais aussi de l’esprit de Grandchamp, que sera Pierre.

Et tout d’abord un trait — sans doute fondamental chez le fils autant que chez le père, je veux parler de ce sens de l’humour qui tempère les excès d’autres vertus comme la piété et le sens de la justice, jusqu’à les rendre supportables aux incroyants comme aux orgueilleux. Félix Bovet supportait mal l’étroitesse des Églises de son temps et ne s’est jamais privé de le dire avec une douce férocité que, précisément, l’humour sauve (sinon sanctifie tout à fait…). Une de ses Lettres de jeunesse décrit ainsi un culte à la collégiale de Neuchâtel :

Aux textes succéda le sermon comme une pluie tiède de l’été succède à l’éclair et au tonnerre… Je connais le procédé par lequel les prédicateurs liment leur texte jusqu’à ce qu’ils aient converti en lieux communs les paradoxes de l’Écriture et accompli cette parole du prophète : Toute hauteur sera abaissée et toute vallée sera comblée… Le chant était admirablement adapté au reste du culte. C’était les sublimes psaumes de David — revus et corrigés par des pasteurs et professeurs de Genève, qui ont su opérer ce beau tour d’adresse de les mettre en vers pour en faire de la prose…

A-t-on remarqué que dans bien des cas l’humour peut être aussi une forme de l’esprit de tolérance en ceci qu’il tend à désamorcer la violence, à ralentir les réflexes instinctifs de rejet, à substituer le regard amusé au regard qui voudrait fusiller l’adversaire et qu’il permet ainsi de mieux pénétrer les motifs de l’erreur qu’on croit déceler chez l’autre ? Je ne puis guère imaginer plus belle déclaration de tolérance intelligente que cette phrase tirée d’une de ses Lettres de Grandchamp : « Je ne serai pleinement satisfait que quand j’aurai pleinement compris la raison d’être de la tendance contraire. »

Le principal reproche qu’il adresse aux Églises n’est-il pas justement celui de l’intolérance qu’elles ont montrée au cours des âges, persécutant les juifs, les hérétiques et en général, tout homme qui essayait de croire à sa manière, non à la leur ?

En somme, ce qu’il refuse dans toute Église, toute nation, toute école, toute société, c’est leur « nationalisme », leur chauvinisme.

Il y a quelque chose de plus insupportable que le Moi, c’est le Nous. Car le moi le plus éhonté garde encore quelque pudeur, mais l’admiration qu’ont certaines gens pour la nation, l’Église ou la société dont ils font partie ne se croit pas obligée de se dissimuler ou de s’imposer des formes ; ils en assomment chacun en toute bonne conscience. (Pensées, n° 105, p. 63)

Enfin, comment ne pas être frappé par les remarques toujours si drôles et pénétrantes qu’on trouve dans les Pensées et dans les Lettres sur le sujet de l’école et de l’enfant. Cette pensée par exemple que je citais déjà dans mon premier petit pamphlet contre l’école primaire telle que je l’avais subie.

Cet enfant m’inquiète, lit-on quelque part, il est trop avancé, il se développe trop ! — Il faudra le mettre à l’école, répond le père.

Et cette pensée finale, qui va très loin :

Nous dressons nos enfants, mais ce sont leurs enfants qui les élèveront.

Il me paraît qu’ici nous venons de rejoindre, presque littéralement, ce qui sera l’idée centrale et le motto de l’Institut Rousseau, quand Pierre Bovet, dès 1912, en deviendra le directeur : Discat a puero magister, « que le maître soit instruit par l’élève ».

Il me paraît aussi qu’en évoquant l’atmosphère de Grandchamp, les influences piétistes, le goût de la liberté dans le respect de la liberté d’autrui, la tolérance comme forme d’intelligence, de compréhension et d’humour, — sinon d’amour (Félix Bovet aurait-il reculé devant le jeu de mot ? je n’en suis pas certain), nous avons maintenant réuni les éléments d’un portrait moral et spirituel de Pierre Bovet.

D’autres ont dit et vont nous dire encore ce que fut l’œuvre écrite du psychologue de l’Instinct combatif et l’œuvre agie du directeur de l’Institut Rousseau. Pour ma part je voudrais ajouter à cette figure de Pierre Bovet quelques traits qui lui furent d’autant plus particuliers et personnels qu’ils sont en fait paradoxaux.

Ce tolérant dans l’âme fut en même temps, et toute sa vie, le défenseur le plus ardent et efficace de toutes les causes qui pouvaient appeler au cœur d’un homme pour qui la foi était action autant qu’amour.

Pierre Bovet fut l’apôtre de la Paix par l’école, de la Fédération abolitionniste, de l’École active, de la lutte contre l’antisémitisme, du Foyer de la solidarité, du scoutisme, de l’espéranto, de Pierre Ceresole et des Amis de la nature — dont il fonde à 15 ans à Neuchâtel la première section. Je ne risque guère de me tromper en disant qu’il eût été à ce titre là comme à tant d’autres un défenseur de l’environnement, dont on célèbre aujourd’hui, 5 juin, la journée européenne.

Ce voyageur à la curiosité universelle et à l’accueil infatigable de toutes les diversités de l’humain était en même temps un timide ; ce pédagogue qui aidait les autres à se libérer n’avait pas le contact humain facile et rassurant du candidat aux élections. Lors d’une fête de Noël à l’Institut Rousseau, les élèves avaient imaginé des cadeaux humoristiques. Un professeur reçut « une gomme pour s’effacer ». Un élève eut droit à un miroir « pour y apprendre les lois de la réflexion ». Quant à Pierre Bovet, on lui offrit « une fiche pour prendre contact ». Était-ce pour surmonter cette timidité et faciliter le dialogue que Pierre Bovet développa des dons si remarquables de linguiste ? Il parlait le grec et le latin, l’italien, l’allemand, l’anglais, le catalan, le portugais et l’espagnol. Et il avait appris l’espéranto en huit jours, l’espace d’une grippe qui l’avait retenu alité.

Ce qui me paraît résumer au mieux les apparentes contradictions de son caractère, c’est l’attachement de ce grand universaliste pour la petite patrie locale, presque tribale, selon Amiel, qu’était la Bovétie. Son livre sur Grandchamp représente ses racines, sa patrie, son climat, ses sources, c’est-à-dire ce qui l’arme pour affronter le monde et s’ouvrir à l’universel. Il y a là une profonde leçon, celle que je tirais pour ma part, au temps de ma jeunesse théologique, de cet éclatant théorème de Spinoza : « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. »

Mais avant tout et après tout, par-dessus tout, Pierre Bovet fut un apôtre de la paix. Ne reculons pas devant l’aveu qui eût gêné ses cousins d’Areuse, mais qui était dans le droit fil des traditions de Grandchamp : Pierre Bovet fut un pacifiste, pour les mêmes raisons qu’il fut éducateur, qu’il fut chrétien, qu’il fut tout simplement intelligent. Je sais que le mot fait peur à beaucoup de braves gens qui croient que les pacifistes sont presque aussi dangereux que les Brigades rouges. Je tiens que son livre sur l’Instinct combatif, en nous montrant que l’agressivité est un instrument qu’il s’agit bien moins de réprimer que d’éduquer et de civiliser ou « sublimer » comme dira Freud est un des ouvrages marquants de notre siècle, et qu’il peut faire davantage pour prévenir la guerre, que tous les pacifismes de congrès et de commissions parlementaires. Je crains qu’il n’y ait pas aujourd’hui de sujet plus littéralement vital pour toute l’humanité.