1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 nergie. Il se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice que produit la recherche
2 e, pour M. de Montherlant comme pour Maurras, est ce qu’il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, r
3 pération faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admira
4 pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que valent toutes les simplifications, qu’on les appelle ou non idées
5 n mouvement, c’est la domination de la raison sur ce corps qui est exaltante, et c’est cette domination qui est le but vér
6 pées. Rien de moins artificiellement moderne que ce lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’échauffe, s’échauffer sur de l
7 évitera ainsi tout niais romantisme. Je sais bien ce qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’apprentissage de
8 it cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mi
9 n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler une « morale constructive » : porter l’effort
10 une « morale constructive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi
11 tive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraîn
12 e est bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
13 . Très maîtres de leur technique (contrairement à ce que pense souvent le public), ils préparent l’avènement d’un classici
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
14 pour de nouvelles conquêtes. Terriblement lucide, ce regard en arrière. Montherlant est dur pour ses erreurs plus encore q
15 eurs plus encore que pour celles de l’adversaire, ce qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel rel
16 étant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour la paix », c’est une affirmation qui d’un coup condamne bea
17 sorte, les soldats déjà légendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il just
18 s grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’est- ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’u
19 ain des vertus guerrières. « Il faut que la paix, ce soit vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroïques, peut-ê
20 ercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourr
21 Une soumission au réel durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient s
22 voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je n
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
23 liaison de nos esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté nous
24 d — dont ils se réclament imprudemment, — on sait ce que c’est que la « liberté » d’un esprit pur de tout finalisme ! Surr
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
25 : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est- ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Mil
26 de Vincent. M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuv
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
27 t rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puisse rédiger des romans si bouillonn
28 romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître :
29 lever. C’est un descendant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un f
30 endant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou », ce « petit homme de la terre », qui va susciter un formidable mouvement
31 le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est-
32 anque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’est- ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois, une
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
33 urces pour s’y retremper. Les appels de l’Orient, ce sont les Keyserling, les Guénon, qui les font entendre, autant et plu
34 et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antid
35 out ce qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond
36 rsité — peut-être trop nombreuses — qui composent ce gros volume. Les points de vue sont si différents, si différentes mêm
37 s in abstracto qui le mènent à des conclusions de ce genre : si nous trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation histori
38 s amener l’Asie à comprendre la religion romaine ( ce christianisme méditerranéen si étroitement particularisé pourtant, à
39 ec, M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement par Orient : l’Asie est le subcons
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
40 ait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui
41 être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en
42 soi tout ce qui est déterminé par l’extérieur, —  ce fou que nous portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : R
43 n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est avant tout une démonstration ; mais, puissante de
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
44 sent l’Almanach Fischer donnent une juste idée de ce que fut la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la m
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
45 uggestive, telles sont les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
46 rop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’il vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapp
47 ont lui-même s’est fait le moderne champion. Pour ce qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de pei
48 elles et morales du grand vaudois. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, V
49 sée plus vivante, ni de plus tonique que celle de ce « Pascal protestant ». k. « Ernest Seillière : Alexandre Vinet, his
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
50 1925)l « Quel est celui-là qui s’avance » avec ce visage d’entre la vie et la mort « où se reflète le passage incessant
51 appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry, ce poète sait « des complicités étranges pour assembler un sourire ». Co
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
52 e parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car elle veut éviter l’e
14 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
53 du parti que peut tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette tr
15 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
54 l’Église continue à faire des saints, tandis que ce terme n’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là no
55 lus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est- ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élé
56 Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’était- ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y
57 ifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestan
58 qu’aux limites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints,
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
59 uelques autres, sont parmi les plus conscients de ce temps ; mais si l’on songe aux bataillons de pâles opportunistes sans
60 en de la bêtise de tous les partis, on comprendra ce que je veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? N
61 goïstes avec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de l
62 t vertu cardinale pour le créateur. Mais quel est ce besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se vo
63 goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureu
64 te lassitude facile à juger du dehors n’était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, m
65 ettre aucun acte volontaire et raisonné parce que ce serait fausser quelque chose ; à la merci des circonstances extérieur
66 ffrait déjà une singulière préfiguration : Certes ce ne seront ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la p
67 effroi d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si fo
68 . On voit assez à quel genre de sophismes conduit ce mouvement de l’esprit qui n’utilise une borne que pour sauter plus lo
69 mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliquer ce besoin de porter à son excès toute chose, au-delà de toutes limites.
70 ts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade vers des folies. ⁂ Recréer un
71 compose d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen nous met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de D
72 ue des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. Ce serait au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est
17 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
73 ats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que nous voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradant
74 plus aéré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands rec
18 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
75 s et les vieilles dames à principes. Voilà, n’est- ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu con
76 malgré des longueurs, on ne lira pas sans plaisir ce livre où l’on voit un homme appeler en vain le vent du large, parmi d
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Wilfred Chopard, Spicilège ironique (mai 1926)
77 paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. » Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour —
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
78 révèlera peu à peu le sens divin de la destinée. Ce livre à thèse est plutôt une argumentation à coups d’exemples vivants
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
79 ean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a ré
80 peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’
81 fessionnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser ce qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada,
82 oins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est le Secret professionnel, petit catéchisme cubiste qui dépass
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
83 il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui est constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre
23 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
84 ne telle rencontre : tout alla froidement jusqu’à ce que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de s’établir. Alors le m
85 ndit. Le miracle, c’est l’esprit d’Aubonne. C’est ce miracle tout ce qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet —
86 , c’est l’esprit d’Aubonne. C’est ce miracle tout ce qu’il y a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et je ne crois
87  » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les dis
88 bat que tous menaient en eux-mêmes loyalement. Et ce désir d’arriver à quelque chose de définitif à la fois et d’intellige
89 re la liberté d’un culte moins platonique : n’est- ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur
90 à la brochure de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore :
24 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
91 de la matière. Si Le Corbusier réalise son plan, ce sera plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui
92 struire les villes de notre temps ». Et je déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de verre et de c
93 lumineux à la place de nos cités congestionnées, ce serait peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des in
94 génieurs se sont mis à calculer la réalisation de ce phénomène de haute poésie — la « ville contemporaine ». Un labeur pré
95 e de l’homme sur la Nature. Architecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. « Le
96 chitecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. « Le Corbusier : Urbanisme (G. Crès
25 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
97 cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore,
98 corps… J’ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autres forces et tant d’autres faiblesses, t
99 en moi une tare que j’étais seul à ignorer, était- ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement
100 uir de mes victoires, à pleurer sur mes déboires, ce malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtais. Mais en mê
101 être une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance
102 anisaient brusquement les éléments désaccordés de ce moi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un de
103 gue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de t
104 ée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — t
105 t ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’
106 oi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’éta
107 mais que je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’
108 e m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrêt
109 je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’i
110 oin sans cesse, de battre mes propres records. De ce lent effort naît une modestie que je m’enorgueillis un peu de connaît
111 vite le sentiment d’être dans un débat étranger à ce véritable débat de ma vie : comment surmonter un malaise sans cesse r
112 in la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies d
113 légèreté puissante, quelle confiance vont guider ce corps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle,
114 , mais je vous aime moins que je ne vous désire. ( Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son
115 . 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce me semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expérien
26 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
116 Je ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de violence et de volupté », je me sens envahi par un ry
117 s forces qui se lèvent. Car telle est la vertu de ce livre, qu’on l’éprouve d’abord trop vivement pour le juger. L’auteur
118 , l’éditeur un roman, parce que ça se vend mieux. Ce récit des premiers combats de taureaux du jeune Montherlant est en ré
119 tion la plus réaliste de la vie animale. Et n’est- ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareille i
120 éalisme. Une perpétuelle palpitation de vie anime ce livre et lui donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec ce qu’
121 donne un rythme tel qu’il s’accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; en prise directe sur notre éne
122 cet amour qu’Alban (le jeune héros du récit) sent ce que sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’ell
123 a bête en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce q
124 e, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les victorieux sont d’immenses amants »6. Mais envers
125 dans la description des taureaux ne se manifeste ce passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de simple grande
126 de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrific
127 oleil et de sang. On peut penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée des sacrifices sanglants. Pou
128 ment un peu pauvre pour fonder une religion. Mais ce n’est peut-être qu’un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plu
129 peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’avons-nous besoin d’un autre amour
130 qu’une évocation de l’Espagne et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des
131 e et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en
132 ui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en fin de compte de tous ces tableaux de violence et de p
133 d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les souc
134 croche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il
135 t entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est- ce point une solution aussi ? Plutôt que d’oublier de vivre à force d’y
136 r ici plusieurs autres passages qui préciseraient ce parallélisme du poète et du philosophe. g. « Les Bestiaires, roman,
27 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
137 é. Nul n’est moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne nous renseignent p
138 ste une « préférence irréductible pour le vrai ». Ce qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « rel
139 isir. » Et encore ceci que je trouve si juste : «  Ce qui définit le plus profondément l’Occidental, c’est peut-être la fid
140 stes, aux hypothèses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui est le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop
28 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
141 Je ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre importante d
142 sonne et la morale et l’esthétique modernes. Et à ce propos, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvr
143 os, il faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre me paraît liée à cett
144 es neuves et fortes, mais péniblement comprimées. Ce défaut de forme est peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au
29 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
145 quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore
146 e nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup m
147 beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Montherl
148 onné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui écrivit naguère sur les Fontaines du désir certaines
30 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
149 s longues que la ville présente au couchant, dans ce corridor de lumière où elle accueille le ciel — et derrière, elle dev
150 ison blanche est arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous acc
151 atmosphère de triste volupté emplit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge sa douleur.
152 roues peintes du char, l’Italie des poètes… Mais ce pays tout entier pâmé dans une beauté que saluent tant de souvenirs n
153 du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vi
154 emps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que les bœufs ruisselants remontent sur notre rive. Fraîcheur humide,
31 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
155 contradictoires d’un individu. C’est pour traiter ce sujet pirandellien qu’on s’embarque dans une croisière de vacances, q
32 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
156 Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphè
157 urait été si délicieusement invraisemblable… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir, il ne sait plus de quels souvenir
33 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
158 C’est encore une vision de l’Occident qui naît de ce petit livre si dense, si inquiétant. Le Chinois voit dans l’Europe « 
159 milions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît d
160 La tristesse règne sur nos villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi, est douloureuse :
34 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
161 voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallait bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on ne
162 gine un personnage de tableau se mettre à décrire ce qu’il voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pou
163 ateur. Pour parler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait
164 dans une certaine mesure — parce que nécessaire — ce qu’il y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour se dégager de
165 ent : sincérité = spontanéité. Mais la morale est ce qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide éc
166 ait pas qu’il allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, celui-là m
167 gratuit une valeur morale en disant qu’il révèle ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de
168 ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être
169 au, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hé
170 délivrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon e
171 t à la découverte d’une faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait.   S
172 tis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait.   Second exemple. — J’éprouve le besoin de fair
173 classique et irréfutable à toute introspection : ce daltonisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut m’apprendr
174 est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’est- ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de co
175 éant. J’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne
176 nnée comme raison d’une perpétuelle attente »), —  ce que l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vi
177 elle attente »), — ce que l’auteur découvre c’est ce « merveilleux contraire » de l’élan vital qu’il nomme élan mortel — g
178 t du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous cr
179 t tout un moyen de se connaître. Cependant, n’est- ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus po
180 e plus pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui est la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée
181 nce, le cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites
182 orte de sincérité les retient d’imposer aux héros ce rythme volontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce serait faus
183 e volontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce serait fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs
184 un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi est- ce encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’on p
185 ère). Mais on ne peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce p
186 peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas être sincère a
187 e choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est- ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt
188  » est de l’homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup co
189 J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincé
190 oint de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui me devenait inin
191 e leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouv
192 e d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui est douée d’assez de fo
193 ec l’homme même. (André Maurois.) (Quel effroi, ce jour de l’adolescence où l’on soupçonne pour la première fois que cer
194 Si j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que
195 ne analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’est pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle.
196 s lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les
197 lle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je choisissais de laisser — et des baisers à tous l
198 d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portais, mais bien ces figura
199 lus réelle de l’individu — en dehors du corps. Et ce ne sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dess
200 être plus réelle que l’autre. Et l’on conçoit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique
201 ter pour être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce
202 c’est celle qu’on tire de soi-même.) Hypocrisie, ce sourire des sphinx ; hypocrisie, masque ambigu d’une liberté plus pré
203 que toute certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La vé
204 Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable description d
205 iption de l’élan supposé dans le premier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester
35 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
206 revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons q
207 ns doute, les différences s’accusent : mais n’est- ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment en
208 après tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce sont les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboît
209 « Après moi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
210 qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est
211 temps à recenser les incohérences pittoresques de ce petit livre. Quant à ceux que certaines envolées magnifiques et hagar
212 l ; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que je dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se
213 surréaliste. Devant cette ostentation de révolte, ce mélange de fanfaronnade et d’intense désespoir, on songe au Frank de
214 les modernes, il bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres dél
215 boîte de nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce n’est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un d
37 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
216 jaloux de ses droits considérables encore ; puis ce sont les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise, un
217 un d’eux s’indigne, dans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangil
38 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
218 oires l’objet de l’amour. Mais les jeunes gens de ce temps ne cultivent point cette fièvre. Et comme la morale ne sait plu
219 orale ne sait plus leur imposer de feindre encore ce que le cœur ne ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes ép
220 rd qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les at
221 s se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les attendrait
222 les attendrait, plus franche d’allure. On ne sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques, il so
223 ge, une image qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une c
39 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
224 auxquels il ne tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette faç
225 nifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par
226 et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne pe
227 ntement leur amour, à force de petites blessures. Ce n’est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu so
228 malies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie com
229 ité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme une arrière-pensée inquièt
230 le. Pourtant, qu’elle ne laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est mieux que charmant, — douloureu
40 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
231 plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me prés
232 er… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au sommeil qui meurtrit jusqu’à l’âme.) Convulsions d’oriflamme
233 te rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où mon désir surmené vous appelait
234 , les jambes fatiguées, les paupières lourdes, et ce chant désespéré qui vous appelait, assourdissant mes pensées ; et ces
235 it tout son empire à ma timidité. Peut-être était- ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle s
236 -être ne vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherc
237 mée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus
238 , ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur
239 e le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne com
240 pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Di
241 rquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glisseme
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
242 qu’il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétati
243 e : « Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — «  Ce n’est pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve,
244 se-trappes, cette habileté surtout. Je ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lorsqu’il écriv
245 . Il semble que Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guèr
246 r l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
247 ême s’il se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce paludesque et stérile consistoire, une idée de génie vint s’asseoir c
43 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
248 u héros plus confiant et secrètement incertain de ce roman. À la veille de se marier, Jérôme Parseval, journaliste parisie
249 re une femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce qu’il attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la rever
250 hui un réalisme discret mais précis et le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant qu
251 t le sens de ce qu’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’intervienne, mouvements
252 notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ».
253 ui est profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un réalisme trop amer et c
254 entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le mas
44 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
255 t peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le programme comprenait : un film d’avant-guerre ; un film j
256 éclatement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’est pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’atte
257 moins, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais ce sont là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les
258 chose qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu
259 alors quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce n’est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film c
45 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
260 nquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvelles et leurs maîtres soit lu par
261 ût de l’absolu à la fois mystique et anarchique : ce sont bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. R
262 tre « ne ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix
46 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
263 r d’une conférence sur le Salut de l’humanité.)   Ce soir en moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau d
264 moi trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de ma révolte ? Aragon
265 porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce côté. Retournez à vos amours. .......................................
266 ’un prophète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il fau
267 messages égarés de l’infini… Un tel homme, — est- ce encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut attein
268 arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu’admet ce terme, à des exaltations que leur lyrisme rendait seules contagieuses
269 s une manière de prophète un brin janséniste chez ce poète. Aujourd’hui, je le verrais plutôt comme un Musset10 plus vérit
270 ande race des torrents. » Une belle phrase, n’est- ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Ara
271 urrait l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une s
272 que je prenais pour le ton prophétique, ne serait- ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les cafés
273 s une certaine rhétorique — mais la plus belle, —  ce qui tressaille et m’atteint au vif, c’est tout de même un désespoir e
274 s assez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade pos
275 e par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que sur ce « globe d’attente » comme dit Crevel. Pourtant, le plus irrévocable d
276 e même moins misérable que Clément Vautel — et si ce nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de
277 essé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sac
278 y a de profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permett
279 trop d’êtres et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-moi : submergés, absolument… Le Sens Cri
280 éprenne ! Les œuvres les plus significatives de ce siècle sont écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité q
281 littérature moderne n’est qu’une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quelques centaines (?) d’indivi
282 ept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-treize, la Ré
283 gne, Descartes, Schiller, Voltaire, etc., et tout ce qui leur correspond dans l’ordre politique par exemple. Parce que c’e
284 s, une révolution en fonction du capitalisme. Est- ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française, la
285 e votre mépris, en prenant le contre-pied de tout ce qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plu
286 qu’il inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalisme
287 rançais ; que c’est elle qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si authentiquement, si déplorablement français. Et
288 ançais. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais
289 surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non
290 pétuelle une perpétuelle insurrection contre tout ce qui prétendait nous empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : cult
291 ur la gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions.
292 re haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humaine pour no
293 le révolution — la russe, par exemple — parce que ce n’est pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne dem
294 e : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est- ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous alli
295 vous de nous faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations par contumace. Il y a encore des gens pour qui
296 uoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acculés à ce choix : inconscience de ruminants ou neurasthénie, est-ce que vraimen
297  : inconscience de ruminants ou neurasthénie, est- ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers principes
298 ent amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement
299 s principes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fl
300 ve. Le rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
301 nt près de lui le sourire d’amitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que
302 de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la r
303 plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Ma
304 ur la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’après-midi, comme un camélia de tendre orgueil. Il respire
48 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
305 que l’un au moins des deux éléments nécessaires à ce regroupement existe : il y a de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à
306 part, la dispersion des efforts artistiques. Tout ce monde d’amateurs de découvertes, de snobs, de marchands de tableaux,
307 archands de tableaux, de critiques d’avant-garde, ce monde où tous les extrémismes sont prônés comme vertus cardinales, et
308 i, le peintre se trouve placé d’emblée en face de ce qu’on nomme le gros public. L’épreuve est pénible, énervante, souvent
309 implicité précieuse », il sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose
310 mettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi ce brin de comique un peu bizarre qu’il glisse si souvent là où on l’att
311 p souvent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant
312 frileux, mais les autres sont soulagés. Et ne fût- ce qu’en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura
313 en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais aux exigences
314 rend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la palpe, la
315 u’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garçon aux allures discrètes promène sur le monde des yeux de Japonai
316 ffiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup
317 s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de
318 cet art emprunter de singuliers chemins d’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’
319 telle déformation, et tout devient satisfaisant. Ce lyrique, ce mystique exige pour être compris une complicité de sentim
320 mation, et tout devient satisfaisant. Ce lyrique, ce mystique exige pour être compris une complicité de sentiments ou d’ét
321 procher, parce qu’il est un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant tout. Mais la nostalgie de Bouv
322 rdonnée. Je crois qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir en lui sans cesse des possibilités impré
323 evant le visage. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu
324 nt aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre ce qu’en fait son mari). Et puis voici François Barraud, le plus jeune d
325 trois frères sont une école. Délaissant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que nous saurons désormais retrouver, al
326 au mur, c’est un Renoir… Retournez-en une autre, ce doit être un dessin d’horlogerie, ou quelque plan d’une machine à mou
327 de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte 
328 estation collective. Est-il possible, au sein de ce mouvement, d’en distinguer d’autres plus organiques ? D’une part il y
329 ion d’un groupe dont l’activité serait féconde en ce pays. D’autre part, des œuvres aussi différentes par leur objet et le
49 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
330 masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de ce roman, où l’on voit comment Pierre en vient à sacrifier Diane, son ap
331 thur, le roman vit et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le dét
332 et nous touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’elle s’acharne sur le détail dégoûtant et m
333 incérité audacieuse mais sans bravade qui donne à ce livre sa valeur de document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je n
334 ain, nuit à sa valeur littéraire. Je n’aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions toutes faites qui tr
50 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
335 comme certaines herbes. Capitale de la douleurak, ce sont de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
336 e certains des morceaux très divers qui composent ce livre sont bien mauvais, à côté d’autres magnifiquement jetés. Mais c
337 les jeunes écrivains français un homme qui ait à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique de la
338 signes de sa décadence. Il y a du chirurgien chez ce soldat devenu « scribe » et qui s’en exaspère. Souvent maladroit, inc
52 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
339 En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux.
340 tais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’arti
341 ’est-à-dire cynique, toutes les offres du hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe
342 sans capitalistes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne c
343 cette escroquerie morale dont je fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il est trop tard
344 velle, et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. »
345 t-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint comme le patron des voyageurs… » Saint-Julien parut satisfait d
346 — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de vo
347 je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression —
348 ion — une règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’
349 nclusions morales qu’elle paraît impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-je…, de juvénile insouciance, pour ne pas
350 désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque,
53 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
351 tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est- ce vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou bi
352 d tu seras au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilomètres de plantation, le siècle ne sera plu
353 naturellement chez des jeunes « et qui pensent » ce goût de l’évasion caractéristique de tous les « vices romantiques ».
354 ! — Mon Dieu, que dire… Il y aurait, par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet
355 par exemple, ce fait du triomphe de la Machine ; ce fait de la révolution russe… cet autre fait de la guerre… et puis, te
356 se… cet autre fait de la guerre… et puis, tenez ! ce fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des sacr
357 à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est- ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez
358 ’est-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’e
54 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
359 femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air sentiment
360 t vous vous calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a
361 toches une malicieuse et fine psychologie. Mais à ce mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous seraient é
362 aurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approche M. Piquedon de Buibuis, qui parle toujours de Weber
363 rs de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un
364  ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’est pas impunément concitoyen
365 e pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela est sans importance, car voici « l’heure des petits a
55 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
366 votre bouche, une injure de pythie. Vous dites de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréabl
367 tes de ce conte : c’est trop écrit. Vous dites de ce roman : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on aurait pour N
368 ue part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est- ce pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins l’
369  L’autre jour au Grand Écart… », dit quelqu’un. À ce coup, l’évocation de Cocteau fait fleurir sur vos lèvres le mot de Ca
370 res le mot de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal est une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un ve
371 nation, quand il m’échappe une citation. Seraient- ce les guillemets qui vous choquent ?   La vie ! — proclamiez-vous… Soit
372 en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude saluta
373 lez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de
374 ition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce qu
375 jeux, simulacres de vie, qui sont à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littératur
376 ature On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce qu’il ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépr
377 our ses réalisations actuelles donne la mesure de ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce
378 d’elle. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien que nous
379 nulle poésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on
380 le. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’elle prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me d
381 z en liberté, par haine de cette esthétique ou de ce sens social, — et voilà qu’ils perdent même la problématique utilité
382 était leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nou
383 ttérature : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contrai
384 aise des chers confrères. Ils ne pardonnent pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ont pas coutume d’ab
385 s ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’est- ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nou
386 à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières
387 ement à m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce s
388 e ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que « ceci, c’est une autre histoire,
56 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
389 ition — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indign
390 ous souciez vraiment trop peu des conséquences de ce que vous écrivez ! ») En définitive, il semble que certains n’attend
57 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
391 n’ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l
392 jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle «
393 t on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie
394  ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette vague poésie involontaire, inte
58 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
395 le Message de Rilke — sont du meilleur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux que personne des poètes scandinaves et d
396 omantiques allemands parce qu’il partage avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, q
397 ge avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, t
59 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
398 de voir juste. Et quand son bonhomme se plaint de ce que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitra
60 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
399 d’un hasard qui opère au commandement de la main. Ce soir-là, une confiance me possédait, telle que je savais très clairem
400 igurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furent d’abord des images décousues de sa vie, brillantes ou misérabl
401 deux qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en train de me soutirer les quelque billets de mi
402 s je songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient- ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suf
61 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
403 e dissertations lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de
404 vrai dire, parce qu’elle n’est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la technique du roman sont sauvée
405 illes spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointe
406 e ne manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémo
62 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
407 faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’
408 lliards qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de s
409 ns. Bientôt, élargissant son ambition, il conçoit ce mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possession d’automo
410 ation, d’autorégulation et d’alternances. Tel est ce sophisme, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même but,
411 intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne de
412 on peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche les ouvriers et leur do
413 ller pendant le temps convenable et à gagner, par ce moyen, de quoi vivre convenablement tout en restant maître de régler
414 e réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est- ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simplific
415 sation concrète d’une théorie qui tend à faire de ce monde un séjour meilleur pour les hommes. » C’est le bonheur, le salu
416 heur, le salut par l’auto. Philosophie réclame. «  Ce que j’ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises
417 amment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons d
418 te un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du mond
419 Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est- ce notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour
420 enue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est- ce notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être jus
421 sprit sont incompatibles, le monde moderne impose ce dilemme : « en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à
422 nt de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortune
423 n, une fois de plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l
63 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
424 e que je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu enn
425 — l’heure anxieuse et mélancolique où l’on quitte ce visage aimé pour d’autres plus beaux peut-être, mais inconnus. Voilà
426 modé ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première
427 capacité définitive à se passionner pour quoi que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’es
428 ais pour d’autres raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme nous traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le
429 ux, en y réfléchissant bien, mais peut-être était- ce la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont r
430 et manteau de fourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa
431 e chacun un bras, une femme pour deux hommes — et ce fut bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évidemment quelque
432 ur la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens trè
433 e quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spontanées du plaisir qui seules
434 dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’o
435 nes, ou luisants de concupiscences élémentaires : Ce sont vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au
436 eillée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un mom
437 clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il pr
438 plutôt, par je ne sais quelle erreur d’images, —  ce serait la gravité énigmatique d’Adrienne, mais dans le lointain, Auré
439 résume cette vie entière et fait allusion à tout ce qu’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’il faud
440 y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendr
64 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
441 nventions se suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules
442 poètes. Or Jules Verne fut poète avant tout — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu
443 l’aspect d’une nécessité » (et dans la bouche de ce libertaire, cela constituait un jugement !) Serons-nous longtemps en
444 littérature enfantine est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsé
445 dant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. « M. Allotte De La Fuye : Ju
65 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
446 Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeu
447 iment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien françai
448 est admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent de l’être. Et
449 . Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objets qui enfin valent le respect. as
66 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
450 s loin et de prendre une connaissance positive de ce qu’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le cou
67 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
451 dré Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde
452 Et il ne se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis, admirablement objectif, est aussi, mais à cou
453 que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre
454 veu de Garine est décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde re
455 aînement passionnant de l’action, il se dégage de ce roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intelligence et cette sen
68 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
456 I exalte et déçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son
457 l’éthique de cet « illustre réfractaire ». N’est- ce point trop demander à une existence bien indécise, que son échec même
458 st pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le laisser voir. La qualité de l’illusion dont se nou
459 ge central une résonance plus profonde. Louis II, ce chimérique, disposait par hasard de moyens d’action puissants : s’il
460 « l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’il préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient d
461 chiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un li
69 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
462 1928)aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de ce récit se lie avec un inconnu qui se dit prince russe et entretient au
463 uer sa mort et qui est aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux q
464 ce dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’avan
70 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
465 ent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est- ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage
466 t pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il
467 re découragement ; et beaucoup d’autres hiatus de ce genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué,
468 er. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a da
469 nalité est un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne
470 n autre visage. Car oublier son visage, ne serait- ce pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier filet d’eau
471 it saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt da
472 ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes les verreries de la capitale.
71 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
473 omme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur
474 ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce mo
475 le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sai
476 ce monde de fous qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce mond
477 n ne sait plus créer avec joie des formes belles, ce monde qui devient impuissant. Impossible d’évoquer un personnage préc
72 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
478 ent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’est-ce point de se livrer, purement et simplem
479 sphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’est- ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). r. « Belle
73 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
480 e si la perspective manque souvent à ces récits : ce n’est point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien to
481 comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est- ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’
482 ut cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et
74 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
483 capitales suffit à vous en donner la sensation : ce que vous pourrez voir durant le reste de votre séjour ne fera que con
484 s’arranger, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’est résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au ma
485 nt superbement cette ville désordonnée. Derrière, ce sont des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à
486 tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce peuple, seul en Europe, attend le retour d’un roi. Et vous voici tran
75 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
487 Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)ay Ce petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. Il faut s’
488 usés, sur la nuance mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit
489 e mate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des sens. « Res
490 et virile ; et quel beau titre ! « Saisir » n’est- ce point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-el
76 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
491 Et Bettina terminant sa lettre sur Hölderlin : «  Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ;
492 préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez profondément po
493 ecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’attendr
494 déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on
495 i reparaît en Allemagne. Et durant trente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un
496 Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’il do
497 bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est- ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître c
498 sé après un grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps,
499 autre côté de l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La pe
500 rfection n’a pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. —
501 ien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il
502 amer et qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce qui est le comble des vacances. À une table voisine, des adolescents
503 ormale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est- ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfoi
504 doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que mal finir. Ceux du bon sens ho
505 eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est- ce qu’ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, qu
77 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
506 songes est de nouveau une dérive fantaisiste dans ce monde un peu plus léger, un peu plus profond que le vrai, où l’Éloge
507 e serait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croi
508 ns l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans ce livre, beaucoup de ces petites merveilles qui valent de gros romans «
78 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
509 éville, Rimbaud le voyant (août 1929)ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’il établit entre le yogabb telle que l
510 de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût- ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle hont
79 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
511 n Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc Ce n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voi
512 s un débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue
513 il tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dir
514 ent celles qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la v
80 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
515 l’état normal, qui est pédestre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était devenu beaucoup moins intéressant
81 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
516 ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
517 se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
518 s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur. Ce régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
519 parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
520 éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
521 elle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
522 retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
523 rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeote de l’adver
524 ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
525 êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
526 dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
527 suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
528 rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
529 ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est- ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
530 ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
531 re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2. Deux ango
532 séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
533 ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
534 mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
535 s, c’est-à-dire que je me posai la question : est- ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
536 n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
537 ts humains. Le prix de mes souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
538 les mettre en doute : mais un jour je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
539 je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
540 des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
541 soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire, ce monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
542 ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
543 nt qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
544 sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
545 tous les sujets, espécialement sur la pédagogie. Ce mot revient souvent dans sa conversation ; il le prononce avec un ini
546 enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque pendant que nous en sommes aux in
547 ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est- ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
548 s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
549 lais scolaires ». symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
550 iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
551 est aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
552 ité. Pas plus que vous qui défendez de parti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pa
553 dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans
554 s doivent être identiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les huit années réglementaires de la scolarité, et englobe
555 simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles de papier, d’un crayon e
556 nces dont on écrit les noms dans les casiers. Est- ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer
557 paye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce sont en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établi
558 la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais en matière de sp
559 té des efforts « fournis » au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement par cette psychologie de
560 es plaisanteries de gros calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au
561 s le même temps. Contentons-nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquill
562 nominateur4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compt
563 térêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce dont ils traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à
564 ser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce trav
565 nnent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est
566 st absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons
567 le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer
568 re. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’ef
569 tifes de l’instruction publique sont d’accord sur ce point : l’école primaire doit être une école de Démocratie. Ils insis
570 cole, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait
571 en quoi que ce soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
572 ste à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce soit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met d
573 otre peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une g
574 ur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est ce qui s’appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne trou
575 endrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de tou
576 attez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bien grave
577 dirait M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que
578 seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines sc
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
579 .) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’
580 et dira : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou
581 re proclamant : je sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à tout jamais dans les campagnes, t
582 parti possible de l’exercice ; car il ne manque à ce système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessaire pour que ça n
583 laissant la possibilité de trouver par eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquemen
584 ux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est- ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a
585 roduit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 a
586 bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’hum
587 Ils éduquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits dé
588 démocrates conscients et organisés. Je crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper plus longtemps
589 eu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot.
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
590 igéner l’une c’est faire pleurer l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront q
591 r l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une
592 a démocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde
593 part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme ils disent avec une satisfaction sord
594 nstruction publique aient eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement
595 mentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouve
596 rattrape l’époque… Mais les gouvernements savent ce qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter
597 s doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens
598 eois. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’est- ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de
599 que je m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peu
600 mes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce qu’étiolent en eux les droits de l’homme. Mais attendez, si quelques-
601 d’âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de rév
602 comprendront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront
603 coup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
604 ite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’au péché contre l
605 ahison —, mais encore elle tend à développer tout ce qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est s
606 a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les be
607 ement de travaux forcés. L’école donne à l’enfant ce qu’il faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est
608 bagnard auquel il est promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer — et peut-être les moyens. Va
609 es, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à co
610 r ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force ant
611 constitue la plus grande force antireligieuse de ce temps. L’instruction religieuse qui prend les enfants au sortir de l’
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
612 que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant cre
613 d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’est- ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas
614 ce de l’inertie et à perpétuer mécaniquement tout ce qui est depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, no
615 vivifient. L’École se contente d’être figée. Est- ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisa
616 ous ne manquerez cependant point de le dire, avec ce sens exquis du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La
617 ns cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être 
618 rd critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour l
619 qui est — par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveau
620 ion et de l’anarchie que les génies directeurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent.
621 al correspond à un recul humain. Par exemple, est- ce un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec to
622 e vaste arrière-fond de poésie et de grandeur que ce mot comporte — quelles qu’en soient d’ailleurs les réalisations —, pa
623 tidémocratiques : il est temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à faire, un gr
624 cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y p
625 nt il y a le rationalisme12 et la sentimentalité. Ce rationalisme-là triomphe non seulement dans les principes démocratiqu
626 est superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des générations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre
627 supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous ap
628 tégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui
629 le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame l’expulsion de l
630 n radicale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien p
631 voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes
632 connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vou
633 qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez
634 tes n’a que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé Rationalisme, produit d’une mésalliance avec
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
635 upide) et les philosophes13 les mieux informés de ce temps s’accordent sur un point : le salut de l’Europe est lié à la na
636 occidental. Un nouvel état d’esprit : voilà bien ce que l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’ant
637 ue l’École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. Elle punit fr
638 dénature le sens de la liberté. Elle détruit tout ce qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce man
639 it d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce manque d’imagination dont les conséquences seront matériellement cata
640 stes et des utopistes. J’appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d
641 à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les
642 Et l’opinion publique mène le monde, paraît-il. À ce propos : que les journalistes s’engagent désormais à ne publier plus
643 ris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils aura
644 raient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propo
645 t rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’inv
646 ites réformes. Mais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisant
647 parer le terrain. D’autre part, il faut partir de ce qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries
648 t-on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un
649 ne technique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés
650 lte d’une concentration, dans quelque domaine que ce soit. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait
651 du monde16 et non plus en barbare cette fois-ci. Ce qui l’empêche de comprendre, ici encore, c’est la peur scolaire des m
652 dre, ici encore, c’est la peur scolaire des mots. Ce terme hindou agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit de
653 s sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui
654 t de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui
655 e, seule façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent c
656 nt, mais se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles ne font que traduire la diversité des besoins individuels.
657 es intentions noires et consciemment criminelles. Ce travers a été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les jour
658 ons ont ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tie
659 us parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de l
660 usse que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pé
661 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait qu
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
662 ience apprise à l’école appauvrit l’homme de tout ce que son ignorance respectait, et ne lui donne à la place que des laid
663 se, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste ma liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui
664 s maximes, et toléré malgré leur mauvaise humeur. Ce régime de punaises jaunâtres aboutit à l’instruction publique et grâc
665 , parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un r
666 éalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
667 elle forme politique. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie,
668 retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mett
669 rs, vous êtes pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vraiment exagéré pour la jugeotte de l’adve
670 ntre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
671 êtes un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se
672 dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir si tant de l
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
673 suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauv
674 rix du mètre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qu
675 ent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’est- ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’
676 ersonnes ? Mais l’enfance est ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’
677 re qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux ang
678 séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque
679 ons. Ce malaise inavouable, cette règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour, je pense que tout cela tient trop de pl
680 mes premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus
681 , c’est-à-dire que je me posais la question : est- ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la première
682 n tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C
683 ts humains. Le prix de mes souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’allai pas
684 les mettre en doute : mais un jour je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce mon
685 je compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfai
686 des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement soumis aux règles d’une
687 soumis aux règles d’une arithmétique élémentaire, ce monde dont la Démocratie apparaissait comme l’achèvement idéal et néc
688 ment humaine, et une honte secrète qui exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’avais trop souffert de cet
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
689 it qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand no
690 sponsable, cela se voit de loin. Il faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraie
691 enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque, pendant que nous en sommes aux i
692 ême classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est- ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire con
693 s dites « sociales ». Je reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’école telle qu’on la v
694 alais scolaires » symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratiq
695 iquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pensez
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
696 est aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire
697 té. Pas plus que vous, qui défendez de parti pris ce que j’attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pa
698 dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans
699 s doivent être identiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les huit années réglementaires de la scolarité, et englobe
700 simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles de papier, d’un crayon e
701 iences dont on écrit le nom dans les casiers. Est- ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour préparer
702 , et ils n’en meurent pas. 3.b. Les examens Ce sont en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établi
703 la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facile à surveiller. Mais en matière de sp
704 té des efforts « fournis » au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement par cette psychologie de
705 es plaisanteries de gros calibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au
706 s le même temps. Contentons-nous de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose donc sur une tranquill
707 ominateur 4. Nos bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent du régime des lumières et des compt
708 térêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce dont ils traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à
709 ser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce trav
710 nnent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est
711 st absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va supprimer les leçons
712 le travail du maître. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer
713 re. Il se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’ef
714 tifes de l’instruction publique sont d’accord sur ce point : l’école primaire doit être une école de Démocratie. Ils insis
715 cole, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait
716 en quoi que ce soit à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire,
717 ste à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce soit, voudraient se « distinguer ». (Le mépris que notre peuple met d
718 tre peuple met dans cette expression !) Pour moi, ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une g
719 ur la flèche de l’édifice administratif. Et c’est ce qui s’appelle une belle carrière. Mais ces brillants météores ne trou
720 endrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de tou
721 attez l’instruction publique — mais vous êtes, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bien grave
722 rait M. Prudhomme, un bien grave dilemme.   4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que
723 seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pour les disciplines sc
94 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
724 ). On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir l’
725 et dira : je lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à craindre qu’à la faveur du tumulte l’un ou
726 re proclamant : je sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à tout jamais dans les campagnes, t
727 parti possible de l’exercice ; car il ne manque à ce système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessaire pour que ça n
728 laissant la possibilité de trouver par eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquemen
729 ux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’est- ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a
730 roduit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 a
731 bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’hum
732 ls éduquent de futurs anarchistes 8, bravo ! Mais ce qu’on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits dé
733 démocrates conscients et organisés. Je crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper plus longtemps
734 eu. 8. Voir à l’appendice le sens que je donne à ce mot, p. 57.
95 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
735 igéner l’une c’est faire pleurer l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront q
736 r l’autre. Écouter ce que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une
737 a démocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde
738 part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme ils disent avec une satisfaction sord
739 l’instruction publique aient pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour autant 10. Je dis simplement
740 mentaux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouve
741 rattrape l’époque… Mais les gouvernements savent ce qu’ils font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter
742 s doute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appar
743 eois. Essayez de venir me dire ça chez moi, n’est- ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de
744 que je m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement noble en chaque homme. Si les fils du peu
745 d’âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce peut être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de
746 comprendront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront
747 coup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du livre, p. 65. 11.
96 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
748 ite par M. Julien Benda. Notre époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’au péché contre l
749 ahison —, mais encore elle tend à développer tout ce qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est s
750 a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’aura démontré que les be
751 ement de travaux forcés. L’école donne à l’enfant ce qu’il faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est
752 bagnard auquel il est promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer — et peut-être les moyens. Va
753 es, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à co
754 r ce qu’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force ant
755 constitue la plus grande force antireligieuse de ce temps. L’instruction religieuse qui prend les enfants au sortir de l’
97 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
756 que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant cre
757 ’ailleurs, vous aimez les idées généreuses, n’est- ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas
758 ce de l’inertie et à perpétuer mécaniquement tout ce qui est depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, no
759 vivifient. L’École se contente d’être figée. Est- ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civilisa
760 ous ne manquerez cependant point de le dire, avec ce sens du cliché qui est un hommage à vos maîtres respectés. La Démocra
761 ns cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui fut ou ce qui devrait être ;
762 rd critiquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui fut ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour le
763 e qui est — par la comparaison avec ce qui fut ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveau
764 n et de l’anarchie que les génies destructeurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent.
765 al correspond à un recul humain. Par exemple, est- ce un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec to
766 e vaste arrière-fond de poésie et de grandeur que ce mot comporte — quelles qu’en soient d’ailleurs les réalisations —, pa
767 tidémocratiques : il est temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à faire, un gr
768 cela fait. Respirons. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y p
769 t il y a le rationalisme 12 et la sentimentalité. Ce rationalisme-là triomphe non seulement dans les principes démocratiqu
770 est superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des générations plus libres d’imaginer, bénéficiant de notre
771 supérieur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous ap
772 tégrer la raison. Je crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui
773 le véritable progrès veut qu’on s’attaque à tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi je réclame l’expulsion de l
774 n radicale des instituteurs. On me demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien p
775 voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes
776 connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vou
777 qui s’élabore déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez
778 tes n’a que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé Rationalisme, produit d’une mésalliance avec
98 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
779 pide) et les philosophes 13 les mieux informés de ce temps s’accordent sur un point : le salut de l’Europe est lié à la na
780 occidental. Un nouvel état d’esprit : voilà bien ce que l’École empêche même de concevoir. Elle cultive ce qu’il y a d’an
781 e l’École empêche même de concevoir. Elle cultive ce qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. Elle punit fr
782 dénature le sens de la liberté. Elle détruit tout ce qui permettait d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce manq
783 it d’échapper à la mécanique. Bref, elle perpétue ce manque d’imagination dont les conséquences seront matériellement cata
784 stes et des utopistes. J’appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d
785 à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les
786 Et l’opinion publique mène le monde, paraît-il. À ce propos : que les journalistes s’engagent désormais à ne publier plus
787 ris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils aura
788 raient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propo
789 t rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’inv
790 ites réformes. Mais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisant
791 parer le terrain. D’autre part, il faut partir de ce qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries
792 t-on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donner : des modèles de pensées. U
793 ne technique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés
794 lte d’une concentration, dans quelque domaine que ce soit. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait
795 du monde 16 et non plus en barbare cette fois-ci. Ce qui l’empêche de comprendre, ici encore, c’est la peur scolaire des m
796 dre, ici encore, c’est la peur scolaire des mots. Ce terme hindou agace, trouble ou fait sourire les étriqués. On croit de
797 s sont bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui
798 t de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui
799 e, seule façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme nous permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent c
800 nt, mais se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles ne font que traduire la diversité des besoins individuels.
801 es intentions noires et consciemment criminelles. Ce travers a été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les jour
802 ions on ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse. Je préciserai donc : je tie
803 us parlez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de l
804 usse que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et ce besoin dans ses Articles pédago
805 n. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et ce besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait qu
99 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
806 mais elle apparaît toujours sous forme d’objets. Ce comique triste, ces imaginations délirantes mais parfaitement concrèt
807 rimât avec une pareille sécurité dans l’insolite, ce qu’il y a en nous à la fois de plus « problématique » et de plus quot
100 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Kikou Yamata, Saisons suisses (mars 1930)
808 haussée d’une douzaine de lithographies de Meili. Ce peintre se montre plus occidental dans les beaux volumes pleins de ce