1 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
1 ’est ici que paraît tout de même la grandeur d’un Ramuz , dont Beausire ne veut voir que le maniérisme, non la substance. q.
2 1932, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Les Signes parmi nous, par C. F. Ramuz (janvier 1932)
2 ns, ou de si minimes. Je lis un article récent de Ramuz (sur le Travail), qui débute ainsi « Pourquoi est-ce qu’on travaille 
3 de parti (antimarxiste) qu’elles déterminent chez Ramuz , mais bien au contraire de ceci : qu’il me semble entendre pour la pr
4 turellement libéré de l’idéologie bourgeoise, que Ramuz . Sa conception tragique du sort de l’homme suffirait à l’attester. Ma
5 oir su « se ravaler au niveau des simples. » Non, Ramuz ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son
6 put induire certains à parler de l’unanimisme de Ramuz . Mais comment Ramuz croirait-il à l’être collectif, être sans racines
7 s à parler de l’unanimisme de Ramuz. Mais comment Ramuz croirait-il à l’être collectif, être sans racines, mythe cérébral. « 
8 écrivains de l’URSS, je ne les retrouve que chez Ramuz . Mais purifiés de toute brutalité, de ces traits forcenés, de ces ric
9 es ricanements d’intellectuels mal guéris. Certes Ramuz attend beaucoup du peuple russe, de « cette immense et secrète réserv
10 e, le met en valeur mieux que tout autre récit de Ramuz . Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à tr
11 couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage
12 e. La surimpression par exemple n’est jamais pour Ramuz ce qu’elle fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouil
13 otale la vision. Tout, par ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certa
14 . On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz . Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’
15 Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a qui ont un air raté, un air pas
16 il y en a qui ont un air raté, un air pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle
17 ut-être voit-on mieux maintenant dans quel esprit Ramuz les pose, et que précisément c’est l’esprit de ces Signes. Aussi sera
18 tique dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète, Ramuz , l’homme qui vit concrètement les grands mythes et les réalise dans s
3 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VI
19 ont produit ou toléré Constant, Alexandre Vinet, Ramuz  ; les Genevois Calvin, de Bèze, Rousseau, Madame de Staël, Töpffer, A
4 1932, Le Paysan du Danube et autres textes. Suite neuchâteloise — VIII
20 noir. Ils vont jusqu’au Tibet, me disait un jour Ramuz (dont la géographie se passait bien d’atlas). C’est la même civilisat
5 1933, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Une main, par C. F. Ramuz (juin 1933)
21 n, par C. F. Ramuz (juin 1933)l Qu’on ait pris Ramuz pour un « régionaliste », c’est une de ces méprises qui peuvent servi
22 ologue, auteur de drames historiques. Que cherche Ramuz  ? Une connaissance du particulier qui introduise à celle de l’élément
23 le canton de Vaud, mais dans le domaine propre de Ramuz qui est l’élémentaire. Jamais il ne fut mieux lui-même. Il y fallait
24 guérison naîtra d’une résistance retrouvée26. Et Ramuz , apaisé, regarde tomber la neige : les choses ont de nouveau leur sen
25 r la neige : les choses ont de nouveau leur sens. Ramuz parle de lui, c’est la première fois. Et c’est à peine de lui. Dix pe
26 us sommes tous mal faits. » On n’attendait pas de Ramuz un examen de conscience. S’il s’interroge, dans Une Main, c’est plutô
6 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). D’un humour romand (24 février 1934)
27 ngria est un phénomène dont Claudel, Max Jacob et Ramuz ont su voir et dire l’importance, et dont je me contenterai de signal
28 ie du groupe des Cahiers vaudois, réuni autour de Ramuz pendant la guerre. (C’est par cela surtout qu’il est Suisse, au mépri
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
29 onscient, que celui de nos essais critiques. Mais Ramuz , comme ses héros, s’arrête encore au seuil du Nouveau Testament… 11
8 1934, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Taille de l’homme, par C. F. Ramuz (avril 1934)
30 ntemps et Raison d’Être, voici encore un essai de Ramuz , mais de tous le moins ramuzien : il s’agit cette fois d’idées, et mê
31 cosmique du monde marxiste et du monde chrétien. Ramuz fait au communisme certains reproches que d’autres ont déjà formulés,
32 nous le fait voir tout aussi bien que cet essai : Ramuz est présent à ce monde, — eux, ils essaient de le recomposer au sein
33 recomposer au sein de leur absence insurmontable. Ramuz , mieux que personne, peut se passer d’avoir raison, puisqu’il a pour
34 nte, tout occupée à calculer sa propre mort. Mais Ramuz n’est pas un bourgeois. Il peut attendre : son attente est présence,
35 t du mot « esprit ».) Le vrai matérialiste, c’est Ramuz . Parce qu’il aime les choses et déteste les mécaniques interposées en
36 besoin de s’affirmer matérialiste. La position de Ramuz paraît assez voisine de celle de Berdiaev. Tous deux considèrent le m
37 de son choix. Mais Berdiaev parle en chrétien, et Ramuz ne veut encore parler qu’en homme. Est-ce possible ? Et peut-il y cro
9 1934, Les Nouvelles littéraires, articles (1933–1972). Au sujet d’un roman : Sara Alelia (3 novembre 1934)
38 e véritable que dans l’Adam et Ève de Ramuz, mais Ramuz accepterait-il une étiquette aussi compromettante ? À parler franc, j
10 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
39 hé. Où donc ? À la surface.) Hofmannsthal. 1. Ramuz mythologue Toute méthode féconde est basée sur une intuition des f
40 n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de Ramuz d’une façon systématique. Non que cette œuvre et cette personne ne co
41 ée, ayant un poids à elle et une densité », écrit Ramuz . Le peuple dit, encore plus simplement : « Si c’était vrai, ça se ver
42 ps ». Aujourd’hui, c’est un Rilke, un Claudel, un Ramuz qui détiennent les simples par quoi nous guérirons du platonisme et d
43 ion, et vue au sens d’idée.) ⁂ Ouvrez un livre de Ramuz  : les choses « viennent », le monde « vient » (à nous), le ciel, le l
44 aisir la genèse et l’ambition secrète de l’art de Ramuz . Un personnage de Ramuz, c’est d’abord une apparition, — une image ve
45 ition secrète de l’art de Ramuz. Un personnage de Ramuz , c’est d’abord une apparition, — une image venant à nous. « … on les
46 lent. » Il y en a dans presque tous les livres de Ramuz , de ces taupiers qui portent des bonnets de poil de lapin. On pourrai
47 calculé et il faut d’abord qu’on le corrige. » Et Ramuz ajoute : « C’est comme moi. » C’est comme lui quand il écrit. Car sa
48 l’école ne comprend pas). » Toute l’esthétique de Ramuz me paraît centrée sur cette phrase. Son vocabulaire tout d’abord. Cet
49 Comment ne point penser à ce Livre de Job — dont Ramuz nous a retraduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime
50 u’une certaine critique ne veut point pardonner à Ramuz . Un écrivain français de la tradition des classiques, comme ils le so
51 ion, d’un terme roturier, commun, non littéraire. Ramuz , c’est le contraire : s’il écrit « Autarchie », il ajoute aussitôt :
52 en découlent.) Si j’étais dictateur, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage « châtié »
53 tion se manifeste dans l’allure de la phrase chez Ramuz . On a pu croire qu’il n’avait pas le sens du rythme : c’est qu’il veu
54 e subjectivité et d’objectivité. Dans le monde de Ramuz , ces deux mots n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas à sign
55 . Tout est mythes 45. ⁂ Ainsi la mythologie, chez Ramuz , déloge l’analyse abstraite des psychologues. Et l’on découvre à chac
56 rature d’intrigues pour laquelle il est clair que Ramuz n’est pas doué. La forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’imagi
57 amuz n’est pas doué. La forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’imaginer et de penser dans l’ordre de l’incarnation, dev
58 peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du Ramuz créateur, avec des éléments tirés du caractère vaudois. On a, non san
59 oir su se « ravaler au niveau des simples ». Non, Ramuz ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son
60 t qui vient du fonds mythologique de la race. (Si Ramuz par exemple nous parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit
61 re l’accord des éléments dont se nourrit l’art de Ramuz . Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à tr
62 couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage
63 e. La surimpression par exemple n’est jamais pour Ramuz un moyen de créer du mystère en brouillant les plans du réel, mais un
64 otale la vision. Tout, par ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certa
65 . On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz . Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’
66 Mais l’important, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a, il faut le dire, qui ont un ai
67 dire, qui ont un air raté, un air de pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule page de ce livre lue avec cette lenteur qu’elle
68 ssion de tout contact avec l’objet. » Ainsi parle Ramuz des faux poètes, des nominalistes. On croit voir transparaître dans c
69 « négatif », admirablement pris, d’un portrait de Ramuz , dont il est bien facile de tirer une épreuve positive : « Sa poésie
70 n système délicat de conventions et de prudences… Ramuz commence là où tous les intermédiaires sont supprimés. Goethe cherche
71 isation lui donne de plus achevé. Le mouvement de Ramuz paraît inverse : par la ligne de plus grande résistance, il fait reto
72 ux respectifs auxquels se placent un Goethe et un Ramuz déterminent deux formes d’expérience apparemment incomparables. Tout
73 ’humain. Il se peut que l’effort réactionnaire de Ramuz , dans les contingences où nous sommes, soit, plus qu’il n’y paraît, c
74 ducation goethéenne. Il se peut qu’en définitive, Ramuz ait fait, pour la culture, en se donnant l’air de l’attaquer, plus qu
75 ne pensée sans risques, et d’un art sans pitié. ⁂ Ramuz en veut à l’école, aux journaux, au langage noble, aux objets de vitr
76 a jamais l’effort ; mais par goût de l’effort. Si Ramuz tend à rejeter tous les intermédiaires culturels, s’il critique le ma
77 et ce risque de l’homme créateur de sa forme. Si Ramuz n’aime pas les machines, s’il refuse l’économie d’efforts qu’elles re
78 taurée, — c’est le mouvement unique de l’œuvre de Ramuz , et la définition de sa personne en exercice. « Je ne distingue l’êtr
79 lement parce qu’elle est la plus clairvoyante que Ramuz ait écrite sur son art, mais aussi parce qu’elle indique, à peu près
80 aveu de soi le plus direct qu’ait jamais consenti Ramuz (c’est Une Main) je lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gai
81 ne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au
82 siècle pose d’autres questions, des questions que Ramuz ne veut pas esquiver. Voici le temps où tout homme se voit mis en dem
83 soi-même, — l’originalité de l’homme « radical ». Ramuz l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun
84 a été reconnue sur la figure » (Pascal, cité par Ramuz ). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire
85 la figure » (Pascal, cité par Ramuz). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il nécessaire d’indiquer que rien
86 allemand dit Ernüchterung. 51. Rimbaud, cité par Ramuz dans Six Cahiers. t. Rougemont Denis de, « Vues sur C. F. Ramuz »,
11 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — II. Éléments d’une morale de la pensée
87 , Connaissance de l’Est), le Péguy des pamphlets, Ramuz (Raison d’être, Six cahiers, Passage du poète). Je voudrais bien cite
12 1936, Penser avec les mains (1972). Deuxième partie. Penser avec les mains — II. Éléments d’une morale de la pensée
88 , Connaissance de l’Est), le Péguy des pamphlets, Ramuz (Raison d’être, Six cahiers. Passage du poète). Je voudrais bien cite
13 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
89 ns » de la notion de mesure totalitaire. 75. Cf. Ramuz . 76. Par exemple : cohésion spirituelle et matérielle des divers mem
14 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Deuxième partie. Pauvre province
90 uver les choses qui vous résistent. (Je crois que Ramuz en a parlé, et de son amour pour les feux qui prennent mal, les maiso
15 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Troisième partie. L’été parisien
91 s romanciers chrétiens — Dostoïevski, Lagerlöf ou Ramuz  — ont su prendre la vie des hommes « quelconques » sur le fait de l’i
16 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
92 e choses vont de soi. Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’optimisme assez épais où s’endorment les jeunes
93 sont d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous proposent touchent au contraire les fondements mêmes de notre vi
94 ttre en question parmi nous. Par exemple, demande Ramuz  : Avons-nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction 
95 ner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que Ramuz pose ces questions ; mais que s’il garde en même temps le souci d’exp
96 otre mesure, celui du tenancier de grand palace. ( Ramuz , plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette inte
97 n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous demande Ramuz . Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de ré
98 particulier de nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nati
99 c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage ge
100 nous a donné par-dessus un Gottfried Keller et un Ramuz . Ceux-là ne sont Européens que parce qu’ils sont d’abord, et génialem
101 e goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz , et je m’en irrite au moins autant que lui. (Que serait-ce si je viva
17 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
102 même pas à l’homo alpinus, création polémique de Ramuz . y. Rougemont Denis de, « Réponse à Pierre Beausire », Suisse roman
18 1938, Bulletin de la Guilde du livre, articles (1937–1948). Caquets d’une vieille poule noire (août 1938)
103 de noms que je crois fort obscurs, comme Mauriac, Ramuz , Halévy, Duhamel. Tout cela ne compte guère aux yeux d’une poule. Ce
19 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse de Denis de Rougemont, lauréat du prix Rambert 1938 (novembre 1938)
104 n de la culture. Il faut d’abord des hommes comme Ramuz , qui représentent la Suisse en soi, j’entends la Suisse dans la réali
20 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse à l’enquête « Littérature et christianisme » (20 novembre 1938)
105 protestant (Rembrandt, Du Bartas, Selma Lagerlöf, Ramuz ) ne cherche pas à persuader le public de la beauté de sa religion, ma
21 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
106 e choses vont de soi. Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’optimisme épais où s’endorment les jeunes Suisse
107 sont d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous propose touchent au contraire les fondements mêmes de notre vie
108 ttre en question parmi nous. Par exemple, demande Ramuz  : Avons-nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction 
109 ner ceci : que c’est aux Suisses, finalement, que Ramuz pose ces questions ; mais que s’il garde en même temps le souci d’exp
110 otre mesure, celui du tenancier du grand palace. ( Ramuz , plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette inte
111 n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous demande Ramuz . Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’essaierai de ré
112 particulier de nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nati
113 c’est-à-dire de près, corps à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage ge
114 nous a donné par-dessus un Jérémie Gotthelf et un Ramuz . Ceux-là ne sont Européens que parce qu’ils sont d’abord, et génialem
115 e goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz , et je m’en irrite au moins autant que lui. Mais je pense qu’on n’att
22 1940, La Nouvelle Revue française, articles (1931–1961). Hommage à C. F. Ramuz (mai 1940)
116 et œil halluciné par le réel, c’est tout l’art de Ramuz exposé. Ici, tout le mystère se mue en forme et en physionomie lisibl
23 1944, Les Personnes du drame. Introduction
117 re l’artificiel, c’est le langage et le visage de Ramuz . C’est proprement, sa « raison d’être ». Ces cinq figures sont dispar
24 1944, Les Personnes du drame. III. Sincérité et authenticité — 7. Vues sur Ramuz
118 7.Vues sur Ramuz Il faut dissimuler la profondeur. Où donc ? À la surface. Hugo de
119 n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de Ramuz d’une façon systématique. Non que cette œuvre et cette personne ne co
120 la critique de Proudhon.) Décrire le « pays » de Ramuz , c’est aussi décrire sa personne, à la manière du physiognomoniste pl
121 main qui réalise une vision. ⁂ Ouvrez un livre de Ramuz  : les choses « viennent », le monde « vient » à nous, le ciel, le lac
122 t l’ambition secrète de cet art. Un personnage de Ramuz , c’est d’abord une apparition, — une image venant à nous. « …On les v
123 lent. » Il y en a dans presque tous les livres de Ramuz , de ces taupiers qui portent des bonnets de poil de lapin. On pourrai
124 calculé et il faut d’abord qu’on le corrige. » Et Ramuz ajoute : « C’est comme moi ». C’est comme lui quand il écrit. Car sa
125 l’école ne comprend pas) ». Toute l’esthétique de Ramuz me paraît centrée sur cette phrase. Son vocabulaire tout d’abord. Cet
126  ! Comment ne point penser au livre de Job — dont Ramuz nous a traduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime e
127 u’une certaine critique ne veut point pardonner à Ramuz . Un écrivain français, de tradition classique, comme ils le sont tous
128 ar occasion, d’un terme roturier, non littéraire. Ramuz c’est le contraire : « Autarchie, — comme ils disent »… « Il y a là u
129 en découlent.) Si j’étais dictateur, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage châtié, co
130 tion se manifeste dans l’allure de la phrase chez Ramuz . On a pu croire qu’il n’avait pas le sens du rythme : c’est qu’il veu
131 e subjectivité et d’objectivité… Dans le monde de Ramuz , ces deux mots n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas à sign
132 images. Tout est mythe. Ainsi la mythologie, chez Ramuz , déloge l’analyse abstraite des psychologues. Et l’on découvre à chac
133 rature d’intrigues pour laquelle il est clair que Ramuz n’est par doué. Mais la forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’
134 n’est par doué. Mais la forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’imaginer et de penser dans l’ordre de l’incarnation, dev
135 peuple ramuzien, peuple créé d’abord à l’image du Ramuz créateur, avec des éléments tirés du caractère vaudois. On a loué cet
136 u « se ravaler au niveau des simples ». Mais non, Ramuz ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son
137 rt qui vient du fond mythologique de la race. (Si Ramuz par exemple nous parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit
138 re l’accord des éléments dont se nourrit l’art de Ramuz . Voici Caille, le colporteur de bibles, qui s’avance dès le matin à t
139 couple heureux. Rarement la forme authentique de Ramuz atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage
140 e. La surimpression par exemple n’est jamais pour Ramuz ce qu’elle fut pour d’autres : un moyen de créer du mystère en brouil
141 rendre plus totale la vision. Tout indique, chez Ramuz , la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni cert
142 . On s’est trop arrêté à l’insolite du style chez Ramuz . Ce qu’il a d’insolite, ce n’est point tant sa forme que les vertus q
143 détaillés. Mais l’important, c’est qu’une page de Ramuz , — même pas très réussie, et il y en a, il faut le dire, qui ont un a
144 res. Nous verrons tout à l’heure dans quel esprit Ramuz les pose, et que précisément, c’est l’esprit de ces Signes. L’affleur
145 oyant dans sa prière. Et c’est pourquoi le poète, Ramuz , l’homme qui vit concrètement les grands mythes et qui les réalise da
146 de questions, ou de si minimes. Un court essai de Ramuz (sur le Travail), débute ainsi : « Pourquoi est-ce qu’on travaille ?
147 ni de la prise de parti qu’elles déterminent chez Ramuz , mais bien au contraire de ceci : qu’il me semble entendre pour la pr
148 aturellement libéré de l’idéologie bourgeoise que Ramuz . Sa conception tragique du sort de l’homme suffirait à l’attester. Ma
149 nt dans son œuvre l’élargissement de la maturité, Ramuz engagea le dialogue avec son public et l’époque. Quel que soit l’agac
150 sse à peu près unique aujourd’hui. On y trouve un Ramuz nullement irrité (comme un Bloy), nullement moralisant (comme les mar
151 peintre. » Il a fallu beaucoup de temps pour que Ramuz consentît à penser dans le domaine du général. Il lui a fallu le temp
152 ens profond de la communauté qui anime l’œuvre de Ramuz put induire certains à le qualifier d’« unanimiste ». Mais comment Ra
153 ins à le qualifier d’« unanimiste ». Mais comment Ramuz croirait-il à cette âme sans visage, statistique, à ce mythe purement
154 écrivains de l’URSS, je ne les retrouve que chez Ramuz . Mais purifiés de toute brutalité, de ces traits forcenés, de ces ric
155 es ricanements d’intellectuels mal guéris. Certes Ramuz a toujours beaucoup attendu du peuple russe, de « cette immense et se
156 se avec un enthousiasme plus gravement motivé que Ramuz  ; et cela dès 1917, dans certaines pages du Grand Printemps. Personne
157 dû concevoir plus de crainte que de satisfaction. Ramuz fait au système soviétique certains reproches que d’autres, avant lui
158 fait voir tout aussi bien que Taille de l’homme : Ramuz est présent à ce monde, — eux, ils essaient de le recomposer au sein
159 sprit ».) Le vrai matérialiste, ici encore, c’est Ramuz . Parce qu’il aime les choses et se méfie des mécaniques interposées e
160 le du système. On a beaucoup écrit sur l’œuvre de Ramuz . Mais presque rien sur sa personne, au sens où je l’entends ici. La s
161 r la syntaxe et sur la construction des romans de Ramuz . ⁂ Tout portrait représente un dialogue entre le peintre et son modèl
162 beau trait qui ondule de l’œil droit au menton de Ramuz . C’est une ligne mélodique dont on retrouverait l’allure dans plusieu
163 us restons en présence d’une espèce de symbole de Ramuz . Je dirai presque d’un rébus, c’est-à-dire d’un visage qu’il s’agit d
164 enflement de la paupière supérieure. Le regard de Ramuz est direct, mais volontairement limité, rabattu. Ce n’est pas là l’œi
165 cacher, trahit une sensualité qui s’opposera chez Ramuz à tout excès d’élaboration des images. Cet homme ne poussera jamais l
166 is autour duquel tourne la vie du pays recréé par Ramuz . Le « chant de notre Rhône », le vin blanc du Valais, des côtes de La
167 ctéristique d’un certain réalisme populaire, dont Ramuz est peut-être le seul à avoir su montrer la nécessaire dignité. Le se
168 r la nécessaire dignité. Le sens de l’objet, chez Ramuz , est lié à son sens goethéen du symbole. Il ne va pas au pittoresque
169 omaine, faut-il comprendre le « régionalisme » de Ramuz  : comme une introduction nécessaire à l’humain. (Si l’on veut voir da
170 este » qu’ont certaines pages trop volontaires de Ramuz , écrites en réaction contre le bon goût helvétique. Il est la part de
171 e des Six Cahiers le « négatif » d’un portrait de Ramuz . Essayons d’en tirer une épreuve positive : « Sa poésie commence avec
172 n système délicat de conventions et de prudences. Ramuz commence là où tous les intermédiaires sont supprimés. Goethe cherche
173 isation lui donne de plus achevé. Le mouvement de Ramuz paraît inverse : par la ligne de plus grande résistance, il fait reto
174 ux respectifs auxquels se placent un Goethe et un Ramuz déterminent deux formes d’expérience apparemment incomparables. Tout
175 estable. Il se peut que l’effort réactionnaire de Ramuz , dans les contingences où nous sommes soit, plus qu’il n’y paraît, co
176 ducation goethéenne. Il se peut qu’en définitive, Ramuz ait fait pour la culture, en l’attaquant, plus que n’ont fait les déf
177 ’une pensée sans risques, et d’un art sans piété. Ramuz en veut à l’école, aux journaux, au langage noble, aux objets de vitr
178 a jamais l’effort : mais par goût de l’effort. Si Ramuz tend à rejeter tous les intermédiaires culturels, s’il critique le ma
179 et le risque de l’homme créateur de sa forme. Si Ramuz n’aime pas les machines, s’il refuse l’économie d’efforts qu’elles re
180 taurée, — c’est le mouvement unique de l’œuvre de Ramuz , et la définition de sa personne en exercice. « Je ne distingue l’êtr
181 lement parce qu’elle est la plus clairvoyante que Ramuz ait écrite sur son art, mais aussi parce qu’elle indique, à peu près
182 aveu de soi le plus direct qu’ait jamais consenti Ramuz (c’est Une Main) je lis ceci : « Certains hommes tiennent pour un gai
183 ne. » ⁂ Je vois, j’ai tenté de faire voir comment Ramuz existe à sa façon. Je vois que son pouvoir est sa présence active au
184 siècle pose d’autres questions, des questions que Ramuz ne veut pas esquiver. Voici le temps où l’homme se voit mis en demeur
185 soi-même, — l’originalité de l’homme « radical ». Ramuz l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun
186 a été reconnue sur la figure » (Pascal, cité par Ramuz ). 72. C’est là ce qu’il appelle sa vie intérieure, surtout s’il est
187 ton de création du monde. 74. Dans les essais de Ramuz , ses tics de langage sont très apparents : excès de et, de il y a que
188 u, mais aussi au regard de l’Histoire. 77. Avant Ramuz je ne vois guère que Claudel pour avoir conduit consciemment ce trava
189 nd dit : « Ernüchterung. » 81. Rimbaud, cité par Ramuz .
25 1946, Articles divers (1941-1946). Réponse à l’enquête « Les travaux des écrivains » (24 août 1946)
190 ais sur Goethe, Kierkegaard, Kafka, Luther, Gide, Ramuz , Claudel et les romantiques allemands. Enfin, Doctrine fabuleuse . J
26 1946, Journal des deux mondes. Solitudes et amitiés
191 tre retraite, la maison rose de « La Muette », où Ramuz lui aussi laisse venir ceux qui lui apportent les rumeurs de la planè
27 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Deuxième partie. Pauvre province
192 uver les choses qui vous résistent. (Je crois que Ramuz en a parlé, et de son amour pour les feux qui prennent mal, les maiso
28 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Troisième partie. L’été parisien
193 s romanciers chrétiens — Dostoïevski, Lagerlöf ou Ramuz  — ont su prendre la vie des hommes « quelconques » sur le fait de l’i
29 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Solitude et amitiés
194 tre retraite, la maison rose de « La Muette », où Ramuz lui aussi laisse venir ceux qui lui apportent les rumeurs de la planè
30 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
195 tre retraite, la maison rose de « La Muette », où Ramuz lui aussi laisse venir ceux qui lui apportent les rumeurs de la planè
31 1947, Vivre en Amérique. II. Vie culturelle et religieuse
196 udel, Valéry (jamais traduit), Mauriac, Bernanos, Ramuz , Breton, Fargue, Paulhan et Michaux. Cependant que les écrivains alle
32 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
197 Kierkegaard, de Luther, de Gide, de Claudel et de Ramuz . Ensuite, il publiera son Journal des deux mondes , des essais sur d
33 1948, Suite neuchâteloise. VI
198 ont produit ou toléré Constant, Alexandre Vinet, Ramuz  ; les Genevois Calvin, de Bèze, Rousseau, Madame de Staël, Töpffer, A
34 1948, Suite neuchâteloise. VIII
199 noir. Ils vont jusqu’au Tibet, me disait un jour Ramuz (dont la géographie se passait bien d’atlas). C’est la même civilisat
35 1949, Le Semeur, articles (1933–1949). « Les protestants et l’esthétisme » (février-mars 1949)
200 nne, Paulhan, Thomas Mann, Aldous Huxley, Hamsun, Ramuz , Faulkner, Hemingway, Malaparte, sont sortis de milieux protestants,
36 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
201 ouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que Ramuz appelle “le train-train d’une vie moyenne où l’exception, n’a point d
37 1953, La Confédération helvétique. Chapitre V. La vie religieuse
202 tonomie des cantons. Chez certains auteurs, comme Ramuz , il devient presque synonyme de séparatiste.) Alors que les églises p
38 1956, Articles divers (1951-1956). Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)
203 78. Valery Larbaud : Amants, heureux Amants. 79. Ramuz  : Adam et Ève (ou Derborence). 80. Saint-John Perse : Anabase. 81. D.
39 1958, Définition, valeurs, énergie, recherche : quatre essais européens (1958). Comment définir l’Europe ?
204 e fait-il que vous parliez si bien le français ? Ramuz concluait que la Suisse n’est qu’une entité politique et militaire, f
205 téraire, artistique ou spirituel. Or, tout ce que Ramuz m’écrivait au sujet de la Suisse dont je le priais de parler vaudrait
206 une entité politique et militaire. J’imagine donc Ramuz me répétant ce soir avec une amicale ironie : « Cher M. de Rougemont,
207 ’existe pas, ou pas davantage que la Suisse selon Ramuz , finira bien par exister au moins autant. Avouons-le, sans fausse mod
208 que sans commune mesure », un peu dans le sens où Ramuz , dans le passage que je vous ai lu tout à l’heure, nous parlait de no
40 1963, L’Opportunité chrétienne. Deuxième partie. Christianisme et culture — 6. Vocation et destin d’Israël
209 ns » de la notion de mesure totalitaire. 17. Cf. Ramuz . 18. Par exemple : cohésion spirituelle et matérielle des divers mem
41 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
210 romands. Un seul en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz . Mais il ne croyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne cr
42 1963, Articles divers (1963-1969). Le fédéralisme et notre temps (mars 1963)
211 tique ou de tempérament ? Certains citeront alors Ramuz , à titre d’argument massue contre ma thèse. Est-il besoin de rappeler
43 1964, Articles divers (1963-1969). Les arts dans la vie en Suisse (1964)
212 Honegger pour la musique, d’un Spitteler et d’un Ramuz pour la littérature, d’un Hodler et d’un Paul Klee pour la peinture,
44 1964, Preuves, articles (1951–1968). Un district fédéral pour l’Europe (août 1964)
213 la belle tête taillée en bois d’arolle, celle de Ramuz , comme chez un patricien de l’intelligence, Jacob Burckhardt, ces mêm
45 1965, La Revue de Paris, articles (1937–1969). Le Suisse moyen et quelques autres (mai 1965)
214 Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz , à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le pr
46 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Troisième partie. La morale quotidienne et le climat de culture ou comment on vit dans une fédération
215 Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz , à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le pr
216 e romande sous l’impulsion des Cahiers vaudois de Ramuz et de ses amis, et Lausanne est restée le centre de ce qu’il y a de v
217 est notre véritable Antiquité, comme l’a bien vu Ramuz . Avec « La Belle de Moudon », charmante comédie musicale et, si l’on
218 nt. J’imagine la conjonction d’un Honegger, d’un Ramuz , d’un Appia et d’un Eberle… Tout le monde connaît les deux premiers.
219 me. Littérature en général : de l’helvétisme à Ramuz L’homo alpinus se distingue dans les manuels de la préhistoire : s
220 alculé, et il faut d’abord qu’on le corrige. » Et Ramuz ajoute : « C’est comme moi. » Mais le défaut de liberté d’expression
221 rdit. L’école primaire entretient ces vertus96 et Ramuz n’a cessé de la blâmer : « Car le phénomène de l’art est un phénomène
222 peu naturel dans l’expression de ses sentiments. Ramuz refuse la Suisse fédérale, officielle, et choisit de n’être que vaudo
223 pauvre par en haut » ou incapable de s’exprimer ? Ramuz nomme « suisses » tous les défauts qu’il voit chez les gens de son ca
224 u fédéralisme implique tout de même ce régime, et Ramuz eût fini par l’admettre, devant trois « décis » de vin blanc, riant s
225 it très forte et noire et cachait son humour. Car Ramuz , antisuisse, est plus suisse que nature dans sa philosophie et dans s
226 il y eut jamais une esthétique suisse, c’est dans Ramuz qu’on la trouvera. Longtemps méconnu par les siens, auxquels il répét
227 uxquels il répétait : « N’imitez point Paris ! », Ramuz ne se vit accepté qu’une fois sa gloire faite à Paris. Mais bien avan
228 t jouée en 1918. La prose raboteuse et rythmée de Ramuz , les mélodies brisées et la percussion diabolique de Stravinsky, les
229 Imago de Spitteler et les romans romands, jusqu’à Ramuz , se distinguent des romans français, anglais ou russes des mêmes époq
230 faute d’un sens lyrique profond, dont témoignent Ramuz , Honegger ou Paul Klee, mais en prose, en musique ou en peinture. Fau
231 es s’exprime par les « Questions » sans espoir de Ramuz , par les virulentes satires de Dürrenmatt, ou par les innombrables es
232 de nos petitesses. « Besoin de grandeur », gémit Ramuz , crispé. Mais démontrer aux hommes qu’ils voient trop court n’est pas
233 rice Zermatten et pour C.-F. Landry, disciples de Ramuz et comme lui s’attachant à la vie des hommes proches de l’élémentaire
47 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Quatrième partie. La Suisse, dans l’avenir européen
234 la belle tête taillée en bois d’arolle, celle de Ramuz , comme chez un patricien de l’intelligence, Jacob Burckhardt, ces mêm
48 1965, Fédéralisme culturel (1965). II. « Devenons nous-mêmes ! »
235 soi. Un jour, après une longue conversation avec Ramuz sur les mérites comparés de la concentration sur un seul lieu, et de
49 1971, Articles divers (1970-1973). Souvenir d’Honegger et de Nicolas de Flue (1971)
236 me du lyrisme biblique — « notre Antiquité », dit Ramuz —, du choral luthérien et de la polyphonie du xvie siècle calviniste
50 1971, Le Monde et Le Monde diplomatique (1950-1982). L’absence d’une « culture nationale », facteur du développement intellectuel (26-27 septembre 1971)
237 re bout de la Suisse et aux antipodes de l’esprit Ramuz , Stravinski, Auberjonois et Ansermet écrivent, composent, peignent et
51 1973, Articles divers (1970-1973). Recréer la place publique (1er juillet 1973)
238 re et deuxième manière. Je suis pour la deuxième. Ramuz était pour la première. Il me disait un jour au Central, à Lausanne :
52 1975, Articles divers (1974-1977). Notre complexe de culpabilité (1975)
239 uisses s’exprime par les Questions sans espoir de Ramuz , par les virulentes satires de Dürrenmatt, ou par les innombrables es
240 de nos petitesses. « Besoin de grandeur », gémit Ramuz , crispé. Mais démontrer aux hommes qu’ils voient trop court n’est pas
53 1975, Articles divers (1974-1977). Le Morgarten du xxe siècle (1975)
241 contre Berne, c’est-à-dire contre la fédération. Ramuz avait coutume de me dire : « Entre nous, nous sommes contre Berne, no
54 1978, Articles divers (1978-1981). Ramuz, Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septembre 1978)
242 Ramuz , Présence de la mort [préface à la traduction américaine] (24 septemb
243 s en terrasse et le lac dans sa coupe de lumière. Ramuz vous offre une cigarette de tabac noir — le blond lui fait mal au cœu
244 ng de cette chaîne, dans toutes les langues… » Et Ramuz s’empare d’un atlas. Nous ne parlerons que de géographie, de races… N
245 ec quelques brins de paille seulement.) On quitte Ramuz , on est content, on a parlé d’une foule de choses — je ne dis pas de
246 aperçoit aussi qu’il n’a rien dit de lui. Qui est Ramuz  ? Le plus grand écrivain suisse d’aujourd’hui, auteur d’une trentaine
247 st ce que diront les journalistes et les manuels. Ramuz n’est pas si facile à étiqueter. Et d’abord, s’il est vrai de dire qu
248 pays et des traditions suisses les plus connues. Ramuz est né en 1878 dans le canton de Vaud, en Suisse romande. Il y a vécu
249 d’un Benjamin Constant, nés dans le même canton, Ramuz appartient davantage à la géographie qu’à l’histoire de sa petite pat
250 familles patriciennes gouvernant les cantons, et Ramuz ne veut représenter que la paysannerie. L’esprit suisse — et surtout
251 t comparateur, introspectif et cosmopolite ; mais Ramuz est synthétique et se dit volontiers « raciste », c’est-à-dire qu’il
252 yances instinctives et des passions élémentaires. Ramuz veut rejoindre par là — c’est tout le paradoxe de son œuvre — quelque
253 ances de sa vie, c’est l’homme dans le cosmos que Ramuz nous fait voir. À travers le pays vaudois, c’est le Pays de l’humanit
254 s le pays vaudois, c’est le Pays de l’humanité. ⁂ Ramuz n’écrit pas des romans, au sens habituel du terme, mais des poèmes en
255 ntaire simplicité, car le sujet d’un « roman » de Ramuz , c’est toujours l’irruption d’un événement unique, ou d’un grand myth
256 ale, à du charme, à de la fantaisie. La poésie de Ramuz n’est jamais obtenue par l’idéalisation, le rêve ou la belle phrase m
257 fait de la poésie qu’avec l’antipoétique — écrit Ramuz . Nos vrais amis sont les gens de métier, et non pas ceux qu’on nomme
258 s artistes. » Je voudrais définir l’esthétique de Ramuz comme l’anti-glamour absolu. Les poètes romantiques parlent du « chan
259 parlent du « chant mélodieux des oiseaux », mais Ramuz décrit la rumeur des moineaux et des merles sous ses fenêtres comme «
260 n de facile, jamais de bel canto dans la prose de Ramuz  ; mais son application à reproduire le geste intime d’un homme en com
261 e est littérature quand vous sortez d’un livre de Ramuz . ⁂ Présence de la mort figure un des moments extrêmes de l’œuvre de
262 mort figure un des moments extrêmes de l’œuvre de Ramuz , celui de l’exaspération de son style le plus volontaire. Ramuz avait
263 e l’exaspération de son style le plus volontaire. Ramuz avait débuté vers 1900 par des romans naturalistes et deux petits rec
264 opre pays, qui le jugeait obscur et trop moderne, Ramuz s’avançait lentement du pas têtu et régulier des montagnards. Un grou
265 ore un public. Devant la résistance des lecteurs, Ramuz réagit en accentuant son originalité, en faisant du Ramuz encore plus
266 agit en accentuant son originalité, en faisant du Ramuz encore plus pur : et c’est Présence de la mort. Tôt après, Paris le d
267 s œuvres anciennes, se passionnait pour ou contre Ramuz (c’est le titre d’un ouvrage collectif publié en 1926). Et il me semb
268 oins solitaire dans le ton de la voix. Désormais, Ramuz parle à un public qui l’aime, il engage avec lui un dialogue et l’on
269 langue, sa vision, et son actualité. On a dit, et Ramuz lui-même s’est expliqué sur ce sujet, qu’il écrivait comme parlent le
270 ctaphone — et je parie qu’on retouchera le texte. Ramuz n’écrit pas en Vaudois, mais au lieu de s’inspirer, comme la plupart
271 qu’on le corrige. C’est comme moi… » C’est comme Ramuz quand il écrit. Notons aussi l’influence du style biblique, si fortem
272 ent inculqué à ce peuple. Par une lacune étrange, Ramuz ne montre jamais ses paysans à l’église du village, ni leurs pasteurs
273 es peuples protestants, comme l’observait un jour Ramuz , car elle remplace pour eux la mythologie grecque et romaine. Et malg
274 méfiance à l’invisible. Jusqu’à un certain point, Ramuz l’imite, mais tout d’un coup il le dépasse et le confronte avec l’Inv
275 ble. Et nous avons tous fait comme les paysans de Ramuz  : nous avons refusé de voir les signes. Ils sont entrés lentement dan
276 s pas d’autre écrivain qui ait su traduire, comme Ramuz , l’incarnation de la catastrophe dans le détail concret de la vie. Je
277 e et dansée). 14. Je dis bien le peuple créé par Ramuz , non pas les Vaudois tels qu’ils sont. aa. Rougemont Denis de, « [P
55 1980, Articles divers (1978-1981). Le bilan culturel de la décennie 1970-1980 (1980)
278 naugurent : Valéry, Claudel, Proust, Maeterlinck, Ramuz et le jeune Malraux dans le domaine français ; Stefan George, Tho­mas
56 1980, Articles divers (1978-1981). Un précurseur de l’engagement politique (1er mai 1980)
279 ançais comme Rimbaud, Claudel, Gide et même notre Ramuz … Tout auteur vit sur un certain nombre de contradictions qui sous-ten
280 ut-être moins importants, hormis celui concernant Ramuz qui m’a permis de me ressourcer, de me ré-enraciner dans la culture s
281 xemple. J’ai été assez heureux de la manière dont Ramuz a réagi à cet écrit. Malheureusement, j’ai perdu sa lettre qui m’étai
282 de mon œuvre. » Et enfin, le lecteur découvre un Ramuz tel qu’il l’imagine, un Ramuz débarrassé de l’officialité helvétique 
283 lecteur découvre un Ramuz tel qu’il l’imagine, un Ramuz débarrassé de l’officialité helvétique ! Débarrassé surtout de ce côt
57 1981, Articles divers (1978-1981). Guy de Pourtalès l’Européen [préface] (1981)
284 re-grand-mères. L’Ancien Testament, comme l’a dit Ramuz , n’est-il pas la véritable Antiquité des protestants ?) Jérémie va d’
58 1982, Articles divers (1982-1985). Un écrivain au service de la cité (24 octobre 1982)
285 26 octobre à Genève) couronnant, après celles de Ramuz , Dürrenmatt et Frisch, son œuvre d’écrivain et de penseur, Denis de R
59 1984, Articles divers (1982-1985). L’Europe et les intellectuels (1984)
286 et dans les mêmes années, Valéry, Unamuno, notre Ramuz , Kierkegaard, Kafka, T. S. Eliot… Pendant ces années d’adolescence, j
60 1984, Cadmos, articles (1978–1986). Conclusions (été-automne 1984)
287 sanne, à la littérature terrienne, comme celle de Ramuz qui s’est fait une langue qu’il voulait absolument purifiée de toute
61 1985, Articles divers (1982-1985). Quelques-uns de mes écrivains : anecdotes (1985)
288 Goethe et Rimbaud, Kierkegaard, Luther, Claudel, Ramuz et les romantiques allemands. Des propos quelque peu obscurs qu’il me
62 1985, Articles divers (1982-1985). Vocation culturelle de la Suisse en Europe (septembre 1985)
289 bliques : « La Bible est notre Antiquité », écrit Ramuz . À quoi s’ajoute — si même il n’en résulte pas — le fait paradoxal au
290 Staël et Constant à Paris. Quant à un Jung, à un Ramuz , à un Barth, qui, après de longs séjours loin du pays, ont fait le pr