1
’est ici que paraît tout de même la grandeur d’un
Ramuz
, dont Beausire ne veut voir que le maniérisme, non la substance. q.
2
ns, ou de si minimes. Je lis un article récent de
Ramuz
(sur le Travail), qui débute ainsi « Pourquoi est-ce qu’on travaille
3
de parti (antimarxiste) qu’elles déterminent chez
Ramuz
, mais bien au contraire de ceci : qu’il me semble entendre pour la pr
4
turellement libéré de l’idéologie bourgeoise, que
Ramuz
. Sa conception tragique du sort de l’homme suffirait à l’attester. Ma
5
oir su « se ravaler au niveau des simples. » Non,
Ramuz
ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son
6
put induire certains à parler de l’unanimisme de
Ramuz
. Mais comment Ramuz croirait-il à l’être collectif, être sans racines
7
s à parler de l’unanimisme de Ramuz. Mais comment
Ramuz
croirait-il à l’être collectif, être sans racines, mythe cérébral. «
8
écrivains de l’URSS, je ne les retrouve que chez
Ramuz
. Mais purifiés de toute brutalité, de ces traits forcenés, de ces ric
9
es ricanements d’intellectuels mal guéris. Certes
Ramuz
attend beaucoup du peuple russe, de « cette immense et secrète réserv
10
e, le met en valeur mieux que tout autre récit de
Ramuz
. Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à tr
11
couple heureux. Rarement la forme authentique de
Ramuz
atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage
12
e. La surimpression par exemple n’est jamais pour
Ramuz
ce qu’elle fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouil
13
otale la vision. Tout, par ailleurs, indique chez
Ramuz
la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certa
14
. On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez
Ramuz
. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’
15
Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de
Ramuz
— même pas très réussie, et il y en a qui ont un air raté, un air pas
16
il y en a qui ont un air raté, un air pastiche de
Ramuz
—, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle
17
ut-être voit-on mieux maintenant dans quel esprit
Ramuz
les pose, et que précisément c’est l’esprit de ces Signes. Aussi sera
18
tique dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète,
Ramuz
, l’homme qui vit concrètement les grands mythes et les réalise dans s
19
ont produit ou toléré Constant, Alexandre Vinet,
Ramuz
; les Genevois Calvin, de Bèze, Rousseau, Madame de Staël, Töpffer, A
20
noir. Ils vont jusqu’au Tibet, me disait un jour
Ramuz
(dont la géographie se passait bien d’atlas). C’est la même civilisat
21
n, par C. F. Ramuz (juin 1933)l Qu’on ait pris
Ramuz
pour un « régionaliste », c’est une de ces méprises qui peuvent servi
22
ologue, auteur de drames historiques. Que cherche
Ramuz
? Une connaissance du particulier qui introduise à celle de l’élément
23
le canton de Vaud, mais dans le domaine propre de
Ramuz
qui est l’élémentaire. Jamais il ne fut mieux lui-même. Il y fallait
24
guérison naîtra d’une résistance retrouvée26. Et
Ramuz
, apaisé, regarde tomber la neige : les choses ont de nouveau leur sen
25
r la neige : les choses ont de nouveau leur sens.
Ramuz
parle de lui, c’est la première fois. Et c’est à peine de lui. Dix pe
26
us sommes tous mal faits. » On n’attendait pas de
Ramuz
un examen de conscience. S’il s’interroge, dans Une Main, c’est plutô
27
ngria est un phénomène dont Claudel, Max Jacob et
Ramuz
ont su voir et dire l’importance, et dont je me contenterai de signal
28
ie du groupe des Cahiers vaudois, réuni autour de
Ramuz
pendant la guerre. (C’est par cela surtout qu’il est Suisse, au mépri
29
onscient, que celui de nos essais critiques. Mais
Ramuz
, comme ses héros, s’arrête encore au seuil du Nouveau Testament… 11
30
ntemps et Raison d’Être, voici encore un essai de
Ramuz
, mais de tous le moins ramuzien : il s’agit cette fois d’idées, et mê
31
cosmique du monde marxiste et du monde chrétien.
Ramuz
fait au communisme certains reproches que d’autres ont déjà formulés,
32
nous le fait voir tout aussi bien que cet essai :
Ramuz
est présent à ce monde, — eux, ils essaient de le recomposer au sein
33
recomposer au sein de leur absence insurmontable.
Ramuz
, mieux que personne, peut se passer d’avoir raison, puisqu’il a pour
34
nte, tout occupée à calculer sa propre mort. Mais
Ramuz
n’est pas un bourgeois. Il peut attendre : son attente est présence,
35
t du mot « esprit ».) Le vrai matérialiste, c’est
Ramuz
. Parce qu’il aime les choses et déteste les mécaniques interposées en
36
besoin de s’affirmer matérialiste. La position de
Ramuz
paraît assez voisine de celle de Berdiaev. Tous deux considèrent le m
37
de son choix. Mais Berdiaev parle en chrétien, et
Ramuz
ne veut encore parler qu’en homme. Est-ce possible ? Et peut-il y cro
38
e véritable que dans l’Adam et Ève de Ramuz, mais
Ramuz
accepterait-il une étiquette aussi compromettante ? À parler franc, j
39
hé. Où donc ? À la surface.) Hofmannsthal. 1.
Ramuz
mythologue Toute méthode féconde est basée sur une intuition des f
40
n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de
Ramuz
d’une façon systématique. Non que cette œuvre et cette personne ne co
41
ée, ayant un poids à elle et une densité », écrit
Ramuz
. Le peuple dit, encore plus simplement : « Si c’était vrai, ça se ver
42
ps ». Aujourd’hui, c’est un Rilke, un Claudel, un
Ramuz
qui détiennent les simples par quoi nous guérirons du platonisme et d
43
ion, et vue au sens d’idée.) ⁂ Ouvrez un livre de
Ramuz
: les choses « viennent », le monde « vient » (à nous), le ciel, le l
44
aisir la genèse et l’ambition secrète de l’art de
Ramuz
. Un personnage de Ramuz, c’est d’abord une apparition, — une image ve
45
ition secrète de l’art de Ramuz. Un personnage de
Ramuz
, c’est d’abord une apparition, — une image venant à nous. « … on les
46
lent. » Il y en a dans presque tous les livres de
Ramuz
, de ces taupiers qui portent des bonnets de poil de lapin. On pourrai
47
calculé et il faut d’abord qu’on le corrige. » Et
Ramuz
ajoute : « C’est comme moi. » C’est comme lui quand il écrit. Car sa
48
l’école ne comprend pas). » Toute l’esthétique de
Ramuz
me paraît centrée sur cette phrase. Son vocabulaire tout d’abord. Cet
49
Comment ne point penser à ce Livre de Job — dont
Ramuz
nous a retraduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime
50
u’une certaine critique ne veut point pardonner à
Ramuz
. Un écrivain français de la tradition des classiques, comme ils le so
51
ion, d’un terme roturier, commun, non littéraire.
Ramuz
, c’est le contraire : s’il écrit « Autarchie », il ajoute aussitôt :
52
en découlent.) Si j’étais dictateur, je nommerais
Ramuz
président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage « châtié »
53
tion se manifeste dans l’allure de la phrase chez
Ramuz
. On a pu croire qu’il n’avait pas le sens du rythme : c’est qu’il veu
54
e subjectivité et d’objectivité. Dans le monde de
Ramuz
, ces deux mots n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas à sign
55
. Tout est mythes 45. ⁂ Ainsi la mythologie, chez
Ramuz
, déloge l’analyse abstraite des psychologues. Et l’on découvre à chac
56
rature d’intrigues pour laquelle il est clair que
Ramuz
n’est pas doué. La forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’imagi
57
amuz n’est pas doué. La forme même que revêt chez
Ramuz
la faculté d’imaginer et de penser dans l’ordre de l’incarnation, dev
58
peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du
Ramuz
créateur, avec des éléments tirés du caractère vaudois. On a, non san
59
oir su se « ravaler au niveau des simples ». Non,
Ramuz
ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son
60
t qui vient du fonds mythologique de la race. (Si
Ramuz
par exemple nous parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit
61
re l’accord des éléments dont se nourrit l’art de
Ramuz
. Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à tr
62
couple heureux. Rarement la forme authentique de
Ramuz
atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage
63
e. La surimpression par exemple n’est jamais pour
Ramuz
un moyen de créer du mystère en brouillant les plans du réel, mais un
64
otale la vision. Tout, par ailleurs, indique chez
Ramuz
la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certa
65
. On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez
Ramuz
. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’
66
Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de
Ramuz
— même pas très réussie, et il y en a, il faut le dire, qui ont un ai
67
dire, qui ont un air raté, un air de pastiche de
Ramuz
—, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle
68
ssion de tout contact avec l’objet. » Ainsi parle
Ramuz
des faux poètes, des nominalistes. On croit voir transparaître dans c
69
« négatif », admirablement pris, d’un portrait de
Ramuz
, dont il est bien facile de tirer une épreuve positive : « Sa poésie
70
n système délicat de conventions et de prudences…
Ramuz
commence là où tous les intermédiaires sont supprimés. Goethe cherche
71
isation lui donne de plus achevé. Le mouvement de
Ramuz
paraît inverse : par la ligne de plus grande résistance, il fait reto
72
ux respectifs auxquels se placent un Goethe et un
Ramuz
déterminent deux formes d’expérience apparemment incomparables. Tout
73
’humain. Il se peut que l’effort réactionnaire de
Ramuz
, dans les contingences où nous sommes, soit, plus qu’il n’y paraît, c
74
ducation goethéenne. Il se peut qu’en définitive,
Ramuz
ait fait, pour la culture, en se donnant l’air de l’attaquer, plus qu
75
ne pensée sans risques, et d’un art sans pitié. ⁂
Ramuz
en veut à l’école, aux journaux, au langage noble, aux objets de vitr
76
a jamais l’effort ; mais par goût de l’effort. Si
Ramuz
tend à rejeter tous les intermédiaires culturels, s’il critique le ma
77
et ce risque de l’homme créateur de sa forme. Si
Ramuz
n’aime pas les machines, s’il refuse l’économie d’efforts qu’elles re
78
taurée, — c’est le mouvement unique de l’œuvre de
Ramuz
, et la définition de sa personne en exercice. « Je ne distingue l’êtr
79
lement parce qu’elle est la plus clairvoyante que
Ramuz
ait écrite sur son art, mais aussi parce qu’elle indique, à peu près
80
aveu de soi le plus direct qu’ait jamais consenti
Ramuz
(c’est Une Main) je lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gai
81
ne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment
Ramuz
existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au
82
siècle pose d’autres questions, des questions que
Ramuz
ne veut pas esquiver. Voici le temps où tout homme se voit mis en dem
83
soi-même, — l’originalité de l’homme « radical ».
Ramuz
l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun
84
a été reconnue sur la figure » (Pascal, cité par
Ramuz
). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire
85
la figure » (Pascal, cité par Ramuz). 44. Comme
Ramuz
l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire d’indiquer que rien
86
allemand dit Ernüchterung. 51. Rimbaud, cité par
Ramuz
dans Six Cahiers. t. Rougemont Denis de, « Vues sur C. F. Ramuz »,
87
, Connaissance de l’Est), le Péguy des pamphlets,
Ramuz
(Raison d’être, Six cahiers, Passage du poète). Je voudrais bien cite
88
, Connaissance de l’Est), le Péguy des pamphlets,
Ramuz
(Raison d’être, Six cahiers. Passage du poète). Je voudrais bien cite
89
ns » de la notion de mesure totalitaire. 75. Cf.
Ramuz
. 76. Par exemple : cohésion spirituelle et matérielle des divers mem
90
uver les choses qui vous résistent. (Je crois que
Ramuz
en a parlé, et de son amour pour les feux qui prennent mal, les maiso
91
s romanciers chrétiens — Dostoïevski, Lagerlöf ou
Ramuz
— ont su prendre la vie des hommes « quelconques » sur le fait de l’i
92
e choses vont de soi. Il nous faut un homme comme
Ramuz
pour nous tirer de l’optimisme assez épais où s’endorment les jeunes
93
sont d’usage interne, individuel. Les doutes que
Ramuz
nous proposent touchent au contraire les fondements mêmes de notre vi
94
ttre en question parmi nous. Par exemple, demande
Ramuz
: Avons-nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction
95
ner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que
Ramuz
pose ces questions ; mais que s’il garde en même temps le souci d’exp
96
otre mesure, celui du tenancier de grand palace. (
Ramuz
, plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette inte
97
n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous demande
Ramuz
. Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de ré
98
particulier de nos responsabilités comme neutres.
Ramuz
insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nati
99
c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit-on que
Ramuz
eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage ge
100
nous a donné par-dessus un Gottfried Keller et un
Ramuz
. Ceux-là ne sont Européens que parce qu’ils sont d’abord, et génialem
101
e goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à
Ramuz
, et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je viva
102
même pas à l’homo alpinus, création polémique de
Ramuz
. y. Rougemont Denis de, « Réponse à Pierre Beausire », Suisse roman
103
de noms que je crois fort obscurs, comme Mauriac,
Ramuz
, Halévy, Duhamel. Tout cela ne compte guère aux yeux d’une poule. Ce
104
n de la culture. Il faut d’abord des hommes comme
Ramuz
, qui représentent la Suisse en soi, j’entends la Suisse dans la réali
105
protestant (Rembrandt, Du Bartas, Selma Lagerlöf,
Ramuz
) ne cherche pas à persuader le public de la beauté de sa religion, ma
106
e choses vont de soi. Il nous faut un homme comme
Ramuz
pour nous tirer de l’optimisme épais où s’endorment les jeunes Suisse
107
sont d’usage interne, individuel. Les doutes que
Ramuz
nous propose touchent au contraire les fondements mêmes de notre vie
108
ttre en question parmi nous. Par exemple, demande
Ramuz
: Avons-nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction
109
ner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que
Ramuz
pose ces questions ; mais que s’il garde en même temps le souci d’exp
110
otre mesure, celui du tenancier du grand palace. (
Ramuz
, plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette inte
111
n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous demande
Ramuz
. Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de ré
112
particulier de nos responsabilités comme neutres.
Ramuz
insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nati
113
c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit-on que
Ramuz
eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage ge
114
nous a donné par-dessus un Jérémie Gotthelf et un
Ramuz
. Ceux-là ne sont Européens que parce qu’ils sont d’abord, et génialem
115
e goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à
Ramuz
, et je m’en irrite au moins autant que lui. Mais je pense qu’on n’att
116
et œil halluciné par le réel, c’est tout l’art de
Ramuz
exposé. Ici, tout le mystère se mue en forme et en physionomie lisibl
117
re l’artificiel, c’est le langage et le visage de
Ramuz
. C’est proprement, sa « raison d’être ». Ces cinq figures sont dispar
119
n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de
Ramuz
d’une façon systématique. Non que cette œuvre et cette personne ne co
120
la critique de Proudhon.) Décrire le « pays » de
Ramuz
, c’est aussi décrire sa personne, à la manière du physiognomoniste pl
121
main qui réalise une vision. ⁂ Ouvrez un livre de
Ramuz
: les choses « viennent », le monde « vient » à nous, le ciel, le lac
122
t l’ambition secrète de cet art. Un personnage de
Ramuz
, c’est d’abord une apparition, — une image venant à nous. « …On les v
123
lent. » Il y en a dans presque tous les livres de
Ramuz
, de ces taupiers qui portent des bonnets de poil de lapin. On pourrai
124
calculé et il faut d’abord qu’on le corrige. » Et
Ramuz
ajoute : « C’est comme moi ». C’est comme lui quand il écrit. Car sa
125
l’école ne comprend pas) ». Toute l’esthétique de
Ramuz
me paraît centrée sur cette phrase. Son vocabulaire tout d’abord. Cet
126
! Comment ne point penser au livre de Job — dont
Ramuz
nous a traduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime e
127
u’une certaine critique ne veut point pardonner à
Ramuz
. Un écrivain français, de tradition classique, comme ils le sont tous
128
ar occasion, d’un terme roturier, non littéraire.
Ramuz
c’est le contraire : « Autarchie, — comme ils disent »… « Il y a là u
129
en découlent.) Si j’étais dictateur, je nommerais
Ramuz
président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage châtié, co
130
tion se manifeste dans l’allure de la phrase chez
Ramuz
. On a pu croire qu’il n’avait pas le sens du rythme : c’est qu’il veu
131
e subjectivité et d’objectivité… Dans le monde de
Ramuz
, ces deux mots n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas à sign
132
images. Tout est mythe. Ainsi la mythologie, chez
Ramuz
, déloge l’analyse abstraite des psychologues. Et l’on découvre à chac
133
rature d’intrigues pour laquelle il est clair que
Ramuz
n’est par doué. Mais la forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’
134
n’est par doué. Mais la forme même que revêt chez
Ramuz
la faculté d’imaginer et de penser dans l’ordre de l’incarnation, dev
135
peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du
Ramuz
créateur, avec des éléments tirés du caractère vaudois. On a loué cet
136
u « se ravaler au niveau des simples ». Mais non,
Ramuz
ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son
137
rt qui vient du fond mythologique de la race. (Si
Ramuz
par exemple nous parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit
138
re l’accord des éléments dont se nourrit l’art de
Ramuz
. Voici Caille, le colporteur de bibles, qui s’avance dès le matin à t
139
couple heureux. Rarement la forme authentique de
Ramuz
atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage
140
e. La surimpression par exemple n’est jamais pour
Ramuz
ce qu’elle fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouil
141
rendre plus totale la vision. Tout indique, chez
Ramuz
, la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni cert
142
. On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez
Ramuz
. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est point tant sa forme que les vertus q
143
détaillés. Mais l’important, c’est qu’une page de
Ramuz
, — même pas très réussie, et il y en a, il faut le dire, qui ont un a
144
res. Nous verrons tout à l’heure dans quel esprit
Ramuz
les pose, et que précisément, c’est l’esprit de ces Signes. L’affleur
145
oyant dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète,
Ramuz
, l’homme qui vit concrètement les grands mythes et qui les réalise da
146
de questions, ou de si minimes. Un court essai de
Ramuz
(sur le Travail), débute ainsi : « Pourquoi est-ce qu’on travaille ?
147
ni de la prise de parti qu’elles déterminent chez
Ramuz
, mais bien au contraire de ceci : qu’il me semble entendre pour la pr
148
aturellement libéré de l’idéologie bourgeoise que
Ramuz
. Sa conception tragique du sort de l’homme suffirait à l’attester. Ma
149
nt dans son œuvre l’élargissement de la maturité,
Ramuz
engagea le dialogue avec son public et l’époque. Quel que soit l’agac
150
sse à peu près unique aujourd’hui. On y trouve un
Ramuz
nullement irrité (comme un Bloy), nullement moralisant (comme les mar
151
peintre. » Il a fallu beaucoup de temps pour que
Ramuz
consentît à penser dans le domaine du général. Il lui a fallu le temp
152
ens profond de la communauté qui anime l’œuvre de
Ramuz
put induire certains à le qualifier d’« unanimiste ». Mais comment Ra
153
ins à le qualifier d’« unanimiste ». Mais comment
Ramuz
croirait-il à cette âme sans visage, statistique, à ce mythe purement
154
écrivains de l’URSS, je ne les retrouve que chez
Ramuz
. Mais purifiés de toute brutalité, de ces traits forcenés, de ces ric
155
es ricanements d’intellectuels mal guéris. Certes
Ramuz
a toujours beaucoup attendu du peuple russe, de « cette immense et se
156
se avec un enthousiasme plus gravement motivé que
Ramuz
; et cela dès 1917, dans certaines pages du Grand Printemps. Personne
157
dû concevoir plus de crainte que de satisfaction.
Ramuz
fait au système soviétique certains reproches que d’autres, avant lui
158
fait voir tout aussi bien que Taille de l’homme :
Ramuz
est présent à ce monde, — eux, ils essaient de le recomposer au sein
159
sprit ».) Le vrai matérialiste, ici encore, c’est
Ramuz
. Parce qu’il aime les choses et se méfie des mécaniques interposées e
160
le du système. On a beaucoup écrit sur l’œuvre de
Ramuz
. Mais presque rien sur sa personne, au sens où je l’entends ici. La s
161
r la syntaxe et sur la construction des romans de
Ramuz
. ⁂ Tout portrait représente un dialogue entre le peintre et son modèl
162
beau trait qui ondule de l’œil droit au menton de
Ramuz
. C’est une ligne mélodique dont on retrouverait l’allure dans plusieu
163
us restons en présence d’une espèce de symbole de
Ramuz
. Je dirai presque d’un rébus, c’est-à-dire d’un visage qu’il s’agit d
164
enflement de la paupière supérieure. Le regard de
Ramuz
est direct, mais volontairement limité, rabattu. Ce n’est pas là l’œi
165
cacher, trahit une sensualité qui s’opposera chez
Ramuz
à tout excès d’élaboration des images. Cet homme ne poussera jamais l
166
is autour duquel tourne la vie du pays recréé par
Ramuz
. Le « chant de notre Rhône », le vin blanc du Valais, des côtes de La
167
ctéristique d’un certain réalisme populaire, dont
Ramuz
est peut-être le seul à avoir su montrer la nécessaire dignité. Le se
168
r la nécessaire dignité. Le sens de l’objet, chez
Ramuz
, est lié à son sens goethéen du symbole. Il ne va pas au pittoresque
169
omaine, faut-il comprendre le « régionalisme » de
Ramuz
: comme une introduction nécessaire à l’humain. (Si l’on veut voir da
170
este » qu’ont certaines pages trop volontaires de
Ramuz
, écrites en réaction contre le bon goût helvétique. Il est la part de
171
e des Six Cahiers le « négatif » d’un portrait de
Ramuz
. Essayons d’en tirer une épreuve positive : « Sa poésie commence avec
172
n système délicat de conventions et de prudences.
Ramuz
commence là où tous les intermédiaires sont supprimés. Goethe cherche
173
isation lui donne de plus achevé. Le mouvement de
Ramuz
paraît inverse : par la ligne de plus grande résistance, il fait reto
174
ux respectifs auxquels se placent un Goethe et un
Ramuz
déterminent deux formes d’expérience apparemment incomparables. Tout
175
estable. Il se peut que l’effort réactionnaire de
Ramuz
, dans les contingences où nous sommes soit, plus qu’il n’y paraît, co
176
ducation goethéenne. Il se peut qu’en définitive,
Ramuz
ait fait pour la culture, en l’attaquant, plus que n’ont fait les déf
177
’une pensée sans risques, et d’un art sans piété.
Ramuz
en veut à l’école, aux journaux, au langage noble, aux objets de vitr
178
a jamais l’effort : mais par goût de l’effort. Si
Ramuz
tend à rejeter tous les intermédiaires culturels, s’il critique le ma
179
et le risque de l’homme créateur de sa forme. Si
Ramuz
n’aime pas les machines, s’il refuse l’économie d’efforts qu’elles re
180
taurée, — c’est le mouvement unique de l’œuvre de
Ramuz
, et la définition de sa personne en exercice. « Je ne distingue l’êtr
181
lement parce qu’elle est la plus clairvoyante que
Ramuz
ait écrite sur son art, mais aussi parce qu’elle indique, à peu près
182
aveu de soi le plus direct qu’ait jamais consenti
Ramuz
(c’est Une Main) je lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gai
183
ne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment
Ramuz
existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au
184
siècle pose d’autres questions, des questions que
Ramuz
ne veut pas esquiver. Voici le temps où l’homme se voit mis en demeur
185
soi-même, — l’originalité de l’homme « radical ».
Ramuz
l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun
186
a été reconnue sur la figure » (Pascal, cité par
Ramuz
). 72. C’est là ce qu’il appelle sa vie intérieure, surtout s’il est
187
ton de création du monde. 74. Dans les essais de
Ramuz
, ses tics de langage sont très apparents : excès de et, de il y a que
188
u, mais aussi au regard de l’Histoire. 77. Avant
Ramuz
je ne vois guère que Claudel pour avoir conduit consciemment ce trava
190
ais sur Goethe, Kierkegaard, Kafka, Luther, Gide,
Ramuz
, Claudel et les romantiques allemands. Enfin, Doctrine fabuleuse . J
191
tre retraite, la maison rose de « La Muette », où
Ramuz
lui aussi laisse venir ceux qui lui apportent les rumeurs de la planè
192
uver les choses qui vous résistent. (Je crois que
Ramuz
en a parlé, et de son amour pour les feux qui prennent mal, les maiso
193
s romanciers chrétiens — Dostoïevski, Lagerlöf ou
Ramuz
— ont su prendre la vie des hommes « quelconques » sur le fait de l’i
194
tre retraite, la maison rose de « La Muette », où
Ramuz
lui aussi laisse venir ceux qui lui apportent les rumeurs de la planè
195
tre retraite, la maison rose de « La Muette », où
Ramuz
lui aussi laisse venir ceux qui lui apportent les rumeurs de la planè
196
udel, Valéry (jamais traduit), Mauriac, Bernanos,
Ramuz
, Breton, Fargue, Paulhan et Michaux. Cependant que les écrivains alle
197
Kierkegaard, de Luther, de Gide, de Claudel et de
Ramuz
. Ensuite, il publiera son Journal des deux mondes , des essais sur d
198
ont produit ou toléré Constant, Alexandre Vinet,
Ramuz
; les Genevois Calvin, de Bèze, Rousseau, Madame de Staël, Töpffer, A
199
noir. Ils vont jusqu’au Tibet, me disait un jour
Ramuz
(dont la géographie se passait bien d’atlas). C’est la même civilisat
200
nne, Paulhan, Thomas Mann, Aldous Huxley, Hamsun,
Ramuz
, Faulkner, Hemingway, Malaparte, sont sortis de milieux protestants,
201
ouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que
Ramuz
appelle “le train-train d’une vie moyenne où l’exception, n’a point d
202
tonomie des cantons. Chez certains auteurs, comme
Ramuz
, il devient presque synonyme de séparatiste.) Alors que les églises p
203
78. Valery Larbaud : Amants, heureux Amants. 79.
Ramuz
: Adam et Ève (ou Derborence). 80. Saint-John Perse : Anabase. 81. D.
204
e fait-il que vous parliez si bien le français ?
Ramuz
concluait que la Suisse n’est qu’une entité politique et militaire, f
205
téraire, artistique ou spirituel. Or, tout ce que
Ramuz
m’écrivait au sujet de la Suisse dont je le priais de parler vaudrait
206
une entité politique et militaire. J’imagine donc
Ramuz
me répétant ce soir avec une amicale ironie : « Cher M. de Rougemont,
207
’existe pas, ou pas davantage que la Suisse selon
Ramuz
, finira bien par exister au moins autant. Avouons-le, sans fausse mod
208
que sans commune mesure », un peu dans le sens où
Ramuz
, dans le passage que je vous ai lu tout à l’heure, nous parlait de no
209
ns » de la notion de mesure totalitaire. 17. Cf.
Ramuz
. 18. Par exemple : cohésion spirituelle et matérielle des divers mem
210
romands. Un seul en a tiré une œuvre forte, c’est
Ramuz
. Mais il ne croyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne cr
211
tique ou de tempérament ? Certains citeront alors
Ramuz
, à titre d’argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler
212
Honegger pour la musique, d’un Spitteler et d’un
Ramuz
pour la littérature, d’un Hodler et d’un Paul Klee pour la peinture,
213
la belle tête taillée en bois d’arolle, celle de
Ramuz
, comme chez un patricien de l’intelligence, Jacob Burckhardt, ces mêm
214
Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un
Ramuz
, à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le pr
215
Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un
Ramuz
, à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le pr
216
e romande sous l’impulsion des Cahiers vaudois de
Ramuz
et de ses amis, et Lausanne est restée le centre de ce qu’il y a de v
217
est notre véritable Antiquité, comme l’a bien vu
Ramuz
. Avec « La Belle de Moudon », charmante comédie musicale et, si l’on
218
nt. J’imagine la conjonction d’un Honegger, d’un
Ramuz
, d’un Appia et d’un Eberle… Tout le monde connaît les deux premiers.
219
me. Littérature en général : de l’helvétisme à
Ramuz
L’homo alpinus se distingue dans les manuels de la préhistoire : s
220
alculé, et il faut d’abord qu’on le corrige. » Et
Ramuz
ajoute : « C’est comme moi. » Mais le défaut de liberté d’expression
221
rdit. L’école primaire entretient ces vertus96 et
Ramuz
n’a cessé de la blâmer : « Car le phénomène de l’art est un phénomène
222
peu naturel dans l’expression de ses sentiments.
Ramuz
refuse la Suisse fédérale, officielle, et choisit de n’être que vaudo
223
pauvre par en haut » ou incapable de s’exprimer ?
Ramuz
nomme « suisses » tous les défauts qu’il voit chez les gens de son ca
224
u fédéralisme implique tout de même ce régime, et
Ramuz
eût fini par l’admettre, devant trois « décis » de vin blanc, riant s
225
it très forte et noire et cachait son humour. Car
Ramuz
, antisuisse, est plus suisse que nature dans sa philosophie et dans s
226
il y eut jamais une esthétique suisse, c’est dans
Ramuz
qu’on la trouvera. Longtemps méconnu par les siens, auxquels il répét
227
uxquels il répétait : « N’imitez point Paris ! »,
Ramuz
ne se vit accepté qu’une fois sa gloire faite à Paris. Mais bien avan
228
t jouée en 1918. La prose raboteuse et rythmée de
Ramuz
, les mélodies brisées et la percussion diabolique de Stravinsky, les
229
Imago de Spitteler et les romans romands, jusqu’à
Ramuz
, se distinguent des romans français, anglais ou russes des mêmes époq
230
faute d’un sens lyrique profond, dont témoignent
Ramuz
, Honegger ou Paul Klee, mais en prose, en musique ou en peinture. Fau
231
es s’exprime par les « Questions » sans espoir de
Ramuz
, par les virulentes satires de Dürrenmatt, ou par les innombrables es
232
de nos petitesses. « Besoin de grandeur », gémit
Ramuz
, crispé. Mais démontrer aux hommes qu’ils voient trop court n’est pas
233
rice Zermatten et pour C.-F. Landry, disciples de
Ramuz
et comme lui s’attachant à la vie des hommes proches de l’élémentaire
234
la belle tête taillée en bois d’arolle, celle de
Ramuz
, comme chez un patricien de l’intelligence, Jacob Burckhardt, ces mêm
235
soi. Un jour, après une longue conversation avec
Ramuz
sur les mérites comparés de la concentration sur un seul lieu, et de
236
me du lyrisme biblique — « notre Antiquité », dit
Ramuz
—, du choral luthérien et de la polyphonie du xvie siècle calviniste
237
re bout de la Suisse et aux antipodes de l’esprit
Ramuz
, Stravinski, Auberjonois et Ansermet écrivent, composent, peignent et
238
re et deuxième manière. Je suis pour la deuxième.
Ramuz
était pour la première. Il me disait un jour au Central, à Lausanne :
239
uisses s’exprime par les Questions sans espoir de
Ramuz
, par les virulentes satires de Dürrenmatt, ou par les innombrables es
240
de nos petitesses. « Besoin de grandeur », gémit
Ramuz
, crispé. Mais démontrer aux hommes qu’ils voient trop court n’est pas
241
contre Berne, c’est-à-dire contre la fédération.
Ramuz
avait coutume de me dire : « Entre nous, nous sommes contre Berne, no
243
s en terrasse et le lac dans sa coupe de lumière.
Ramuz
vous offre une cigarette de tabac noir — le blond lui fait mal au cœu
244
ng de cette chaîne, dans toutes les langues… » Et
Ramuz
s’empare d’un atlas. Nous ne parlerons que de géographie, de races… N
245
ec quelques brins de paille seulement.) On quitte
Ramuz
, on est content, on a parlé d’une foule de choses — je ne dis pas de
246
aperçoit aussi qu’il n’a rien dit de lui. Qui est
Ramuz
? Le plus grand écrivain suisse d’aujourd’hui, auteur d’une trentaine
247
st ce que diront les journalistes et les manuels.
Ramuz
n’est pas si facile à étiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu
248
pays et des traditions suisses les plus connues.
Ramuz
est né en 1878 dans le canton de Vaud, en Suisse romande. Il y a vécu
249
d’un Benjamin Constant, nés dans le même canton,
Ramuz
appartient davantage à la géographie qu’à l’histoire de sa petite pat
250
familles patriciennes gouvernant les cantons, et
Ramuz
ne veut représenter que la paysannerie. L’esprit suisse — et surtout
251
t comparateur, introspectif et cosmopolite ; mais
Ramuz
est synthétique et se dit volontiers « raciste », c’est-à-dire qu’il
252
yances instinctives et des passions élémentaires.
Ramuz
veut rejoindre par là — c’est tout le paradoxe de son œuvre — quelque
253
ances de sa vie, c’est l’homme dans le cosmos que
Ramuz
nous fait voir. À travers le pays vaudois, c’est le Pays de l’humanit
254
s le pays vaudois, c’est le Pays de l’humanité. ⁂
Ramuz
n’écrit pas des romans, au sens habituel du terme, mais des poèmes en
255
ntaire simplicité, car le sujet d’un « roman » de
Ramuz
, c’est toujours l’irruption d’un événement unique, ou d’un grand myth
256
ale, à du charme, à de la fantaisie. La poésie de
Ramuz
n’est jamais obtenue par l’idéalisation, le rêve ou la belle phrase m
257
fait de la poésie qu’avec l’antipoétique — écrit
Ramuz
. Nos vrais amis sont les gens de métier, et non pas ceux qu’on nomme
258
s artistes. » Je voudrais définir l’esthétique de
Ramuz
comme l’anti-glamour absolu. Les poètes romantiques parlent du « chan
259
parlent du « chant mélodieux des oiseaux », mais
Ramuz
décrit la rumeur des moineaux et des merles sous ses fenêtres comme «
260
n de facile, jamais de bel canto dans la prose de
Ramuz
; mais son application à reproduire le geste intime d’un homme en com
261
e est littérature quand vous sortez d’un livre de
Ramuz
. ⁂ Présence de la mort figure un des moments extrêmes de l’œuvre de
262
mort figure un des moments extrêmes de l’œuvre de
Ramuz
, celui de l’exaspération de son style le plus volontaire. Ramuz avait
263
e l’exaspération de son style le plus volontaire.
Ramuz
avait débuté vers 1900 par des romans naturalistes et deux petits rec
264
opre pays, qui le jugeait obscur et trop moderne,
Ramuz
s’avançait lentement du pas têtu et régulier des montagnards. Un grou
265
ore un public. Devant la résistance des lecteurs,
Ramuz
réagit en accentuant son originalité, en faisant du Ramuz encore plus
266
agit en accentuant son originalité, en faisant du
Ramuz
encore plus pur : et c’est Présence de la mort. Tôt après, Paris le d
267
s œuvres anciennes, se passionnait pour ou contre
Ramuz
(c’est le titre d’un ouvrage collectif publié en 1926). Et il me semb
268
oins solitaire dans le ton de la voix. Désormais,
Ramuz
parle à un public qui l’aime, il engage avec lui un dialogue et l’on
269
langue, sa vision, et son actualité. On a dit, et
Ramuz
lui-même s’est expliqué sur ce sujet, qu’il écrivait comme parlent le
270
ctaphone — et je parie qu’on retouchera le texte.
Ramuz
n’écrit pas en Vaudois, mais au lieu de s’inspirer, comme la plupart
271
qu’on le corrige. C’est comme moi… » C’est comme
Ramuz
quand il écrit. Notons aussi l’influence du style biblique, si fortem
272
ent inculqué à ce peuple. Par une lacune étrange,
Ramuz
ne montre jamais ses paysans à l’église du village, ni leurs pasteurs
273
es peuples protestants, comme l’observait un jour
Ramuz
, car elle remplace pour eux la mythologie grecque et romaine. Et malg
274
méfiance à l’invisible. Jusqu’à un certain point,
Ramuz
l’imite, mais tout d’un coup il le dépasse et le confronte avec l’Inv
275
ble. Et nous avons tous fait comme les paysans de
Ramuz
: nous avons refusé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dan
276
s pas d’autre écrivain qui ait su traduire, comme
Ramuz
, l’incarnation de la catastrophe dans le détail concret de la vie. Je
277
e et dansée). 14. Je dis bien le peuple créé par
Ramuz
, non pas les Vaudois tels qu’ils sont. aa. Rougemont Denis de, « [P
278
naugurent : Valéry, Claudel, Proust, Maeterlinck,
Ramuz
et le jeune Malraux dans le domaine français ; Stefan George, Thomas
279
ançais comme Rimbaud, Claudel, Gide et même notre
Ramuz
… Tout auteur vit sur un certain nombre de contradictions qui sous-ten
280
ut-être moins importants, hormis celui concernant
Ramuz
qui m’a permis de me ressourcer, de me ré-enraciner dans la culture s
281
xemple. J’ai été assez heureux de la manière dont
Ramuz
a réagi à cet écrit. Malheureusement, j’ai perdu sa lettre qui m’étai
282
de mon œuvre. » Et enfin, le lecteur découvre un
Ramuz
tel qu’il l’imagine, un Ramuz débarrassé de l’officialité helvétique
283
lecteur découvre un Ramuz tel qu’il l’imagine, un
Ramuz
débarrassé de l’officialité helvétique ! Débarrassé surtout de ce côt
284
re-grand-mères. L’Ancien Testament, comme l’a dit
Ramuz
, n’est-il pas la véritable Antiquité des protestants ?) Jérémie va d’
285
26 octobre à Genève) couronnant, après celles de
Ramuz
, Dürrenmatt et Frisch, son œuvre d’écrivain et de penseur, Denis de R
286
et dans les mêmes années, Valéry, Unamuno, notre
Ramuz
, Kierkegaard, Kafka, T. S. Eliot… Pendant ces années d’adolescence, j
287
sanne, à la littérature terrienne, comme celle de
Ramuz
qui s’est fait une langue qu’il voulait absolument purifiée de toute
288
Goethe et Rimbaud, Kierkegaard, Luther, Claudel,
Ramuz
et les romantiques allemands. Des propos quelque peu obscurs qu’il me
289
bliques : « La Bible est notre Antiquité », écrit
Ramuz
. À quoi s’ajoute — si même il n’en résulte pas — le fait paradoxal au
290
Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un
Ramuz
, à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le pr